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Musée de Bibracte - 20 mai / 12 novembre 2006

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Les objets présentés proviennent des musées et collections suivantes :
Allemagne (D) : Rheinisches Landesmuseum, Bonn - Landesdenkmalamt, Staatliche Altertümersammlung, Saarbruck -
Rheinisches Landesmuseum, Trèves
Autriche (A) : Bundesdenkmalamt, Vienne
France (F) : Musée d'Alésia, Alise-Sainte-Reine - Musée d'art et d'histoire, Auxerre -
Musée du Châtillonnais, Châtillon-sur-Seine - Musée P. Dubois-A. Boucher, Nogent-sur-Seine -
Musée Rolin, Autun - Musée municipal, Soissons -
Musée des Ursulines, Mâcon - Service régional de l'archéologie Rhône-Alpes, Lyon
Hongrie (H) : Hermann Ottó Múzeum, Miskolc
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République tchèque (CZ) : Jihoceské muzeum – Musée de la Bohême
méridionale, Ceské Budejovice - Muzeum vychodních Cech - Musée de la
Bohême orientale, Hradec Králové - Oblastní muzeum – Musée régional,
Chomutov - Ceské muzeum stríbra – - Musée tchèque de l’Argent,
Kutná Hora - Regionální muzeum – Musée régional, Kolí - Oblastní
muzeum – Musée régional, Louny - Regionální muzeum – Musée
régional, Melník - Mestské muzem – Musée municipal, Novy
Bydzov - Národní muzeum – Musée national, Praha -
Muzeum Dr. B. Horáka – Musée Horák, Rokycany -
Stredoceské muzeum – Musée de la Bohême centrale, Roztoky
u Prahy - Vlastivedné muzeum – Musée du Pays,
Slany- Muzeum stredního Pootaví – Musée de la région
d’Otava, Strakonice - Regionální muzeum – Musée régional,
Teplice - Mestské muzeum a galerie – Musée municipal
et Galerie, Vodnany - Regionální muzeum K. A. Polánka –
Musée régional, Zatec.
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Slovaquie (SK) : Slovenské národné muzeum - Musée national
slovaque, Bratislava - Muzeum mad'arskej kultury a Podunajska
– Musée de la Culture hongroise et de la Région danubienne,
Komárno - Zemplinské muzeum – Musée de Zemplin, Michalovce
- Archeologick_ ustav Slovenskej akadémie vied – Institut
d’archéologie de l’Académie slovaque des Sciences, Nitra
Suisse (CH) : Musée cantonal d'archéologie et d'histoire, Lausanne -
Musée historique, Berne.
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Trésors
de femmes,
à la découverte des femmes celtes
VIe siècle avant J.-C. – Ier VI siècle après J.-C.
Musée de Bibracte – 20 mai / 12 novembre 2006
e siècle avant J.-C. – Ier siècle après J.-C.
Musée de Bibracte – 20 mai / 12 novembre 2006
xé aff. trésors de femmes 11/04/06 10:21 Page 1
enquête archéologique sur les femmes celtes du VIe avant au Ier siècle après J.-C.
graphisme : les Pistoleros 03 80 65 18 50
trésors de
femmes
Exposition jusqu’au 12 novembre 2006
Musée de Bibracte - Mont Beuvray
71990 Saint-Léger-sous-Beuvray
MORVAN - BOURGOGNE
Tél. 03 85 86 52 35 - www.bibracte.fr / info@bibracte.fr
Textes : Bibracte / Photos : DR
Trois musées européens se sont associés pour concevoir cette exposition
sur la femme celte : le Musée national tchèque, à Prague, le parc archéologique
de Wederath-Belginum, situé près de Trèves, et le musée de Bibracte. Les objets
présentés proviennent d’Allemagne, d’Autriche, de France, de Hongrie, de la République
tchèque, de Slovaquie et de Suisse, soit une bonne partie du territoire anciennement
occupé par des populations de culture celtique. Le cadre chronologique retenu
s’étend du VIe Trois musées européens se sont associés pour concevoir cette exposition
sur la femme celte : le Musée national tchèque, à Prague, le parc archéologique
de Wederath-Belginum, situé près de Trèves, et le musée de Bibracte. Les objets
présentés proviennent d’Allemagne, d’Autriche, de France, de Hongrie, de la République
tchèque, de Slovaquie et de Suisse, soit une bonne partie du territoire anciennement
occupé par des populations de culture celtique. Le cadre chronologique retenu
s’étend du VI siècle avant J.-C. jusqu’au passage à l’ère chrétienne, époque couvrant
la fin du premier âge du Fer (Hallstatt) et le second âge du Fer (période de La Tène).
e siècle avant J.-C. jusqu’au passage à l’ère chrétienne, époque couvrant
la fin du premier âge du Fer (Hallstatt) et le second âge du Fer (période de La Tène).
EXPOSITION BIBRACTE 2006 • TRÉSORS DE FEMMES • 3

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Trésors de femmes,
À la découverte
des femmes celtes
4 • EXPOSITION BIBRACTE 2006 • TRÉSORS DE FEMMES
1
Une impossible enquête ?
La place de la femme dans les sociétés grecque et romaine est bien connue grâce à des textes
anciens. Soumise en droit à son mari qui a droit de vie sur elle comme sur ses enfants, elle peut
néanmoins connaître le prestige et le pouvoir… du moins quand elle est issue de l’aristocratie.
La réalité quotidienne était certainement moins brillante.
Qu’en est-il dans la société celte, contemporaine de la Rome républicaine et des royaumes hellénistiques
? C’est cette question que tente de poser l’exposition. Autant le dire d’emblée : la tâche
est ardue. Les textes sont pratiquement muets sur le sujet.
A première vue, l’archéologie n’apporte guère plus de renseignements. Ainsi, parmi les centaines
de milliers d’objets récoltés sur l’oppidum de Bibracte, deux douzaines seulement peuvent être
sans ambiguïté associés à la femme : noms inscrits sur des poteries, images féminines sur
des monnaies, restes osseux. Il faut aussi reconnaître que, pour les archéologues, le genre neutre
se transforme bien vite en genre masculin.
Essayons donc de surmonter l’apparente indigence des sources pour retrouver ce qu’étaient
la condition féminine et, plus largement, la place du féminin chez les Celtes.
1 - La femme celte dans l’imagerie romantique : La druidesse Velléda, peinture d’Arnaud La Roche, XIX e siècle.
Velléda est connue par l’historien romain Tacite, qui la décrit comme une prophétesse qui vivait en Germanie au I er siècle après J.-C.
L’image confuse de la femme celte
Le sources écrites et iconographiques de l’Antiquité nous livrent bien peu
d’éléments concrets sur la femme celte. Ainsi, les textes nous livrent le nom
de seulement trois femmes celtes historiques, les reines bretonnes Boudicca
et Catimandua, et la Galate Chiomara – qui toutes, d’ailleurs, avaient pris
le pouvoir dans des circonstances inhabituelles. C’est l’exception qui
confirme la règle.
Dans les Commentaires sur la Guerre des Gaules de Jules César,
notre meilleure source d’information, à peine vingt passages mentionnent
des femmes. Et encore, il s’agit presque toujours de phrases toutes faites à
propos de massacres qui ont touché «les femmes, les enfants et les vieillards».
Cette indigence des sources laisse libre cours aux représentations modernes
fantaisistes, qu’elles soient romantiques, ésotériques ou mystificatrices.
2 - Couple de Galates se donnant la mort.
Sculpture romaine d’après un original du III e siècle avant J.-C.,
qui faisait partie d’un monument élevé par le roi Attale I er à Pergame (Asie mineure).
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3 - Inscriptions après cuisson sur un vase en terre cuite, I er siècle avant J.C.
On lit, en caractères grecs, le nom féminin MATERIAS.
Oppidum de Bibracte.
Des femmes à sortir de l’anonymat
De la langue que parlaient les Celtes, seules des bribes nous sont parvenues.
On connaît néanmoins plusieurs centaines de noms propres : noms de divinités
sur des inscriptions d’époque romaine, noms de lieux transmis
par la toponymie et noms de personnes inscrits sur des monnaies
ou d’autres objets de la vie quotidienne. Heureusement pour nous,
ces noms sont souvent porteurs de sens – Vercingétorix est « le roi
des guerriers », Belisama, « la très puissante », Sénobéna, « la vieille
femme »… De cette façon, on peut restituer, avec plus ou moins
de sûreté, une liste de mots en rapport avec la femme et le féminin.
4 - Inscription avant cuisson, début du I er siècle après J.-C.
L’écriture était suffisamment familière aux habitants de Bibracte pour que chacun
soit capable d’écrire son nom, en caractères grecs ou latins (la langue gauloise ne disposant
pas de son propre alphabet). Comme on peut s’y attendre, les propriétaires de ces modestes
ustensiles de cuisine sont souvent des femmes.
Le nom inscrit, DRVENTIA, est celui que les Gaulois donnaient à la rivière Durance. Faut-il
établir un rapport avec le fait que le vase inscrit a été trouvé dans une conduite qui drainait
une source ?
Oppidum de Bibracte, aqueduc de la maison PC1.
Glossaire
aua : petite-fille ?
bena : femme
brunnio- : sein
derti : concubine ?
dona : femme ?
druna : vigoureuse, rapide
duxtir : fille
exuertina : infidèle, déloyale
geneta : jeune fille
genos : lignée, famille
gnata : fille
iouinca : jeune
isara : impétueuse
litaui : la Terre
lubita : aimée
magus, mapat- : enfant, valet
matir : mère
matronae : déesses-mères
matta : fille, gamine ?
rigana : reine
sena : vieille
sentice : compagne, épouse
suior- : sœur
sulevia : conductrice
teuta / touta : tribu, peuple
tuto- : sexe féminin
(opposé de moto- : membre viril)
ueni- : clan, famille, lignée
uidla : voyante, sorcière
uimpa : jolie
unna : l’eau
(Liste établie d’après X. Delamarre,
Dictionnaire de la langue gauloise,Paris 2001.)
Des fusaïoles inscrites
Le filage de la laine est une activité réservée aux femmes. Le sol de la
ville d’Autun a livré une exceptionnelle série de fusaïoles (qui servaient
de volant d’inertie au fuseau), fabriquées dans une pierre tendre locale,
le lignite, et pourvues d’inscriptions. En pleine époque romaine, la langue
de ces inscriptions est généralement le gaulois, qui est longtemps resté
la langue de la vie quotidienne après la conquête de César. Pas toujours
très faciles à traduire, ces inscriptions ont toutes
une connotation féminine, voire érotique.
geneta imi daga uimpi :
«je suis une jeune fille
bonne et belle»
mattadagomota balineenata :
«bonne à baiser»
marcosior :
«que je sois chevauchée»
5 - Trois fusaïoles en lignite,
I er / II e siècles après J.-C.
D. 2,5 cm. Autun (France), musée Rolin.
EXPOSITION BIBRACTE 2006 • TRÉSORS DE FEMMES • 5
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6 • EXPOSITION BIBRACTE 2006 • TRÉSORS DE FEMMES
Les sources
archéologiques
La femme celte la plus célèbre que l’archéologie a révélée est la «princesse» de Vix, ensevelie à la fin du VI e siècle
avant J.-C. avec de très riches offrandes au nord de la Bourgogne.
Après plus de 150 ans de recherche, l’archéologie et l’anthropologie présentent aujourd’hui une nouvelle image,
plus réaliste, de la femme celte. Combinées, ces deux disciplines permettent de reconstituer l’apparence physique
et le mode de vie de nos ancêtres à partir des matériaux que le sol fournit : images figurées, objets témoignant de la vie
quotidienne, et sépultures.
La sépulture permet de s’intéresser à un individu particulier, dont on peut restituer, au terme d’une enquête ostéo-archéologique,
le sexe et l’âge au moment du décès. Dans les cas favorables, on apprécie aussi l’état sanitaire de la population
dont on étudie le cimetière, ainsi que le statut social de ses habitants : a-t-on affaire à une élite ou à une population modeste ?
6
6- Plaque de joug en bronze de Waldalgesheim (Rhénanie-
Palatinat, Allemagne), vers 350-300 avant J.-C.
Cette applique décorative provient d’une très riche tombe
à char féminine, dont les objets présentent un style
décoratif homogène dit « style de Waldalgesheim »
ou « style végétal continu ». Ce buste paré d’un torque
et d’une longue coiffure symétrique nous semble être une
femme, mais l’ambiguïté subsiste.
H. 9,5 cm. Bonn (Allemagne), Rheinisches Landesmuseum.
7- Anneau de cheville en bronze, IIIe siècle avant J.-C.
Les têtes humaines sont ici à peine esquissées.
D. 87 mm. Vodnany (République tchèque), Musée municipal
et Galerie.
Des représentations figurées rares et ambiguës
Les Celtes nous ont laissé très peu de représentations figurées. La raison en est bien
connue : leur religion leur interdisait de donner une physionomie humaine à leurs
dieux. Les rares figures humaines produites par l’art celtique apparaissent sur
des bijoux et sur des armes. Elles sont toujours ambiguës, souvent masquées dans
un décor exubérant. Celles qui sont identifiées comme franchement masculines
ou féminines sont l’exception.
Ce n’est qu’au contact de la civilisation gréco-romaine que les divinités gauloises
prendront parfois figure humaine, mais sous une apparence le plus souvent empruntée
au répertoire iconographique classique.
8- Fibule en bronze de Slovenské Pravno (Slovaquie), vers 400 avant J.-C.
Cette parure exceptionnelle –sans doute féminine– comporte trois masques humains
traités dans un style typique du début du second âge du Fer.
L. 7 cm. Nitra (Slovaquie), Institut archéologique.
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8

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Les sources funéraires
L'analyse des nécropoles est essentielle
parce que, dans bien des régions,
la période celtique n’est documentée
qu’à partir de sépultures. Grâce aux
objets bien conservés qu’elles contiennent
souvent, les tombes ont plus retenu
l’attention que les sites d’habitat,
aux vestiges souvent très discrets.
De plus, une sépulture permet d’appréhender
un individu en particulier,
avec son histoire personnelle.
L’analyse comprend l’étude des effets
personnels et autres objets (récipients
ayant contenu des offrandes, par
exemple) qui accompagnent le mort.
A cela s’ajoute l’analyse de l’architecture
de la tombe et l'analyse anthropologique.
Chez les Celtes, les morts sont, selon
l’époque et la région, incinérés ou inhumés.
Les tombes féminines, du moins
les plus riches, se distinguent bien des
tombes masculines. Les morts sont
en effet ensevelis ou brûlés sur le
bûcher tout habillés et équipés des
objets qui indiquent leur statut et leur
rang : panoplie militaire plus ou moins
complète pour les hommes, objets de
parure pour les femmes.
Deux tombes du III e siècle avant J.-C.
Ces deux tombes ont été fouillées en 2005
sur la nécropole de Sajópetri, dans le Nord-
Est de la Hongrie. Elles présentent
des assemblages funéraires typiques.
Miskolc (Hongrie), Hermann Ottó Múzeum,
fouille M. Szabó, université de Budapest.
Les données anthropologiques
Le matériau source de l’anthropologie préhistorique est constitué
des vestiges osseux, qu’ils soient calcinés (dans le cas de sépultures
à incinération), ou non. Sur le terrain, l’anthropologue prend
soin de noter la disposition des os, ce qui lui permettra de préciser
le rituel funéraire (présence d’un cercueil, déroulement
de la crémation…).
Au laboratoire, les questions qu’il se pose sont les suivantes :
– s’agit-il de restes humains ou animaux (car ces derniers
sont fréquents dans les tombes, au moins comme restes
d’offrandes alimentaires) ?
– quel est leur sexe et quel est leur âge ?
– quel est le nombre des morts (en particulier dans le cas des incinérations) ?
– quelles étaient leur taille et leur apparence ?
– quelles étaient les maladies dont ils souffraient, ainsi que leurs particularités anatomiques
et génétiques ?
Des examens paléo-pathologiques plus approfondis peuvent être tentés par radiographie
et tomodensitométrie, microscopie optique et à balayage électronique, endoscopie…
Les analyses isotopiques renseignent sur l’alimentation et la mobilité, les analyses des oligoéléments
sur la contamination en métaux lourds. Les procédés de biologie moléculaire
analysent le matériau héréditaire (ADN) et renseignent sur le sexe, les liens de parenté
et les maladies.
9
10
9- Tombe masculine à incinération (9/55),
vers 280 avant J.-C.
– épée en fer dans son fourreau, avec
sa chaîne de suspension ;
– pièces métalliques d’un bouclier ;
– fibule en fer ;
– couteau en fer.
10- Tombe féminine à inhumation (81/155),
vers 250 avant J.-C.
– bracelets en bronze et en sapropélite ;
– fibules en bronze ;
– bague en bronze ;
– perle en verre ;
– anneaux de cheville en bronze ;
– couteau en fer.
11 - Bracelet en bronze de la tombe (9/55) de Sajópetri.
Le décor imite la technique du filigrane propre à l’orfèvrerie.
EXPOSITION BIBRACTE 2006 • TRÉSORS DE FEMMES • 7
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TAP BIBRACTEFEMME 03-12 17/05/06 10:31 Page 8
La détermination du sexe
Les os du bassin sont déterminants pour
définir le sexe (fiabilité de 95%). Le bassin
d’une femme qui a subi une grossesse
est en effet déformé de façon caractéristique.
Les autres os du squelette présentent
des caractéristiques sexuelles plus ou
moins marquées. Grâce à l’observation de
trente indices, l’étude du crâne permet
aussi une détermination sexuelle à 90 %.
Dans la mesure où le patrimoine génétique
(ADN) est conservé, le sexe peut également
être défini par la biologie moléculaire.
Les mensurations des os montrent la taille
moyenne des femmes celtes était d’environ
156 à 160 cm, contre 170 cm pour les hommes.
La détermination de traces en lien avec
une activité professionnelle
Les maladies professionnelles existaient à l’âge
du Fer. En lien avec une charge continuelle et
excessive, des lésions osseuses que l’on appelle
enthésopathies peuvent se former aux points
d’attache des tendons, des ligaments ou bien aux
capsules articulaires. L’aplatissement de la diaphyse
de certains os résulte également de la sollicitation
excessive de certains muscles. L’exercice fréquent
de certaines activités physiques, comme
la station assise ou accroupie, se traduit également
par l’apparition de facettes articulaires caractéristiques.
On explique les surfaces articulaires
supplémentaires à l’intersection entre les reins et
la hanche par la charge croissante des vertèbres
lombaires. La maternité et l’habitude de porter
les enfants sur le dos ont le même effet sur l’articulation
entre le sacrum et l’os iliaque, en bas du dos.
La détermination des liens de parenté
Dans une nécropole, les regroupements de tombes
sont souvent interprétés comme d’origine familiale.
L’anthropologie peut, avec essentiellement deux
méthodes, étayer ou contredire une telle hypothèse.
Les caractéristiques épigénétiques sont des divergences
anatomiques minimes par rapport à la norme,
dont l’origine héréditaire a une probabilité élevée.
Depuis peu d’années, les méthodes de biologie
moléculaire sont aussi utilisées. Elles se basent sur
les sections de l’ADN, dénommées short tandem
repeats (STRs). Elles varient d’un individu à l’autre
et sont transmissibles par hérédité. Une seule application
archéologique peut être mentionnée pour
notre période. Elle concerne une tombe du site
du Dürnberg (Autriche) contenant trois individus
dont on a ainsi pu prouver la parenté.
8 • EXPOSITION BIBRACTE 2006 • TRÉSORS DE FEMMES
La détermination de l'âge
Avec les méthodes utilisées à ce jour, l'âge peut être déterminé à dix ans près chez l’adulte.
Pour des raisons évidentes, l'âge des enfants et des adolescents peut être évalué avec bien
plus de précision lorsqu’on dispose d’un squelette bien conservé.
12
12- Crâne présentant
une trépanation.
Site de Tisice, Prague
(République tchèque),
Musée national.
La détermination des pathologies
L’ostéo-archéologie n’identifie que les maladies qui ont laissé des traces sur les os. Les plus
fréquentes sont les altérations dégénératives qui affectent les articulations. L’arthrose,
qui touche la hanche, le genou, l’épaule et le coude, est aussi répandue qu’aujourd’hui.
Pour la colonne vertébrale, on parle de spondylarthrite déformante qui peut conduire à la soudure
des vertèbres entre elles.
Les maladies inflammatoires (ostéomyélite chronique, méningite, inflammation des sinus)
sont plutôt rares, de même que les tumeurs (compte tenu de la durée de vie relativement
courte des individus de cette époque).
Lésions poreuses, arrêts de croissance des os longs et dégradations de la dentition sont
la conséquence de maladies et de carences dont les sources sont variées : carence alimentaire,
pertes chroniques de sang, sans oublier les infections par des parasites (poux, vers…), un mal
dont on souffrait beaucoup à l’âge du Fer.
Il y a peu de traces de traitements médicaux. L’intervention chirurgicale la plus frappante est
la trépanation, qui consiste à perforer complètement la calotte crânienne. Cette opération était
réalisée pour des raisons médicales (hémorragies, traumatismes…) et peut-être pour des
motifs rituels. Le traitement des fractures par atèles est moins spectaculaire.
Des anneaux d’argile ou de bronze trouvés dans la région du bassin, dans des tombes
de femmes en âge de procréer, sont interprétés comme des diaphragmes, encore utilisés de
nos jours dans plusieurs traitements gynécologiques.
^

TAP BIBRACTEFEMME 03-12 17/05/06 10:31 Page 9
Autopsie
d’une sépulture de Bibracte
14 - La tombe de 2004
en cours de fouille.
15 - Vue rapprochée
sur l’urne de la tombe de 2004.
14
13
Comment se déroule l’étude d’une sépulture, de la fouille aux analyses de laboratoire ? Suivons le cas d’une
tombe « privilégiée » découverte de façon inattendue sur le site de Bibracte et qui s’est avérée contenir
les restes d’une femme adulte.
En 2004, une esplanade parfaitement carrée de 8 m de côté délimitée par un étroit fossé, profond d’environ
1 m, a été découverte en faisant des sondages pour comprendre le système de fortification, près de la Porte
du Rebout. A chaque angle de cet enclos, une petite excavation signale l’emplacement d’un poteau disparu.
Presqu’au centre, une autre fosse exiguë contenait l’urne funéraire, accompagnée d’un gobelet à boire intact.
Il s’agit d’une tombe à incinération comme les quelques dizaines d’autres découvertes
entre 1992 et 1994, à quelques centaines de mètres de là. La nouvelle
tombe a comme point commun avec ces dernières son enclos fossoyé, qui signale
un «jardin funéraire» autrefois délimité par une palissade.
Elle s’en distingue par sa localisation inhabituelle à proximité immédiate
d’une porte de la ville, bien en vue à proximité d’une voie, par la taille inhabituelle
de son enclos, par la présence d’une urne et par l’assemblage insolite des objets
qui ont été retrouvés associés aux ossements de la défunte.
La poursuite des sondages en 2005 a révélé que cette tombe n’était pas isolée :
la terrasse artificielle comporte au moins un autre enclos, dont l’exploration
est prévue en 2006.
13 - La nécropole du col du Rebout, à proximité de l’oppidum de Bibracte.
Fouille de 1993.
Le mobilier d’accompagnement
Malgré un volume de sédiments réduit à une dizaine de litres, le contenu de l’urne et du gobelet a livré
des objets d’une étonnante diversité. Tout d’abord, des milliers d’esquilles osseuses blanchies par
leur passage sur le bûcher dont la plus grande partie appartiennent au squelette de la défunte. Une soixantaine
portent un élégant décor sculpté de feuillages, de personnages et d’animaux, de style gréco-romain.
On identifie ces tablettes d’os décoré au placage d’une banquette, sur laquelle les riches Romains avaient
l’habitude de s’allonger lors des repas.
A part l’urne et un tesson de céramique peinte de fabrication locale,
la fosse a livré les restes de plusieurs récipients en céramique d’origine
méditerranéenne : un gobelet à boire, un fragment d’amphore
à vin, et les restes très dégradés par le feu de cinq petites fioles
à onguents. Parmi les nombreux restes organiques carbonisés,
on note des noyaux de dattes, des pépins de figues, des coquilles
de noix et de noisettes. Ces vestiges d’offrandes comprennent
donc des denrées exotiques et certainement coûteuses, car seules
les noisettes ont une origine locale. On retrouve aussi du hêtre et
de l’aulne qui appartiennent sans doute au combustible du bûcher.
On note encore de menus objets métalliques, notamment des clous.
Les objets de parure en bronze ont pu, comme souvent, avoir fondu
sur le bûcher. Aucun de ces objets ne permet de donner pour cette
tombe une date plus précise que le Ier 15
siècle avant J.-C.
EXPOSITION BIBRACTE 2006 • TRÉSORS DE FEMMES • 9

TAP BIBRACTEFEMME 03-12 17/05/06 10:31 Page 10
Les données anthropologiques
L’urne fouillée en laboratoire a livré environ 1 200 g d’ossements
humains, dont l’état montre qu’ils ont été exposés pour la plupart à une
température d’au moins 800 °C. Quelques-uns, un peu moins brûlés,
ont été retrouvés au fond de l’urne. Il s’agit sans doute de ceux qui ont été
ramassés en premier en périphérie du bûcher. Les restes d’os décorés
ont été trouvés dans toutes les couches de l’urne ; ce qui contribue à
les identifier aux restes d’une banquette sur laquelle était déposé le corps.
La collecte des os a été assez soigneuse, puisque la crémation complète
d’un corps humain adulte fournit environ 1700/1800 g d’os. Bien que
la crémation déforme les os, on peut affirmer qu’il s’agit d’un individu
de grande taille (environ 1,70 m), âgé entre 20 et 39 ans.
Les caractéristiques du crâne désignent morphologiquement un individu
de sexe féminin, mais la robustesse de la tête du fémur et du radius
contredit ce résultat. Les insertions musculaires faiblement imprimées
désignent également une femme. Plusieurs indices pathologiques ont été
mis en évidence : une perte de dents intra vitam, des parodontopathies
et une sinusite maxillaire.
Quelques fragments d’os crâniens appartiennent à deux autres adultes,
plus âgés. Ce sont probablement des restes récoltés par inadvertance,
ce qui est courant quand les bûchers funéraires sont toujours installés
au même emplacement. Plus ambiguë est la présence de quelques fragments,
également exposés au feu, d’un fœtus ou d’un nouveau-né.
L’interprétation des données
Les informations provenant du terrain et des études de laboratoire,
laissent imaginer une histoire plausible, à défaut d’être certaine. Il s’agirait
d’une femme de haut rang, vues la dimension inhabituelle de son enclos
funéraire, la localisation de celui-ci bien en vue à une porte de la ville,
isolée des tombes plus modestes de la nécropole du col du Rebout, ainsi
que la qualité de son mobilier funéraire.
Bien que de statut privilégié, cette femme a souffert de carences (perte
de dents), et il est possible qu’elle soit décédée lors d’un accouchement,
ce qui expliquerait la présence d’un nouveau-né à ses côtés.
La présence d’une urne funéraire et l’exposition du corps sur
une banquette, sont inhabituelles dans ce contexte gaulois,
alors que ce sont des caractéristiques bien connues
pour les tombes d’Italie centrale de la même époque.
Ne pourrait-on donc pas imaginer que notre défunte
ait été une belle Romaine qui se serait mariée avec
un noble éduen ? Impossible de l’affirmer, mais
les exemples sont nombreux à cette époque de
femmes qui ont fondé un foyer à des centaines de kilomètres
de leur lieu de naissance.
10 • EXPOSITION BIBRACTE 2006 • TRÉSORS DE FEMMES
17
18
16
16- Bibracte, tombe de 2004.
Fiche d’enregistrement des restes humains (W.R. Teegen).
17- Le jardin funéraire de la tombe de 2004.
18- Restitution d’un bûcher avec une banquette
comparable à celle retrouvée dans la tombe
de Bibracte servant de lit funéraire.
D’après Witteyer, 2000

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Les âges de la vie
A l’âge du Fer, la vie est dure pour tous, que l’on fasse partie de l’élite ou que l’on soit simple
paysan. L’espérance de vie en témoigne : elle est d’à peine plus de 20 ans, alors qu’elle
est aujourd’hui d’environ 80 ans en Europe et de 35 ans dans le pire des cas
(dans certains pays africains). L’espérance de vie des populations rurales de
l’Europe médiévale n’était toutefois pas meilleure qu’à l’âge du Fer.
Dans une société où la répartition sexuelle des tâches de la vie quotidienne
est très marquée, la femme a un rythme de vie très différent de celui de son mari,
avec la responsabilité de la famille et de la plupart des tâches domestiques. Cette dure
existence explique que les femmes mourraient plus jeunes que les hommes, à l’inverse
d’aujourd’hui : une femme ayant atteint l’âge adulte meurt en moyenne à 31 ans,
contre 38 ans pour un homme. On note en effet une forte surmortalité entre 20 et 35 ans,
liée aux accidents de grossesse et de l’accouchement.
19 - Bracelet en fer avec amulettes,
vers 180-150 avant J.-C.
Nécropole de Wederath (Rhénanie-Palatinat),
tombe 1493 (F, 20-60 ans).
Trèves (Allemagne), Rheinisches Landesmuseum.
20 - Figurine d'oiseau et grelots en terre cuite,
II e s. avant J.-C. / I er s. après J.-C.
Nécropoles d’Hoppstädten et Wederath (Rhénanie-
Palatinat), tombe 3/1937.
Trèves (Allemagne), Rheinisches Landesmuseum.
21 - Amulettes en bronze, vers 150-120 avant J.C.
Nécropole de Wederath (Rhénanie-Palatinat)
Tombe 1205.
Trèves (Allemagne), Rheinisches Landesmuseum.
21
20
La petite enfance et l’enfance
La mortalité infantile est très élevée. Les très jeunes enfants ont donc un statut social
spécifique. Ils ont rarement droit à une sépulture normale. Souvent, les restes des enfants
morts-nés sont enfouis dans le sol même des habitations, ou relégués dans des poubelles,
quand ils ne sont pas enfouis avec le corps de leur mère morte en couches. Les mêmes
pratiques se retrouvent dans bien des sociétés traditionnelles. A Rome par exemple, selon une
très vieille loi, on n’incinère pas les enfants morts s’ils n’ont pas eu leurs premières dents.
Tout au long de l’enfance, l’individu reste très vulnérable aux maladies et aux carences
alimentaires, comme en témoignent les ossements. Aussi, les amulettes sont plus souvent
retrouvées dans les tombes d’enfants que dans celles d’adultes.
Les grelots et les figurines d’animaux en céramique sont les seuls jouets bien attestés.
La présence de vases miniatures dans les tombes d’enfant est plus ambiguë, car on
les retrouve aussi dans des contextes religieux.
Dans les nécropoles, les tombes d’enfants sont souvent situées à l’écart des tombes
d’adultes. Cependant, de nombreuses tombes d’enfants sont dotées d’un riche mobilier
qui témoigne de leur appartenance à des familles socialement élevées.
L’adolescence
L’adolescence, en tant qu’âge de la maturité sexuelle, est une phase de transition.
La puberté était sans doute plus tardive qu’à notre époque. Au XIX e siècle, elle se situe
encore à 16-17 ans en Europe, ce qui implique que les jeunes femmes étaient rarement
fertiles avant 18 ans.
Ce passage de l’enfance à l’âge adulte a aussi de multiples significations dans une perspective
socioculturelle : c’est un véritable âge de passage. La fréquence des amulettes
dans les tombes d’adolescentes renvoie au monde de l’enfance. La tenue vestimentaire,
en revanche, est souvent celle de femmes adultes, avec une panoplie complète de parures,
comportant fibules, torques et bracelets.
Selon César, les Gaulois admettent « en public leurs fils près d’eux seulement quand
ils ont grandi, et qu’ils sont devenus par là-même capables de se battre ; il est vraiment
considéré comme une honte qu’un fils non encore adulte se montre, même une fois,
publiquement à côté de son père ». De la même manière, on peut supposer que les très
jeunes filles ne se montraient pas en public avec leur mère.
EXPOSITION BIBRACTE 2006 • TRÉSORS DE FEMMES • 11
19

TAP BIBRACTEFEMME 03-12 17/05/06 10:31 Page 12
23
22- Coiffures féminines
D’après des décors de vaisselle métallique
du sud-est des Alpes.
V e siècle avant J.-C. (d’après O.H. Frey).
23- Reconstitution de parures féminines
des régions rhénanes avec anneaux de tempes.
Propres aux régions du Rhin moyen,
ces anneaux circulaires semblent réservés
aux femmes mariées.
V e siècle avant J.-C.
(d’après R. Cordie-Hackenberg 1992).
24 / 25- Reconstitution de la tombe 14 de Goeblingen-Nospelt.
(Luxembourg) (dessin B. Claris).
26- Une tombe féminine.
Cette sépulture de femme adulte était inhumée allongée sur le dos, avec des restes d’offrandes alimentaires sur son côté droit (ossements
animaux, un vase, deux grandes écuelles, un gobelet, un couteau en fer). De sa tenue vestimentaire, sont conservés un torque à décor torsadé,
une paire de bracelets, deux petits tubes et quatre anneaux de ceinture en bronze. Sa taille est estimée à 165 cm. La présence d’un torque
signale une femme de rang élevé.
Vers 400 - 350 avant J.-C. Bucy-le-Long, «La Héronnière» (Picardie), tombe BLH 330. Soissons (France), Musée municipal.
12 • EXPOSITION BIBRACTE 2006 • TRÉSORS DE FEMMES
L’âge du mariage
A Rome, les garçons peuvent se marier à partir de 14 ans et les filles à partir de 12 ans, soit bien avant
de pouvoir procréer. On ignore ce qu’il en est dans le monde celtique. Si l’on se fie à César, chez les Germains,
«c’est une des hontes les plus grandes parmi eux que de connaître la femme avant l’âge de vingt ans».
Il dit aussi que leur roi Arioviste a deux femmes. Une telle polygamie n’est pas attestée en Gaule.
César précise les droits et devoirs des époux gaulois: «Les maris mettent en communauté, avec la somme
d’argent qu’ils reçoivent en dot de leurs femmes, une part de leurs biens égale à cette dot. On fait de
ce capital un compte joint, et l’on en réserve les intérêts ; celui des deux époux qui survit à l’autre reçoit
la part des deux avec les intérêts accumulés. Les maris ont droit de vie et de mort sur leurs femmes comme
sur leurs enfants. Lorsqu’un père d’illustre naissance vient à mourir, ses proches s’assemblent et, si cette
mort fait naître quelque soupçon, les femmes sont mises à la question comme des esclaves ; si le crime
est prouvé, elles sont livrées au feu et aux plus cruels tourments et supplices.»
Il semble donc que, si la femme est soumise à son mari, elle a des droits identiques à lui en ce qui concerne
le patrimoine de la famille. De tels droits tomberont en désuétude pour ne resurgir qu’au XIX e siècle.
24 25
La veillesse et la mort
Une femme qui a passé le cap des 40 ans, a toutes les chances de vivre plus âgée que son mari.
On ne sait pas si les femmes âgées et les veuves étaient dotées d’un statut spécial. Les restes
de leur tenue vestimentaire ne montrent pas de différence nette avec ceux des femmes plus jeunes.
Au cours de l’âge du Fer, les rites de l’inhumation et de l’incinération varient suivant les périodes
et les régions. Aux VI e et V e siècles, les tombes sont souvent disposées autour d’une tombe privilégiée
signalée par une architecture monumentale ou la richesse de son mobilier (Bucy-le-Long).
Exceptionnellement, des zones particulières sont destinées aux enfants, aux femmes et aux
hommes (Andelfingen). Parfois, les regroupements paraissent familiaux (Nebringen), chaque
groupe pouvant être isolé dans un enclos. Enfin, certaines nécropoles ont une organisation spatiale
qui ne s’explique que par leur développement au cours des années (Münsingen).
Le culte des morts se manifeste par l’entretetien des sépultures. La tombe à tumulus 14 de la nécropole
de Gœblingen-Nospelt est unique. Datée vers 20 avant J.-C., elle contenait les restes
d’une femme de 30 à 35 ans, et de riches présents. Des vestiges de libations et de sacrifices d’animaux,
et des pièces de monnaie, retrouvés sur le sommet du tumulus, prouvent sa fréquentation pendant
environ 150 ans. Une autre forme de culte des morts, bien différente, est attestée par les amulettes
taillées dans un fragment de calotte crânienne.
22
26

TAP BIBRACTEFEMME 13-18 17/05/06 10:37 Page 13
La femme dans tous ses états
La femme celte apparaît sous des jours différents selon l'activité dans laquelle on la saisit : ménagère occupée du lever au coucher du soleil par
ses tâches quotidiennes ou femme de haut rang qui doit contribuer au prestige de son mari ou de sa famille, par sa prestance et la qualité de sa tenue
vestimentaire, lors des événements de la vie publique.
Les tâches de la vie quotidienne qui nous paraissent anodines aujourd'hui (préparer le repas, collecter son bois de chauffage…) l'occupent à plein
temps. Les quelques heures qu'elle épargne sur ces activités domestiques sont mises à profit pour d'autres travaux, notamment le filage et le tissage,
une activité artisanale qui lui permet, plus que tout autre, d'exercer sa créativité et ses talents artistiques.
Seul le mariage donne à la femme sa place dans la société. Il permet des alliances familiales et politiques dont elle est l'enjeu, notamment pour les
familles nobles. Comme dans toutes les sociétés rurales traditionnelles, la femme celte révèle son statut et celui de sa famille par ses atours : coiffure,
maquillage et tatouages (?), vêtements, parures.
Les textes et inscriptions n'ont gardé la mémoire d'aucun rôle public réservé aux femmes. En revanche, les cultes proprement féminins et les divinités
féminines ont longtemps perduré, permettant d'apprécier leur importance dans la société celtique.
La femme au foyer
Le travail à la maison et à la cuisine est considérable du point de vue du temps passé et
de l'énergie déployée. L’environnement quotidien de la femme celte est donc la pièce (généralement
unique) de sa maison où trône en position centrale le foyer sur lequel est suspendu
un chaudron de cuivre. Sans table haute ni chaise à portée de main, la ménagère travaille
en général en position accroupie, comme le prouve l'étude des restes osseux.
La mouture des céréales, à elle seule, l’occupe plusieurs heures par jour, tout comme
la collecte de bois pour le feu, le tout en ayant constamment l’œil sur ses plus jeunes
rejetons. Ces tâches sont partagées avec les grands-parents et les enfants, puisqu'un toit
abrite trois générations.
La nourriture est surtout constituée de
bouillies de céréales et de légumineuses
riches en protéines comme les fèves,
les petits pois et les lentilles. Le pain n’est
pas si fréquent et les édulcorants (miel)
réservés aux grandes occasions. La pâtisserie
est connue par des offrandes funéraires.
Aucune espèce fruitière n'est encore
cultivée à l’âge du Fer. A ceux collectés
dans la nature, s’ajoutent tardivement des
fruits exotiques. On sait très peu de choses
sur les légumes. En tout cas, la rareté des
cas de scorbut prouve un apport suffisant
en vitamine C.
Les pertes de dents, plus fréquentes chez les
hommes à Wederath, suggèrent une nourriture
particulièrement cariogène, c'est-à-dire
riche en hydrates de carbone.
La proportion des différents isotopes stables du
carbone ( 13 C/ 12 C) et de l'azote ( 15 N/ 14 N) dans le
collagène osseux renseigne aussi sur l'alimentation.
Une teneur accrue en 15 N, qui indique une
forte consommation de viande, est ainsi notée
dans les os des squelettes masculins des tombes
privilégiées avec armes des nécropoles tchèques
de Kutná Hora-Karlov et Radovesice.
La viande est presque exclusivement fournie
par les animaux domestiques : bœuf,
porc et mouton surtout, cheval et chien
plus rarement. Le lait est aussi important
dans l'alimentation. L'hydromel et la bière
sont les deux boissons alcoolisées fabriquées
sur place. S’y ajoute le vin, importé
en grande quantité du monde méditerranéen,
mais réservé aux grandes occasions
et à l’élite.
EXPOSITION BIBRACTE 2006 • TRÉSORS DE FEMMES • 13

TAP BIBRACTEFEMME 13-18 17/05/06 10:37 Page 14
La femme au travail
La division sexuelle du travail
est attestée par l'archéologie
funéraire. Le peu d’outillage
retrouvé dans les tombes féminines
se limite au travail des textiles
et du cuir. De fait, le filage de
la laine, le tissage et la confection
des vêtements se font dans le cadre
domestique, car ces activités demandent peu de place et se
concilient facilement avec les tâches ménagères. Sur les squelettes
féminins, l’arthrose des articulations de la main peut être
associée au tissage. A l'instar de la Grecque Pénélope, cette
activité concerne également les femmes de rang élevé, comme
le montrent quelques scènes figurées.
La femme est aussi très sollicitée par les travaux du jardin et
des champs. Tant pour les femmes que pour les hommes, les
articulations des hanches et des épaules présentent des symptômes
typiques des populations à orientation agraire.
Dans le contexte particulier des mines de sel de Hallstatt,
les études anthropologiques montrent une nette différenciation
sexuelle du travail. Les hommes assurent l'extraction du sel, les
femmes le transportent jusqu'à la surface. Ces corvées sont
somme toute peu différentes de celles que
toute femme celte effectue quotidiennement
: approvisionner le foyer en eau et
en combustible, porter les jeunes enfants.
La façon de porter une charge se manifeste
par des marques caractéristiques sur
les vertèbres lombaires (pour le port à
bras le corps) et cervicales (pour le port
sur la tête).
28
La femme en société
La société celtique est essentiellement
agraire, même lorsque se développent
des bourgades de marché et des villes
fortifiées (oppida), à partir du III e siècle
avant J.-C. Dans ce contexte, l'unité
familiale est marquée par le patriarcat.
Chaque membre de la famille occupe une
position particulière, réglée par de nombreuses
conventions. La tenue vestimentaire
manifeste la position de chacun
et de chacune.
14 • EXPOSITION BIBRACTE 2006 • TRÉSORS DE FEMMES
Les restes de la tenue vestimentaire, très
variables pour ce qui concerne les sépultures
féminines, donnent donc des indications
précieuses sur le statut social. Tout en
haut de l'échelle, on trouve des sépultures
véritablement princières, comme celles
de Vix, de Rheinheim ou de Waldalgesheim.
A un niveau moindre, la nécropole de
Münsingen montre bien la diversité des
statuts. Sur 219 tombes, on peut bâtir
le schéma suivant :
26
29
26- Aiguilles à coudre en bronze, II e / I er s. avant J.-C.
Oppidum de Stradonice, Prague (République tchèque), Musée national.
L. 46-106 mm.
27- Pesons de métier à tisser de Modlesovice, III e siècle avant J.-C.
Strakonice (République tchèque), Musée de la région d’Otava.
27
28 et 29- Fragment d’étoffe brodé de fils de laine, III e s. avant J.-C
et restitution.
Des fils rouge neufs ont été replacés à l'emplacement des anciens,
généralement disparus. On a restitué en fac-similé l'aspect d'origine de
l'étoffe. Ces fragments de vêtements de très bonne facture ont été
miraculeusement conservés par leur utilisation comme renforts dans des
bracelets creux en tôle de bronze. A une époque où les autres artisanats
sont déjà fortement organisés et installés dans des espaces
qui leur sont réservés, hors du cadre domestique, ces rares témoignages
d'étoffes finement tissées et brodées sont le seul exemple vraiment
probant de la qualité du travail féminin à l'âge du Fer.
Nové Zàmky, longueur 30 cm. Nitra, Slovaquie, Institut d’archéologie.
- 3 % de tombes richement dotées ;
- 20 % de tombes moyennement dotées ;
- 42 % de tombes pauvrement dotées ;
- 35 % de tombes non dotées.
Se dessine ainsi une pyramide sociale.
En haut se trouve l'élite. A l'échelle intermédiaire
se trouvent les hommes portant
les armes et leurs épouses. Enfin, l’échelon
inférieur regroupe près de 80 % de
la population.

TAP BIBRACTEFEMME 13-18 17/05/06 10:37 Page 15
Les vêtements et la coiffure
Les écrivains grecs évoquent le goût des Gaulois pour les étoffes colorées.
Les pièces de monnaie et le décor de certains vases à boisson présentent des
personnages dotés d'une coiffure complexe, en chignon ou en tresses, parfois
maintenue par une résille.
De tout cela, il reste très peu de témoignages matériels. Les épingles à
cheveux sont très rares. Les fibules de petite taille, portées en paire sur
les épaules, tiennent un vêtement en étoffe légère. Les fibules retrouvées
sur le thorax sont souvent plus grosses et maintiennent une
sorte de manteau à capuchon, porté par les femmes et les hommes.
Des nécessaires de toilette
témoignent aussi des soins corporels, qu’il
s'agisse des pinces à épiler et des rasoirs
pour les hommes et des miroirs pour les
femmes.
Les textiles, conservés à l’état de menus
fragments, montrent une grande variété
d’étoffes et de décors, obtenus par le tissage,
la teinture et la broderie. Bien qu'issus de
zones géographiques situés en marge du
domaine celtique, les corps sacrifiés de l'âge
du Fer retrouvés dans les tourbières de l’Eu-
31 rope du Nord (Grande-Bretagne et Danemark)
donnent un aperçu de ce que pouvait être leur apparence physique.
Aux coiffures complexes et aux tatouages, s'ajoutent des chaussures de cuir et
différentes pièces de vêtement dont les réparations nombreuses rappellent
le prix de ces tissus portés à vie ou du moins jusqu'à leur usure
totale.
31- Fac-similés de vêtements de l’âge du Fer d’après des découvertes de tourbières : jupe
longue, tunique, cape et ceinture.
Tissages de M.-P. Puybaret, 2006.
33- Perles en verre.
Oppidum de Stradonice,
I er siècle avant J.-C.,
Prague(République tchèque),
Musée national.
34 - Bracelet en bronze à décor
de corail, vers 300 avant J.-C.
Sie de Chotin, tombe 19.
Komarno (République tchèque),
Musée de la culture hongroise.
,
,
33
34
30
30- Ensemble funéraire de la fin du III e s. avant J.-C. comprenant
les restes d’une ceinture et de trois fibules.
Wederath (Rhénanie, Palatinat), tombe 1416, Trèves (Allemagne),
Rheinissches Landmuseum.
32- Epingle à cheveux et autres parures, vers 300 avant J.-C.
Cet ensemble provient de deux sépultures féminines contiguës
et associées au sein d'un même enclos funéraire. Il comprend
un rare exemple d'épingle à cheveux, ornée d'un motif dérivé
du style végétal continu, ainsi qu'une fibule de facture identique.
La Saulsotte (Aube) « Ferme de Frécul », Nogent-sur-Seine (France),
Musée P. Dubois - A. Boucher
La parure dans tous ses états
Du VI e au I er siècle avant J.-C., les parures ont connu une grande variété de
forme, de matériau et de décor. Elles témoignent de la virtuosité des artisans.
D’après des textes et représentations figurées grecs et romains,
la parure n’est pas réservée qu’aux femmes.
La découverte de métaux précieux, or et argent, est peu fréquente.
Le cuivre et ses alliages, comme le bronze coulé ou martelé, ou le laiton plus
facile à forger, imitent la couleur du métal noble, avec parfois des incrustations
rouge de corail ou d'émail. Les anneaux à oves creux et autres parures
de style «plastique» du III e siècle représentent
des sommets de l'orfèvrerie celte. Le fer,
matériau considéré comme vulgaire
aujourd'hui, fait l'objet d'un travail
très fin qui montre qu'on le tient alors
en haute estime.
Au III e siècle, l'emploi du verre,
jusqu'alors réservé à de petites perles
de colliers, se généralise. Importé
du monde méditerranéen, il est fondu par
EXPOSITION BIBRACTE 2006 • TRÉSORS DE FEMMES • 15
32

TAP BIBRACTEFEMME 13-18 17/05/06 10:37 Page 16
les artisans celtes et mélangé à différents
oxydes métalliques pour fabriquer des bracelets
et perles aux couleurs chatoyantes
et au décor complexe.
Les matières organiques fossiles (ambre,
lignite, sapropélite, jais) sont aussi utilisées
pour les perles et bracelets. Ces parures
portées par les deux sexes peuvent disposer
d'un sens symbolique ou de vertus apotropaïques,
comme c'est encore le cas aujourd'hui
pour l'ambre et le corail, par exemple.
35 - Bracelets en verre
de la nécropole de Münsingen,
III e-II e siècle avant J.-C.
Berne (Suisse), Musée historique.
Femme et pouvoir
Comment mesurer le pouvoir dont a disposé
une femme dont la tombe est aussi prestigieuse
que celle de la princesse de Vix ?
A-t-elle régné ou s’est-elle contentée d’afficher,
par son train de vie et son apparence
fastueuse, le prestige de sa famille ou de son
époux ? Quoi qu'il en soit, des femmes ont
disposé de conditions de vie privilégiées que
signalent différents indices anthropologiques,
comme la grande taille du squelette
ou une plus longue durée de vie.
Les textes antiques mentionnent peu de
femmes celtes qui ont exercé le pouvoir et,
quand c'est le cas, toujours dans des circonstances
exceptionnelles. César explique en
revanche que la femme est un enjeu diplomatique.
Ainsi, le chef éduen Dumnorix
s’est marié avec la fille de l’Helvète Orgétorix
et a remarié sa mère à un noble biturige.
La femme peut être un otage de luxe, selon
un usage que l'on retrouve parmi les familles
régnantes de l'Europe moderne.
Il y a diverses façons d'identifier ces pratiques
d'exogamie. Quand une femme fonde
un foyer loin de son lieu de naissance,
35
16 • EXPOSITION BIBRACTE 2006 • TRÉSORS DE FEMMES
36 - Collier de pâte de verre, Ve s. avant J.-C., site de Lipa
Hradec Kralove (République tchèque),
Musée de la Bohême orientale.
36
, ,
elle
garde,
au moins en
partie, la tenue vesti- 38
mentaire de sa région. Un
torque, une agrafe de ceinture
ou une fibule retrouvés dans une
tombe loin de leur zone habituelle
de distribution peuvent signaler une
femme de lointaine origine.
On vient de proposer le dosage du strontium
fixé par l'émail dentaire. Le rapport
87 Sr/ 86 Sr varie fortement dans l'eau potable
selon la nature du sous-sol. Appliquée à la
nécropole de Dornach (D), située dans une
région calcaire, cette méthode d'analyse
montre que deux guerriers et une jeune
femme sont venus au tournant du IV e -
III e s. avant J.-C. de régions granitiques,
peut-être de Bohême.
,
37- Torque en bronze de Champagne, vers 300 avant J.-C.
Autun (France), Musée Rolin.
38 -Fibule, vers 300/250 avant J.-C.
Egalement retrouvée en Bohême,
cette fibule est caractéristique
des régions alpines.
Kutná Hora – Karlov, tombe 26
Kutná Hora (CZ), Musée tchèque de l’Argent.
^
^
39 - Torque à pastilles d'émail rouge, vers 300 avant J.-C.
Retrouvé en Bohême, ce torque appartient
à un type que l’on trouve très rarement en dehors
de Suisse occidentale.
Prague - Zizkov
Prague (CZ), Musée national.
39
37

TAP BIBRACTEFEMME 13-18 17/05/06 10:37 Page 17
La femme protectrice
La place de la femme dans la religion est un des domaines les plus délicats à aborder. Les auteurs de l’Antiquité signalent
l’existence de prêtresses, de prophétesses et de femmes douées d’un pouvoir de divination, dans des régions périphériques
du monde celtique. Ainsi, selon César, dans ces régions, les femmes consultent le sort pour savoir si le moment de
combattre est venu. Pour Tacite, Velléda est une prophétesse douée d’un grand prestige. La reine bretonne Boudicca
consulte les oracles en observant la course d’un lièvre.
Ces témoignages, assez vagues, ne permettent pas d’affirmer qu’il a existé un clergé féminin aussi important que celui
des druides, dont les membres ne sont recrutés que parmi les hommes, au terme d’une longue initiation.
L’archéologie suggère qu’il a existé des rites spécifiquement féminins et l’importance des déesses dans le panthéon
gallo-romain laisse supposer qu’il en est de même à la fin de l’âge du Fer.
Des cultes au féminin ?
L’archéologie religieuse des Celtes a fait un bond en avant considérable avec l’identification
et la fouille de nombreux sanctuaires, depuis trente ans. Sous la forme d’un enclos quadrangulaire
renfermant une ou plusieurs chapelles, il s’agit le plus souvent de sanctuaires à la
vocation guerrière bien affirmée par la présence d’armes, voire de dépouilles de guerriers.
La découverte de Duchcov, en Bohême, est un exemple non controversé de la participation
des femmes à la vie religieuse, sous la forme d’activités rituelles. Des milliers de fibules,
de bracelets et de bagues, typiques de la tenue féminine, ont été déposés dans un chaudron de
bronze et conservés à quelques mètres de profondeur dans une source thermale.
Cette découverte unique doit être mise en parallèle avec celles, plus fréquentes, de traces d’un
culte gallo-romain près des sources. Les sources de la Seine – où était vénérée la déesse éponyme
Séquana – ont livré des centaines de statues grossières de pierre et de bois et des représentations
anatomiques qui témoignent d’un culte populaire à cette déesse aquatique dont on
espérait qu’elle apporterait la guérison.
41
40- Personnage féminin (?) vêtu
d’un manteau à capuchon, bois
(copie), I er siècle après J.-C.
Sources de la Seine.
Dijon (France),
Musée archéologique
H. 86 cm.
Des déesses
De la même façon que les Romains ont identifié leurs dieux ancestraux
à ceux des Grecs, la Gaule romaine s’est enrichie des croyances
et des cultes locaux. Cette fusion partielle permet d’identifier, grâce aux
inscriptions et aux statues d’époque romaine, un certain nombre de divinités
d’origine gauloise.
Alors que César ne mentionne qu’une déesse gauloise, qu’il assimile à Minerve,
patronne des arts et des techniques, il existe un grand nombre de divinités galloromaines
féminines. Elles peuvent être réparties en plusieurs groupes :
◗ les divinités guerrières (rares), comme Bodua (« la Victorieuse »)
chez les Eduens, Segeta (« Puissance »), Cathubodua (« Corneille du combat »),
Vercanae (déesses Colère);
◗ les déesses appartenant à un couple : Rosmerta (« la Grande Pourvoyeuse »),
déesse de prospérité associée à Mercure, Sirona avec Apollon Grannus, Nemetona
avec Mars Loucetius, Damona avec Borvo, Bergusia avec Ucuetis…
41 - Déesse-mère, appuyée sur un buste de dieu masculin portant un torque, calcaire, début du I er siècle après J.-C. (?).
Auxerre (France), faubourg Saint-Martin, Musée d'Art et d’Histoire. H. 36 cm.
EXPOSITION BIBRACTE 2006 • TRÉSORS DE FEMMES • 17
40

TAP BIBRACTEFEMME 13-18 17/05/06 10:37 Page 18
44
Des déesses (suite)
◗ les déesses reines : Riganae, qui trônent et sont dépourvues d’attributs maternels :
Anextlomara (« la Grande Protectrice »), Mogontia (« la Grande ») et surtout Epona
(« la Cavalière »), très populaire à l’époque gallo-romaine ;
◗ les déesses mères : Matres, Matronae, divinités protectrices souvent associées à
un lieu, comme les Matres Treverae (« les Mères de Trèves »), et qui peuvent prendre
la forme de Vénus, de la Fortune ou de l’Abondance ;
◗ les déités topiques ou tutélaires, bien plus nombreuses que les déités topiques masculines,
qui sont associées aux cours d’eau (Sequana, la Seine, Souconna, la Saône,
Icauna, l’Yonne), aux sources (Sequana), aux montagnes, aux villes (Bibracte, Aventia).
18 • EXPOSITION BIBRACTE 2006 • TRÉSORS DE FEMMES
43
Ces statuettes trouvaient leur place
sur les autels domestiques
des familles les plus modestes.
Le culte rendu dans le cadre familial
privilégiait les divinités nourricières
et protectrices, ce qui explique
la sur-représentation écrasante
(20 contre 1) des divinités féminines.
42 - Statue de déesse-mère, calcaire oolithique, I er-III e s. après J.-C. Oppidum d'Alésia, Alise-Sainte-Reine,
Musée Alésia. H. 49 cm.
43 - Triade de déesses-mères, calcaire oolithique, I er-III e s. après J.-C.
Oppidum de Vertault. Châtillon-sur-Seine (France), Musée du Châtillonnais. H. 39 cm.
Une image plus précise
de la femme celte ?
En conclusion, nous constatons que c’est seulement en unissant archéologie et
anthropologie, avec les autres sciences naturelles, que l'on peut dessiner une image
plus réaliste de la femme celte.
Bien que de nombreuses découvertes aient été apportées dans le cadre de cette
exposition, nous savons encore peu de choses sur ces femmes. Il est nécessaire de
poursuivre les recherches. Le souhait de la présente exposition est d’y inciter.
44 - Statère des Riedones.
Les représentations clairement féminines apparaissent très rarement sur les monnaies celtiques. Le meilleur exemple est
constitué par plusieurs séries de monnaies d'or frappées dans l'ouest de la France à date haute (fin du III e siècle / début
du II e siècle ?). elle représentent une cavalière nue, brandissant un poignard et un bouclier. Cette représentation, qui respecte
la nudité « héroïque » des guerriers celtes, est l'unique témoignage d'une divinité guerrière, inconnue des textes antiques et des
représentations figurées gallo-romaines.
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L’EXPOSITION EST LE RÉSULTAT D’UNE CO-PRODUCTION ENTRE :
Bibracte / Musée de la Civilisation Celtique, Glux-en-Glenne / Saint-Léger-sous-Beuvray (F) ;
Archäologiepark Belginum, Morbach-Wederath (D) ;
Národní muzeum, Praha - Musée national, Prague (CZ).
Coordination scientifique : Rosemarie Cordie, Vincent Guichard, Pavel Sankot, Wolf-Rüdiger Teegen.
Coordination muséographique : Françoise Paquelot (Bibracte).
Coordination technique : Jacky Gorlier (Bibracte).
Textes : Rosemarie Cordie, Miluse Dobisíková, Vincent Guichard, Françoise Paquelot, Pavel Sankot, Milan Stloukal,
^
,
Wolf-Rüdiger Teegen, Petr Velemínsky, Julian Wiethold.
Régie des objets exposés : Dominique Lacoste (Bibracte), Patricia Lepaul (Bibracte).
Scénographie : Patrick Bidot (Beaune).
Création graphique : Les Pistoleros (Dijon).
Fabrication graphique : En Apparence.
Aménagement de l'espace : Gérard Blanchot, Bruno Caré, Bernard Duquy-Nicoud,
Bernard Pautet, Claude Sainjon (Bibracte).
Photographies : Antoine Maillier (Bibracte), sauf mention contraire.
Livret de l'exposition : FTM Presse / Bourgogne Magazine.
Soutiens financiers : Ministère de la Culture et de la Communication,
Direction régionale des Affaires culturelles de Bourgogne, Dijon.
Conseil régional de Bourgogne, Dijon.
Conseil général de la Nièvre, Nevers.
Conseil général de la Saône-et-Loire, Mâcon.
Museumsverband Rheinland-Pfalz, Mayence.
Stiftung für Kultur des Landes Rheinland-Pfalz, Mayence.
Förderverein Archäologiepark Belginum e.V., Morbach-Wederath.
Les organisateurs de l’exposition remercient tout particulièrement les
personnes suivantes pour leur soutien et leur coopération : Sabine Bolliger
Schreyer, conservatrice au Musée historique de Berne, Jean-Louis Coudrot,
conservateur du Musée de Châtillon-sur-Seine, Micheline Durand, conservateur
du Musée d'art et d'histoire d'Auxerre, Christa Farka, directrice du
Bundesdenkmalamt de Vienne, Karin Goethert, directrice du Rheinisches Landesmuseum
de Trèves, Claude Grapin, conservateur départemental du patrimoine
chargé du musée d'Alésia, Peter Jud, Gilbert Kaenel, conservateur du
Musée cantonal d'archéologie et d'histoire de Lausanne, Marie Lapalus,
conservateur du Musée des Ursulines de Mâcon, Anne Le Bot-Helly, conserva-
trice régionale de l'archéologie de Rhône-Alpes, Michal Lukes, directeur géné-
ral du Musée national de Prague, Brigitte Maurice-Chabard, conservatrice du
Musée Rolin d'Autun, Karol Pieta, chercheur à l'Institut archéologique de
Nitra, Felix Müller, conservateur au Musée historique de Berne, Jacques Piette,
conservateur du musée P. Dubois-A. Boucher de Nogent-sur-Seine, Walter
Reinhard, conservateur du Landesdenkmalamt, Staatliche Altertümersammlung
de Saarbrücken, Dominique Roussel, conservateur du Musée de Soissons,
Alexander Ruttkay, directeur de l'Institut archéologique de Nitra, Michael
Schmauder, conservateur du Rheinisches Landesmuseum de Bonn, Miklós Szabó,
professeur à l'université Lórand Eötvös de Budapest, László Veres, directeur du
musée Ottó Hermann de Miskolc, Christian Vernou, conservateur du Musée archéologique
de Dijon.
Et tout particulièrement : Rosemarie Cordie, directrice du parc archéologique
de Wederath-Belginum, Pavel Sankot, conservateur au Musée national Prague /
Musée historique, Wolf-Rüdiger Teegen, chercheur à l'université de Leipzig.
INFORMATIONS PRATIQUES BIBRACTE :
Musée de la Civilisation celtique,
Mont Beuvray, 71990 Saint-Léger-sous-Beuvray
Tél. : 03.85.86.52.35. - Courriel : info@bibracte.fr - site : www.bibracte.fr
Expositions permanente et temporaire sur la civilisation celtique et les recherches archéologiques
menées sur le mont Beuvray, où se trouvait la ville gauloise de Bibracte, capitale des Eduens, l'un
des peuples les plus puissants de la Gaule à l'époque de Vercingétorix et de Jules César.
Tous les jours de 10 à 18 heures (jusqu'à 19 heures en juillet et août). Durée de visite conseillée : une demi-journée à une journée complète. Passeport Bibracte : visite guidée du site
archéologique et entrée au musée : 9,50 € (plein tarif) et 7,25 € (tarif réduit).
Visite libre du musée : 5,75 € (plein tarif) et 4,25 € (tarif réduit). Boutique cadeaux et livres. Salon de thé et paniers pique-nique.
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Musée de la Civilisation celtique
Mont Beuvray
71990 Saint-Léger-sous-Beuvray
Tél. : 03.85.86.52.35.
Courriel : info@bibracte.fr
site : www.bibracte.fr
n° ISBN : 2-909668-51-7
Prix public : 3,50 €
En partenariat avec Bourgogne Magazine