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A la une La Gazette 12
15 novembre 2007
Vladimir Féderovski,
l’anti Poutine
Invité à Dijon par le Club des écrivains de Bourgogne, lauteur du Fantôme de Staline brosse un portrait sans
complaisance de Vladimir Poutine, le maître du Kremlin.
A GAZETTE : Est-ce simplifier
les choses que de faire de
Poutine le petit-fils de
Staline ?
VLADIMIR FÉDEROVSKI : Oui. Disons que
Poutine est un petit-fils du dictateur. Il fait
des choses que Staline ne se serait jamais
permis, comme poser torse-nu devant les
photographes. Il n’y a pas de politique de la
Terreur en Russie actuellement mais
comme Staline, Poutine fait souvent référence
à la Russie éternelle. Il se considère
comme un champion de la lutte anti-corruption,
mais jusqu’à présent, ce problème n’a
pas été réglé. En fait, le président russe est
le fils spirituel de Youri Andropov (ndlr :
directeur du KGB entre 1967 et 1982 et
secrétaire général du Parti Communiste
Semaine de la liberté de la presse de Dijon - Du 19 au 24 novembre 2007
soviétique). Poutine est un pur produit du
KGB. Il n’a pas de formation politique.
Est-ce pour cela que l’on assiste en
Russie à la renaissance du KGB ?
Poutine s’appuie sur le mythe du « Tsar
fort ». C’est-à-dire qu’il estime que la
Russie a besoin d’un leader qui la défende
contre l’Occident et qui lutte contre la corruption.
A partir de là, tous les moyens sont
bons et ces dernières années, les vieilles
méthodes du KGB ont refait surface. Je
pense à l’assassinat d’Alexandre
Litvinenko, empoisonné à Londres. Je
pense aussi à tous les assassinats politiques
qui ne sont quasiment jamais élucidés,
comme cela a été le cas pour la journaliste
Anna Politkovskaïa. De plus en plus d’opposants
se retrouvent internés dans des
hôpitaux psychiatriques. Je ne veux accuser
personne, mais je pense que le clan Poutine,
qui regroupe une trentaine de personnes, a
une large part de responsabilité morale et
politique dans cette situation. Les pouvoirs,
soviétique d’abord, russe ensuite, ont souvent
fait preuve de paranoïa.
La démocratie est-elle possible en
Russie ?
En Occident, beaucoup de gens ont en effet
tendance à croire que la démocratie ne peut
s’installer durablement en Russie. Parce
que les dirigeants russes, Poutine le premier,
font croire que le pays doit vivre sous
la dictature, afin de mieux contrôler ses
grands et d’anticiper les dangers potentiels
que représentent ses voisins ! Mais je pense
que la démocratie est viable en Russie.
Parce qu’elle peut s’appuyer sur
l’héritage culturel de Tolstoï,
de Dostoïevski, de
Soljenitsyne ou de
Sakharov ?
Oui. Ou de Gorbatchev.
Mais tout cet héritage,
Poutine le nie farouchement.
Malgré le régime
qu’il impose,
Poutine semble assez
populaire dans son
pays…
C’est un homme intelligent
et très manipulateur.
On peut faire dire
beaucoup de choses aux
sondages, surtout en
Russie… Il n’est pas aussi
populaire qu’on veut bien
le dire, et l’opinion
publique est volatile. Cela
dit, Poutine s’est rendu
populaire car grâce aux
rentes gazières et
pétrolières, la
Russie
“
Poutine
de
Staline
est un
petit-fils
connaît une certaine embellie économique.
Est-ce aussi parce qu’il donne l’impression
d’avoir redonné un statut à la Russie
sur le plan international ?
Là-aussi, il manipule l’opinion. Car je ne
comprends pas bien ses positions quand il
dit que l’Iran est capable de stabiliser la
situation en Asie. Poutine veut faire croire à
son peuple que la Russie est redevenue une
puissance mondiale de premier plan dans le
monde, alors que ce n’est pas le cas. Je
crois enfin que la Russie gagnerait à se rapprocher
plus de l’Union Européenne que de
la Chine ou de l’Iran.
La relation que les Russes ont avec leur
histoire n’est-elle pas schizophrénique ?
Beaucoup regrettent l’URSS tout en rejetant
le communisme…
C’est en effet une situation
très paradoxale.
D’après les différentesenquêtes,
ils sont
près de 80
% à dire
que c’ét
a i t
mieux à
l’époque
soviétique.
Et ils
s o n t
aussi
nombreux
à rejeter le
communisme
et tous les excès –
meurtres par
millions, oppression,
atteintes
...
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