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1 “Les Misères de Nicole Estienne ou les peines et tourments qu'elle ...

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<strong>et</strong> se perpétue chez l'historien <strong>de</strong>s <strong>Estienne</strong> qui fait encore autorité 1:<br />

Char<strong>les</strong> n'eut d'enfant qu'une fille, <strong>Nicole</strong>, née à Paris vers 1545.<br />

Parallèlement, <strong>les</strong> éloges <strong>de</strong>s contemporains sont amplifiés jusqu'à faire <strong>de</strong> <strong>Nicole</strong><br />

une femme d'exception, qui prend <strong>les</strong> traits, au XIXème siècle d'une enfant précoce au sort<br />

rig<strong>ou</strong>reux. S<strong>ou</strong>s le signe <strong>de</strong> l'exagération, Antoine Teissier 2 réécrit au superlatif <strong>les</strong> notices <strong>de</strong><br />

La Croix du Maine <strong>et</strong> <strong>de</strong> Du Verdier :<br />

<strong>Nicole</strong> Etienne, fille <strong>de</strong> Char<strong>les</strong> <strong>Estienne</strong> Mé<strong>de</strong>cin, <strong>et</strong> frère <strong>de</strong> Robert, laquelle fut mariée à Jean<br />

Liébault Mé<strong>de</strong>cin : Et comme elle avoit infiniment <strong>de</strong> l'esprit, elle excella en la Poësie Françoise, <strong>et</strong><br />

fit un livre p<strong>ou</strong>r la défense <strong>de</strong>s Femmes, contre ceux qui <strong>les</strong> méprisent.<br />

Dans le même esprit, la notice du Dictionnaire historique <strong>de</strong> Moreri, reprise <strong>de</strong>s<br />

Bibliothèques françaises, vante l' "esprit" <strong>de</strong> <strong>Nicole</strong> <strong>et</strong> ne s'embarrasse guère <strong>de</strong> vérifier<br />

<strong>qu'elle</strong> meurt sans laisser <strong>de</strong> livre postérieur à 1584 :<br />

ETIENNE (<strong>Nicole</strong>) fille <strong>de</strong> Char<strong>les</strong> Etienne, <strong>et</strong> femme <strong>de</strong> Jean Liebaut, docteur en mé<strong>de</strong>cine, a ecrit<br />

plusieurs poësies françoises entr'autres <strong>les</strong> responses aux stances du mariage, <strong>et</strong> le mépris d'am<strong>ou</strong>r.<br />

Elle composa encore en prose l'apologie, <strong>ou</strong> <strong>de</strong>fenses p<strong>ou</strong>r <strong>les</strong> femmes, contre ceux qui <strong>les</strong> méprisent.<br />

Elle vivait encore en 1584 : on ignore l'époque <strong>de</strong> sa mort. Ses écrits n'ont point été imprimés...<br />

A. A. Ren<strong>ou</strong>ard, qui compose <strong>les</strong> Anna<strong>les</strong> <strong>de</strong> la famille, prend soin <strong>de</strong> situer le <strong>de</strong>stin<br />

en écho <strong>de</strong> <strong>Nicole</strong> dans le contexte <strong>de</strong>s talents précoces qui distinguent Char<strong>les</strong> <strong>et</strong> Henri (II).<br />

Ainsi, il fait commencer la biographie <strong>de</strong> son père par la célébration <strong>de</strong> la "maison" <strong>Estienne</strong><br />

3:<br />

L'éducation <strong>de</strong> Char<strong>les</strong> fut indubitablement la même que celle <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ux frères, <strong>et</strong> comme eux il<br />

sut en profiter, t<strong>ou</strong>t en donnant à la suite <strong>de</strong> ses étu<strong>de</strong>s une direction moins subordonnée à la<br />

profession paternelle. (…) quoique le jésuite Riccioli (Catalogus personarum post Christum<br />

insigniorum) remonte trop haut lorsqu'il dit que dès 1510 Char<strong>les</strong> étoit déjà digne <strong>de</strong> remarque, on<br />

doit croire qu'il avait très peu d'années <strong>de</strong> moins que ses frères. Il étoit encore jeune lorsqu'il se fit<br />

recevoir Docteur en mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> la Faculté <strong>de</strong> Paris : vers le même temps il fut choisi par le savant<br />

Lazare <strong>de</strong> Baïf p<strong>ou</strong>r être le précepteur <strong>de</strong> Jean Antoine, son fils(…)<br />

<strong>et</strong> il introduit <strong>Nicole</strong>, après une longue évocation <strong>de</strong> la faillite <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'emprisonnement <strong>de</strong><br />

Char<strong>les</strong>, comme motif redondant <strong>de</strong> l'enfant-prodige au sort malheureux :<br />

Ainsi que sa tante, femme <strong>de</strong> Robert, <strong>Nicole</strong> fut très instruite. Elle cultiva la littérature, écrivit en<br />

prose, fit <strong>de</strong>s vers, dont une Réponse aux Stances <strong>de</strong> Phil. Desportes sur le Mariage <strong>et</strong> aussi le<br />

Mépris d'Am<strong>ou</strong>r. De ses divers <strong>ou</strong>vrages, le seul qui ait été imprimé est un in-8, intitulé "Les<br />

1 Ren<strong>ou</strong>ard, Antoine-Auguste : Anna<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'imprimerie <strong>de</strong>s <strong>Estienne</strong> <strong>ou</strong> Histoire <strong>de</strong> la famille <strong>Estienne</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

ses éditions, Paris, Ju<strong>les</strong> Ren<strong>ou</strong>ard <strong>et</strong> Cie,1843(2). Réimpression : Martino Publishing, Mansfield Center<br />

CT, 1999, p 361.<br />

2 Op cit tome 1, p 369-370.<br />

3 Ren<strong>ou</strong>ard, op cit p 353.<br />

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