LA VILLE MAGIQUE - Inspection académique du Nord

PRESENTATION
L'exposition La Ville magique fait une proposition d'oeuvres essentiellement picturales,
photographiques, et cinématographiques, centrées sur la ville moderne vue et interprétée par les
artistes de la première moitié du XXe s, époque durant laquelle se développe les grandes capitales
occidentales et notamment New York, Paris et Berlin.
Elle montre comment ces derniers, influencés parfois par la psychanalyse naissante, se sont saisis des
effets magiques et du pouvoir inquiétant que provoquait la ville sur ses habitants. Leurs sentiments et
leurs impressions étaient alors empreints de cette « inquiétante étrangeté » 1 , correspondant à un
malaise né d'une rupture dans la rationnalité rassurante de la vie quotidienne.
L'APPARITION DE LA VILLE MODERNE
Tout au long du XIXe s., l’essor de l’industrie transforme la physionomie des grandes villes dont les
contours s’agrandissent pour accueillir une population rurale en quête de travail et attirée par la
promesse d’un nouveau confort. L'espace urbain est alors réorganisé et découpé par de grands
boulevards, axes autour desquels se distribuent loisirs, commerces, et lieux de travail. C'est l'époque de
l'apparition des grands magasins, du développement des gares et d'un nouvel éclairage dans les rues qui
change le visage de la ville. L'utilisation de nouveaux matériaux comme la fonte, le fer, l'acier et le verre,
facilite l'évolution de l'architecture et le développement des gratte-ciel. Aux Etats-Unis d'abord, puis en
Europe, on explore de nouveaux espaces vers le ciel. A Chicago après l'incendie de la ville en 1871, la
course vers le haut commence avec l'apparition des premiers buildings. Cependant c'est un quartier de
New York, Manhattan qui devient quelques décénnies plus tard, le symbole de la ville moderne. La vision
qu'en ont les voyageurs arrivant en paquebot marque l'imaginaire et ce quartier devient célèbre dans le
monde entier. En Europe, Paris s'est transformé sous l'influence des théories Haussmanniennes et de la
révolution industrielle et Berlin s'étend de plus en plus et apparait comme une ville tentaculaire.
Spectateur fasciné par ces bouleversements, l’artiste se fait l’écho de ces transformations. Peu à peu,
l'espace connu, familier, devient incertain et indomptable. La ville d'abord sublimée et phantasmée
semble deshumaniser l'homme, elle devient alors inquiétante et angoissante.
LE CONTEXTE ARTISTIQUE
Dans la première moitié du XXe. s. New York, Paris, Berlin sont les lieux d'une intense activité artistique.
Le début du siècle est particulièrement riche et voit fleurir les avant-gardes (cubisme, futurisme...). De
nouveaux médiums tels que la photographie puis le cinéma sont apparus au siècle précédent et se
développent largement dans le monde artistique.
La première guerre mondiale marque très profondément les esprits. Pendant celle-ci, Dada, mouvement
intellectuel, littéraire et artistique fait table rase de toutes les conventions et contraintes idéologiques,
artistiques et politiques. Peu de temps après, les surréalistes prennent la suite. Les artistes se libèrent de
la raison et l'inconscient devient roi. Le développement de la psychanalyse influe alors sur les procédés
de création. Le groupe des surréalistes utilisent le cadavre exquis, le dessin et l'écriture automatique,.
Outre la peinture, la sculpture ou le ready made, ils utilisent également la photographie et toutes les
techniques qui lui sont associées (photomontage, photogramme, solarisation, superposition 2 ...) afin de
faire ressortir « L'inquiétante étrangeté » où la distinction entre imagination et réalité se brouille.
1 « Unheimliche » : concept défini par Freud dans un essai paru en 1919. Il correspond à une situation mettant mal à l'aise,
suscitant une angoisse.
2 Cf. Annexe 1 : lexique
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