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Hors série n°2

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Àforce d’entendre leurs ritournelles, on les oublie! Ingrate surdité, le patrimoine<br />

campanaire régional regroupe un tiers des carillons français. Le Pas-de-Calais<br />

possède à lui seul le plus grand nombre de cloches classées au titre des Monuments<br />

Historiques. Bienvenue chez les Ch’tis l’a mis à l’honneur et le film aura eu le mérite de<br />

rappeler que le carillon est un instrument de musique!<br />

On recense ainsi une quinzaine d’instruments<br />

dans le Pas-de-Calais: carillons traditionnels<br />

à clavier ou carillons<br />

automatiques, électrifiés… à Béthune, Carvin,<br />

Harnes, Hesdin, Aire-sur-la-Lys, Aix-<br />

Noulette, Arques, Arras, Auxi-le-Château,<br />

Bapaume, Brebières, Desvres, Lestrem,<br />

Montreuil-sur-Mer, Saint-Omer, Outreau,<br />

Pont-à-Vendin. L’électronique a transformé<br />

les répertoires. À Aire-sur-la-Lys, le beffroi<br />

sonne à l'heure: La fillette aux chansons;<br />

au premier quart: Il pleut Bergère; à la<br />

demie: La muette de Portici; aux trois<br />

quarts: Le chant des Girondins. Et ce de<br />

8 h à 22 h! À Desvres, on se motive au travail<br />

à 9 h avec Debout les gars; à 12 h: La<br />

Cantine; à 18 h: La Chanson des 7 nains;<br />

à 20 h: Le P’tit Quinquin… et les samedis,<br />

dimanches et jours fériés: Vive les vacances<br />

et Dors min p’tit quinquin. Dans la<br />

pure tradition, la Chanson du pays d’Artois<br />

rythme la vie béthunoise; Montreuil-sur-<br />

Mer a choisi une mélodie bretonnante en<br />

l’honneur des Corps Saints déposés dans<br />

Format: 210 x 285 mm - 156 pages<br />

ISBN: 978-2-916853-02-4<br />

Prix: 12 €; frais de port: 4 €<br />

BP 139 - 62190 Lillers - tél. 03 21 54 35 75<br />

le trésor de l’église abbatiale Saint-Saulve;<br />

le beffroi d’Arras égrène la Chanson de<br />

Jacqueline et gros Colas: « Iras-tu vir l’fête<br />

d'Arras, disot Jacqueline à Ch gros<br />

Colas… Té sais bien que j’n’y manquerai<br />

pas. Pour eune si belle fête, ej viens d’faire<br />

emplette, j’m’a akaté un biau capiau car el<br />

mien, y étot rempli d’tros… »<br />

Au fil des années, la ritournelle s’est enrichie<br />

de quelque 600 couplets commentant<br />

la chute de Napoléon, la plantation de l'arbre<br />

de la Liberté, les débuts du chemin de<br />

fer, la Grande Guerre…<br />

Hesdin chante Dins l’cuin d’min fu, écrit<br />

par Alfred Demont sur une musique de<br />

Charles Lagniez, organiste à Saint-Pol.<br />

« Dins l’cuin d’min fu, j’a cair à m’mette.<br />

Titine, em’femme, all’dit comm’cho, à<br />

ch’ti qui vient, qu’ch’est l’plach’ d’ech<br />

maîte, et gn’o parsonn’ qui s’y mettro<br />

! » Et au refrain, en bissant les deux<br />

derniers vers : « M’cayelle aveuqu’ ses<br />

pieds tortus, on l’laich’ toudis dins l’cuin<br />

d’min fu ».<br />

Compositeurs et fondeurs<br />

Dans le département, la musique de carillon<br />

a aussi eu ses compositeurs et ses fondeurs.<br />

Saint-Omer a été à la fin du XVI e siècle,<br />

le berceau de la famille Heuwin qui a<br />

compté une dizaine de fondeurs de cloches,<br />

mais aussi de Jean Blampain qui a encloché<br />

le carillon de Bergues. À Frévent, on trouve<br />

trace des Gorliet et il subsisterait dans la région<br />

une trentaine de cloches provenant de<br />

leurs fonderies. Un livre « Répertoire pour<br />

le carillon » a été composé par A. J. B. Dupont,<br />

organiste de l’abbaye de Saint-Bertin<br />

De la musique à l’ethnologie<br />

Bien connu des Boulonnais, Michel Lefèvre est un collecteur<br />

de mémoire, un « musico-ethnologue », en clair un<br />

homme d’écoute qui a passé des heures, magnéto sur la<br />

table, à recueillir les airs de musique, les chansons ; à<br />

éplucher les cahiers de chansons des anciens et à jouer<br />

le rat de bibliothèques et d’archives. Il a fait un véritable<br />

travail de fourmi avec quelque cinq cents titres retrouvés<br />

dans le Boulonnais.<br />

Une vie de passion que l’âge venu, il a entrepris de restituer<br />

en publiant des livres mêlant partitions et paroles,<br />

des contes ou en participant à des<br />

enregistrements de CD.<br />

La passion du collectage lui est venue très tôt, curieusement<br />

via l’espéranto qui lui a permis d’avoir des<br />

correspondants dans les pays de l’Est, notamment un<br />

Toutes les musiques du Pas-de-Calais<br />

Les cloches tintinnabulent<br />

dans le Pas-de-Calais<br />

Les 14 cantatrices sont les cloches du carillon dont le râtelier se situe au 5 e niveau du beffroi d’Aire-surla-Lys.<br />

Poids total du carillon : 2 500 kg ! La plus petite cloche pèse 26 kg, la plus imposante 260.<br />

7<br />

à Saint-Omer en 1785. Terminons avec<br />

Legay, chantre de l’Artois: « Écoute, ô mon<br />

cœur, écoute la harpe du vent de chez nous,<br />

du pays d'Artois. C'est un très vieux air des<br />

bords de la Scarpe qui chante aujourd'hui<br />

tout comme autrefois » qui illustre bien<br />

l’âme des carillons.<br />

J.-Y. Vincent<br />

Contact<br />

Tous les carillons sur: http://asso.nordnet.fr/<br />

arpac/region/inventaire/<br />

Source : Beffrois et carillons<br />

région Nord - Pas-de-Calais - ASSECARM.<br />

En bref… parJ.Y. Vincent<br />

musicien ukrainien dont le métier était le collectage. « Je rêvais<br />

de faire la même chose », avoue M. Lefèvre. Il attendra l’âge de<br />

la retraite pour s’y mettre à plein-temps, ce qui ne l’a pas empêché<br />

dans chacune des villes où son métier l’a conduit de se passionner<br />

pour le folklore, « Un folklore auquel on n’avait pas<br />

encore donné une intonation péjorative »… Peut-être pas une<br />

science mais au moins une discipline rigoureuse : Michel Lefèvre<br />

note scrupuleusement les musiques trouvées et les sources. Né<br />

à Montreuil, Michel Lefèvre a vécu à Boulogne et n’a rien perdu<br />

de son patois. Il fut même l’inventeur en son temps d’une école<br />

et d’une méthode d’écriture : « Il faut que chaque lettre corresponde<br />

à un son et qu’on supprime les lettres parasites ».<br />

« Phare » par exemple s’écrit « Far » et L’Écho du Pas-de-<br />

Calais : l’éko d s’ Pas-de-Calais… où l’on peut d’ailleurs commander<br />

« Chantons le Boulonnais ».<br />

Photo Christian Defrance

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