08/03/2010 - Aufait Maroc

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Réagissez sur > courrier@aufaitmaroc.com • www.aufaitmaroc.com société Lecture. Souad Kettani est une grand-mère. Retraitée du ministère de la Culture, elle est pianiste virtuose, peintre et désormais auteure: “maintenant je cours, je cours, je cours, je suis dans l'écriture”... Ainsi claque la dernière phrase de son essai intitulé Errance, paru aux éditions Persée (2009). Errance est une mise en abîme, évoquant le sort de plusieurs générations de femmes, partant de celui de la grand-mère de Kettani, qui vécut sous Moulay Abdelaziz (mort en 1908) jusqu'à celui d'Anbar, sa petite fille, incarnant la Marocaine de demain... Errance est aussi une allégorie du destin féminin au Maroc: “Lalla, tu m'as ouvert les yeux. Tu m'as donné un sentiment de révolte qui va me permettre d'avoir une place dans cette société.” Si le contenant, émaillé de coquilles nuit à la clarté du message, le contenu du texte est riche en enseignements découlant de réflexions justes... Alors peu importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse. Le principal est là, culturel. “Coeur meurtri, marqué aux fers de l'errance...” Extrait d'une chanson de Nass el Ghiwane, dont est tiré le titre. Du tac au tac, Souad Kettani a accepté de répondre au téléphone à nos questions... : La journée internationale de la femme est-elle, selon vous, une bonne chose? Pour moi, c'est un jour comme les autres et je ne trouve pas que nous en ayons particulièrement besoin: ce n'est pas comme si nous étions des handicapées! : Depuis le début du siècle dernier, y-a-t-il eu Centenaire de la Journée Mondiale de la femme • JourNéE DE lA FEmmE DANS lES méDiAS Les médias du monde fêtent les 100 ans de la Journée de la femme A lors que les organisations du monde entier font le point sur les réalisations et les résultats de la mise en œuvre de la Déclaration de Beijing, l’unesco et ses principaux partenaires internationaux estiment qu’il est nécessaire de mettre l’accent sur le rôle des médias pour atteindre les objectifs de la Déclaration. programmation. À l'occasion de la Journée internationale de la femme, l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) lance sa campagne annuelle "Les femmes font l'info 2010", axée sur l'égalité des genres dans les médias. Adoptés par la uatrième Conférence mondiale sur les femmes en septembre 1995, la “Déclaration et le Programme d'action” de Beijing mettent l'accent sur le rôle des médias dans la promotion de l'égalité entre les sexes, à travers les mesures stratégiques dans les domaines critiques tels que: “Les images stéréotypées des femmes et l'inégalité de l'accès et de la participation à tous les systèmes de communication, en particulier les médias”. Les rédacteurs en chef de la presse écrite et audiovisuelle sont invités à s'associer à la campagne de l'Unesco en publiant des suppléments ou programmes spéciaux au sujet de la femme et de sa journée internationale, tout en confiant aux journalistes femmes des responsabilités éditoriales. A cet effet, certaines chaînes de télévision et de radio nationales et internationales disponibles au Maroc, modifieront leur programmations lors de cette journée. • D'hiEr à DEmAiN Souad Kettani, pianiste, peintre et auteure: "Cherchez la culture même si c'est en Chine" Des programmations entièrement féminines • “Le Grand journal de Canal+” sera entièrement féminin lundi 8 mars. Pas un homme ne sera présent dans l'émission ce jourlà. Michel Denisot cèdera exceptionnellement son fauteuil de présentateur à Ariane Massenet. La chroniqueuse, épaulée par Elise Chassaing, Tania Bruna- Rosso et Pauline Lefèvre, accueillera un public féminin. Même l'équipe technique mettra de côtés les hommes avec l'emploi de cadreuses et d'assistantes en plateau. • TV5 Monde a invité le dessinateur du quotidien Le Monde, Plantu. Ce dernier Couverture du livre de Souad ,Kettani, Errance./Dr une évolution notable de la condition féminine? Bien sûr, mais il reste tant à faire... C'est la société toute entière qui doit faire évoluer le statut de la femme. On doit aussi se prendre en charge et arracher sa liberté en prouvant sa maturité. Il faut arrêter de se laisser infantiliser. : Qui est pour vous le (la) représentant(e) de la cause féministe au Maroc? Je dirais évidemment Nouzha Skalli, qui est une amie, mais avec quelques réserves car encore un fois, il reste beaucoup à faire... ■ Alexandra Girard présentera une sélection de huit dessins inspirés de la condition féminine dans le monde. Ces pastilles, réalisées en partenariat avec son association “Dessins pour la paix”, seront diffusées à plusieurs reprises au cours de la journée. TV5 Monde profitera de l'occasion pour proposer Le monde à besoin d'elles, un documentaire de Tim Newman sur le portrait de cinq femmes récompensées pour leur engagement scientifique par le prix portrait. Lorsqu’on rencontre Fabienne, il émane d’elle un je-ne-sais-quoi de ressemblant à cette actrice française, Emmanuelle Devos, dans le physique et dans la voix. Trentenaire, elle débarque de Bretagne en 2007 au Maroc, après un séjour en Algérie (“pays très beau et très accueillant mais trop dur pour une femme seule”)… Ce qui donne cependant une idée du personnage: décider de s'installer seule dans un pays arabo-musulman quand on est une jeune femme célibataire n’est pas chose aisée. Mais pour Fabienne, sage femme de vocation, de formation et de profession, rien ne semble insurmontable: hyper sociable, archi-dynamique, sympathique et forte de sa compétence, elle affiche une assurance à toute épreuve. Même si elle a quitté la France car elle ne s’y retrouvait plus, Fabienne reste une sacrée bonne femme. l'“Oréal-Unesco”. Les téléspectateurs découvriront Rashika El Ridi, professeur en immunologie en Égypte, Lourdes J.Cruz de l'Université des Philippines, Anne Dejean de l'Institut Pasteur en France, Alexandra Bravo de l'Université du Mexique et Elaine Fuchs, professeur universitaire à New York. Le documentaire sera diffusé à 16h00. La radio pas en reste • CHADA FM, la radio numéro 1 des femmes: la radio Une sacrée "bonne femme" Après quelques passages (et autant de déconvenues) dans différentes cliniques à Casablanca, elle se met à son compte en tant que préparatrice à l’accouchement et enseigne dans fait lundi 08 mars 201009 internet . A l'occasion de la Journée mondiale de la Femme célébrée le 8 mars, un site communautaire dédié exclusivement aux femmes sera officiellement lancé. le site en question baptisé Femibook, propose bon nombre de rubriques, comme les sondages, les petites annonces, les vidéos ou encore les blogs. l'inscription sur Femibook.com est gratuite. Pour celles qui ont déjà un compte Facebook, elles peuvent agir sur leur mur depuis le site. www.femibook.com , Ariane massenet et les chroniqueuses du "Grand journal" présenteront l'émission du lundi 8 mars. /Dr Fabienne, sage-femme émigrée, une fille qui en a (du mérite) , Fabienne. /Dr généraliste à dominante musicale sera entièrement féminine ce 8 Mars. Comme chaque année, animatrices et journalistes se succèderont au micro de la station. Un chamboulement? Non, juste un coup de projecteur sur ces femmes qui font une des forces vives de Chada FM. Afaf, Meriem, Manal, Nawel, Siham, Sarah et les autres prendront les com- mandes de 7h00 à 22h00. ■ aufait/agence une école de sage-femme. Elle fait également de l’encadrement pour l’allaitement maternel, pratique peu répandue au Maroc: d’après Fabienne, environ seulement 25% des femmes allaitent, par manque d’information, de soutien et par besoin d’émancipation immédiate après la grossesse. Et Fabienne s’étonne d’ailleurs de ce fait de société alors que le lait artificiel revient si cher… Si elle arrive à vivre aujourd’hui de sa passion, c’est au prix d’un travail acharné, d’adaptation et d’amour des gens. Lorsqu’elle évoque les femmes enceintes qui sont ses clientes-patientes, elle s'y réfère respectueusement par le terme “les dames”, ne trouvant pas de mot plus juste. uestionnée sur la légitimité de sa place dans la société marocaine, elle la trouve simplement naturelle, tout comme elle. ■ Alexandra Girard
fait 10 lundi 08 mars 2010 société , • LE MOUvEMENT féMINISTE AU MAROC Hommage. Ancienne infirmière reconvertie dans l'associatif, Aïcha Ech-Chenna est la première femme à avoir cassé le tabou qu’est le phénomène des mères célibataires au Maroc. Une audace qui lui a valu de s'attirer la haine des islamistes les plus radicaux du pays. Mais au su de toutes les menaces et de tous les risques encourus, elle milite depuis 25 ans maintenant au sein de l'association Solidarité féminine qu'elle a elle-même fondée. Sa mission: combattre l'injustice et l'hypocrisie. “Il fallait que je dise à mes concitoyens que ce n’est pas normal d’envoyer nos enfants grandir sans identité et je continuerai de le faire tant que j’en aurai les moyens. Une mère célibataire n’abandonne jamais de gaieté de cœur son enfant, il y a toujours une raison. Mon combat c’est de dire non à l’injustice et à l’hypocrisie”. Aïcha Ech-Chenna Ce combat n'est pas passé inaperçu bien au contraire! Elle a été de nombreuses Centenaire de la Journée Mondiale de la femme Une nouvelle loi votée en 2009 a haussé le quota de candidates aux élections municipales à 12% . /DR entre ralentis et sursauts Au Maroc, c'est au début des années 80 que le mouvement féministe prend de l'ampleur. Pourtant, bien avant cette date, certaines femmes (au foyer pour la plupart) prônaient la lutte contre les violences à l'égard des femmes et la nécessité de scolariser les filles. A partir des années 80, le combat féministe s'oriente sur l'égalité des genres et particulièrement, sur la réforme de la Moudawana. Lutte. Le mouvement féministe marocain a pris racine depuis l'époque coloniale. Mais en ces temps, le combat était surtout axé sur la violence faite à l'égard des femmes et sur la nécessité de scolariser les filles. Les prémices du mouvement féministe Avec la lutte pour l'indépendance, plusieurs femmes s'illustrent dans la Résistance et les partis donnent naissance aux premiers mouvements féministes: en 1946, l'association Akhawat Assafa pose peutêtre les bases du mouvement féministe marocain. Il s'agissait surtout de militer contre les maltraitances faites aux femmes, un fléau très inquiétant à l'époque et de promouvoir la scolarisation des filles. Près de 15 ans plus tard, l'Union progressiste des femmes du Maroc, affiliée à la centrale syndicale de l'Union marocaine du travail, reprend le flambeau. En 1969, l'Union nationale des femmes marocaines s'implique sur le terrain dans des domaines aussi vastes que l'éducation de base (planning familial, éducation sanitaire, lutte contre l'analphabétisme); la création de coopératives rurales féminines, mais surtout dans la lutte pour les droits de la femme, et la révision du Code de la famille plus connu sous le nom de Moudawana. Mais il faudra attendre le début des années 80 pour que ce mouvement se concrétise avec en tête de file, l'Association démocratique des femmes maro- Aïcha Ech-Chenna: une vie, un combat Il est impossible de rendre hommage aux femmes marocaines qui oeuvrent pour l'essor économique, social et politique de notre pays sans mentionner Aïcha Ech-Chenna. Elle est sans doute 'La' femme marocaine de l'année, par la reconnaissance internationale, en novembre dernier, du combat qu'elle mène depuis 25 ans pour la réinsertion des mères célibataires. fois récompensée et en novembre dernier, sa lutte a été auréolée du fameux Opus Prize, un prestigieux trophée international équivalent au Nobel et doté d'un million de dollar. A travers son association, Aïcha Ech-Chenna tente tant bien que mal d'aider les mères célibataires exclues et marginalisées autant par la société que par leur propre famille, à retrouver leur entourage familial et à se réinsérer dans le marché du travail. Mais la priorité, c'est de tout mettre en oeuvre pour que la mère renoue avec le père biologique de son enfant, caines (ADFM). Il ne s'agit plus d'une simple lutte contre les injustices et discriminations à l'égard des femmes mais d'un véritable soulèvement pour instaurer l'égalité des genres, particulièrement à travers la Moudawana. Eternelle Moudawana A partir des années 80 jusqu'en 2004, la réforme du Code de la famille était devenue le cheval de bataille des féministes marocaines. Aujourd'hui, plus de cinq ans après l'adoption ne serait-ce que pour qu'il reconnaisse son enfant, ce qui est désormais possible grâce aux réformes apportées à la Moudawana. Mais souvent, entre les textes et la réalié, il y a un monde. “La nouvelle Moudawana, c'est une très bonne chose car c'est une révolution. Dans les textes, on dit que dans les cas de fiançailles officielles, la femme peut demander un test génétique au juge mais il est souvent très difficile de le convaincre car Réagissez sur > courrier@aufaitmaroc.com • www.aufaitmaroc.com miss. Lalati.ma est un site web qui héberge la candidature de quelques 200 femmes concurrentes pour devenir Miss Lalati, Miss Presse ou encore Miss Web 2010. A la clé du concours: une voiture, un ordinateur, un caftan, entre autres cadeaux... Inscription sur www. lalati.ma/fr/miss-lalati jusqu'au 18 mai 2010. L'heureuse élue sera dévoilée lors du défilé du créateur de caftans Amine Mrani le 19 juin, lors d'une soirée animée par Imad Kotbi. tant attendue de ce Code, les avancées sont bien réelles mais les lacunes encore trop profondes. “Le progrès est théorique et incomplet. Théorique parce que les réformes adoptées en 2004 ne sont pas appliquées en réalité, et incomplet parce que ce nouveau code n'instaure pas un véritable climat d'égalité surtout dans la vie privée. Les questions de la polygamie, de l'âge du mariage, de l'héritage, de la garde des enfants ou encore du mariage d'une marocaine musulmane avec un non musulman restent encore assez floues.” Khadija Ryadi, présidente de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) Sur ce sujet, Mme Ryadi pense que le plus important actuellement, c'est de “recentrer le débat sur l'amélioration et l'application de la loi mais aussi, d'impliquer davantage les administrations et d'harmoniser notre Moudawana avec la Convention internationale pour l'élimination des discriminations à l'égard des femmes”. Mouvement féministe, 30 ans après Trentre ans après la genèse du mouvement féministe au Maroc, force est de constater que c'est un mouvement à deux vitesses avec tantôt des ralentis, tantôt des regains d'intérêt. Aïcha Ech-Chenna montre sa médaille de l'Opus Prize, le 19 ,décembre 2009 à Marrakech./K.N juridiquement, il n’y a pas de définition exacte des fiançailles. Et puis même si le juge accepte, le père biologique est contraint de reconnaître son enfant ce qui ne favorise par la réinsertion normale et naturelle des enfants”. Aïcha Ech-Chenna Aussi, en plus de cette réinsertion familiale, la priorité des priorités est désormais accordée à une réinsertion “A chaque fois qu'il y a un acquis, le mouvement à tendance à marcher au ralenti. Après une forte mobilisation à ses débuts le mouvement a ralenti jusqu'en 2000, date à laquelle il y a eu le fameux plan du ministre Said Saidi qui consistait à intégrer les Marocaines dans le processus de développement. Une fois la réforme de la Moudawana acquise (en 2004), le mouvement s'est de nouveau endormi jusqu'à des jours récents car les femmes se rendent de plus en plus compte qu'il reste beaucoup à faire en matière de droits économiques et sociaux.” Khadija Ryadi Actuellement, la lutte porte plutôt sur la question de la violence à l'égard des femmes et le changement du code pénal. De plus en plus de centres d'accueil et d'écoute voient le jour ici et là et d'un point de vue étatique, un Programme multisectoriel contre les violences basées sur le genre par l'autonomisation des femmes et des filles, nommé “Tamkine”, a été mis sur pied. Par ailleurs, rappelons que le département du développement social est en train de finaliser un projet de loi particulièrement axé sur la violence conjugale, destiné à protéger la femme mais aussi, à pénaliser la violence à leur égard. ■ Ana Lopes des mères célibataires dans le milieu du travail car “en leur donnant la possibilité d’être indépendantes, on leur rend aussi la fierté”. Aujourd'hui, le seul souci d'Aïcha Ech-Chenna, c'est de trouver des jeunes capables de porter son flambeau et de continuer à mener son combat qui dure depuis plus de la moitié d'un siècle: celui des Droits humains tout simplement. ■ Ana Lopes
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