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Histoire(s) - FRAC Basse-Normandie

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<strong>Histoire</strong>(s)<br />

Hervé Leforestier, Thomas Ruff<br />

Thomas RUFF<br />

Né en 1958 à Zell am Hamersbach, vit et travaille à Düsseldorf<br />

Thomas Ruff appartient à une génération d’artistes<br />

formés par Hilla et Bernd Becher à la photographie<br />

objective dans les années 70 et 80 à l’école d’art de<br />

Düsseldorf. Cette démarche se revendique d’une tradition<br />

documentaire élaborée par August Sander au<br />

début du XXe en Allemagne et pratiquée de façon originale<br />

par Walker Evans aux Etats- Unis.<br />

Depuis la fin des années 70, où ses portraits<br />

photographiques le font connaître, Thomas Ruff<br />

développe sous forme de séries divers thèmes, le<br />

portrait, l’habitation, le paysage urbain nocturne.<br />

À ces œuvres souvent qualifiées de « froides et<br />

sèches » s’ajoutent les Zeitungsfoto, photographies<br />

d’images de presse agrandies puis re-cadrées ainsi<br />

que la série des Étoiles réalisées à partir de négatifs<br />

de l’Observatoire austral européen. Tout, dans<br />

la recherche de Thomas Ruff, concourt à produire<br />

des images précises, parfaites, aussi « radicalement<br />

objectives » que possible et à montrer la réalité le<br />

Plakat III, 1997<br />

Papier photographique, plexiglas, bois<br />

260 x 190 cm<br />

Collection Frac <strong>Basse</strong>-<strong>Normandie</strong><br />

plus « machiniquement » selon l’expression du<br />

critique Régis Durand.<br />

Ces différentes séries semblent affirmer l’impossibilité<br />

de la photographie à capturer le réel et le<br />

décalage entre image et réalité. Il crée ainsi toutes<br />

ses photographies qu’il retouche pour qu’elle<br />

correspondent à une image mentale « C’est toujours<br />

comme ça chez moi ; je suis curieux, j’ai<br />

l’idée d’une image, mais je ne la trouve pas parce<br />

qu’elle n’existe pas encore. Il faut donc que je la<br />

fasse moi-même ».<br />

C’est l’image elle-même qui est le sujet de l’artiste.<br />

En traitant les différents types d’images (le portrait,<br />

le paysage, l’image scientifique, l’image de<br />

presse, etc.) il pose la question du discernement<br />

dans un monde saturé de représentations mais<br />

aussi de la manipulation de et par l’image : «Pour<br />

notre génération, le modèle de la photographie<br />

ne se trouve plus dans la réalité, mais dans les<br />

images que nous connaissont de cette réalité»<br />

(propos cités par Matthias Winzen in «Regarder et discerner» in Catalogue<br />

de l’exposition Objectivités - La photographie à Düsseldorf,<br />

Musée d’art moderne de la ville de Paris/Arc. p 270).<br />

Plakat III est un montage de photographies de<br />

presse retouchées par ordinateur. Comme les<br />

autres œuvres monumentales de la série (Plakat<br />

veut dire Affiche) le sujet des Plakat III est inspiré<br />

de l’actualité, ici la réunification de l’Allemagne et<br />

le retour de Berlin comme capitale politique du<br />

pays, en 1991.<br />

Thomas Ruff s’inspire formellement des collages de<br />

Hearfield qui dénonçait la montée du fascisme entre<br />

les deux guerres. Le photomontage, en plus d’être<br />

le procédé emblématique de l’art du XXe siècle,<br />

est un moyen pour l’artiste de décrypter et de dé<br />

construire les images produites par la presse et<br />

des médias face à l’actualité, qu’il associe par le<br />

format monumentale à l’imagerie simpliste de la<br />

propagande. Ces collages monumentaux interrogent<br />

également le potentiel artistique et politique<br />

du photomontage aujourd’hui.

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