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Secteur énergétique,
questions et enjeux du global au local
PROFESSEUR DE SCIENCES ÉCONOMIQUES À L’UNIVERSITÉ PARIS-DAUPHINE,
OÙ IL DIRIGE LE CENTRE DE GÉOPOLITIQUE DE L’ÉNERGIE ET DES MATIÈRES PREMIÈRES
(CGEMP), JEAN-MARIE CHEVALIER NOUS LIVRE SON POINT DE VUE SUR L’ÉTAT ACTUEL
DU SECTEUR ÉNERGÉTIQUE FRANÇAIS ET SON AVENIR.
L’enjeu
numéro un
en matière
énergétique
est la lutte
contre le
réchauffement
climatique.
“
ren -
contre JEAN-MARIE CHEVALIER, EXPERT DE L’ÉNERGIE
”
Quel bilan faites-vous de
l’ouverture du marché
français de l’énergie?
L’Union européenne a introduit
un processus progressif
d’ouverture du marché
énergétique, mais sur le terrain,
cela progresse lentement.
En France, la libéralisation n’est
pas encore entrée dans les
mœurs, en raison des positions
bien établies des acteurs
dominants et d’interventions
politiques malsaines sur
le plan économique.
Je pense au blocage
des prix qui fausse
la concurrence et
va à l’encontre de
l’évolution naturelle
du marché, puisqu’à
l’avenir, l’énergie
sera plus chère
qu’aujourd’hui.
Cette lenteur est
heureusement
contrebalancée par
une réelle dynamique
européenne. En
témoigne
J.-P. POTEAU
l’adoption du paquet énergieclimat,
qui pose trois objectifs
à l’horizon 2020: + 20 %
d’efficacité énergétique; - 20 %
d’émissions de gaz à effet de
serre; et une part de 20 %
d’énergies renouvelables. Cette
vision responsable et intelligente
de l’avenir devrait avoir une
incidence sur nos structures
énergétiques.
Quels sont les grands enjeux
de demain pour le secteur
énergétique?
L’enjeu numéro un est la lutte
contre le réchauffement
climatique, un des problèmes les
plus fondamentaux de ce siècle.
La communauté internationale a
un très grand effort à faire dans
ce domaine: le climat est devenu
un bien public qu’il faut
apprendre à gérer correctement.
C’est tout l’enjeu de la
conférence de Copenhague, qui
se tiendra fin 2009 et portera sur
les engagements post-2012.
Je me réjouis de constater que
l’administration Obama* a pris
Jean-Marie Chevalier
dirige le CGEMP
depuis 1995.
le sujet à bras-le-corps! Les
solutions au problème passent
par plus d’efficacité énergétique
et plus d’énergies renouvelables.
Toutes les énergies, y compris le
nucléaire, ont leur rôle à jouer
dans le futur système. L’essentiel
est de les combiner de manière
à minimiser les risques.
Quel est votre point de vue sur
l’économie concessionnaire?
La prise de conscience de
l’importance de la problématique
climatique est désormais
générale. Au plan local, cela
pourrait avoir une incidence sur
le système traditionnel des
concessions. Il y a une volonté
de plus en plus marquée des
citoyens de participer activement
au règlement des questions
environnementales. Les
collectivités territoriales
pourraient être amenées à
changer leur conception
concessionnaire, à aller vers
des contrats globaux autour
de la qualité de vie, un peu
sur le modèle de ce qui se fait en
Allemagne, où les municipalités
prennent souvent en charge
– ou délèguent – une partie des
services publics de proximité.
Mais cela prendra du temps.
*NDLR: l’administration Obama consacre
3,3 milliards de dollars aux Smart Grids
dans le cadre de la relance verte.