la macoUtisation dE l'Etat par martElly - Haiti Liberte
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Vol. 5, No. 32 • Du 22 au 28 Février 2012 <strong>Haiti</strong> 20 gdes/ USA $1.50/ France 2 euros/ Canada $2.00<br />
HAÏTI LIBERTÉ<br />
JUSTICE • VÉRITÉ • INDÉPENDANCE<br />
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Entèvyou<br />
Maryse Narcisse<br />
ak<br />
Jounal Ayiti<br />
Libète<br />
Page 3<br />
UEH : Vandalisme des<br />
casseurs de Martelly<br />
Voir page 11<br />
Double<br />
nationalité :<br />
Martelly et<br />
Conille dos à<br />
dos<br />
Page 7<br />
Selon les étudiants, l’incident a été provoqué <strong>par</strong> le président Martelly qui a voulu pénétrer l’enceinte de <strong>la</strong><br />
Faculté avec des hommes armés, alors que se tenait encore un colloque international dans l’établissement.<br />
Un vétéran de<br />
<strong>la</strong> diplomatie<br />
US met en<br />
question<br />
<strong>la</strong> version<br />
officielle des<br />
évènements en<br />
Syrie !<br />
Page 12<br />
La Macoutisation de<br />
l’Etat <strong>par</strong> Martelly<br />
Voir page 4<br />
Godwork Noël et Michel Martelly, plusieurs ex-policiers dont Godwork Noël, Jacky Nau, Gilbert Dragon, Carel Alexandre et Will<br />
Dimanche, renvoyés de l'institution policière, ont intégré le service de sécurité de Martelly<br />
Monsanto, un<br />
demi-siècle<br />
de scandales<br />
sanitaires<br />
Page 17
Editorial<br />
HAITI<br />
Liberté<br />
La politique provocatrice de Martelly !<br />
Par Berthony Dupont<br />
Dans <strong>la</strong> semaine qui vient de s’écouler, le pays tout entier<br />
a été le théâtre d’une douloureuse f<strong>la</strong>mbée de violence.<br />
Pour qui ont suivi avec attention les épisodes dévergondés et<br />
les agissements du chef de l’Etat, à <strong>la</strong> Primature ou à l’aéroport<br />
au cours de sa conférence de presse lorsqu’il a « tuipé » un<br />
journaliste, ajouté à <strong>la</strong> liste de ses actions peu glorieuses, le<br />
comportement répressif des services spéciaux de <strong>la</strong> présidence<br />
à l’égard des étudiants de <strong>la</strong> Faculté d’ethnologie constitue <strong>la</strong><br />
goutte d’eau qui a fait renverser le vase.<br />
C’est à <strong>la</strong> manière foudroyante d’un séisme, que, en<br />
quelques brèves secondes, <strong>la</strong> Faculté a été mise à sac sous l’œil<br />
approbateur du président de <strong>la</strong> République, celui qui se déc<strong>la</strong>re<br />
tout feu tout f<strong>la</strong>mme en faveur de l’éducation.<br />
Mais qui aurait imaginé un Chef d’Etat se mettre à <strong>la</strong> tête<br />
d’une bande carnavalesque, scandant des propos scandaleux et<br />
grivois du genre :« Martelly, le pays vous ap<strong>par</strong>tient, montrez<br />
vos fesses comme bon vous semble… Micky n’a peur de rien »<br />
? Un chef d’Etat venu perturber un colloque international dans<br />
l’enceinte d’une faculté ? Comment dans ces conditions peut-on<br />
accepter les faits sans réagir et ne pas condamner un régime qui<br />
refuse <strong>la</strong> liberté à son propre peuple, qui dénie à ses concitoyens<br />
les droits les plus élémentaires et même qui n’hésite pas à<br />
s’accommoder d’intenses tirs à l’arme automatique visant des<br />
étudiants dans leur université ?<br />
Ajoutant le comble à leur violence, les bourreaux de <strong>la</strong> présidence<br />
ont pu trouver une c<strong>la</strong>sse d’hommes pour prendre leur<br />
défense. Même <strong>la</strong> note de presse de <strong>la</strong> présidence intitulée «<br />
Agression contre le Cortège Présidentiel » publiée en <strong>la</strong> circonstance<br />
le jour même est truffée de mensonges. Lisez plutôt « Le<br />
Bureau de Communication de <strong>la</strong> Présidence informe <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />
en général et <strong>la</strong> presse en <strong>par</strong>ticulier que peu après 3 :00<br />
p.m., ce 17 février 2012, des fauteurs de trouble, réfugiés dans<br />
l’enceinte de <strong>la</strong> Faculté d’Ethnologie, ont agressé le cortège du<br />
Président de <strong>la</strong> République qui <strong>par</strong>courait l’aire du Champs de<br />
Mars à pied accompagné de bandes carnavalesques ». MEN-<br />
SONGE !<br />
Ces déc<strong>la</strong>rations dont l’agressivité nous rappelle désagréablement<br />
des temps que nous croyions à jamais révolus, semblent<br />
pour le moins présentement vouloir faire passer les bourreaux<br />
pour les victimes. Sommes nous revenus au temps de ces<br />
chefs qui se permettaient toutes les insolences et violences?<br />
La réaction des universitaires explique que le peuple n’est<br />
plus d’humeur à retourner à <strong>la</strong> merci de chefs, patrons, gens<br />
riches et puissants qui pouvaient tout se permettre. Il ne saurait<br />
rester seul, désarmé, sans recours, abandonné, sans droits. Il<br />
nous faut élever <strong>la</strong> voix pour dénoncer cette dictature en gestation.<br />
La société ne peut pas rester indifférente encore moins le<br />
4 ème pouvoir. Nous ne pouvons pas oublier que nous sommes<br />
des hommes et des femmes de caractère ; nous ne devons pas<br />
nous <strong>la</strong>isser traiter comme du bétail. Si d’aventure on veut nous<br />
forcer à danser à une cadence impossible, il faut qu’on nous le<br />
dise haut et fort.<br />
Etait-ce le président qui était venu à l’enceinte de l’université<br />
interrompre les universitaires dans leur réflexion ou les étudiants<br />
qui étaient passés au Pa<strong>la</strong>is National nuire le président<br />
dans son travail ? Il faut en toute logique rétablir <strong>la</strong> vérité !<br />
Y-avait-il un programme de carnaval à <strong>la</strong> Faculté ? Si non,<br />
comment se fait il que le président accompagné de bandes<br />
carnavalesques ait voulu y pénétrer ? Et pour aller faire quoi<br />
? N’était-ce pas une provocation bien orchestrée ? En plus<br />
de cette provocation, <strong>la</strong> volonté de ce gouvernement de tout<br />
chambarder s’accroît sans cesse, jusqu’à atteindre cet effroyable<br />
niveau d’horreur retrouvé dans l’agression que venaient<br />
de subir les étudiants.<br />
Cette action de <strong>la</strong> présidence ne nous a pas étonnés,<br />
puisque nous savions déjà avec qui nous avons affaire. Aussi,<br />
lors des dernières campagnes électorales, dans les colonnes de<br />
ce journal, nous avions dénoncé <strong>la</strong> <strong>par</strong>ticipation de Martelly en<br />
tant que candidat à <strong>la</strong> présidence. C’était du fait de savoir qu’il<br />
ne pouvait pas donner ce qu’il n’a pas.<br />
Sommes nous revenus au temps de <strong>la</strong> dictature duvaliériste<br />
? A-t-on déjà peur de <strong>par</strong>ler ? Puisqu’il n’y a eu aucune réaction<br />
de principe après cet acte arbitraire de <strong>la</strong> présidence. Le<br />
Recteur de l’Université d’Etat d’<strong>Haiti</strong>, Mr. Jean Vernet Henry a-<br />
t-il peur, vu qu’il n’a fait qu’une déc<strong>la</strong>ration al<strong>la</strong>nt dans le sens<br />
du pouvoir. Bref, il ne pouvait même pas défendre ses propres<br />
étudiants « C’est un incident qui est vraiment malheureux,<br />
c’est vrai que nous n’avons pas encore toutes les informations<br />
réelles, [...] mais de toute façon, il n’est pas normal d’envoyer<br />
des roches sur le cortège du Président » a-t-il déc<strong>la</strong>ré.<br />
Mais est-ce pour équilibrer ses déc<strong>la</strong>rations favorables au<br />
pouvoir que le Recteur a également souligné que: « je pense<br />
également, qu’il y a des rapports institutionnels [...] vu que<br />
le Président se rendait à <strong>la</strong> Faculté d’Ethnologie, il devait<br />
l’annoncer au décanat de <strong>la</strong> Faculté et à ce moment-là, il y<br />
aurait eu des mesures qui auraient été prises pour le recevoir<br />
correctement…[...] c’est un incident sans nom, je suis très<br />
gêné d’une chose comme ça <strong>par</strong>ce que j’ai été obligé à un certain<br />
moment de faire appel à <strong>la</strong> Croix Rouge, pour être capable<br />
d’évacuer les personnes [...] Je pense que l’incident qui s’est<br />
produit n’est pas normal [...] c’est une mauvaise façon de<br />
faire [...] toute <strong>la</strong> casse qui a été faite... des personnes qui<br />
envahissent l’enceinte de <strong>la</strong> faculté et cassent tout [...] déjà<br />
que nous n’avons pas de moyens et que nous constatons des<br />
pertes de ce genre... je suis vraiment consterné <strong>par</strong> ce qui s’est<br />
passé...»<br />
Mais qui donc a été responsable de tout ce bazar de violence,<br />
Mr. Le Recteur, les étudiants ou le président de <strong>la</strong> République<br />
?<br />
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Rédaction<br />
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CORRESPONDANTS<br />
EN HAITI<br />
Wadner Pierre<br />
Jean Ristil<br />
Col<strong>la</strong>borateurs<br />
Marie-Célie Agnant<br />
J. Fatal Piard<br />
Catherine Charlemagne<br />
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2<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times
A travers <strong>Haiti</strong><br />
Susan Rice p<strong>la</strong>ide pour le maintien<br />
de <strong>la</strong> MINUSTAH<br />
Par Jackson Rateau<br />
Le jeudi 16 février dernier, lors du<br />
dé<strong>par</strong>t des membres du conseil<br />
de sécurité des Nations Unies qui ont<br />
passé 3 jours en Haïti, dans le cadre<br />
d’une visite d’évaluation du mandat<br />
de <strong>la</strong> MINUSTAH, une centaine de personnes<br />
ont déferlé devant les locaux<br />
de l’Aéroport Toussaint Louverture à<br />
Port-Au-Prince pour manifester contre<br />
<strong>la</strong> présence de <strong>la</strong> force d’occupation<br />
onusienne dans le pays.<br />
Selon les mainfestants qui ont<br />
brandi des pancartes anti MINUSTAH,<br />
les membres du conseil de sécurité de<br />
l’ONU doivent se faire accompagner<br />
<strong>par</strong> leur force de malédiction qui a<br />
causé tant de privations à notre peuple<br />
dont l’épidémie de choléra, le viol de<br />
nos jeunes des deux sexes, <strong>la</strong> torture,<br />
le massacre et un cas de pendaison de<br />
nos concitoyens. Ils ont scandé des<br />
slogans, réc<strong>la</strong>mant Justice et ré<strong>par</strong>ation<br />
pour les victimes du choléra et les<br />
jeunes victimes de viol <strong>par</strong> les agents de<br />
<strong>la</strong> mission. « Nous demandons justice<br />
pour Johnny Jean et Roody Jean, victimes<br />
de viol de <strong>la</strong> <strong>par</strong>t des soldats de <strong>la</strong><br />
MINUSTAH. Nouus demandons aussi<br />
justice pour les milliers de familles, victimes<br />
du choléra », a déc<strong>la</strong>ré un manifestant.<br />
Un autre manifestant, déterminé<br />
à combattre jusqu’au bout cette force<br />
de <strong>la</strong> honte qui domine notre pays a<br />
ainsi affirmé : « Nous n’avons pas be-<br />
Au micro Suzan Rice l’ambassadeure des Etats-Unis à l’ONU, lors du<br />
dé<strong>par</strong>t d’Haïti des membres du conseil de sécurité des Nations Unies<br />
Unis comme un seul homme, les manifestants ont tous déc<strong>la</strong>ré : « Nous<br />
continuons cette manifestation jusqu’à ce que justice soit faite » aux<br />
victimes de <strong>la</strong> force d’occupation<br />
Un navire de marines US<br />
dans <strong>la</strong> rade du Cap-Haïtien<br />
soin de <strong>la</strong> MINUSTAH. C’est une force<br />
qui viole et qui donne des ma<strong>la</strong>dies<br />
comme le choléra au peuple haïtien.<br />
Nous demandons au conseil de sécurité<br />
de débarrasser le pays de cette mission<br />
criminelle».<br />
Unis comme un seul homme,<br />
les manifestants ont tous déc<strong>la</strong>ré : «<br />
Nous continuons cette manifestation<br />
jusqu’à ce que justice soit faite ». Susan<br />
Le navire HSV2 SWIFT qui est<br />
en Haïti, <strong>la</strong> dernière étape de son<br />
itinéraire, dans le cadre d’une<br />
mission humanitaire de 3 semaines,<br />
a déjà visité le Salvador, le Panama,<br />
le Pérou et le Guatéma<strong>la</strong><br />
Le mercredi 15 février dernier, un<br />
navire de <strong>la</strong> marine américaine du<br />
nom de HSV2 SWIFT a jeté l’ancre<br />
dans <strong>la</strong> rade du Cap-Haïtien. Selon<br />
les représentants du gouvernement<br />
des Etats Unis en Haïti, l’arrivée<br />
de ce bateau correspond à une dynamique<br />
de franche col<strong>la</strong>boration entre<br />
les autorités américaines et haïtiennes<br />
dans le cadre de <strong>la</strong> mission du<br />
commandement Sud des Etats Unis<br />
dénommé « Partnership Station 2012<br />
SPS 12 ». Le navire HSV2 SWIFT qui<br />
est en Haïti, <strong>la</strong> dernière étape de son<br />
itinéraire, dans le cadre d’une mission<br />
humanitaire de 3 semaines, a<br />
déjà visité le Salvador, le Panama, le<br />
Pérou et le Guatéma<strong>la</strong>.<br />
Le lendemain de son stationnement<br />
(16 février 2012), il a<br />
débarqué des matériels médicaux<br />
et humanitaires, l’équiva<strong>la</strong>nt de 4<br />
millions de dol<strong>la</strong>rs US. Ces matériels<br />
qui ont été envoyés <strong>par</strong> le programme<br />
de <strong>la</strong> marine américaine du<br />
nom de « Project Handc<strong>la</strong>sp » seront<br />
distribués à certaines ONG, des institutions<br />
médicales et aux écoles des<br />
communes de Mireba<strong>la</strong>is et du Cap-<br />
Haïtien.<br />
Mais, deux segments de <strong>la</strong><br />
mission du navire considérés comme<br />
suspicieux pour plus d’un, sont<br />
: l’organisation d’une session de<br />
formation pour l’unité de <strong>la</strong> garde<br />
côtière de <strong>la</strong> PNH et l’appui au projet<br />
du <strong>par</strong>c industriel de Caracol.<br />
Ce vaisseau de marines US fort<br />
d’un personnel de 90 marines à bord,<br />
est arrivé en Haïti à un moment où<br />
<strong>la</strong> situation du pays est très troublée.<br />
Rice pour sa <strong>par</strong>t, vou<strong>la</strong>nt faire passer<br />
le message de son gouvernement au<br />
peuple haitien, a fait cette déc<strong>la</strong>ration<br />
:« Nous sommes conscients que certaines<br />
personnes veulent le dé<strong>par</strong>t de<br />
<strong>la</strong> MINUSTAH, cependant, je dois dire<br />
que beaucoup d’autres personnes à Miragoâne,<br />
à Léogâne et à Port-Au-Prince<br />
pensent que <strong>la</strong> MINUSTAH continue de<br />
faire ce travail important ».<br />
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Vol. 5, No. 32 • Du 22 au 28 Février 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 3
La Macoutisation de l’Etat <strong>par</strong> Martelly<br />
Par Kim Ives<br />
...Pendant ces derniers mois,<br />
tandis que les manchettes pointaient<br />
ailleurs, le président haïtien Michel<br />
Martelly discrètement était en train de<br />
ressusciter l’ap<strong>par</strong>eil de renseignements<br />
et de sécurité qui existait pendant le régime<br />
militaire néo-duvaliériste en Haïti<br />
(1986-90) et qui a servi à encadrer les<br />
coups d’Etat de 1991-94 et de 2004-<br />
06.<br />
Martelly a p<strong>la</strong>cé à des postes clés<br />
de <strong>la</strong> sécurité des anciens officiers de<br />
l’armée haïtienne, des policiers, et des<br />
<strong>par</strong>amilitaires des escadrons de <strong>la</strong> mort,<br />
dont un grand nombre faisaient <strong>par</strong>ti de<br />
<strong>la</strong> petite force «rebelle» qui a été à <strong>la</strong> tête<br />
du coup d’État du 29 février 2004.<br />
Pendant ce temps, des anciens<br />
soldats, et des aspirants, qui ont suivi<br />
une formation dans à peu près dix différents<br />
camps militaires autour d’Haïti,<br />
ont commencé à se révolter <strong>la</strong> semaine<br />
dernière pour exiger que l’armée haïtienne<br />
soit officiellement rétablie, ce<br />
qui était une promesse de campagne de<br />
Martelly.<br />
Il existe également des rapports<br />
crédibles selon lesquels Martelly rassemble<br />
à Miami une « équipe de tueurs<br />
» militarisée, dirigée et montée <strong>par</strong> des<br />
Américains d’origine haïtienne qui ont<br />
servi dans l’armée américaine. Une<br />
source bien p<strong>la</strong>cée a dévoilé à Haïti<br />
Liberté que les soldats américains d’origine<br />
haïtienne cibleront certains sénateurs<br />
qui sont très critiques du président.<br />
Un des développements le plus<br />
inquiétant est <strong>la</strong> restauration <strong>par</strong> Martelly<br />
du Service d’intelligence nationale<br />
(SIN), qui avait été une unité<br />
d’espionnage des Forces armées d’Haïti<br />
(FAD’H) créée et financée <strong>par</strong> <strong>la</strong> CIA en<br />
1986 sous <strong>la</strong> junte militaire des généraux<br />
Henri Namphy et Williams Rega<strong>la</strong>.<br />
L’unité, bien que formée soi-disant pour<br />
<strong>la</strong> lutte contre les stupéfiants, s’est «<br />
engagée dans le trafic de drogue et <strong>la</strong><br />
violence politique », a écrit à Kathleen<br />
Marie Whitney dans son long article de<br />
1996 « SIN, le FRAPH, et <strong>la</strong> CIA: les<br />
activités c<strong>la</strong>ndestines des Etats-Unis<br />
en Haïti » <strong>par</strong>u dans le Southwestern<br />
Journal of Law and Trade in the Americas.<br />
« Toutefois, <strong>la</strong> CIA a continué de<br />
donner jusqu’à 1 million de dol<strong>la</strong>rs <strong>par</strong><br />
an pour le SIN, responsable de l’utilisation<br />
de leur formation <strong>par</strong> <strong>la</strong> CIA pour<br />
espionner les <strong>par</strong>tisans de [l’ancien président<br />
Jean-Bertrand] Aristide et pour le<br />
meurtre de jusqu’à 5.000 membres des<br />
mouvements démocratiques de 1986 à<br />
1991. »<br />
« L’unité a évolué pour devenir<br />
un instrument de terreur politique<br />
dont les officiers à des moments sont<br />
engagés dans le trafic de drogue, disent<br />
les responsables américains et haïtiens<br />
» écrivait Tim Weiner dans le New York<br />
Times du 14 novembre 1993.<br />
Le SIN a été dirigé <strong>par</strong> le colonel<br />
Joseph Baguidy, Jr., qui, en 1987<br />
a conduit les soldats qui ont abattu le<br />
Godwork Noël<br />
militant pour <strong>la</strong> démocratie Yves Volel<br />
alors que seul, il tenait paisiblement<br />
une protestation devant le siège de <strong>la</strong><br />
police de Port-au-Prince, avec en main<br />
<strong>la</strong> Constitution haïtienne.<br />
Le SIN a finalement été dissous<br />
en 1996 <strong>par</strong> l›ancien président René<br />
Préval.<br />
Voici que, Joseph Baguidy, Jr.<br />
est de retour aujourd›hui en tant que<br />
membre de premier p<strong>la</strong>n du SIN nouvellement<br />
rétabli <strong>par</strong> Martelly. Baguidy<br />
a été l›un des fondateurs et dirigeants<br />
d›origine des « rebelles » basés en<br />
République dominicaine durant le second<br />
mandat d›Aristide, selon ce que<br />
des nouveaux câbles de l’Ambassade<br />
américaine de <strong>la</strong> période révèlent. Les<br />
câbles, obtenus en vertu de <strong>la</strong> loi re<strong>la</strong>tive<br />
à <strong>la</strong> Liberté d›accès à l›information,<br />
sont présentés dans le nouveau livre «<br />
Le <strong>par</strong>amilitarisme et l›assaut sur <strong>la</strong> démocratie<br />
en Haïti » <strong>par</strong> Jeb Sprague, qui<br />
devrait être publié plus tard cette année<br />
<strong>par</strong> Monthly Review Press.<br />
Le nouveau SIN est dirigé <strong>par</strong> un<br />
autre ancien colonel de <strong>la</strong> FAd›H, Irvin<br />
Méhu, alias « Ti Méhu », qui a joué un<br />
rôle important dans le coup d›État de<br />
1991 contre Aristide. Dans un jugement<br />
rendu le 15 septembre 2003, le<br />
juge Jean Sénat Fleury avait inculpé<br />
Méhu ainsi que deux autres officiers<br />
des FAd›H – Jackson Joanis et Hérold<br />
Cloiseau – comme « auteurs matériels<br />
» dans l›assassinat du Père Vincent <strong>par</strong><br />
embuscade devant son domicile à Portau-Prince.<br />
Mais près de deux ans plus<br />
tard, une cour d›appel rejetait les accusations<br />
portées contre Joanis (bien que<br />
les juges n’aient jamais nommé Méhu<br />
dans leur jugement) et le dossier pour<br />
prouver le rôle de Méhu dans l’assassinat<br />
du Père Vincent n’a eu aucune suite.<br />
Le Réseau National de Défense<br />
des Droits humains (RNDDH) a<br />
condamné « l’incohérence des juges »<br />
qui ont rejeté le dossier dans un rapport<br />
du 6 Juillet 2005 intitulé « Le Père Jean-<br />
Marie Vincent assassiné une deuxième<br />
fois. »<br />
La décision de <strong>la</strong> Cour d›appel<br />
« constitue un témoignage éloquent<br />
du manque de sérieux qui caractérise<br />
le traitement des dossiers criminels<br />
au niveau de <strong>la</strong> justice », a écrit le<br />
RNDDH. « Le système étale au grand<br />
Jacky Nau<br />
jour son inefficacité et son inefficience.<br />
L›Ordonnance du Juge Sénat FLEURY<br />
renvoyant <strong>par</strong> devant le Tribunal Criminel...<br />
[et] neuf années d›enquêtes réalisées<br />
<strong>par</strong> quatre Juges d›Instruction ont<br />
été réduites à néant <strong>par</strong> le seul fait que<br />
le Greffier n›a pas signé l›Ordonnance<br />
de Clôture. Quelle Justice ! »<br />
La clé du torpil<strong>la</strong>ge du dossier,<br />
d’après le RNDDH, était dans « les<br />
déc<strong>la</strong>rations contradictoires de Youri<br />
LATORTUE », alors un officier de police.<br />
Latortue a bénéficié d’immunité contre<br />
toute poursuite conférée <strong>par</strong> le Tribunal,<br />
pour être un témoin dans l›affaire, mais<br />
il aurait dû être <strong>par</strong>mi les accusés. « En<br />
quoi [ Latortue] a-t-il aidé vraiment le<br />
tribunal puisqu›aucune lumière n›avait<br />
été faite sur le crime ? » a demandé le<br />
rapport du RNDDH. « Quelle disposition<br />
de loi donne compétence au tribunal<br />
pour p<strong>la</strong>cer un témoin au-dessus de<br />
tout soupçon ? Un témoin qui a menti<br />
en plus ! »<br />
La formation d›un service de<br />
renseignement haïtien pour espionner<br />
le mouvement pour <strong>la</strong> démocratie en<br />
Haïti dans les écoles et dans les rues<br />
a été comme un sérieux projet pour<br />
Youri Latortue, qui est maintenant un<br />
puissant sénateur et peut-être le plus<br />
proche allié du président Martelly au<br />
sein du Parlement haïtien. Latortue est<br />
également accusé <strong>par</strong> un témoin d›avoir<br />
mené l’escadron de <strong>la</strong> mort qui a tué le<br />
Père Vincent. Dans les câbles secrets<br />
de l›ambassade américaine fournis <strong>par</strong><br />
l’organisation Wikileaks à Haïti Liberté,<br />
Latortue a été décrit comme un « Mafieux...<br />
vendeur de drogue... Champion<br />
de corruption politique », et « le plus<br />
effrontément corrompu des leaders<br />
politiques haïtiens » (voir Haïti Liberté,<br />
Vol.4, n ° 50, le 29 juin 2011).<br />
Dans un autre câble secret du 6<br />
Juillet 2005, le chargé d›affaires américain<br />
Doug<strong>la</strong>s M. Griffiths a indiqué<br />
que « les rumeurs vont bon train que<br />
le IGOH [gouvernement provisoire<br />
d›Haïti] (et plus <strong>par</strong>ticulièrement Youri<br />
Latortue) est en train de mettre sur pied<br />
une “cellule de renseignement” au sein<br />
du mouvement étudiant à des fins politiques.<br />
»<br />
Pendant ce temps, Martelly a<br />
réintégré d’anciens soldats et chefs de<br />
police comme Godwork «Gogo» Noël<br />
et Jackie Nau dans des positions clés<br />
de sécurité, selon un ancien membre<br />
de sécurité de haut rang, source qui<br />
requiert l›anonymat. Noël et Nau sont<br />
de proches col<strong>la</strong>borateurs de l›ancien<br />
soldat / chef policier Guy Philippe, qui<br />
finalement a été à <strong>la</strong> tête des forces «rebelles»<br />
du putsch de 2004. Tous les trois<br />
hommes faisaient <strong>par</strong>tie d›un groupe officiers<br />
de l›armée haïtienne connu sous<br />
le nom « les Equatoriens, » <strong>par</strong>ce qu›ils<br />
ont été formés durant le coup d›Etat de<br />
1991 à 1994 en Equateur <strong>par</strong> des forces<br />
spéciales américaines et équatoriennes.<br />
Le coup d›Etat terminé en 1994, ils sont<br />
retournés en Haïti et ont été nommés<br />
chefs de police, seulement pour s›enfuir<br />
d›Haïti en Novembre 2000, lorsqu’ils<br />
furent découverts en train de comploter<br />
un coup d›Etat contre l›ancien président<br />
haïtien René Préval.<br />
L›année dernière, Martelly a<br />
cherché à intégrer Noël et Nau dans <strong>la</strong><br />
Police nationale haïtienne (PNH) à nouveau,<br />
selon notre source. Toutefois, le<br />
directeur de <strong>la</strong> PNH Mario Andrésol s›y<br />
est opposé, et aux deux hommes a été<br />
assignée <strong>la</strong> fonction de « conseillers »<br />
à l’Unité Spéciale de Sécurité Générale<br />
du Pa<strong>la</strong>is National (USGPN). Jackie Nau<br />
est également chef de <strong>la</strong> sécurité pour le<br />
Parlement haïtien.<br />
Bien que Noël et Nau ne sont<br />
que des « conseillers », ils sont en fait<br />
les commandants effectifs de l›USGPN.<br />
« L’USGPN, bien que techniquement<br />
faisant <strong>par</strong>ti de <strong>la</strong> police, est sous le<br />
commandement direct du président, »<br />
explique notre source. « Il est simi<strong>la</strong>ire<br />
au cas de [l›ancien agent de l›Institut<br />
international républicain (IRI) qui a joué<br />
un rôle clé dans le coup d›état de 2004]<br />
Stanley Lucas à l›ambassade d›Haïti<br />
à Washington, DC. Le Dé<strong>par</strong>tement<br />
d›Etat américain a rejeté sa désignation<br />
comme ambassadeur, alors que Martelly<br />
l’a envoyé à Washington en tant<br />
que conseiller présidentiel. Mais Lucas<br />
a pris <strong>la</strong> direction de l›ambassade des<br />
mains du chargé d’affaires désigné <strong>par</strong><br />
le ministère des Affaires étrangères et<br />
agit comme ambassadeur de facto. C›est<br />
<strong>la</strong> même situation de Noël et Nau dans<br />
le USGPN. Ils sont tous de factos. »<br />
Pendant ce temps, « les anciens<br />
et prétendus nouveaux militaires des<br />
Forces Armées dissoutes commencent à<br />
perdre patience, en voyant marquer le<br />
pas sur p<strong>la</strong>ce le projet de remobilisation<br />
de l’armée, tel que promis <strong>par</strong> le chef<br />
de l’Etat quand il était en campagne »,<br />
a rapporté l›Agence haïtienne de Presse<br />
le 8 février. « Le sénateur Francisco De<strong>la</strong>cruz<br />
[P<strong>la</strong>teau Central] a signalé également<br />
que des anciens soldats avec leurs<br />
armes ont également repris leur base à<br />
Cerca-<strong>la</strong>-source », dans le P<strong>la</strong>teau Central<br />
d›Haïti.<br />
Le lendemain, « le Ministre de<br />
l’Intérieur, des Collectivités Territoriales<br />
et de <strong>la</strong> Défense Nationale, Me Thierry<br />
MAYARD-PAUL, invitait les militaires<br />
démobilisés ayant investi les camps de<br />
formation de Carrefour et du P<strong>la</strong>teau<br />
central à garder leur calme et à rentrer<br />
chez eux », a signalé l’AHP. « “Le<br />
gouvernement n’a autorisé personne à<br />
investir ces espaces”, a-t-il déc<strong>la</strong>ré ».<br />
Pendant ce temps, le député<br />
Emmanuel Fritz Gerald Bourjolly, viceprésident<br />
de <strong>la</strong> Commission de Justice<br />
et de <strong>la</strong> Sécurité publique, a déc<strong>la</strong>ré que<br />
« nous ne sommes pas d’accord qu’au<br />
nom des soldats démobilisés un groupe<br />
de personnes puisse déambuler armé<br />
dans les rues, tirer, mettre les gens dans<br />
un climat d›insécurité et créer un climat<br />
de terreur », ajoutant que <strong>la</strong> police doit «<br />
arrêter tous ceux qui sont dans les rues<br />
portant des armes illégales ».<br />
Mais davantage d›armes illégales<br />
peuvent arriver en Haïti prochainement.<br />
Une source bien p<strong>la</strong>cée nous dit qu›un<br />
groupe hautement entraîné de vétérans<br />
de guerre américains d›origine haïtienne<br />
arrivera de Miami en Haïti avec<br />
<strong>la</strong> tâche de « neutraliser » les critiques<br />
bien connus du président Martelly. Haïti<br />
Liberté a été incapable de confirmer le<br />
rapport, mais notre source s’est révélée<br />
digne de foi dans le passé.<br />
Le principal obstacle pour rendre<br />
ce nouvel ap<strong>par</strong>eil répressif pleinement<br />
opérationnel, c›est l›argent. « Méhu<br />
se p<strong>la</strong>int qu›il est prêt à se rendre au<br />
travail, mais n›a pas les moyens de le<br />
faire, » rapporte notre source. Méhu a<br />
été un chef de file des anciens soldats,<br />
depuis le coup d›État du 29 Février<br />
2004. Dans une réunion tenue dans <strong>la</strong><br />
ville de Mireba<strong>la</strong>is dans le P<strong>la</strong>teau central<br />
le 25 décembre 2004, « un groupe<br />
d’anciens militaires basé dans le Bas<br />
P<strong>la</strong>teau Central réc<strong>la</strong>me <strong>la</strong> mise sur pied<br />
d’une force spéciale ou force de sécurité<br />
intérimaire », qui serait dirigée <strong>par</strong> «<br />
<strong>la</strong> commission nationale de sécurité ou<br />
encore le nouvel Etat Major », selon <strong>la</strong><br />
Radio Métropole. Parmi les anciens officiers<br />
des FAd›H les soldats ont proposé<br />
pour « nouvel Etat Major »: l›ex-colonel<br />
Irvin Méhu.<br />
En Juin 2011, le RNDDH a envoyé<br />
une lettre ouverte au Président<br />
Martelly lui signa<strong>la</strong>nt <strong>la</strong> présence de «<br />
plusieurs ex-policiers à <strong>la</strong> moralité douteuse<br />
» dans son entourage. « Plusieurs<br />
ex-policiers dont Godwork Noël, Jacky<br />
Nau, Gilbert Dragon, Carel Alexandre et<br />
Will Dimanche, renvoyés de l›institution<br />
policière, ont intégré votre service de<br />
sécurité alors qu›il pèse sur eux de sérieux<br />
doutes quant à leur implication<br />
présumée dans le trafic illicite de stupéfiants,<br />
<strong>la</strong> vio<strong>la</strong>tion des droits humains<br />
et autres actes répréhensibles », a écrit<br />
le RNDDH.<br />
Méhu, Baguidy, Latortue, Noël<br />
et Nau ne sont que quelques-uns des<br />
visages de premier p<strong>la</strong>n de <strong>la</strong> nouvelle<br />
machine répressive potentielle que le<br />
Président Martelly met en p<strong>la</strong>ce. Il y a<br />
beaucoup de soldats moins connus et<br />
des voyous en cours d›intégration et<br />
de mobilisation aussi. Est-ce <strong>la</strong> restauration<br />
d›un nouveau corps de <strong>la</strong> terreur<br />
et de <strong>la</strong> répression, com<strong>par</strong>able aux<br />
infâmes Volontaires pour <strong>la</strong> sécurité<br />
nationale (VSN), mieux connu comme<br />
Tontons Macoutes?<br />
HAÏTI EN ONDES &<br />
SÉRUM VÉRITÉ<br />
Tous les dimanches de 2 h à 4 h p.m.<br />
Deux heures d’information et d’analyse<br />
politiques animées <strong>par</strong> des journalistes<br />
chevronnés haïtiens à <strong>la</strong> pointe de<br />
l’actualité tels:<br />
Jean Elie Th. Pierre-Louis, Guy Dorvil,<br />
Dorsainvil Bewit, C<strong>la</strong>udy Jean-Jacques,<br />
Jean Laurent Nelson, et pour Haïti<br />
Liberté, Kim Ives.<br />
En direct avec Bénédict Gilot depuis Haïti.<br />
Soyez à l’écoute sur Radyo Panou &<br />
Radyo Inite.<br />
RENCONTRE<br />
DE RÉFLEXION<br />
Dans l’objectif d’une réflexion<br />
profonde sur <strong>la</strong> conjoncture<br />
politique actuelle de notre pays,<br />
le Mouvement Progressiste<br />
pour le Développement d’Haïti<br />
(MPDH) vous invite le samedi<br />
10 mars 2012,<br />
dès 6 : 30H PM, à une grande<br />
rencontre au local d’Haïti<br />
Liberté sis au 1583 Albany ave,<br />
Brooklyn NY 11210.<br />
Soyez avec nous pour <strong>la</strong> pleine<br />
réussite de cette rencontre.<br />
Pour info :<br />
718 421 0162<br />
Jackson Rateau<br />
Secrétaire général<br />
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<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 5, No. 32 • Du 22 au 28 Février 2012
Twa fèy, Twa rasin O!<br />
Tantine Zaza<br />
«Ce pays de <strong>la</strong> démémoire est descendu<br />
si bas…»<br />
Marie-Célie Agnant<br />
Par Fanfan La Tulipe<br />
’était pendant l’horreur d’une<br />
«C profonde nuit» baignée de<br />
vapeurs d’alcool et de fumées de<br />
cigarettes. Ma Tantine Zaza chérie<br />
«devant moi s’est montrée, comme<br />
au jour de sa mort, pompeusement<br />
<strong>par</strong>ée», sauf qu’elle avait les yeux<br />
rouges d’Erzulie qui rou<strong>la</strong>ient des<br />
éc<strong>la</strong>irs de colère et de rage contenue.<br />
Elle déambu<strong>la</strong>it un peu comme Défilée,<br />
chantant d’une voix énergique<br />
: grenadiers, à l’assaut ! Horreur, elle<br />
semb<strong>la</strong>it poursuivie <strong>par</strong> une meute<br />
d’horribles squelettes habillés de<br />
gros bleu <strong>par</strong>mi lesquels j’ai pu distinguer<br />
Madame Max Adolphe bras<br />
dessus bras dessous avec Bòs Pent,<br />
Eloïs Maître à califourchon sur le dos<br />
de Gracia Jacques, Luc Désyr à quatre<br />
pattes comme un cochon suivi de<br />
près <strong>par</strong> Ti Bobo qui lui baisait le cul.<br />
Au fur et à mesure qu’avançait<br />
Tantine Zaza et qu’elle chantait avec<br />
plus de détermination, <strong>la</strong> meute de<br />
squelettes aux os spongieux, vermoulus<br />
de tuberculose, grossissait et<br />
<strong>par</strong>mi eux je pouvais distinguer Clovis<br />
Désinor, Emmanuel Orcel, Roger<br />
Lafontant, Breton C<strong>la</strong>ude, Luckner<br />
Cambronne. S’y mê<strong>la</strong>ient quelques<br />
kretyen vivan, en chair et en os,<br />
Joseph Baguidy, Jackson Joanis, Irvin<br />
Méhu, Jean Tassy, Franck Romain,<br />
Fritz Cinéas, Max Dominique (le<br />
militaire), presque tous affligés d’un<br />
dipopo quelconque : insuffisance<br />
pulmonaire en voie d’aggravation ;<br />
troubles du rythme cardiaque nécessitant<br />
un pacemaker ; <strong>la</strong>pipi incurable<br />
d’origine idiopathique, c›est-à-dire<br />
inconnue ; salivation incontrô<strong>la</strong>ble<br />
; éructations acides incoercibles ;<br />
incontinence urinaire sénile ; ‘‘écoulement’’<br />
chronique résistant aux<br />
antibiotiques ; incontinence fécale<br />
occasionnelle d’origine nerveuse ;<br />
début de maklouklou ; atrophie testicu<strong>la</strong>ire<br />
bi<strong>la</strong>térale et irréversible, avec<br />
mort de ‘‘<strong>la</strong> chose’’, pour ne citer que<br />
ces problèmes.<br />
«Tremble ! m’a dit Tantine<br />
Zaza, tremble, pitit gason m. Le<br />
fils adultérin politique de Papa<br />
Doc, Micky le Fou, a pris d’assaut<br />
le pouvoir présidentiel grâce aux<br />
Regardez ça ! Un président en chemise débraillée, transpirant comme<br />
Nòg Bouki, en tête d’une bann apye. Triste mais vrai.<br />
Le président Estimé ou le président Roy doivent se<br />
retourner dans leurs tombes<br />
menaces du caïman étoilé à l’adresse<br />
du président d’un Conseil Electoral,<br />
provisoire de façon permanente.<br />
C’est ainsi que le malotru a pu évincer<br />
son adversaire, une septuagénaire<br />
bien élevée qui arborait casquette<br />
devan dèyè pendant <strong>la</strong> campagne<br />
électorale. Depuis son avènement<br />
au pouvoir, Micky n’a cessé de<br />
causer des inquiétudes comme quoi<br />
tèt <strong>la</strong> pa ta bon. Sautes d’humeur,<br />
comportements imprévisibles et<br />
décapants, dérives ordurières de<br />
<strong>la</strong>ngage ont donné des sueurs<br />
froides aux journalistes haïtiens<br />
qui récemment ont été victimes de<br />
tuiperies agrémentées de discrets<br />
postillons. Tremble ! pitit gason m, je<br />
te p<strong>la</strong>ins de tomber sous <strong>la</strong> violence<br />
de ses griffes redoutables d’ancien<br />
ninja jean-c<strong>la</strong>udiste-FRAPHiste».<br />
«Comme tu le vois, pitit gason<br />
m, Micky le Fou n’a rien perdu de<br />
son sansal de musicien dévoyé. Il<br />
est toujours d’humeur provocatrice<br />
et batailleuse, toujours porté à <strong>la</strong><br />
confrontation, li toujou sou goumen.<br />
Il ne respecte personne, étant <strong>par</strong><br />
nature impulsif et violent et n’ayant<br />
pas eu une bonne éducation qui<br />
aurait pu tempérer ses emportements<br />
de ti vakabon. N’ayant jamais pu<br />
durant son adolescence avoir une<br />
re<strong>la</strong>tion mature avec les femmes, il<br />
est frustré et sublime ses frustrations<br />
dans le p<strong>la</strong>isir malsain de prendre<br />
pour cible de ses injures le sexe de<br />
nos mères. Et en bon goujat, en<br />
vrai mufle qu’il est, il se permet à<br />
n’importe quel moment d’insulter<br />
journalistes, <strong>par</strong>lementaires ou col<strong>la</strong>borateurs<br />
en s’en prenant au sexe de<br />
leur mère».<br />
Dans sa colère, Tantine Zaza<br />
traitait Micky le Fou de mauvais garnement<br />
immature, infantile, qui pour<br />
se sentir satisfait se réfugie dans<br />
le fèwè, l’agitation vécue comme<br />
action. Zaza lui reprochait de vouloir<br />
jouer tous les rôles, de faire <strong>la</strong><br />
mouche du coche sans jamais rien<br />
délivrer. Parfois, je l’entendais s’en<br />
prendre à Micky Foufou, ou tout<br />
simplement à Foufou, le traitant de<br />
gaspilleur, bambocheur, débauché,<br />
dévoyé, dégénéré, personnage dissolu<br />
et deregle, irresponsable, insensé,<br />
fortement troublé, perturbé, même<br />
détraqué. «Tremble, pitit mwen, il<br />
n’est qu’à ses débuts de malfaisance,<br />
de fourberie et de scélératesse».<br />
Je voyais Zaza accélérant le<br />
pas, car <strong>la</strong> meute de squelettes ambu<strong>la</strong>nts<br />
<strong>la</strong> talonnait de plus près.<br />
Elle pressait le pas d’autant que tous<br />
ces tuberculeux toussaient, toussotaient,<br />
toussail<strong>la</strong>ient, crachotaient,<br />
crachouil<strong>la</strong>ient, crachouillotaient,<br />
empestant et contaminant l’air de<br />
leurs bacilles. Zaza n’en avait pourtant<br />
pas peur, se retournant à tout<br />
instant et les accusant de bourreaux,<br />
tortionnaires, exécuteurs de basses<br />
et sales besognes, assassins, asasen<br />
granrak, tueurs à gages, sanzave,<br />
sa<strong>la</strong>uds, salo<strong>par</strong>ds, criminels, malfaiteurs,<br />
scélérats, fils de putes, filles<br />
de putes, bon fanmi Foufou.<br />
«Tremble ! pitit Dessalines<br />
mwen an, tremble, <strong>par</strong>ce que<br />
l’énergumène est méchant dans<br />
l’âme. En plus de son sang sale, il a<br />
le sang hostile aux choses de l’esprit,<br />
à tout ce qui relève de l’intellectualité<br />
qu’il assimile, comme son mentor<br />
Papa Doc, au communisme. C’est<br />
un débile mental en quelque sorte,<br />
quoique vindicatif et rancunier. Tel<br />
député de Tabarre et tel sénateur<br />
de l’Ouest en ont déjà été victimes.<br />
D’ailleurs, nombre de <strong>par</strong>lementaires<br />
ont eu aussi à subir ses accès de<br />
violence verbale gynécotrope sans<br />
pouvoir vraiment lui faire face sauf<br />
à rendre des lieux publics ou des<br />
maisons privées de vrais marchés<br />
aux poissons».<br />
«Surveille tes os, m’a dit<br />
Zaza. L’animal n’est pas simple. En<br />
chœur, toute <strong>la</strong> nation doit dénoncer<br />
<strong>la</strong> manœuvre souterraine de Foufou<br />
p<strong>la</strong>çant cyniquement à des postes de<br />
pouvoir des bourreaux notoires, des<br />
assassins, des trafiquants de drogue<br />
et autres éléments corrompus,<br />
avec <strong>la</strong> complicité tacite des gwo<br />
zouzounn de notre répugnante élite,<br />
de <strong>par</strong>lementaires vénaux, de juges<br />
et avocats corrompus et tyoul de <strong>la</strong><br />
présidence, sans oublier le couple<br />
Clinton et les ambassadeurs des<br />
‘‘pays amis’’».<br />
«Pitit gason m, il faut alerter<br />
l’opinion psychiatrique nationale<br />
et internationale que le pays est à<br />
<strong>la</strong> merci d’un garnement toc qui<br />
décide de tout au gré de ses pulsions<br />
quasi pathologiques, <strong>par</strong> exemple<br />
de collecter de l’argent à <strong>par</strong>tir des<br />
envois d’argent de <strong>la</strong> diaspora, sans<br />
consulter le <strong>par</strong>lement, sans faire<br />
savoir qui gère les fonds, quand<br />
et comment. Un zig toctoc qui<br />
aujourd’hui tuipe <strong>la</strong> presse et demain<br />
refuse de lui répondre <strong>par</strong>ce qu’il en<br />
aurait peur (sic), peur qu’on le mette<br />
en charpie à une émission popu<strong>la</strong>ire<br />
de fin de semaine, sur Radio Caraïbe.<br />
Un zigoto toqué qui a perdu tout<br />
décorum et tout sens de <strong>la</strong> dignité<br />
attachée à <strong>la</strong> position qu’il occupe en<br />
gagnant les rues, chemise débraillée,<br />
transpirant à grosses gouttes, à <strong>la</strong><br />
tête d’une bann rara».<br />
«Tremble ! Pitit nasyon an,<br />
rassemble les forces vives du pays<br />
car Papa Doc est en voie d’être<br />
réhabilité <strong>par</strong> les hommes en kaki qui<br />
s’entraînent et défilent en armes sans<br />
se gêner, <strong>par</strong> les hommes en bleu<br />
avec au cou leurs fou<strong>la</strong>rds rouges,<br />
tous avec <strong>la</strong> complicité de Micky le<br />
Fou qui rêve d’une armée pressecouilles,<br />
de généraux à décorer pour<br />
«services rendus à <strong>la</strong> patrie». Je vois<br />
déjà <strong>la</strong> ‘‘reconstruction’’ de Fort-<br />
Dimanche, j’entends déjà des cris<br />
montant des geôles gérées <strong>par</strong> les<br />
Baguidy et les Romain, deux affreux<br />
recyclés dans <strong>la</strong> nouvelle chaîne de<br />
violence macouto-duvaliériste, je<br />
pressens que bientôt les miliciens<br />
de Madame Adolphe (que son âme<br />
brûle en enfer !) vont refaire surface<br />
sur <strong>la</strong> cour du pa<strong>la</strong>is national lors<br />
d’un ‘‘défilé bleu’’ avec à leur tête<br />
Foufou l’intrépide. Drôle de Foufou,<br />
drôle de fou».<br />
«Tremble ! pitit gason m nan.<br />
Foufou a perdu les pédales au point<br />
de faire le pitre, le bouffon, à Jacmel<br />
en s’offrant un ‘‘débat démocratique’’<br />
au cours duquel il a ‘‘débattu’’ avec<br />
le sénateur Bien-Aimé du statut de<br />
son passeport qu’il ne livrera qu’à<br />
<strong>la</strong> fin de son quinquennat. Tremble<br />
! Vois-tu toute l’effervescence qu’il<br />
a créée en face et à l’intérieur de <strong>la</strong><br />
Faculté d’Ethnologie, cette semaine :<br />
tirs inconsidérés et dangereux de ses<br />
sbires, <strong>la</strong>ncement de pierres, bris de<br />
vitres de voitures. Une violence que<br />
Foufou n’hésitera pas à déclencher<br />
si jamais ses nationalités étrangères<br />
présumées sont prouvées et si le<br />
<strong>par</strong>lement prenait les dispositions<br />
nécessaires pour mettre à exécution<br />
les prescrits de <strong>la</strong> Constitution. Une<br />
violence à <strong>la</strong> Jacques Fourcand,<br />
himma<strong>la</strong>yate».<br />
Après que Tantine Zaza m’a<br />
prodigué ses mises en garde, j’ai cru<br />
voir se pencher vers moi son ombre<br />
majestueuse. Et alors que je lui tendais<br />
les bras pour les passer autour<br />
de son cou et <strong>la</strong> serrer bien fort contre<br />
moi, j’ai entendu souffler une forte<br />
bourrasque, et j’ai vu venir des centaines<br />
de milliers de jeunes organisés<br />
en «Bataillons de Défense du Peuple»<br />
qui ont chassé les squelettes et les<br />
quelques «kretyen vivan» à coups de<br />
kokomakak et de rigwaz. Ce fut une<br />
fuite éperdue des assassins dont les<br />
cris de bêtes féroces traquées finirent<br />
<strong>par</strong> me réveiller en sursaut. Ouf !<br />
C’est toujours ainsi. Aswè, depi<br />
w tande m manje wonma, fò m toujou<br />
fè kochma.<br />
Director: Florence Comeau<br />
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diffusion du journal sans oublier les lourdes dépenses liées au<br />
loyer et aux services d’entretien. Venez donc tous manifester<br />
votre solidarité et nous aider à maintenir le journal en vie, en<br />
<strong>par</strong>ticipant joyeusement<br />
à cette soirée du 28 avril.<br />
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Vol. 5, No. 32 • Du 22 au 28 Février 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 5
Kwonik Kreyòl<br />
Entèvyou Maryse Narcisse ak Jounal Ayiti Libète<br />
Nan mwa Janvye ki sot pase a, Maryse<br />
Narcisse ki se manm kòdinasyon pati<br />
Fanmi Lava<strong>la</strong>s, te fè yon ti vizit nan<br />
Nouyòk, li te tou pwofite fè yon ti kozman<br />
nan telefòn ak jounalis Kim Ives<br />
pou Ayiti Libète<br />
Kim : Bonjou Maryse, kòman ou ye ?<br />
nou pap pèdi tan, n ap antre nan kesyon<br />
yo, ki pwogram pati a genyen pou<br />
mwa k ap vini yo nan ane 2012 <strong>la</strong>?<br />
Maryse Narcisse : Mwen salye w tou<br />
Kim, premye travay n ap fè depi retou<br />
prezidan Aristide, se ranfòse estrikti nou<br />
sou tout peyi a, depi « Ti Fanmi » yo, pase<br />
nan kòdinasyon yo, rive jis nan estrikti<br />
komisyon pèmanan yo. Gen kòdinasyon<br />
depatmantal pwovizwa ki mete anp<strong>la</strong>s<br />
k ap travay sou kesyon kongrè pou<br />
miltiplye Ti Fanmi yo, mobilize yo. Se<br />
yomenm tou ki responsab mach pati<br />
a nan depatman. Nou fè tout sa nou<br />
kapab pou tèt ansanm sa, eslogan nou<br />
an “Yon sèl nou fèb, ansanm nou fò,<br />
ansanm ansanm nou se <strong>la</strong>va<strong>la</strong>s » pou<br />
l tounen yon reyalite ki se rasanble fòs<br />
nou, mete fòs nou ansanm pou nou<br />
ale nan kongrè, pou nou patisipe nan<br />
eleksyon.<br />
Anmenmtan tou, sa mande pou<br />
gen yon mizajou sou liv b<strong>la</strong>n òganizasyon<br />
an. Se yon travay k ap fè anmenmtan<br />
ak pwogram òganizasyon an. Nou<br />
pral nan eleksyon, fòk omwen nou konnen<br />
kisa nou pral vann, fòk kandida yo<br />
kapab vann pwogram pati a, pale sou<br />
li e<strong>la</strong>triye.<br />
Kim : Avèk pwogram sa a kilè ou panse<br />
kongrè a kapab fèt?<br />
M.N : Pou nou fè kongrè nasyonal <strong>la</strong>,<br />
fòk kongrè depatmantal yo kapab fèt. Se<br />
sou sa kounye a n ap travay, nou panko<br />
gen ka<strong>la</strong>ndriye kongrè yo nan chak<br />
depatman. Nou pral gen pou n vizite<br />
chak depatman pou nou wè sante Ti<br />
Fanmi yo, pou nou fè mizanp<strong>la</strong>s estrikti<br />
yo paske ou konnen fòk gen mizanp<strong>la</strong>s<br />
kòdinasyon seksyon kominal,<br />
kòdinasyon kominal ak kòdinasyon<br />
depatmantal.<br />
Kim : Ou panse se yon pwosesis ki ka<br />
rive nan yon kongrè nasyonal avan fen<br />
ane a ?<br />
M.N : Mwen panse avan fen ane a. Nou<br />
ta swete li pa depase premye 6 mwa<br />
yo. Epi nou pral fè tout bagay paske<br />
se yon travay enòm, travay mizanp<strong>la</strong>s<br />
kòdinasyon pwovizwa a se pat yon<br />
ti travay li te ye, li kenbe kanmenm<br />
estrateji nou ki se rasanbleman, linite,<br />
tèt ansanm. Se te vrèman kòlmate<br />
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brèch, kòlmate pwoblèm, mete tout<br />
moun ansanm. Mwen panse gen yon<br />
gwo pa ki fèt deja. Ou santi l deja onivo<br />
depatman yo. Fanmi Lava<strong>la</strong>s prezan,<br />
nan tout seksyon kominal, nan tout<br />
komin, nan tout depatman yo anjeneral.<br />
Kim : Ki wòl prezidan Aristide jwe nan<br />
kesyon sa yo ? Eske li ba w lidèchip<br />
<strong>la</strong> nèt oubyen l ap jwe yon wòl toujou<br />
limenm?<br />
M.N : Li di l anvan li te vini, li vle jwe<br />
yon wòl konseye pou òganizasyon an.<br />
Li bay tan l sitou ak edikasyon e nou<br />
kapab wè rezilta yo piske inivèsite<br />
louvri, lekòl medsin ap fonksyone depi<br />
27 septanm. Lè ou gade chat Fanmi<br />
Lava<strong>la</strong>s <strong>la</strong>, gen komite egzekitif <strong>la</strong>,<br />
<strong>la</strong>dan l gen reprezantan nasyonal <strong>la</strong>,<br />
mwen menm m ap kòwòdone komite<br />
egzekitif òganizasyon an.<br />
Kim : Ki pozisyon pati a genyen sou<br />
politik prezidan Martelly ap mennen<br />
nan peyi a jodi a ?<br />
M.N : Nou pat patisipe nan eleksyon<br />
yo, yo te eskli nou nan pwosesis <strong>la</strong>.<br />
Nou vle kenbe wòl nou, misyon nou<br />
ki se akonpaye pèp <strong>la</strong> nan konba l ap<br />
mennen kont esklizyon, konba pou<br />
kondisyon <strong>la</strong>vi l chanje. Nou rete <strong>la</strong>. Yo<br />
pale sou edikasyon, yo fè anpil pwomès<br />
nan edikasyon, men noumenm Fanmi<br />
Lava<strong>la</strong>s ki sou teren an k ap kotwaye<br />
anpil fanmi ki nan sitiyasyon difisil,<br />
nou te obseve 3 mwa apre lekòl <strong>la</strong><br />
louvri, gen anpil timoun ki pat rive al<br />
lekòl. Bagay <strong>la</strong> pa reyisi fèt jisteman jan<br />
li ta dwe fèt. Noumenm nou kwè nan<br />
edikasyon, raple w edikasyon se te yon<br />
priyorite gouvènman <strong>la</strong>va<strong>la</strong>s <strong>la</strong>. M pa<br />
bezwen reprann pou ou kantite lekòl<br />
ki te konstwi, pwofesè ki te fòme e nou<br />
pat wè lekòl <strong>la</strong> tankou sèlman al chita<br />
nan yon sal lekòl, nou te wè nesesite,<br />
nan yon peyi kote sitiyasyon ekonomik,<br />
sosyal <strong>la</strong>, majorite popi<strong>la</strong>syon an difisil,<br />
pou fè timoun yo jwenn yon p<strong>la</strong> cho nan<br />
k<strong>la</strong>s <strong>la</strong> ki ka pèmèt li aprann pi byen, se<br />
te yon bagay enpòtan. Bis eskolè pou<br />
transpòtasyon, paske jiskaprezan ou ka<br />
wè an Ayiti, timoun ap desann apye ap<br />
mache long distans pou al lekòl. Donk<br />
lè timoun nan rive lekòl <strong>la</strong>, li te deja<br />
tou fatige epi li pa manje. Donk jodi a<br />
nou panse revandikasyon sa a majorite<br />
a genyen, se yon revandikasyon ki<br />
jis paske malerezman sa ki rive, kriz<br />
politik <strong>la</strong> vin kache anpil sitiyasyon nan<br />
peyi a, kote kriz politik sou kriz politik.<br />
Mwen panse wòl nou se kontinye <strong>la</strong>,<br />
kontinye kanpe a kote majorite a pou<br />
nou akonpaye l.<br />
Kim : Nou note ane sa a Fanmi<br />
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Maryse Narcisse, kòwòdonatè komite egzekitif Fanmi Lava<strong>la</strong>s, nan<br />
woumble pati a te fe nan Brooklyn 7 janvye 2012<br />
Lava<strong>la</strong>s pa fè anpil dek<strong>la</strong>rasyon, ni<br />
pran pozisyon li te konn pran pandan<br />
koudeta a, ni pandan lè prezidan Preval<br />
te <strong>la</strong>, avan retou prezidan Aristide.<br />
Ane sa a prezidan Aristide pa fè mesaj<br />
fendane li abitye fè. Eske gen yon rezon<br />
pou sa ?<br />
M.N : Mwen pap di nou fè mwens<br />
dek<strong>la</strong>rasyon. Nou fè dek<strong>la</strong>rasyon nan<br />
kèk ka byen presi. N ap eseye mete plis<br />
disiplin tou anndan òganizasyon an<br />
pou chak fwa gen yon entèvansyon,<br />
tout moun entèvni sou menm pwen<br />
an. Donk se òganize, estriktire, nou<br />
mete anpil anfaz sou pati sa a, men<br />
nou pa janm sispann jwe wòl nou nan<br />
akonpaye popi<strong>la</strong>syon an. Pou nou se sa<br />
ki pi enpòtan, se pale lè li nesesè, pale lè<br />
gen yon pwoblèm. Nou pale sou kesyon<br />
kriz yo, pale sou kesyon k ap kache yon<br />
bann pwoblèm grav nan peyi a, dènye<br />
mwa sa yo gen yon sitiyasyon mizè ak<br />
grangou ki anpire. Nou pale sou sa, nou<br />
denonse sitiyasyon an. Men wòl nou<br />
se kanpe akote popi<strong>la</strong>syon an pou nou<br />
akonpaye l.<br />
Kim : Nou te note ouvèti Inivèsite<br />
Fondasyon Aristide ki se yon gwo<br />
pa pou peyi a, men li te fèt san gran<br />
seremoni, nan yon fason diskrè. Eske<br />
ou ka di pou kisa ?<br />
M.N : Mwen panse se te yon bon<br />
desizyon, nou pa ka jodi a nan yon<br />
peyi kote gen yon bezwen enòm nan<br />
edikasyon pou nou ta me<strong>la</strong>nje politik<br />
avèk edikasyon. Inivèsite a louvri, se<br />
te sa objektif <strong>la</strong>, e objektif <strong>la</strong> atenn.<br />
Objektif <strong>la</strong> se pat fè yon gwo woumble<br />
pou di inivèsite a t ap louvri. Noumenm<br />
sousi pa n, se te pat me<strong>la</strong>nje politik avèk<br />
edikasyon.<br />
Nou pa ka anpeche tou gen moun<br />
ki vin pran woulib politik sou edikasyon.<br />
Wòl nou jodi a nan yon peyi kote<br />
jenès <strong>la</strong> pa gen aksè vrèman ak inivèsite<br />
siperyè, nan yon peyi kote ansanm tout<br />
inivèsite yo pa ofri plis pase 6000 p<strong>la</strong>s<br />
pou etid siperyè. Ou konnen sitiyasyon<br />
an Ayiti, chak ane gen bakaloreya, gen<br />
40 mil timoun ki fini e si se 6000 p<strong>la</strong>s<br />
ki genyen nan inivèsite a, gen apeprè<br />
yon trantèn de milye ki pa gen okenn<br />
kote pou yo ale paske pa gen vrèman<br />
lekòl pwofesyonèl nan peyi a, pa gen<br />
posiblite pou jèn yo menm si li pa gen<br />
aksè a inivèsite pou li al travay. Donk<br />
mwen panse nou pa jwe ak bagay serye<br />
jodi a. Edikasyon se yon bezwen, se yon<br />
nesesite nan peyi a si nou vle avanse, si<br />
nou vle ale vè devlopman peyi a.<br />
Kim : Nou rive nan yon pwen nan peyi<br />
a kote ka gen sipriz nan semèn k ap vini<br />
yo. Nou konnen gen yon dosye paspò k<br />
ap pale nan sena a, ki ka fè nou rive nan<br />
yon sitiyasyon kote pwochènman nou<br />
ka wè eleksyon vini pi vit, si gen yon<br />
chanjman nan gouvènman an. Daprè<br />
Kim Ives/<strong>Haiti</strong> Liberté<br />
konstitisyon an se 90 jou. Eske sa ta<br />
rive pou pati a ta anmezi pou patisipe<br />
nan eleksyon si sa ta rive ?<br />
M.N : Nou tande dek<strong>la</strong>rasyon yo, n<br />
ap tann nan semèn k ap vini yo kisa<br />
Sena a pral prezante a popi<strong>la</strong>syon an.<br />
Noumenm antan responsab politik, n ap<br />
tann anvan nou opine.<br />
Kim : Ou pa bezwen opine nesesèman<br />
sou sa, men eske ou panse pati ta kapab<br />
patisipe, èske li gen mwayen estrikti,<br />
kandida, e<strong>la</strong>triye pou patisipe nan<br />
eleksyon si sa ta fèt nan pwochen 90<br />
jou ?<br />
M.N : Fanmi Lava<strong>la</strong>s pa yon pati ki<br />
<strong>la</strong> sèlman pou eleksyon. Nou wè chak<br />
eleksyon nan peyi a, gen anpil pati<br />
politik ki <strong>par</strong>èt sibitman, sa ki fèt 2 mwa<br />
anvan eleksyon, Fanmi Lava<strong>la</strong>s pa<br />
nan kategori sa. Fanmi Lava<strong>la</strong>s se yon<br />
travay k ap kontinye, se pa yon travay<br />
yon jou, 2 jou anvan eleksyon ni se pa<br />
yon pati ki dis<strong>par</strong>èt apre eleksyon. Ou<br />
wè nou sot pase 7tan apre yon koudeta,<br />
7tan desklizyon, 7tan n ap lite. Nou<br />
ranfòse estrikti nou pou nou al patisipe<br />
nan eleksyon ki pral fèt tankou Kazèk,<br />
tout teritoryal yo, e avèk yon tyè Sena<br />
a. Donk, depi gen eleksyon lib, onèt,<br />
demokratik, n ap patisipe e nou <strong>par</strong>e<br />
pou sa.<br />
Kim : Yèswa nan woumble a, modòd <strong>la</strong><br />
se te Inite.<br />
M.N : Modòd <strong>la</strong> se Inite, tèt ansanm pou<br />
nou rasanble fòs nou, pou nou kapab<br />
<strong>par</strong>e pou nou fè fas ak batay k ap tann<br />
nou an.<br />
Kim : Modòd sa, èske se pou atire yon<br />
seri ansyen manm pati a ki te gentan<br />
janbe nan lòt kouran politik tankou Inite<br />
prezidan Preval, osnon Altènativ elt. ?<br />
M.N : Sa nou kapab di, noumenm nou<br />
te sibi esklizyon. Jodi a n ap goumen<br />
kont esklizyon. Donk nou pa nan fè<br />
esklizyon andedan pati a.<br />
Kim : Gen yon seri ansyen lidè nan<br />
diferan nivo nan pati Lava<strong>la</strong>s ki te rantre<br />
nan Inite, eske yo pral tounen, eske ou<br />
gentan pale avèk yo oubyen eske ou<br />
konnen entansyon yo pou tounen nan<br />
Fanmi Lava<strong>la</strong>s ?<br />
M.N : Nan tout peyi, yon moun gen<br />
dwa deside li nan yon pati. Tankou<br />
isit Ozetazini yon moun gen dwa nan<br />
pati repibliken, li di l ap pase nan pati<br />
demokrat, ou envèsman. Nou se yon<br />
pati politik, gen moun k ap rejwenn<br />
nou. Nou prèt pou nou resevwa nouvo<br />
aderan. Nou <strong>par</strong>e tou pou andedan<br />
òganizasyon an nou kreye jisteman<br />
rasanbleman sa, inite sa, tèt ansanm sa<br />
pou pèmèt nou vanse. Tèt ansanm sa<br />
pa pou senpleman anndan an, savledi<br />
antan yon pati politik, nou estriktire tèt<br />
nou pou nou resevwa nouvo aderan.<br />
Kim : Sou kesyon jijman ansyen<br />
prezidan Jan Klod Divalye, kounye a<br />
gen anpil apèl nan deferan sektè yo ni<br />
nasyonal ni entènasyonal pou li jije. Ki<br />
pozisyon pati a sou jijman sa a ?<br />
M.N : Fanmi Lava<strong>la</strong>s toujou kwè nan<br />
yon eta dedwa. Noumenm nou pa ka<br />
mete nou kòm jij, men si nou kwè nan<br />
yon eta dedwa, <strong>la</strong>jistis limenm dwe fè<br />
travay li. Noumenm nou <strong>la</strong> pou nou<br />
toujou akonpaye popi<strong>la</strong>syon an, pou li<br />
ale jisteman vè yon eta dedwa, yon eta<br />
kote gen jistis pou tout moun.<br />
Kim : Donk ou panse li ta yon bon<br />
bagay ?<br />
M.N : Sa nou panse, se <strong>la</strong>jistis ki pou<br />
prezante ka a, e se <strong>la</strong>jistis ki pou pran<br />
desizyon. Noumenm nou pa ka antan<br />
yon sitwayen pou nou pran desizyon.<br />
Wòl yon sitwayen se fè pledwaye,<br />
revandike. Men se sistèm jidisyè nan<br />
yon eta dedwa ki pou fè travay li gen<br />
pou l fè a.<br />
Kim : Finalman ou menm Maryse<br />
Narcisse, ou sot fè yon rankont avèk<br />
kominote ayisyen yo isit nan Nouyòk,<br />
eske se yon tourne ou pral fè avèk lòt<br />
kominote nan semèn k ap vini ?<br />
M.N : Mwen te gen okazyon jisteman<br />
pou m te ale Boston, Oktòb dènye,<br />
rankontre manm Fanmi Lava<strong>la</strong>s<br />
nan Boston. Nou te gen okazyon<br />
nan moman sa pa sèlman rankontre<br />
kominote ayisyen Fanmi Lava<strong>la</strong>s nan,<br />
gen ayisyen ki pat manm oubyen<br />
senpatizan ki te vin asiste. E nou te gen<br />
gwo sipò sendika City Bus Driver a, nou<br />
te rankontre manm City Hall yo k ap<br />
sipòte lit sa yo avèk lit pèp Ayisyen an.<br />
Yo ba nou yon rezolisyon, mwen panse<br />
se ta yon bon bagay pou rezolisyon an<br />
ta pibliye. E lè m retounen an Ayiti m<br />
ap fè kopi l, pou m voye l ba nou nan<br />
Ayiti Libète, kote yo te panse koudeta<br />
a pat kòrèk e<strong>la</strong>triye. Donk te gen yon<br />
rezolisyon ki te siyen pa majorite manm<br />
City Counsil yo.<br />
Kim : Ou konnen nan ete ki sot pase<br />
a, nou te pibliye yon seri atik ki nan<br />
kab konfidansyèl anbasad meriken ki te<br />
montre yo gen yon kanpay pou anpeche<br />
retou prezidan Aristide paske yo wè<br />
se yon gwo danje pou estabilite peyi<br />
Dayiti jan yo konsevwa l. Eske ou santi<br />
oumenm depi retou prezidan an gen<br />
yon presyon anbasad sa yo pou sabote<br />
travay Fanmi Lava<strong>la</strong>s an Ayiti ?<br />
M.N : Gen yon bagay mwen te di<br />
yèswa, mwen te di l 16 desanm, Fanmi<br />
Lava<strong>la</strong>s sou wout batay demokrasi pou<br />
nou rive gen plis jistis, plis trans<strong>par</strong>ans<br />
pou patisipasyon. Nou rankontre<br />
anpil difikilte. Te gen koudeta, te gen<br />
kidnapin, te gen egzil, te gen trayizon<br />
andedan nou. Jodi a nou aprann sou<br />
esperyans sa yo, noumenm tou nou te fè<br />
kèk erè tou. Donk jodi a Fanmi Lava<strong>la</strong>s<br />
ap vanse avèk anpil estrateji, avèk anpil<br />
refleksyon andedan òganizasyon an.<br />
Ou gen enpresyon Fanmi Lava<strong>la</strong>s fè<br />
si<strong>la</strong>ns, men Fanmi Lava<strong>la</strong>s ap entèvni<br />
lè li dwe. Nou ap aprann, nou ap avanse<br />
avèk estrateji, nou pap vanse nenpòt<br />
kijan. Nou konsyan y ap suiv nou,<br />
men se fòs sa a jisteman ki pèmèt sou<br />
teren an Fanmi Lava<strong>la</strong>s rete youn nan<br />
òganizasyon ki pifò, e ki kouvri tout<br />
peyi a.<br />
Kim : Lè w di pati a te fè erè, ki erè w<br />
ap pale ?<br />
M.N : Sou wout <strong>la</strong>, lè ou nan yon<br />
batay, ou fè eksperyans, mwen di<br />
koudeta, kidnapin tout bagay sa yo<br />
ba nou eksperyans. Ou gen dwa fè erè<br />
tou, ou sèvi ak erè yo ou fè yon bi<strong>la</strong>n,<br />
Suite à <strong>la</strong> page (16)<br />
6<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 5, No. 32 • Du 22 au 28 Février 2012
Perspectives<br />
Double nationalité : Martelly et<br />
Conille dos à dos<br />
Par Isabelle L. Papillon<br />
Conille, <strong>la</strong> fin<br />
de l’Histoire !<br />
Par Catherine Charlemagne<br />
L<br />
’éc<strong>la</strong>tement du dossier de nationalité<br />
étrangère des différents<br />
membres du pouvoir en p<strong>la</strong>ce aurait<br />
une répercussion néfaste sur le<br />
gouvernement Martelly-Conille et <strong>la</strong><br />
p<strong>la</strong>teforme politique INITE. En plus<br />
des problèmes de l’amendement falsifié<br />
de <strong>la</strong> constitution haïtienne de<br />
1987, des élections pour le renouvellement<br />
d’un tiers du Sénat de <strong>la</strong><br />
République, des Collectivités territoriales<br />
et d’autres postes vacants à <strong>la</strong><br />
Chambre des députés, une crise de<br />
gouvernance pointe à l’horizon.<br />
En effet, suite à l’invitation<br />
faite <strong>par</strong> <strong>la</strong> commission spéciale sénatoriale,<br />
chargée d’enquêter sur <strong>la</strong><br />
nationalité des membres du gouvernement<br />
de Garry Conille, qui, à <strong>la</strong><br />
dernière minute, n’ont pas répondu,<br />
<strong>la</strong> Commission avait décidé de les<br />
convoquer pour le jeudi 16 février<br />
dernier.<br />
Cette convocation a fait l’objet<br />
d’une pomme de discorde au sein<br />
même du gouvernement. A l’exception<br />
du Premier ministre Garry Conille,<br />
les 17 ministres du gouvernement,<br />
qui se sont réunis sur ordre du<br />
président Martelly ont rejeté l’invitation<br />
de <strong>la</strong> Commission. La Commission,<br />
de son côté, a jugé nécessaire<br />
de passer à une autre vitesse : une<br />
convocation à chaque ministre a été<br />
acheminée. A cette convocation seul<br />
le Premier ministre a répondu présent.<br />
Suite à <strong>la</strong> décision de <strong>la</strong> Commission<br />
de transformer l’invitation<br />
collective du gouvernement en<br />
convocation individuelle le chef du<br />
gouvernement, Garry Conille a hâtivement<br />
réagi pour passer des instructions<br />
aux membres de son gouvernement.<br />
Dans un communiqué<br />
de <strong>la</strong> Primature, le Premier ministre<br />
a ordonné à chacun des membres de<br />
son Cabinet de répondre à <strong>la</strong> convocation<br />
de <strong>la</strong> Commission au lieu et à<br />
l’heure indiqués, et ceci, disait-il, en<br />
raison du caractère impératif de l’acte<br />
de convocation et dans le respect des<br />
prérogatives constitutionnelles de<br />
chaque pouvoir de l’Etat. Alors que<br />
selon le ministre chargé des re<strong>la</strong>tions<br />
entre l’Exécutif et le Légis<strong>la</strong>tif, Ralph<br />
Théano, une décision a été adoptée<br />
en Conseil des ministres présidé <strong>par</strong><br />
Michel Martelly pour ne pas faire le<br />
dépôt de documents de voyages réc<strong>la</strong>mé<br />
<strong>par</strong> <strong>la</strong> Commission. « Ce n’est<br />
pas une décision prise à <strong>la</strong> légère,<br />
car nous avons consulté plusieurs<br />
grands Cabinets d’avocats en plus<br />
des hommes de lois chevronnés qui<br />
sont membres de l’Exécutif. » A<br />
martelé le ministre Théano.<br />
Le jour même de <strong>la</strong> convocation,<br />
le ministre Théano a transmis<br />
une correspondance à <strong>la</strong> Commission<br />
pour solliciter un report à <strong>la</strong> huitaine<br />
de <strong>la</strong> convocation, soit le jeudi 23 février<br />
2012 au regard des différentes<br />
activités ministérielles, nécessitant<br />
des dép<strong>la</strong>cements sur le terrain. Cette<br />
lettre a porté <strong>la</strong> signature de tous les<br />
ministres, sauf du Premier ministre. Il<br />
est c<strong>la</strong>ir que les consignes du Premier<br />
ministre, n’ont pas été respectées en<br />
cette circonstance, c’est l’ordre du<br />
président Martelly qui est respecté à<br />
<strong>la</strong> lettre. N’y-a-t-il pas là une crise de<br />
gouvernance, de leadership sérieux<br />
qui est à <strong>la</strong> base de <strong>la</strong> division au sein<br />
du pouvoir exécutif. De toute façon,<br />
le Premier ministre n’entend pas démissionner,<br />
« Si à chaque fois qu’on<br />
est confronté à des difficultés, des<br />
Le président Martelly visant à déstabiliser et à isoler le chef du<br />
gouvernement, Garry Conille, jusqu’à provoquer sa démission<br />
Les sénateurs Joseph Lambert et Youri Latortue pour détourner <strong>la</strong> bonne<br />
marche de l’enquête, de connivence avec le président Martelly<br />
contradictions, on doit se poser des<br />
questions sur <strong>la</strong> nécessité ou non de<br />
rester à son poste, le pays n’ira nulle<br />
<strong>par</strong>t, » répondant aux questions de <strong>la</strong><br />
Commission d’enquête.<br />
Entre-temps un conflit ouvert<br />
a éc<strong>la</strong>té entre les deux sénateurs de<br />
l’INITE, Moïse Jean Charles et Joseph<br />
Lambert. Le sénateur du Nord exige<br />
<strong>la</strong> démission de deux collègues à <strong>la</strong><br />
tête de <strong>la</strong> Commission d’enquête<br />
: Joseph Lambert et Youri Latortue<br />
pour détourner <strong>la</strong> bonne marche<br />
de l’enquête, de connivence avec le<br />
président Martelly. Le dimanche 12<br />
février 2012, à Jacmel, dans l’ambiance<br />
Carnavalesque, le président<br />
Martelly a publiquement promis son<br />
support au sénateur Lambert pour<br />
les prochaines sénatoriales. Avant<br />
même l’aboutissement de l’enquête<br />
sur <strong>la</strong> nationalité des membres du<br />
pouvoir en p<strong>la</strong>ce, le doute p<strong>la</strong>ne toujours<br />
sur <strong>la</strong> nationalité du président<br />
Martelly . Le président de <strong>la</strong> Commission,<br />
Joseph Lambert reproche à<br />
l’accusateur, le sénateur Moïse Jean<br />
Charles d’avoir induit <strong>la</strong> Commission<br />
en erreur. Il est allé jusqu’à dire que<br />
le sénateur Moïse s’est couvert de ridicule<br />
à travers de nouvelles révé<strong>la</strong>tions<br />
farfelues qu’il avait faites sur le<br />
président en présence de vingt-deux<br />
de ses collègues.<br />
Dans <strong>la</strong> foulée, <strong>la</strong> Coordination<br />
nationale de <strong>la</strong> P<strong>la</strong>teforme politique<br />
l’INITE, montée de toutes pièces <strong>par</strong><br />
l’ex-président, René Préval, dans<br />
une note de presse, a fixé sa position<br />
et n’entend pas appuyer son<br />
coordonnateur, Joseph Lambert dans<br />
sa prise de position, <strong>par</strong>ticulièrement<br />
dans le dossier de <strong>la</strong> double nationalité<br />
qui plonge le gouvernement<br />
Martelly-Conille dans des difficultés<br />
énormes et qui risque de l’éc<strong>la</strong>ter.<br />
Les signataires de cette note entre<br />
autres, Jean Joseph Molière, Paul<br />
Denis, Gérald Germain, Levail<strong>la</strong>nt<br />
Louis Jeune, Sorel Jacinthe ont critiqué<br />
les dérives du pouvoir et annon-<br />
Le sénateur Moïse Jean Charles<br />
cent qu’ils se sont démarqués des<br />
prises de position du coordonnateur<br />
de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>teforme, Joseph Lambert. Ils<br />
encouragent les membres du gouvernement<br />
sortis des rangs de l’INITE à<br />
répondre aux exigences de <strong>la</strong> Commission<br />
d’enquête.<br />
Le refus catégorique du président<br />
Martelly, ses ministres et<br />
quelques secrétaires d’Etat de se<br />
soumettre à des exigences constitutionnelles<br />
et des manœuvres de certains,<br />
visant à transférer le dossier<br />
de <strong>la</strong> double nationalité au pouvoir<br />
judiciaire, suscitent beaucoup plus<br />
de suspicions chez certains observateurs.<br />
Vu que deux cas avérés ont été<br />
déjà découverts <strong>par</strong> <strong>la</strong> Commission<br />
d’enquête, il s’agirait d’un ministre<br />
et d’un secrétaire d’Etat. Le sénateur<br />
Moïse Jean Charles décortiquant <strong>la</strong><br />
lettre de l’ambassade des Etats-Unis,<br />
tient toujours mordicus que le président<br />
Martelly à <strong>la</strong> nationalité étasunienne<br />
et italienne. Il estime que le<br />
refus des ministres de respecter les<br />
consignes du Premier ministre, est<br />
une manœuvre du président Martelly<br />
visant à déstabiliser et à isoler le<br />
chef du gouvernement jusqu’à provoquer<br />
sa démission. Garry Conille<br />
de son côté n’entend pas démissionner<br />
de son poste. Pour lui, remettre<br />
sa démission quand les choses se<br />
compliquent, n’est pas <strong>la</strong> meilleure<br />
attitude à adopter. Un fait est certain<br />
: le dossier de <strong>la</strong> double nationalité<br />
finirait <strong>par</strong> faire basculer le pouvoir<br />
en p<strong>la</strong>ce.<br />
Le philosophe Américain d’origine<br />
japonaise, Francis Fukuyama écrivait<br />
en 1989 et en 1999 : « quand un<br />
concept est universellement admis,<br />
c’est <strong>la</strong> Fin de l’Histoire et, ceci,<br />
indépendamment de l’immense tâche<br />
restant à accomplir pour que son<br />
universalité soit effective ». Faisant<br />
foi à ce concept, l’on peut dire, selon<br />
toute vraisemb<strong>la</strong>nce, pour le Premier<br />
ministre, Gary Conille, c’est <strong>la</strong> fin de<br />
l’Histoire. Dans le bras de fer engagé<br />
avec le Président de <strong>la</strong> République,<br />
Michel Martelly, il ne saurait sortir<br />
gagnant. Pourtant, le chef du<br />
gouvernement, constitutionnellement<br />
<strong>par</strong><strong>la</strong>nt, se p<strong>la</strong>ce du bon côté de <strong>la</strong> table.<br />
En décidant d’affronter en plein<br />
jour et en public un Président mis en<br />
difficulté sur sa nationalité, le Premier<br />
ministre cherche à avoir le soutien et<br />
l’appui de <strong>la</strong> presse et une <strong>par</strong>tie du Parlement<br />
qui, de toute évidence, n’entend<br />
point se <strong>la</strong>isser piétiner <strong>par</strong> le chef du<br />
pouvoir exécutif. Mais <strong>la</strong> bataille va<br />
être rude. Longue. Sans merci entre<br />
les deux camps au sein de l’Assemblée<br />
nationale. Au niveau des médias, le<br />
Premier ministre joue sur du velours.<br />
Depuis sa ratification <strong>par</strong> le Parlement,<br />
il ne cesse de mettre les journalistes<br />
au cœur de son combat au détriment<br />
de <strong>la</strong> présidence. Il sait, dès le dé<strong>par</strong>t,<br />
que cette <strong>par</strong>tie de <strong>la</strong> société civile n’est<br />
guère appréciée <strong>par</strong> le Président de <strong>la</strong><br />
République.<br />
Et franchement, celui-ci fait tout<br />
pour mettre en avant son animosité<br />
contre des gens qui ne font que leur<br />
métier. Comme tout le monde, Gary Conille<br />
le savait. Il n’était pas le bienvenu<br />
Le Premier ministre, Gary Conille<br />
à <strong>la</strong> tête du gouvernement. Le chef de<br />
l’Etat ne l’a accepté que contre son gré.<br />
Contraint de le nommer, dit-on, <strong>par</strong> une<br />
Communauté internationale qui commençait<br />
à s’inquiéter de <strong>la</strong> dégradation<br />
des re<strong>la</strong>tions de <strong>la</strong> présidence avec<br />
un Parlement en majorité hostile. Ce<br />
n’était pas le choix du Président. Il ne<br />
sera jamais son Premier ministre. Dans<br />
ce petit jeu de « je t’aime moi non plus<br />
», il fal<strong>la</strong>it s’attendre à un éc<strong>la</strong>tement<br />
au grand jour des hostilités entre deux<br />
hommes que tout oppose.<br />
Entre deux équipes n’ayant rien<br />
en commun. Entre deux personnalités<br />
totalement ignorantes des subtilités et<br />
du jeu politique. Et qui n’ont aucune<br />
expérience dans <strong>la</strong> gestion des choses<br />
publiques. Le c<strong>la</strong>sh était inévitable. Attendu.<br />
Souhaité même <strong>par</strong> certains. Car<br />
en définitive, s’il devait avoir un gagnant<br />
dans ce combat sans grandeur et<br />
totalement fortuit, ce sera bien sûr Michel<br />
Martelly. Certes, le Premier ministre<br />
rallie dans sa lutte sans lendemain<br />
une bonne <strong>par</strong>tie des opposants du Président,<br />
n’empêche il demeure seul pour<br />
Suite à <strong>la</strong> page (19)<br />
Encore une fois<br />
sur l'indépendance<br />
Par André Charlier<br />
Le dicton Latin Errare humanum<br />
est, contrairement à ce que disent<br />
certains loustics, ne signifie pas<br />
qu’Hérard est humain, mais bien<br />
que l’erreur est chose humaine. Je<br />
confesse ici que dans mon dernier<br />
article, L’Indépendance Intégrale,<br />
j’ai commis l’erreur, im<strong>par</strong>donnable<br />
pour un économiste, de ne pas prêter<br />
attention à l’aspect économique de<br />
<strong>la</strong> question que j’examinais. J’ai<br />
donc rédigé <strong>la</strong> rectification qui suit:<br />
A <strong>la</strong> bataille de Vertières, nous<br />
avons obtenu notre indépendance<br />
politique, mais pas notre indépendance<br />
économique. En effet, notre pays est<br />
resté piégé dans les filets du marché<br />
mondial capitaliste. Il ne pouvait en être<br />
autrement, car Haïti ne produisait et<br />
n’exportait que des denrées agricoles,<br />
en <strong>par</strong>ticulier du café, et était dans<br />
l’obligation de se fournir en produits<br />
manufacturés sur le marché mondial,<br />
où les grandes puissances de l’époque,<br />
en <strong>par</strong>ticulier <strong>la</strong> France et l’Angleterre,<br />
dictaient leur loi.<br />
Le terme d’indépendance intégrale<br />
en ce qui concerne Haïti de 1804<br />
à 1806 ou 1825 ne convient pas. Il ne<br />
décrit pas <strong>la</strong> réalité. Notre indépendance<br />
politique était alors bien réelle. C’est elle<br />
qui permit à Dessalines d’aider Miranda,<br />
à Pétion d’aider Bolivar, et à Boyer<br />
d’unifier l’île. Mais notre indépendance<br />
économique n’existait pas.<br />
Ce qui va se passer pendant<br />
tout le XIXe siècle et jusqu’à 1915,<br />
c’est <strong>la</strong> liquidation progressive de notre<br />
indépendance politique, et <strong>la</strong> mainmise<br />
brutale sur ce qui restait de notre économie,<br />
pour aboutir après maintes péripéties<br />
à l’Etat mendiant et dépendant<br />
que nous sommes aujourd’hui.<br />
Quant à l’acceptation de <strong>la</strong> tristement<br />
fameuse Ordonnance du roi de<br />
France Charles X, disons que si l’on<br />
ne peut pas excuser Boyer, on peut du<br />
moins p<strong>la</strong>ider en sa faveur les circonstances<br />
atténuantes. En effet, depuis<br />
le renversement définitif de Napoléon<br />
après sa défaite de Waterloo (1815),<br />
<strong>la</strong> paix en Europe et <strong>la</strong> restauration de<br />
<strong>la</strong> royauté en France, Haïti vivait sous<br />
<strong>la</strong> menace constante d’une invasion<br />
française. Pour fixer les idées, disons<br />
que ce<strong>la</strong> équiva<strong>la</strong>it, en termes actuels,<br />
à une menace d’invasion de <strong>la</strong> <strong>par</strong>t des<br />
USA d’aujourd’hui pour nous mettre en<br />
esc<strong>la</strong>vage. La menace était donc très<br />
grave. D’autre <strong>par</strong>t, <strong>la</strong> France était le<br />
principal acheteur de café haïtien. Dans<br />
ces conditions, il fal<strong>la</strong>it que le gouvernement<br />
haïtien s’efforça d’arriver à un<br />
compromis avec l’ancien colonisateur.<br />
L’on peut n’être pas d’accord sur les<br />
termes du compromis et <strong>la</strong> façon dont<br />
il fut imposé, mais un petit pays doit<br />
souvent avaler bien des couleuvres.<br />
L›orgueil national en prit un coup, mais<br />
ce compromis honteux nous permit<br />
d›éviter une seconde expédition française,<br />
le retour probable de l›esc<strong>la</strong>vage,<br />
et de conserver un marché pour notre<br />
principale denrée d›exportation.<br />
(Ce qui précède doit beaucoup<br />
aux critiques et aux suggestions de<br />
l’historienne Ghis<strong>la</strong>ine Rey-Charlier).<br />
Vol. 5, No. 32 • Du 22 au 28 Février 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 7
Perspectives<br />
Le Conseil de Sécurité de l’ONU en Haïti :<br />
Amplification des protestations<br />
Par Yves Pierre-Louis<br />
Durant <strong>la</strong> visite des membres<br />
du Conseil de Sécurité de<br />
l’Organisation des Nations Unies en<br />
Haïti, du 13 au 16 février dernier,<br />
des organisations du mouvement<br />
progressiste et mouvement social<br />
haïtiens, des victimes de l’épidémie<br />
de Choléra importée <strong>par</strong> les soldats<br />
de l’ONU ont organisé diverses<br />
formes de protestation contre <strong>la</strong><br />
présence des forces étrangères sur le<br />
territoire national. Elles ont exigé du<br />
même coup justice et ré<strong>par</strong>ation pour<br />
toutes les victimes d’innombrables<br />
exactions des soldats de l’ONU,<br />
notamment celles du Choléra et des<br />
violences sexuelles. Les protestations<br />
vont des manifestations des<br />
rues aux lettres ouvertes adressées<br />
<strong>par</strong>ticulièrement au Conseil de Sécurité,<br />
l’organe décisionnel en dernier<br />
ressort de l’ONU pour maintenir <strong>la</strong><br />
Minustah en Haïti.<br />
Dès l’arrivée du Conseil à<br />
l’aéroport International Toussaint<br />
Louverture de Port-au-Prince, le lundi<br />
16 février, des dizaines de militantes<br />
anti-occupations, ont organisé un sitin<br />
devant le quartier général des Nations<br />
Unies en Haïti, appelé « Log Base<br />
» sis à Tabarre. Le lendemain, mardi<br />
14 février, des centaines de personnes<br />
ont pris <strong>par</strong>t à une manifestation <strong>par</strong>tant<br />
du Fort-National pour se rendre au<br />
Champ-de-Mars, alors que les membres<br />
du Conseil étaient en visite à l’une des<br />
bases du contingent brésilien dans le<br />
quartier popu<strong>la</strong>ire de Fort-National.<br />
Le jeudi 16 février 2012, dans<br />
l’après-midi, alors que le Conseil<br />
s’apprêtait à s’envoler pour les Etats-<br />
Unis, au moment où il s’adressait<br />
à <strong>la</strong> presse au salon diplomatique à<br />
l’aéroport, des centaines de victimes<br />
de Choléra accompagnées de militants<br />
anti-occupation ont manifesté devant<br />
l’aéroport pour demander justice et<br />
ré<strong>par</strong>ation pour les victimes de Choléra,<br />
de viol, de vio<strong>la</strong>tions des droits humains<br />
et le dé<strong>par</strong>t inconditionnel des<br />
forces illégales de l’ONU sur le territoire<br />
national. « Nous demandons au Conseil<br />
de Sécurité de <strong>par</strong>tir avec ses forces,<br />
Haïti n’a pas besoin de ces forces<br />
d’occupation. Il n’y a pas de guerre, pas<br />
de conflit. Haïti a besoin de solidarité<br />
et de coopération internationales. Nous<br />
demandons justice et ré<strong>par</strong>ation pour<br />
des milliers de victimes de Choléra-<br />
Minustah, pour les victimes de viol des<br />
soldats de l’ONU et pour tous les autres<br />
crimes odieux commis <strong>par</strong> les casques<br />
bleus de l’ONU. Justice pour Johny Jean,<br />
Rood Jean, Gérald Gilles. » Le chef de<br />
<strong>la</strong> délégation onusienne, Susan Rice, <strong>la</strong><br />
représentante des Etats-Unis à l’ONU a<br />
fait savoir que le Conseil a entendu <strong>la</strong><br />
voix qui s’élève contre <strong>la</strong> présence de <strong>la</strong><br />
Minustah en Haïti et exige son dé<strong>par</strong>t<br />
: « Nous sommes conscients que certaines<br />
personnes veulent le dé<strong>par</strong>t de <strong>la</strong><br />
Minustah, cependant, je dois vous dire<br />
que beaucoup d’autres à Miragoâne, à<br />
Léogâne et à Port-au-Prince pensent<br />
que <strong>la</strong> Minustah doit continuer à faire<br />
son travail » a-t-elle déc<strong>la</strong>ré.<br />
Toutefois elle reconnait que les<br />
soldats de l’ONU ont eu des comportements<br />
irrévérencieux à l’encontre des<br />
idéaux fondamentaux ayant conduit<br />
à <strong>la</strong> création de <strong>la</strong> mission. « Nous<br />
prenons très au sérieux les cas d’abus<br />
sexuels et de violences perpétrés <strong>par</strong> les<br />
casques bleus sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. Nous<br />
demandons <strong>la</strong> poursuite des investigations<br />
afin que les accusés soient traduits<br />
<strong>par</strong> devant <strong>la</strong> justice. Nous continuons<br />
de suivre <strong>la</strong> situation de très près. » a-telle<br />
indiqué avant de quitter Haïti.<br />
Par surcroit, des lettres ouvertes<br />
ont été adressées également au Conseil<br />
de Sécurité des Nations Unies pour exiger<br />
le retrait immédiat de <strong>la</strong> MINUSTAH<br />
en Haïti, <strong>la</strong> ré<strong>par</strong>ation civile pour les<br />
victimes de Choléra, d’abus sexuels et<br />
des vio<strong>la</strong>tions systématiques des droits<br />
humains perpétrées <strong>par</strong> les agents de<br />
Les membres du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies<br />
qui avaient visité Haïti, du 13 au 16 février dernier<br />
<strong>la</strong> Minustah. Les organisations signataires<br />
de cette lettre regroupées au<br />
sein du Collectif Mobilisation pour dédommager<br />
les victimes de Choléra, ne<br />
cachent pas leur indignation, face aux<br />
vio<strong>la</strong>tions des droits humains commises<br />
<strong>par</strong> les soldats de L’ONU en<br />
Haïti. « Révolté de ces différentes exactions,<br />
les militaires , les policiers et les<br />
agents civils de <strong>la</strong> MINUSTHA ; tenant<br />
compte de l’illégalité et l’illégitimité de<br />
cette force d’occupation constituant<br />
une gifle à notre histoire de première<br />
république noire indépendante, le Collectif<br />
de Mobilisation pour le Dédommagement<br />
des Victimes du Choléra<br />
estime nécessaire de vous adresser <strong>la</strong><br />
présente correspondance en vue de solliciter<br />
de vous le retrait immédiat de <strong>la</strong><br />
MINUSTHA et <strong>la</strong> ré<strong>par</strong>ation civile pour<br />
les victimes de choléra, d’abus sexuels<br />
et de vio<strong>la</strong>tions systématiques de droits<br />
humains en Haïti. »<br />
Il souligne une fois de plus le<br />
caractère illégal et illégitime de <strong>la</strong><br />
présence de <strong>la</strong> Minustah dans le pays.<br />
Il note également de multiples cas de<br />
vio<strong>la</strong>tions des droits humains et des<br />
violences sexuelles avant de conclure<br />
ainsi : « En conséquence, le Collectif de<br />
Mobilisation pour le Dédommagement<br />
des Victimes du Choléra demande :<br />
- Le dé<strong>par</strong>t immédiat des forces<br />
d’occupation des Nations Unies<br />
- La ré<strong>par</strong>ation civile des milliers<br />
de victimes du choléra et des victimes<br />
de viols<br />
- La levée de l’immunité des<br />
soldats de <strong>la</strong> Minustah, impliqués dans<br />
actes criminels, afin qu’ils puissent être<br />
jugés <strong>par</strong> <strong>la</strong> justice haïtienne. »<br />
Un autre réseau d’organisations<br />
et d’institution du mouvement social<br />
haïtien s’est adressé également au<br />
Conseil de Sécurité pour continuer de<br />
réc<strong>la</strong>mer le droit à l’autodétermination<br />
du peuple haïtien : « Non à <strong>la</strong> tutelle<br />
déguisée en Haïti ! Non à <strong>la</strong> recolonisation<br />
sournoise de notre pays ! Non à <strong>la</strong><br />
destruction de nos Institutions ! Oui à<br />
l’Auto-détermination du peuple haïtien<br />
! Nous, organisations du Mouvement<br />
Social Haïtien concernées <strong>par</strong> le présent<br />
et l’avenir du pays et signataires de<br />
cette lettre ouverte, tenons à vous renouveler<br />
notre refus le plus entier à<br />
l’expression <strong>la</strong> plus honteuse et hideuse<br />
de l’occupation en Haïti, nous voulons<br />
citer <strong>la</strong> MINUSTAH. 8 ans d’occupation<br />
militaire porteuse de kidnappings, de<br />
viols collectifs de mineurs-es, de pendaison,<br />
de prostitution de familles entières<br />
à travers des marchandages de<br />
services sexuels contre nourriture, de<br />
domestication du système judiciaire<br />
dans les villes intérieures et régions rurales<br />
du pays, de répression contre les<br />
quartiers popu<strong>la</strong>ires et les protestations<br />
pacifiques. Pire encore, des soldats de<br />
<strong>la</strong> MINUSTAH ont introduit le Choléra<br />
sur le territoire haïtien provoquant <strong>la</strong><br />
mort de plus de 7000 personnes et<br />
<strong>la</strong>issant des enfants orphelins désem<strong>par</strong>és<br />
à travers le pays et une nouvelle<br />
source de stigmatisation. NON ! NOUS<br />
EXIGEONS JUSTICE ET RÉPARATIONS<br />
POUR LES VICTIMES DES INNOM-<br />
BRABLES CRIMES COMMIS PAR VOS<br />
SOLDATS ET POLICIERS ! NOUS VOU-<br />
LONS QUE VOS TROUPES PARTENT<br />
LE PLUS VITE QUE POSSIBLE ! »<br />
208 ans après l’indépendance<br />
de <strong>la</strong> première République noire, les<br />
anciennes puissances coloniales et les<br />
forces impérialistes cherchent toujours<br />
<strong>par</strong> tous les moyens à maintenir Haïti<br />
sous leur domination récurrente. Elles<br />
fomentent toutes sortes de complot<br />
contre Haïti. Elles tiennent Haïti dans<br />
une spirale de dictature et d’occupation<br />
pour continuer de piller et d’exploiter<br />
les richesses du pays et <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />
est devenue de plus en plus appauvrie,<br />
dont <strong>la</strong> seule issue est de recourir<br />
à <strong>la</strong> migration vers d’autres pays, a <strong>la</strong><br />
recherche d’un mieux-être. La preuve,<br />
c’est que depuis plus de huit (8) ans,<br />
les pays riches (Etats-Unis, <strong>la</strong> France,<br />
Canada et autres) ont usé de leur influence<br />
sur Haïti, <strong>par</strong> l’entremise de l’ONU,<br />
et imposé une force d’occupation sur <strong>la</strong><br />
terre de Dessalines. Depuis lors, rien<br />
n’a changé, <strong>la</strong> situation de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />
haïtienne s’empire constamment.<br />
Au contraire, l’occupation a ajouté un<br />
autre fardeau aux ca<strong>la</strong>mités du peuple<br />
haïtien, outre l’importation du Choléra,<br />
elle tue et viole. La Minustah n’est pas<br />
une force de maintien de <strong>la</strong> paix comme<br />
on veut le faire croire, c’est une force<br />
d’occupation qui impose <strong>la</strong> volonté de<br />
<strong>la</strong> communauté Internationale du point<br />
de vue politique, économique et social.<br />
L’arrogance des anciens militaires : Qui tirent les ficelles ?<br />
Par Thomas Péralte<br />
Depuis environ deux semaines,<br />
d’anciens militaires des ex-Forces<br />
Armées d’Haïti, dissoutes en 1995<br />
ont envahi les campements restés toujours,<br />
notamment à Carrefour, situé au<br />
Sud de <strong>la</strong> capitale ; au centre d’Haïti<br />
et dans beaucoup autres endroits du<br />
pays. Revêtus de l’uniforme spécifique,<br />
armes à <strong>la</strong> main, ils ont effectué<br />
des <strong>par</strong>ades, des démonstrations<br />
d’entraînement, ils ont multiplié des<br />
NICLAS EXPRESS INCOME TAX<br />
& INSURANCE AGENCY<br />
Also:<br />
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déc<strong>la</strong>rations dans des médias, sans<br />
aucune inquiétude. Ils demandent au<br />
président Michel Joseph Martelly de respecter<br />
ses promesses électorales.<br />
Le porte-<strong>par</strong>ole de <strong>la</strong> Coalition<br />
Nationale des Militaires Démobilisés<br />
(CONAMID), l’ex-sergent David<br />
Fast Refund<br />
Dormé a fait savoir qu’il s’agit d’un<br />
mouvement coordonné, mais non dicté<br />
<strong>par</strong> quiconque. « Notre patience a des<br />
limites, nous ne pouvons pas attendre<br />
indéfiniment. Nous sommes déterminés<br />
à protéger nos bases et à nous défendre<br />
arme à <strong>la</strong> main contre tous ceux<br />
qui veulent nous déloger dans nos<br />
campements. Nous n’allons pas nous<br />
battre contre nos frères d’armes de <strong>la</strong><br />
Police Nationale d’Haïti (PNH), mais<br />
personne ne nous fera subir le même<br />
sort que Ravix Rémissainthe. Nous<br />
n’avons pas peur et nous ne céderons<br />
pas aux pressions », a-t-il déc<strong>la</strong>ré.<br />
Cette situation, qui vient s’ajouter<br />
aux autres problèmes du pays<br />
inquiète beaucoup <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion et<br />
suscite les réactions de divers secteurs.<br />
Depuis les Etats-Unis, le Premier ministre<br />
Garry Conille a intimé l’ordre aux<br />
anciens militaires de déposer les armes<br />
avant toute négociation. Il a rappelé<br />
qu’une commission a été mise sur pied<br />
pour réfléchir et proposer des recommandations<br />
devant aboutir à une nouvelle<br />
force sécuritaire pour le pays. «<br />
Notre message est simple et c<strong>la</strong>ir, il faut<br />
absolument qu’ils déposent les armes<br />
rapidement. Nous ne pourrons engager<br />
aucune négociation, aucune discussion<br />
tant qu’ils ont des armes en leur<br />
possession et prennent de force des<br />
institutions publiques du pays. Nous<br />
attendons le rapport de <strong>la</strong> commission<br />
chargée de réfléchir sur ce dossier et<br />
nous souhaitons que tous les secteurs<br />
de <strong>la</strong> société se prononcent et donnent<br />
leur vision de cette future force de sécurité<br />
nationale », a-t-il averti.<br />
Le ministre de l’Intérieur et de<br />
<strong>la</strong> Défense Nationale, Thierry Mayard<br />
Paul, de son côté, invite les anciens<br />
militaires à rentrer chez eux, il a fait<br />
savoir qu’ils n’ont aucune autorisation<br />
à investir les camps de formation<br />
de Lamentin à Carrefour et au P<strong>la</strong>teau<br />
Central, il leur conseille de garder leur<br />
calme. « Le gouvernement n’a autorisé<br />
personne à investir ces espaces.<br />
Nous les invitons tous à garder leur<br />
calme. Le processus de réhabilitation<br />
des forces armées est très complexe<br />
et doit être conduit de manière rationnelle,<br />
progressive et profonde, » a-t-il<br />
indiqué.<br />
Le maire de <strong>la</strong> Commune de Carrefour,<br />
sud de <strong>la</strong> capitale, Yvon Jérôme a<br />
confirmé que des anciens militaires ont<br />
réellement pris d’assaut, sans aucune<br />
décision officielle l’ancienne base militaire<br />
située dans <strong>la</strong> zone de Lamentin :<br />
« ce qui est confirmé, c’est qu’ils sont<br />
là-bas », disait-il, très vaguement. Le<br />
sénateur du P<strong>la</strong>teau Central, Francisco<br />
De La Cruz lui aussi a rapporté que des<br />
anciens militaires munis de leurs armes<br />
ont également pris d’assaut l’ancienne<br />
base à Cerca-<strong>la</strong>-Source.<br />
Le président de <strong>la</strong> Commission<br />
justice et sécurité au Sénat de <strong>la</strong> république,<br />
le sénateur Youri Latortue encourage<br />
ses frères d’armes, qui se sont<br />
em<strong>par</strong>és actuellement d’anciens camps<br />
militaires à regagner rapidement leur<br />
domicile et à remettre les armes qu’ils<br />
ont en leur possession. Dans le ca<br />
Suite à <strong>la</strong> page (16)<br />
8<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 5, No. 32 • Du 22 au 28 Février 2012
This Week in <strong>Haiti</strong><br />
Clinton Commission Shuns Rebuilding of <strong>Haiti</strong>’s Quake-Ravaged<br />
State University, Favoring Private Schools Instead<br />
by <strong>Haiti</strong> Grassroots Watch<br />
Port-au-Prince, February 22, 2012<br />
Two years after the earthquake, and<br />
despite the proposals written, the<br />
consortiums organized, and the foreign<br />
delegations entertained, the University<br />
of the State of <strong>Haiti</strong> (Université d’Etat<br />
d’Haïti or UEH) still has not seen any<br />
“reconstruction,” and the proposal for<br />
a university campus that would unite<br />
all 11 faculties remains a 25-year-old<br />
“dream.”<br />
Today, the majority of the 13,000<br />
students at the UEH’s faculties in the<br />
capital are jammed into sweltering<br />
sheds, struggling to hear the professor<br />
who is shouting, hoping to drown<br />
out the other professors shouting in the<br />
surrounding sheds.<br />
The fact that the <strong>Haiti</strong>an government<br />
and its “friends” have not financed<br />
the reconstruction – and a sufficient<br />
operating budget – of the oldest<br />
and most important institution of higher<br />
learning in the country represents more<br />
than a “peril” to <strong>Haiti</strong>’s future. These<br />
choices – or at least, these omissions –<br />
offer perfect examples of the global orientation<br />
of the “reconstruction,” which<br />
is centered on the needs of the national<br />
and international private sector, and<br />
which favors “quick-fixes” to <strong>Haiti</strong>’s<br />
urgent problems, rather than <strong>la</strong>sting<br />
solutions over which <strong>Haiti</strong>ans can have<br />
some say. Finally, these omissions represent<br />
contempt for the public interests<br />
of the entire nation.<br />
The dream of a campus – The farce<br />
of the IHRC<br />
The disaster of Jan. 12, 2010, destroyed<br />
nine of the 11 UEH schools in<br />
the capital. Three hundred and eighty<br />
students, and more than 50 professors<br />
and administrative staff of UEH disappeared,<br />
according to the university and<br />
to a study by the Inter-university Institute<br />
for Research and Development<br />
(INURED), released in March 2010.<br />
(According to the same study, at least<br />
2,000 students and 130 professors in<br />
all of the institutions of higher learning<br />
died in the catastrophe.)<br />
Nevertheless, this tragedy offered<br />
an opportunity to UEH authorities, who<br />
are themselves charged with supervising<br />
all institutions of higher learning<br />
in the country. The members of the<br />
Council of the Dean’s Office (Rectorate)<br />
saw their chance to make a dream become<br />
reality. Twenty-five years ago, in<br />
1987, delegates at the first conference<br />
of the National Federation of <strong>Haiti</strong>an<br />
Students (FENEH) listed a campus as<br />
one of their post-dictatorship goals and<br />
demands.<br />
“We always wanted a university<br />
campus, we really struggled for that,”<br />
remembered Rose Anne Auguste in an<br />
interview with <strong>Haiti</strong> Grassroots Watch<br />
(HGW) in July 2011. Once a FENEH<br />
leader, today she is a nurse and community<br />
activist.<br />
Over one year ago, the Rectorate<br />
submitted a proposal to the Interim<br />
<strong>Haiti</strong> Recovery Commission (IHRC), the<br />
institution charged with approving and<br />
coordinating all reconstruction projects.<br />
“Right in its first extraordinary<br />
meeting, on Feb. 5, 2010, the University<br />
Council decided to face the reconstruction<br />
problem… and we voted<br />
a resolution asking the Executive<br />
Council to take all measures deemed<br />
necessary to assure all the University<br />
faculties could be rehoused together,”<br />
according to the project, which HGW<br />
obtained.<br />
“When considered as <strong>par</strong>t of the<br />
challenge of reconstruction and of the<br />
re-founding of this nation, this project<br />
can be seen as a crucial asset of primary<br />
importance which will assure a<br />
better tomorrow for our popu<strong>la</strong>tion,”<br />
the same document continues.<br />
HGW<br />
A student in the yard of the School of Agronomy and Veterinary Medicine,<br />
which was badly damaged during the earthquake. Several provisional<br />
c<strong>la</strong>ssrooms have been built, and c<strong>la</strong>sses are also held in hot crowded tents<br />
The Rectorate proposed a provisional<br />
student and preliminary budget<br />
of US$200 million for the construction<br />
of the main campus with c<strong>la</strong>ssroom<br />
buildings, libraries, <strong>la</strong>boratories, restaurants,<br />
and university residents to lodge<br />
15,000 students and 1,000 professors<br />
on <strong>par</strong>t of the old Habitation Damien<br />
<strong>la</strong>nd in Croix-des-Bouquets, north of<br />
Port-au-Prince.<br />
“It’s an old dream,” said Fritz<br />
Deshommes, Vice Rector for Research,<br />
during an interview with HGW.<br />
“It’s really an aberration… despite<br />
the importance of UEH in the<br />
higher education system in <strong>Haiti</strong>, this<br />
prestigious institution has never had a<br />
campus,” he added.<br />
Following the submission of the<br />
project in February 2011, for months,<br />
the IHRC “didn’t respond. We gave a<br />
copy to each member of the council…<br />
the administrative director promised<br />
to call us, but that promise was empty,”<br />
Deshommes comp<strong>la</strong>ined. “They<br />
never discussed the proposal.”<br />
Auguste was aware of the project.<br />
Founder of the Association for the<br />
Promotion of Integral Family Health<br />
(APROSIFA), she was an IHRC member,<br />
representing (without the right to<br />
vote) <strong>Haiti</strong>an non-governmental organizations.<br />
“The project was never discussed<br />
at any IHRC assembly, but every member<br />
knew about it,” Auguste told HGW.<br />
“I tried to pressure the administrative<br />
council to get the project considered<br />
and discussed.”<br />
“According to the project director,<br />
there were some technical weaknesses,”<br />
she added.<br />
Maybe. But the IHRC had its<br />
own weaknesses, according to a study<br />
by the U.S. Government Accountability<br />
Office (GAO) , published in May 2011.<br />
After a year of existence, many<br />
projects had been approved but not<br />
financed; two out of five de<strong>par</strong>tments<br />
had no director, and 22 of 34 key posts<br />
remained vacant, the study noted.<br />
In short, the IHRC was not “yet<br />
fully operational… According to U.S.<br />
and NGO officials, staffing shortages<br />
affected the project review process —<br />
a process to determine whether project<br />
proposals should be approved for implementation<br />
— and communications<br />
with stakeholders, such as the Board<br />
of Directors,” the GAO study noted.<br />
But the IHRC did acknowledge<br />
getting the project. Contacted via email<br />
on Oct. 17, 2011 by HGW, IHRC Director<br />
of Projects at the time, Aurélie<br />
Baoukobza, promised that the campus<br />
proposal was under consideration.<br />
“The proposal is currently following<br />
the reviewing circuit and the<br />
discussions re<strong>la</strong>tive to its approval<br />
have not yet been shared,” she wrote.<br />
“Therefore, I cannot discuss this<br />
project with the media. The decision of<br />
the IHRC and the Government are supposed<br />
to be delivered to the submitting<br />
<strong>par</strong>ties by the end of the week. Only<br />
after that official email can I speak<br />
about the project,” she promised.<br />
Four days <strong>la</strong>ter, on Oct. 21, the<br />
mandate of the IHRC expired. There ensued<br />
silence.<br />
Higher education<br />
enrollment for<br />
university age group<br />
Percentage of state<br />
budget dedicated to<br />
education<br />
Percentage of that<br />
amount going to<br />
higher education<br />
Tents serve as student "dorms" at the School of Agronomy<br />
and Veterinary Medicine<br />
<strong>Haiti</strong>* Dominican Republic Nicaragua Latin America<br />
and Caribbean<br />
Many years of struggle<br />
Deshommes was not surprised at the<br />
silence, or at the <strong>la</strong>ck of a campus.<br />
“The reason that the university<br />
campus has never built is political,” he<br />
said. “Because, if all the students were<br />
permanently together in one p<strong>la</strong>ce, they<br />
would have the necessary material conditions<br />
to better organize themselves<br />
and make their demands heard. Then,<br />
they would be able to turn everything<br />
upside down. The political authorities<br />
understood the importance of this. A<br />
single campus is not in their interests.”<br />
As noted above, and not surprisingly,<br />
the fight for a campus didn’t start<br />
only after the earthquake. As Auguste<br />
said, it was born after 1986, the date<br />
of the end of François and Jean-C<strong>la</strong>ude<br />
Duvalier’s dictatorship.<br />
Ever since a 1960 strike of students<br />
at the University of <strong>Haiti</strong>, François<br />
Duvalier established his control over the<br />
various faculties. He issued a decree on<br />
Dec. 16, 1960, creating the “University of<br />
the State” in the p<strong>la</strong>ce of the University<br />
of <strong>Haiti</strong>. The decree’s fascist character was<br />
ap<strong>par</strong>ent in the various lines. One reads in<br />
the decree that Duvalier was “considering<br />
the necessity to organize the University<br />
on new foundations in order to prevent it<br />
from transforming into a bastion where<br />
subversive ideas would develop…”<br />
Article 9 was even clearer. It<br />
noted that any student wanting to enroll<br />
in the university had to get a certificate<br />
from the police that he or she<br />
did not belong to any communist group<br />
or any association under suspicion by<br />
the State.<br />
After Feb. 7, 1986 – the de<strong>par</strong>ture<br />
of Jean-C<strong>la</strong>ude Duvalier in a USgovernment<br />
chartered airp<strong>la</strong>ne – one of<br />
the most dominant slogans was “<strong>Haiti</strong><br />
is free!”<br />
The political uprising that spread<br />
throughout the country extended to the<br />
university system. Professors and students<br />
demanded a number of reforms<br />
as well as the construction of a campus<br />
that would gather together all the faculties<br />
sprinkled throughout the capital.<br />
Since then, there has been some<br />
progress – the name was changed to<br />
UEH, there has been some democratization,<br />
the level of teaching has been<br />
improved – but <strong>la</strong>ck of financing has<br />
<strong>par</strong>alyzed the institution. The budgets<br />
from the <strong>la</strong>st few years show that UEH<br />
has never received more than 1 to 1.3<br />
% of the state budget.<br />
Even worse, the government’s<br />
Action P<strong>la</strong>n for Reconstruction and Development<br />
(PADRN), proposed by former<br />
President René Préval’s team, asked<br />
for only US$60 million for “professional<br />
and higher education” out of a total request<br />
for $3.864 billion sought for reconstruction<br />
– only 1.5% of the total.<br />
President Michel Martelly’s government<br />
indicated that it would increase<br />
UEH’s budget but – according to a recent<br />
report by AlterPresse, a member of the<br />
HGW <strong>par</strong>tnership – the most recent budget<br />
dedicates only 1.5% to UEH.<br />
“This budget shows the contempt<br />
that our elected officials have<br />
for the country’s principal public institution<br />
of higher education, as well<br />
as their evident desire to weaken it<br />
and perhaps even do away with it altogether,”<br />
Professor Jean Vernet Henry,<br />
the UEH Rector, told AlterPresse in the<br />
Jan. 27 article.<br />
“A race between education and<br />
catastrophe”<br />
The low funding represents much more<br />
than contempt. It represents a danger, a<br />
“peril,” according to experts.<br />
A 2000 study funded by the<br />
World Bank – Peril and Promise: Higher<br />
Education in Developing Countries<br />
– sounded the a<strong>la</strong>rm about the <strong>la</strong>ck of<br />
investment in public higher education<br />
over 10 years ago.<br />
“Since the 1980s, many national<br />
governments and international donors<br />
have assigned higher education<br />
a re<strong>la</strong>tively low priority,” the study<br />
says. “Narrow — and, in our view,<br />
misleading — economic analysis has<br />
contributed to the view that public investment<br />
in universities and colleges<br />
brings meager returns com<strong>par</strong>ed to<br />
investment in primary and secondary<br />
schools… As a result, higher education<br />
systems in developing countries are<br />
under great strain. They are chronically<br />
underfunded, but face esca<strong>la</strong>ting<br />
demand—approximately half of<br />
today’s higher education students live<br />
in the developing world.”<br />
The study looked at enrollment<br />
and investment figures in countries<br />
around the world (figures from 1995).<br />
Here are some extracts, com<strong>par</strong>ed with<br />
<strong>Haiti</strong>an figures calcu<strong>la</strong>ted by <strong>Haiti</strong><br />
Grassroots Watch.<br />
1% 22% 12% 18% 3%<br />
Sub-<br />
Saharan<br />
Africa<br />
14% 13.2% N/A 18.1% 15.2%<br />
8.25% 9% N/A 19.5% 16.7%<br />
HGW<br />
* Note – The <strong>Haiti</strong> budget figures<br />
reflect an average of the 2008-2009 and<br />
2009-2010 fiscal year actual expenses.<br />
Not surprisingly, in terms of enrollment,<br />
<strong>Haiti</strong> is far behind its neighbors,<br />
and in terms of investments, <strong>Haiti</strong> is at<br />
the bottom of the list. Even the Dominican<br />
Republic, well known for its failure<br />
to invest in higher education, is ahead of<br />
<strong>Haiti</strong>.<br />
The authors of the study – a committee<br />
of academics and former ministers<br />
headed by the ex-Dean of Harvard<br />
University and the Vice Chancellor of the<br />
University of Cape Town – cited a warning<br />
from H.G. Wells.<br />
“The chance is simply too great to<br />
miss,” they wrote. “As H.G. Wells said<br />
in The Outline of History, ‘Human<br />
history becomes more and more a race<br />
between education and catastrophe.’”<br />
The “friends of <strong>Haiti</strong>” support the<br />
private sector<br />
At the very moment the proposal for the<br />
State University of <strong>Haiti</strong>’s new campus<br />
was locked in a drawer, the Dominican<br />
government built a university campus in<br />
<strong>Haiti</strong>’s north – the King Henry Christophe<br />
University. Built in only 18 months, the<br />
campus cost US$50 million.<br />
And the universities and governments<br />
of the countries that call themselves<br />
the “friends of <strong>Haiti</strong>”?<br />
Despite a number of meetings<br />
and conferences held at seaside<br />
hotels and at the most expensive<br />
conference centers in the country,<br />
Suite à <strong>la</strong> page (16)<br />
Vol. 5, No. 32 • Du 22 au 28 Février 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 9
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<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 5, No. 32 • Du 22 au 28 Février 2012
UEH : Vandalisme des casseurs<br />
de Martelly<br />
Par Thomas Peralte<br />
Le vendredi 17 février 2012, il<br />
était environ 3 heures de l’aprèsmidi,<br />
lorsque Michel Joseph Martelly<br />
à <strong>la</strong> tête d’un groupe d’individus<br />
casseurs a essayé de pénétrer à<br />
l’intérieur de <strong>la</strong> Faculté d’Ethnologie<br />
qui se trouve à <strong>la</strong> rue Magloire Ambroise,<br />
au Champ-de-Mars. Accompagné<br />
de sa femme, Sophia Martelly,<br />
sans aucune forme d’invitation, il<br />
vou<strong>la</strong>it assister à un Colloque international<br />
se dérou<strong>la</strong>nt sur le thème :<br />
« L’Ethnologie et <strong>la</strong> construction de<br />
<strong>la</strong> Nation politique, du peuple, du citoyen<br />
en Haïti. », animé <strong>par</strong> des professeurs<br />
étrangers et haïtiens.<br />
Bloqué <strong>par</strong> des étudiants, l’ancien<br />
chanteur d’un groupe Compas,<br />
surnommé « Sweet Micky » a tenté<br />
de force d’y entrer. Ses <strong>par</strong>tisans-casseurs<br />
prétendaient que les étudiants<br />
auraient touché à coup de pierres le<br />
cortège du président « Tèt Kale ». Ils<br />
ont pénétré <strong>par</strong> effraction à l’intérieur<br />
de <strong>la</strong> Faculté Ethnologie et le<br />
Bureau National d’Ethnologie où ils<br />
ont commis des actes de vandalisme<br />
très graves. Des ordinateurs, des imprimantes,<br />
des téléphones portables,<br />
des venti<strong>la</strong>teurs et d’autres matériels<br />
de bureau ont été emportés <strong>par</strong> les<br />
bandits de Martelly. Les <strong>par</strong>e-brise<br />
des véhicules stationnés sur <strong>la</strong> cour<br />
de l’établissement universitaire ont<br />
été endommagés. Des matériels de<br />
bureau renversés <strong>par</strong> terre, le bi<strong>la</strong>n<br />
est très lourd. Les agents de sécurité<br />
de Martelly sont intervenus de force<br />
en tirant en l’air des coups de feu et<br />
de bombonnes de gaz <strong>la</strong>crymogène<br />
en direction de <strong>la</strong> Faculté. Des étudiants<br />
se sont évanouis, d’autres ont<br />
été blessés, 4 autres ont été interpellés<br />
<strong>par</strong> <strong>la</strong> Police puis relâchés dans <strong>la</strong><br />
soirée. Alors qu’aucun des casseurs<br />
n’a été arrêté en dépit de l’intervention<br />
du Commissaire du gouvernement<br />
de Port-au-Prince, Jean Renel<br />
Sénatus.<br />
Les dégâts matériels sont<br />
considérables, des impacts de balles<br />
restaient encore très visibles sur les<br />
persiennes de <strong>la</strong> Facultés. La clôture<br />
du Bureau National d’Ethnologie<br />
qui se trouve en face de <strong>la</strong> barrière<br />
Nord du pa<strong>la</strong>is national, <strong>par</strong>tageant<br />
<strong>la</strong> cour de <strong>la</strong> Faculté a été également<br />
détruite. Les <strong>par</strong>ticipants au colloque<br />
et les étudiants se trouvant à <strong>la</strong> Faculté<br />
n’ont eu <strong>la</strong> vie sauve que grâce<br />
à l’intervention de <strong>la</strong> Croix-Rouge<br />
et d’autres représentants du corps<br />
diplomatique.<br />
Selon les étudiants de l’entité<br />
universitaire publique, l’incident a<br />
été provoqué <strong>par</strong> le président Martelly<br />
qui a voulu pénétrer l’enceinte de<br />
<strong>la</strong> Faculté avec des hommes armés<br />
en civil, alors que se tenait encore<br />
un colloque international dans l’établissement.<br />
« L’espace universitaire<br />
étant invio<strong>la</strong>ble, nous avions décidé<br />
qu’ils n’entreraient pas. Des hommes<br />
armés en civil et des policiers ont tiré<br />
des coups de feu, frappé des étudiants,<br />
cassé des vitres de voitures<br />
tandis que des portes du bâtiment<br />
ont été défoncées. » Confirment les<br />
étudiants témoins des actes de vandalisme<br />
des bandes de Martelly.<br />
Le Bureau de Communication<br />
du pa<strong>la</strong>is national s’est empressé<br />
d’émettre un communiqué pour<br />
essayer de détourner l’attention de<br />
<strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion sur ce qui s’est passé<br />
réellement à <strong>la</strong> Faculté Ethnologie<br />
ce jour-là. Il dénonce une certaine<br />
agression contre le cortège présidentiel<br />
« …des fauteurs de trouble<br />
réfugiés dans l’enceinte de <strong>la</strong> Faculté<br />
d’Ethnologie, ont agressé le cortège<br />
du président de <strong>la</strong> République qui<br />
<strong>par</strong>courait l’aire du champ-de-Mars<br />
à pied accompagné des bandes carnavalesques.<br />
» a prétendu le Bureau.<br />
C’était bizarre, selon des témoins<br />
les fauteurs de trouble se trouvaient<br />
dans les rangs des bandits légaux de<br />
Martelly. Ce sont eux qui ont pénétré<br />
<strong>par</strong> effraction l’enceinte des locaux<br />
de <strong>la</strong> Faculté d’Ethnologie pour voler,<br />
piller, briser tout ce qui s’y trouvait.<br />
Le communiqué a <strong>par</strong>lé de<br />
bandes carnavalesques alors que<br />
le président Martelly, lui-même a<br />
interdit formellement le défilé carnavalesque<br />
dans les rues de Port-au-<br />
Prince. Il a <strong>par</strong>lé également d’agression<br />
contre le cortège présidentiel,<br />
qui oserait attaquer le cortège présidentiel<br />
à un pas du pa<strong>la</strong>is national ?<br />
Communiqué mensonger.<br />
En fait, le président Martelly<br />
était à <strong>la</strong> tête d’une manifestation<br />
réunissant quelques centaines de<br />
personnes, <strong>par</strong>tie des hauteurs de<br />
Pétion-ville pour se rendre en ville,<br />
essayant ainsi de faire croire à tous<br />
ceux qui en lui veulent qu’il est «<br />
popu<strong>la</strong>ire ». La question de <strong>la</strong> double<br />
nationalité semble atteindre le président<br />
Martelly au plus profond de son<br />
cœur. Le comportement du président<br />
Martelly ces derniers jours, <strong>la</strong>isse à<br />
désirer, qu’il s’agisse des réponses<br />
choquantes données à des journalistes,<br />
de l’intervention inappropriée<br />
à <strong>la</strong> résidence privée du Premier ministre<br />
ou de l’intervention brutale et<br />
sauvage à <strong>la</strong> Faculté d’Ethnologie.<br />
Le recteur contesté de l’Université<br />
d’Etat d’Haïti (UEH), Jean<br />
Henry Vernet a condamné ce qui<br />
s’est passé vendredi 17 février à <strong>la</strong><br />
Faculté d’Ethnologie en ces termes<br />
: « C’est un incident qui est vraiment<br />
malheureux, un incident sans<br />
nom. Je suis très gêné d’une chose<br />
comme ça, <strong>par</strong>ce que j’ai été obligé<br />
à un certain moment de faire appel<br />
à <strong>la</strong> Croix-Rouge pour évacuer les<br />
personnes en danger. Je pense que<br />
l’incident qui s’est produit n’est pas<br />
normal, c’est une mauvaise façon<br />
de faire qui est à <strong>la</strong> base de toute <strong>la</strong><br />
casse qui a été faite. Des gens malintentionnés<br />
envahissent l’enceinte de<br />
<strong>la</strong> faculté et cassent tout ce qui s’y<br />
trouve. Déjà que nous n’avons pas<br />
assez de moyen et que nous constatons<br />
des pertes de ce genre, je suis<br />
vraiment consterné <strong>par</strong> ce qui s’est<br />
passé là-bas. »<br />
Certains observateurs<br />
constatent depuis bien des temps<br />
que le président Michel Martelly ne<br />
se gêne pas de commettre n’importe<br />
quel désordre. Et d’ailleurs il disait<br />
haut et fort : « Depi se prezidan an k<br />
ap fè dezòd, dezòd <strong>la</strong> legal ». Alors le<br />
président Martelly peut se permettre<br />
d’entrer à <strong>la</strong> Faculté d’Ethnologie<br />
comme bon lui semble à <strong>la</strong> tête d’un<br />
groupe de casseurs. Quelle image a-<br />
t-il envoyé à l’étranger quand il sait<br />
très bien qu’il y avait un colloque<br />
international animé <strong>par</strong> des professeurs<br />
venus de plusieurs continents<br />
?<br />
Ces nouveaux incidents douloureux<br />
interviennent à un moment<br />
où le gouvernement prétend ouvrir le<br />
pays aux investissements étrangers,<br />
alors le président <strong>par</strong> son comportement<br />
désagréable envoie un autre<br />
message aux investisseurs, en dépit<br />
de toutes les difficultés auxquelles<br />
on fait face. De plus, le pays traverse<br />
une grave crise de gouvernance, née<br />
de <strong>la</strong> nouvelle re<strong>la</strong>tive à <strong>la</strong> nationalité<br />
étrangère des hauts dignitaires de<br />
l’Etat, interdite <strong>par</strong> <strong>la</strong> constitution<br />
haïtienne. Cette situation a également<br />
débouché sur de graves divergences<br />
entre les deux branches du pouvoir<br />
exécutif et entre le pouvoir légis<strong>la</strong>tif<br />
et le pouvoir exécutif.<br />
Maintenant, c’est le secteur<br />
universitaire qui fait l’objet d’attaques<br />
sévères de <strong>la</strong> <strong>par</strong>t du président<br />
Martelly en personne. La<br />
grande question qu’on se pose est :<br />
où va-t-il conduire le pays?<br />
Sophia Martelly accompagnant son époux dans <strong>la</strong> vio<strong>la</strong>tion de l'enceinte de <strong>la</strong> Faculté d'Ethnologie<br />
La bande carnavalesque de Martelly<br />
Actions de vandalisme réalisées <strong>par</strong> les bandits de Martelly<br />
L’intrus de Sweet Micky à l’Ethnologie a mordu l’étudiant<br />
Sweet Micky en débandade<br />
L’assail<strong>la</strong>nt montrant sa main, rouge du sang de l’étudiant<br />
Vitres d’une voiture en <strong>par</strong>king à <strong>la</strong> faculté, brisées<br />
<strong>par</strong> les assail<strong>la</strong>nts<br />
Vol. 5, No. 32 • Du 22 au 28 Février 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 11
Un vétéran de <strong>la</strong> diplomatie US met en question <strong>la</strong><br />
version officielle des évènements en Syrie !<br />
Par Sharmine Narwani<br />
Le problème avec <strong>la</strong> politique US<br />
au Moyen-Orient aujourd’hui est<br />
qu’elle est presque entièrement conçue<br />
dans <strong>la</strong> sphère de l’action politique<br />
immédiate. Révolue l’époque<br />
où les spécialistes des différents<br />
domaines, qui étaient les véritables<br />
poids lourds dans le centre de commandement,<br />
introduisaient dans les<br />
décisions politiques les plus importantes,<br />
une approche nuancée fondée<br />
sur <strong>la</strong> connaissance du contexte<br />
historique et des rapports en p<strong>la</strong>ce.<br />
Aujourd’hui, vous verrez les<br />
groupes d’intérêts à motivation<br />
unique, les projets commerciaux<br />
ainsi que les cycles électoraux peser<br />
sur des débats cruciaux. Le court<br />
terme, le gain tactique immédiat et<br />
les approches en noir et b<strong>la</strong>nc prennent<br />
alors le pas sur <strong>la</strong> vision à long<br />
terme et <strong>la</strong> stratégie. Comme dans<br />
les campagnes de marketing menées<br />
tambour battant, on recourt en priorité<br />
aux phrases-clefs, aux mises en<br />
scène et à une construction narrative<br />
simpliste.<br />
Les projecteurs sont fortement<br />
braqués sur <strong>la</strong> Syrie ces derniers<br />
temps et voici ce qu’on nous martèle<br />
en vrac : massacres perpétrés <strong>par</strong> le<br />
régime à Homs, <strong>la</strong> méchante Russie,<br />
un Conseil de Sécurité animé de <strong>la</strong><br />
noble intention de sauver <strong>la</strong> Syrie,<br />
le bain de sang de Hamma en 1982<br />
tiré de l’oubli, un ambassadeur US<br />
“dégoûté” <strong>par</strong> l’usage odieux que<br />
d‘autres font du droit de veto.<br />
Mais si nous réduisons<br />
l’hystérie d’un cran ou deux et portons<br />
le débat devant des observateurs<br />
mesurés et expérimentés, nous<br />
avons une toute autre histoire. J’ai<br />
eu, ce week-end, le privilège de<br />
recevoir un courriel qui m’a rappelé<br />
cette époque où les spécialistes du<br />
Dé<strong>par</strong>tement d’Etat présentaient un<br />
tableau des évènements, honnête<br />
et apte à inspirer des décisions plus<br />
sages.<br />
La missive venait d’un diplomate<br />
US qui a servi en Syrie et qui<br />
a demandé à conserver l’anonymat.<br />
Voici le courriel, dans son intégralité<br />
afin que chacun puisse en prendre<br />
connaissance.<br />
J’ai du mal à admettre tous ces<br />
discours appe<strong>la</strong>nt à une intervention<br />
militaire en Syrie. Tout le monde<br />
et <strong>par</strong>ticulièrement les médias, se<br />
contente en guise d’information de<br />
nous servir que ce que racontent les<br />
activistes opposés au régime. Comment<br />
pouvons-nous savoir que 260<br />
personnes ont été tuées à Homs hier<br />
? Ce chiffre semble avoir pour seule<br />
source des personnalités opposées au<br />
régime, j’ai de sérieux doutes sur sa<br />
véracité.<br />
J’ai servi pendant plus de trois<br />
ans à l’ambassade US de Damas et je<br />
sais combien, dans cette société politique<br />
fermée, il est difficile de sé<strong>par</strong>er<br />
les faits des rumeurs. A l’époque,<br />
nous faisions constamment l’effort<br />
de vérifier les rumeurs rapportant<br />
assassinats, arrestations faites <strong>par</strong><br />
le régime etc. Et l’Agence [<strong>la</strong> CIA,<br />
N<strong>dE</strong>] qui n’y voyait pas vraiment<br />
plus c<strong>la</strong>ir, faisait comme nous. Aujourd’hui,<br />
nous avons un squelette<br />
d’ambassade qui ne dispose que de<br />
très peu de personnel pour sortir sur<br />
le terrain et récolter l’information et<br />
qui, j’en ai <strong>la</strong> certitude, est soumise<br />
à surveil<strong>la</strong>nce constante. Et dire qu’il<br />
y’a deux ans, je n’étais pas du tout<br />
convaincu de <strong>la</strong> capacité de l’ambassade<br />
à se brancher à de bonnes<br />
sources et à comprendre <strong>la</strong> dynamique<br />
interne de <strong>la</strong> Syrie. Je constate<br />
<strong>la</strong> même insuffisance quand je m’entretiens<br />
avec des responsables du<br />
Dé<strong>par</strong>tement d’Etat.<br />
Les médias et, jusqu’à un certain<br />
point l’administration, ont donné<br />
une tournure personnelle au conflit<br />
en braquant l’attention sur Bachar<br />
El Assad et sa famille. Ce faisant,<br />
ils ont sous-estimé de façon permanente<br />
<strong>la</strong> nature sectaire du conflit.<br />
Ce ne sont pas seulement Bachar el<br />
Assad et sa famille qui s’accrochent<br />
au pouvoir mais tout le système<br />
a<strong>la</strong>ouite de contrôle du pays, englobant<br />
l’armée, les services de sécurité<br />
et le <strong>par</strong>ti Baath. Je suis persuadé que<br />
les A<strong>la</strong>ouites croient fermement que<br />
s’ils venaient à perdre le pouvoir, ils<br />
seraient massacrés <strong>par</strong> les Sunnites.<br />
C’est l’une des raisons qui expliquent<br />
pourquoi Hafez et son frère Rifaat<br />
ont été si impitoyables à Hama, il y<br />
a trente ans. Mais dans une vision<br />
très commode des choses, l’Occident<br />
oublie <strong>la</strong> campagne d’assassinats<br />
et d’attentats-suicides à <strong>la</strong> bombe<br />
menée <strong>par</strong> les Frères Musulmans à<br />
travers tout le pays durant les trois<br />
ou quatre années qui ont précédé<br />
Hama. J’ai personnellement assisté<br />
aux conséquences d’un tel attentat<br />
où plusieurs centaines de personnes<br />
ont été tuées. La mémoire historique<br />
du Dé<strong>par</strong>tement d’Etat, de <strong>la</strong> CIA et<br />
des autres organes gouvernementaux<br />
est peut-être courte mais celle<br />
des gens en Syrie ne l’est pas.<br />
Les bonnes analyses du conflit<br />
en Syrie sont rares. A l’exception<br />
des travaux du journaliste Nir Rosen<br />
et de l‘International Crisis Group, <strong>la</strong><br />
plu<strong>par</strong>t des comptes-rendus sur <strong>la</strong><br />
Syrie sont superficiels et frappés de<br />
<strong>par</strong>ti-pris en faveur des opposants<br />
au régime. On ne peut pas bâtir de<br />
politique sur une telle base, surtout<br />
quand on envisage une forme quelconque<br />
d’intervention militaire. Ce<strong>la</strong><br />
équivaudrait à ouvrir <strong>la</strong> boîte de Pandore,<br />
les conflits sectaires pouvant<br />
facilement s’étendre vers le Liban,<br />
Israël, les régions kurdes, l’Irak et<br />
ailleurs.<br />
L’ironie dans <strong>la</strong> situation actuelle<br />
com<strong>par</strong>ée à celle qui préva<strong>la</strong>it<br />
il y’a trente ans est dans le rôle de<br />
l’Irak. A l’époque, nous avions des<br />
informations suffisamment fiables<br />
qui indiquaient que Saddam Hussein<br />
soutenait les Frères Musulmans en<br />
leur fournissant armes et explosifs et<br />
en en facilitant le passage à travers <strong>la</strong><br />
frontière syro-irakienne.<br />
Je ne pense pas que nous sachions<br />
comment jouer sur un tel terrain<br />
et ceci est va<strong>la</strong>ble aussi pour le<br />
terrain Afghanistan-Pakistan. Une<br />
intervention militaire US, qu’elle soit<br />
faite sous l’égide de l’OTAN ou de<br />
toute autre couverture, pourrait avoir<br />
des conséquences imprévisibles pour<br />
les USA, pour l’Europe et <strong>la</strong> région.<br />
Les fonctionnaires de Washington<br />
devraient se voir marteler dans <strong>la</strong><br />
tête <strong>la</strong> loi des conséquences imprévisibles<br />
chaque matin.<br />
Ces réflexions sont celles d’un<br />
diplomate US qui se prévaut d’une<br />
expérience directe et assez récente en<br />
Syrie. Pourquoi n’entendons-nous<br />
pas des appréciations de <strong>la</strong> situation<br />
aussi mesurées de <strong>la</strong> <strong>par</strong>t des officiels<br />
à Washington même ? Probablement<br />
à cause de <strong>la</strong> surpolitisation<br />
du processus de prises de décisions<br />
politiques. Celui-ci a été arraché des<br />
mains de spécialistes compétents<br />
pour se retrouver dans celles d’idéologues<br />
et de politiciens dont le seul<br />
souci est de constituer des fonds de<br />
campagne électorale.<br />
Il est important de noter qu’en<br />
grande <strong>par</strong>tie, <strong>la</strong> grande attention<br />
que l’administration US accorde à <strong>la</strong><br />
Syrie a pour cause sa fixation morbide<br />
sur l’Iran. En soutenant <strong>la</strong> conception<br />
de l’Iran qui appelle à <strong>la</strong> fin à<br />
l’hégémonie des USA et d’Israël dans<br />
<strong>la</strong> région, <strong>la</strong> Syrie s’est mise dans <strong>la</strong><br />
ligne de mire des priorités US dans<br />
Une intervention militaire US, qu’elle soit faite sous l’égide de l’OTAN ou<br />
de toute autre couverture, pourrait avoir des conséquences imprévisibles<br />
pour les USA, pour l’Europe et <strong>la</strong> région<br />
Manifestation du peuple syrien pour dénoncer une attaque impériale<br />
contre son pays<br />
Le colonel Lawrence Wilkinson,<br />
ex-chef d’état-major de Colin<br />
Powell<br />
<strong>la</strong> région.<br />
David Sanger du New York<br />
Times, écrivait peu de temps après<br />
que le Réveil arabe eut dévoré ses<br />
deux premiers dictateurs, Zine El<br />
Abidine Ben Ali en Tunisie et Hosni<br />
Moubarak en Egypte :<br />
Chaque décision, qu’elle touche<br />
à <strong>la</strong> Libye, au Yémen, à Bahreïn<br />
ou à <strong>la</strong> Syrie, a été examinée selon ce<br />
qu’elle apporte à ce qui était jusqu’à<br />
<strong>la</strong> mi-janvier, le calcul stratégique<br />
de fond de l’administration Obama<br />
pour <strong>la</strong> région : comment ralentir le<br />
progrès nucléaire iranien et accélérer<br />
l’arrivée de conditions propices à un<br />
soulèvement victorieux contre le régime<br />
dans ce pays.<br />
L'ambassade US à Damas<br />
Bachar El Assad<br />
Les efforts visant à déstabiliser<br />
Bachar El Assad sont depuis longtemps<br />
un objectif important de <strong>la</strong><br />
politique US dans <strong>la</strong> région, et ce<strong>la</strong><br />
des années avant les révoltes popu<strong>la</strong>ires<br />
arabes de 2011. WikiLeaks<br />
a mis à jour un véritable trésor<br />
d’informations sur les interventions<br />
US en Syrie, interventions qui incluent<br />
une aide financière directe aux<br />
groupes d’opposition.<br />
La politique en général et <strong>la</strong><br />
politique géostratégique sont souvent<br />
malpropres mais ce fait n’empêche<br />
pas de se poser <strong>la</strong> question de savoir<br />
à <strong>par</strong>tir de quelle limite les comptes<br />
rendus simplistes et commodes deviennent<br />
simplement des mensonges<br />
qui n’engendrent que de mauvaises<br />
politiques.<br />
Ce câble de WikiLeaks de<br />
2006 montre les efforts de Washington<br />
visant à repérer les « opportunités<br />
» et « vulnérabilités » au<br />
sein du régime syrien, ce<strong>la</strong> dans le<br />
but de causer aussi bien <strong>la</strong> discorde<br />
ethnique et sectaire au sein des ap<strong>par</strong>eils<br />
militaire et sécuritaire que de<br />
grandes difficultés économiques.<br />
« Ces propositions doivent<br />
être détaillées afin qu’elles deviennent<br />
opérationnelles et aptes à être<br />
rapidement mises en œuvre dès que<br />
les opportunités se présentent. Parmi<br />
nos suggestions, nombreuses sont<br />
celles qui soulignent l’importance de<br />
<strong>la</strong> diplomatie publique et des moyens<br />
indirects d’acheminer des messages<br />
capables d’influencer le cercle intérieur.<br />
»<br />
La propagande à usage interne<br />
Le terme « diplomatie publique »<br />
signifie « propagande ». Il est utilisé<br />
<strong>par</strong> <strong>la</strong> loi Smith-Mundt de 1948<br />
qui spécifie les conditions de diffusion<br />
<strong>par</strong> le gouvernement US de<br />
l’information à destination de publics<br />
étrangers. En 1972, <strong>la</strong> loi est amendée<br />
dans un sens qui interdit l’accès<br />
du public US à celles-ci. En d’autres<br />
termes, cette loi interdisait désormais<br />
au gouvernement US de faire de <strong>la</strong><br />
propagande en direction de ses propres<br />
citoyens.<br />
Cependant, Washington a trouvé<br />
différentes façons de contourner<br />
cette loi. Après tout, les USAméricains<br />
ont besoin d’être “embarqués”<br />
dans les nombreuses aventures militaires<br />
à l’étranger <strong>la</strong>ncées <strong>par</strong> les<br />
administrations successives. Que fait<br />
donc le gouvernement pour rester<br />
dans les limites de <strong>la</strong> loi tout en soumettant<br />
sa popu<strong>la</strong>tion à une propagande<br />
destinée à <strong>la</strong> « monter » en faveur<br />
des guerres (Irak, Afghanistan,<br />
peut-être Iran), des ventes d’armes<br />
à des alliés douteux (l’Arabie Saoudite<br />
et Israël) et des vio<strong>la</strong>tions des<br />
droits humains (Guantanamo et<br />
usage des drones) ?<br />
L’histoire bidon des armes de<br />
destruction massives (ADM) irakiennes<br />
et des menaces supposées<br />
qu’elles faisaient peser sur les USA<br />
et leurs alliés fut essentielle dans <strong>la</strong><br />
justification de l’intervention militaire<br />
en Irak. Rappelons-nous le<br />
témoignage du secrétaire d’Etat de<br />
l’époque, Colin Powell , apportant<br />
des « élément de preuves » de <strong>la</strong> détention<br />
<strong>par</strong> Saddam d’ADM ou encore<br />
le discours de George W. Bush<br />
sur l’Etat de l’Union dans lequel<br />
il accusait faussement l’Irak de se<br />
procurer du yellowcake (concentré<br />
d’uranium) en provenance du Niger.<br />
Que certains médias aient soumis ces<br />
assertions à un examen attentif était<br />
totalement justifié car il est illégal de<br />
mentir au peuple usaméricain.<br />
Les fonctionnaires choisissent<br />
attentivement leurs méthodes pour<br />
contourner les restrictions de <strong>la</strong> loi<br />
Smith-Mundt afin de soumettre le<br />
public US à <strong>la</strong> propagande, <strong>la</strong> plus<br />
rapide étant celle qui consiste à recourir<br />
à des « fuites » soigneusement<br />
empaquetées contenant, selon le<br />
besoin, des inexactitudes, des demimensonges<br />
ou des histoires totalement<br />
mensongères. Passez au crible<br />
<strong>la</strong> rubrique consacrée aux informations<br />
internationales de n’importe<br />
quel journal ou document public à<br />
Washington, New York ou Los Angeles,<br />
vous <strong>la</strong> verrez chargée de «<br />
fuites » distillées <strong>par</strong> des officiels.<br />
Internet, également, est devenu<br />
un champ d’action idéal pour <strong>la</strong><br />
dissémination de <strong>la</strong> désinformation.<br />
Son étendue à travers <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète,<br />
ses millions de blogs plus ou moins<br />
crédibles se prêtent <strong>par</strong>faitement<br />
Suite à <strong>la</strong> page (16)<br />
12<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 5, No. 32 • Du 22 au 28 Février 2012
Perspectives<br />
Anti-Impérialiste ou Anti-Américain?<br />
Accusation quotidienne. Persistante.<br />
Anti. Connotation purement négative.<br />
Veut dire, détester, haïr même.<br />
Ou donc est <strong>la</strong> vérité en ce qui nous<br />
concerne?<br />
Par Jacques Elie Leb<strong>la</strong>nc<br />
Certains de nos amis et connaissances<br />
nous accusent ouvertement<br />
d’être l’ennemi du peuple américain,<br />
l’ennemi des Etats- Unis. Il est<br />
évident que derrière ces accusations<br />
existent de mauvaises intentions.<br />
Nous croyons qu’il est de notre devoir<br />
de préciser notre position sur un sujet<br />
aussi délicat et important. Tâche facile<br />
pour nous puisqu’elle découle du bon<br />
sens et de certains principes que nous<br />
avons fait nôtres depuis belle lurette.<br />
Au dé<strong>par</strong>t, nous devons avouer<br />
que nous essayons toujours d’éviter<br />
le vide, le vague et l’inconsistance des<br />
“ idées générales”. Dès que les intellectuels<br />
petits-bourgeois sont en quête<br />
de boulot ou de visas, ils enfourchent<br />
les” grandes idées générales” qui sont<br />
le refuge et l’apanage de tous les philistins<br />
de tous les temps. D’une manière<br />
générale, nous sommes contre<br />
les “ idées générales” qui ne sont le<br />
plus souvent qu’un masque, un ballon<br />
d’évasion ou l’irresponsabilité et<br />
<strong>la</strong> duplicité sont à l’abri du questionnement.<br />
L’expression “ peuple américain<br />
“ ou le mot “Etats- Unis” détaché d’un<br />
contexte <strong>par</strong>ticulier ne veut rien dire<br />
en <strong>par</strong>ticulier et n’a aucune signification<br />
précise. Elle recouvre trop de<br />
duplicités sous leur bâche et <strong>la</strong>isse<br />
trop de trous pour <strong>la</strong> “filouterie intellectuelle.”<br />
Etant donné que nous vivons<br />
depuis longtemps au sein de cette<br />
société américaine, nous savons<br />
qu’il existe pas mal de choses aux “<br />
Etats- Unis “; entre autres l’ existence<br />
de trois c<strong>la</strong>sses, bien que jusqu’à l‘<br />
heure actuelle, une grande majorité<br />
de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion continue à en nier l’<br />
existence, une c<strong>la</strong>sse d’ exploiteurs,<br />
une c<strong>la</strong>sse d’ exploités ; des fortunes<br />
insolentes et une misère révoltante ;<br />
une majorité b<strong>la</strong>nche et des minorités<br />
indienne, <strong>la</strong>tino, asiatique, et nègre;<br />
une c<strong>la</strong>sse de politiciens corrompus et<br />
des financiers acca<strong>par</strong>eurs et <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse<br />
du vrai peuple américain, celle des<br />
ouvriers et des fermiers, celle- là dont<br />
nous suivons dans les journaux, les<br />
livres, à <strong>la</strong> radio et à <strong>la</strong> télévision et<br />
avec tristesse les péripéties, les abus<br />
et les injustices qu’ils subissent tous<br />
les jours, dans les usines, dans les<br />
mines, dans les fermes, dans les déserts<br />
de l’ Arizona et de New Mexico,<br />
dans les forêts gelées de Green Bay et<br />
de <strong>la</strong> frontière du Canada aux rives du<br />
Rio Grande.<br />
Parmi le “ peuple américain des<br />
Etats-Désunis, a côté d’ intellectuels<br />
réactionnaires du type de Georges<br />
Wills de Russel Kirk, il y a des intellectuels<br />
de gauche, des progressistes,<br />
des hommes de grand savoir qui militent<br />
pour <strong>la</strong> libération de l’homme<br />
du peuple, du vrai peuple américain ,<br />
des hommes comme Noam Chomski ,<br />
Cornell West, Howard Zim, A<strong>la</strong>n Robock,<br />
de l’Univerrsité Rutgers dans<br />
le New- Jersey, Philip Peters de l’ Institut<br />
Lexington pour ne citer que ceuxlà,<br />
tous, écrivains remarquables, professeurs<br />
d’ Universités, présidents de<br />
société culturelles progressistes et d’<br />
organisations popu<strong>la</strong>ires diverses qui<br />
représentent <strong>la</strong> tradition américaine<br />
dans ce qu’il y a de plus pur, de plus<br />
noble et de plus foncièrement démocratique.<br />
On rencontre même dans <strong>la</strong><br />
bourgeoisie américaine comme on les<br />
rencontre dans toutes les sociétés, de<br />
ces hommes éc<strong>la</strong>irés libérés de tout<br />
préjugé comme jadis ce John Collier,<br />
le défenseur intraitable des minorités<br />
indiennes; comme cet Henry Wal<strong>la</strong>ce,<br />
ancien candidat à <strong>la</strong> présidence, ce<br />
“communiste” qui en 1948 déc<strong>la</strong>ra<br />
« que le <strong>par</strong>ti démocrate comme le<br />
<strong>par</strong>ti républicain sont responsables<br />
directement des crimes commis<br />
contre les espérances popu<strong>la</strong>ires ici et<br />
à l’étranger pour l’ obtention d’une<br />
paix solide, que <strong>la</strong> politique nordaméricaine<br />
a favorisé les réactionnaires<br />
dans le monde entier ……….<br />
En Europe dit-il, il y a des communistes,<br />
des millions de communistes.<br />
Et nous ne pouvons nous joindre aux<br />
réactionnaires récalcitrants qui les<br />
décrivent comme des barbares, des<br />
sauvages des agents de Moscou, de<br />
<strong>la</strong> Chine et ennemis de <strong>la</strong> démocratie,<br />
nous pouvons reconnaître cependant<br />
qu’ils sont communistes, <strong>par</strong>ce<br />
que fatigués d’attendre que les réactionnaires<br />
de leur propre pays leur<br />
donnent <strong>la</strong> liberté et les débarrassent<br />
de coutumes féodales. »<br />
Comme on peut s’en apercevoir,<br />
il y a de tout aux ”Etats-Unis” et le<br />
vrai peuple américain n’est pas du<br />
tout ce qu’un vain peuple pense.<br />
Les accusations allusives ou<br />
directes portées contre nous de notre<br />
soi- disant hostilité au peuple américain<br />
ou aux Etats- Unis, n’est qu’une<br />
manoeuvre ma<strong>la</strong>droite de ces petitsbourgeois<br />
en quête de “position” pour<br />
nous faire passer pour des sectaires et<br />
des intransigeants opposés à “ l’affranchissement<br />
“ du peuple haïtien ou<br />
de tout autre peuple <strong>par</strong> les banquiers<br />
de Wall Street.<br />
Il existe certainement une<br />
intransigeance de notre <strong>par</strong>t, reflétée<br />
dans certaines de nos prises de<br />
positions. Mais elle s’adresse non au<br />
peuple Américain ou aux Etats-Unis<br />
en général, mais à <strong>la</strong> politique économique<br />
et financière de l’impérialiste<br />
nord- américain qui n’a rien à voir avec<br />
le peuple américain. Et ces traîtres, de<br />
toutes les couleurs qui essaient patriotiquement<br />
de justifier ou de défendre<br />
cet impérialisme assassin des peuples<br />
<strong>par</strong> des biais géographiques et sociopolitico-économique<br />
ou toute autre<br />
logomachie du même acabit- ne font<br />
que donner <strong>la</strong> main aux Ponce Pi<strong>la</strong>te<br />
des masses haïtiennes submergées<br />
sous l’oppression de l’oligarchie financière<br />
nord- américaine<br />
Nous sommes des nationalistes.<br />
Notre nationalisme n’est pas seulement<br />
politique. Elle est surtout économique.<br />
Nous nous sommes donnés<br />
comme tâche de dépister et de signaler<br />
tous les courants anti- nationaux,<br />
tous les actes conscients ou inconscients<br />
qui freinent l’évolution du<br />
peuple haïtien, des masses haïtiennes<br />
et portent atteinte à <strong>la</strong> souveraineté<br />
nationale dans son sens le plus <strong>la</strong>rge.<br />
Nous faisons et nous avons<br />
toujours fait <strong>la</strong> politique des masses<br />
haïtiennes, du paysan , de l’ ouvrier<br />
haïtien, du travailleur haïtien, du<br />
peuple haïtien en son ensemble. Et<br />
lorsque cette politique rencontre sur<br />
le p<strong>la</strong>n national ou international des<br />
politiques qui lui sont contraires, notre<br />
rôle est de les dénoncer et de les combattre.<br />
Nous n’avons pas peur des<br />
masses. Nous avons confiance dans<br />
les masses. Elles sont notre boussole.<br />
Et c’est pourquoi nous nous trompons<br />
très rarement sur <strong>la</strong> voie à suivre.<br />
Nous ne faisons <strong>la</strong> politique de<br />
quiconque en <strong>par</strong>ticulier, d’aucune<br />
ambassade, d’aucun Etat. Nous ne<br />
suivons aucune politique du Dé<strong>par</strong>tement<br />
d’ Etat qui est là pour défendre<br />
les intérêts du “peuple américain” ; et<br />
dans le système capitaliste ce<strong>la</strong> veut<br />
dire les intérêts des monopolistes de<br />
Wall Street , et non ceux de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse<br />
ouvrière et de <strong>la</strong> paysannerie haïtienne,<br />
des industriels et commerçants<br />
en somme de <strong>la</strong> collectivité haïtienne<br />
en son ensemble. Nous formulons<br />
enfin notre politique selon les intérêts<br />
immédiats et les nécessités urgentes<br />
de notre petite, pauvre, et fière patrie.<br />
D’une <strong>par</strong>t” le peuple américain”,<br />
le peuple des fermiers et <strong>la</strong><br />
c<strong>la</strong>sse des producteurs américains<br />
ont intérêts à voir les pays <strong>la</strong>tino-caribéens<br />
s’industrialiser- ce qui augmenterait<br />
le volume d’affaires entre<br />
nos pays- et d’autres <strong>par</strong>t les exportateurs<br />
de capitaux qui ont intérêt à ce<br />
que nos pays demeurent arriérés pour<br />
que les inversion réalisées bénéficient<br />
de l’avilissement de <strong>la</strong> main d’oeuvre.<br />
Obligatoirement, nous sommes contre<br />
ces derniers, et en faveur du point de<br />
vue du “ peuple américain”<br />
Lorsque nous luttons pour l’<br />
affranchissement de notre pays, pour<br />
notre autonomie financière et notre<br />
libération économique, nous ne faisons<br />
que réc<strong>la</strong>mer ce que <strong>la</strong> bourgeoisie<br />
a déjà réalisé en maints pays, entre<br />
autres aux Etats- Unis même. La<br />
bourgeoisie de nos pays désire avoir<br />
autant de liberté d’action chez elle que<br />
<strong>la</strong> bourgeoisie américaine en a chez<br />
elle. Ce qui est juste.<br />
Nous désirons que nos pays<br />
maintiennent les meilleures re<strong>la</strong>tions<br />
d’amitié avec les Etats- Unis d’ Amérique,<br />
mais nous comprenons dans le<br />
même temps que ces re<strong>la</strong>tions doivent<br />
être basées sur le respect de notre<br />
souveraineté, sur <strong>la</strong> défense de nos<br />
intérêts nationaux, sur notre droit de<br />
travailler a l’élévation du standard de<br />
vie de nos peuples.<br />
Rien dans notre attitude n’a<br />
prouvé que nous sommes les ennemis<br />
des Etats-Unis, car jamais nous avons<br />
attaqué les institutions américaines,<br />
les intérêts nord- américains, <strong>par</strong> esprit<br />
de système, <strong>par</strong> chauvinisme ou<br />
anti- américanisme.<br />
Mais personne ne peut nous<br />
empêcher de défendre les intérêts vitaux<br />
de nos peuples contre l’égoïsme,<br />
le monopolisme des impérialistes qui<br />
sont d’ ailleurs ennemis du propre<br />
peuple américain, ennemis des intérêts<br />
fondamentaux de <strong>la</strong> patrie de Jefferson,<br />
de Washington et de Lincoln.<br />
Deux conditions sont indispensables<br />
au progrès de nos peuples:<br />
l’industrialisation de nos pays et une<br />
réforme du système agraire qui établissent<br />
les bases d’une production<br />
é<strong>la</strong>rgie. Ces conditions n’ont de<br />
chance de succès que <strong>par</strong> le mouvement<br />
syndical et coopératif. Et ce<br />
mouvement lui même n’est possible<br />
que dans un monde progressiste<br />
et démocratique qui assure le<br />
développement culturel et <strong>la</strong> prise de<br />
conscience des masses. Le président<br />
Kennedy avait vu juste en <strong>la</strong>nçant son<br />
Alliance pour le Progrès, mais c’était<br />
une action en réaction à <strong>la</strong> révolution<br />
cubaine qui gagnait du terrain et qui<br />
aujourd’hui encore continue sa route<br />
triomphale vers des lendemains plus<br />
humains.<br />
C’est pourquoi nous nous<br />
sommes opposés dès le début contre<br />
ce prétendu p<strong>la</strong>n de reconstruction<br />
pris en charge ‘’<strong>par</strong> <strong>la</strong> force” <strong>par</strong><br />
l’impérialisme américain. Ils sont en<br />
charge depuis 1915 quand ils ont<br />
occupé militairement notre pays, et<br />
pourtant nous sommes le pays le plus<br />
pauvre de l’hémisphère occidental.<br />
Le constat se passe de commentaires.<br />
D’où il s’ensuit que l’impérialisme,<br />
qui s ‘oppose à notre industrialisation,<br />
qui s’oppose à toute réforme<br />
agraire doit s’opposer et s’oppose en<br />
fait à <strong>la</strong> démocratisation réelle de nos<br />
pays exprimée dans le syndicalisme<br />
et le coopérativisme.<br />
L’impérialisme nord- américain,<br />
qui a remp<strong>la</strong>cé l’ impérialisme<br />
espagnol , portugais, ang<strong>la</strong>is et français<br />
dans le sous- continent, continue<br />
d’ être un instrument d’ oppression<br />
contre <strong>la</strong> démocratie, et les quelques<br />
libertés démocratiques dont jouissent<br />
nos peuples ne s’ obtiennent guère<br />
<strong>par</strong> <strong>la</strong> grâce du Dé<strong>par</strong>tement d’Etat<br />
et des banquiers de Wall Street, mais<br />
malgré eux.<br />
Depuis quelques années, nous<br />
signalons avec sympathie l’attitude<br />
de <strong>la</strong> Chine, de <strong>la</strong> Russie, de l’Argentine,<br />
du Brésil et plus <strong>par</strong>ticulièrement<br />
celle de Cuba, du Venezue<strong>la</strong>, de<br />
l’ Equateur, de <strong>la</strong> Bolivie, du Nicaragua<br />
et des autres membres de l’ ALBA<br />
, mais ce<strong>la</strong> ne veut pas dire que nous<br />
prenons <strong>par</strong>ti pour eux contre le “<br />
peuple américain” c’ est simplement<br />
<strong>par</strong>ce que l’ attitude de ces pays<br />
coïncide avec les intérêts fondamentaux<br />
et permanents de <strong>la</strong> nation haïtienne<br />
qui ne peut que souhaiter et<br />
désirer qu’il y ait une paix durable au<br />
monde: que les vestiges du racisme<br />
de l’ inégalité et de l’injustice soient<br />
liquidés; qu’il n’y ait plus de nations<br />
mineures et de nations tutrices; que<br />
l’esc<strong>la</strong>vage colonial cesse ; que l’asservissement<br />
économique des petits<br />
peuples finisse; qu’ il n’ y ait plus de<br />
discrimination de race, de couleur , de<br />
religion , de culture; qu’enfin tous les<br />
peuples coopérent entre eux au bénéfice<br />
de chacun d’ eux en <strong>par</strong>ticulier,<br />
et non au bénéfice de ceux- là qui<br />
rêvent de domination mondiale ou<br />
de quelque “ siècle américain”. Nous<br />
continuons, non seulement de rêver,<br />
mais de travailler pour que le rêve de<br />
Bolivar devienne réalité dans notre<br />
sous-continent à travers <strong>la</strong> CELAC,<br />
pour devenir ensuite <strong>la</strong> réalité mondiale.<br />
« Il est de <strong>la</strong> responsabilité des<br />
pays de l’Amérique Latine de rester<br />
unis pour aider Haïti … Nous devons<br />
trouver 1000 manières de coopérer<br />
davantage avec Haïti, trouver des<br />
ressources, inventer, créer » disait<br />
récemment à Caracas le président<br />
Vénézuélien Hugo Chavez.<br />
Ainsi, le président Chavez ne<br />
fait que réitérer ce qu’il avait déjà proposé<br />
à <strong>la</strong> réunion de Santo Domingo<br />
le 2 Juin 2010. Nous y avons pensé<br />
aussi M. le président, et un texte à<br />
ce sujet avait été expédié à l’ancien<br />
président Egyptien Hosni Mubarack,<br />
dont le pays présidait le mouvement<br />
des non- alignés en 2011.<br />
Malheureusement, le porte-<strong>par</strong>ole<br />
de <strong>la</strong> mission avec lequel nous<br />
étions en contact nous a signifié une<br />
fin de non recevoir, sans avoir au préa<strong>la</strong>ble<br />
expédié notre texte aux autres<br />
membres du mouvement comme<br />
nous l’avions suggéré. Votre position<br />
rencontre <strong>la</strong> nôtre président Chavez<br />
et nous allons expédier pour le moment<br />
une copie aux ambassadeurs de<br />
l’ALBA.<br />
Nous devons nous mettre à <strong>la</strong><br />
tâche le plus vite possible, tout en<br />
nous assurant que toutes les mesures<br />
soient prises pour que le nouveau<br />
dé<strong>par</strong>t que nous envisageons pour<br />
notre pays ne <strong>la</strong>isse pas <strong>la</strong> voie libre<br />
au complexe militaro- industriel des<br />
pays impérialistes qui nous ont fait<br />
tant de mal durant les quatre derniers<br />
siècles et que nous avons dû endurer<br />
dans <strong>la</strong> solitude <strong>la</strong> plus complète,<br />
ne se présentent aux yeux du monde<br />
comme les seuls capables de nous aider.<br />
Nous devons aussi nous assurer<br />
qu’ un front- uni de <strong>la</strong> gauche et des<br />
progressistes soit mis en branle immédiatement<br />
ou s’ il existe l’ amplifier<br />
davantage.<br />
L’union des pays NON- ALI-<br />
GNÉS et de <strong>la</strong> CELAC pour “coopérer<br />
davantage “avec Haïti dépend de<br />
l’union que nous devons réaliser<br />
d’abord chez nous. Tâche difficile,<br />
mais réalisable. Acta non verba !<br />
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Vol. 5, No. 32 • Du 22 au 28 Février 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 13
Perspectives<br />
La faim pousse encore une fois les<br />
Européens vers l’Amérique Latine<br />
Les nouveaux candidats à l’émigration ne sont pas des <strong>la</strong>tinoaméricains<br />
faisant de longues queues dans les consu<strong>la</strong>ts étasunienne ou espagnols,<br />
mais des Européens et spécialement, des Espagnols, Grecs, Italiens,<br />
Ir<strong>la</strong>ndais et Portugais, cherchant leur chance en Amérique Latine<br />
Par Vicky Peláez *<br />
« Marcheur si tu vas <strong>par</strong> ma terre<br />
conte ma longue nostalgie Que je passe<br />
mon temps, en regardant au loin En<br />
espérant un jour qu’une lettre arrive »<br />
Horacio Guaraní<br />
La sévère crise économique qui<br />
secoue les États-Unis et spécialement<br />
l’Union Européenne, en détruisant en<br />
passant <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse moyenne et en transformant<br />
les pauvres en indigents, a obligé<br />
des milliers d’hommes et de femmes à<br />
grossir les files de nouveaux immigrants<br />
appelés les « réfugiés de <strong>la</strong> crise ».<br />
Il n’y a pas de mots exacts pour<br />
exprimer ce que ce<strong>la</strong> signifie pour<br />
l’homme et ce qu’il ressent de se voir<br />
obligé de <strong>la</strong>isser son pays natal et ses<br />
êtres chers. Le poète <strong>par</strong>aguayen, Fernando<br />
Fernández a dit dans son poème «<br />
Être Immigrant » ce que ce<strong>la</strong> implique de<br />
: « se risquer dans l’inconnu en cherchant<br />
son horizon avec meilleur futur qui t’offre<br />
un avenir où déjà ne manque pas le pain<br />
pour les tiens ».<br />
Les nouveaux candidats à<br />
l’émigration ne sont pas des <strong>la</strong>tinoaméricains<br />
faisant de longues queues dans<br />
les consu<strong>la</strong>ts étasunienne ou espagnols,<br />
mais des Européens et spécialement,<br />
des Espagnols, Grecs, Italiens, Ir<strong>la</strong>ndais<br />
et Portugais, cherchant leur chance en<br />
Amérique Latine.<br />
Ont aussi commencé à retourner<br />
vers leurs terres, ces Latinoaméricains<br />
qui dans les années 1980 et 1990<br />
ont fui <strong>la</strong> violence et <strong>la</strong> misère dans<br />
lesquelles leurs pays étaient plongées.<br />
Maintenant <strong>la</strong> situation est renversée<br />
et tandis que l’Europe expérimente une<br />
pente vertigineuse due à <strong>la</strong> dépression,<br />
l’Amérique Latine montre une croissance<br />
économique stable.<br />
La mondialisation a commencé<br />
après <strong>la</strong> Deuxième Guerre mondiale<br />
d’abord, avec <strong>la</strong> destruction de <strong>la</strong> famille<br />
traditionnelle en Amérique du Nord et en<br />
Europe qui fut perçue <strong>par</strong> les créateurs<br />
de ce processus, à l’instar de leurs conseillers<br />
psychologues, comme un frein<br />
pour <strong>la</strong> main-d’œuvre facilement mobile<br />
d’un lieu à un autre du pays ou de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète.<br />
Maintenant avec cette crise le<br />
tour est arrivé pour les pays européens<br />
les plus vulnérables économiquement de<br />
perdre leur souveraineté. L’intention de <strong>la</strong><br />
chancelière allemande Ange<strong>la</strong> Merkel de<br />
nommer un contrôleur de l’Union Européenne<br />
(UE) pour contrôler le budget du<br />
gouvernement de <strong>la</strong> Grèce et qui a catégoriquement<br />
échoué, indique c<strong>la</strong>irement<br />
où va le processus de mondialisation.<br />
Les mesures d’austérité et les prêts<br />
aux banques qui dépassent le million de<br />
millions d’euros sans aucun p<strong>la</strong>n concret<br />
pour <strong>la</strong> croissance économique et pour le<br />
remboursement de ces prêts, détruisent<br />
les structures socio-économiques des<br />
pays européens.<br />
Selon les statistiques de l’UE, le<br />
nombre de pauvres a augmenté entre<br />
2007 et 2009 de 85 à 115 millions et<br />
il est estimé actuellement à environ 120<br />
millions. Face à ce fait, il ne reste aux<br />
gouvernants pas d’autre alternative que<br />
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de dire aux jeunes, comme l’a exprimé<br />
l’ex-banquier et actuel Premier ministre<br />
italien Mario Monti que ceux-ci doivent<br />
perdre l’habitude d’ avoir un travail fixe<br />
qui « est monotone » et que c’est « bien<br />
mieux d’accepter des défis ».<br />
Ce que Mario Monti a oublié de<br />
dire, c’est qu’en Italie il y a près d’un million<br />
de jeunes entre 25 et 35 ans ayant<br />
une formation professionnelle qui ne<br />
peuvent trouver d’emploi. Et que dire de<br />
ceux qui n’ont pas de profession ?<br />
De cette façon, il ne reste aux<br />
jeunes aucune autre alternative professionnelle<br />
que d’abandonner leur pays<br />
où le taux du chômage, comme en Espagne,<br />
est déjà proche de 30 % et, pour<br />
les jeunes tourne autour de 40 % sans<br />
qu’aucune perspective de solution ne soit<br />
en vue . Selon un rapport de <strong>la</strong> BBC, en<br />
2011, 445 130 étrangers et 62 611 citoyens<br />
espagnols ont fui l’Espagne. Le<br />
Recensement électoral des Espagnols<br />
Résidants à l’Etranger montre que depuis<br />
le début de <strong>la</strong> crise en 2008, plus 300<br />
000 personnes ont abandonné le pays.<br />
En même temps, l’étude d’Adecco montre<br />
qu’autant se pré<strong>par</strong>ent à abandonner<br />
le pays. La majorité se dirige actuellement<br />
vers des pays <strong>la</strong>tinoaméricains au<br />
lieu des États-Unis, de l’Allemagne, du<br />
Royaume-Uni ou de <strong>la</strong> Norvège comme<br />
le faisaient leurs prédécesseurs.<br />
Le Brésil est l’un des pays qui offre<br />
le plus d’occasions aux professionnels<br />
grâce au boom de son économie et<br />
aux facilités qu’offre le gouvernement.<br />
La politique de l’ex-président Luiz Inácio<br />
Lu<strong>la</strong> da Silva et de l’actuelle présidente<br />
Dilma Rousseff, d’affronter <strong>la</strong><br />
crise mondiale grâce au développement<br />
du marché interne en stimu<strong>la</strong>nt <strong>la</strong> consommation<br />
domestique avec audace et<br />
discipline porte ses fruits. Malgré tous<br />
les pronostics pessimistes de <strong>la</strong> Banque<br />
Mondiale et du Fonds Monétaire International,<br />
l’économie du Brésil a progressé<br />
ces trois dernières années de plus de 5<br />
% <strong>par</strong> an. Aussi il n’est pas étonnant<br />
qu’un professionnel de <strong>la</strong> banque gagne<br />
plus à San Paolo qu’à Wall Street. Selon<br />
le conseil en recrutement Michael Page,<br />
30 % des candidats pour des postes au<br />
Brésil sont espagnols, portugais et français,<br />
sans prendre en considération les<br />
professionnels brésiliens qui reviennent<br />
de l’étranger.<br />
Un autre pays qui attire les professionnels<br />
européens est l’Argentine.<br />
Pour <strong>la</strong> deuxième fois après <strong>la</strong> Guerre<br />
civile, l’Amérique Latine et spécialement<br />
l’Argentine tendent <strong>la</strong> main aux émigrants<br />
espagnols qui cherchent un avenir<br />
sûr. Actuellement sur les 1 389 916<br />
Espagnols qui vivent à l’étranger, 22 %<br />
sont en Argentine et seulement entre<br />
2010 et 2011 environ 50 000 professionnels<br />
espagnols, notamment venant<br />
de <strong>la</strong> Galice, sont arrivés dans le pays à<br />
<strong>la</strong> recherche d’un emploi et d’un sa<strong>la</strong>ire<br />
digne. Le pays gaucho prospère grâce à<br />
son propre programme économique pratiquement<br />
contraire aux recettes de <strong>la</strong> BM<br />
et du FMI, ignorant l’austérité démesurée<br />
imposée <strong>par</strong> les banques en Europe face à<br />
<strong>la</strong> dépression et renforçant l’État de bienêtre<br />
du peuple.<br />
L’Amérique Latine devient «<br />
El Dorado » moderne pour les émigrants<br />
espagnols. Ceux qui n’arrivent<br />
pas au Brésil et en Argentine vont vers<br />
l’Uruguay et le Chili. Selon les statistiques<br />
d’Immigrations de ces pays, en 2011 on<br />
a enregistré l’arrivée de 6 800 Espagnols<br />
pour l’Uruguay et 6 400 pour le Chili. La<br />
majorité sont des spécialistes en énergie,<br />
environnement, ingénierie, informatique,<br />
pêche et agroalimentaire, <strong>la</strong> majorité ont<br />
trouvé un emploi.<br />
Les anciens grecs disaient que « <strong>la</strong><br />
mémoire est une sœur du temps et <strong>par</strong>fois<br />
celle-ci se perd dans les bras de son<br />
frère ». Il y a peu les immigrants <strong>la</strong>tinoaméricains<br />
qui cherchaient aussi un avenir<br />
différent en Espagne ont été traités avec<br />
arrogance et un certain mépris en étant<br />
appelés des « sudacas ». Maintenant ce<br />
Lettre ouverte de<br />
l’Association des résidents<br />
et descendants cubains en<br />
Haïti au pape Benoît XVI<br />
Haití, le 5 février 2012<br />
L´ homme authentique va aux racines.<br />
Le fait d´être radical n´est<br />
que ça: celui qui va aux racines.<br />
Celui qui ne voit pas les choses<br />
n´est pas appelé radical dans son<br />
contexte. Ni homme qui n´aide pas<br />
à <strong>la</strong> sécurité et bonheur des autres<br />
hommes.<br />
(José Martí Pérez)<br />
A : Sa Sainteté le Pape Benedict<br />
XVI.<br />
Son Excellence:<br />
Comme vous savez, Notre-<br />
Dame de <strong>la</strong> Caridad del Cobre, Patronne<br />
de Cuba, arrive cette année<br />
2012, à son 400e anniversaire de<br />
son ap<strong>par</strong>ition. C´est une date sacrée<br />
pour de nombreuses célébrations<br />
<strong>par</strong> le peuple cubain. Précisément,<br />
à <strong>la</strong> suite de ce fait, nous avons<br />
reçu avec grande joie et satisfaction<br />
l´annonce de votre prochaine<br />
visite à Cuba. Nous pensons que<br />
c´est un fait d´une grande ampleur<br />
et d’impact pour toute <strong>la</strong> région et<br />
en <strong>par</strong>ticulier pour Cuba.<br />
L´Association des Résidents<br />
et Descendants Cubains en Haïti,<br />
nous nous adressons à vous en<br />
prenant cette occasion pour vous<br />
demander :<br />
1. Que vous intercédiez en<br />
améliorant les re<strong>la</strong>tions entre Cuba et<br />
les Etats-Unis d´Amérique. Ce puissant<br />
pays, dont les gouvernements,<br />
depuis plus de 50 ans, ont refusé de<br />
reconnaître <strong>la</strong> réalité cubaine, en infligeant<br />
de cruelles punitions à tous<br />
les habitants de cette île, dans le but<br />
de changer le système social choisi<br />
<strong>par</strong> le peuple cubain. Un système<br />
purement humanitaire où l´homme<br />
peut se développer physiquement et<br />
spirituellement, a une ligne à suivre<br />
: AVEC TOUS ET POUR LE BIEN DE<br />
sont les « sudacas » qui offrent un gilet de<br />
sauvetage aux Espagnols et ils n’exigent<br />
même pas de visa pour arriver, cependant<br />
ce<strong>la</strong> continue d’être presque impossible<br />
pour certains Latinoaméricains d’obtenir<br />
un visa pour l’Europe. Paradoxalement <strong>la</strong><br />
Russie est l’unique pays où ils peuvent<br />
arriver sans visa.<br />
L’humanité apprendra-t-elle une<br />
fois cette leçon pour sortir du cercle<br />
vicieux du racisme et de l’inégalité ?<br />
RIEZ Novosti. Russie, le<br />
10 février 2012<br />
El Correo 16 février 2012<br />
NDLR * Virginia «Vicky» Peláez<br />
Ocampo est une journaliste et chroniqueuse<br />
péruvienne, couramment une<br />
col<strong>la</strong>boratrice du journal The Moscow<br />
News. Elle est connue pour ses articles<br />
de gauche au journal El Diario La Prensa,<br />
publié à New York et où elle a travaillé<br />
pendant plus de 20 ans. Ses écrits ont<br />
toujours été très critiques de <strong>la</strong> politique<br />
étrangère américaine et elle a toujours<br />
exprimé son appui aux dirigeants Hugo<br />
Chavez et Fidel Castro<br />
Le 8 Juillet 2010, Peláez a p<strong>la</strong>idé<br />
coupable de travailler pour <strong>la</strong> Russie, aux<br />
Etats-Unis, en tant qu›agent étranger<br />
non enregistré, et elle a accepté d›être expulsée<br />
en Russie et de ne jamais revenir<br />
aux Etats-Unis, en échange <strong>par</strong> le gouvernement<br />
de l’abandon de l’accusation<br />
plus grave de b<strong>la</strong>nchiment d›argent et de<br />
l’exemption d’une peine carcérale. Elle<br />
envisage de retourner au Pérou sous peu.<br />
Sa Sainteté le Pape Benedict XVI<br />
TOUS.<br />
2. Cette date , du 5 février,<br />
est une journée qui a une signification<br />
spéciale pour nous, qui évoque<br />
nos 5 frères antiterroristes cubains,<br />
emprisonnés dans les prisons des<br />
Etats-Unis, condamnés à des peines<br />
sévères et cruelles. L´injustice commise<br />
contre les Cinq, comme ils sont<br />
connus internationalement, maintient<br />
nos frères et leurs familles<br />
dans <strong>la</strong> douleur. Par conséquent,<br />
nous saisissons cette occasion pour<br />
solliciter votre médiation auprès du<br />
gouvernement des Etats-Unis pour<br />
<strong>la</strong> libération immédiate des Cinq et<br />
le retour de René à <strong>la</strong> Patrie qui l´a<br />
vu naître.<br />
Nous croyons que <strong>la</strong> solution<br />
digne et humanitaire de cette affaire<br />
pourrait donner le signal de<br />
l´amélioration des re<strong>la</strong>tions entre<br />
Cuba et les Etats-Unis d´Amérique.<br />
C´est pour ce<strong>la</strong> que nous vous réitérons<br />
notre désir que Votre Sainteté<br />
soit La Lumière du Monde…En <strong>par</strong>ticulier<br />
La Lumière des 5.<br />
Lic.Veronica Dorcine<br />
Vice-Coordonnatrice<br />
Signature des membres et<br />
amis haïtiens de Cuba<br />
Menez Jean-Jerome<br />
Attorney at Law<br />
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Immigration-Divorce<br />
4512 Church Avenue<br />
Brooklyn, NY 11203<br />
Nou pale kreyòl!<br />
(718) 462-2600<br />
(914) 643-1226 cell<br />
14<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 5, No. 32 • Du 22 au 28 Février 2012
Profession de Foi :<br />
La mort de Harry Dominique nous a permis<br />
de prendre davantage conscience<br />
Par Pierre L. Florestal<br />
Au moment où l’on s’y attendait<br />
le moins, tombait brusquement<br />
dans nos médias <strong>la</strong> nouvelle de <strong>la</strong> mort<br />
d’un compatriote, pas des moindres,<br />
qui a milité pendant longtemps dans<br />
plusieurs Radios de <strong>la</strong> communauté<br />
à Brooklyn et qui surtout avait constitué<br />
un maillon de <strong>la</strong> longue chaîne<br />
qui devait être <strong>la</strong> force d’attraction et<br />
de <strong>la</strong>ncement de certains mouvements<br />
organisés pour défendre Haïti et ses citoyens<br />
en Diaspora. Il s’agit de Harry<br />
Dominique. Peu de gens ont su combien<br />
ce décès avait été précédé de souffrances<br />
physiques.<br />
Dans <strong>la</strong> matinée du vendredi 27<br />
Janvier dernier, on a tout bonnement<br />
appris que ce disciple de feu Wilson Désir<br />
n’était plus; et ce fut <strong>la</strong> consternation<br />
dans tous les esprits.<br />
De 1984 à 1994, Harry, comme<br />
Louis Baptiste Harry Dominique<br />
beaucoup d’autres, devenait une figure<br />
de marque à l’Alliance des Emigrés,<br />
entourant feu Wilson Désir devenu <strong>par</strong><br />
<strong>la</strong> suite consul général à NY jusqu’à sa<br />
mort. Désir fut ce chevalier sans peur<br />
qui avait aidé le colonel Octave Cayard<br />
et autres à tenter de chasser du pa<strong>la</strong>is<br />
national haïtien l’encombrant et<br />
cruel François Duvalier. En diaspora,<br />
de concert avec plusieurs autres organisations<br />
haïtiennes, il contribua à<br />
porter <strong>la</strong> FDA à revenir sur sa décision<br />
raciste d’attribuer aux haïtiens le virus<br />
du SIDA. Il lui arrivait d’intervenir<br />
auprès des services de l’Immigration,<br />
p<strong>la</strong>idant indulgence pour des dossiers<br />
de compatriotes pris dans les filets de<br />
cette agence fédérale. Il n’hésitait pas à<br />
prendre les rues pour défendre les contrevenants<br />
à des lois souvent mal appliquées<br />
<strong>par</strong> <strong>la</strong> police de NY. Harry a fait<br />
tout ce <strong>par</strong>cours aux côtés de Désir pour<br />
ensuite continuer à tenir <strong>la</strong> résistance<br />
en compagnie d’un « majores natu »,<br />
vieux certes, mais qui aujourd’hui encore,<br />
n’a pas tari de produire, ni cesser<br />
de dénoncer le tout le mal qu’on fait à<br />
Haïti.<br />
Les funérailles de Harry Dominique<br />
<strong>par</strong>ti à l’âge de 55 ans, forcèrent<br />
ceux qui étaient venus remplir les salons<br />
funéraires de Guarino à F<strong>la</strong>t<strong>la</strong>nds à<br />
reconnaître que nous avons trop longtemps<br />
baissé les bras, ce qui n’avait<br />
pas manqué de favoriser les coups de<br />
boutoir de « nos bons pays amis » sur<br />
les murs de notre dignité.<br />
Le recueillement pour saluer<br />
son dé<strong>par</strong>t a débuté <strong>par</strong> les chants et<br />
les prière du frère Brunot avec accompagnement<br />
au piano du très fameux<br />
Guesly Morisseau,Ti Gousse, pour<br />
ensuite faire p<strong>la</strong>ce à Jean Lucien Belliard<br />
dans les propos liminaires. Puis,<br />
ce furent tour à tour Faustin Beaurevers<br />
et l’ancien Ministre au dixième<br />
dé<strong>par</strong>tement, Fritz Casséus de dire tout<br />
le bien qu’ils pouvaient du défunt, al<strong>la</strong>nt<br />
jusqu’à avouer que si tous les Haïtiens<br />
étaient de <strong>la</strong> hardiesse du regretté<br />
dis<strong>par</strong>u, les rapports entre enfants de<br />
<strong>la</strong> même Patrie, eurent été beaucoup<br />
moins escarpés, ce qui nous aurait<br />
tenus loin de maints déboires et discordes.<br />
Après les adresses de ces compatriotes,<br />
ce fut le moment pour moi<br />
qui ai passé le plus c<strong>la</strong>ir de ma vie en<br />
compagnie de Harry Dominique, de<br />
venir sur le podium pour m’adresser<br />
à une assistance visiblement incrédule<br />
de <strong>la</strong> mort de l’homme, pour rafraîchir<br />
les mémoires sur ce qui nous avait<br />
motivés à recevoir le f<strong>la</strong>mbeau des<br />
mains de cet ancien militaire vertical,<br />
le tenant encore avec conviction considérant<br />
ce qui, honteusement, se passe<br />
aujourd’hui chez nous; pour nous souvenir<br />
avec nostalgie comment en certaines<br />
occasions, l’Alliance des Emigrés<br />
Haïtiens que fonda Wilson Désir dans<br />
son office d’alors au 341 de <strong>la</strong> Eastern<br />
Parkway, savait, avec G<strong>la</strong>dys Phillpotts<br />
et Marie Timmer, Ivane Cassendo,<br />
Taïka, Raphaël Pierre, Jacques Dossous,<br />
Ro<strong>la</strong>nde Realty, utiliser nos bons<br />
soins pour nous envoyer jusqu’aux<br />
Gros mornes des Gonaïves et à Portau-Prince<br />
surtout, apporter vêtements,<br />
médicaments et nourriture à ceux de<br />
nos compatriotes que les autorités<br />
dominicaines refou<strong>la</strong>ient en Haïti. Dans<br />
<strong>la</strong> même veine, on n’oubliera pas l’exconsul<br />
Guy Ferdinand, qui <strong>par</strong>ticipa à<br />
maintes interventions qu’il nous revenait<br />
d’avoir tant à <strong>la</strong> radio que dans<br />
les activités communautaires à Brooklyn<br />
ou à Manhattan, toujours dans <strong>la</strong><br />
poursuite de l’idéal de feu l’honorable<br />
Philippe Wilson Désir.<br />
Nos compatriotes chassés <strong>par</strong> les<br />
autorités dominicaines <strong>par</strong>taient sans<br />
rien prendre de leurs avoirs là-bas. Nos<br />
voisins avaient ce comportement pour<br />
créer des difficultés à un gouvernement<br />
en Haïti que les grands du monde ne<br />
souhaitaient pas voir réussir dans son<br />
p<strong>la</strong>n de réhabilitation de <strong>la</strong> nation haïtienne.<br />
Disons plutôt que l’administration<br />
américaine craignait de voir basculer sa<br />
politique de mainmise sur l’Amérique<br />
<strong>la</strong>tine et les Caraïbes en p<strong>la</strong>ce depuis<br />
belle lurette. Politique appliquée <strong>par</strong><br />
Bush père et qui explique le coup d’Etat<br />
du 30 septembre 1991. Politique continuée<br />
<strong>par</strong> le fils dont les tortueuses<br />
combines ont abouti au honteux et<br />
brutal coup d’Etat-kidnapping du 29<br />
février 2004, dont les conséquences<br />
se font encore sentir jusqu’à présent.<br />
En passant on peut se rappeler le geste<br />
répugnant de Bush fils qui de passage à<br />
Port-au-Prince eut l’insigne et grossière<br />
ma<strong>la</strong>dresse, après avoir serré <strong>la</strong> main<br />
d’Haïtiens près de lui, de s’empresser<br />
de s’essuyer sur le dos de son complice<br />
Clinton. Un geste de révulsion pour<br />
comprendre l’aversion dont est victime<br />
notre peuple quand l’ONU, au service<br />
du colonialisme, a mis sur pied <strong>la</strong> Minustah,<br />
chargée d’exécuter un rôle de<br />
figurant au service de l’impérialisme<br />
américain pour les basses œuvres de ce<br />
dernier. La Minustah comme on le sait<br />
maintenant s’acharne à violenter nos<br />
frères et nos sœurs, des adolescents ou<br />
de jeunes adultes après avoir introduit<br />
dans le pays le choléra qui n’arrête pas<br />
de décimer notre popu<strong>la</strong>tion<br />
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Le dé<strong>par</strong>t de Harry Dominique<br />
fait peut-être suite à son indignation<br />
d’être témoin de tant de flétrissures infligées<br />
au pays. Par delà <strong>la</strong> tombe, qu’il<br />
sache que nous pensons que son dé<strong>par</strong>t<br />
ne fait que mettre en veilleuse ce besoin<br />
pressant pour les vrais enfants du pays,<br />
ceux qui n’ont pas vendu leur âme, de<br />
chasser ces vautours qui dépècent avec<br />
appétit <strong>la</strong> chair de notre Haïti. Là où<br />
Harry et beaucoup d’autres ont péché,<br />
c’est de n’avoir pas réalisé que ce cauchemar<br />
qui nous épouvante vient justement<br />
de ce vide tout naturellement né<br />
de l’inaction et de <strong>la</strong> non responsabilité<br />
civique de nos concitoyens. Dans ce<br />
cas, se taire ou se cacher dans <strong>la</strong> tombe<br />
ne donne à nos contempteurs que des<br />
ailes pour mieux continuer leur sinistre<br />
besogne.<br />
Voilà pourquoi ceux qui ont encore<br />
du courage, le sens de l’honneur,<br />
doivent se rendre compte qu’il est<br />
urgent pour notre peuple de crier au<br />
sacrilège, de dénoncer cette politique<br />
de viols et autres violences que les occupants<br />
sont venus réimp<strong>la</strong>nter dans<br />
le pays de Dessalines, celui qui avait<br />
le plus haï l’esc<strong>la</strong>vage dans le monde<br />
; et c’est dans ce sens que <strong>la</strong> veillée<br />
autour de Harry Dominique ce Vendredi<br />
3 Février 2012 à Brooklyn nous<br />
a aidés à comprendre, <strong>par</strong> <strong>la</strong> réflexion,<br />
que quelque chose doit être fait pour <strong>la</strong>ver<br />
ces souillures qui salissent Haïti et<br />
qui nous enfoncent davantage dans <strong>la</strong><br />
dépendance.<br />
Brooklyn <strong>Haiti</strong>an Community Premiere!<br />
<strong>Haiti</strong>: Where Did the Money Go?<br />
A new film by Michelle Mitchell<br />
Sunday, February 26, 2012 at 6 p.m.<br />
Haïti Liberté: 1583 Albany Avenue<br />
Brooklyn, NY 11210<br />
After <strong>Haiti</strong>’s Jan. 12, 2010 earthquake, half of all<br />
U.S. households gave a total of $1.4 billion to<br />
charities. But over two years <strong>la</strong>ter, more than<br />
500,000 <strong>Haiti</strong>ans still live in squalid tent and tarp<br />
camps. Only a few have access to drinking water<br />
and sanitation. Malnutrition and cholera are on the<br />
rise.<br />
“<strong>Haiti</strong>: Where Did The Money Go?” asks: What<br />
happened? Why did so much money buy so little<br />
relief? Why are so many still living in squalor?<br />
Film showing will be followed by a Question &<br />
Answer session with the filmmaker.<br />
DVDs of the film will be avai<strong>la</strong>ble for $20.<br />
This event is held to mark the anniversary of the<br />
Feb. 29, 2004 coup d’état against the elected<br />
government for former President Jean-Bertrand<br />
Aristide. 2004 represented a political coup, while<br />
the 2010 earthquake response represents an<br />
economic coup. The <strong>par</strong>allels will be drawn.<br />
Open to the public. Space limited.<br />
For more information: 718-421-0162<br />
BOUKAN<br />
101.9 FM • SCA<br />
Radyo Pa Nou<br />
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Mèkredi 9-10 pm<br />
Vol. 5, No. 32 • Du 22 au 28 Février 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 15
Suite de <strong>la</strong> page (6)<br />
Suite de <strong>la</strong> page (9)<br />
yon evalyasyon entèn nan òganizasyon<br />
an ki pèmèt jodi a n ap vanse e<br />
n ap vanse pifò avèk plis esperyans<br />
pase jan te konn vanse deja. Pa gen<br />
moun ki pa fè erè nan travay, ou gen<br />
dwa medsen ou fè erè, men esperyans<br />
nan ap pèmèt ou di bon mwen te fè<br />
sa tèl jan tèl jan, e men kijan mwen<br />
pral vanse. Tout kou ou pran yo, tout<br />
move esperyans ou fè yo pèmèt ou<br />
sèvi avèk yo pou kapab vanse yon<br />
lòt jan.<br />
Kim : Pou lektè yo, ou ka di nou kisa<br />
pati a idantifye kòm yon erè pou ta<br />
chanje nan moman sa a ?<br />
M.N : Lè m pale sou erè, savledi nou<br />
fè yon bi<strong>la</strong>n, nou fè yon evalyasyon<br />
entèn. Mo erè a pa bon, nou wè sa ki<br />
pa t ap mache byen nan fason nou t<br />
ap vanse. Nou pran tout bagay sa yo,<br />
nou pran kou nou resevwa yo e nou<br />
di men ki estrateji nou pral adopte<br />
pou nou ka vanse pi byen. Lè yon<br />
bagay pat fèt byen, se yon erè l ye.<br />
Si an tèm estrateji politik ou te chwazi<br />
yon estrateji epi ou gen pou redrese<br />
l, se paske ou wè gen yon kote li pap<br />
fonksyone byen donk men kijan n<br />
ap redrese l, se yon erè li ye. Se nan<br />
sans sa a mwen di sa. Gen yon bi<strong>la</strong>n<br />
entèn, gen yon evalyasyon entèn ki<br />
fèt, nou sèvi avèk tout sa pou nou<br />
di men kijan nou vle vanse, men<br />
kijan nou pral vanse a<strong>la</strong>limyè tout<br />
esperyans nou fè. Esperyans enkli<br />
kou nou resevwa, enkli fason nou t<br />
ap vanse ki te bezwen korije. Pa gen<br />
okenn pati politik ki ka di li pa fè yon<br />
bi<strong>la</strong>n evalyasyon.<br />
Kim : Mwen te vle rantre nan detay,<br />
men petèt li twò bonè. Petèt pwosesis<br />
entèn bezwen fini avan pwosesis<br />
ekstèn kòmanse ?<br />
M.N : Pwosesis entèn ki fèt nan<br />
evalyasyon an, se pa yon bagay ki fèt<br />
yon fwa, se yon bagay k ap kontinye.<br />
Nou fè 16 desanm, nou reyini pou<br />
nou di kisa ki te bon, kisa ki pat bon.<br />
Si nou pa fè l savledi pwochèn fwa se<br />
menm bagay <strong>la</strong>, te gen bon e te gen<br />
bagay ki bezwen fèt otreman.<br />
Kim : Yon dènye mo ?<br />
M.N : Dabò n ap remèsye Ayiti<br />
Libète ki toujou <strong>la</strong>, mwen panse se<br />
yon medya ki akonpaye majorite a,<br />
ki akonpaye tou Fanmi Lava<strong>la</strong>s nan<br />
misyon li. Se yon moman pou jisteman<br />
nou refè apèl ak tout demokrat, tout<br />
ayisyen, tout patriyòt, tout moun<br />
ki patizan <strong>la</strong>pè, patizan jistis sosyal<br />
pou yo mete tèt yo ansanm pou yo<br />
mennen batay sa a paske ideyal 16<br />
desanm 90 <strong>la</strong> ki te demokrasi, jistis<br />
pou yon trans<strong>par</strong>ans, patisipasyon<br />
pou yon diyite pou pèp ayisyen,<br />
souvrènte peyi nou an. Pou nou ale<br />
vè tout sa , nou te fè l deja, nou ka fè<br />
l ankò e nou ka fè l ansanm.<br />
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despite the promises of a number of<br />
U.S. universities, and despite the promises<br />
at the Regional Conference of Rectors<br />
and Presidents of the Francophone<br />
University Agency (AUF)… most UEH<br />
courses are still taught in sheds and<br />
temporary buildings.<br />
“We have hosted a lot of universities<br />
who are capable of assisting us,<br />
but they don’t have the resources to<br />
build,” Rector Henry told the magazine<br />
Chronicle of Higher Education in an article<br />
published <strong>la</strong>st January.<br />
“They can [only] only help us<br />
through long-distance courses, scho<strong>la</strong>rships<br />
and exchanges,” he added.<br />
Meanwhile, at Quisqueya University,<br />
a private institution, reconstruction<br />
is moving along well. Back<br />
in October, the IHRC gave a green light<br />
for a project of the Faculty of Medicine,<br />
and more recently – <strong>la</strong>st December – the<br />
Clinton Bush Fund offered US$914,000<br />
for a “Center for Entrepreneurship and<br />
Innovation.”<br />
“The Center will be a destination<br />
for business people of all levels,” the<br />
Fund’s Paul Altidor said in an article on<br />
the Fund’s website.<br />
The focus of <strong>Haiti</strong>’s “friends” is<br />
clear.<br />
Suite de <strong>la</strong> page (12)<br />
Suite de <strong>la</strong> page (8)<br />
The future in peril<br />
But the World Bank’s “Peril and<br />
Promise” study is also clear on the<br />
necessity to invest in public sector<br />
higher education.<br />
“Markets require profit and this<br />
can crowd out important educational<br />
duties and opportunities,” the study<br />
says. “The disturbing truth is that<br />
these enormous dis<strong>par</strong>ities are poised<br />
to grow even more extreme, impelled<br />
in <strong>la</strong>rge <strong>par</strong>t by the progress of the<br />
knowledge revolution and the continuing<br />
brain drain… For this reason the<br />
Task Force urges policymakers and<br />
donors – public and private, national<br />
and international – to waste no time.<br />
They must work with educational<br />
leaders and other key stakeholders to<br />
reposition higher education in developing<br />
countries.”<br />
And that was in 2000.<br />
Have <strong>Haiti</strong>an politicians, donors,<br />
“citizens” in the north, and others trying<br />
to take over the King Henry Christophe<br />
University read that report?<br />
<strong>Haiti</strong>’s past and present governments<br />
– who permitted in the past and<br />
permit today the deterioration and denigration<br />
of a commonly held asset, the<br />
State University of <strong>Haiti</strong> – have they<br />
been so completely swept away by the<br />
au jeu de <strong>la</strong> « diplomatie publique ».<br />
Le colonel Lawrence Wilkinson,<br />
ex-chef d’état-major de Colin Powell -<br />
un autre responsable qui ne s’est pas<br />
privé, après son retrait de <strong>la</strong> vie officielle,<br />
de <strong>par</strong>ler en toute honnêteté des tares<br />
qui frappent <strong>la</strong> conception et <strong>la</strong> mise en<br />
œuvre de <strong>la</strong> politique étrangère, m’a dit<br />
en avril 2010 : « le secrétaire d’Etat à<br />
<strong>la</strong> Défense Donald Rumsfeld ainsi que<br />
d’autres n’hésitaient pas à carrément<br />
ignorer <strong>la</strong> loi. Une de leurs méthodes<br />
consistait à faire publier une histoire<br />
dans un journal de Sydney <strong>par</strong> exemple<br />
et à faire en sorte qu’elle soit rapatriée<br />
aux USA <strong>par</strong> le biais d’internet. Nous<br />
avons là affaire à de <strong>la</strong> propagande dirigée<br />
vers le peuple usaméricain. »<br />
Wilkerson continuait : “il y a là<br />
une divergence sur le p<strong>la</strong>n légal qui doit<br />
être réglée en priorité. La loi dit qu’il ne<br />
faut pas mé<strong>la</strong>nger les affaires publiques<br />
intérieures et <strong>la</strong> « diplomatie publique<br />
» destinée aux publics étrangers. Nous<br />
devons arrêter <strong>la</strong> propagande, point<br />
barre. Nous avons besoin de dire <strong>la</strong><br />
vérité. Je comprends qu’on ne puisse<br />
dévoiler les secrets d’Etat mais pourquoi<br />
user de mensonge ? »<br />
En définitive, le problème avec<br />
<strong>la</strong> politique étrangère et <strong>par</strong>ticulièrement<br />
celle au Moyen-Orient, est étroitement<br />
lié à <strong>la</strong> question de savoir à<br />
quelles sortes de personnes est confié<br />
le pouvoir de décision. Nous avons<br />
des idéologues mettant en œuvre leurs<br />
programme, contre l’Iran et pour Israël,<br />
contre le dictateur en Syrie mais pour<br />
ceux d’Arabie Saoudite, de Bahreïn, du<br />
Yémen et du Qatar ; contre un Iran maîtrisant<br />
le nucléaire mais pour les 200<br />
bombes nucléaires israéliennes; abuser<br />
soi-même du droit de veto (80 fois)<br />
et ridiculiser les autres (<strong>la</strong> Russie et <strong>la</strong><br />
Chine) pour l’avoir utilisé une seule fois<br />
et ainsi de suite.<br />
« Il est et cassé et fonctionnant<br />
très mal », dit Wilkerson du processus<br />
de prise de décision gouvernemental. «<br />
Ils mettent des idéologues qui excellent<br />
à exercer leur emprise sur les fonctionnaires<br />
de l’Etat. Ceux-ci sont poussés<br />
dans un enclos, bousculés ou cajolés<br />
afin qu’on obtienne d’eux qu’ils fassent<br />
de gré ou de force ce qui, selon ces<br />
idéologues, doit être fait. »<br />
Revenons à <strong>la</strong> Syrie.<br />
Un reporter travail<strong>la</strong>nt pour une des<br />
principales agences de presse occidentales<br />
vient de m’envoyer un email<br />
rapportant sa visite en Syrie. « Je suis<br />
flood of neoliberal thinking that they<br />
don’t see the catastrophe that they are<br />
creating through not reconstructing the<br />
UEH?<br />
Maybe they should go back to<br />
school and learn more about the notion<br />
of common property, so well described<br />
recently by Professor Mattei. Or to read<br />
the study by the World Bank, usually a<br />
bastion of neoliberal ideology.<br />
Because, if H.G. Wells were in<br />
<strong>Haiti</strong> today, he would surely agree that,<br />
in the hemisphere’s second oldest republic,<br />
“catastrophe” has been ahead<br />
of “education” for a long time.<br />
Students from the Journalism<br />
Laboratory at the State University of<br />
<strong>Haiti</strong> col<strong>la</strong>borated on this series.<br />
<strong>Haiti</strong> Grassroots Watch is a<br />
<strong>par</strong>tnership of AlterPresse, the Society<br />
of the Animation of Social Communication<br />
(SAKS), the Network of Women<br />
Community Radio Broadcasters (RE-<br />
FRAKA) and community radio stations<br />
from the Association of <strong>Haiti</strong>an<br />
Community Media.<br />
To see images, and to access<br />
links - http://www.haitigrassrootswatch.<br />
org<br />
revenu de Homs le mois dernier mais<br />
ma visite ne m’a pas du tout convaincu<br />
que le pays s’est soulevé contre le régime<br />
d’Assad et encore moins qu’il y<br />
a quelque <strong>par</strong>t des bons combattant les<br />
méchants ».<br />
On ne sait que très peu de choses<br />
sur ce qui se passe réellement en Syrie<br />
et ce n’est pas forcément <strong>par</strong>ce que peu<br />
de médias y sont présents. Le rapport de<br />
<strong>la</strong> Ligue arabe y recense 147 organes<br />
d’information étrangers et arabes. On<br />
ne sait pas vraiment ce qui se déroule à<br />
Homs <strong>par</strong>ce qu’il y a une bataille féroce<br />
entre deux points de vue politiques<br />
rigides, chacun rapportant et interprétant<br />
les évènements à sa façon. La version<br />
des faits qui domine actuellement est<br />
celle qui vient de Washington- qui, selon<br />
Wikileaks, est depuis un certain temps à<br />
l’affût d’»opportunités» et de «vulnérabilités»<br />
à saisir pour miner le régime de<br />
Bachar El Assad.<br />
Une version au service de <strong>la</strong> vérité?<br />
Non, au service d’objectifs politiques<br />
auxquels les citoyens usaméricains n’ont<br />
pas adhéré, car il se trouve tout simplement<br />
qu’ils ne connaissent pas les faits.<br />
Traduit <strong>par</strong> Najib Aloui<br />
Edité <strong>par</strong> Fausto Giudice<br />
T<strong>la</strong>xca<strong>la</strong> 20 Février 2012<br />
Max W. Marcelin, Tax Consultant.<br />
Cell: 718-954-5384<br />
Leonite Gourdet, Tax Consultant.<br />
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contraire, « l’Etat va prendre toutes<br />
les dispositions nécessaires pour rétablir<br />
l’ordre dans <strong>la</strong> cité. » Le viceprésident<br />
du Sénat, le sénateur Adris<br />
Riché a abondé dans le même sens :<br />
« C’est une situation intolérable, c’est<br />
du désordre. Le président n’étant pas<br />
là, il est <strong>par</strong>ti pour l’ALBA, un groupe<br />
d’hommes lourdement armés, qui se<br />
disent des anciens militaires ont investi<br />
illégalement des campements et<br />
<strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion est livrée à elle-même,<br />
à un moment où le phénomène de<br />
l’insécurité ressurgit dans le pays.<br />
L’Etat ne peut pas tolérer cette situation<br />
» a-t-il déc<strong>la</strong>ré haut et fort.<br />
Le député Fritz Gérald Bourjolly<br />
lui aussi demande aux anciens<br />
militaires de revenir sur leur décision.<br />
« Nous étions d’accord, le Président<br />
de <strong>la</strong> République, l’Assemblée<br />
Nationale, députés et sénateurs pour<br />
le retour des forces armées d’Haïti,<br />
mais pas dans ces conditions et<br />
nous ne sommes pas d’accord qu’un<br />
groupe de personnes, au nom des<br />
militaires démobilisés, prennent les<br />
armes dans <strong>la</strong> rue, tirent, mettent<br />
<strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion dans un climat<br />
d’insécurité, créent un climat de<br />
terreur. Nous disons NON ! Nous ne<br />
sommes pas d’accord avec ce qui ce<br />
passe et nous demandons au Conseil<br />
Supérieur de <strong>la</strong> Police Nationale, le<br />
CSPN, composé du Premier Ministre,<br />
du Ministre de l’Intérieur, du Ministre<br />
de <strong>la</strong> Justice et du Directeur Général<br />
de <strong>la</strong> Police, de prendre toutes les<br />
dispositions nécessaires, toutes les<br />
mesures qui s’imposent, pour arrêter<br />
toutes les personnes qui sont dans<br />
<strong>la</strong> rue porteurs d’armes illégales et<br />
de rétablir l’ordre et <strong>la</strong> Paix, le plus<br />
rapidement possible. »<br />
Selon l’un des membres de <strong>la</strong><br />
Commission présidentielle travail<strong>la</strong>nt<br />
sur le projet de mise en p<strong>la</strong>ce d’une<br />
nouvelle force publique, Georges Michel,<br />
l’actuel mouvement des anciens<br />
militaires dès le dé<strong>par</strong>t est voué à<br />
l’échec et n’aboutira à rien.<br />
Dans <strong>la</strong> foulée, <strong>la</strong> question fondamentale<br />
posée <strong>par</strong> certains observateurs<br />
avisés est <strong>la</strong> suivante: quels<br />
secteurs nostalgiques des anciennes<br />
Forces Armées d’Haïti (FAD’H) se<br />
cachent derrière ce mouvement ?<br />
Quelles sont leurs sources de financement,<br />
les commanditaires de ces<br />
groupes armés ? Qui les approvisionne<br />
en armes de guerre et en munitions<br />
? Quel est réellement le vrai<br />
objectif ?<br />
Certains estiment avec les néoduvaliéristes<br />
au pouvoir et <strong>la</strong> présence<br />
de l’ex-dictateur Jean C<strong>la</strong>ude<br />
Duvalier, les anciens militaires des<br />
ex-Forces Armées se sentent très<br />
confortables à être remobilisés dans<br />
l’objectif de maintenir le règne de<br />
l’impunité et d’un Etat voyou en Haïti.<br />
A chaque fois que l’extrême droite<br />
reprend le pouvoir, les anciens militaires<br />
surgissent pour revendiquer le<br />
retour des anciennes Forces Armées<br />
d’Haïti, dissoutes en 1995 pour avoir<br />
commis des exactions graves sur <strong>la</strong><br />
popu<strong>la</strong>tion et perpétré une série de<br />
Coup d’Etat contre un chef de l’Etat<br />
démocratiquement élu et créant<br />
ainsi <strong>la</strong> déstabilisation dans le pays,<br />
ouvrant <strong>par</strong> ainsi plus <strong>la</strong>rgement <strong>la</strong><br />
porte à l’intervention étrangère des<br />
puissances impérialistes.<br />
En 2003-2004, les anciens<br />
militaires ayant à leur tête des mercenaires<br />
tels : Guy Philippe, Louis<br />
Jodel Chamb<strong>la</strong>in, Ravix Rémissainthe<br />
et consorts étaient à <strong>la</strong> base du Coup<br />
d’Etat-kidnapping contre le président<br />
Jean Bertrand Aristide et contre le<br />
peuple haïtien. Le gouvernement mis<br />
en p<strong>la</strong>ce <strong>par</strong> les Etats-Unis et leurs<br />
pairs, dirigé <strong>par</strong> Gérard Latortue a liquidé<br />
les prétendus chefs des anciens<br />
militaires qui semaient <strong>la</strong> panique<br />
dans le pays. En 2005, Ravix Rémissainthe<br />
et plusieurs de ses soldats<br />
avaient été abattus, a Delmas 30 sur<br />
le vaste terrain de <strong>la</strong> famille Acra, <strong>par</strong><br />
des soldats des forces d’occupation de<br />
l’ONU, <strong>la</strong> Minustah, après avoir tenu<br />
des propos sur un ton fielleux contre<br />
le gouvernement Boniface/Latortue<br />
d’alors pour des promesses non tenues<br />
suite à des services rendus.<br />
D’autres disent : n’est-ce pas là<br />
une stratégie pour essayer de détourner<br />
l’attention et <strong>la</strong> préoccupation de<br />
<strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion sur des questions d’actualité<br />
comme celle de <strong>la</strong> nationalité<br />
étrangère des membres du pouvoir en<br />
p<strong>la</strong>ce, dont le président Michel Joseph<br />
Martelly ?<br />
16<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 5, No. 32 • Du 22 au 28 Février 2012
A Travers le monde<br />
Aux Etats-Unis, les<br />
campements de<br />
<strong>la</strong> misère s’étendent<br />
Monsanto, un demi-siècle de<br />
scandales sanitaires<br />
Par Soren Seelow<br />
La réalité des réfugiés de <strong>la</strong> Floride et du Michigan est <strong>la</strong> même dans<br />
plusieurs endroits<br />
Près de 47 millions d’usamericains vivent au-dessous du seuil de<br />
pauvreté et ce chiffre continue d’augmenter<br />
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La BBC a visité aux Etats-Unis<br />
quelques campements de « sans<br />
logis » [« America’s homeless resort to<br />
tent cities »], de plus en plus nombreux,<br />
depuis qu’i a explosé <strong>la</strong> crise de 2008.<br />
Les données officielles soulignent que<br />
près de 47 millions d’usamericains vivent<br />
au-dessous du seuil de pauvreté et<br />
ce chiffre continue d’augmenter.<br />
Il y a actuellement 13 millions<br />
de chômeurs, trois millions de plus<br />
que lorsque Barack Obama est entré<br />
en fonction en 2008. Quelques estimations<br />
estiment que près de 5 000 personnes<br />
se sont vues obligées de vivre<br />
sous des tentes dans des campements<br />
de « sans-logis » é<strong>par</strong>pillés dans 55<br />
villes des Etats-Unis. Le plus grand est<br />
celui de « Pinel<strong>la</strong> Hope », en Floride,<br />
dans <strong>la</strong> zone plus connue comme le<br />
siège de Disney World. Une organisation<br />
catholique offre quelques services<br />
à ces habitants, tels que des machines à<br />
<strong>la</strong>ver, des ordinateurs, des téléphones,<br />
etc.<br />
Beaucoup de campements sont<br />
organisés et tiennent des réunions<br />
pour se distribuer les travaux communautaires.<br />
Pour certains, avec peu<br />
de perspectives de trouver du travail,<br />
les tentes sont devenues leurs logements<br />
semi-permanents. Plusieurs<br />
de ces personnes jusqu’à il y a peu<br />
avaient des vies confortables, typiques<br />
de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse moyenne US. Maintenant<br />
elles dorment sur des oreillers<br />
aussi mouillés que leurs couvre-lits, en<br />
hiver alors que les températures baissent<br />
sont nettement en dessous sous<br />
zéro. « Toutes les nuits, au moment<br />
Suite à <strong>la</strong> page (18)<br />
Dr. Kesler Dalmacy<br />
1671 New York Ave.<br />
Brooklyn, New York 11226<br />
Tel: 718-434-5345<br />
Le docteur de <strong>la</strong><br />
Communauté Haïtienne<br />
à New York<br />
La condamnation, lundi 13<br />
février, du géant américain de<br />
l’agroalimentaire Monsanto, poursuivi<br />
<strong>par</strong> un petit agriculteur charentais<br />
intoxiqué <strong>par</strong> un herbicide, est<br />
une première en France. A l’échelle<br />
de l’histoire de <strong>la</strong> multinationale,<br />
centenaire, cette condamnation ne<br />
constitue qu’une péripétie judiciaire<br />
de plus dans un casier déjà très<br />
chargé.<br />
PCB, agent orange, dioxine,<br />
OGM, as<strong>par</strong>tame, hormones de croissance,<br />
herbicides (Lasso et Roundup)…<br />
nombre de produits qui ont fait <strong>la</strong> fortune<br />
de Monsanto ont été entachés de<br />
scandales sanitaires et de procès, conduisant<br />
<strong>par</strong>fois à leur interdiction. Mais<br />
rien n’a jusqu’ici freiné l’irrésistible<br />
ascension de cet ancien géant de <strong>la</strong><br />
chimie reconverti dans <strong>la</strong> biogénétique<br />
et passé maître dans l’art du lobbying.<br />
Portrait d’une multinationale multirécidiviste.<br />
Un géant de <strong>la</strong> chimie… explosif<br />
Depuis sa création en 1901 à Saint-<br />
Louis, le petit producteur de saccharine,<br />
devenu un des principaux<br />
semenciers de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète n’a cessé<br />
de défrayer <strong>la</strong> chronique. Au lendemain<br />
de <strong>la</strong> seconde guerre mondiale,<br />
l’explosion accidentelle d’une usine<br />
de p<strong>la</strong>stique Monsanto provoquée<br />
<strong>par</strong> celle d’un cargo français chargé<br />
de nitrate, qui fit 500 morts à Texas<br />
City en 1947, est ainsi restée dans<br />
les annales comme l’un des premiers<br />
désastres de l’industrie chimique.<br />
Deux ans plus tard, c’est au tour<br />
d’une deuxième usine de <strong>la</strong> firme, à Nitro<br />
en Virginie, de <strong>par</strong>tir en fumée. Cette<br />
fois-ci, <strong>la</strong> responsabilité de l’entreprise<br />
est engagée. Plus de deux cents ouvriers<br />
développent des chloracnés,<br />
un trouble aussi rare que sévère de <strong>la</strong><br />
peau, rapporte Marie-Monique Robin,<br />
<strong>la</strong>uréate du prix Albert-Londres, dans<br />
son documentaire Le monde selon<br />
Monsanto.<br />
L’accident révèle que le produit<br />
phare de <strong>la</strong> marque, l’herbicide 2,4,5-<br />
T, contient des niveaux élevés de dioxines,<br />
des substances hautement<br />
toxiques et cancérigènes, de composition<br />
assimi<strong>la</strong>ble à celle des polychlorobiphényles<br />
(PCB). La première étude<br />
suggérant <strong>la</strong> dangerosité potentielle de<br />
<strong>la</strong> dioxine était connue de Monsanto<br />
dès 1938 : <strong>la</strong> commercialisation de<br />
l’herbicide se poursuivra pourtant pendant<br />
près de quarante ans, avant son<br />
interdiction dans les années 1970.<br />
Monsanto, qui a dirigé l’usine<br />
de Nitro entre 1934 et 2000, a <strong>par</strong> ailleurs,<br />
fait l’objet d’une p<strong>la</strong>inte déposée<br />
en 2007 <strong>par</strong> 77 habitants de Virginie,<br />
atteints de cancer, qui accusent <strong>la</strong> compagnie<br />
d’avoir diffusé «illégalement» de<br />
<strong>la</strong> dioxine dans les environs de l’usine.<br />
PCB : le procès de <strong>la</strong> honte<br />
En 2001, 3 600 habitants de <strong>la</strong> ville<br />
d’Anniston, en A<strong>la</strong>bama, attaquent<br />
Monsanto pour une contamination<br />
aux PCB. Selon un rapport déc<strong>la</strong>ssifié<br />
de l’Agence de protection de<br />
l’environnement des Etats-Unis<br />
(EPA), Monsanto a déversé pendant<br />
près de quarante ans des milliers de<br />
tonnes de déchets contaminés dans<br />
un ruisseau et une décharge à ciel<br />
ouvert, au cœur du quartier noir de<br />
<strong>la</strong> ville.<br />
La façon dont The Washington<br />
Post rapporte l’histoire est édifiante :<br />
«Des milliers de pages de documents<br />
de Monsanto – dont beaucoup sont estampillés<br />
‘CONFIDENTIEL : lire et détruire’<br />
– montrent que pendant des décennies,<br />
<strong>la</strong> multinationale a dissimulé<br />
Ancien géant de <strong>la</strong> chimie, Monsanto est aujourd'hui le leader mondial<br />
des OGM et l'un des premiers semenciers de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète. ASSOCIATED<br />
PRESS/JAMES A. FINLEY<br />
L'as<strong>par</strong>tame est présent dans de nombreux aliments et médicaments.<br />
AFP/DERRICK<br />
CEYRAC<br />
Un champ de colza génétiquement modifié.THOMAS Fred<br />
ce qu’elle faisait et surtout ce qu’elle<br />
savait. En 1966, des responsables de<br />
l’entreprise avaient découvert que des<br />
poissons immergés dans ce ruisseau<br />
se retournaient sur le dos en moins de<br />
dix secondes, pissant le sang et perdant<br />
leur peau comme s’ils avaient été bouillis<br />
vivants. Ils ne l’ont dit à personne»,<br />
raconte le quotidien américain.<br />
En 1975, une étude menée <strong>par</strong><br />
Monsanto révèle que le PCB provoque<br />
des tumeurs chez le rat. La multinationale<br />
décide d’en changer les conclusions,<br />
de «légèrement tumorigènes» à<br />
«n’ap<strong>par</strong>aît pas cancérigène». «Nous ne<br />
pouvons nous permettre de perdre un<br />
seul dol<strong>la</strong>r» : ainsi se conclut l’un des<br />
mémos consultés <strong>par</strong> The Washington<br />
Post.<br />
Monsanto a finalement été jugée<br />
coupable en 2002 d’avoir pollué<br />
«le territoire d’Anniston et le sang de<br />
sa popu<strong>la</strong>tion avec les PCB». La firme<br />
sera condamnée à payer 700 millions<br />
de dol<strong>la</strong>rs de dommages et intérêts et à<br />
assurer le nettoyage de <strong>la</strong> ville. Aucune<br />
peine de prison n’a été retenue contre<br />
les responsables de l’entreprise.<br />
En février 2007, The Guardian<br />
révèle que le géant agrochimique a appliqué<br />
les mêmes méthodes sur plusieurs<br />
sites en Grande-Bretagne entre<br />
1965 et 1972. Le quotidien a eu accès<br />
à un rapport gouvernemental montrant<br />
que 67 produits, dont l’agent orange,<br />
<strong>la</strong> dioxine et des PCB, ont été identifiés<br />
dans une carrière au pays de Galles. En<br />
France, <strong>la</strong> fabrication et l’utilisation des<br />
PCB sont interdites depuis 1987.<br />
Agent orange : condamné pour<br />
«empoisonnement»<br />
Durant ces mêmes années, entre<br />
1961 et 1971, Monsanto produit<br />
l’agent orange, constitué à <strong>par</strong>tir<br />
de l’herbicide 2,4,5-T, dont <strong>la</strong><br />
dangerosité est <strong>la</strong>rgement connue<br />
depuis l’explosion de l’usine de Nitro.<br />
Ce défoliant sera massivement<br />
déversé <strong>par</strong> l’aviation américaine<br />
au-dessus des forêts vietnamiennes<br />
pendant <strong>la</strong> guerre. Les conséquences<br />
se font encore sentir aujourd’hui,<br />
avec de nombreux cancers et des<br />
malformations de naissance au Vietnam,<br />
ainsi que des séquelles diverses<br />
chez nombre d’anciens combattants<br />
américains.<br />
Dans les années 1970, des vétérans<br />
du Vietnam ouvrent une C<strong>la</strong>ss<br />
Action contre les producteurs de<br />
l’agent orange. Monsanto se retrouve,<br />
au côté de six autres entreprises, accusé<br />
principal d’un procès en ré<strong>par</strong>ation<br />
pour empoisonnement. En<br />
1987, les sept producteurs de l’agent<br />
orange sont condamnés à verser<br />
180 millions de dol<strong>la</strong>rs à un fonds<br />
Suite à <strong>la</strong> page (18)<br />
Vol. 5, No. 32 • Du 22 au 28 Février 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 17
Suite de <strong>la</strong> page (17) Monsanto....<br />
de compensation destiné aux soldats<br />
américains.<br />
Durant le procès, Monsanto<br />
présentera des études scientifiques<br />
démontrant l’absence de lien entre<br />
l’exposition à <strong>la</strong> dioxine et les nombreux<br />
cancers dont souffraient les vétérans,<br />
pour les débouter de leur action.<br />
Il sera démontré au début des années<br />
1990 que ces études se fondant sur les<br />
conséquences de l’explosion de l’usine<br />
de Nitro en 1949 étaient biaisées.<br />
Cette fraude scientifique sera<br />
confirmée <strong>par</strong> le National Research<br />
Council, qui constate que les études<br />
de Monsanto «souffraient d’erreurs de<br />
c<strong>la</strong>ssification entre les personnes exposées<br />
et non exposées à <strong>la</strong> dioxine, et<br />
qu’elles avaient été biaisées dans le but<br />
d’obtenir l’effet recherché». L’affaire<br />
sera re<strong>la</strong>tée en 1990 <strong>par</strong> Greenpeace et<br />
le chercheur Joe Thornton dans un rapport<br />
intitulé Science for Sale.<br />
L’herbicide Roundup est-il<br />
toxique ?<br />
Souvenez-vous de cette publicité et<br />
de ce bon chien Rex : « Roundup ne<br />
pollue ni <strong>la</strong> terre ni l’os de Rex ». Elle<br />
a valu à Monsanto d’être condamnée<br />
deux fois, aux Etats-Unis et en<br />
France, pour des mentions mensongères<br />
p<strong>la</strong>cées sur l’embal<strong>la</strong>ge<br />
de cet herbicide total (qui élimine<br />
toutes les p<strong>la</strong>ntes).<br />
En 1975, l’entreprise <strong>la</strong>nce sur<br />
le marché Roundup, un herbicide très<br />
puissant présenté comme «biodégradable»<br />
et «bon pour l’environnement».<br />
En 1996, le procureur de New York<br />
condamne Monsanto à une amende de<br />
50 000 dol<strong>la</strong>rs et au retrait des mentions<br />
jugées mensongères. En janvier<br />
2007, <strong>la</strong> firme est condamnée en France<br />
(extrait du jugement) pour les mêmes<br />
motifs à… 15 000 euros d’amendes.<br />
Roundup est aujourd’hui l’herbicide le<br />
plus vendu au monde.<br />
Plusieurs études concordantes affirment<br />
pourtant que le pesticide phare<br />
de Monsanto – et son principe actif, le<br />
glyphosate – sont potentiellement tératogènes,<br />
c’est-à-dire responsables de<br />
malformations fœtales. L’une d’entre<br />
elles, publiée fin 2010 dans Chemical<br />
Research in Toxicology, montre<br />
que l’exposition directe d’embryons<br />
de batraciens a de très faibles doses<br />
d’herbicide à base de glyphosate entraîne<br />
des malformations.<br />
Monsanto réfute ces conclusions<br />
: « Le glyphosate n’a pas d’effets nocifs<br />
sur <strong>la</strong> reproduction des animaux<br />
adultes et ne cause pas de malformations<br />
chez <strong>la</strong> descendance des animaux<br />
exposés au glyphosate, même à très<br />
fortes doses », affirme <strong>la</strong> firme sur son<br />
site.<br />
Lundi 13 février, le rapporteur<br />
du Conseil d’Etat a asséné un nouveau<br />
coup dur au produit phare de Monsanto<br />
: il enjoint au ministère de l’agriculture<br />
d’en analyser <strong>la</strong> toxicité dans un dé<strong>la</strong>i<br />
de six mois et de statuer à nouveau sur<br />
l’autorisation de mise sur le marché du<br />
pesticide.<br />
Herbicide Lasso : interdit à <strong>la</strong><br />
vente<br />
La condamnation qui a frappé, lundi<br />
13 février, le deuxième herbicide de<br />
Monsanto est plus significative. Les<br />
juges français ont en effet considéré<br />
que le fabricant de produits phytosanitaires<br />
devra indemniser «entièrement»<br />
le p<strong>la</strong>ignant, Paul François.<br />
Ce céréalier ne travaille plus qu’à<br />
mi-temps, en proie à des fatigues<br />
chroniques et des maux de tête tenaces.<br />
Les médecins considèrent<br />
que son système nerveux central a<br />
été affecté à <strong>la</strong> suite de l’inha<strong>la</strong>tion<br />
du Lasso.<br />
Monsanto a fait appel. « Les<br />
produits de Monsanto sont conformes<br />
aux exigences de sécurité en p<strong>la</strong>ce au<br />
moment de leur mise sur le marché.<br />
[La société] a une politique très rigoureuse<br />
en ce qui concerne l’évaluation<br />
scientifique de <strong>la</strong> sécurité des produits<br />
de protection des p<strong>la</strong>ntes », a réagi<br />
l’entreprise, dans un communiqué.<br />
Jugé dangereux, cet herbicide<br />
est pourtant interdit au Canada depuis<br />
1985, en Belgique et au Royaume-Uni<br />
depuis 1992 et en France depuis 2007<br />
(il avait été autorisé le 31 décembre<br />
1968).<br />
Hormones de croissance :<br />
scandale chez Fox News<br />
Au début des années 1990, Monsanto<br />
commercialise son premier<br />
produit issu des biotechnologies :<br />
Posi<strong>la</strong>c, l’hormone de croissance bovine<br />
recombinante (rBGH), une hormone<br />
transgénique destinée à augmenter<br />
<strong>la</strong> <strong>la</strong>ctation des vaches de<br />
près de 20 %. L’hormone entraîne<br />
des mammites, des inf<strong>la</strong>mmations<br />
de <strong>la</strong> mamelle, qui contraignent les<br />
éleveurs à traiter leurs vaches avec<br />
des antibiotiques, dont on retrouve<br />
ensuite <strong>la</strong> trace dans le <strong>la</strong>it. Ce<br />
produit miracle est aujourd’hui interdit<br />
<strong>par</strong>tout, sauf aux Etats-Unis.<br />
Un documentaire canadien, The<br />
Corporation, raconte comment Monsanto<br />
a fait pression sur Fox News (groupe<br />
Murdoch) pour l’empêcher de diffuser<br />
une enquête dévoi<strong>la</strong>nt les dangers du<br />
Posi<strong>la</strong>c en 1997. Cet extrait illustre le<br />
lobbying <strong>par</strong>ticulièrement agressif de <strong>la</strong><br />
firme : non seulement l’enquête n’a jamais<br />
été diffusée, mais ses auteurs ont<br />
été licenciés <strong>par</strong> <strong>la</strong> chaîne.<br />
OGM : des procès en pagaille<br />
Entre 1995 et 1997, le soja génétiquement<br />
modifié Roundup Ready,<br />
le colza Roundup Ready et le coton<br />
Roundup Ready, tous trois résistants<br />
à l’herbicide Roundup, reçoivent les<br />
autorisations de commercialisation.<br />
Paul François, céréalier charentais<br />
victime des pesticides, a fait<br />
condamner Monsanto en première<br />
instance au TGI de Lyon, lundi 13<br />
février. JEAN MICHEL NOSSANT /©<br />
JEAN MICHEL NOSSANT<br />
Détentrice d’un brevet aujourd’hui<br />
périmé sur le glyphosate (commercialisé<br />
sous le nom de Roundup),<br />
l’entreprise décide de changer de<br />
stratégie et entreprend de breveter le<br />
vivant. Elle produit actuellement 90<br />
% des OGM de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète.<br />
Un quasi-monopole que <strong>la</strong> firme<br />
défend chèrement. Au cours des années<br />
2000, Monsanto assignera ainsi<br />
devant les tribunaux des centaines de<br />
paysans accusés d’avoir utilisé «frauduleusement»<br />
ses semences transgéniques<br />
brevetées, c’est-à-dire de les<br />
avoir rep<strong>la</strong>ntées.<br />
Monsanto revendique des droits<br />
à <strong>la</strong> propriété intellectuelle sur certaines<br />
semences. Ce qui ne l’empêche<br />
pas d’être elle-même poursuivie pour<br />
acte de «biopiraterie». En août 2011,<br />
l’Autorité nationale de biodiversité indienne<br />
a ainsi annoncé qu’elle portait<br />
p<strong>la</strong>inte contre <strong>la</strong> compagnie, accusée<br />
d’avoir mis au point une aubergine<br />
génétiquement modifiée (BT-Brinjal) à<br />
<strong>par</strong>tir de variétés locales sans en avoir<br />
demandé l’autorisation.<br />
Autre condamnation, aux Etats-<br />
Unis cette fois. Monsanto a accepté en<br />
2010 de payer 2,5 millions de dol<strong>la</strong>rs<br />
d’amende pour avoir vendu du coton<br />
OGM non autorisé. L’Agence de<br />
protection de l’environnement (EPA)<br />
reproche à l’entreprise d’avoir violé<br />
<strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion lui interdisant de vendre<br />
des cotons génétiquement modifiés<br />
dans certaines régions du Texas, où ces<br />
variétés étaient prohibées <strong>par</strong> crainte<br />
d’une résistance aux pesticides.<br />
As<strong>par</strong>tame : vers nouveau<br />
scandale sanitaire ?<br />
Monsanto le précise c<strong>la</strong>irement<br />
sur son site Internet : après en<br />
avoir été l’un des principaux producteurs<br />
dans les années 1980 et<br />
1990, l’entreprise ne produit plus<br />
d’as<strong>par</strong>tame depuis 2000. La firme<br />
tient pourtant à insister sur le fait<br />
que cet édulcorant, le plus utilisé au<br />
monde, «ne provoque aucune ma<strong>la</strong>die».<br />
Des études récentes ont cependant<br />
mis en évidence un risque accru<br />
de naissances prématurées chez les<br />
femmes qui consomment ce produit.<br />
L’Autorité européenne de sécurité des<br />
aliments a même été invitée en mai <strong>par</strong><br />
<strong>la</strong> Commission européenne à anticiper<br />
<strong>la</strong> réévaluation complète de <strong>la</strong> sécurité<br />
de l’as<strong>par</strong>tame en 2012.<br />
Dans les colonnes du Monde<br />
(abonnés), Yann Fichet, directeur des<br />
affaires institutionnelles de <strong>la</strong> filiale<br />
française de l’entreprise, déplore que<br />
Monsanto soit devenu «un nom attractif<br />
pour qui veut faire de l’audience».<br />
Une réputation malmenée que <strong>la</strong> firme<br />
tente de gommer en déclinant sur son<br />
site les principes de sa charte éthique<br />
: «Intégrité», «Dialogue», «Trans<strong>par</strong>ence»,<br />
«Partage», «Utilité» et «Respect».<br />
Contacté <strong>par</strong> Le Monde.fr, Monsanto<br />
n’avait pas répondu à l’heure où<br />
cet article était publié.<br />
LE MONDE 16 février 2012<br />
Maroc: prison ferme pour atteinte<br />
à <strong>la</strong> « sacralité » de Mohammed VI<br />
Walid Bahomane, le jeune<br />
Marocain de 18 ans<br />
Walid Bahomane, jeune Marocain<br />
de 18 ans, a été arrêté le 24 janvier<br />
2012, puis jugé et condamné le<br />
16 février <strong>par</strong> le Tribunal de première<br />
instance de Rabat à un an de prison<br />
ferme et à une amende de 10.000 dirhams<br />
(1.000 euros), pour « atteinte<br />
à <strong>la</strong> sacralité de Mohammed VI » sur<br />
Facebook.<br />
Son crime est d’avoir publié sur<br />
Suite de <strong>la</strong> page (17)<br />
de dormir, nous mettons littéralement<br />
nos têtes dans l’humidité » a dit à <strong>la</strong><br />
BBC, A<strong>la</strong>na Gehringer, habitante d’un<br />
campement de l’état de Michigan.<br />
Ce regroupement de 20 tentes<br />
s’est formé dans un bois sur au bord<br />
d’une route, dans les environs de <strong>la</strong><br />
ville « Ann Arbor ». Ils n’ont pas<br />
de toilettes, ils disposent seulement<br />
d’électricité dans <strong>la</strong> tente communautaire<br />
où les habitants se réunissent<br />
autour d’un poêle à bois pour échapper<br />
au froid. Et malgré ce<strong>la</strong> chaque<br />
fois il y a plus de personnes qui vivent<br />
ainsi. La police, les hôpitaux et<br />
les hébergements publics demandent<br />
fréquemment s’ils peuvent envoyer<br />
plus de gens à vivre là. « Avant-hier<br />
soir <strong>par</strong> exemple, nous recevons un<br />
appel en nous disant qu’il y avait six<br />
personnes qui n’avaient pas de p<strong>la</strong>ce<br />
dans le foyer. Nous recevons autour de<br />
sa page une caricature réalisée <strong>par</strong> un<br />
dessinateur burkinabé : Sa Majesté<br />
le roi Mohamed VI, Commandeur des<br />
croyants, dessiné dans une serrure<br />
(voir illustration).<br />
Le titre de « Commandeur des<br />
croyants » est également revendiqué<br />
<strong>par</strong> le sultan de Brunei et le mol<strong>la</strong>h<br />
Omar d’Afghanistan. À quelques jours<br />
d’intervalle, Abdessamad Haydour, 25<br />
ans, était condamné à 3 ans de prison<br />
ferme pour des motifs simi<strong>la</strong>ires après<br />
avoir qualifié le monarque absolu de<br />
« chien de dictateur » dans une vidéo<br />
tournée lors d’une manifestation à Taza<br />
et diffusée sur Internet.<br />
Selon le blog Vox Maroc, <strong>la</strong> cyberpolice<br />
marocaine dispose de vastes locaux<br />
à Rabat d’où elle se livre à des activités<br />
de propagande et d’intimidation<br />
sur <strong>la</strong> toile ainsi qu’à <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce<br />
d’internet grâce à un logiciel espion<br />
français.<br />
En décembre dernier, <strong>la</strong> société<br />
9 à 10 appels de ce type <strong>par</strong> nuit » dit<br />
Brian Durance, l’un des organisateurs<br />
du campement.<br />
La réalité des réfugiés de <strong>la</strong> Floride<br />
et du Michigan est <strong>la</strong> même dans plusieurs<br />
endroits. Lundi Obama a rendu<br />
public le p<strong>la</strong>n d’augmentation des impôts<br />
pour les riches « Nous voulons que tous<br />
aient des opportunités justes ». Le président<br />
US a mentionné ceux qui « luttent<br />
pour entrer dans <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse moyenne ».<br />
A « Pinel<strong>la</strong> Hope », à « Ann Arbor » et<br />
dans d’autres dizaines de lieux du pays,<br />
en plus de ceux qui veulent entrer dans <strong>la</strong><br />
c<strong>la</strong>sse moyenne, il y-a ceux qui en furent<br />
expulsés <strong>par</strong> <strong>la</strong> crise et veulent revenir.<br />
Cartaoberro, le 21 février 2012.<br />
Traduit de l’espagnol <strong>par</strong> : Estelle et<br />
Carlos Debiasi<br />
El Correo. Paris, le 21 février 2012.<br />
française Amesys a décroché un contrat<br />
de 2 millions de dol<strong>la</strong>rs au Maroc<br />
pour <strong>la</strong> livraison d’ordinateurs et de<br />
disques durs et l’instal<strong>la</strong>tion du logiciel<br />
de surveil<strong>la</strong>nce Eagle. Celui-ci permet<br />
de passer au crible plusieurs millions de<br />
messages, de les enregistrer et de relever<br />
des noms et des mots-clés, même<br />
déformés légèrement à l’écriture. Il<br />
identifie également les connexions sur<br />
les sites c<strong>la</strong>ssés suspects, peut identifier<br />
qui y envoie du courrier et accéder<br />
au contenu des courriels ainsi<br />
qu’intercepter les appels téléphoniques.<br />
Depuis près d’un mois, <strong>la</strong> jeunesse<br />
de <strong>la</strong> ville de Taza au Nord-Est<br />
du royaume connait un soulèvement<br />
sans précédent. On dénombre plusieurs<br />
morts et des centaines de blessés<br />
selon les rapports préliminaires de<br />
l’Association Marocaine des Droits Humains.<br />
Le revenu annuel <strong>par</strong> habitant<br />
du Maroc est de 5 100 US$ (146e<br />
rang mondial). Mohammed VI est le<br />
septième chef d’État le plus riche du<br />
monde. Le 17 avril 2011, le ministre<br />
français des Affaires étrangères, A<strong>la</strong>in<br />
Juppé, avait qualifié devant le Conseil<br />
de sécurité les annonces de réformes<br />
royales de « discours courageux et visionnaire<br />
».<br />
Lundi dernier, son homologue<br />
états-unienne, Hil<strong>la</strong>ry Clinton, lors<br />
d’une conférence de presse conjointe<br />
a déc<strong>la</strong>ré : « Il est du droit du peuple<br />
syrien de pouvoir bénéficier des mêmes<br />
transformations politiques réussies<br />
opérées au Maroc, en Tunisie, en<br />
Égypte ou en Libye. »<br />
Réseau Voltaire 19 février 2012<br />
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Suite de <strong>la</strong> page (20)<br />
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découvertes de <strong>la</strong> science et de <strong>la</strong> technologie<br />
; du dangereux gaz schiste<br />
et des fabuleuses perspectives de <strong>la</strong><br />
nanotechnologie ; des visites des leaders<br />
internationaux et de l’impression<br />
qu’elles ont produite ; des Malouines,<br />
« ce bout de terre arraché à l’Argentine<br />
», où aujourd’hui les Britanniques<br />
ont l’intention d’extraire du pétrole et,<br />
évidemment, des terribles menaces qui<br />
pèsent sur <strong>la</strong> Syrie et l’Iran, alors que<br />
les États-Unis et l’Europe prétendent<br />
convaincre <strong>la</strong> Russie de cette idée ridicule<br />
que le bouclier anti-missiles a pour<br />
but de protéger ce pays contre les menaces<br />
de l’Iran et de <strong>la</strong> Corée du Nord.<br />
Pour lui, il est indispensable de<br />
se tenir au courant des événements<br />
et de reconnaître « qu’il n’y a plus de<br />
p<strong>la</strong>ce pour les intérêts nationaux, car<br />
ils s’inscrivent dans les intérêts internationaux…<br />
Notre devoir est de lutter<br />
jusqu’à <strong>la</strong> dernière minute, pour notre<br />
pays, pour notre p<strong>la</strong>nète, pour l’Humanité<br />
».<br />
En <strong>par</strong><strong>la</strong>nt des cinq et avec les cinq<br />
À deux reprises, Fidel a <strong>par</strong>lé du roman<br />
Jean-Christophe** de Romain Rol<strong>la</strong>nd<br />
comme d’une de ses lectures préférées.<br />
La première, ce fut en apercevant<br />
dans <strong>la</strong> file derrière ses camarades de<br />
l’attaque de Moncada, les mères des<br />
Cinq. Ce roman a été une de ses lectures<br />
en prison. Un de ceux qui a survécu à <strong>la</strong><br />
censure du chef de <strong>la</strong> prison, un « type<br />
odieux, stupide, voleur… » ; à tel point<br />
qu’il lui a interdit des livres comme le<br />
Staline de Trotsky, et que <strong>par</strong> contre, il<br />
a <strong>la</strong>issé passer Le Capital, de Karl Marx.<br />
« Les familles des Cinq sont avec<br />
nous. Incroyable combien ces hommes<br />
ont résisté ! », s’exc<strong>la</strong>me-t-il avec admiration.<br />
Il dit qu’on ne peut absolument<br />
pas com<strong>par</strong>er les deux années environ<br />
qu’il a passés en prison avec les 13 ans<br />
d’emprisonnement de Gerardo, de Ramon,<br />
de Fernando, d’Antonio, et aussi<br />
de René – à qui on interdit de revenir à<br />
Cuba –, et il se montre <strong>par</strong>ticulièrement<br />
préoccupé <strong>par</strong> <strong>la</strong> situation actuelle des<br />
Cinq.<br />
« Je viens de lire ce qu’a écrit<br />
Antonio sur son transfert de prison.<br />
Comment va-t-il ? a demandé Fidel,<br />
<strong>par</strong>ticulièrement intéressé, car il a été<br />
lui-même prisonnier politique, et il a<br />
également subi des vexations, et même<br />
des menaces de mort.<br />
Mirta, <strong>la</strong> mère de Tony, lui a expliqué<br />
qu’il s’agit d’un changement<br />
auquel il avait droit et qu’il l’avait demandé<br />
lorsque sa condamnation avait<br />
été réduite. Il a passé 13 ans à <strong>la</strong> prison<br />
de haute sécurité à Florence, Colorado<br />
– si dure qu’on l’appelle « l’Alcatraz<br />
des Rocheuses », ce qui obligeaient ses<br />
proches à prendre trois avions pour lui<br />
rendre visite. Maintenant, il est à <strong>la</strong><br />
prison Marianna, en Floride, où René<br />
a purgé sa peine jusqu’à sa sortie le<br />
7 octobre dernier. « Le changement a<br />
été très favorable, pour le climat mais<br />
surtout car maintenant je n’ai qu’un<br />
seul avion à prendre pour aller le voir,<br />
ensuite on continue <strong>par</strong> <strong>la</strong> route », a<br />
expliqué <strong>la</strong> mère du poète emprisonné,<br />
une femme admirable qui aura 80 ans<br />
cette année, et qui commençait à ressentir<br />
les effets des épuisantes journées<br />
passées à voyager pour rendre visite à<br />
son fils. Quant à Tony, elle a confié que<br />
son moral était bon et qu’il lui avait demandé<br />
de transmettre à tous ses remerciements<br />
pour leur soutien à <strong>la</strong> cause<br />
des Cinq, qui est entrée dans une phase<br />
cruciale et décisive.<br />
« Comme ses camarades, il<br />
conserve <strong>la</strong> même fidélité, <strong>la</strong> même<br />
résistance, et un bon moral, et le<br />
désir que vienne enfin <strong>la</strong> victoire », a<br />
poursuivi Mirta.<br />
Une vision intime de l’histoire<br />
L’écrivaine Graciel<strong>la</strong> Pogolotti, présidente<br />
de <strong>la</strong> Fondation Alejo Carpentier,<br />
a débuté <strong>la</strong> ronde des questions. Un des<br />
problèmes de l’approche de l’Histoire<br />
– avec une majuscule –, c’est que l’on<br />
suit <strong>la</strong> séquence des grands événements,<br />
mais jamais les détours, ces<br />
détails intimes, <strong>la</strong> mémoire, ces choses<br />
qui non seulement touchent l’esprit,<br />
mais aussi le cœur. Elle a proposé au<br />
leader de <strong>la</strong> Révolution de continuer<br />
à écrire, de continuer cette saga de témoignages,<br />
qu’il en dise plus sur son<br />
expérience comme combattant et sur<br />
ses conversations avec de grandes personnalités<br />
de ce monde.<br />
« Il faut que j’en profite<br />
maintenant, <strong>par</strong>ce que <strong>la</strong> mémoire se<br />
perd ». Une autre fois, le magnifique<br />
humour de cet après-midi, a affleuré,<br />
et il a promis : « Je suis prêt à faire<br />
l’impossible pour transmettre ce dont je<br />
me souviens bien… J’ai exprimé toutes<br />
les idées que j’avais, et les sentiments<br />
qui m’ont traversé ». Et d’ajouter<br />
plus loin : « Je prends conscience de<br />
l’importance de raconter tout ce<strong>la</strong> pour<br />
le transmettre, pour que ce<strong>la</strong> soit utile. »<br />
Il a fait remarquer l’immense révolution<br />
qui s’est produite dans <strong>la</strong> pensée<br />
à une époque marquée de plus <strong>par</strong><br />
des progrès scientifiques incroyables. «<br />
Internet est un instrument révolutionnaire<br />
qui permet de recevoir et de transmettre<br />
des idées, dans les deux directions,<br />
quelque chose que nous devons<br />
savoir utiliser », et il a souligné l’immense<br />
potentiel de Cuba pour <strong>par</strong>ticiper<br />
à ces développements. Par exemple,<br />
seulement l’Université des Sciences<br />
informatiques, entre étudiants et enseignants,<br />
compte 14 000 personnes dans<br />
ses c<strong>la</strong>sses. Et il s’interroge : « Mettonsnous<br />
à profit toutes ces valeurs et ces<br />
ressources pour transmettre des idées<br />
? »<br />
Dialoguant avec Mirthia Brossard,<br />
présidente de <strong>la</strong> Fédération des<br />
étudiants de l’Enseignement moyen, il<br />
a déc<strong>la</strong>ré : « Nous devons soutenir les<br />
idées de <strong>la</strong> jeune Chilienne – Cami<strong>la</strong><br />
Vallejo – dans le sens où nous devons<br />
lutter pour le droit à l’éducation pour<br />
tous. Que ce ne soit pas seulement une<br />
éducation générale et gratuite, mais<br />
que nous nous préoccupions aussi des<br />
contenus d’enseignement ». Et d’ajouter<br />
: « L’éducation est <strong>la</strong> lutte contre<br />
l’instinct. Tous les instincts conduisent<br />
à l’égoïsme, et seule <strong>la</strong> conscience peut<br />
nous mener à <strong>la</strong> justice. Ce n’est pas<br />
seulement une formule pratique, c’est<br />
<strong>la</strong> seule acceptable en théorie. »<br />
Vers <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> rencontre, le<br />
peintre Alexis Leyva (Kcho) a déc<strong>la</strong>ré<br />
que ce livre explique comment Fidel est<br />
devenu un leader de dimension internationale,<br />
non <strong>par</strong> <strong>la</strong> force mais grâce<br />
à son intelligence. Lorsque l’artiste a<br />
demandé à Fidel un conseil pour lutter<br />
contre ce monde fou qu’il nous a<br />
été donné de vivre, le commandant a<br />
répondu : « Tu l’as dit toi-même, plutôt<br />
que de l’audace, il faut de l’intelligence».<br />
Fidel a regretté que le temps<br />
s’achève, et <strong>la</strong> rencontre s’est conclue,<br />
comme elle avait commencé <strong>par</strong> des<br />
rires : « C’est dommage que ce<strong>la</strong> se termine<br />
! Je me suis senti très heureux,<br />
mais je coopère avec les médecins (qui<br />
le soignent). Et remarquez bien que je<br />
le fais non comme un acte d’audace,<br />
mais comme un acte d’intelligence ! »<br />
NDLR .<br />
* Katiuska B<strong>la</strong>nco. Écrivaine,<br />
journaliste et auteure cubaine, connue<br />
pour son travail à <strong>la</strong> tête du journal officiel<br />
cubain Granma et aussi pour son<br />
travail au sein du ministère des Affaires<br />
étrangères. Elle est une col<strong>la</strong>boratrice<br />
régulière de Juventud Rebelde.<br />
* «Jean-Christophe». Vaste<br />
roman cyclique, ce roman fleuve est<br />
un signe d›amour et d›espoir adressé<br />
à <strong>la</strong> génération suivante. Le héros, un<br />
musicien de génie, doit lutter contre <strong>la</strong><br />
médiocrité du monde. Mê<strong>la</strong>nt réalisme<br />
et lyrisme, cette fresque est le tableau<br />
du monde de <strong>la</strong> fin du XIXème siècle au<br />
début du vingtième.<br />
Granma 8 février 2012<br />
Suite de <strong>la</strong> page (7)<br />
affronter les obstacles et les chaussetrappes<br />
mis en p<strong>la</strong>ce <strong>par</strong> le Président.<br />
Certains <strong>par</strong>lementaires dans cette affaire<br />
tentent de jouer un double jeu.<br />
Les mêmes qui encouragent le<br />
Premier ministre à tenir tête, voire à<br />
s’opposer à <strong>la</strong> présidence. Ils sont les<br />
premiers à filer à vive allure au bureau<br />
du chef de l’Etat pour l’inciter à congédier<br />
le Premier ministre ou tout au<br />
moins à l’isoler au sein de son propre<br />
gouvernement. Il est d’autant plus difficile<br />
pour Gary Conille, que non seulement<br />
c’est un capitaine sans troupe<br />
n’ayant aucune organisation politique<br />
pour le soutenir, mais aussi le Premier<br />
ministre n’a pas un sou à sa disposition<br />
pouvant servir de « caisse noire »<br />
pour acheter ou soudoyer des députés<br />
et sénateurs comme le faisaient ses<br />
prédécesseurs en guerre avec <strong>la</strong> présidence.<br />
Il n’a aucune autorité sur ses propres<br />
ministres. Cette absence d’autorité<br />
a été portée à nu <strong>par</strong> <strong>la</strong> polémique entre<br />
lui et certains de ses ministres sur<br />
<strong>la</strong> question de nationalité du Président.<br />
Cette polémique a définitivement<br />
terni son image en tant que chef aux<br />
yeux de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, voire auprès<br />
de <strong>la</strong> Communauté internationale qui<br />
espérait le voir faire montre d’un peu<br />
plus d’autorité face au Président de <strong>la</strong><br />
République. Autre difficulté du Premier<br />
ministre c’est son impopu<strong>la</strong>rité dans<br />
le pays. En fait, devrait-on dire, il est<br />
inconnu du grand public. Le pays ne<br />
connaît pas son premier ministre et<br />
vice versa. Lâché <strong>par</strong> <strong>la</strong> plu<strong>par</strong>t de ses<br />
ministres. Ne sachant sur qui compter<br />
réellement au Parlement.<br />
Faisant preuve d’un manque<br />
de charisme certain. Et surtout pressuré<br />
et avili à tout bout de champ <strong>par</strong><br />
<strong>la</strong> présidence. La chance pour le Premier<br />
ministre, Gary Conille, de rester à<br />
<strong>la</strong> tête du gouvernement <strong>par</strong>aît mince.<br />
Certes, constitutionnellement le chef de<br />
l’Etat ne peut le limoger. Mais à quoi<br />
servira-t-il en vou<strong>la</strong>nt s’accrocher à<br />
tout prix à <strong>la</strong> Primature comme il veut<br />
le faire ? Quel est l’intérêt pour Gary<br />
Conille de vouloir cohabiter avec un<br />
Président de <strong>la</strong> République avec qui<br />
rien ne semble possible et surtout qui<br />
n’a aucune estime pour lui ? Or, politiquement,<br />
le Premier ministre a tout à<br />
gagner en présentant sa démission au<br />
Président de <strong>la</strong> République avant que<br />
ce soit celui-ci qui concocte un « coup<br />
fourré » avec les <strong>par</strong>lementaires pour le<br />
renverser.<br />
Finalement, l’on ne comprend<br />
pas l’entêtement d’un Premier ministre<br />
ne pouvant même pas nommer un<br />
secrétaire dans son cabinet <strong>par</strong>ticulier<br />
sans l’autorisation de <strong>la</strong> présidence. Au<br />
lieu de se faire humilier de <strong>la</strong> sorte, il<br />
serait plus raisonnable pour Gary Conille<br />
qui pourrait toujours revenir dans<br />
le jeu politique une fois que <strong>la</strong> conjoncture<br />
le permettrait, de jeter le tablier.<br />
Ce geste pourrait servir à le grandir<br />
devant <strong>la</strong> nation. Devant ses amis de<br />
l’internationale. Et peut-être le mettrait<br />
même en réserve de <strong>la</strong> République.<br />
D’autant plus que Michel Martelly<br />
commence à le dire haut et fort à des<br />
interlocuteurs qui tentent d’intervenir<br />
en sa faveur : Conille, c’est de l’histoire<br />
ancienne, répète-t-il.<br />
Le dossier du futur ex-Premier<br />
ministre, en effet, est déjà c<strong>la</strong>ssé pour<br />
l’entourage du chef de l’Etat. D’ailleurs,<br />
on apprend de sources sûres que le<br />
Président commence à se pencher sur<br />
deux dossiers à <strong>la</strong> fois. Premièrement,<br />
il discute discrètement avec des personnalités<br />
susceptibles de remp<strong>la</strong>cer<br />
Conille à <strong>la</strong> Primature. Deuxièmement,<br />
il essaie de retourner certains <strong>par</strong>lementaires<br />
à sa cause sur le dossier de<br />
Conille en prétextant que celui-ci n’a<br />
jamais été à <strong>la</strong> hauteur de <strong>la</strong> fonction.<br />
Et pour cause.<br />
Même après tant d’humiliation<br />
subie de <strong>la</strong> <strong>par</strong>t de <strong>la</strong> présidence et de<br />
ses ministres, Gary Conille n’entend<br />
pas démissionner. Il faut dire que Michel<br />
Martelly est encouragé dans son<br />
entreprise de déstabilisation de son Premier<br />
ministre <strong>par</strong> les déc<strong>la</strong>rations plus<br />
ou moins sécrètes de certaines Chancelleries<br />
étrangères à Port-au-Prince.<br />
Selon des informations circu<strong>la</strong>nt en<br />
effet dans les milieux diplomatiques,<br />
l’on apprend que Gary Conille est peu<br />
apprécié pour son côté opportuniste et<br />
surtout ces diplomates estiment qu’il<br />
est incapable de prendre une décision.<br />
En gros, il n’est pas fait pour le job.<br />
Or, l’on sait que ce genre de discours<br />
a<strong>la</strong>rmistes de <strong>la</strong> <strong>par</strong>t des ambassadeurs<br />
signifie <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> lune de miel.<br />
Est-ce vraiment <strong>la</strong> fin pour Gary<br />
Conille ? On peut le penser dans <strong>la</strong><br />
mesure où <strong>la</strong> présidence est prête à<br />
tout pour avoir <strong>la</strong> peau sinon <strong>la</strong> tête de<br />
celui qui n’a jamais été son favori. De<br />
plus en plus isolé à <strong>la</strong> Vil<strong>la</strong> d’Accueil,<br />
Gary Conille n’a pas fini avec ses détracteurs.<br />
Son prédécesseur, Jean-Max<br />
Bellerive l’un des conseillers très écoutés<br />
de Martelly au Pa<strong>la</strong>is national,<br />
quant à lui, ne cesse de savonner <strong>la</strong><br />
p<strong>la</strong>nche sous les pieds de celui qui est<br />
toujours le patron de <strong>la</strong> Primature. Mais<br />
peut-être pas pour longtemps. Bellerive<br />
prend très au sérieux et supporte très<br />
mal <strong>la</strong> décision de son successeur de<br />
créer une Commission d’enquête publique<br />
afin de faire <strong>la</strong> lumière sur certains<br />
contrats passés <strong>par</strong> le Premier<br />
ministre d’alors avec des entreprises<br />
dominicaines.<br />
Ces contrats remportés sans appel<br />
d’offres <strong>par</strong> les amis de Bellerive<br />
en République Dominicaine sont totalement<br />
en infraction avec <strong>la</strong> loi.<br />
L’entourage de Conille soupçonne<br />
Jean-Max Bellerive d’avoir favorisé<br />
ces entreprises dominicaines moyennant<br />
pots-de-vin. Du coup, Bellerive<br />
jure qu’il aura <strong>la</strong> chute de Conille avant<br />
que sa Commission rende public le résultat<br />
de l’enquête sur les contrats avec<br />
les Dominicains. Malchance pour le<br />
Premier ministre, Bellerive dispose de<br />
beaucoup de soutiens auprès des Parlementaires<br />
de INITE. Sachant que le<br />
chef de l’Etat veut <strong>la</strong> chute de son chef<br />
de gouvernement et lui qui entretient<br />
de fort bonne re<strong>la</strong>tion avec un grand<br />
nombre de députés et sénateurs, l’on<br />
<strong>par</strong>ie que l’ancien Premier ministre de<br />
René Préval n’hésitera point à solliciter<br />
ou à appeler à <strong>la</strong> rescousse ses amis<br />
<strong>par</strong>lementaires en vue de neutraliser un<br />
Gary Conille jouant au funambule sans<br />
filet. Face à une telle dis<strong>par</strong>ité de forces<br />
en présence. De tant d’animosité de <strong>la</strong><br />
<strong>par</strong>t du Président. L’on peut déjà dire<br />
que le sort du Premier ministre, Gary<br />
Conille, est scellé. Sans <strong>par</strong>ler du pacte<br />
politique que Michel Martelly est en<br />
train de faire avec certains dinosaures<br />
au Parlement en vue de sauver sa tête<br />
sur le dossier explosif de <strong>la</strong> double ou<br />
triple nationalité. Les conseillers du<br />
Président ne cessent de lui dire que s’il<br />
veut calmer le jeu dans cette affaire<br />
de nationalité, il faut lâcher coûte que<br />
coûte, les ministres dont <strong>la</strong> nationalité<br />
étrangère est avérée.<br />
Pour lui faciliter <strong>la</strong> tâche, ils lui<br />
conseillent d’encourager l’interpel<strong>la</strong>tion<br />
de l’ensemble du gouvernement et<br />
se faisant il fera d’une pierre deux<br />
coups : obtenir <strong>la</strong> tête de Gary Conille<br />
son premier objectif. Devant tant de<br />
manœuvres politiques. De coup bas. Et<br />
d’inimitié réciproque rien ni personne<br />
ne semble pouvoir sauver un Gary Conille<br />
dont les jours sont indéniablement<br />
comptés à <strong>la</strong> Primature. Bref, pour certains,<br />
Gary Conille c’est déjà l’histoire<br />
ancienne. Pour d’autres, c’est tout simplement<br />
<strong>la</strong> fin de l’Histoire.<br />
Vol. 5, No. 32 • Du 22 au 28 Février 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 19
Le Carnaval de Port-au-Prince<br />
Une tradition chargée de signes et<br />
autres marques identitaires<br />
Fidel présente les deux tomes de<br />
« Guerrillero del tiempo »<br />
« Notre devoir est de lutter<br />
jusqu’à <strong>la</strong> dernière minute »<br />
Par Prince Guetjens<br />
Il ne fait point de doute que le<br />
Carnaval est <strong>la</strong> manifestation<br />
culturelle <strong>la</strong> plus importante du<br />
calendrier annuel haïtien. Il s’est<br />
imposé au cours de ces soixante<br />
dernières années comme <strong>la</strong> vitrine<br />
principale <strong>la</strong> mieux apte à<br />
promouvoir <strong>la</strong> culture nationale.<br />
Point n’est besoin de rappeler<br />
que le carnaval haïtien ne se<br />
résume pas au seul carnaval<br />
de Port-au-Prince Il en résulte<br />
toutefois que le carnaval de<br />
Port-au-Prince est à <strong>la</strong> fois soit<br />
haïtien et singulier, marqué<br />
du sceau de son histoire qui a<br />
débuté dès 1749.<br />
Cette ville qui ne comptait<br />
que deux cent mille âmes à<br />
l’occasion des festivités du bicentenaire<br />
de sa fondation avoisinait<br />
les trois millions et demi<br />
de gens avant le séisme du 12<br />
Janvier 2010.<br />
Le carnaval de Port-au-<br />
Prince a évolué au rythme de<br />
sa ville. Une ville aux blessures<br />
encore béantes, marquées <strong>par</strong><br />
l’exclusion, nées des questions<br />
de couleurs et de c<strong>la</strong>sses sociales.<br />
Cette tradition chargée de<br />
signes et autres marques identitaires,<br />
est devenu au fil des<br />
temps, un lieu où <strong>la</strong> cooptation<br />
renforce le pouvoir économique<br />
d’une minorité et une échappatoire,<br />
où les masses appauvries<br />
viennent évacuer / oublier leur<br />
indigence et renouveler leur espoir<br />
d’un lendemain meilleur.<br />
Malgré son incapacité à<br />
offrir un profil de ville assainie,<br />
<strong>la</strong> capitale haïtienne a toujours<br />
posé des balises pour avoir <strong>la</strong><br />
garantie que l’organisation du<br />
carnaval ait des retombées positives<br />
sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. Ville où<br />
l’inégalité est criante, <strong>la</strong> discrimination<br />
plus ou moins discrète<br />
sous l’aiguillon des transformations<br />
économiques, engendrant<br />
à chaque fois un monde<br />
d’aspirations et d’ambitions<br />
déçues. C’est sur ce fond plutôt<br />
sombre et dynamique que s’est<br />
déroulé le carnaval au cours de<br />
ces trente dernières années.<br />
Cette manifestation culturelle<br />
d’envergure dont <strong>la</strong> matrice<br />
faite d’arts visuels et d’art<br />
de <strong>la</strong> scène, s’articu<strong>la</strong>nt autour<br />
de <strong>la</strong> créativité des artistes, s’est<br />
révélée une vitrine / miroir où<br />
<strong>la</strong> production artistique et artisanale<br />
est exposée. En ce sens,<br />
le carnaval de Port-au-Prince<br />
représente donc <strong>la</strong> plus importante<br />
foire du pays. C’est un<br />
vaste atelier de création où tous<br />
les métiers de <strong>la</strong> musique, des<br />
arts p<strong>la</strong>stiques, de l’architecture,<br />
de <strong>la</strong> communication, de <strong>la</strong> restauration,<br />
du mannequinât, de<br />
<strong>la</strong> couture, de <strong>la</strong> mode, de <strong>la</strong><br />
sécurité sont mis en valeur, une<br />
orientation calculée dans le sens<br />
de <strong>la</strong> valorisation de <strong>la</strong> culture,<br />
permettant au carnaval de jouer<br />
son rôle fondamental.<br />
L’urgence de tailler nos<br />
propres outils pour intervenir<br />
sur les matériaux disponibles,<br />
dans cette vaste scène de<br />
représentation, se faisait sentir<br />
depuis bien longtemps. Pour<br />
être performants et efficaces, ces<br />
outils devraient être forgés à <strong>la</strong><br />
dimension des revendications<br />
de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion qui déléguerait<br />
à l’art, à l’artisanat et à <strong>la</strong> littérature<br />
<strong>la</strong> tâche de rendre / atterrir<br />
le sensible. Compte tenu du fait<br />
que les matériaux à organiser<br />
ont des prétentions artistiques,<br />
<strong>la</strong> simple logique voudrait que<br />
les outils soient d’ordre esthétique.<br />
L’un des traits caractéristiques<br />
de l’art moderne,<br />
<strong>par</strong>ticulièrement dans l’espace<br />
Jacmel et Port-au-Prince deux villes profondément pétries<br />
dans <strong>la</strong> tradition du carnaval<br />
Cette année, les festivités carnavalesques sont dép<strong>la</strong>cées<br />
vers les Cayes avec son lot de frustration, d’attente<br />
et de déception<br />
p<strong>la</strong>stique, c’est une capacité<br />
d’articuler des p<strong>la</strong>ns et de manier<br />
des volumes dans un univers<br />
soustrait aux lois de <strong>la</strong> perspective<br />
monocu<strong>la</strong>ire d’Alberti.<br />
Quand Matisse utilisait des<br />
p<strong>la</strong>ns colorés de grandes dimensions,<br />
des rouges servant,<br />
contrairement à toutes les lois<br />
anciennes, de fond à des bleus<br />
de premier p<strong>la</strong>n, il met en relief<br />
<strong>la</strong> vertu d’un nouveau système<br />
figuratif qui est moins intellectuel<br />
que sensible. Comme le<br />
cubisme est <strong>par</strong>venu à détacher<br />
les p<strong>la</strong>ns du réel pour les manier<br />
librement, les associer à des<br />
niveaux variés, les superposer<br />
<strong>par</strong> trans<strong>par</strong>ence, ainsi est-il<br />
<strong>par</strong>venu aussi à utiliser <strong>la</strong> couleur<br />
à des fins spécu<strong>la</strong>tives où<br />
l’on voit se poursuivre <strong>la</strong> substitution<br />
du thème figuratif à<br />
l’objet au sens usuel du terme.<br />
Sans pour autant s’en<br />
soucier, les créateurs de rêves<br />
qui habillent le carnaval de Jacmel<br />
et de Port-au-Prince (deux<br />
villes profondément pétries dans<br />
<strong>la</strong> tradition du carnaval), donnent<br />
à voir une illustration de<br />
cette orientation toute moderne<br />
de <strong>la</strong> création au niveau des arts<br />
p<strong>la</strong>stiques. Cette illustration est<br />
évidente à travers une coexistence<br />
d’éléments que ne découvrait<br />
pas l’œil immobile, une<br />
activité p<strong>la</strong>stique des surfaces,<br />
<strong>la</strong> mobilité des couleurs substituées<br />
aux valeurs.<br />
Au fait, <strong>la</strong> scène de carnaval<br />
se présente comme une<br />
grande surface peinte avec des<br />
couleurs, en un certain désordre,<br />
assemblées. Cette œuvre collective<br />
qui convoque des milliers de<br />
créateurs et de producteurs, exige<br />
une prise en charge effective<br />
lui permettant de s’épanouir en<br />
toute autonomie.<br />
Cette année, les festivités<br />
carnavalesques sont dép<strong>la</strong>cées<br />
vers les Cayes avec son lot de<br />
frustration, d’attente et de déception.<br />
Mais, ce ne serait pas une<br />
mauvaise chose si les objectifs<br />
sociaux, culturels, économiques<br />
ou même esthétiques étaient<br />
c<strong>la</strong>irement fixés <strong>par</strong> le biais<br />
d’une béquille théorique apte à<br />
légitimer <strong>la</strong> démarche. Mais hé<strong>la</strong>s<br />
! La seule argumentation que<br />
nous avions eue jusqu’ici, c’est<br />
<strong>la</strong> dénonciation de b<strong>la</strong>nchiment<br />
de l’argent de <strong>la</strong> drogue. Ce qui<br />
est dommage.<br />
À chaque fois que<br />
les responsables politiques<br />
s’impliquent de manière aussi<br />
cavalière dans cette grande<br />
manifestation culturelle, c’est<br />
l’échec, à l’arrivée. Mais devraiton<br />
s’attendre à mieux, quand le<br />
pays est dirigé <strong>par</strong> un président<br />
du compas direct ; ce rythme à<br />
deux temps et autant d’accords<br />
qui ont perverti <strong>la</strong> musique haïtienne,<br />
fondé <strong>par</strong> le fameux musicien<br />
Nemours Jean-Baptiste !<br />
C’est <strong>par</strong> un « bonjour »<br />
radieux que Fidel a salué son<br />
auditoire, et c’est sur ce mot<br />
magique que s’est ouverte<br />
dans une des petites salles<br />
du Pa<strong>la</strong>is des Conventions,<br />
<strong>la</strong> présentation des mémoires<br />
du leader de <strong>la</strong> Révolution<br />
cubaine, Fidel Castro<br />
Ruz : Guerrillero del tiempo,<br />
deux volumes qui rassemblent<br />
ses conversations avec<br />
l’écrivaine et journaliste Katiuska<br />
B<strong>la</strong>nco.*<br />
Par Arleen Rodriguez Derivet et<br />
Rosa Miriam Elizalde<br />
Sur le même ton souriant,<br />
Fidel avait cru bon<br />
de prévenir l’auditoire : « On<br />
va vous <strong>par</strong>ler de deux livres<br />
dont vous n’avez même pas<br />
entendu <strong>par</strong>ler. » En effet, ce<br />
sont deux ouvrages qui portent<br />
sur les premiers souvenirs<br />
de l’enfance de Fidel et<br />
qui se terminent en décembre<br />
1958, juste avant le triomphe<br />
de <strong>la</strong> Révolution. Environ<br />
1000 pages dans lesquelles «<br />
j’ai eu une certaine <strong>par</strong>ticipation<br />
», p<strong>la</strong>isante le commandant.<br />
Ce ton détendu a prévalu<br />
pendant toute <strong>la</strong> rencontre<br />
qui s’est prolongée pendant<br />
près de six heures. Une heure<br />
durant au moins, le commandant,<br />
debout, a salué personnellement<br />
un grand nombre<br />
de personnes, notamment<br />
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Abel Prieto, ministre de <strong>la</strong> Culture, et Miguel Barnet, président<br />
de l’Union des écrivains et des artistes de Cuba ont présenté<br />
chaque tome de l’édition : Fidel Castro : Guerrillero del tiempo<br />
Fax: (973) 690-5364<br />
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Fidel Castro présentant<br />
ses deux livres<br />
de vieux camarades de combat<br />
de l’attaque de <strong>la</strong> caserne<br />
Moncada et du débarquement<br />
du yacht Granma, ainsi que<br />
les proches des cinq Cubains<br />
prisonniers aux États-Unis.<br />
Fidel porte un léger survêtement<br />
noir sur une chemise<br />
bleue à carreaux. L’expression<br />
de son visage traduit les<br />
émotions que lui inspirent les<br />
<strong>par</strong>oles et les anecdotes que<br />
les présentateurs de chaque<br />
tome de cette édition retracent<br />
: Abel Prieto, ministre de <strong>la</strong><br />
Culture, et Miguel Barnet, président<br />
de l’Union des écrivains<br />
et des artistes de Cuba. Parfois,<br />
il soulève les sourcils, les yeux<br />
bril<strong>la</strong>nts, comme lorsque Abel<br />
Prieto rappelle des moments de<br />
son enfance à Biran, ou bien il<br />
rit sans retenue, <strong>par</strong> exemple,<br />
lorsque Miguel Barnet évoque<br />
les commentaires de Che Guevara<br />
sur le débarquement du<br />
Granma : « Ce fut un naufrage<br />
! ».<br />
En réalité, sa raison d’être<br />
ici – il le répètera à plusieurs reprises<br />
au cours de <strong>la</strong> rencontre<br />
–, obéit à une seule question :<br />
« Qu’est-ce que je peux faire de<br />
plus pour aider ? » Et s’il fal<strong>la</strong>it<br />
ne choisir qu’une seule phrase<br />
qui nous indique où nous emmènera<br />
ce livre – un joyau de<br />
l’édition et de l’impression de<br />
<strong>la</strong> maison d’Édition Abril et de<br />
l’imprimerie Federico Engels,<br />
avec des photographies et des<br />
dessins d’Ernesto Rancaño,<br />
à qui on doit <strong>la</strong> couverture –,<br />
peut-être ce qu’il dit à Katiuska<br />
, à un moment de <strong>la</strong> conversation,<br />
pourrait-il nous aider<br />
: « Je préfère <strong>la</strong> vieille montre,<br />
les vieilles lunettes, les vieilles<br />
bottes, et en politique, tout ce<br />
qui est nouveau. »<br />
À certains moments,<br />
quand Katiuska présente<br />
brièvement les volumes,<br />
ou quand les présentateurs<br />
prennent <strong>la</strong> <strong>par</strong>ole, Fidel semble<br />
aussi ému que nous, comme si<br />
subitement, après ce voyage<br />
rapide à travers les pages des<br />
deux livres, il voyait sa propre<br />
vie dans son ensemble, « comme<br />
dans un film en trois dimensions<br />
», dira Miguel Barnet. « Il<br />
faut dire que ce livre souligne<br />
toute <strong>la</strong> valeur de ce qui a été<br />
fait, mais ce qui m’intéresse<br />
le plus, c’est d’être utile. »<br />
Il signale qu’il lit des centaines<br />
de dépêches d’agence<br />
tous les jours. Il dévore littéralement<br />
toutes les informations<br />
qui lui <strong>par</strong>viennent. Il suit avec<br />
une <strong>par</strong>ticulière attention <strong>la</strong><br />
situation au Venezue<strong>la</strong> qui, ce<br />
4 février, commémore le 20e<br />
anniversaire de <strong>la</strong> Rébellion<br />
militaire dirigée <strong>par</strong> Hugo Chavez<br />
: « Nul n’a autant fait pour<br />
le peuple vénézuélien que le<br />
mouvement bolivarien », commente-t-il.<br />
Fidel a <strong>par</strong>lé de beaucoup<br />
de choses, dialoguant<br />
avec enthousiasme, à <strong>par</strong>tir<br />
des commentaires et des questions<br />
de l’auditoire : des admirables<br />
batailles que livrent en<br />
ce moment les étudiants <strong>la</strong>tinoaméricains<br />
et du monde pour<br />
leurs droits ; de sa profonde<br />
opposition à l’enseignement<br />
privé ; de sa ferme conviction<br />
que les connaissances acquises<br />
et les développements dans<br />
notre pays peuvent multiplier<br />
les productions, les biens et le<br />
niveau de vie de <strong>la</strong> société, y<br />
compris dans l’agriculture ; de<br />
l’erreur que nous avons tous<br />
commise en croyant que dans le<br />
socialisme les problèmes économiques<br />
étaient résolus ;<br />
Suite à <strong>la</strong> page (19)<br />
20<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 5, No. 32 • Du 22 au 28 Février 2012