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2 > A L A U N E<br />
LE LIEN<br />
Massinissa Boudaoud<br />
L’hybride<br />
renforcé ?<br />
Lors de l’installation de la<br />
commission d'experts chargée<br />
d'élaborer l'avant-projet de loi<br />
sur la révision<br />
constitutionnelle, le Premier<br />
ministre n’a pas voulu en<br />
divulguer les grandes lignes. Il<br />
s’est contenté de rappeler les<br />
alinéas de l’article 178 de<br />
l’actuelle loi fondamentale qui<br />
stipule que toute révision<br />
constitutionnelle ne peut<br />
porter atteinte aux constantes<br />
de la Nation que sont l’islam et<br />
l’arabité ainsi qu’aux valeurs et<br />
principes fondateurs de la<br />
société algérienne. Sellal a, en<br />
revanche, lancé un message en<br />
filigrane en déclarant<br />
qu'aucune limite préalable n'a<br />
été posée au projet de révision<br />
constitutionnelle. Autrement<br />
dit, les propos de Sellal<br />
confortent les informations<br />
rapportées précédemment qui<br />
font état de l’éventualité de<br />
créer un poste de premier viceprésident.<br />
Un poste qui serait<br />
occupé vraisemblablement par<br />
l’ancien Premier ministre,<br />
Ahmed Ouyahia. On se pose la<br />
question si l’illimitation à<br />
laquelle fait allusion Sellal n’a<br />
pas trait à la nature du régime<br />
constitutionnel. Un sujet qui<br />
fait l’objet de discorde entre<br />
les différents acteurs<br />
politiques et même au sommet<br />
de l’Etat entre les partisans du<br />
régime parlementaire et ceux<br />
du régime présidentiel. Il est<br />
de notoriété publique que le<br />
régime en Algérie est de type<br />
hybride : un mélange du<br />
bicaméral parlementaire et du<br />
présidentiel exécutif. C’est<br />
cette ambiguïté que critiquent<br />
plusieurs experts et politiques<br />
dont l’actuel président de la<br />
République. Cependant, à quoi<br />
rime la création d’un poste de<br />
vice-président si ce n’est à<br />
renforcer davantage l’actuel<br />
régime ! On vous dira que ce<br />
poste n’est qu’une partie du<br />
pouvoir exécutif et que le<br />
Président partagera avec son<br />
vice-président quelques<br />
prérogatives. De crainte de<br />
toucher aux équilibres<br />
nationaux fragiles, la solution<br />
est de couper la poire en deux.<br />
Les officiels préfèrent jouer sur<br />
les mots et le vocabulaire<br />
juridique, alors qu’avec ce<br />
poste, c’est quasiment un<br />
balancement vers le régime<br />
semi-présidentiel renforcé !<br />
Constitution<br />
Les Algériens pourraient<br />
remplacer celle de 1996<br />
La prochaine révision de la Constitution de 1996 donnera naissance à une nouvelle loi<br />
fondamentale pour le pays. Le Premier ministre, qui avait laissé entendre dernièrement<br />
que le peuple serait appelé à se prononcer, sous-entend aujourd'hui qu'aucune limite<br />
n'est imposée au projet.<br />
« Aucune limite préalable"<br />
n'a été posée au<br />
projet de révision<br />
constitutionnelle,<br />
hormis celles relatives aux<br />
constantes nationales et aux<br />
valeurs et principes fondateurs de<br />
la société algérienne, a affirmé hier<br />
à Alger le Premier ministre,<br />
Abdelmalek Sellal."Je me dois de<br />
souligner, et ceci est de la plus<br />
haute importance, qu'aucune<br />
limite préalable n'a été posée au<br />
projet de révision constitutionnelle,<br />
hormis celles relatives aux<br />
constantes nationales et aux<br />
valeurs et principes fondateurs de<br />
la société algérienne", a souligné<br />
M. Sellal lors de l'installation de la<br />
commission d'experts chargée<br />
d'élaborer l'avant-projet de loi sur<br />
la révision constitutionnelle. Ces<br />
constantes, valeurs et principes<br />
fondateurs de la société algérienne<br />
"incarnent sa longue histoire, sa<br />
civilisation millénaire et une vision<br />
d'avenir portée par des valeurs et<br />
principes partagés par l'ensemble<br />
des citoyens algériens", a-t-il<br />
expliqué. Sellal a rappelé, dans son<br />
allocution, les deux chantiers<br />
"importants" dans la vie de la<br />
nation, lancés par le président de la<br />
République, Abdelaziz Bouteflika,<br />
qui constituent, a-t-il dit, "les deux<br />
piliers du processus des réformes<br />
politiques engagées : le premier<br />
législatif, le second constitutionnel".<br />
Pour la conduite de ces réformes,<br />
M. Sellal a mis en exergue<br />
l'"approche participative" privilégiée<br />
dès le début par le chef de<br />
l'Etat et fondée sur la consultation<br />
"la plus large possible" des différents<br />
acteurs politiques et sociaux,<br />
en vue de recueillir leurs vues et<br />
propositions sur les amendements<br />
législatifs et constitutionnels souhaités.<br />
Le Premier ministre a fait<br />
remarquer que le premier chantier,<br />
celui de la révision de l'arsenal<br />
législatif relatif notamment au<br />
régime électoral, aux partis politiques,<br />
à l'élargissement de la représentation<br />
des femmes au sein des<br />
assemblées élues et à l'information,<br />
avait pour objectif de donner<br />
"plus de consistance aux règles<br />
d'exercice démocratique et plus de<br />
transparence au libre choix des<br />
citoyens". Il visait également à<br />
"conforter la liberté d'association,<br />
à consolider le cadre juridique du<br />
pluralisme démocratique et à<br />
engager une ouverture du champ<br />
audiovisuel dans le pays".<br />
"Aujourd'hui, il s'agit du second<br />
chantier, celui de la révision<br />
constitutionnelle qui vise, en substance,<br />
à adapter la loi fondamentale<br />
aux exigences constitutionnelles<br />
nouvelles suscitées par l'évolution<br />
rapide de notre société et aux<br />
mutations en cours à travers le<br />
monde, comme l'avait souligné<br />
avec force le président de la<br />
République", a-t-il expliqué. Le<br />
Premier ministre a, dans ce même<br />
contexte, relevé que la mise en<br />
oeuvre de la démarche participative,<br />
dans son volet constitutionnel,<br />
s'est traduite par de nombreuses<br />
suggestions et propositions,<br />
"signe de la fécondité des consultations<br />
politiques et reflet de la très<br />
large diversité des opinions des<br />
acteurs qui ont pris part à ces rencontres,<br />
d'une part, et de l'importance<br />
de leurs contributions, d'autre<br />
part".<br />
A ce propos, M. Sellal a souligné<br />
que l'ensemble des vues et<br />
propositions "démocratiquement<br />
exprimées" par la majorité des participants<br />
aux consultations menées<br />
successivement par le président du<br />
Conseil de la nation, Abdelkader<br />
Bensalah, et lui-même, ont été<br />
exploitées par un groupe de travail<br />
institué à cet effet. "Ce groupe de<br />
travail a eu la charge d'élaborer,<br />
suivant les hautes orientations présidentielles,<br />
un document préliminaire",<br />
a dit M. Sellal, qui a ajouté<br />
ALGERIE NEWS Mardi 9 avril <strong>2013</strong><br />
que ce document, récemment<br />
achevé, sera mis à la disposition de<br />
la commission d'experts nouvellement<br />
installée."Ce document préliminaire<br />
qui constitue la base<br />
essentielle de vos travaux, sera examiné<br />
par vos soins, évidemment,<br />
avec toute l'indépendance et la<br />
rigueur requises", a-t-il ajouté à<br />
l'adresse des membres de la commission.<br />
Concernant les missions<br />
de la commission, le Premier<br />
ministre a précisé qu'il lui est<br />
demandé notamment d'"examiner<br />
les propositions contenues dans le<br />
document préliminaire et de donner<br />
son point de vue sur son<br />
contenu et sa cohérence d'ensemble".<br />
La commission est tenue, en<br />
outre, de faire, éventuellement,<br />
"toute suggestion qu'elle aura jugé<br />
pertinente, en vue d'enrichir ce<br />
document et d'élaborer un avantprojet<br />
de loi portant révision<br />
constitutionnelle, en prévoyant,<br />
lorsque l'application d'un article<br />
l'exige, des dispositions transitoires<br />
qui permettront sa mise en<br />
oeuvre graduelle", a-t-il poursuivi.<br />
"Les résultats de vos travaux<br />
seront, ensuite, soumis à la haute<br />
appréciation du président de la<br />
République", a déclaré, en outre, le<br />
Premier ministre. Il a ajouté que le<br />
chef de l'Etat, après s'être assuré de<br />
la prise en compte des propositions<br />
et suggestions des acteurs<br />
politiques et sociaux, et après avoir<br />
vérifié la compatibilité de l'avant<br />
projet avec les valeurs fondamentales<br />
de la société algérienne, décidera<br />
de la mouture finale du projet,<br />
"qui sera soumis, selon la<br />
nature et l'importance des amendements<br />
retenus, à la procédure de<br />
révision constitutionnelle appropriée",<br />
a souligné M. Sellal. Il a, par<br />
la même occasion, souligné "toute<br />
l'importance" de la mission dévolue<br />
à la commission, (...) dont le<br />
président de la République mesure<br />
la portée historique et entrevoit,<br />
avec fierté, la perspective de nouvelles<br />
avancées démocratiques<br />
pour notre peuple".<br />
B. Mohammed