GHERIEB Aounia - Bibliothèque Centrale Université de Ouargla

Le narrateur compare souvent son corps à celui des animaux comme le
montre le passage suivant :
« Mais le pire, c’est la vodka. Elle m’a donné ce cou
de poulet déplumé qui semble toujours nager dans le
col de mes chemises ; ces yeux brouillés aux paupières
lourdes et sans cils. Ma pomme d’Adam à l’air de
tourner sur elle-même, tel un gros bouton en carton-
pâte amidonnée. Toujours aussi cette allure de vieille
tortue au cou criblé de vagues taches de rousseurs.
Avec ce teint grisâtre, on aurait dit que mon corps était
un tas flasque de choses molles et osseuses à la fois, de
viscères séchés au soleil pendant des siècles et de
muscles ramollis, comme retenus par des épingles à
linges, pour que tout ne s’effondre pas brusquement,
tragiquement 23 »
Le passage est une séquence descriptive qui use de verbes d’état et des
figures de style telle la comparaison et la métaphore.
Cette description du corps du narrateur prouve à quel point ce dernier
déteste son corps. Cette répugnance peut aller jusqu’au désire de
mutilation et de castration dévoilé dans le passage ci-dessous:
« J’étais devenu obsédé par la nécessité de mutiler mon sexe, de
couper une fois pour toutes pour ce qui me sert : autre mode de
suicide. 24 »
On peut déceler ici un complexe de castration qui s’apparente à celui
de L’insolation où le fils Mehdi devient fou à cause d’un viole. La
victime étant une lycéenne de dix sept ans. On l’emmène à l’hôpital
psychiatrique ou il couche avec l’infirmière en la confondant avec sa
mère. Là c’est une autre forme de castration.
23 Rachid Boudjedra, Timimoun, Algérie, éd. ANEP, 2002, p.89
24 Rachid Boudjedra, Timimoun, Algérie, éd. ANEP, 2002, p.92
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