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des fameuses cabines téléphoniques rouges.<br />
Caméra à l’épaule, Mathias expliqua que la construction de la Power Station de<br />
Battersea avait débuté en 1929 pour s’achever dix années plus tard. Audrey était<br />
impressionnée par les connaissances de Mathias, il lui promit qu’elle aimerait encore plus la<br />
nouvelle destination qu’il avait choisie.<br />
En traversant l’esplanade, il salua le groupe de touristes français qui marchaient dans sa<br />
direction et fit un clin d’œil appuyé au plus âgé d’entre eux. Quelques instants plus tard, un<br />
taxi les emmenait vers la Tate Modem.<br />
Mathias avait fait un très bon choix, c’était la cinquième fois qu’Audrey visitait le musée<br />
qui abritait la plus grande collection d’art moderne en Grande-Bretagne et elle ne s’en<br />
lasserait jamais. Elle en connaissait presque tous les recoins. À l’entrée, le gardien les pria de<br />
déposer leur équipement vidéo au vestiaire. Renonçant pour quelques instants à son<br />
reportage, Audrey prit Mathias par la main et l’entraîna vers les étages. Un escalier<br />
mécanique les emmenait vers l’espace où était exposée une rétrospective de l’œuvre du<br />
photographe canadien Jeff Wall. Audrey se rendit directement dans la salle n°7 et s’arrêta<br />
devant un tirage de près de trois mètres sur quatre.<br />
– Regarde, dit-elle à Mathias, émerveillée.<br />
Sur la photographie monumentale, un homme regardait virevolter au-dessus de sa tête<br />
des feuilles de papier arrachées par le vent aux mains d’un marcheur. Les pages d’un<br />
manuscrit perdu dessinaient la courbe d’une envolée d’oiseaux.<br />
Audrey vit une émotion dans les yeux de Mathias, heureuse de pouvoir partager avec lui<br />
cet instant. Pourtant ce n’était pas la photographie qui le touchait, mais elle, la regardant.<br />
Elle s’était promis de ne pas s’attarder mais quand ils ressortirent du musée, le jour<br />
touchait presque à sa fin. Ils poursuivirent leur chemin, marchant main dans la main le long<br />
du fleuve en direction de la tour Oxo.<br />
*<br />
– Tu restes dîner ? demanda Antoine à la porte de la maison.<br />
– Je suis fatiguée, il est tard, répondit Sophie.<br />
– Toi aussi, tu dois aller à une vente aux enchères de fleurs séchées…<br />
– Si c’est un moyen de ne pas subir ta mauvaise humeur, je peux même aller rouvrir ma<br />
boutique et faire une nocturne.<br />
Antoine baissa les yeux et entra dans le salon.<br />
– Qu’est-ce que tu as ? Tu n’as pas desserré les dents depuis que nous avons quitté le<br />
parc.<br />
– Je peux te demander un service ? chuchota Antoine. Tu veux bien ne pas me laisser<br />
seul avec les enfants ce soir ?