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monde arabe contemporain

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Réseaux marchands et entreprises en Afrique de l'Ouest<br />

État des travaux dans l'aire sahélienne: objets et méthodes.<br />

Marx lorsqu'il souligne que le commerce des Juifs en Pologne s'effectuait dans les pores<br />

de la société polonaise. C'est cette même idée que l'on retrouve chez Polanyi avec la<br />

notion "d'enclave marchande"(ports of trade): l'idée qu'il y a une économie dominante<br />

organisée selon les principes de réciprocité et de redistribution, et que, dans les pores<br />

(p-o-r-e-s) de cette économie, il y a des ports (p-o-r-t-s) ou des enclaves marchandes<br />

dans lesquelles se font les échanges. Dans cette théorie, les échanges ne se font qu'à la<br />

périphérie de l'économie paysanne. Ce qui est, au fond aussi, l'idée qu'on retrouve chez<br />

les historiens du Moyen-Age où l'on voit qu'une économie seigneuriale domine et qu'à<br />

la périphérie de cette économie se déroulent les échanges marchands.<br />

Moi-même, j'ai œuvré dans le cadre de cette approche. J'ai étudié une communauté<br />

marchande spécifique, celle des Korookos du Mali, communauté située au Mali mais<br />

également au Sénégal, en Côte-d'Ivoire, au Burkina Faso, au Niger, etc. Dans le cadre<br />

d'un ouvrage, Les négociants de la savane, Anthropos, 1977, j'ai essayé, dans une perspective<br />

marxiste, d'élaborer une théorie du profit marchand, de formaliser l'étude des<br />

réseaux marchands, et de mettre en évidence le fait que ces réseaux marchands fonctionnaient<br />

sur une base familiale, parentale, sur la base de la parenté, sur la base de l'alliance,<br />

sur la base de la clientèle, sur la base de l'Islam etc.<br />

Dans cette revue des ouvrages qui ont, tant soit peu, marqué l'étude de ces réseaux marchands,<br />

je crois qu'il faut aussi mentionner le travail de Michel Agier, Commerce et sociabilité,<br />

les négociants soudanais du quartier zongo de Lomé (Togo), Paris, Orstom, 1983. C'est<br />

une excellente étude sur le marché au bétail de Lomé au Togo, sur le zongo, ce qui veut<br />

dire le marché en haoussa, les Haoussas étant établis dans le sud du Togo à Lomé.<br />

L'accent est ici mis sur la sociabilité, sur les rapports entre les commerçants etc., un peu<br />

dans l'optique de l'École de Chicago.<br />

Enfin, je signalerais le travail de Philip Curtin, historien de l'Afrique de l'Ouest ayant<br />

publié un ouvrage de synthèse, qui peut vous intéresser à ce titre, qui s'intitule Cross<br />

cultural trade in world history, Cambridge University Press, 1984. C'est un travail de synthèse<br />

sur l'ensemble des diasporas marchandes du <strong>monde</strong> entier, et sur toute la durée<br />

de l'histoire. L'idée de Curtin, c'est que les diasporas marchandes, (aussi bien les<br />

Dioulas, les Haoussas en Afrique de l'ouest, que les Arméniens, que les Chinois en Asie<br />

du sud-est, et tous les vingt-cinq exemples de diasporas marchandes), appartiennent au<br />

passé de l'histoire de l'humanité, à ce qu'on pourrait appeler une phase précapitaliste.<br />

C'est le mode principal d'existence du commerce à l'époque précapitaliste, mais dès<br />

que le capitalisme en tant que système économique se développe, les diasporas marchandes<br />

disparaissent et sont remplacées par les multinationales.<br />

Avant d'en venir aux études les plus récentes dans ce domaine, je voudrais d'abord faire<br />

un certain nombre de critiques et de propositions concernant tout ce travail de débroussaillage<br />

au sujet des réseaux marchands, des diasporas marchandes, et également, mais<br />

ceci est plus récent, de l'étude des entreprises.<br />

Il Y a un certain nombre de présupposés relatifs à l'étude des réseaux marchands.<br />

Chemin faisant, j'ai écorné quelque peu l'idée de Claude Meillassoux, et d'autres<br />

d'ailleurs, concernant le caractère fondamentalement autosubsistant des économies<br />

africaines précoloniales. En fait les économies africaines, plus précisément ouest-africaines,<br />

qui sont celles que je connais le mieux, étaient loin d'être des économies autosubsistantes.<br />

Elles étaient des économies ouvertes, qui produisaient pour le marché, et<br />

ceci dès l'époque précoloniale. J'ai essayé de le montrer dans le cas du sud du Mali et

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