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TAP BIBRACTEFEMME 03-12 17/05/06 10:31 Page 8 La détermination du sexe Les os du bassin sont déterminants pour définir le sexe (fiabilité de 95%). Le bassin d’une femme qui a subi une grossesse est en effet déformé de façon caractéristique. Les autres os du squelette présentent des caractéristiques sexuelles plus ou moins marquées. Grâce à l’observation de trente indices, l’étude du crâne permet aussi une détermination sexuelle à 90 %. Dans la mesure où le patrimoine génétique (ADN) est conservé, le sexe peut également être défini par la biologie moléculaire. Les mensurations des os montrent la taille moyenne des femmes celtes était d’environ 156 à 160 cm, contre 170 cm pour les hommes. La détermination de traces en lien avec une activité professionnelle Les maladies professionnelles existaient à l’âge du Fer. En lien avec une charge continuelle et excessive, des lésions osseuses que l’on appelle enthésopathies peuvent se former aux points d’attache des tendons, des ligaments ou bien aux capsules articulaires. L’aplatissement de la diaphyse de certains os résulte également de la sollicitation excessive de certains muscles. L’exercice fréquent de certaines activités physiques, comme la station assise ou accroupie, se traduit également par l’apparition de facettes articulaires caractéristiques. On explique les surfaces articulaires supplémentaires à l’intersection entre les reins et la hanche par la charge croissante des vertèbres lombaires. La maternité et l’habitude de porter les enfants sur le dos ont le même effet sur l’articulation entre le sacrum et l’os iliaque, en bas du dos. La détermination des liens de parenté Dans une nécropole, les regroupements de tombes sont souvent interprétés comme d’origine familiale. L’anthropologie peut, avec essentiellement deux méthodes, étayer ou contredire une telle hypothèse. Les caractéristiques épigénétiques sont des divergences anatomiques minimes par rapport à la norme, dont l’origine héréditaire a une probabilité élevée. Depuis peu d’années, les méthodes de biologie moléculaire sont aussi utilisées. Elles se basent sur les sections de l’ADN, dénommées short tandem repeats (STRs). Elles varient d’un individu à l’autre et sont transmissibles par hérédité. Une seule application archéologique peut être mentionnée pour notre période. Elle concerne une tombe du site du Dürnberg (Autriche) contenant trois individus dont on a ainsi pu prouver la parenté. 8 • EXPOSITION BIBRACTE 2006 • TRÉSORS DE FEMMES La détermination de l'âge Avec les méthodes utilisées à ce jour, l'âge peut être déterminé à dix ans près chez l’adulte. Pour des raisons évidentes, l'âge des enfants et des adolescents peut être évalué avec bien plus de précision lorsqu’on dispose d’un squelette bien conservé. 12 12- Crâne présentant une trépanation. Site de Tisice, Prague (République tchèque), Musée national. La détermination des pathologies L’ostéo-archéologie n’identifie que les maladies qui ont laissé des traces sur les os. Les plus fréquentes sont les altérations dégénératives qui affectent les articulations. L’arthrose, qui touche la hanche, le genou, l’épaule et le coude, est aussi répandue qu’aujourd’hui. Pour la colonne vertébrale, on parle de spondylarthrite déformante qui peut conduire à la soudure des vertèbres entre elles. Les maladies inflammatoires (ostéomyélite chronique, méningite, inflammation des sinus) sont plutôt rares, de même que les tumeurs (compte tenu de la durée de vie relativement courte des individus de cette époque). Lésions poreuses, arrêts de croissance des os longs et dégradations de la dentition sont la conséquence de maladies et de carences dont les sources sont variées : carence alimentaire, pertes chroniques de sang, sans oublier les infections par des parasites (poux, vers…), un mal dont on souffrait beaucoup à l’âge du Fer. Il y a peu de traces de traitements médicaux. L’intervention chirurgicale la plus frappante est la trépanation, qui consiste à perforer complètement la calotte crânienne. Cette opération était réalisée pour des raisons médicales (hémorragies, traumatismes…) et peut-être pour des motifs rituels. Le traitement des fractures par atèles est moins spectaculaire. Des anneaux d’argile ou de bronze trouvés dans la région du bassin, dans des tombes de femmes en âge de procréer, sont interprétés comme des diaphragmes, encore utilisés de nos jours dans plusieurs traitements gynécologiques. ^
TAP BIBRACTEFEMME 03-12 17/05/06 10:31 Page 9 Autopsie d’une sépulture de Bibracte 14 - La tombe de 2004 en cours de fouille. 15 - Vue rapprochée sur l’urne de la tombe de 2004. 14 13 Comment se déroule l’étude d’une sépulture, de la fouille aux analyses de laboratoire ? Suivons le cas d’une tombe « privilégiée » découverte de façon inattendue sur le site de Bibracte et qui s’est avérée contenir les restes d’une femme adulte. En 2004, une esplanade parfaitement carrée de 8 m de côté délimitée par un étroit fossé, profond d’environ 1 m, a été découverte en faisant des sondages pour comprendre le système de fortification, près de la Porte du Rebout. A chaque angle de cet enclos, une petite excavation signale l’emplacement d’un poteau disparu. Presqu’au centre, une autre fosse exiguë contenait l’urne funéraire, accompagnée d’un gobelet à boire intact. Il s’agit d’une tombe à incinération comme les quelques dizaines d’autres découvertes entre 1992 et 1994, à quelques centaines de mètres de là. La nouvelle tombe a comme point commun avec ces dernières son enclos fossoyé, qui signale un «jardin funéraire» autrefois délimité par une palissade. Elle s’en distingue par sa localisation inhabituelle à proximité immédiate d’une porte de la ville, bien en vue à proximité d’une voie, par la taille inhabituelle de son enclos, par la présence d’une urne et par l’assemblage insolite des objets qui ont été retrouvés associés aux ossements de la défunte. La poursuite des sondages en 2005 a révélé que cette tombe n’était pas isolée : la terrasse artificielle comporte au moins un autre enclos, dont l’exploration est prévue en 2006. 13 - La nécropole du col du Rebout, à proximité de l’oppidum de Bibracte. Fouille de 1993. Le mobilier d’accompagnement Malgré un volume de sédiments réduit à une dizaine de litres, le contenu de l’urne et du gobelet a livré des objets d’une étonnante diversité. Tout d’abord, des milliers d’esquilles osseuses blanchies par leur passage sur le bûcher dont la plus grande partie appartiennent au squelette de la défunte. Une soixantaine portent un élégant décor sculpté de feuillages, de personnages et d’animaux, de style gréco-romain. On identifie ces tablettes d’os décoré au placage d’une banquette, sur laquelle les riches Romains avaient l’habitude de s’allonger lors des repas. A part l’urne et un tesson de céramique peinte de fabrication locale, la fosse a livré les restes de plusieurs récipients en céramique d’origine méditerranéenne : un gobelet à boire, un fragment d’amphore à vin, et les restes très dégradés par le feu de cinq petites fioles à onguents. Parmi les nombreux restes organiques carbonisés, on note des noyaux de dattes, des pépins de figues, des coquilles de noix et de noisettes. Ces vestiges d’offrandes comprennent donc des denrées exotiques et certainement coûteuses, car seules les noisettes ont une origine locale. On retrouve aussi du hêtre et de l’aulne qui appartiennent sans doute au combustible du bûcher. On note encore de menus objets métalliques, notamment des clous. Les objets de parure en bronze ont pu, comme souvent, avoir fondu sur le bûcher. Aucun de ces objets ne permet de donner pour cette tombe une date plus précise que le Ier 15 siècle avant J.-C. EXPOSITION BIBRACTE 2006 • TRÉSORS DE FEMMES • 9
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