05.07.2013 Views

Séance de la Société Botanique de France du 9 décembre 2011

Séance de la Société Botanique de France du 9 décembre 2011

Séance de la Société Botanique de France du 9 décembre 2011

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

l’impériale, y prit froid et mourut <strong>de</strong> congestion pulmonaire quelques jours plus tard. Noël n’avait que<br />

5 ans, c’était « un joli petit garçon pensif qui annonçait déjà le sé<strong>du</strong>isant jeune homme. » La situation<br />

changea radicalement. La maman <strong>de</strong> Noël fut employée par une modiste et travail<strong>la</strong> <strong>du</strong>r pour tenter<br />

d’assurer l’avenir sco<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> son fils.<br />

Les difficultés <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie ne tardèrent donc guère à façonner le caractère <strong>de</strong> l’enfant. Il en héritera<br />

l’amour <strong>du</strong> travail et ne manquera pas <strong>de</strong> le faire savoir : « Au cours <strong>de</strong> mon existence passée, parfois<br />

même en face <strong>de</strong> sérieuses difficultés, j’ai rarement per<strong>du</strong> confiance dans l’idée que l’attachement au<br />

travail peut procurer un bonheur stable. » Travailler, oui ! Mais avec une parfait honnêteté : « Il ne<br />

faut pas douter un seul moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> suprématie qu’a <strong>la</strong> vérité sur le rêve, » disait-il. Dans une lettre à<br />

sa cousine Jeanne Magrou, Bernard précise encore : « La beauté pour les fleurs, <strong>la</strong> bonté pour les<br />

hommes, ne sont point <strong>de</strong>s qualités primitives mais <strong>de</strong>s perfections acquises au prix <strong>de</strong> <strong>du</strong>res peines<br />

subies dans les combats incessants <strong>du</strong> passé. » Et Noël Bernard savait <strong>de</strong> quoi il par<strong>la</strong>it. Travailleur<br />

obstiné, il ne sut, et ne put guère, s’accor<strong>de</strong>r <strong>de</strong> répit, avouant à Joseph Magrou : « Les meilleures<br />

heures sont celles qu’on gar<strong>de</strong> pour réfléchir, mais elles sont rares. »<br />

Enfant, il con<strong>du</strong>isit <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s extrêmement bril<strong>la</strong>ntes au Lycée Charlemagne, puis au Lycée<br />

Condorcet. Nous avons consulté, avec émerveillement, ses relevés <strong>de</strong> notes et les palmarès <strong>de</strong><br />

Distributions <strong>de</strong> Prix…. Pour lui, en permanence, ce fut le Prix d’Excellence.<br />

Presque simultanément Licencié-ès-Sciences Physiques, ès-Mathématiques et ès-Sciences naturelles,<br />

Noël Bernard fut, à son premier essai, admis, à 20 ans, à l’Ecole Normale Supérieure <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue d’Ulm<br />

et à Polytechnique. Il opta pour Normale Sup’ où il entrait comme major, bien enten<strong>du</strong> ! A <strong>de</strong>ux pas<br />

<strong>de</strong> là, rue <strong>du</strong> Val-<strong>de</strong>-Grâce, il venait souvent, soit dans l’appartement <strong>du</strong> rez-<strong>de</strong>-chaussée, soit, aux<br />

beaux jours, dans le petit jardin, converser avec ses cousins Magrou et avec Jean Perrin.<br />

Elève, puis Préparateur <strong>du</strong>rant 6 ans en cette prestigieuse Normale Sup’, il fut, dès 1898, reçu major<br />

(encore) à l’Agrégation <strong>de</strong>s Sciences naturelles, partageant cette 1 ère p<strong>la</strong>ce avec Charles Pérez. Celui-ci<br />

écrira un jour, à propos <strong>de</strong> Noël : « C’était un grand gamin <strong>de</strong> Paris, prompt à saisir les petits travers<br />

<strong>de</strong>s hommes, et les notant aussitôt d’un trait incisif et sûr…. Il fal<strong>la</strong>it voir avec quel brio il contait une<br />

histoire ! Mais sous cette apparence frivole, Bernard avait une conscience droite et ferme…. un cœur<br />

fidèle et généreux. »<br />

Agrégé, il prépara sa thèse dans le service <strong>du</strong> professeur Constantin lequel écrira, cinq ans après <strong>la</strong><br />

mort <strong>de</strong> son élève : « ….je dois dire que j’ai été frappé au plus haut point par un ensemble <strong>de</strong> qualités<br />

presque contradictoires, rarement réunies chez un même savant. …. »<br />

Commença très tôt <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> fastueuse <strong>de</strong>s amours <strong>de</strong> Noël Bernard avec les Orchidées. Déjà, dans le<br />

cadre <strong>de</strong> sa préparation à l’agrégation, il fut chargé <strong>de</strong> donner une leçon sur…. les Orchidées. Ce<br />

furent là, manifestement, <strong>de</strong>s fiançailles puisque le sujet « tomba » à l’écrit <strong>du</strong> concours ! Ce<strong>la</strong> fit dire<br />

à Constantin : « Le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Orchidées suit Bernard, fait corps avec sa vie ». A l’Ecole, à l’heure <strong>du</strong><br />

café, Noël bril<strong>la</strong>it par sa vive intelligence, par son culte <strong>de</strong> <strong>la</strong> beauté, par <strong>la</strong> c<strong>la</strong>rté <strong>de</strong> ses suggestions.<br />

Puis le service militaire s’imposa. Bernard le fit… par force ! Heureusement, <strong>la</strong> caserne <strong>de</strong> Melun<br />

n’était guère distante <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> Fontainebleau. Et le 3 mai 1899, alors que le soldat Bernard s’y<br />

promenait, il fit une rencontre déterminante dont il souligna l’extrême importance dans <strong>de</strong>ux lettres à<br />

un oncle et à un cousin. Ayant rappelé le caractère (encore) mystérieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> germination <strong>de</strong>s graines<br />

d’Orchidées, il écrit : « Mes recherches <strong>de</strong> cet après-midi m’ont mis en possession …. <strong>de</strong> plusieurs<br />

centaines <strong>de</strong> graines <strong>de</strong> Neottia en germination, et j’ai <strong>de</strong> jeunes p<strong>la</strong>ntes….. qu’aucun œil <strong>de</strong> botaniste<br />

n’avait jamais contemplées. J’ai donc <strong>de</strong>s matériaux précieux pour <strong>la</strong> solution <strong>de</strong> cette question <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

culture <strong>de</strong>s Orchidées…. Ma thèse va, j’espère, marcher rapi<strong>de</strong>ment. »<br />

Oui, en 1899, on en était encore aux métho<strong>de</strong>s empiriques et pleines d’aléas, initiées par Neumann en<br />

1844, confiant <strong>de</strong>s graines architénues aux composts <strong>de</strong> terrines d’Orchidées a<strong>du</strong>ltes. Le succès<br />

relevait autant <strong>du</strong> « tour <strong>de</strong> main » que <strong>du</strong> « tour <strong>de</strong> force »… inexpliqué !

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!