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TAP BIBRACTEFEMME 03-12 17/05/06 10:31 Page 10
Les données anthropologiques
L’urne fouillée en laboratoire a livré environ 1 200 g d’ossements
humains, dont l’état montre qu’ils ont été exposés pour la plupart à une
température d’au moins 800 °C. Quelques-uns, un peu moins brûlés,
ont été retrouvés au fond de l’urne. Il s’agit sans doute de ceux qui ont été
ramassés en premier en périphérie du bûcher. Les restes d’os décorés
ont été trouvés dans toutes les couches de l’urne ; ce qui contribue à
les identifier aux restes d’une banquette sur laquelle était déposé le corps.
La collecte des os a été assez soigneuse, puisque la crémation complète
d’un corps humain adulte fournit environ 1700/1800 g d’os. Bien que
la crémation déforme les os, on peut affirmer qu’il s’agit d’un individu
de grande taille (environ 1,70 m), âgé entre 20 et 39 ans.
Les caractéristiques du crâne désignent morphologiquement un individu
de sexe féminin, mais la robustesse de la tête du fémur et du radius
contredit ce résultat. Les insertions musculaires faiblement imprimées
désignent également une femme. Plusieurs indices pathologiques ont été
mis en évidence : une perte de dents intra vitam, des parodontopathies
et une sinusite maxillaire.
Quelques fragments d’os crâniens appartiennent à deux autres adultes,
plus âgés. Ce sont probablement des restes récoltés par inadvertance,
ce qui est courant quand les bûchers funéraires sont toujours installés
au même emplacement. Plus ambiguë est la présence de quelques fragments,
également exposés au feu, d’un fœtus ou d’un nouveau-né.
L’interprétation des données
Les informations provenant du terrain et des études de laboratoire,
laissent imaginer une histoire plausible, à défaut d’être certaine. Il s’agirait
d’une femme de haut rang, vues la dimension inhabituelle de son enclos
funéraire, la localisation de celui-ci bien en vue à une porte de la ville,
isolée des tombes plus modestes de la nécropole du col du Rebout, ainsi
que la qualité de son mobilier funéraire.
Bien que de statut privilégié, cette femme a souffert de carences (perte
de dents), et il est possible qu’elle soit décédée lors d’un accouchement,
ce qui expliquerait la présence d’un nouveau-né à ses côtés.
La présence d’une urne funéraire et l’exposition du corps sur
une banquette, sont inhabituelles dans ce contexte gaulois,
alors que ce sont des caractéristiques bien connues
pour les tombes d’Italie centrale de la même époque.
Ne pourrait-on donc pas imaginer que notre défunte
ait été une belle Romaine qui se serait mariée avec
un noble éduen ? Impossible de l’affirmer, mais
les exemples sont nombreux à cette époque de
femmes qui ont fondé un foyer à des centaines de kilomètres
de leur lieu de naissance.
10 • EXPOSITION BIBRACTE 2006 • TRÉSORS DE FEMMES
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16- Bibracte, tombe de 2004.
Fiche d’enregistrement des restes humains (W.R. Teegen).
17- Le jardin funéraire de la tombe de 2004.
18- Restitution d’un bûcher avec une banquette
comparable à celle retrouvée dans la tombe
de Bibracte servant de lit funéraire.
D’après Witteyer, 2000