Colloque
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En riposte à ces actions, le commandement colonial a<br />
mis en œuvre deux choses essentielles en application du<br />
plan « Lacoste » et ce, à la veille de l’entrée en vigueur<br />
de la loi sur les pouvoirs spéciaux (16 mars 1956) dans<br />
le but de, premièrement, procéder au regroupement des<br />
forces coloniales dispersées et, deuxièmement, planifier<br />
une contre-attaque.(11).<br />
L’idée principale de la stratégie coloniale était de concrétiser<br />
un double objectif : étouffer la Révolution algérienne<br />
et assurer un développement économique. Il ne fait<br />
pas de doute que le double objectif était empreint de<br />
duplicité, en ce sens qu’il exprimait la volonté de prolonger<br />
l’effort de guerre par des capacités et des moyens<br />
que sa machine économique ne pouvait supporter vu<br />
l’effet d’épuisement continu. Lacoste a compté sur l’intelligence<br />
de Max Lejeune, secrétaire d’état à la guerre. Ce<br />
dernier a exposé l’idée de réorganiser le commandement<br />
territorial afin de faciliter les opérations militaires,<br />
en divisant le territoire algérien en trois parties : Est<br />
(Constantine), Ouest (Oran) et Centre (Alger) concordant<br />
avec le positionnement de trois bataillons d’armée.<br />
Il tenta, par le biais de cette action, de créer des zones<br />
nommées « territoires opérationnels » dont l’échelle hiérarchique<br />
reposerait sur « l’unité de commandement ».<br />
Les décisions de ce commandement unifié devant se traduire<br />
sur le terrain à travers la concrétisation d’un but<br />
essentiel, celui d’anéantir la révolution.<br />
La machine politique, conduite par<br />
Guy Mollet avait essayé, à la même<br />
période, de négocier secrètement avec<br />
le commandement révolutionnaire suite<br />
à la multiplication des opérations de<br />
guerre menées par les groupes révolutionnaires<br />
(plus de 2500 opérations,<br />
durant le mois de mars 1956 seulement).<br />
Ceci, même si l’ennemi comptait<br />
planifier une frappe par traitrise contre<br />
le commandement de la zone 1 à travers<br />
l’opération « Cantate» conduite par<br />
le général Parlange, commandant du<br />
Sud constantinois et le général<br />
Vanuxem, responsable de la zone des<br />
Aurès-Nemamcha depuis novembre<br />
1954 qui contribua à la planification de<br />
cette opération avant de rejoindre le<br />
cabinet militaire de Lacoste, vers la mimars(12).<br />
Lacoste était porteur de nouveaux projets avec lesquels il<br />
comptait rassurer les français résidant en Algérie sur leur<br />
avenir en déclarant que « Tout le monde est convaincu<br />
que le sort de la France se joue en Algérie » avant de<br />
lancer à l’opinion publique, des chiffres sur le nombre<br />
d’avions qu’il avait demandé, les moyens de transports<br />
qu’il devrait réquisitionner, le pont aérien en cours pour<br />
le transport de forces supplémentaires à partir de la<br />
France et du Sénégal vers l’Algérie en plus de deux divisions<br />
mécanisées rapides, la mobilisation de la marine et<br />
des garde-côtes qui coordonneraient leur action avec<br />
celle des unités de Commandos(13). Ces dernières ont<br />
tenté de boucler les frontières, surtout celles de l’Ouest,<br />
commandées par Boussouf qui a alimenté le secteur oranais<br />
en armes depuis Maghnia jusqu’à Nedroma où se<br />
déroulaient des batailles et des accrochages acharnés<br />
dont les plus importantes étaient celles déclenchée à<br />
l’Ouest de Sebdou, au Sud-Ouest de Tlemcen ainsi que<br />
dans la région de Bab-El-Assa(14). Il y eut également<br />
Dans la région de<br />
Beni Saf, les étatsmajors<br />
locaux ont<br />
lancé des attaques<br />
contre des convois<br />
ennemis comptant<br />
chacun plus de<br />
sept camions, faisant<br />
ainsi échouer<br />
les opérations de<br />
largage aérien.<br />
l’accrochage de Bab-Taza, près de Maghnia où les révolutionnaires<br />
ont abattu le capitaine René Cozette (15).<br />
La prééminence de l’initiative tactique de l’ALN, particulièrement<br />
dans la région de Beni Saf et de Nedroma, a<br />
contraint Lacoste, accompagné du commandant des<br />
forces, le général Lorillot ainsi que du colonel<br />
Ducourneau, chef d’état-major, à se rendre dans la<br />
région de Tlemcen afin de se réunir avec les commandants<br />
des grandes unités et pour étudier la situation militaire<br />
sur le terrain surtout que la zone frontalière allant<br />
de la mer jusqu’aux montagnes de Tlemcen, était devenue<br />
très dangereuse et commençait à poser de grands<br />
défis sécuritaires difficiles à relever sur le terrain(16).<br />
Dans la région de Beni Saf, les états-majors locaux ont<br />
lancé des attaques contre des convois ennemis comptant<br />
chacun plus de sept camions, faisant ainsi échouer les<br />
opérations de largage aérien(17). Dans la région de<br />
Nedroma, il y eut l’embuscade de Zaouia qui a mis hors<br />
de combat une unité des Zouaves et les légions qui<br />
avaient tenté de lui venir en aide (18).<br />
L’initiative tactique des états-majors locaux de la zone 5<br />
en particulier visait essentiellement à empêcher les<br />
troupes ennemies de recevoir les approvisionnements et<br />
le soutien logistique, en provenance de Tlemcen vers<br />
Nedroma et Beni Saf. Par ailleurs, les états-majors ont<br />
réussi à faire de nombreux prisonniers comme le déclare<br />
la presse coloniale :<br />
«Elle se vit entourée de nombreux<br />
H.L.L, dévoilant les rochers, évalués à<br />
plus de 300, équipés d’armes automatiques,<br />
une embuscade était tendue<br />
dans le but de capturer la petite troupe,<br />
la manœuvre avait été bien préparée»(19)<br />
Les soupçons de l’ennemi l’ont poussé<br />
à écarter le commandement militaire<br />
du 21e régiment de tirailleurs algériens<br />
(21e RTA) de peur que ses éléments ne<br />
prennent la fuite et rejoignent la<br />
Révolution, en le remplaçant par le (5e<br />
REI). En dépit de cela, les forces ennemies<br />
ont essuyé, le 19 mars, de<br />
grosses pertes et un hélicoptère de<br />
type (H-19) a été abattu. Ainsi, les<br />
efforts des militaires français dans la<br />
région de Nedroma dans l’extrême<br />
Ouest jusqu’aux opérations de la péninsule de Collo et de<br />
celles de la région de la Calle, à l’Est, auront été inutiles.<br />
Les bombardements anarchiques, au canon de 90 mm<br />
effectués par les forces navales coloniales dans la région<br />
de la Calle, au motif d’un possible regroupement de<br />
révolutionnaires et le débarquement de commandos<br />
marins auront été vains et traduisent l’échec cuisant de la<br />
doctrine d’emploi de ces forces.<br />
« Malgré la mise à terre des commandos marine par<br />
zodiac, ces deux opérations (Collo et la Calle) n’obtinrent<br />
pas des résultats à la mesure de l’exploitation médiatique<br />
qui en fut faite »(20).<br />
Dans l’extrême Est, il y eut une opération (terrestrenavale-<br />
aérienne) appuyée par des tirs à partir du bâtiment<br />
de guerre G. Leygues (21), dans la région de<br />
Guergour il y eut l’opération de débarquement de<br />
troupes par hélicoptères, concentrée essentiellement<br />
autour de la zone d’action du 3e RPC entre le 24 et 27<br />
mars, alors que la région des Aurès-Nemamcha, était le<br />
théâtre d’un accrochage entre les révolutionnaires et les<br />
El-Djeich 596 Mars 2013<br />
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