Edition du lundi 18 avril 2011 - Aufait Maroc
Edition du lundi 18 avril 2011 - Aufait Maroc
Edition du lundi 18 avril 2011 - Aufait Maroc
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Réagissez sur > courrier@aufaitmaroc.com • www.aufaitmaroc.com<br />
maroc<br />
• RÉFORMES POLITIQUES ANNONCÉES<br />
Plus d'un mois après l'annonce par le roi Mohammed VI<br />
d'une réforme constitutionnelle, le président algérien a<br />
à son tour promis vendredi soir des réformes politiques.<br />
Mais selon des experts, mise en parallèle avec le discours<br />
<strong>du</strong> souverain marocain <strong>du</strong> 9 mars, l'allocution prononcée<br />
par le président algérien serait une coquille vide.<br />
COMPARAISON. Sous la pression<br />
d'une jeunesse galvanisée<br />
par une conjoncture<br />
marquée par le “printemps<br />
arabe”, le Royaume et<br />
l'Algérie ont annoncé coup<br />
sur coup réformes constitutionnelles<br />
et concessions<br />
sociales. Le <strong>Maroc</strong> en premier,<br />
où le souverain a prononcé<br />
le 9 mars dernier un<br />
discours “historique” dans<br />
lequel il a annoncé une profonde<br />
réforme constitutionnelle.<br />
Plus d'un mois après, le président<br />
<strong>du</strong> voisin algérien lui<br />
emboîte le pas, Abdelaziz<br />
Bouteflika ayant lui aussi<br />
promis dans un discours<br />
prononcé ce vendredi, des<br />
réformes politiques, dont<br />
une révision de la Constitution<br />
d'ici un an.<br />
Mais si le discours <strong>du</strong> roi<br />
Mohammed VI a été qualifié<br />
de majeur, notamment<br />
parce que les réformes qui<br />
y ont été annoncées devraient<br />
modifier profondément<br />
le visage même de la<br />
monarchie, celui prononcé<br />
en revanche par le chef de<br />
l'Etat algérien ne propose<br />
aucune réelle alternative à<br />
la société algérienne selon<br />
des experts, dont l'historien<br />
Pierre Vermeren,<br />
auteur, entre autres sur le<br />
Royaume, de Le <strong>Maroc</strong> de<br />
Mohammed VI, la transition<br />
inachevée (La Découverte,<br />
2009)<br />
“Bouteflika est resté<br />
flou, contrairement à<br />
Mohammed VI, qui avait<br />
donné des indications sur<br />
les réformes en parlant<br />
d'un renforcement des<br />
pouvoirs <strong>du</strong> Premier<br />
ministre et <strong>du</strong> Parlement<br />
et qui a annoncé jeudi<br />
fait 05<br />
<strong>lundi</strong> <strong>18</strong> <strong>avril</strong> <strong>2011</strong><br />
CONSULTATIONS. La Commission consultative de révision de la Constitution a tenu, samedi à Rabat, une réunion<br />
avec des acteurs de la société civile. Le président de l'association Chouala pour l'é<strong>du</strong>cation et la culture,<br />
Mohamed Amadi, a plaidé pour une constitution consacrant la suprématie de la loi et l'équité sociale, tout en<br />
confortant les droits à l'habitat, à la santé et à l'é<strong>du</strong>cation ainsi que les droits culturels et linguistiques. De<br />
son coté, le président <strong>du</strong> Mouvement des initiatives démocratiques, Abdelkader Azria, a fait savoir que la<br />
réforme constitutionnelle doit confirmer l'attachement de l'État marocain aux droits et aux libertés sociales.<br />
Le parallélisme entre le <strong>Maroc</strong> et l'Algérie<br />
la libération de 190<br />
prisonniers politiques.”<br />
Pierre Vermeren.<br />
Haoues Seniguer, <strong>du</strong><br />
Groupe de recherche et<br />
d'études de la Méditerra-<br />
• HUBERT VEDRINE SUR LES BOULEVERSEMENTS EN COURS DANS LE MONDE ARABE<br />
“Le <strong>Maroc</strong> est la seule monarchie à<br />
décider des réformes par son roi”<br />
ANALYSE. Le <strong>Maroc</strong> est “la<br />
seule monarchie dans le<br />
monde arabe à décider, par<br />
son roi, à se lancer dans des<br />
réformes” afin d'améliorer<br />
la pratique démocratique<br />
dans le pays, a souligné,<br />
jeudi à Rabat, l'ancien<br />
ministre français des affaires<br />
étrangères, Hubert<br />
Vedrine, cité par l'agence<br />
MAP.<br />
M. Vedrine s'exprimait<br />
ainsi au cours d'une conférence<br />
tenue sous le thème<br />
“L'effervescence en Méditerranée<br />
annonce-t-elle un<br />
changement de paradigme<br />
dans les relations internationales<br />
?”, organisée à<br />
l'initiative de la Fondation<br />
Abderrahim Bouabid.<br />
“La France n'a pas la<br />
légitimité de se prononcer<br />
sur le processus de<br />
démocratisation dans le<br />
monde arabe en général<br />
et le <strong>Maroc</strong> en particulier,<br />
mais saluer le discours<br />
c'est la moindre des<br />
choses à faire.”<br />
Hubert Vedrine.<br />
Revenant sur le changement<br />
des régimes en Tunisie<br />
et en Égypte et sur les<br />
soulèvements populaires<br />
dans les autres pays arabes,<br />
l'ancien chef de la diplomatie<br />
française a fait remarquer<br />
que le <strong>Maroc</strong> a “ses<br />
propres particularités”, relevant<br />
“qu'il n'y a, toutefois,<br />
, Pierre Vermeren, historien et spécialiste des sociétés maghrébines. / DR<br />
pas d'exception marocaine”.<br />
Vers un nouveau<br />
nationalisme arabe?<br />
L'ancien chef de la diplomatie<br />
française a également<br />
évoqué à cette occasion<br />
l'émergence d'un “nationalisme<br />
moderne” dans le<br />
monde arabe.<br />
“Je ne serai pas<br />
étonné que réapparaisse<br />
sous une forme moderne<br />
née (basé à Lyon en France)<br />
abonde dans le même sens.<br />
“Le contenu est vide. Ces<br />
annonces n'aboutiront pas<br />
à terme à un changement<br />
de régime”, estime-t-il.<br />
Par ailleurs, le <strong>Maroc</strong> et<br />
, L'ancien ministre français<br />
des Affaires étrangères, Hubert<br />
Vedrine. / DR<br />
un nationalisme arabe,<br />
longtemps neutralisé et<br />
qui manifesterait une<br />
nouvelle fois sa fierté,<br />
sous une forme nouvelle,<br />
plus moderne.”<br />
Hubert Vedrine.<br />
l'Algérie présentent certes<br />
plusieurs traits communs<br />
(par exemple les attentes de<br />
la jeunesse sont très fortes<br />
dans les deux pays), mais les<br />
deux présentent également<br />
des différences de taille.<br />
“Au <strong>Maroc</strong>, il y<br />
a toujours eu cette<br />
volonté de montrer (...)<br />
qu'il y a 'changement<br />
dans la continuité'<br />
autour <strong>du</strong> monarque, à<br />
la fois chef de l'Etat et<br />
commandeur des croyants<br />
(...). En Algérie, il y a un<br />
pouvoir personnalisé,<br />
incarné par le président<br />
Bouteflika, mais qui n'a<br />
pas beaucoup de marge<br />
de manœuvre face à<br />
l'autre pouvoir, (...) de<br />
l'armée”.<br />
Haoues Seniguer.<br />
■ Bassirou BA (avec AFP)<br />
Il a aussi estimé que “le<br />
printemps arabe est prometteur”,<br />
s'interrogeant<br />
toutefois sur ce qui va changer<br />
et combien de temps ce<br />
processus démocratique<br />
nécessitera.<br />
S'agissant de l'attitude<br />
de l'Occident face aux<br />
“vents de changement” qui<br />
soufflent sur le monde<br />
arabe, Hubert Vedrine<br />
a souligné que “l'Europe<br />
cherche les meilleures relations<br />
politiques avec les<br />
pays arabes et veut aider<br />
leurs peuples, mais avec<br />
prudence”.<br />
“Le monde arabe est en<br />
train de devenir un acteur<br />
de son propre destin”, a-t-il<br />
conclu.<br />
■ aufait