9.9 COULEURS DES LAMES CRISTALLINES - De Boeck
9.9 COULEURS DES LAMES CRISTALLINES - De Boeck
9.9 COULEURS DES LAMES CRISTALLINES - De Boeck
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de Michelson rend alors visibles les petits défauts<br />
d’épaisseur ou de planéité des deux fi lms polariseurs P1 52 et P2 . Pour obtenir des franges rectilignes non déformées,<br />
il faudrait utiliser un autre dispositif interférentiel<br />
avec des fi ltres plus rigides, utilisés sur une infi me partie<br />
de leur surface 53 . Cependant, la déformation des franges<br />
ne change en rien la nature des résultats. Dans toutes<br />
les expériences d’interférences en lumière polarisée, il<br />
sera donc nécessaire d’introduire un polariseur P en<br />
tête du montage.<br />
<strong>9.9</strong> <strong>COULEURS</strong> <strong>DES</strong> <strong>LAMES</strong><br />
<strong>CRISTALLINES</strong><br />
<strong>9.9</strong>.1. Lignes neutres<br />
Un ruban de scotch, une feuille de polyéthylène 54 ou<br />
une lame mince de mica sont des matériaux biréfringents.<br />
Placés entre un polariseur P et un analyseur A parallèles<br />
ou croisés, ils révèlent des couleurs vives inexistantes<br />
à leur état naturel. Les couleurs observées entre<br />
polariseurs croisés sont complémentaires de celles observées<br />
entre polariseurs parallèles, comme l’illustre la<br />
fi gure 9.36.a et b, puis c et d.<br />
Cependant, lorsque la lame de scotch ou de mica<br />
est tournée dans son propre plan, les couleurs disparaissent<br />
tous les 90°. Les deux directions perpendiculaires<br />
alors défi nies en rapportant les directions de transmission<br />
de P et A sur la lame sont appelées lignes neutres<br />
de la lame biréfringente (fi gure 9.36.e et f). Lorsque la<br />
vibration rectiligne émergeant du polariseur P est parallèle<br />
à l’une des deux lignes neutres, son état de polarisation<br />
reste inchangé après traversée de la lame.<br />
À l’opposé, les couleurs de la lame sont les plus vives<br />
lorsque les directions de transmission de P et A sont<br />
orientées à 45° des lignes neutres (fi gure 9.36.a à d).<br />
Contrairement à l’axe optique d’un milieu uniaxe,<br />
dont la direction est complètement déterminée par la<br />
structure cristalline, les directions des lignes neutres<br />
dépendent de la direction de propagation de l’onde<br />
incidente, c’est-à-dire de celle du vecteur d’onde .<br />
Pour une direction quelconque de , elle peuvent être<br />
52 . On pourra le vérifi er en l’absence de P et A, en observant l’allure des<br />
franges lorsque les polariseurs P 1 et P 2 possèdent des directions de transmission<br />
parallèles.<br />
53 . Dans C. Braco, G. Krebs, R. Charrier, F. Albrecht, B. Maitte,<br />
Histoire des idées sur la lumière, de l’Antiquité au début du xx e siècle… ,<br />
CDROM édité par le CRDP de Nice, 2004, on trouvera une expérience<br />
d’interférences en lumière polarisée permettant de s’aff ranchir des défauts<br />
de planéité des polariseurs. Dans cette expérience, réalisée par Gisèle<br />
Krebs, un faisceau laser est séparé par une lame semi-réfl échissante et les<br />
deux faisceaux séparés viennent interférer environ un mètre après le séparateur.<br />
Sur chaque voie, le faisceau laser traverse une surface de 1 mm 2<br />
des polariseurs seulement. Les franges d’interférences doivent alors être<br />
agrandies par deux lentilles successives.<br />
54 . Papier d’emballage des fl euristes ou des cartes de vœux.<br />
a) Ruban de scotch entre<br />
polariseurs parallèles<br />
c) Lame de mica entre<br />
polariseurs parallèles<br />
e) Ligne neutre du ruban<br />
de scotch pour P et A //<br />
C O U L E U R S D E S L A M E S C R I S T A L L I N E S<br />
b) Ruban de scotch entre<br />
polariseurs croisés<br />
d) Lame de mica entre<br />
polariseurs croisés<br />
f) Ligne neutre de la lame<br />
de mica pour P et A //<br />
Figure 9.36 Couleurs et lignes neutres d’un ruban de scotch<br />
et d’une lame de mica.<br />
déterminées à l’aide d’une construction graphique appelée<br />
ellipsoïde des indices (fi gure 9.37). Dans celle-ci,<br />
l’indice n est représenté dans la direction prise par le<br />
vecteur déplacement électrique 55 . Les lignes neutres<br />
N o et N e sont alors les axes de l’ellipse, représentée en<br />
gris, obtenue par intersection de l’ellipsoïde des indices<br />
avec le plan d’onde normal à , contenant les vecteurs<br />
et (fi gure 9.37). La ligne neutre N o est normale à l’axe<br />
optique ∆ et toujours contenue dans le plan équatorial.<br />
La ligne neutre N e est la projection de l’axe optique ∆<br />
sur le plan d’onde. Les indices n′ et n″ qui leurs sont<br />
55 . D’autres représentations géométriques comme la « surface des indices »<br />
et la « surface d’onde » permettent de décrire les propriétés d’un milieu biréfringent<br />
lors de la propagation d’une onde. Leur construction, plus délicate,<br />
repose sur les équations de Maxwell de l’électromagnétisme.<br />
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274 Chapitre 9 P O L A R I S A T I O N D E L A L U M I È R E<br />
D e<br />
Ligne<br />
B<br />
neutre Ne Ligne<br />
neutre No Cercle<br />
équatorial<br />
associés sont égaux aux demi-axes de l’ellipse et sont tels<br />
que et . Les vecteurs déplacement<br />
et , dirigés selon les lignes neutres, sont les deux états<br />
de polarisation rectiligne autorisés dans le plan d’onde.<br />
Ce sont ceux des ondes ordinaire et extraordinaire qui<br />
se propagent dans la lame avec les vitesses de phase respectives<br />
v ′ = = v ⊥ et v ″ = c/n″.<br />
Lorsque les deux faces de la lame biréfringente sont<br />
taillées parallèlement à l’axe optique ∆ ( lame parallèle)<br />
et que le faisceau incident arrive sous incidence normale<br />
sur la paire de faces ( ), N e est confondue avec ∆,<br />
d’où et v ″ = c/n e = v //. C’est cette confi guration,<br />
la plus fréquente, que nous adopterons pour expliquer<br />
les couleurs des lames minces biréfringentes.<br />
À l’inverse, lorsque les deux faces parallèles<br />
sont taillées perpendiculairement à l’axe optique ∆<br />
( lame perpendiculaire), et que le faisceau incident arrive<br />
sous incidence normale sur la paire de faces, le vecteur<br />
d’onde est parallèle à l’axe optique, d’où et<br />
v″ = c/n 0 = v ⊥. La lame perpendiculaire se comporte alors<br />
comme un milieu isotrope ordinaire d’indice n o . C’est<br />
cette confi guration que nous utiliserons dans la section<br />
9.10.1 pour mettre en évidence le phénomène de polarisation<br />
chromatique rotatoire avec une lame de quartz.<br />
<strong>9.9</strong>.2. Couleurs des lames minces<br />
biréfringentes<br />
a) Existence d’un déphasage<br />
n o<br />
Axe optique ∆<br />
n″<br />
n′ = n o<br />
Figure 9.37 Ellipsoïde des indices et lignes neutres<br />
(cas d’un milieu uniaxe positif, n e > n o ).<br />
D o<br />
On considère une lame biréfringente placée entre un<br />
polariseur P et un analyseur A, dont les deux faces sont<br />
taillées parallèlement à l’axe optique ∆. Une onde plane<br />
n e<br />
B<br />
n e<br />
n o<br />
k<br />
monochromatique de longueur d’onde dans le vide λ 0 arrive<br />
sous incidence normale sur la paire de faces de la lame.<br />
Lorsque celle-ci possède une orientation quelconque dans<br />
son plan, le champ électrique de l’onde polarisée rectilignement<br />
qui émerge de P se décompose en deux composantes<br />
perpendiculaires dirigées selon les lignes neutres 56 ,<br />
qui se propagent avec les vitesses de phase respectives<br />
v′ = et v″ = . À la sortie de la<br />
lame, ces deux composantes présentent un déphasage<br />
proportionnel à l’épaisseur e de celle-ci et à la diff érence<br />
d’indices , égale ici à la biréfringence<br />
de la lame : .<br />
En raison de ce déphasage, l’extrémité du vecteur<br />
ne décrit plus un segment de droite mais une ellipse au<br />
cours du temps : la lame biréfringente transforme une<br />
polarisation rectiligne en une polarisation elliptique 57 .<br />
L’analyseur A projette ensuite les deux composantes<br />
perpendiculaires selon une direction commune, la<br />
direction de transmission de A. On se trouve à nouveau<br />
en présence d’un dispositif d’interférences en lumière<br />
polarisée. La diff érence de marche est ici introduite in<br />
situ par la lame, sous la forme du produit .<br />
b) Interférences constructives et destructives :<br />
lames onde et demi-onde<br />
Si ∆ϕ est un multiple de 2π (δ multiple de λ 0 ), la lame<br />
est dite « onde » pour la longueur d’onde λ 0. La polarisation<br />
de l’onde n’est alors pas aff ectée par la traversée<br />
de la lame. L’onde est transmise entre P et A parallèles<br />
et éteinte entre P et A perpendiculaires.<br />
Si ∆ϕ est un multiple impair de π (δ multiple<br />
impair de λ 0 /2), la lame est dite demi-onde (lame<br />
λ 0 /2) pour la longueur d’onde λ 0 , et le rapport des<br />
composantes de selon les lignes neutres ou axes<br />
est changé en son opposé. À la sortie de la lame, on<br />
obtient une onde polarisée rectilignement, selon une<br />
direction symétrique de la direction de polarisation<br />
de l’onde incidente par rapport à l’une quelconque<br />
des lignes neutres (fi gure 9.38) 58 .<br />
c) Couleurs en lumière polychromatique<br />
Considérons le cas où la lame est éclairée en lumière<br />
blanche. Comme ∆n dépend peu de la longueur d’onde<br />
λ 0 , le déphasage ∆ϕ varie quasiment comme l’inverse<br />
56 . Les champs E et D sont colinéaires selon ces deux lignes neutres, donc<br />
ici les directions de vibration privilégiées du champ D sont aussi celles<br />
du champ E.<br />
57 . Les diff érents états de polarisation d’une onde plane progressive sont<br />
décrits en détail en annexe du chapitre.<br />
58 . Dans une lame demi-onde, les deux lignes neutres sont équivalentes<br />
car le déphasage modulo 2π est aussi bien égal à − π qu’à + π. Il n’y a<br />
donc aucun intérêt à défi nir un axe lent et un axe rapide. Par ailleurs, une<br />
lame demi-onde transforme une vibration elliptique en une vibration elliptique<br />
de même ellipticité, de sens de rotation inverse, symétrique de<br />
la première par rapport aux lignes neutres de la lame (cf. états de polarisation<br />
d’une onde plane progressive en annexe, avec passage de b à f).<br />
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