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Un client attendait, impatient, devant la librairie. Mathias remontait Bute Street à pied,<br />
Antoine et Sophie marchaient à sa rencontre ; son meilleur ami ne lui adressa pas le moindre<br />
regard, et entra dans le bistrot d’Yvonne.<br />
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– Qu’est-ce qui s’est passé entre vous deux ? demanda Sophie en reposant sa tasse de<br />
café crème.<br />
– Tu as une moustache !<br />
– Je te remercie, c’est gentil !<br />
Antoine prit sa serviette et essuya les lèvres de Sophie.<br />
– On s’est un peu engueulés ce matin.<br />
– La vie de couple, mon vieux, ça ne peut pas être parfait tous les jours !<br />
– Tu te moques de moi ? demanda Antoine en regardant Sophie qui avait du mal à<br />
contenir son rire.<br />
– Quel était le sujet de votre dispute ?<br />
– Rien, laisse tomber.<br />
– C’est toi qui devrais laisser tomber, si tu voyais la tête que tu fais… Tu ne veux<br />
vraiment pas me dire de quoi il s’agit ? Un conseil de fille ça peut toujours aider, non ?<br />
Antoine regarda son amie et se laissa gagner par le sourire qu’elle affichait maintenant<br />
sans gêne. Il fouilla les poches de sa veste et lui tendit une enveloppe.<br />
– Tiens, j’espère qu’elle te plaira.<br />
– Elles me plaisent toujours.<br />
– Je ne fais que retranscrire ce que tu me demandes d’écrire, reprit Antoine en relisant<br />
son texte.<br />
– Oui, mais tu le fais avec tes mots et, grâce à toi, les miens prennent un sens que je<br />
n’arrive pas à leur donner.<br />
– Tu es sûre que ce type te mérite vraiment ? Parce que je peux te dire une chose, et<br />
ce n’est pas parce que je les écris moi, mais si je recevais des lettres comme ça, quelles que<br />
soient <strong>mes</strong> obligations personnelles ou pr<strong>of</strong>essionnelles, je peux te jurer que je serais déjà<br />
venu t’enlever.<br />
Le regard de Sophie se détourna.<br />
– Ce n’est pas ce que je voulais dire, reprit Antoine désolé, en la prenant dans ses bras.