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Elodie Martin - EPHE

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nous l’avons vu plus haut, ce recrutement indique ainsi une conformation anormale de la protéine.<br />

Bien que débattu au départ, les études récentes ont montré que le protéasome est toujours actif malgré la présence de protéines à polyQ (Bowman et al., 2005; Kaytor et al., 2004; Michalik et al., 2004). Ceci indiquerait plutôt une tentative de la cellule pour éliminer une espèce protéique<br />

toxique. Il a d’ailleurs été observé une augmentation de l’autophagie dans différents modèles de MH (Ravikumar et al., 2004). De même, l’augmentation de la clearance des protéines à polyglutamine (augmentation d’activité de l’ubiquitine/protéasome ou de l’autophagie) ou la stimulation d’un<br />

repliement normal via la surexpression de chaperons semblent des stratégies thérapeutiques prometteuses<br />

17Bailey, C. K.Andriola, I. F.Kampinga, H. H.Merry, D. E.Department of Biochemistry and Molecular Pharmacology, Thomas Jefferson<br />

University, 208 Bluemle Life Sciences Building, 233 S. 10th Street, Philadelphia, PA 19107, USAMolecular chaperones enhance the degradation of expanded polyglutamine repeat androgen receptor in a cellular model of spinal and bulbar muscular<br />

atrophyHuman.Molecular.Genetics515-523115analysisandrogen<br />

receptoratrophyBiochemistryCAGCell CultureDiseaseenglandexpansionfamilyHalf-<br />

LifeinclusionsMolecular Chaperonesmuscular atrophyneurodegenerative<br />

diseasespharmacologypolyglutamineSBMAsolubilitytoxicityTrinucleotide Repeat<br />

Expansion2002BAILEY2002PM:11875046 (Bailey et al., 2002; Carmichael et al., 2000; Chan et al., 2000; Janer et al.,<br />

2006; Kazemi-Esfarjani and Benzer, 2000; Ravikumar et al., 2004; Warrick et al., 1999; Warrick et al., 2005).<br />

II. Dérégulations des fonctions nucléaires<br />

La localisation nucléaire de la protéine, notamment la htt et l’ataxine 1, sont des prérequis pour la pathogenèse (Klement et al., 1998; Saudou et al., 1998).<br />

Bien que n’ayant pas d’homologie fonctionnelle, la plupart des protéines à polyglutamine sont impliquées dans la régulation de la transcription (Helmlinger et al., 2006). Ainsi, les protéines mutées dans la SBMA et SCA17, nommément le AR et TBP, sont des facteurs de transcription<br />

connus (La Spada et al., 1991; Nakamura et al., 2001). Un rôle de régulation de la transcription a aussi été identifié pour la htt et l’ataxine 3 (mutée dans SCA3) (Li et al., 2002; Zuccato et al., 2003) ainsi que pour l’atrophine 1 (mutée dans DRPLA) (Zhang et al., 2002a). Enfin, l’ataxine 7 (mutée<br />

dans SCA7) et l’ataxine 1 (mutée dans SCA1) ont récemment été identifiées comme composants de complexes régulateurs de la transcription (Helmlinger et al., 2004; Lam et al., 2006; Serra et al., 2006; Tsai et al., 2004). Il faut noter que de nombreuses dérégulations transcriptionelles ont été<br />

observées précocement dans des modèles animaux et chez des patients atteints de MH, SCA1, DRPLA et SCA7, en général avant l’apparition des symptômes, des NIIs et de la dégénérescence neuronale (Abou-Sleymane et al., 2006; Cha et al., 1998; La Spada et al., 2001; Lin et al., 2000; Luthi-<br />

Carter et al., 2000). De plus, le recrutement et la séquestration de nombreux autres facteurs de transcription dans les NIIs perturberait également la régulation transcriptionelle de nombreux gènes pouvant conduire à un dysfonctionnement neuronal et une dégénérescence (Cha, 2000; La Spada et al.,<br />

2001).<br />

Il semblerait également que le métabolisme des ARN soit altéré dans ces pathologies à polyQ. En effet, l’ataxine 2, par exemple, interagit avec une protéine impliquée dans l’épissage : l’A2BP1 (pour ataxin 2 binding protein 1) (Shibata et al., 2000). De plus, les expansions<br />

trinucléotidiques transcrites, qu’elles soient traduites ou non, ont la propriété de former des épingles à cheveux au niveau ARN, capables de recruter des protéines de liaison aux ARN doubles brins (Sobczak et al., 2003). Ces structures secondaires de l’ARN peuvent provoquer une perturbation<br />

délétère de l’épissage et du traitement de certains ARN cellulaires (Peel et al., 2001).<br />

II. Dérégulations de fonctions cytoplasmiques<br />

Bien que l’action neurotoxique de ces protéines soit principalement nucléaire, ces protéines sont d’abord synthétisées dans le cytoplasme avant d’être exportées vers le noyau quand elles sont mutantes.<br />

1) Modifications post-traductionnelles<br />

La toxicité des protéines à polyQ peut nécessiter une modification post-traductionnelle telle qu’une phospholylation, via Akt, dans le cas de l’ataxine 1 (Emamian et al., 2003). D’autre part, la relocalisation nucléaire des protéines à polyQ fait souvent intervenir un clivage protéolytique,<br />

notamment parce que les formes entières de ces protéines (> 40kD) sont trop grandes pour pouvoir entrer passivement dans le noyau (Goldfarb et al., 1986; Goldfarb et al., 1996). Ceci a en effet été mis en évidence dans le cas de la MH (DiFiglia et al., 1997) et SCA3 (Paulson et al., 1997b) ainsi<br />

que dans la SBMA, la DRPLA, SCA2 et SCA7 (Tarlac and Storey, 2003). Dans ces maladies, la présence d’une forme tronquée de la protéine semble très fortement liée à la translocation de la protéine dans le noyau (Paulson et al., 1997a; Paulson et al., 1997b) et à la toxicité (Ellerby et al., 1999a;<br />

Ellerby et al., 1999b; Paulson et al., 1997a; Paulson et al., 1997b; Warrick et al., 1998). Ces formes clivées seraient obtenues suite à l’action de caspases activées que l’on retrouve dans les NIIs (Sanchez et al., 1999; Zander et al., 2001) et dont ces protéines à polyglutamine sont des substrats<br />

(Wellington et al., 1998). En revanche, l’ataxine 1 et TBP, toutes deux nucléaires, ne semblent pas clivées par les caspases (Ellerby et al., 1999b; Wellington and Hayden, 2000).<br />

Ainsi, le blocage des voies apoptotiques et en particulier des caspases activées a démontré une certaine efficacité de neuroprotection dans les maladies à polyglutamine in vitro (Wellington et al., 2000) et in vivo chez la Drosophile (Warrick et al., 1998) et la souris (Chen et al., 2000; Kim et<br />

al., 1999a). Cependant, l’apoptose étant un évènement tardif de la dysfonction cellulaire, l’inhibition du clivage protéique pourrait s’avérer d’un intérêt thérapeutique limité dans ces maladies.<br />

2) Dysfonctions mitochondriales<br />

Des dysfonctions mitochondriales et des anomalies du métabolisme énergétique ont été mises en évidence très tôt dans les maladies à polyglutamine. Ainsi, il a été observé une réduction du métabolisme du glucose et de l’activité des complexes mitochondriaux ainsi qu’une élévation du<br />

niveau de lactate chez les patients atteints de MH (Browne et al., 1997; Gu et al., 1996). Ces anomalies métaboliques sont d’ailleurs observées très précocement chez les individus porteurs de la htt mutée, plusieurs années avant l’apparition des symptômes (Antonini et al., 1996; Feigin et al., 2001).<br />

Ces défauts métaboliques et ces atteintes mitochondriales semblent partagées par les autres maladies à polyglutamine comme SCA1, SCA2 et SCA3 (Mastrogiacomo et al., 1996; Matsuishi et al., 1996). De plus, l’absorption de composés stimulant le métabolisme énergétique, tels le coenzyme Q10<br />

ou la créatine se sont révélés protecteurs dans des modèles murins de MH et de SCA1 (Ferrante et al., 2002; Ferrante et al., 2000). Cette atteinte mitochondriale pourrait participer à la neurotoxicité des polyQ. En effet, la déplétion en énergie entraîne des perturbations de l’homéostasie du calcium<br />

et du traffic intracellulaire, deux processus clés de la préservation des neurones.<br />

IV. Perturbation de la fonction normale des protéines<br />

Comme nous l’avons vu plus haut, malgré un effet indéniable de l’expansion de polyQ dans la pathologie par gain de fonction toxique, une perte de fonction partielle de la protéine et/ou de son complexe protéique contribue certainement aux processus pathologiques (voir chapitre C. II.)<br />

V. Bilan<br />

Ces études nous permettent de dire que les cellules ne subissent pas passivement l’expression et l’action de protéines délétères mais réagissent activement pour essayer d’éliminer ces produits toxiques. Il semble ainsi que les NIIs résultent à la fois d’un mécanisme gain de fonction<br />

intrinsèque aux protéines avec expansion de polyglutamine et d’un mécanisme cellulaire visant à re-conformer ces protéines correctement et/ou à les cibler vers des sites de dégradation. Reste une question d’équilibre entre d’un côté les effets délétères de ces agrégats qui encombrent la cellule et<br />

<strong>EPHE</strong> Banque de Monographies SVT 10

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