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TAP BIBRACTEFEMME 13-18 17/05/06 10:37 Page 17
La femme protectrice
La place de la femme dans la religion est un des domaines les plus délicats à aborder. Les auteurs de l’Antiquité signalent
l’existence de prêtresses, de prophétesses et de femmes douées d’un pouvoir de divination, dans des régions périphériques
du monde celtique. Ainsi, selon César, dans ces régions, les femmes consultent le sort pour savoir si le moment de
combattre est venu. Pour Tacite, Velléda est une prophétesse douée d’un grand prestige. La reine bretonne Boudicca
consulte les oracles en observant la course d’un lièvre.
Ces témoignages, assez vagues, ne permettent pas d’affirmer qu’il a existé un clergé féminin aussi important que celui
des druides, dont les membres ne sont recrutés que parmi les hommes, au terme d’une longue initiation.
L’archéologie suggère qu’il a existé des rites spécifiquement féminins et l’importance des déesses dans le panthéon
gallo-romain laisse supposer qu’il en est de même à la fin de l’âge du Fer.
Des cultes au féminin ?
L’archéologie religieuse des Celtes a fait un bond en avant considérable avec l’identification
et la fouille de nombreux sanctuaires, depuis trente ans. Sous la forme d’un enclos quadrangulaire
renfermant une ou plusieurs chapelles, il s’agit le plus souvent de sanctuaires à la
vocation guerrière bien affirmée par la présence d’armes, voire de dépouilles de guerriers.
La découverte de Duchcov, en Bohême, est un exemple non controversé de la participation
des femmes à la vie religieuse, sous la forme d’activités rituelles. Des milliers de fibules,
de bracelets et de bagues, typiques de la tenue féminine, ont été déposés dans un chaudron de
bronze et conservés à quelques mètres de profondeur dans une source thermale.
Cette découverte unique doit être mise en parallèle avec celles, plus fréquentes, de traces d’un
culte gallo-romain près des sources. Les sources de la Seine – où était vénérée la déesse éponyme
Séquana – ont livré des centaines de statues grossières de pierre et de bois et des représentations
anatomiques qui témoignent d’un culte populaire à cette déesse aquatique dont on
espérait qu’elle apporterait la guérison.
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40- Personnage féminin (?) vêtu
d’un manteau à capuchon, bois
(copie), I er siècle après J.-C.
Sources de la Seine.
Dijon (France),
Musée archéologique
H. 86 cm.
Des déesses
De la même façon que les Romains ont identifié leurs dieux ancestraux
à ceux des Grecs, la Gaule romaine s’est enrichie des croyances
et des cultes locaux. Cette fusion partielle permet d’identifier, grâce aux
inscriptions et aux statues d’époque romaine, un certain nombre de divinités
d’origine gauloise.
Alors que César ne mentionne qu’une déesse gauloise, qu’il assimile à Minerve,
patronne des arts et des techniques, il existe un grand nombre de divinités galloromaines
féminines. Elles peuvent être réparties en plusieurs groupes :
◗ les divinités guerrières (rares), comme Bodua (« la Victorieuse »)
chez les Eduens, Segeta (« Puissance »), Cathubodua (« Corneille du combat »),
Vercanae (déesses Colère);
◗ les déesses appartenant à un couple : Rosmerta (« la Grande Pourvoyeuse »),
déesse de prospérité associée à Mercure, Sirona avec Apollon Grannus, Nemetona
avec Mars Loucetius, Damona avec Borvo, Bergusia avec Ucuetis…
41 - Déesse-mère, appuyée sur un buste de dieu masculin portant un torque, calcaire, début du I er siècle après J.-C. (?).
Auxerre (France), faubourg Saint-Martin, Musée d'Art et d’Histoire. H. 36 cm.
EXPOSITION BIBRACTE 2006 • TRÉSORS DE FEMMES • 17
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