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Avec l’éditeur Pierre-Jules Hetzel (Chartres 1814-Monte-Carlo 1886)
Rien que du beau,
rien que du nouveau
Décrire le Monde
Société et passions humaines
avec Balzac, cheminement
humain de l’ombre à la lumière
avec Hugo, voyages dans l’espace
et dans le temps avec Jules
Verne, c’est bien la description
du monde que vise Hetzel, du
microcosme intérieur à l’espace
géographique planétaire.
Un éditeur idéaliste et
avant-gardiste
Découvrant le monde du livre
chez l’imprimeur strasbourgeois
Silbermann, Hetzel est d’abord
l’employé (1835), puis l’associé
(1837) du libraire-éditeur
parisien Paulin. La Maison
Hetzel (1843) fonctionne sans
interruption, même durant l’exil
de l’éditeur à Bruxelles (1851-
1859), jusqu’à sa cession par son
fils à la Maison Hachette (1914).
Hetzel monte des équipes de rédacteurs
et de dessinateurs illustres,
ou qui le deviennent grâce à
lui, pour l’édition de publications
collectives.
Après un passage en politique
comme rédacteur dans un journal
républicain et comme chef
de cabinet aux affaires étrangères
(1848), il s’exile à Bruxelles après
le coup d’Etat de Napoléon III (2
déc. 1851). Il y édite clandestinement
les Châtiments (1853), organise
la survie de sa librairie parisienne
grâce à des éditeurs relais
et dépose un projet de protection
de la propriété littéraire.
Cap sur les collections au retour
d’exil (1859) avec l’invention d’un
nouveau marché : une littérature
de qualité pour la jeunesse. Ses
collections triomphent, signées
des plus grands auteurs français
et étrangers (et de lui-même sous
le nom de Stahl).
Nouveau départ encore avec l’entrée
de Jules Verne chez Hetzel
en 1862, pour 25 ans de co-écriture
avec Hetzel, à raison de deux
romans par an. Verne permet
à Hetzel d’imposer un roman
conciliant science et fiction, raison
et imagination, luxe du fond
et de la forme.
Un éditeur réaliste
« En matière de réclame, mieux
vaut un marchand qu’un poète »
Hetzel invente le marketing. Il
lance ses ouvrages en utilisant
l’affiche publicitaire et la prépublication
dans ses revues. Il
diversifie ses gammes de qualité,
du « format poche » bon marché
pour tous publics et pour l’exportation
dans le monde entier, à la
somptueuse édition annuelle des
Etrennes.
Un éditeur
interventionniste
ou le rêve de « Hetzel/Stahl »
d’être écrivain
Hetzel cornaque fermement ses
auteurs. « A l’œuvre, mon gros père,
permettez à un maigre éditeur de
parler ainsi à votre grosseur », oset-il
écrire à Balzac. « Faites-nous
un beau Sandorf », demande-t-il
paternellement à « son Vernichon
». Il invente (aves son fils)
le coup de théâtre final du Tour
du monde en 80 jours et ménage
son débouché commercial russe
en renommant le « Courrier du
Tzar » Michel Strogoff.
Jules Verne aurait-il réalisé le
rêve de Stahl ?
L’enfant qui jouait dans la
cour de l’Hôtel-Dieu de
Chartres, et qui avait découvert
le monde aux
Grands Prés, avec le jardin
d’horticulture de son oncle
Portrait de Hetzel, porcelaine de Sèvres, Musée de Meudon.
et les promenades sur l’Eure, navigue
pour toujours sur les grands
espaces aux côtés de Verne.
Juliette Clément
Présidente de la Société archéologique
d’Eure-et-Loir. 0237369193,
sael28@wanadoo.fr www.sael28.fr
Voir Bulletin SAEL n°86 et exposition
« Hetzel » au Compa jusqu’à fin novembre
2012 : J. Clément/SAEL (Commissaire
de l’exposition).
Prêt : Médiathèque de
Chartres,
Archives départementales
d’Eure-et-Loir.
votre ville 117 / novembre 2012 | 53
Histoire
Caricatures
de Hetzel et Verne
par André Gill,
Médiathèque de
Chartres.