VUES D’AILLEURS 38 I nouveaux <strong>sta<strong>de</strong>s</strong> : <strong>top</strong> <strong>départ</strong>
LE COLISÉE au temps jadis Bien <strong>de</strong>s siècles après sa construction, le Colisée <strong>de</strong>meure un spectacle hors norme. Rome semble vivre au rythme <strong>de</strong>s rumeurs <strong>de</strong> l’Amphithéâtre Flavien comme si du fond <strong>de</strong>s âges, l’écho <strong>de</strong>s jeux passés parvenait jusqu’à nous. Par Elsa BOULLIC Les restes <strong>de</strong> la structure du Colisée <strong>de</strong>meurent une fierté pour la ville <strong>de</strong> Rome, une cité dont les pavés, les ruelles, les esplana<strong>de</strong>s stupéfiantes abritent les traces <strong>de</strong> l’Antiquité à la manière d’une révélation permanente. C’est l’empereur Vespasien qui est à l’origine <strong>de</strong> cette construction <strong>de</strong> forme elliptique qui fut édifiée <strong>de</strong> 70 ap.JC à 80 ap. JC sur le site du gigantesque palais <strong>de</strong> Néron. Notons que s’il fut “consacré” par ce <strong>de</strong>rnier en 79 ap. JC, c’est son fils, l’Empereur Titus, qui ajouta les troisième et quatrième étages <strong>de</strong> l’Amphithéâtre en 80 ap.JC. Situé au croisement <strong>de</strong>s voies Triomphales et Sacrée, il doit son nom aux restes d’une statue, le Colosse <strong>de</strong> Néron “Colosseum”. Un nom qui lui fut d’ailleurs donné après l’Antiquité. Ce temple pouvait abriter jusqu’à 50 000 spectateurs venus assister à <strong>de</strong>s jeux aux accents sanglants, combats entre gladiateurs ou mise à mort d’animaux. Semblable à nos <strong>sta<strong>de</strong>s</strong> contemporains, le Colisee fut le théâtre <strong>de</strong> scènes d’une violence inouïe. Le peuple puisait là l’énergie et la force capables d’attiser son esprit guerrier. Il ne s’agissait pas <strong>de</strong> remporter une victoire, Rome avait vocation à dominer le mon<strong>de</strong>. Les joueurs perdaient non pas la face, mais la vie. Nous savons que Titus fêta l’agrandissement du sta<strong>de</strong> avec <strong>de</strong>s jeux qui durèrent 100 jours et coûtèrent la vie à plus <strong>de</strong> neuf mille bêtes. Les trouvailles d’aujourd’hui existaient déjà au coeur du Colisée. Alors que les <strong>sta<strong>de</strong>s</strong> mo<strong>de</strong>rnes se dotent <strong>de</strong> toits rétractables, le Colisée bénéficiait d’un velum, immense voile actionné au moyen <strong>de</strong> filins et <strong>de</strong> drisses, qui protégeait les gradins du mauvais temps ou <strong>de</strong> la canicule. En sous-sol, une machinerie complexe assurait le spectacle : <strong>de</strong>s ascenseurs faisaient monter les gladiateurs ou les décors, il existait aussi une installation <strong>de</strong> drainage <strong>de</strong> l’eau. Les spectateurs pouvaient s’engouffrer dans l’arène par plus <strong>de</strong> 80 entrées. Il était possible <strong>de</strong> remplir le Colisée en seulement quinze minutes et <strong>de</strong> le vi<strong>de</strong>r en trois fois moins <strong>de</strong> temps. Chaque siège était numéroté et réparti en sections en fonction du rang social. Après <strong>de</strong> nombreux tremblements <strong>de</strong> terre en l’an 442 et en l’an 508 qui provoquèrent <strong>de</strong> graves dommages, le Colisée fut peu à peu abandonné. L’histoire le vit subir d’autres éboulements jusqu’à sa <strong>de</strong>struction ordonnée au XIe siècle. Laquelle se poursuivit jusqu’au XVIIIe siècle. Il fallut attendre le XIXe pour qu’une restauration commence. Aujourd’hui, le côté nord du mur externe est encore <strong>de</strong>bout qui entoure nombre <strong>de</strong> voûtes splendi<strong>de</strong>s envahies par la foule <strong>de</strong>s touristes et <strong>de</strong>s marchands <strong>de</strong> souvenirs. De sa taille monumentale, plus <strong>de</strong> 49 mètres -quand le Sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> France en compte 46, il ne reste qu’une impression <strong>de</strong> magnificence. Des trois premiers niveaux formés <strong>de</strong> 80 arca<strong>de</strong>s encadrées <strong>de</strong> semi-colonnes à chapiteaux, le tout sur un périmètre <strong>de</strong> 450 mètres, souffle l’esprit d’un mon<strong>de</strong> enfoui, un empire qui avait pour <strong>de</strong>vise : “Tant que le Colisée sera <strong>de</strong>bout, Rome sera <strong>de</strong>bout ; quand le Colisée s’écroulera, Rome s’écroulera ; quand Rome s’écroulera, le mon<strong>de</strong> entier s’écroulera.” nouveaux <strong>sta<strong>de</strong>s</strong> : <strong>top</strong> <strong>départ</strong> I 39