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Grave acciDent à Delmas ! - Haiti Liberte

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Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012 <strong>Haiti</strong> 20 gdes/ USA $1.50/ France 2 euros/ Canada $2.00<br />

1583 Albany Ave, Brooklyn, NY 11210 Tel: 718-421-0162<br />

HAÏTI LIBERTÉ<br />

JUSTICE • VÉRITÉ • INDÉPENDANCE<br />

Email: editor@haitiliberte.com<br />

Web: www.haitiliberte.com<br />

Pouvwa Martelly<br />

a ak akolit<br />

li yo ap fè mannèv<br />

pou retounen<br />

ak yon<br />

lame restavèk<br />

nan peyi a.<br />

Page 6<br />

Deux ans après, <strong>à</strong> quand<br />

la reconstruction d’Haïti ?<br />

Voir page 4<br />

Brigade Dessalines<br />

: initiative<br />

de La<br />

Via Campesina<br />

et du Mouvement<br />

des<br />

Sans Terre du<br />

Brésil<br />

Page 8<br />

Le Président haïtien Martelly et son homologue dominicain Fernandez accompagnés de leurs épouses le 12<br />

janvier 2012 pour l’inauguration au nom de la reconstruction d’<strong>Haiti</strong> de l’Université Henri Christophe…C’est<br />

plutôt triste, voire une honte nationale ou encore mieux un affront pour les victimes<br />

Les Ivoiriens<br />

expérimentent<br />

des dérives<br />

totalitaires<br />

sans<br />

précédent !<br />

Page 10<br />

<strong>Grave</strong> accident <strong>à</strong> <strong>Delmas</strong> !<br />

Voir page 3<br />

Dans sa course folle, le camion a heurté également des motocyclistes, 2 véhicules dont un minibus et une<br />

camionnette, tous écrabouillés, pour finalement terminer sa course sur la cour de la TNH <strong>à</strong> <strong>Delmas</strong>. Selon le<br />

dernier bilan des autorités, le nombre de victimes s’élève <strong>à</strong> 30 morts et 56 blessés<br />

Pourquoi<br />

la tournée<br />

d’Ahmadinejad<br />

en Amérique<br />

Latine énerve<br />

tant Washington<br />

?<br />

Page 17


Editorial<br />

HAITI<br />

Liberté<br />

<strong>Haiti</strong> : d’une dérive <strong>à</strong> l’autre !<br />

Par Berthony Dupont<br />

Horreur après horreur, jusqu’<strong>à</strong> quand devra t-on nager dans<br />

cet océan d’horreurs, de honte, d’humiliation, d’impunité et<br />

de malheur? Quelle tragique situation ! Quel désastre total ! C’est<br />

une déception générale, traumatisante qui se manifeste dans le<br />

pays. Cette dégradation est liée, sans aucun doute, non seulement<br />

<strong>à</strong> l’effacement quasi-total d’une certaine bourgeoisie nationale,<br />

mais également <strong>à</strong> l’inexistence de l’Etat haïtien qui pratique une<br />

politique de bassesse et de l’échine courbée.<br />

En effet, les tragiques événements qui ont endeuillé le pays,<br />

qu’ils soient catastrophes naturelles, catastrophes politiques, sociales<br />

et économiques, ne sont, hélas pas surprenants. C’est le<br />

même scénario depuis le coup d’état de 1806 qui se poursuit, <strong>à</strong><br />

savoir écarter les masses populaires haïtiennes de la direction du<br />

pays.<br />

La réalité est que les forces obscures que symbolise Washington<br />

l’ont voulu ainsi et l’ont cyniquement provoqué et programmé<br />

afin de nous assujettir, de nous mettre <strong>à</strong> genoux pour quémander.<br />

En un sens, nous rendant domestiques, dépendants, colonisés ne<br />

pouvant rien faire pour nous-mêmes sans l’assistance du maître.<br />

La bourgeoisie haïtienne n’a jamais eu aucune volonté de changement<br />

et de développement pour le pays. La réalité de la politique<br />

quotidienne nous l’a déj<strong>à</strong> démontré <strong>à</strong> travers ces quelques mois<br />

du régime en place, quand aucun parti politique n’a osé élever la<br />

voix pour mettre <strong>à</strong> nu les gabegies de cette nouvelle administration<br />

où règnent les forces impériales qui nous acheminent vers la<br />

plus extrême et vile décadence.<br />

Dans ce climat de chaos, le rôle opportuniste de notre élite se<br />

réduit <strong>à</strong> soumettre la vie politique au service de l’idéologie bourgeoise<br />

dominante et au profit de la fraction hégémonique mondiale<br />

qui continue <strong>à</strong> accaparer et <strong>à</strong> se partager les richesses du pays<br />

afin de mieux nous dominer.<br />

A ce compte, <strong>Haiti</strong> est devenue, depuis 2004, un pays martyr<br />

gouverné par des marionnettes tels que Boniface Alexandre,<br />

René Garcia Préval et depuis la dernière mascarade électorale, par<br />

un groupe de malfaiteurs armés, de toutes obédiences, sans foi ni<br />

loi ; le pire est qu’ils nous ont été imposés au prix de fortes manipulations<br />

éhontées de Washington, vu que celui qui donne non<br />

seulement ordonne, mais coordonne !<br />

C’est dans cette optique qu’il faut comprendre la présence<br />

de Bill Clinton comme proconsul <strong>à</strong> la tête de l’Etat haïtien pour<br />

la reconstruction d’<strong>Haiti</strong> sur fond d’occupation, de dépendance<br />

économique que viennent de renchérir la bourgeoisie et le gouvernement<br />

de la République Dominicaine en conciliabules avec<br />

les forces obscures de l’empire pour nous gifler en plein visage, <strong>à</strong><br />

l’occasion du second anniversaire de la catastrophe de 2010.<br />

Véritable occasion en or pour eux d’utiliser nos malheurs,<br />

pour nous rabaisser jusqu’<strong>à</strong> nous faire taire sur leurs atrocités <strong>à</strong><br />

l’égard de nos compatriotes esclaves dans la Zafra. La bourgeoisie<br />

Haïtienne, parasite et sans gêne, préfère aller applaudir les autres<br />

qui dépensent, investissent dans le pays, une façon d’alimenter<br />

cette propagande des grandes puissances qui soutiennent que nous<br />

autres Haïtiens nous sommes plutôt obsédés par la passion de ne<br />

rien faire que d’essayer quoi que se soit capable de faire avancer<br />

le pays. Alors que nous avons les matières premières, nous avons<br />

la main-d’œuvre, seule nous manque la volonté politique. Cette<br />

bourgeoisie compradore irresponsable n’a jamais contribué un iota<br />

au développement du pays mais bien <strong>à</strong> sa déstabilisation. A titre<br />

d’exemple nous pouvons évoquer le financement des deux derniers<br />

coups d’Etat qui ont engendré l’occupation du pays.<br />

Dans la foulée de toutes ces oppressions et de ces dérives,<br />

voici qu’il nous est donné de nous accommoder avec un gouvernement<br />

dont on ignore encore la nationalité du président, celle<br />

du Premier ministre et même de certains députés et sénateurs, du<br />

seul fait qu’ils ont été tous, au départ, imposés dans des élections<br />

truquées ; pratiques politiques qui ont été encouragées par et sous<br />

la supervision de la Communauté internationale.<br />

Les 50 millions de dollars d’investissement en cadeau<br />

dominicain <strong>à</strong> <strong>Haiti</strong> ne représentent rien en comparaison de ce que<br />

le dictateur Jean-Claude Duvalier avait pillé au pays, soit plus de<br />

800 millions de dollars. Pour comble de honte et d’ironie, il a été<br />

en première loge au cours de la cérémonie officielle du 12 janvier<br />

2012 <strong>à</strong> St Christophe avec Prosper Avril et Bill Clinton, grâce <strong>à</strong> la<br />

complicité des autorités néo-duvaliéristes. Combien d’universités,<br />

d’hôpitaux, de routes, de centres sportifs et tant d’autres aurait<br />

t-on pu construire avec ces 800 millions, sans compter la fortune<br />

des autres pilleurs de la Nation ?<br />

Dans ces conditions de dérives et d’éternelles poussées de<br />

déstabilisations anarchisantes, le pouvoir en place n’a rien <strong>à</strong> envier<br />

<strong>à</strong> la gargote et au pillage duvaliériste. Et ce n’est pas sans<br />

raison que l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier revenu en <strong>Haiti</strong><br />

vit librement sans être inquiété par Martelly, en dépit des plaintes<br />

déposées contre lui et un rapport de l’Amnesty international demandant<br />

son jugement.<br />

En dépit de tous ces nuages qui assombrissent le ciel haïtien,<br />

le pire pourrait bien être évité, sauf qu’il reste que l’avenir est<br />

lourd d’incertitudes et que la question cruciale <strong>à</strong> se poser maintenant<br />

est: comment donc sortir le pays de cette descente aux<br />

enfers?<br />

Notre unique devoir est d’organiser et de mettre en œuvre<br />

la résistance. Il ne nous faut pas rester les bras croisés attendant<br />

qu’un certain messie vienne nous délivrer. Si le peuple haïtien se<br />

met au centre de son propre développement, il finira coûte que<br />

coûte avec la mainmise coloniale. Grâce <strong>à</strong> un Grand Mouvement<br />

d’Unité Populaire des forces progressistes et révolutionnaires<br />

nous pourrons arrêter le pourrissement de la situation, écarter<br />

le pays de ce cauchemar carnavalesque que nous apportent Martelly<br />

et ses alliés.<br />

Nous restons persuadés que la vigilance des forces populaires<br />

organisées saura déjouer les machinations non seulement des<br />

forces occupantes mais de ces valets au pouvoir pour libérer et<br />

construire une nouvelle société haïtienne dans la dignité et le respect<br />

des lois.<br />

Pour qui savent espérer, lutter et s’organiser, la libération<br />

d’<strong>Haiti</strong> est au bout de la persévérance et dans le combat pour le<br />

changement.<br />

1583 Albany Ave<br />

Brooklyn, NY 11210<br />

Tel: 718-421-0162<br />

Fax: 718-421-3471<br />

3, 2ème Impasse Lavaud<br />

Port-au-Prince, <strong>Haiti</strong><br />

Tél: 509-3407-0761<br />

Responsable:<br />

Yves Pierre-Louis<br />

Email :<br />

editor@haitiliberte.com<br />

Website :<br />

www.haitiliberte.com<br />

Directeur<br />

Berthony Dupont<br />

Editeur<br />

Dr. Frantz Latour<br />

Rédaction<br />

Berthony Dupont<br />

Wiener Kerns Fleurimond<br />

Kim Ives<br />

Fanfan Latour<br />

Guy Roumer<br />

CORRESPONDANTS<br />

EN HAITI<br />

Wadner Pierre<br />

Jean Ristil<br />

Collaborateurs<br />

Marie-Célie Agnant<br />

J. Fatal Piard<br />

Catherine Charlemagne<br />

Pierre L. Florestal<br />

Yves Camille<br />

Jean-Claude Cajou<br />

Didier Leblanc<br />

Jacques Elie Leblanc<br />

Roger Leduc<br />

Joël Léon<br />

Claudel C. Loiseau<br />

Anthony Mompérousse<br />

Dr. Antoine Fritz Pierre<br />

Jackson Rateau<br />

Eddy Toussaint<br />

Administration<br />

Marie Laurette Numa<br />

Jean Bertrand Laurent<br />

DISTRIBUTION: CANADA<br />

Pierre Jeudy<br />

(514)727-6996<br />

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(786) 262-4457<br />

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Frantz Merise<br />

frantzmerise.com<br />

Bulletin d'Abonnment B Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012<br />

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2<br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times


A travers <strong>Haiti</strong><br />

<strong>Grave</strong> accident de la route <strong>à</strong> <strong>Delmas</strong> !<br />

Par Jackson Rateau<br />

Le soir du lundi 16 janvier dernier,<br />

aux environs de 9hres 30 pm un<br />

camion venant du haut de <strong>Delmas</strong>,<br />

dont les freins ont lâché, a causé un<br />

accident catastrophique qui a laissé la<br />

population de cette zone dans la consternation<br />

et le deuil.<br />

Le tomberau immatriculé<br />

ZA12655 qui dégringolait du monticule<br />

de <strong>Delmas</strong>, depuis <strong>Delmas</strong> 40, a échappé<br />

au contrôle du conducteur, puis a<br />

percuté les échoppes des marchandes<br />

de poulets grillés, de boissons gazeuses<br />

occupant les trottoirs.<br />

Un premier bilan partiel de ce<br />

tragique accident a fait état de 26 morts<br />

et de 50 blessés graves, mais selon<br />

le dernier bilan des autorités gouvernementales,<br />

le nombre s’élève <strong>à</strong> 30<br />

morts et 56 blessés. Ces derniers ont été<br />

hâtivement transportés vers 4 centres<br />

hospitaliers dans la capitale haïtienne<br />

dont l’Hôpital de l’Université d’Etat<br />

d’<strong>Haiti</strong> (HUEH), le Centre Médecins<br />

sans Frontières, l’Hôpital de La Paix et<br />

l’OFATMA.<br />

Dans sa course folle, l’engin a<br />

heurté également des motocyclistes, 2<br />

véhicules dont un minibus et une camionnette,<br />

tous écrabouillés, pour finalement<br />

terminer sa course sur la cour de<br />

la TNH <strong>à</strong> <strong>Delmas</strong>. Il semblerait que le<br />

chauffeur soit sorti du véhicule avant<br />

même qu'il ait fait tous ces dégâts. Il est<br />

maintenant recherché par la police, selon<br />

les déclarations du commissaire Will<br />

Dimanche, chef de la Direction Centrale<br />

de la Police Routière (DCPR).<br />

Une des victimes de l’accident de <strong>Delmas</strong><br />

« Dans tous les pays du monde, il<br />

y a des accidents ; cependant, il faut un<br />

minimum de contrôle, basé sur des inspections,<br />

surtout sur les engins lourds,<br />

en vérifiant le système mécanique<br />

leur permettant de circuler. Ça arrive<br />

toujours que les freins d’un véhicule<br />

lâchent. Mais cette foule innombrable<br />

de marchandes circulant <strong>à</strong> double sens<br />

de la rue aggrave systématiquement<br />

l’accident », a jugé un riverain, analysant<br />

la situation.<br />

Le porte-parole adjoint de la<br />

PNH Gary Desrosier, rappelant que la<br />

PNH enregistre au moins 15 accidents<br />

par mois, a préconisé la sensibilisation<br />

<strong>à</strong> la sécurité routière. Il indiquait<br />

: « La police n’est pas responsable de<br />

l’évacuation de la rue. Il incombe <strong>à</strong> la<br />

mairie cette tache de faire évacuer les<br />

artères. Cependant, elle peut toujours<br />

solliciter du renfort, <strong>à</strong> laquelle demande<br />

que la police réponde immédiatement.<br />

Ça ne veut pas dire pour autant que<br />

nous fuyons nos responsabilités...<br />

Analysant les données, nous avons<br />

constaté que dans les années 90, les<br />

mortalités issues des accidents de circulation<br />

étaient classées 2e après celles<br />

issues du SIDA. Ces derniers temps, les<br />

décédés des causes d’accident ont dépassé<br />

largement ceux du SIDA. Dans<br />

nos rapports hebdomadaires rendus<br />

publics, chaque mercredi, nous avons<br />

enregistré entre 10 <strong>à</strong> 15 cas de mortalité<br />

d’accident de circulation... »<br />

Des gens ont sur le coup perdu<br />

leurs membres comme dans les cas<br />

d’une jeune femme qui a perdu une<br />

jambe et d’un chauffeur de taxi-moto<br />

qui lui-même a perdu ses deux jambes.<br />

C’était une situation de panique<br />

avec des corps décapités presque semblable<br />

<strong>à</strong> celle du séisme du 12 janvier<br />

Haïti envisage de devenir<br />

membre <strong>à</strong> part entière de l´ALBA<br />

Le Président de Haïti, Michell Martelly,<br />

a annoncé ce mercredi <strong>à</strong> l´envoyée<br />

spéciale de TeleSUR <strong>à</strong> Port-au-Prince,<br />

Madeleín García, que son pays évalue<br />

la possibilité de devenir membre <strong>à</strong> part<br />

entière de l´Alliance Bolivarienne pour<br />

les Peuples de Notre Amérique (ALBA)<br />

dont Haïti est membre observateur<br />

depuis 2007. Le mandataire a réaffirmé<br />

l´importance de “travailler avec les peuples<br />

frères" pour parvenir <strong>à</strong> reconstruire<br />

la nation caraïbe.<br />

À la question de savoir si cette<br />

décision affecterait les relations de Haïti<br />

avec les États-Unis, Martelly a expliqué<br />

qu´il ne s´agit pas d´un problème<br />

d´idéologie mais de la possibilité de reconstruire<br />

son pays. “Ce sont des peuples<br />

frères et nous allons travailler avec<br />

eux” a déclaré le Président haïtien.<br />

Martelly a fait ces déclarations ce<br />

mercredi après une conférence de presse<br />

durant laquelle il a annoncé que grâce<br />

<strong>à</strong> l´aide du Canada 20 mille familles qui<br />

vivent dans des campements improvisés<br />

depuis le tremblement de terre de 2010<br />

pourront être relogées.<br />

Martelly a également profité de<br />

l´occasion pour informer que ce mardi<br />

qu’on venait de commémorer jeudi<br />

dernier le second anniversaire.<br />

Signalons que les autorités du<br />

pays ont accouru sur la scène entre autres<br />

le président Martelly et son épouse,<br />

le Premier ministre Garry Conille, le<br />

secrétaire d'Etat <strong>à</strong> la sécurité Reginald<br />

Delva, des parlementaires, le sénateur<br />

Youri Latortue, le député de Tabarre<br />

L´envoyée spéciale de TeleSUR <strong>à</strong><br />

Port-au-Prince, Madeleín García<br />

<strong>à</strong> Managua (Nicaragua) en marge de<br />

l´investiture présidentielle de Daniel<br />

Ortega, il a soutenu une conversation<br />

avec son homologue vénézuélien Hugo<br />

Chávez pour se mettre d´accord sur<br />

l´approfondissement de l´aide qu´apporte<br />

le programme Petrocaribe dans la reconstruction<br />

de la nation caraïbe.<br />

La revolucion vive 11 janvier 2012<br />

<strong>Delmas</strong> Arnel Belizaire, les maires<br />

Yvon Jérôme, Wilson Jeudi et d’autres<br />

autorités.<br />

Les blessés sont répartis comme<br />

suit dans les hôpitaux: 13 <strong>à</strong> l’Hôpital<br />

de Médecins Sans Frontières (MSF), 28<br />

<strong>à</strong> l’HUEH, 10 <strong>à</strong> l’Hôpital de la Paix, 4<br />

<strong>à</strong> l’OFATMA et 1 <strong>à</strong> l’Hôpital Bernard<br />

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Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 3


L’université Henry Christophe est un acte de réparation<br />

pour les victimes du massacre de 1937<br />

Par Joël Léon<br />

L<br />

’inauguration du campus universitaire<br />

Henry Christophe dans la<br />

localité de Limonade, dans le département<br />

du nord, suscite beaucoup de<br />

controverses. Pour certains, il s’agit<br />

d’un acte humanitaire désintéressé de<br />

l’Etat Dominicain <strong>à</strong> celui d’Haïti qui se<br />

trouve en grandes difficultés après le<br />

séisme meurtrier qui ravagea le pays<br />

en 2010, dont nous venons de commémorer<br />

les deux ans. Pour eux, cette action<br />

se situe dans la logique d’échange<br />

et de solidarité sud/sud qui, ces derniers<br />

temps est sur toutes les lèvres en<br />

Haïti. Pour d’autres, il s’agit tout simplement<br />

d’un acte d’humiliation de la<br />

part de la République Dominicaine. Ils<br />

le qualifient « d’université de la honte<br />

». En réalité, de quoi s’agit il ?<br />

L’animosité de la république<br />

Dominicaine <strong>à</strong> l’endroit d’Haïti est<br />

largement documentée. Des livres ont<br />

été publiés <strong>à</strong> ce propos, des documentaires<br />

ont été montés, des centaines<br />

d’articles publiés et des centaines de<br />

reportages qui décrivent les relations<br />

dégradantes entre les deux pays. Personnellement,<br />

c’est un sujet qui m’a<br />

toujours fasciné. J’ai déj<strong>à</strong> produit plus<br />

de 4 textes sur le sujet, sans compter<br />

les interventions publiques, radiophoniques<br />

et discussions sur le web.<br />

Donc, j’ai une certaine maîtrise en ce<br />

domaine.<br />

D’abord il y a les rancoeurs historiques<br />

qui aveuglent l’élite intellectuelle<br />

Dominicaine. En 1822, Jean Pierre<br />

Boyer, le nouveau président d’Haïti,<br />

envahit et occupa la partie Est de l’Ile,<br />

sur la demande expresse des habitants<br />

de la partie Est de l’île, jusqu’<strong>à</strong><br />

son départ en 1843. A noter que cette<br />

occupation a eu lieu sans le tir d’un<br />

coup de feu. Cela dit qu’un secteur<br />

dominant de la vie publique dominicaine<br />

voulait la présence haïtienne sur<br />

leur territoire. Pendant ces 21 ans, les<br />

universités en Dominicaine furent fermées<br />

et un climat de répression avait<br />

été entretenu dans le pays. Les intellectuels<br />

dominicains, toutes tendances<br />

confondues, ont unanimement qualifié<br />

ce règne d’obscurantiste et d’« années<br />

perdues ». Aujourd’hui encore, beaucoup<br />

pensent que si ce n’était <strong>à</strong> cause<br />

de ces années-l<strong>à</strong>, la Dominicaine aurait<br />

pu avoir un meilleur présent. Cette interprétation<br />

de l’histoire est répandue<br />

constamment dans les écoles dominicaines,<br />

<strong>à</strong> savoir que les Haïtiens sont<br />

des obscurantistes. Cette haine implacable<br />

est transmise de génération en<br />

génération.<br />

Rafael Léonidas Trujillo (1),<br />

l’ancien dictateur dominicain, se basa<br />

sur cette rancœur historique pour<br />

massacrer plus de 35.000 haïtiens<br />

en 1937. Beaucoup de compatriotes<br />

haïtiens pensent et, <strong>à</strong> juste titre, que la<br />

construction de ce centre universitaire<br />

est un acte de réparation et de justice <strong>à</strong><br />

l’endroit des frères et sœurs assassinés<br />

lors de ce carnage. Et, ils croient fermement<br />

que l’université devrait porter<br />

un nom approprié aux victimes du<br />

génocide, surtout lorsqu’on considère<br />

que l’accord de réparation conclu entre<br />

les gouvernements haïtien et dominicain,<br />

sous l’œil bienveillant du président<br />

américain Franklin D. Roosevelt,<br />

pour que Trujillo verse 750.000 dollars<br />

aux parents des victimes, n’a jamais<br />

été honoré. Donc, la construction de<br />

l’université Henry Christophe n’est pas<br />

un acte humanitaire, mais une dette<br />

historique <strong>à</strong> l’endroit du peuple haïtien.<br />

Il y a un autre aspect dans le<br />

geste du président Leonel Fernandez<br />

qui mérite d’être pris en compte. On se<br />

souvient du débarquement des soldats<br />

français dans le nord du pays, particulièrement<br />

au Cap-Haïtien. Cette ville<br />

martyre et de grande prouesse, qui<br />

poussa Rochambeau <strong>à</strong> répondre aux<br />

critiques de Napoléon, s’agissant de<br />

l’armée Indigène, qu’il était en train de<br />

faire la guerre au groupe le plus supérieur<br />

de l’Afrique noire. En traversant<br />

« Barrière bouteille » en 2004, l’armée<br />

française comptait altérer l’histoire. Effacer<br />

la cinglante défaite qu’elle avait<br />

subie 200 ans de cela. Les Américains<br />

font de même <strong>à</strong> propos de la guerre<br />

contre le Vietnam. A travers des films<br />

cinématographiques comme Rambo<br />

etc. Ils veulent endiguer le spectre<br />

de la défaite qui traumatise toujours<br />

l’armée américaine. C’est ce que Pierre<br />

Bourdieu a qualifié de « violence<br />

symbolique ». Une disposition <strong>à</strong> faire<br />

passer l’arbitraire comme légitime, la<br />

laideur pour de la beauté.<br />

Par l’octroi d’un centre universitaire,<br />

les Dominicains entendent prendre<br />

leur revanche sur l’histoire. Ils veulent<br />

exhiber <strong>à</strong> la face du monde leurs<br />

supériorités de peuple et de race. Parce<br />

qu’il y a tant d’autres domaines où les<br />

Dominicains peuvent aider, pourquoi<br />

un centre universitaire ?<br />

Je pense que Jacques Stephen<br />

Alexis, l’auteur de « Compère Général<br />

Soleil » serait d’accord avec moi dans<br />

ma tentative de déceler la signification<br />

du geste de l’Etat dominicain.<br />

Ceux qui pensent que le don de<br />

l’université Henry Christophe <strong>à</strong> Haïti<br />

est un geste innocent doivent se rappeler<br />

d’une chose. Depuis la dernière<br />

tentative de Faustin Soulouque en<br />

1858 de reprendre sous contrôle la<br />

partie Est de l’Ile, Haïti n’a jamais commis<br />

aucun acte d’hostilité vis-<strong>à</strong>-vis des<br />

Dominicains. De leur côté, ils ne cessent<br />

de comploter contre les Haïtiens.<br />

A commencer par le tracé frontalier<br />

de 1919, qui accorda les deux tiers<br />

de l’Ile aux Dominicains au détriment<br />

des Haïtiens. Les Américains furent les<br />

artisans de ce traité soi-disant inspiré<br />

de celui de Ryswick de 1697. A cette<br />

époque les deux états qui composent<br />

l’Ile subissaient l’occupation américaine.<br />

Donc, ce traité est invalide du<br />

fait de l’influence d’un corps étranger<br />

dans l’affaire, c’est-<strong>à</strong>-dire le président<br />

américain de l’époque. Aujourd’hui<br />

même, l’Ile doit être séparée en deux<br />

moitiés égales, point barre!<br />

En ce sens, si Leonel Fernandez<br />

veut inaugurer une nouvelle ère dans<br />

les relations entre les deux pays, il doit<br />

nécessairement poser des actions concrètes<br />

en ce sens :<br />

Entrer en négociation avec les<br />

autorités constituées de l’Etat haïtien<br />

pour un nouveau tracé frontalier, celui<br />

de 1919 ayant été défavorable <strong>à</strong> la<br />

partie haïtienne. Celui imposé par les<br />

L’université Henry Christophe don de la république Dominicaine <strong>à</strong> Haïti<br />

Américains est injuste et ne reflète pas<br />

les intérêts des deux peuples.<br />

Déclarer la boucherie de 1937<br />

un génocide et entreprendre le processus<br />

de réparation financière <strong>à</strong> raison de<br />

1 million de dollars par victime, sous<br />

contrôle d’organisations liées aux intérêts<br />

des masses populaires.<br />

Mettre fin <strong>à</strong> la campagne raciste<br />

contre Haïti que les intellectuels et médias<br />

dominicains agitent froidement en<br />

Dominicaine et du même coup dénoncer<br />

le livre de Joaquin Balaguer « L’île<br />

<strong>à</strong> l’envers » comme un instrument raciste<br />

d’incitation <strong>à</strong> la haine épidermique.<br />

Demander pardon au peuple<br />

haïtien. De la même façon que l’église<br />

Catholique a imploré le pardon des Africains<br />

pour sa participation dans la<br />

traite négrière et aux Juifs <strong>à</strong> cause de<br />

leur silence complice pendant le génocide<br />

nazi durant la deuxième guerre<br />

mondiale. Ce sera justice rendue !<br />

Octroyer la nationalité dominicaine<br />

aux Haïtiens qui sont nés sur le<br />

territoire dominicain et qui désirent<br />

l’acquérir. Entreprendre une campagne<br />

d’éducation civique contre la xénophobie<br />

sur tout le territoire national<br />

pendant 3 ans tout en admettant leur<br />

culpabilité.<br />

Mettre fin <strong>à</strong> la politique de déstabilisation<br />

politique, économique et<br />

culturelle d’Haïti. Depuis 1986, l’Etat<br />

dominicain participe <strong>à</strong> tout mouvement<br />

réactionnaire, anti-haïtien de<br />

déstabilisation mis en place par des<br />

« haitiens-étrangers » assoiffés de pouvoir.<br />

Comme illustration, on peut citer<br />

les deux coups d’état de 1991 et de<br />

2004.<br />

Aux nantis du pays qui préfèrent<br />

dépenser des millions de dollars pour<br />

envoyer leurs enfants étudier dans les<br />

grandes capitales occidentales, nous<br />

disons : honte <strong>à</strong> vous ! C’est aussi le<br />

moment pour que les bourgeois haïtiens<br />

prennent conscience de leur mission<br />

historique de classe. C›est-<strong>à</strong>-dire,<br />

doter le pays d’infrastructures adéquates,<br />

assurant la haute valeur éducative<br />

et la dignité du « premier épître<br />

nègre indépendant du monde ».<br />

En terme de conclusion, le don<br />

de l’université Henry Christophe est<br />

une honte nationale, mais un outil<br />

utile <strong>à</strong> la nation !<br />

Notes<br />

Joaquin Balaguer, ancien président<br />

dominicain eut a écrire « l’île <strong>à</strong><br />

l’envers », un livre très controversé<br />

mais illustrant clairement la haine nationale.<br />

Ce bouquin fut pendant longtemps<br />

la « Bible » d’une grande partie<br />

de l’intelligentsia dominicaine qui<br />

l’utilisa <strong>à</strong> des gains racistes et politiciens.<br />

Deux ans après le séisme, <strong>à</strong> quand la reconstruction d’Haïti ?<br />

Par Thomas Péralte<br />

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Deux années sont bel et bien passées<br />

depuis le passage du violent tremblement<br />

de terre qui a frappé le pays,<br />

faisant toute une quantité de morts que<br />

mêmes les autorités de l’Etat mieux<br />

placées que quiconque n’arrivent<br />

jusqu’ici pas <strong>à</strong> chiffrer de manière raisonnable.<br />

Mais on est tous plus ou<br />

moins d’accord que le nombre de disparus<br />

dépasse largement les 300.000.<br />

En dépit des promesses des pays<br />

amis, les séquelles de la tragédie pèsent<br />

encore lourdement sur les épaules des<br />

milliers de sans-abri qui se sont réfugiés<br />

dans des campements de fortune<br />

depuis le soir du 12 janvier 2010.<br />

L’apparition surprise de la catastrophe<br />

du 12 janvier 2010, sans précédent<br />

si on se réfère <strong>à</strong> ceux qui n’ont pas<br />

notre âge bien entendu, avait suscité,<br />

reconnaissons-le, un élan considérable<br />

de solidarité fraternelle des pays étrangers<br />

envers cette terre touchée par l’une<br />

des plus graves catastrophes naturelles.<br />

De toute notre histoire de peuple, on n’a<br />

jamais vu cette quantité innombrable<br />

de pays dits amis ou d’autres animés<br />

par le sentiment de compassion, manifester<br />

autant de volonté, d’engouement<br />

<strong>à</strong> fouler le sol national en vue de nous<br />

apporter leur soutien et leur sympathie.<br />

12 janvier 2010 aurait dû être la<br />

plus favorable des occasions pour un<br />

vrai redémarrage de la barque nationale<br />

trop longtemps amarrée dans ce<br />

marécage <strong>à</strong> la fois boueux et puant.<br />

Ç’aurait dû être l’année du renouveau<br />

haïtien, d’une nouvelle naissance de la<br />

mère patrie où tout allait être repensé<br />

si et seulement si, nous avions compris<br />

la nécessité de profiter de l’opportunité<br />

déposée au seuil de notre porte.<br />

Deux ans après le séisme, on est<br />

en droit de se demander où est passé<br />

l’argent collecté par les bailleurs de<br />

fonds pour la reconstruction d’Haïti et<br />

quand les victimes auront <strong>à</strong> sortir sous<br />

des tentes ? Des questions qui restent<br />

pourtant pendantes. Qu’est ce qui est <strong>à</strong><br />

la base de toute cette lenteur enregistrée<br />

dans le processus de reconstruction<br />

? Peu après le séisme, le gouvernement<br />

Préval-Bellerive, dépassé par les dégâts<br />

apocalyptiques avait décrété la période<br />

dite de l’urgence qui rimait avec les<br />

différentes sortes de distributions <strong>à</strong> la<br />

population victime déplacée, vers des<br />

camps d’hébergement. Tout au long<br />

de cette période la liste des ONG qui<br />

assuraient des distributions d’aide aux<br />

victimes passait de 4000 <strong>à</strong> 10.000 sur<br />

le terrain en 2010 selon l’ex-Premier<br />

ministre, Jean Max Bellerive, lors d’un<br />

point de presse.<br />

Passée la période d’urgence, le<br />

gouvernement avait procédé <strong>à</strong> la création<br />

d’une commission devant recueillir<br />

les fonds de la reconstruction. Telle a été<br />

la mission de la Commission Intérimaire<br />

pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH),<br />

coprésidée par Jean Max Bellerive et<br />

l’ancien président des Etats-Unis, Bill<br />

Clinton. Deux ans après le séisme,<br />

l’évidence s’impose ici en ce qui a trait<br />

<strong>à</strong> l’échec cuisant de cette mascarade de<br />

commission formée de toutes pièces par<br />

des étrangers qui n’ont absolument rien<br />

<strong>à</strong> voir avec la réalité haïtienne et qui<br />

ont, dans la foulée, transformé Haïti en<br />

une République d’ONG où pullulent des<br />

succursales par-ci et par-l<strong>à</strong> pour mieux<br />

blanchir les fonds alloués <strong>à</strong> l’origine <strong>à</strong><br />

ce qui devraient être de véritables projets<br />

de reconstruction en faveur des<br />

victimes<br />

Bénies par le laxisme des autorités<br />

haïtiennes, les organisations internationales<br />

donnent libre cours <strong>à</strong> ce que<br />

bon leur semble, galvaudant des fonds<br />

pour lesquels elles n’auront aucun<br />

compte <strong>à</strong> rendre, puisque l’Etat haïtien<br />

Campus Universitaire dont les clés ont été remises officiellement au<br />

gouvernement haïtien ce 12 janvier 2012, lors d’une cérémonie inaugurale<br />

n’a aucun pouvoir de contrôler sur les<br />

folles dépenses qui ne riment en fin de<br />

compte qu’<strong>à</strong> des constructions d’abris<br />

de misère qui ne font que rabaisser les<br />

victimes du tremblement de terre. Un<br />

affront sans précédent <strong>à</strong> la mère patrie,<br />

<strong>à</strong> toute la population haïtienne trop<br />

longtemps soucieuse de mener une vie<br />

décence. Il n’y a donc « aucune preuve<br />

de transparence dans ce que font les<br />

ONG sur le terrain. Elles mettent en<br />

œuvre des projets qui n’ont pas été élaborés<br />

avec la participation des victimes<br />

» selon le Réseau National de défense<br />

des Droits Humains (RNDDH) au cours<br />

d’une conférence de presse sur les deux<br />

ans du séisme.<br />

En 2012, le cri de la population<br />

victime est encore très douloureux<br />

compte tenu du peu de service obtenu<br />

dans le cadre de l’assistance post-sismique.<br />

Plus de quatre (4) milliards de<br />

dollars ont pourtant été décaissés en<br />

ce sens par la Communauté Internationale.<br />

Qu’est-ce qu’on a vraiment réalisé<br />

avec cet argent ?<br />

En 2010, le gouvernement Préval-Bellerive<br />

avait commandé des<br />

tentes et des bâches en plastique pour<br />

mieux disait-on aider les déplacés <strong>à</strong><br />

faire face <strong>à</strong> la saison pluvieuse, il n’y<br />

avait jamais eu une vraie politique de<br />

création de logements sociaux en vue<br />

de permettre <strong>à</strong> ces milliers de sans-abri<br />

de rentrer dignement dans leurs quartiers<br />

d’origine. Hormis le ramassage<br />

des débris dans des sites écrabouillés<br />

sous le poids du séisme, 50 millions<br />

de dollars avaient été déj<strong>à</strong> décaissés du<br />

Trésor public pour entamer les travaux<br />

de reconstruction dans la zone du Fort<br />

Suite <strong>à</strong> la page (14)<br />

4<br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012


Twa fèy, Twa rasin O!<br />

Comme je me suis senti fier!<br />

Par Fanfan La Tulipe<br />

Une chanson haïtienne affirme<br />

que . A la vérité, j’en connais,<br />

et ils sont des millions, qui se<br />

promènent, cherchent et cherchent,<br />

cherchent encore, cherchent toujours,<br />

et qui pourtant ne trouvent<br />

rien <strong>à</strong> se mettre sous la dent. Alors,<br />

chantez au rythme de Nemours<br />

Jean-Baptiste, mais ne prenez pas<br />

cette chanson <strong>à</strong> la lettre. Je suis<br />

bien chanceux, moi qui sans chercher,<br />

ai trouvé <strong>à</strong> souper, mais pas<br />

n’importe quelle nourriture. Je m’en<br />

vais vous le raconter bientôt.<br />

S’il en est beaucoup <strong>à</strong> se<br />

promener le ventre creux, il y en<br />

a aussi qui se promènent la panse<br />

pleine, la tête , l’air désinvolte, la<br />

gargane en de contrariété toujours<br />

prête <strong>à</strong> sortir une incongruité ou<br />

une absurdité quand ce n’est pas<br />

une obscénité ou une vulgarité. Ce<br />

sont des gens qui ne se promènent<br />

pas en cherchant de quoi souper. Ils<br />

cherchent autre chose. D’ailleurs,<br />

ils ne se promènent pas sur leurs<br />

deux . Ils se baladent en 4X4 aux<br />

vitres teintées ou en jets privés<br />

loués <strong>à</strong> raison de milliers de dollars<br />

par heure. C’est le cas du président<br />

Martelly arrivé au pouvoir dans les<br />

conditions scabreuses que l’on sait<br />

et qui se cherche le souper d’une légitimité<br />

qu’il n’a pas eue vraiment<br />

par les urnes.<br />

Depuis sa prestation de serment,<br />

Martelly n’a pas arrêté de<br />

voyager, <strong>à</strong> la recherche de cette<br />

légitimité, espérant projeter une<br />

stature d’homme d’Etat, espérant<br />

gommer un passé très peu reluisant<br />

d’homme de boîtes de nuit,<br />

espérant se faire admettre , non<br />

pas au sens politique du terme,<br />

mais plutôt au sens du concept<br />

psychologique développé par Jean-<br />

Paul Codol qui, dans ses travaux<br />

sur le double comportement, montre<br />

qu’un sujet peut donner une image<br />

positive de lui-même aux autres<br />

tout en voulant défendre son<br />

originalité individuelle. Ainsi, les<br />

voyages de Martelly en Europe, en<br />

Amérique latine ou dans les Antilles<br />

n’ont pour lui d’autre but que<br />

d’essayer de se «mesurer» (hélas !)<br />

<strong>à</strong> des leaders, des chefs d’Etat ou<br />

de gouvernement représentatifs ou<br />

prestigieux, de se faire passer pour<br />

un vrai président, un président ,<br />

tout en gardant son naturel, son<br />

«originalité» de musicien dépravé.<br />

Y en a d’autres qui se promènent<br />

<strong>à</strong> la recherche de passeports<br />

«étrangers». Ils en trouvent<br />

d’américains, de canadiens, de<br />

boliviens, d’italiens, peut-être de<br />

mongoliens, qui sait ? Les Haïtiens<br />

disent volontiers que le malheur<br />

n’est pas «mal». Dans le cas<br />

de ceux qui en se promenant ont<br />

trouvé des passeports étrangers <strong>à</strong><br />

souper, c’est un mal pour un bien.<br />

Ils mettent des sur la défensive,<br />

forçant tel ou tel autre ministre <strong>à</strong><br />

venir accoucher d’un gros mensonge<br />

de natif-natalité, tel autre<br />

ministre <strong>à</strong> s’empresser de venir se<br />

confesser alors que Jean-Charles<br />

ne l’a même pas accusé d’être un<br />

pécheur, bien qu’il soit un pêcheur<br />

en eau trouble depuis la Faculté de<br />

médecine. Il fait plaisir de voir cette<br />

question de double ou triple nationalité<br />

forcer un président d’ordinaire<br />

si démesurément verbeux, dévergondé<br />

et <strong>à</strong> rentrer dans sa coquille<br />

et <strong>à</strong> faire du marronnage en attendant<br />

un éventuel bras de fer politique<br />

qui pourrait mettre la nation<br />

<strong>à</strong> feu et <strong>à</strong> sang (au figuré, je veux<br />

dire).<br />

Moi qui n’ai besoin ni de légitimité,<br />

ni de passeport «étranger»,<br />

ni de confession encore moins<br />

d’absolution de la part de Jean-<br />

Charles, je m’en viens vous dire<br />

ce que sans chercher j’ai trouvé<br />

pour souper : une nourriture épicée<br />

jusqu’<strong>à</strong> stimuler les fibres patriotiques<br />

de tout Haïtien fier de cette<br />

terre nôtre, mère de liberté; <strong>à</strong> les<br />

faire vibrer <strong>à</strong> l’unisson des voix<br />

reconnaissantes envers le fondateur<br />

de la nation, celui dont le sang<br />

rebelle, indomptable et coule encore<br />

dans nos veines. J’ai trouvé <strong>à</strong><br />

souper sans chercher en revoyant<br />

les principaux textes parus dans ce<br />

numéro du journal.<br />

Quelle surprise ! Quelle joie !<br />

Quelle émotion ! Quelle jubilation<br />

intérieure ! Quel ravissement !<br />

Quelle fierté lorsque j’ai noté le titre<br />

d’un reportage signé Luciana<br />

Taddeo (p. …), l’envoyée spéciale<br />

<strong>à</strong> Port-au-Prince de l’agence Opera<br />

Mundi. Un titre inattendu : «Brigade<br />

Dessalines, initiative de La<br />

Via Campesina et du Mouvement<br />

des Sans Terre du Brésil» ! Quel témoignage<br />

émouvant tout en éclat<br />

de pierreries <strong>à</strong> l’immortel Père de<br />

notre patrie, un hommage en arcen-ciel<br />

caraïbéen <strong>à</strong> ce symbole de<br />

résistance et de courage herculéen<br />

que fut Jean-Jacques Dessalines.<br />

Comme je me suis senti fier que<br />

deux organisations paysannes<br />

aient voulu saluer la mémoire de ce<br />

titan dont l’un des titres de gloire<br />

fut justement que la terre revînt<br />

aux va-nu-pieds qui avaient combattu<br />

pour elle et l’avaient méritée<br />

de plein droit.<br />

On sait les forts préjugés de<br />

l’Occident <strong>à</strong> l’endroit de Dessalines<br />

dont la formule « » a laissé de profondes<br />

et durables cicatrices dans le<br />

tissu de sa vision de notre grande<br />

révolution anti-esclavagiste, la<br />

seule du reste. Tous ces intellectuels,<br />

historiens, critiques qui se<br />

sont sentis confortables dans le<br />

moule occidental, ont oeuvré, consciemment<br />

ou inconsciemment,<br />

pour gommer l’image authentiquement<br />

révolutionnaire de ce titan, le<br />

premier <strong>à</strong> avoir exprimé dans les<br />

actes que la liberté doit être une et<br />

pour tous. De la révolution <strong>à</strong> Saint<br />

Domingue, de la geste héroïque<br />

qui a conduit <strong>à</strong> 1804, ils n’ont<br />

voulu retenir, la France surtout,<br />

que l’ombre de leur jacobin noir.<br />

Or, comme l’a si bien écrit Prince<br />

Guetjens, la semaine dernière, dans<br />

les colonnes de ce journal : «». Et ce<br />

n’est qu’hommage mérité.<br />

J’avance que même dans le<br />

monde des progressistes ou des<br />

révolutionnaires, il est rare qu’on<br />

fasse référence <strong>à</strong> Dessalines qui<br />

reste un méconnu, sauf, <strong>à</strong> ma connaissance<br />

le général vietnamien<br />

Giap, cité dans une étude par Marc-<br />

Arthur Fils-Aimé*. On mentionne<br />

souvent Bolivar, Sucre, Sandino,<br />

Martí qui ont eu sans doute leur<br />

mérite. Pourtant, avant eux il y a<br />

eu Dessalines qui a fait éclore la<br />

liberté en Amérique, une vraie, une<br />

liberté pour tous qui d’ailleurs a été<br />

la boussole de Bolivar. A quelques<br />

reprises, j’ai fait part de cet oubli,<br />

si ce n’est cette involontaire négligence<br />

<strong>à</strong> des frères et camarades de<br />

lutte, notamment dans le journal.<br />

Pour étayer mon propos, je<br />

Quel témoignage émouvant tout en<br />

éclat de pierreries <strong>à</strong> l’immortel Père<br />

de notre patrie, un hommage en arcen-ciel<br />

caraïbéen <strong>à</strong> ce symbole de<br />

résistance et de courage herculéen<br />

que fut Jean-Jacques Dessalines<br />

veux rappeler que le militant révolutionnaire<br />

Hugo Chavez, en 2007,<br />

a parrainé l’idée d’un film sur la vie<br />

de Toussaint Louverture que devait<br />

tourner l’acteur Danny Glover. Du<br />

reste, Glover lui-même, certainement<br />

un progressiste, rêvait depuis<br />

longtemps d’un tel film. C’était une<br />

occasion en or pour Chavez de<br />

mettre en lumière Dessalines, dont<br />

la geste fulgurante a ouvert la voie<br />

aux indépendances latino-américaines,<br />

mais l’idée lui a échappé. Je<br />

ne lui en tiens pas rigueur, Un téléfilm<br />

inédit sur Toussaint Louverture<br />

réalisé par Philippe Niang, réalisateur<br />

et dialoguiste de télévision, sera<br />

proposé prochainement sur France<br />

2 avec Jimmy Jean Louis, acteur<br />

et ancien mannequin et danseur<br />

haïtien, et Aïssa Maïga, scénariste,<br />

réalisatrice, comédienne et<br />

animatrice française, originaire<br />

du Sénégal. On aura encore oublié<br />

Dessalines. A quand un<br />

film sur Dessalines parrainé par<br />

l’UNASUR, l’ALBA ou la CELAC ?<br />

Je rêve de gouvernements<br />

haïtiens progressistes, farouchement<br />

nationalistes, qui feraient<br />

campagne pour sortir Dessalines<br />

de l’ombre dans laquelle l’Occident<br />

l’a plongé. Je rêve de voir des intellectuels<br />

dignes du patriotisme<br />

et de l’écriture «dyacoutique» de<br />

Morisseau-Leroy qui viendraient<br />

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dépoussiérer l’image de Dessalines<br />

et donner <strong>à</strong> notre grand héros<br />

sa place de révolutionnaire conséquent<br />

que l’Occident et ses disciples<br />

lui ont ravie. Et ce ne sont<br />

assurément pas ces intellectuels<br />

de la honte, admirateurs béats de<br />

l’Hexagone, «culturellement raffinés<br />

<strong>à</strong> la parisienne», ces saboteurs<br />

de la célébration du bicentenaire de<br />

notre indépendance qui viendraient<br />

s’atteler <strong>à</strong> cette tâche collective de<br />

faire vivre la mémoire de notre demi-dieu<br />

et de le rendre tout entier,<br />

grand, superbe <strong>à</strong> l’Histoire. Assurément<br />

un devoir national qui leur<br />

serait totalement étranger.<br />

Merci <strong>à</strong> Via Campesina (VC),<br />

ce mouvement international qui<br />

coordonne des organisations de<br />

petits et moyens paysans, de travailleurs<br />

agricoles, de femmes rurales,<br />

de communautés indigènes<br />

d’Asie, des Amériques, d’Europe et<br />

d’Afrique et qui milite pour le droit<br />

<strong>à</strong> la souveraineté alimentaire et pour<br />

le respect des petits et moyens paysans.<br />

Merci au Mouvement des<br />

Travailleurs sans-terre (MST),<br />

l’organisation populaire brésilienne<br />

qui milite pour que les paysans<br />

brésiliens ne possédant pas de terre,<br />

disposent de terrains pour pouvoir<br />

cultiver. Merci <strong>à</strong> ces deux entités<br />

d’inspiration populaire qui ont eu<br />

la lumineuse idée d’associer le nom<br />

de Dessalines <strong>à</strong> cette Brigade venue<br />

en Haïti «réaliser un diagnostic des<br />

conditions du sol, de la production<br />

agricole et de la dynamique sociale»<br />

en vue d’un «programme de<br />

coopération pour le renforcement<br />

de l´agriculture locale».<br />

Assurément, quelqu’un des<br />

MST ou de Via Campesina a su<br />

passer <strong>à</strong> travers les mailles de la<br />

censure occidentale (non exprimée)<br />

pour découvrir qui était<br />

Jean-Jacques Dessalines, ses liens<br />

politiques et viscéraux avec cette<br />

population d’esclaves qui avaient<br />

irrigué la terre de Saint Domingue<br />

de leur sueur et de leur sang pour<br />

le plus grand profit des colons français.<br />

Quelqu’un a dû leur faire lire<br />

le magnifique ouvrage de Berthony<br />

Dupont, «Jean-Jacques Dessalines.<br />

Itinéraire d’un révolutionnaire», le<br />

livre par excellence sur le grand<br />

stratège et héros de Vertières, mon<br />

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livre de chevet. Il faut soupçonner<br />

fortement que des membres de VC<br />

ou de MST, peut-être même des<br />

deux organisations ont dû remarquer<br />

au hasard de leurs lectures<br />

cette exclamation historique de<br />

Dessalines : «Et les pauvres nègres<br />

dont les pères sont en Afrique, ils<br />

n’auront donc rien !»<br />

C’est vrai qu’ils n’ont rien<br />

eu, qu’ils ont été marginalisés,<br />

refoulés dans «le pays en dehors»<br />

pour que les nantis et les bonnes<br />

gens des villes ne remarquassent<br />

point leurs «gros orteils». C’est<br />

tout <strong>à</strong> l’honneur de VC et de MST<br />

d’avoir rendu ce bel hommage au<br />

libérateur et fondateur de la patrie<br />

en l’associant <strong>à</strong> leur démarche internationaliste,<br />

paysanne, avec<br />

les paysans haïtiens. C’est tout <strong>à</strong><br />

leur honneur, d’autant que depuis<br />

2009 ils sont <strong>à</strong> pied d’œuvre<br />

dans l’Artibonite. Et je n’ai pas<br />

l’impression que la grande presse<br />

haïtienne parlée ou écrite, celle qui<br />

a contribué au chambardement des<br />

années 2003-2004, ait porté grand<br />

intérêt <strong>à</strong> cette «Brigade Dessalines»<br />

car leur inconscient ne s’est<br />

sans doute pas encore libéré de<br />

l’emprise-lavage-de-cerveaux de<br />

l’Occident. ! Laissons-les <strong>à</strong> leurs<br />

analyses de la conjoncture.<br />

Comme je me suis senti fier<br />

et heureux quand j’ai lu ce reportage<br />

par Luciana Taddeo ! Comme<br />

je me suis senti pleinement haïtien<br />

de voir le nom de Dessalines associé<br />

au travail internationaliste<br />

de paysans concernés par la condition<br />

des travailleurs sans terre et<br />

engagés <strong>à</strong> leur apporter une aide<br />

technique, professionnelle, morale,<br />

véritablement fraternelle. Merci <strong>à</strong><br />

Via Campesina, merci au Mouvement<br />

des Travailleurs sans Terre<br />

de m’avoir apporté cette nourriture<br />

intellectuelle que je ne cherchais<br />

pas. Ce soir j’irai me coucher non<br />

sans avoir bien soupé. Et , même<br />

quand la chanson de Nemours Jean<br />

Baptiste affirme que , ce n’est pas<br />

toujours le cas.<br />

* «Le général Giap du Vietnam<br />

a écrit que la tactique de guerre de<br />

Dessalines l’a aidé <strong>à</strong> combattre les<br />

Américains». Marc-Arthur Fils-<br />

Aimé, in «<strong>Haiti</strong> : Les premières<br />

racines de notre mal- développement»<br />

, 16 mai 2008.<br />

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CHERY’S BROKERAGE<br />

Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 5


Kwonik Kreyòl<br />

Pouvwa Martelly a ak akolit li yo ap<br />

fè mannèv pou retounen ak yon<br />

lame restavèk nan peyi a<br />

Sipòtè Martelly yo devan Palman an, lendi 8 janvye 2012 la pou apiye<br />

pwojè retou Lame kraze zo a<br />

Nan mwa janvye 1995, yon arete<br />

prezidansyèl mete fen nan sèvis<br />

lame FADH la nan peyi a. Desizyon sa<br />

a pase san bri, san kont paske tout popilasyon<br />

an te bouke ak krim, ekzaksyon<br />

epi vyolasyon dwa moun lame a t ap fè<br />

nan peyi a. Depi apre depa rejim Duvalier<br />

yo an 1986, se lame a ki te mete,<br />

wete prezidan, minis kou direktè jeneral.<br />

Li te gen kontwòl yon bon pati nan<br />

ekonomi peyi a sitou sila a ki chita sou<br />

trafik dwòg ak kontrebann lan.<br />

Jodi a, devan mannèv Martelly<br />

ak akolit li yo pou retounen ak lame<br />

bouyon rechofe a, tout moun serye<br />

ki te viv peryòd sa a ap poze tèt yo<br />

kesyon pou konnen, èske pouvwa a<br />

kwè li kapab retounen peyi a nan rèy<br />

baboukèt ak kraze zo a?<br />

I. Riz pouvwa a ak konpayèl li yo<br />

ap itilize pou yo tounen ak fòs lame<br />

kriminèl menmjan ak FADH la.<br />

Menmsi, swadizan, gen twa (3) pouvwa<br />

nan tèt Leta a, jounen jodi a, lè<br />

yon ekip monte sou pouvwa ekzekitif<br />

la epi li bezwen fè yon pwojè pase, se<br />

ak otorite titèl yo li diskite l dabò epi<br />

apre li chache jwe nan lòlòj popilasyon<br />

an pou l pa pwoteste kont pwojè sa a.<br />

Martelly ak patizan l yo vle fè<br />

konprann, se lame ki te kreye nasyon<br />

Ayisyèn lan, se lame ki pou retire l<br />

nan move pas li ye a. Non ! Se nasyon<br />

Ayisyèn lan ki te kreye lame endijèn li<br />

pou libere l anba esklavaj epi rive jete<br />

baz Leta d Ayiti. Yon ti tan apre, lelit<br />

yo ak negosyan etranje yo rekipere<br />

BOUKAN<br />

101.9 FM • SCA<br />

Radyo Pa Nou<br />

Emisyon KAKOLA<br />

Konbit Ayisyen pou Kore Lit la ann Ayiti<br />

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Pou yon Ayiti Libere<br />

(917) 251-6057<br />

www.RadyoPaNou.com<br />

Mèkredi 9-10 pm<br />

lame a pou mete l osèvis yo kont enterè<br />

nasyon an. Lè lame sa a te fin depafini,<br />

Meriken debake an 1915, li mete n<br />

anba okipasyon epi li kreye Gad d Ayiti<br />

ki vin tounen FADH, ki te la pou kraze<br />

zo popilasyon an pou pwoteje enterè<br />

Meriken ak oligachi a.<br />

Patizan lame pèpè a vle fè kwè<br />

se lame ki ka garanti envestisman<br />

etranje nan peyi a, pwoteje fwontyè yo<br />

epi ranplase MINUSTAH lè li ale. Soti<br />

1920 rive 1995, te genyen yon lame<br />

restavèk nan peyi a. Apati fen ane 1940<br />

yo, prèske tout envestisman etranje tèt<br />

chat ki te vini avèk okipasyon an ale<br />

epi yo pa janm tounen. Pandan tout<br />

peryòd ekzistans FADH la, pi espesyalman<br />

apati 1957, fwontyè nou yo<br />

tounen yon paswa pou trafik dwòg,<br />

zam, braseròs ak bòt pipòl, men lame<br />

a pat janm fè anyen pou frennen sa,<br />

okontrè se li ki t ap asire pwoteksyon<br />

trafikan yo.<br />

II. Ki objektif kache ki dèyè pwojè<br />

retou ak yon lòt fòs lame tyoul<br />

nan peyi a?<br />

Se te fòs rezistans pèp la ki te kreye<br />

kondisyon pou pèmèt negosiyasyon<br />

pou retou Aristide ak kraze lame a rive<br />

fèt. Ansyen prezidan Clinton ak lòt otorite<br />

titèl yo rive mare sosis yo ak ekip<br />

Martelly a epi, ansanm ak kèk sektè<br />

nan mafya lokal la, yo renmèt li pouvwa<br />

a an 2011 lan. Kidonk Prezidan<br />

Martelly ak konpayèl li yo se popetwèl;<br />

yo pa fouti retounen ak yon lame nan<br />

peyi a si yo pa gen aval Meriken.<br />

Dapre dokiman ekip Martelly<br />

a prepare sou kesyon fòs lame a, se<br />

yon veritab pouvwa paralèl li vle mete<br />

sou pye ak Konsèy Nasyonal Defans<br />

ak Sekirite a (CNDS). Nan misyon l, l<br />

ap gen pou okipe kesyon pwoteksyon<br />

sivil, anviwònman, ransèyman, fwontyè,<br />

dlo, enèji, espas ayeryen, defans,<br />

sekirite piblik ak devlopman. Se Chèf<br />

Leta a k ap nan tèt Konsèy sa a epi l ap<br />

gen ladann: Premye Minis lan, Minis<br />

Defans lan, Minis Jistis la, Minis Enteryè<br />

a, Minis Afè Etranjè a, Minis Ekonomi<br />

ak Finans lan epi tout lòt moun<br />

Prezidan an chwazi pou sa.<br />

Prezidan Martelly ak akolit li yo<br />

dèyè pou yo fè dekabès nan koze lame<br />

sa a. Yon bò y ap bay oligachi a ak<br />

konpayi miltinasyonal ki enterese vin<br />

souse peyi a yon lame restavèk kraze<br />

zo pou garanti enterè yo epi, yon lòt<br />

bò, y ap konsantre tout pouvwa Leta<br />

a nan men yo. Si yo rive mete CNDS<br />

lan kanpe, yo pap bezwen ni palman,<br />

ni pouvwa jidisyè, ni gouvènman ankò<br />

pou regle kèlkeswa gwo koze ki ta oblije<br />

yo pase devan enstans sa yo.<br />

III. Ki atitid fòs pwogresis yo<br />

dwe genyen fas ak volonte pou<br />

retounen ak yon lame gwo ponyèt?<br />

Pwogresis yo pa dwe pran pawòl lame<br />

sa a pou pawòl van; yo pa dwe kwè<br />

entènasyonal la pa dèyè kesyon an.<br />

Depi 1994, peyi a genyen yon anbago<br />

pou l pa achte zam lòt bò dlo. Jounen<br />

jodia, y ap anvizaje kijan pou leve anbago<br />

sa a. Nan premye manch titèl la,<br />

kote y ap kreye kondisyon pou konpayi<br />

miltinasyonal yo vin tabli nan 25 zòn<br />

franch k ap fèt yo, se MINUSTAH ki gen<br />

koze sekirite a nan men l. Nan dezyèm<br />

manch titèl la, se Depatman Leta Meriken,<br />

atravè yon pouvwa ak yon lame tyoul<br />

an Ayiti, ki pral fè l. Yo bay Martelly<br />

ak ekip li a wòl pou teste teren an, pou<br />

ka wè kijan pou regle koze a pi devan.<br />

Jodi a, pandan fòs pwogresis yo<br />

ap chache òganize tèt yo yon lòt fwa<br />

ankò epi makonnen yo piplis ak popilasyon<br />

an, yo dwe devlope yon veritab<br />

kanpay konsyantizasyon ak mobilizasyon<br />

nan peyi a kont titèl entènasyonal<br />

la, kont retou pouvwa gwo ponyèt nan<br />

tèt Leta ak tout fòm lame kraze zo sou<br />

teritwa a.<br />

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Santinèl pèp la<br />

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P.au.P, <strong>Haiti</strong><br />

Jijman Duvalier :<br />

KOSIJID mande Lajistis<br />

pran responsabilite l<br />

Kòdonatè KOSIJID la, Raymond Davius<br />

Lundi 16 janvye 2012 ki fè yon lame<br />

depi ansyen diktatè Jean Claude<br />

Duvalier te retounen nan peyi a ; Kolektif<br />

Sitwayen pou Jije Duvalier (KOSI-<br />

JID) mande Lajistis ayisyen pou l pran<br />

responsabilite l, nan mete tout sa ki<br />

nesesè an plas pou Jije Jean Claude Duvalier.<br />

Kòdonatè KOSIJID la, Raymond<br />

Davius denonse konplisite gouvènman<br />

Martelly/Conille lan k ap tolere<br />

enpinite nan peyi a, pandan y ap pale<br />

sou Etadedwa. Selon Raymond Davius,<br />

pa ka gen rekonsilyasyon si Lajistis<br />

pa fè travay li, pa ka gen Etadedwa<br />

nan enpinite. Prezans Jean Claude Duvalier<br />

nan peyi a san kòd Lajistis pa<br />

nan kou l, se tolerans enpinite pou 30<br />

mil moun rejim Duvalier yo te touye,<br />

nan tout kondisyon.<br />

Viktim yo sezi tande ak ki<br />

awogans, Jean Claude Duvalier ak<br />

konplisite prezidan Michel Martelly ap<br />

pase anba pye dwa viktim yo, fwase<br />

viktim yo, lè yo wè yon kriminèl notwa<br />

konsa ap mache nan tout peyi a.<br />

Lendi 16 janvye a, Jean Claude<br />

Duvalier te vizite vil Jakmèl ak kèk<br />

komin nan depatman an. Viktim yo<br />

denonse monte desann Jean Claude<br />

Duvalier ap fè nan peyi a, yo fè<br />

konnen aktivite sa yo, se yon move<br />

siy pou Lajistis, pou demokrasi ak<br />

Etadedwa nan peyi a. Viktim yo fè<br />

konnen wè pa wè fòk Jean Claude<br />

Duvalier jije e fòk yo jwenn jistis ak<br />

reparasyon. « Kolektif sitwayen pou<br />

Jije Duvalier « KOSIJID » ap pran yon<br />

minit rekèyman pou salye memwa<br />

plis pase trant mil 30.000 viktim<br />

rejim sanginè, sanmanman Duvalier<br />

yo te touye, sasinen, masakre, tòtire,<br />

disparèt pandan 29 lane yo pase sou<br />

pouvwa a.<br />

Kolektif pou jije Duvalier « KO-<br />

SIJID » santi l endiye devan konpòtman<br />

dwayen ak etidyan Fakilte Dwa<br />

Gonayiv la, pou reyabilite Jean Claude<br />

Duvalier, Pitit Tig la, masakre plizyè<br />

milye Kretyen Vivan nan sosyete Ayisyen<br />

an. Sa a se yon wont pou entelektyèl<br />

nan peyi a.<br />

Kolektif Sitwayen pou Jije Duvalier<br />

« KOSIJID » ap raple pèp Ayisyen<br />

an, Jean Claude Duvalier ansyen sanginè<br />

diktatè a ki akize pou krim kont<br />

limanite, nan konplisite Prezidan Joseph<br />

Michel Martelly , yon fwa ankò,<br />

t al Titanyen, Jedi 12 Janvye 2012 la .<br />

Aprè 25 lane li pase nan peyi<br />

Lafrans, jodi lendi 16 Janvye 2012 la<br />

fè yon lane depi ansyen diktatè Jean<br />

Claude Duvalier retounen nan peyi a.<br />

Plizyè dizèn viktim déj<strong>à</strong> depoze plent<br />

devan Lajistis pou krim li komèt pandan<br />

15 lane rejim li an. N ap raple pou<br />

tout moun lajistis déja enkilpe Jean<br />

Claude Duvalier pou detounman lajan<br />

Leta e kounye a Lajistis ap kontinye<br />

pousuiv Jean Claude Duvalier pou<br />

krim li komèt sou pèp Ayisyen an.<br />

Jean Claude Duvalier ensilte<br />

memwa viktim yo se te yon lòt afwon<br />

pou pèp ayisyen an tann jistis ak<br />

reparasyon pou disparisyon , masak,<br />

asasina, manman, papa, frè ak sè yo<br />

ki te koule sou rejim Kriminèl Duvalier<br />

a ak akolit li yo.<br />

Kolektif pou jije Duvalier KOSI-<br />

JID ap mande Jij Carvès Jean ki kote<br />

li ye ak dosye Jean Claude Duvalier a<br />

ki akize pou krim kont limanite k ap<br />

paweze lib e libè nan peyi a ? Fè tout<br />

sal deside san kè l pa sote. Duvalier<br />

ak akolit li yo ap bay Lajistis ayisyen<br />

defi, paske Lajistis mete sou rezidans<br />

siveye, men l ap mache nan tout peyi<br />

a, si Lajistis refize travay li.<br />

Kolektif Sitwayen pou jije Duvalier<br />

KOSIJID ap entansifye demach ak<br />

aksyon li yo nan.<br />

1) Ekri yon lèt ouvèt ak otorite<br />

Ayisyen yo pou yo pran responsabilite<br />

yo nan dosye Jean Claude Duvalier a<br />

pou lenpinite kaba, pou Lajistis ak la<br />

verite triyonfe.<br />

2) Fè manifestasyon, sitin ak lòt<br />

aksyon pou fòse chak aktè nan dosye<br />

Jean Claude Duvalier a yo deside aktive<br />

l pou fè jistis ak reparasyon pou viktim<br />

yo tounen yon reyalite.<br />

3) Kolektif pou jije Duvalier<br />

KOSIJID ap di pou Bawon k ap sipòte<br />

kòz Jean Claude Duvalier a, rejim sa<br />

a pa t janm kwè ni nan zanmitay ni<br />

nan patizan piske Baby Docratophobie<br />

se sèlman yon kontinwite papa Doc te<br />

aprann makout yo ki te di :<br />

1) Rekonesans se yon lachte<br />

2) Tout ayisyen ki pa renmen<br />

Duvalier se yon enmi danjere patri a<br />

3) Tout makout dwe bay tout<br />

apui li, dwe aplodi ak de men l e touye<br />

tout kamoken ak moun nan opozisyon<br />

k ap nwi tèt Duvalier.<br />

4) Pèsonn pa dwe pran chans<br />

rezève oubyen ki fè tètdi, ki fè vini sispèk<br />

: « yon senkyèm kolòn. »<br />

Kolektif Sitwayen pou jije Duvalier<br />

KOSIJID ap raple nou Jean Claude<br />

Duvalier te itilize tout moun kòm yon<br />

pyon nan jwèt echèk, li toujou prè pou<br />

l livre nenpòt nan pyon. Kesyon n ap<br />

poze ak resèlè k ap sipòte ak pwoteje<br />

Jean Claude Duvalier yo, eske yo prè<br />

pou yo aksepte viktim yon fason e yon<br />

lòt nan foli kriminèl li toujou devlope<br />

lakay li ak akolit li yo. Ekzanp : ansyen<br />

kòmandan Makout Palè Nasyonal byen<br />

zele yo te rele Justin Bertrand.<br />

KOSIJID ap fini pou l di wè pa wè<br />

Jean Claude Duvalier ap jije. Pèsonn<br />

paka anpeche jijman sa fèt. Fok viktim<br />

yo jwenn jistis ak reparasyon e fòk<br />

enpinite kaba nan peyi a. »<br />

Viv Jistis ak reparasyon pou tout<br />

viktim yo !Aba Babydocratopholbie !<br />

Viv yon Etadedwa san demagoji !Viv<br />

Ayiti ! Aba Enpinite !<br />

6<br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012


Perspectives<br />

Coopération Cubano-Haïtienne:<br />

Bilan des activités de<br />

la Brigade médicale de<br />

Cuba en Haïti<br />

De gauche <strong>à</strong> droite l’ambassadeur cubain Ricardo Garcia N<strong>à</strong>poles, le<br />

Docteur Lorenzo Somarriba Lopez, chef de la Brigade médicale cubaine<br />

en <strong>Haiti</strong> et Carmen Maury<br />

Par Yves Pierre-Louis<br />

Le mercredi 11 janvier 2012, le<br />

chef de la Mission médicale de la<br />

République révolutionnaire de Cuba<br />

en Haïti, Docteur Lorenzo Somarriba<br />

Lopez, accompagné de l’ambassadeur,<br />

Ricardo Garcia N<strong>à</strong>poles a exposé<br />

le bilan des réalisations de la Brigade<br />

médicale cubaine présente en Haïti<br />

depuis 13 ans. Ce nouveau bilan est<br />

centré sur les activités des médecins<br />

cubains durant les deux années qui<br />

ont suivi le tremblement de terre du<br />

12 janvier 2010 et le secours apporté<br />

aux victimes de l’épidémie de Choléra<br />

importée par les soldats des Nations<br />

Unies en Haïti.<br />

L’ambassadeur Ricardo a profité<br />

de l’occasion pour faire un bref historique<br />

de la coopération cubaine en<br />

Haïti. Selon lui la coopération cubaine<br />

a démarré ses activités le 4 décembre<br />

1998, suite <strong>à</strong> l’ouragan Georges qui<br />

avait dévasté le pays. Elle intervient<br />

dans le système de santé pour apporter<br />

des soins de santé aux plus pauvres<br />

du pays.<br />

Docteur Lorenzo Somarriba Lopez<br />

le principal intervenant de la rencontre<br />

avec la presse <strong>à</strong> <strong>Delmas</strong> 83, a<br />

fourni des informations précises au<br />

public concernant la réalisation de la<br />

Brigade médicale cubaine, deux ans<br />

après le séisme dévastateur qui a frappé<br />

Haïti. Cuba est intervenu 22 heures<br />

après le séisme avec la Brigade « Henry<br />

Reeve » comprenant des spécialistes en<br />

intervention médicale post catastrophe.<br />

Aux premières heures de tremblement<br />

de terre, 81 coopérants cubains étaient<br />

arrivés en Haïti, quelques jours plus<br />

tard 331 autres collaborateurs y étaient<br />

arrivés pour apporter leur assistance<br />

médicale aux victimes. Le 8 Mars<br />

2010, 1712 autres collaborateurs étudiants<br />

et les médecins haïtiens gradués<br />

<strong>à</strong> l’Ecole Latino-américaine de médecine<br />

(ELAM), sont venus renforcer la<br />

Brigade médicale de Cuba. Ces médecins<br />

se sont éparpillés dans des grands<br />

centres hospitaliers de la zone métropolitaine<br />

de la capitale : Hôpital de la Paix<br />

a <strong>Delmas</strong> 33, Hôpital de l’OFATMA,<br />

Hôpital de la Renaissance, Hôpital de<br />

Grand-Goâve et Hôpital de Petit-Goâve.<br />

Ils ont mis sur pied, en outre, cinq (5)<br />

autres hôpitaux de campagne <strong>à</strong> Léogane,<br />

Carrefour, Croix-des-Bourquets,<br />

Arcahaie et Jacmel. Cinq (5) autres<br />

unités communales ont été constituées<br />

dans le département de l’Ouest a : Ganthier,<br />

Thomazeau, Cabaret, Kenscoff et<br />

Anse-a-Galets (La Gonave). Deux petites<br />

Brigades ont été instituées, l’une<br />

composée de 56 membres de spécialité<br />

en maladies épidémiques et l’autre faite<br />

de spécialistes paramédicaux donnant<br />

des accompagnements psychologiques<br />

aux enfants et adolescents. 116 mille<br />

162 enfants et adolescents ont bénéficié<br />

d’un appui psychologique.<br />

Jusqu’au 30 Avril 2010, 347<br />

mille 601 patients ont été examinés,<br />

8.870 interventions Chirurgicales et<br />

1210 accouchements dont 421 cas<br />

d’opération césarienne. Dans le cadre<br />

du projet Alternative Bolivarienne des<br />

Amériques (ALBA), Cuba participe <strong>à</strong> la<br />

reconstruction et au renforcement du<br />

système de Santé haïtien, dans l’objectif<br />

de construire 30 hôpitaux, dont 10<br />

ont déj<strong>à</strong> été construits dans 10 départements<br />

géographiques du pays. Cette<br />

initiative entre directement dans la politique<br />

de décentralisation des services<br />

médicaux d’Haïti pour qu’ils arrivent <strong>à</strong><br />

atteindre les populations les plus éloignées<br />

du pays.<br />

Suite <strong>à</strong> l’introduction du choléra<br />

en Haïti, la Brigade médicale cubaine<br />

est rapidement intervenue dans 33<br />

centres de traitement de Choléra (CTC).<br />

A mesure que l’épidémie de Choléra<br />

continue de faire rage dans le pays, les<br />

médecins cubains sont présents dans<br />

plus de 67 CTC.<br />

De plus, sur demande des autorités<br />

haïtiennes, 10 avions Cargos de<br />

médicaments contre le Choléra avaient<br />

été expédiés en Haïti par le gouvernement<br />

cubain. Une base logistique de<br />

5 camions de médicaments de toutes<br />

sortes a été constituée <strong>à</strong> l’OFATMA.<br />

Enfin, durant les 13 ans de service<br />

de la Brigade médicale cubaine<br />

en Haïti, plus de 4 mille coopérants<br />

cubains ont apporté leur solidarité au<br />

peuple haïtien dans le domaine de la<br />

Santé. Ils ont examiné plus de 18 millions<br />

254.145 patients, 135 mille 605<br />

accouchements, 310.665 interventions<br />

Chirurgicales, 54.305 Haïtiens ont été<br />

soignés des yeux dans le cadre du programme<br />

baptisé « opération Milagro »<br />

et 311.493 vies humaines ont été sauvées<br />

par des spécialistes cubains.<br />

A l’occasion de la journée Cuba<br />

/ CARICOM, le 8 décembre 2011, lors<br />

d’une intervention devant la presse,<br />

l’ambassadeur de Cuba en Haïti, Ricardo<br />

Garcia N<strong>à</strong>poles eut <strong>à</strong> déclarer : « La<br />

présence de collaborateurs cubains en<br />

Haïti est l’une des meilleures preuves<br />

des avantages et la portée de la coopération<br />

cubaine dans les Caraïbes.<br />

Dans le secteur de la Santé, nous pouvons<br />

l’illustrer avec plus de 18 millions<br />

de consultations médicales offertes,<br />

133 593 accouchements pris en charge<br />

et 311.008 vies sauvées en 13 ans de<br />

coopération médicale. Les autres domaines<br />

où des progrès ont été tout aussi<br />

remarquables, sont l’éducation, lancée<br />

en octobre 1999, permettant par la méthode<br />

« Oui je peux » l’alphabétisation<br />

de 8633 personnes en 2009. La pêche<br />

a également permis la production de<br />

15,7 millions de larves de cyprinidés<br />

et 2,6 millions d’alevins pour la consommation<br />

humaine. Je vais également<br />

12 janvier, la honte !<br />

Par Catherine Charlemagne<br />

Il y a des dates qui marquent <strong>à</strong> jamais<br />

l’histoire de l’humanité ou d’un pays.<br />

L’humanité a connu des dates heureuses.<br />

Remplies d’allégresse. Comme elle en<br />

a connu de bien tristes. Catastrophiques.<br />

12 janvier 2010 en est une. Particulièrement<br />

pour un peuple. Une nation. Une<br />

République. Un Etat. Celui d’Haïti. Celuil<strong>à</strong><br />

même qui a marqué en lettres d’or,<br />

la date du 1 e janvier 1804 au tableau<br />

d’honneur de l’histoire de l’humanité.<br />

Cette date a aussi changé les cours des<br />

choses pour l’histoire des êtres humains<br />

tout entier.<br />

12 janvier 2010 demeurera pour<br />

le peuple d’Haïti, non seulement une<br />

date traumatisante, mais aussi celle de<br />

la honte. Cette date, si l’on pouvait la<br />

bannir du calendrier romain, les Haïtiens<br />

le feraient volontiers. Elle marque<br />

depuis ce maudit cataclysme le point<br />

culminant de la faillite des élites de cet<br />

Etat pourtant fondé par des femmes et<br />

des hommes ayant le sens de la grandeur<br />

et de la fierté. 12 janvier 2010 a<br />

été sans équivoque un rappel <strong>à</strong> l’ordre.<br />

Un rappel au réveil pour les gouvernants<br />

haïtiens. Un rappel <strong>à</strong> la valeur morale et<br />

<strong>à</strong> la conscience des dirigeants de ce pays<br />

Il existe un pays appelé Haïti…<br />

vous en souvenez-vous ?<br />

Par Oliver Zamora Oria<br />

Le 12 janvier, il y a tout juste deux<br />

ans et un jour, la terre tremblait <strong>à</strong><br />

Haïti : un terrible séisme a coûté la vie <strong>à</strong><br />

environ 300 000 personnes et a détruit<br />

plus de 80 000 immeubles, laissant presque<br />

deux millions de personnes sans<br />

abris. Que s’est-il passé ensuite ? Que<br />

disent les images et les statistiques au<br />

sujet d’Haïti ? Quelles sont les perspectives<br />

pour ce pays caribéen ?<br />

Le président Michel Martelly a déploré<br />

que son gouvernement n’ait reçu<br />

qu’ 1% des 4 milliards de dollars destinés<br />

<strong>à</strong> Haïti. Autrement dit, pour chaque<br />

dollar donné au titre de l’aide humanitaire,<br />

le gouvernement haïtien n’a reçu<br />

qu’un centime. Qui a donc bénéficié des<br />

dons ? La presse haïtienne montre du<br />

doigt les organisations non gouvernementales,<br />

les gouvernements étrangers<br />

qui se sont « engagés » <strong>à</strong> contribuer <strong>à</strong> la<br />

reconstruction d’Haïti et, évidemment,<br />

des entreprises privées, majoritairement<br />

étasuniennes. Dans un accès de transparence,<br />

le Congrès nord-américain<br />

a reconnu que le Département de la<br />

Défense des Etats-Unis a récupéré 655<br />

millions de dollars des fonds destinés <strong>à</strong><br />

Haïti, tandis que le Département de la<br />

Santé et des Services sociaux en a empoché<br />

quelques 220 millions.<br />

La question n’est pas « comment<br />

a-t-on pu en arriver l<strong>à</strong> ? » mais plutôt «<br />

faire référence <strong>à</strong> la coopération dans le<br />

domaine des sports, par lequel ses coopérants<br />

ont permis d’obtenir 19 médailles<br />

d’or, 14 médailles d’argent et 13<br />

médailles de bronze <strong>à</strong> des compétitions<br />

régionales ainsi que 3 records nationaux,<br />

tout cela uniquement dans la spécialité<br />

d’athlétisme, l’une des quatre<br />

dans lesquelles ils travaillent. »<br />

Somme toute, la solidarité du<br />

gouvernement cubain au peuple haïtien<br />

durant les 13 ans interrompus dans<br />

plusieurs domaines a été reconnue par<br />

les secteurs les plus réactionnaires du<br />

pays et le gouvernement d’extrême<br />

droite de Michel Martelly. N’était-ce<br />

le maintien du blocus économique,<br />

commercial et financier imposé par les<br />

Etats-Unis d’Amérique contre Cuba,<br />

12 janvier 2010 demeurera pour le peuple d’Haïti, non seulement une<br />

date traumatisante, mais aussi celle de la honte. Cette date, si l’on<br />

pouvait la bannir du calendrier romain, les Haïtiens le feraient volontiers<br />

comment aurait-il pu en être autrement<br />

? ». En effet, depuis des siècles, Haïti est<br />

saignée <strong>à</strong> blanc par les grandes puissances,<br />

qui ont instauré des dictatures<br />

et des mécanismes économiques pour<br />

piller ce petit pays. En 1825, Haïti avait<br />

été contrainte de verser une énorme<br />

somme d’argent <strong>à</strong> la France, pour que<br />

celle-ci reconnaisse son indépendance.<br />

Des années plus tard, Haïti a été l’un<br />

des exemples les plus dramatiques<br />

des effets néfastes des politiques néolibérales<br />

et de la dette extérieure. La<br />

première république indépendante<br />

d’Amérique Latine et des Caraïbes, qui<br />

finira par devenir le pays le plus pauvre<br />

de la région, a donc payé au prix fort<br />

son émancipation.<br />

Mais fallait-il attendre autre<br />

chose des centres du pouvoir ? Depuis<br />

quand les Etats-Unis, la France, la<br />

Grande Bretagne ou le reste des grandes<br />

ex-métropoles s’inquiètent-ils du destin<br />

de leurs ex-colonies et du Tiers Monde<br />

? Pourquoi ces pays changeraient-ils<br />

d’attitude ? Encore une fois, l’histoire<br />

nous éclaire, elle nous aide <strong>à</strong> comprendre<br />

le présent et augure souvent<br />

l’avenir.<br />

L’industrie médiatique et les<br />

agences de « tourisme humanitaire »<br />

ont sauté sur l’occasion. Les enfants<br />

presque nus dans les campements improvisés<br />

et les rues de Port au Prince,<br />

pleines de cadavres sous les décombres,<br />

ont été perçus comme quelque chose de<br />

depuis environ 50 ans, Haïti aurait bénéficié<br />

de beaucoup plus de solidarité<br />

franche et sincère de l’Ile sœur dans le<br />

cadre de la coopération Sud/Sud. Malgré<br />

cet embargo injuste et injustifié,<br />

désapprouvé par l’Assemblée générale<br />

des Nations-Unies, les dirigeants cubains<br />

ont toujours manifesté leur volonté<br />

de partager dignement leur pauvreté<br />

avec Haïti et non d’envoyer tout<br />

ce dont ils n’ont plus besoin. Il est clair,<br />

contrairement aux autres pays latinoaméricains<br />

tels : Le Brésil, l’Argentine,<br />

le Chili, l’Uruguay et autres que Cuba<br />

a envoyé des médecins pour soigner<br />

le peuple haïtien et non des soldats<br />

lourdement armés pour tuer, violer et<br />

terroriser le peuple le plus pauvre de<br />

l’Amérique.<br />

qui semblaient oublier leur mission vis<strong>à</strong>-vis<br />

de leurs compatriotes. Leur pays.<br />

Noyé dans des nuages de poussière et<br />

enfoui sous des tonnes de décombres<br />

après le passage des forces telluriques,<br />

ce qui restait de la population croyait<br />

que de ses malheurs, naîtra enfin son<br />

salut dans ce pays qui est le sien.<br />

Elle était prête <strong>à</strong> pardonner. Féliciter.<br />

Honorer. Elever même au rang<br />

de héros ceux-l<strong>à</strong> mêmes qui l’avaient<br />

oubliée. Méprisée. Ignorée pendant si<br />

longtemps. Depuis toujours. Cette espérance<br />

de pouvoir glorifier ses oppresseurs<br />

d’hier n’avait rien de masochisme.<br />

De coup de folie insensée. Encore moins<br />

d’une quelconque amnésie. Cette envie<br />

nourrie d’un sentiment de fierté retrouvée<br />

était légitime. Puisque dans la<br />

douleur et le traumatisme post séisme,<br />

sur les tombeaux mal refermés de nos<br />

morts, sur les pertes incommensurables<br />

d’un pays dévasté devrait accoucher<br />

la renaissance d’une Haïti dont nous<br />

rêvons tous. Les Ecritures Saintes nous<br />

ont appris <strong>à</strong> pardonner <strong>à</strong> ceux qui nous<br />

ont offensés.<br />

Suite <strong>à</strong> la page (15)<br />

nouveau et de profondément bouleversant<br />

par les millions de personnes qui<br />

ne savent rien des malheurs du monde<br />

: du véritable pain béni pour les grands<br />

médias. Washington et les gouvernements<br />

européens ont saisi l’occasion<br />

pour se montrer charitables et tâcher<br />

de faire oublier qu’ils ont toujours pillé<br />

ce pays, quant <strong>à</strong> certaines ONG, elles<br />

en ont profité pour résoudre leurs problèmes<br />

financiers.<br />

Depuis deux ans, l’aide réelle,<br />

durable et sincère est venue des pays de<br />

l’Alternative pour les Peuples de Notre<br />

Amérique (ALBA) et de l’Union des<br />

Nations Sud-américaines (UNASUR).<br />

Lorsque tout le monde pliait bagage, les<br />

médecins cubains et vénézuéliens, eux,<br />

sont restés. Hier douze janvier, les médias<br />

internationaux se sont souvenus<br />

d’Haïti, mais aujourd’hui, treize janvier,<br />

ce pays est redevenu un des nombreux<br />

endroits oubliés de la planète.<br />

Cuba si Lorraine 16 Janvier 2012<br />

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Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 7


Perspectives<br />

Brigade Dessalines : initiative de La Via Campesina et du<br />

Mouvement des Sans Terre du Brésil<br />

Les agriculteurs des zones rurales marchent sur des kilomètres pour<br />

vendre leur produit <strong>à</strong> la foire paysanne.<br />

Photo : Rafael Aquino Nogueira/ Courtoisie du MST<br />

« L´exploitation étrangère est la cause<br />

des difficultés de Haïti ».<br />

Par Luciana Taddeo*<br />

“Vous êtes vraiment blancs ?”, se<br />

demandaient les Haïtiens, rassemblés<br />

en petits groupes pour les voir travailler<br />

et se salir les mains de terre. Les voir<br />

se saisir de la houe, se pencher sur la<br />

terre et travailler dans les plantations de<br />

la zone rurale, transporter des bottes de<br />

paille ou tirer de l´eau d´un puits étonnaient<br />

les noirs qui s´arrêtaient pour<br />

contempler la scène, absorbés, immobiles<br />

durant 20, 30 minutes.<br />

Avec le temps, la vie en commun<br />

a fait place <strong>à</strong> la confiance, et a dépassé<br />

la tonalité de peau des membres<br />

du MST (Mouvement des Travailleurs<br />

Sans Terre) en Haïti, une couleur traditionnellement<br />

associée <strong>à</strong> l´exploitation<br />

inhumaine, pendant des siècles, de la<br />

population du pays. C´est comme membres<br />

de l´organisation internationale<br />

Via Campesina, que les premiers Sans<br />

Terre brésiliens sont arrivés dans ce<br />

pays caraïbe en 2009 pour opérer une<br />

reconnaissance du territoire haïtien, réaliser<br />

un diagnostic des conditions du<br />

sol, de la production agricole et de la<br />

dynamique sociale.<br />

C´est ainsi que la “Brigade Dessalines”<br />

a initié le programme de<br />

coopération pour le renforcement de<br />

l´agriculture locale qui fournit 40% de<br />

la consommation alimentaire du pays.<br />

Dans cette interview pour Opera Mundi,<br />

le coordinateur de la brigade José Luis<br />

“Patrola”, l´agronome Dayana Mezzonato,<br />

l´agriculteur brésilien André<br />

Luis Guimarães et l´ingénieur agronome<br />

Rafael Aquino racontent les expériences<br />

vécues en Haïti.<br />

Comment s´est passée la période de<br />

reconnaissance du territoire?<br />

Patrola – D´abord nous avons<br />

appris le créole, ensuite nous avons<br />

commencé <strong>à</strong> parcourir les départements<br />

du pays. Nous avons voyagé en moto,<br />

en omnibus, en voiture, en tap-tap<br />

(transport collectif) et <strong>à</strong> pied. Ce contact<br />

avec l´intérieur a été fondamental pour<br />

comprendre, par exemple, que hors de<br />

Port-au-Prince il n´y a pratiquement pas<br />

de téléviseurs ni de réfrigérateurs. Nous<br />

avons travaillé dans un lieu appelé Ti<br />

Riviè Latibonit qui possède près de 150<br />

mille habitants. André, combien de<br />

réfrigérateurs as-tu vu l<strong>à</strong>-bas ?<br />

André – Hors du poste ? Aucun.<br />

(Rires)<br />

Dayana – Dans ces villes ils<br />

n´ont l´électricité que deux fois par semaine,<br />

entre une heure et deux heures<br />

du matin.<br />

Rafael – Personne ne sait quel<br />

jour elle va arriver, ni á quelle heure elle<br />

s´en ira. Si elle arrive le mercredi, on<br />

peut en avoir une, deux ou trois heures<br />

Patrola – Nous avons découvert<br />

aussi que le principal moyen de<br />

communication est la radio et si tu ne<br />

comprends pas le créole, tu ne sauras<br />

rien de ce qui se passe au quotidien.<br />

Cette période de vie avec les habitants<br />

nous a permis de mieux connaître et<br />

d´interpréter la réalité haïtienne, ce qui<br />

est fondamental pour établir un programme<br />

d´appui et de coopération. Nous<br />

avons établi le siège central de la brigade<br />

<strong>à</strong> L’Artibonite, <strong>à</strong> deux heures et demie<br />

de Port-au-Prince et c´est de lá que nous<br />

nous sommes déplacés vers les régions<br />

où nous opérons.<br />

Comment avez-vous ressenti<br />

l´évolution de la relation avec les<br />

Les agriculteurs haïtiens ont été étonnés quand ils ont vu des « blancs » du<br />

MST travailler la terre. Photo : Rafael Aquino Nogueira/ Courtoisie du MST<br />

Formation offerte par des membres du Mouvement des Sans terre <strong>à</strong> la<br />

population haïtienne. Photo : Rafael Aquino Nogueira/ Courtoisie du MST<br />

haïtiens après deux ans ?<br />

André – Quand l’haïtien ne te<br />

connaît pas, tout étranger est réputé «<br />

blan » (blanc, en créole haïtien). Par la<br />

suite quand tu parles leur langue, ce qui<br />

n´est pas courant, la réceptivité est différente.<br />

Comme nous travaillons et vivons<br />

avec les paysans, ils nous traitent avec<br />

ce qu´ils ont de meilleur. Vous ne pouvez<br />

pas expliquer le dévouement avec lequel<br />

ils vous traitent quand ils savent que<br />

vous contribuez.<br />

Dayana – Il existe une question<br />

raciale très forte ici. Dans une population<br />

dont plus de 90% est noire, la<br />

vision première est que le blanc ou le<br />

colonisateur a de l´argent. Au début ils<br />

nous appelaient tellement “blan” que<br />

ça en devenait gênant. Mais quand les<br />

volontaires vivent longuement dans la<br />

communauté, l´ouverture est incroyable.<br />

Les Haïtiens aiment le Brésil, ce qui est<br />

un facteur positif, mais pour gagner leur<br />

confiance, nous avons dû vivre avec<br />

eux, démontrer qu’il existe des blancs<br />

pauvres dans le monde, que la solidarité<br />

se noue entre les peuples et que nous<br />

apprenons ensemble.<br />

Patrola – Notre brigade est<br />

constamment motivée <strong>à</strong> parler le créole,<br />

cela peut même vous sauver d’une<br />

situation délicate en nous permettant<br />

d’expliquer qui nous sommes. Souvent,<br />

nous sommes arrêtés par les policiers<br />

sur la route et ils sont surpris parce que<br />

nous parlons la langue. Une fois ils n´ont<br />

même pas regardé nos papiers, rien que<br />

parce que nous parlions le créole et venions<br />

du Brésil. Ils nous ont demandé<br />

notre nationalité, si nous vivons ici et si<br />

nous aimons, et on a gagné la journée.<br />

Quel est votre diagnostic de la<br />

situation en Haïti ?<br />

Patrola - L’eau est un besoin<br />

prioritaire et un luxe, même pour la<br />

classe moyenne qui vit dans la capitale<br />

haïtienne, qui paie et se fait approvisionner<br />

par un camion hebdomadaire,<br />

ne disposant d’eau publique qu´une<br />

fois par mois. Dans les zones rurales,<br />

l’accès est beaucoup plus difficile. Dans<br />

les montagnes, il est normal de voir des<br />

enfants de 8, 10 ans, marcher trois ou<br />

quatre heures avec un seau de 20 litres<br />

sur la tête. Et c´est une eau complètement<br />

pourrie, que même les animaux ne<br />

boivent pas dans mon campement agricole<br />

au Brésil.<br />

D’autre part, il y a de graves problèmes<br />

structurels qui sont la formule<br />

de base de problèmes mineurs. Par exemple,<br />

la crise économique. Un taux<br />

de chômage de 75% et une agriculture<br />

en déclin. Le travail en milieu rural est<br />

lourd et il ya un exode rural permanent<br />

des jeunes. Malgré ces difficultés, la<br />

campagne produit l´alimentation de 40%<br />

des Haïtiens et constitue un pilier majeur<br />

de l’économie.<br />

Dayana - Depuis le milieu des<br />

années 1980, de nombreux produits<br />

agricoles entrent dans le pays et la production<br />

nationale est de moins en moins<br />

prioritaire. Les producteurs de riz ont<br />

toutes les peines <strong>à</strong> rester concurrents<br />

sur ce marché parce les importations des<br />

États-Unis sont subventionnées.<br />

Rafael – Une forte caractéristique<br />

de l’agriculture haïtienne est la diversification<br />

des plantations, d´où le maintien<br />

de la fertilité des sols. Ceci réduit la<br />

présence de parasites et de maladies et<br />

permet d´éviter l’utilisation de pesticides.<br />

Dans les montagnes il y a tout ce qu´il<br />

faut : riz, canne <strong>à</strong> sucre, banane, manioc,<br />

haricots ... Mais les paysans utilisent<br />

peu de techniques de conservation des<br />

sols, et il ya des problèmes d’érosion et<br />

d’assèchement des rivières.<br />

Comment agit la brigade pour<br />

améliorer la situation dans ce<br />

secteur ?<br />

Patrola – En 2010, nous avons<br />

installé près de 1500 réservoirs dans les<br />

maisons des paysans. Ils ont été donnés<br />

par le gouvernement de Bahia et transportés<br />

par le Secrétariat des Actions Internationales<br />

du Combat contre la Faim<br />

du Ministère des Affaires étrangères.<br />

Ce n´est pas une grande quantité, mais<br />

les paysans vivent l´un près de l´autre<br />

et chaque réservoir est utilisé pour un<br />

maximum de cinq familles.<br />

Nous avons des centres de reproduction<br />

de semences de légumes, parce<br />

que la base de la souveraineté est la capacité<br />

de produire, alors qu´actuellement<br />

100% des graines de légumes utilisées ici<br />

sont importées. Nous sommes également<br />

en train de construire une école de formation<br />

technique pour les jeunes Haïtiens.<br />

Il y a une Faculté d’Agronomie en Haïti<br />

et près de la moitié des diplômés quittent<br />

le pays, qui a déj<strong>à</strong> un grand manque de<br />

connaissances techniques et d´outils de<br />

travail tels que des houes et des machettes,<br />

que le pays ne fabrique pas.<br />

Suite <strong>à</strong> la page (15)<br />

Le Fonds National d’Education sur la sellette<br />

Par Isabelle L. Papillon<br />

Le 15 Juin 2011, un mois après son<br />

entrée en fonction, le président<br />

Michel Joseph Martelly a autorisé des<br />

prélèvements illégaux de 1.5 dollar<br />

sur chaque transfert d’argent et de 0.5<br />

centime sur les appels téléphoniques<br />

internationaux au profit du Fonds National<br />

d’Education (FNE). Aucune loi<br />

n’a été jusqu’<strong>à</strong> présent élaborée en ce<br />

sens pour être soumise <strong>à</strong> la sanction<br />

du Parlement. Alors que la Constitution<br />

haïtienne en vigueur est claire l<strong>à</strong>dessus,<br />

en matière des finances publiques,<br />

en son article 218 qui stipule<br />

: « Aucun impôt au profit de l’Etat ne<br />

peut être établi que par une loi ». La<br />

question qu’on doit se poser maintenant<br />

est, est-ce que les prélèvements illégaux<br />

sur les appels entrant et sortant<br />

et les transferts d’argent sont au profit<br />

de l’Etat ou de la famille présidentielle<br />

au pouvoir ?<br />

Environ six (6) mois plus tard,<br />

des doutes commencent <strong>à</strong> planer sur<br />

l’utilisation des fonds déj<strong>à</strong> recueillis et<br />

évalués <strong>à</strong> des dizaines de millions de<br />

dollars. Dans une entrevue accordée<br />

au quotidien Etatsunien, New-York<br />

Times, le directeur de la Compagnie<br />

de téléphonie mobile Digicel, Denis<br />

O’Brien a demandé un audit sur le<br />

fonds, suite <strong>à</strong> des informations pertinentes<br />

insinuant que 26 millions de<br />

dollars ont été détournés de ce fonds.<br />

Dans une note rendue publique, la<br />

compagnie Digicel a fait savoir qu’elle<br />

a déj<strong>à</strong> versé 11.1 millions de dollars.<br />

Pour sa part, le directeur général<br />

du Conseil National des Télécommunications<br />

(CONATEL), Jean Marie<br />

Guillaume chargé de la collecte de ces<br />

fonds a indiqué dans une note que du<br />

16 Juin au 30 novembre 2011, il a déj<strong>à</strong><br />

collecté, de la Digicel et de Comcel/<br />

Voil<strong>à</strong>, un montant de 4,897,558.26)<br />

dollars américains et 336,159,069.13<br />

en monnaie locale [gourde]. Ce qui fait<br />

un montant total de 13,116,606.40<br />

dollars américains, calculé selon le<br />

taux de référence de 40.90 gourdes<br />

pour 1 dollar, par la Banque de la République<br />

d’Haïti (BRH).<br />

Le 30 Septembre 2011, le<br />

ministre de l’Education Nationale<br />

d’alors, Gaston Georges Mérisier avait<br />

fait savoir que le fonds avait déj<strong>à</strong><br />

recueilli 28 millions de dollars US et<br />

le président Michel Martelly l’avait<br />

confirmé dans l’une de ses déclarations,<br />

lorsqu’il a annoncé avant même<br />

la ratification de son Premier ministre,<br />

que Georges Mérisier est : « mon ministre<br />

de l’Education Nationale. »<br />

Le gouverneur de la Banque de<br />

la République d’Haïti, Charles Castel<br />

a réagi pour dire qu’il ne dispose que<br />

de quelques 2 millions de dollars US<br />

dans le compte du FNE. Alors qui dit la<br />

vérité ? Où est passé l’argent collecté<br />

pour la soi-disant éducation gratuite?<br />

Quand la lumière sera-t-elle faite sur<br />

les prélèvements illégaux, tirés des<br />

maigres ressources des rudes travailleurs<br />

de la diaspora haïtienne ? Quand<br />

cessera-t-on de faire sentir que : «<br />

Chodyè a monte sou non Timoun, pou<br />

l desann sou non granmanjè yo nan<br />

Leta aloufa sa a. »<br />

En attendant que toute la lumière<br />

soit faite sur le Fonds National<br />

d’Education, le président « Tèt Kale<br />

» a tenté d’apporter quelques explications<br />

non explicites sur la gestion<br />

de ce fonds. Il a affirmé que jusqu’<strong>à</strong><br />

date il n’est pas au courant du montant<br />

exact disponible de ce fonds. Et<br />

de plus il a fait savoir que cet argent<br />

est géré par le CONATEL, il a donc<br />

référé au CONATEL les journalistes<br />

qui lui demandaient des informations.<br />

Le Conatel lui, a fait savoir que ces<br />

recettes alimentées par seulement les<br />

deux grands opérateurs (Digicel et<br />

Voil<strong>à</strong>) sont disponibles sur son compte<br />

et seront transférés au Trésor public,<br />

une fois que les instances concernées<br />

en produiront la demande.<br />

Faute de cadre légal, le Parlement<br />

n’a aucun contrôle sur ce fonds.<br />

Près de 4 mois après l’ouverture des<br />

classes, aucun montant n’a encore été<br />

versé aux responsables des établissements<br />

scolaires impliqués dans le programme<br />

dit d’« éducation gratuite ».<br />

Au commencement, on leur promettait<br />

de verser l’argent au début du mois de<br />

novembre 2011. Jusqu’<strong>à</strong> maintenant,<br />

les responsables de ces écoles continuent<br />

de compter : « ze nan vant poul<br />

» pendant que des informations qui<br />

circulent font état de détournement de<br />

l’argent de FNE.<br />

8<br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012


This Week in <strong>Haiti</strong><br />

Two years after the earthquake:<br />

Where is <strong>Haiti</strong>’s reconstruction?<br />

Two years after the quake, despite the disbursement of some $2.4 billion<br />

in recovery aid, tens of thousands of <strong>Haiti</strong>ans still are homeless,<br />

living in tent camps<br />

By Thomas Péralte<br />

Two years have passed since the 7.0<br />

earthquake struck <strong>Haiti</strong>, killing tens<br />

of thousands <strong>Haiti</strong>ans.<br />

Despite the promises from many<br />

countries, many thousands of people<br />

remain homeless in makeshift camps<br />

since that fateful afternoon of Jan. 12,<br />

2010.<br />

This disaster, unprecedented in<br />

recent times, has admittedly stirred<br />

considerable solidarity from many nations<br />

to one of history’s worst natural<br />

disasters. In our history as a people,<br />

we have never seen so many nations,<br />

both true and possibly false friends,<br />

moved to come to our country, bringing<br />

us their support and sympathy.<br />

Jan. 12, 2010 could have been<br />

an opportunity to truly relaunch our<br />

national boat, which has been moored<br />

too long in a muddy, smelly swamp.<br />

It should have been a year of renewal<br />

for <strong>Haiti</strong>, a new birth for our country<br />

where everything would be redesigned.<br />

Instead, on this second anniversary,<br />

we are asking where is the money<br />

raised by donor nations for <strong>Haiti</strong>’s<br />

reconstruction? When are so many of<br />

the quake’s victims going to be able<br />

to move out of their tents? Why is<br />

the reconstruction process moving so<br />

slowly?<br />

Shortly after the earthquake, the<br />

government of President René Préval<br />

and Prime Minister Jean-Max Bellerive,<br />

overwhelmed by the apocalyptic damage,<br />

decreed an emergency period to<br />

allow all kinds of distributions to the<br />

people who had moved into makeshift<br />

camps. Throughout this period, the<br />

number of NGOs providing aid to victims<br />

increased from 4000 to 10,000 in<br />

2010, former Prime Minister Jean-Max<br />

Bellerive said during a press briefing.<br />

After the emergency period, the<br />

government proceeded with the creation<br />

of a commission to raise funds for<br />

reconstruction. This was the mission of<br />

the Interim <strong>Haiti</strong> Recovery Commission<br />

(IHRC), co-chaired by Bellerive and<br />

former President of the United States,<br />

Bill Clinton.<br />

The evidence is overwhelming<br />

that this commission was a dismal<br />

failure, having been concocted entirely<br />

by foreigners who have absolutely no<br />

clue about <strong>Haiti</strong>an realities and who, in<br />

the process, transformed <strong>Haiti</strong> into a<br />

Republic of NGOs, which are sprouting<br />

up everywhere in order to divert funds<br />

from what be should be true reconstruction<br />

projects for the quake victims.<br />

Abetted by the laxity of the<br />

<strong>Haiti</strong>an authorities, international organizations<br />

are given free rein to do<br />

whatever they like, wasting funds for<br />

which they bear no accountability,<br />

because the <strong>Haiti</strong>an government has<br />

no power to control the wild expenses<br />

that ultimately result in the building of<br />

miserable shelters that only demean<br />

the earthquake victims. It is an unprecedented<br />

affront to the motherland and<br />

to all the <strong>Haiti</strong>an people, who have for<br />

too long desired just to lead a decent<br />

life. There is “no evidence of transparency<br />

in what the NGOs do on the<br />

ground,” said the National Network for<br />

the Defense of Human Rights (RND-<br />

DH) during a press conference on the<br />

quake’s two years anniversary. “They<br />

implement projects that have not been<br />

developed with the participation of the<br />

victims.”<br />

In 2012, the quake victims’ cry<br />

is still very piercing given the lack of<br />

service provided by post-earthquake<br />

assistance. The international community<br />

has reportedly “disbursed” about<br />

half of $4.5 billion in aid promised at<br />

the March 2010 UN Donors Conference.<br />

what has really been done with<br />

this money?<br />

In 2010, the Préval/ Bellerive<br />

government ordered tents and plastic<br />

sheeting to help people deal with the<br />

rainy season. But there was never a<br />

real policy to create and rebuild housing<br />

for the thousands of homeless<br />

people to return with dignity in their<br />

neighborhoods of origin. Apart from<br />

the debris collected from large public<br />

buildings that fell in the earthquake,<br />

$50 million had already disbursed by<br />

the Treasury to begin reconstruction<br />

work in the area of Fort National. But<br />

it still remains in disrepair, and most<br />

families displaced from there by the<br />

earthquake are still crammed into<br />

tents on the Champ de Mars in very<br />

poor conditions.<br />

Throughout <strong>Haiti</strong>, there is a<br />

problem of employment. Sometimes<br />

authorities have given 20 or 21 thousand<br />

gourdes ($500 or $525) to a<br />

homeless person with no job, but a<br />

year later those people find themselves<br />

in the same situation after having paid<br />

a year’s rent. “There are never any<br />

concrete results where NGOs intervene,”<br />

says Rosemond Jean, the coordinator<br />

of the citizens’ group CONA-<br />

SOVIC. “For if they actually provided<br />

solutions to the <strong>Haiti</strong>an people’s problems,<br />

there would come a time when<br />

we would no longer needs these NGOs,<br />

yet their goal is to stay permanently<br />

and suck the breast” of development<br />

and relief aid. He proposes a national<br />

consciousness, a redefinition of the<br />

mode of cooperation with international<br />

groups to curb the waste of these<br />

NGOs that have long displaced the role<br />

of our own institutions, including the<br />

state in particular. It is clear that the<br />

lack of effort by NGOs with their missing<br />

millions has left us with camps<br />

lacking health facilities, electricity, or<br />

drinking water supplies to prevent the<br />

spread of the cholera epidemic imported<br />

by UN soldiers ten months after the<br />

earthquake.<br />

Two years later, despite the call<br />

by both <strong>Haiti</strong>an and international partners<br />

to “build back better” a new <strong>Haiti</strong>,<br />

it is clear that nothing really concrete<br />

has yet been done to get people<br />

out of the dirty tents they still live in. It<br />

seems that here in <strong>Haiti</strong>, every project<br />

that is provisional becomes long-term,<br />

if not final.<br />

<strong>Haiti</strong> Liberté reporters conducted<br />

interviews with earthquake<br />

victims still living in camps and found<br />

them hungry for social justice, for the<br />

freedom that we find when we have<br />

a chance to work. They needed basic<br />

social services including education,<br />

healthcare, food security, employment,<br />

in short, well-being. “We’ve<br />

lived in this camp since just after the<br />

earthquake,” said Rose Carmelle, a<br />

33-year-old woman living in Pétion-<br />

Ville’s St. Thérèse camp. “We used to<br />

find a little something when we first<br />

came to this camp. But for some time<br />

now, we’ve received nothing. The<br />

authorities don’t even glance at us.<br />

We just struggle so that our children<br />

don’t die of hunger.”<br />

“We no longer have the strength<br />

to continue in this misery,” said her<br />

friend, Mariela, with an air of desperation.<br />

“We lack almost everything<br />

here. Not enough food, no treated<br />

water for young children, we are left<br />

on our own, and there are no jobs<br />

which would allow us to take care of<br />

ourselves. We do pray every day for<br />

a miracle.” Some speak with anger,<br />

while others stand back, afraid to approach<br />

the microphone.<br />

On Jan. 12, 2012, many events<br />

across the country commemorated the<br />

quake’s second anniversary. Some<br />

voices demanded that light be shed on<br />

how funds have been disbursed for reconstruction.<br />

This was the call in a Jan.<br />

11 demonstration organized by more<br />

than a dozen social organizations led<br />

by the platform “Je nan Je” (Eye to<br />

Eye), headed by the NGO ActionAid.<br />

They clearly raised the issue of housing<br />

with placards and consciousnessraising<br />

slogans. Thousands of people<br />

took part in this mobilization, which<br />

ended its march at the <strong>Haiti</strong>an Parliament<br />

where a document with people’s<br />

grievances was presented to representatives<br />

of the National Assembly.<br />

Meanwhile <strong>Haiti</strong>’s Muslim community<br />

also observed the second anniversary<br />

in its own way. In a warm<br />

atmosphere, the Muslim Brotherhood<br />

joined with representatives of the <strong>Haiti</strong>’s<br />

Islamic community to pray for and<br />

commemorate the quake’s victims.<br />

It is rather sad, if not a national<br />

disgrace, that <strong>Haiti</strong> has failed to erect<br />

a monument to the memory of the<br />

quake’s dead, while our neighbors, the<br />

Dominicans, despite the troubles that<br />

still exist along the border, have succeeded<br />

in such a short time in building<br />

the new and prestigious King Henri<br />

Christophe University campus in the<br />

north. The school’s keys were handed<br />

over to the <strong>Haiti</strong>an government officially<br />

on Jan. 12, 2012 in an inaugural<br />

ceremony.<br />

Two years later, the earthquake’s<br />

damage is still seen everywhere. Tens<br />

of thousands in tents wade through<br />

mud and filth, without food. Two years<br />

under the stars. There remains no privacy.<br />

Our girls must bathe in the street.<br />

They fight to stay alive, and are often<br />

sexually assaulted. Two years later, the<br />

displaced population is still exposed to<br />

wind, sun and rain.<br />

The overriding question remains:<br />

Where are the funds allocated for the<br />

reconstruction process in <strong>Haiti</strong> two<br />

years after the disaster?<br />

<strong>Haiti</strong> has not yet brought<br />

Jean-Claude Duvalier<br />

to justice<br />

Former <strong>Haiti</strong>an dictator Jean-Claude Duvalier returned to <strong>Haiti</strong> one year<br />

ago but has not yet been prosecuted for his government’s crimes against<br />

humanity or embezzling hundreds of millions of dollars from the<br />

<strong>Haiti</strong>an treasury<br />

By Amnesty International<br />

Former <strong>Haiti</strong>an president Jean-Claude<br />

“Baby Doc” Duvalier continues to<br />

evade justice, one year after authorities<br />

launched an investigation into crimes<br />

against humanity committed under his<br />

rule, Amnesty International said on Jan.<br />

16.<br />

Duvalier returned to <strong>Haiti</strong> on Jan.<br />

16, 2011, after 25 years in exile in France.<br />

Since then, he has been under investigation<br />

for serious human rights violations<br />

– including torture, disappearances<br />

and extrajudicial executions – that took<br />

place during his rule from 1971 to 1986.<br />

“Crimes against humanity committed<br />

while Jean-Claude Duvalier was<br />

in power remain shrouded in total impunity,”<br />

said Javier Zúñiga, Special Advisor<br />

at Amnesty International.<br />

“The authorities haven’t made a<br />

serious effort to look into past events that<br />

afflicted a generation of <strong>Haiti</strong>ans with<br />

torture, enforced disappearance, extrajudicial<br />

executions, arbitrary arrests and<br />

other serious human rights violations.”<br />

Regional and international human<br />

rights bodies including the Inter-American<br />

Commission on Human Rights and the<br />

UN Office of the High Commissioner on<br />

Human Rights have re-affirmed <strong>Haiti</strong>’s<br />

obligation to investigate these crimes and<br />

bring those responsible to justice.<br />

<strong>Haiti</strong>’s Justice Minister recently<br />

committed to tackling impunity for crimes<br />

committed since 2000, although this<br />

would not cover crimes committed under<br />

Duvalier’s rule.<br />

The investigation has also been undermined<br />

by repeated personnel changes<br />

in the post of Public Prosecutor – who<br />

makes critical decisions about how the<br />

investigation into Duvalier progresses –<br />

since current <strong>Haiti</strong>an President Michel<br />

Martelly took office in May 2011.<br />

At the end of September 2011,<br />

Public Prosecutor Félix Léger told Amnesty<br />

International that the file on Duvalier’s<br />

investigation for crimes against humanity<br />

had already been submitted to his office in<br />

July and that a task force would be created<br />

to examine the investigation’s findings<br />

and determine the next steps.<br />

Félix Léger was replaced as Public<br />

Prosecutor in October and since then his<br />

position has been filled by three different<br />

people. René Cénatus, the most recent appointee<br />

to the post, took office on Jan. 4,<br />

2012.<br />

“The investigation seems to have<br />

deliberately stalled by changing Public<br />

Prosecutors multiple times,” said Javier<br />

Zúñiga.<br />

“It has become evident that in<br />

<strong>Haiti</strong>, the independence of the judiciary<br />

is just a mirage.”<br />

<strong>Haiti</strong>an authorities at the highest<br />

level have until now shown great leniency<br />

towards Jean-Claude Duvalier, while<br />

showing contempt to the victims of human<br />

rights violations who continue to<br />

await justice and reparation.<br />

Despite being assigned to his<br />

residence during the investigation, Jean-<br />

Claude Duvalier continues to take part in<br />

public events accompanied by his lawyers<br />

and supporters.<br />

In October, President Martelly paid<br />

a highly publicized visit to Duvalier’s<br />

home, under the pretext of national reconciliation.<br />

Duvalier took also part in an<br />

official ceremony this month to commemorate<br />

the second anniversary of <strong>Haiti</strong>’s<br />

earthquake.<br />

“The <strong>Haiti</strong>an government must<br />

end this pretense of justice and take a<br />

clear, public stance on the case against<br />

Jean-Claude Duvalier,” said Javier Zúñiga.<br />

“<strong>Haiti</strong>an judicial authorities must<br />

be given all the resources and support -<br />

including from the UN – they need to conclude<br />

the investigation and bring those<br />

responsible to justice in trials that meet<br />

international standards.”<br />

In September 2011, Amnesty International<br />

published You cannot kill the<br />

truth: The case against Jean-Claude Duvalier,<br />

a report that revisits the organization’s<br />

previous research on widespread<br />

and systematic human rights abuses committed<br />

in <strong>Haiti</strong> in the 1970s and 1980s.<br />

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Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 9


Voil<strong>à</strong> sept mois qu’Alassane Ouattara,<br />

soutenu par la « communauté<br />

internationale », est devenu le président<br />

de la Côte d’Ivoire au détriment<br />

de Laurent Gbagbo et au terme d’une<br />

crise qui aura vu le pays se déchirer.<br />

Si l’inculpation de Gbagbo par la CPI<br />

a été largement médiatisée, la situation<br />

en Côte d’Ivoire est passée sous<br />

silence. L’ordre et la tranquillité sont<br />

pourtant loin d’être revenus comme<br />

le remarque le professeur Dedy Sery.<br />

Il pointe un bilan désastreux et condamne<br />

la recolonisation du pays par<br />

la France. (IGA). Interview réalisée<br />

par Camus Ali<br />

Par Ali Camus<br />

Ali Camus :<br />

Alassane Ouattara est président<br />

depuis sept mois. Comment se portent<br />

les Ivoiriens ?<br />

Dédi Séry :<br />

Aussi paradoxal que cela puisse paraître,<br />

les Ivoiriens dont la communauté<br />

internationale prétend qu’ils ont rejeté<br />

Laurent Gbagbo <strong>à</strong> l’issue du scrutin<br />

du 28 novembre 2010, regrettent ce<br />

dernier, au grand dam des soutiens<br />

extérieurs de Ouattara, le vainqueur.<br />

Ceci indique clairement que l’Occident<br />

a échoué. Et que le vrai vainqueur,<br />

c’est Laurent Gbagbo. Mais le drame<br />

de la Côte d’Ivoire est que les grands<br />

de ce monde ne peuvent pas et ne<br />

veulent nullement se déjuger, par arrogance.<br />

Sinon comment comprendre<br />

Laurent Gbagbo arrêté par la<br />

France et déporté <strong>à</strong> Korhogo puis <strong>à</strong><br />

La Haye<br />

totalisant 704 jours d’inactivité, de<br />

2003 <strong>à</strong> 2010, sous Laurent Gbagbo,<br />

préfèrent aujourd’hui ne rien dire, ne<br />

rien entendre et ne rien voir. Cela veut<br />

dire qu’ils ont peur mais nous sommes<br />

d’accord que cette peur n’est pas<br />

un hommage rendu <strong>à</strong> Ouattara. C’est<br />

plutôt <strong>à</strong> Laurent Gbagbo que l’on<br />

rend hommage, lui qui apparaît ainsi<br />

comme le chef permissif et démocrate<br />

par excellence. Ajoutons <strong>à</strong> cela un fait<br />

gravissime qui ne suscite, curieusement,<br />

aucune indignation de la part<br />

des soutiens extérieurs du nouveau<br />

régime : le pillage et la fermeture<br />

des Universités publiques de Cocody<br />

et d’Abobo-Adjamé, pour deux ans.<br />

Cela a pour conséquence un manque<br />

<strong>à</strong> gagner se chiffrant <strong>à</strong> 900 Doctorats,<br />

avec 77 000 étudiants jetés <strong>à</strong> la<br />

rue, sans compter 3 générations de<br />

bacheliers non inscrits et contraints <strong>à</strong><br />

Ivoiriens (octobre-décembre 2001),<br />

Laurent Gbagbo avait fait rentrer<br />

d’exil ses principaux adversaires<br />

politiques de l’époque : Ouattara,<br />

Bédié, Guéï. Mais <strong>à</strong> son tour, Ouattara<br />

entend réconcilier «ses compatriotes»<br />

sans Laurent Gbagbo et ses<br />

partisans qui représentent pourtant<br />

au moins 46% de la population si je<br />

m’en tiens au résultat de la communauté<br />

internationale. C’est dire qu’on<br />

est en présence d’une réconciliation<br />

non-inclusive de la part d’un leader<br />

qui a été soutenu par les puissances<br />

extérieures parce qu’il était victime de<br />

pratiques d’exclusion de type «ivoiritaire».<br />

Ouattara vient même de faire<br />

extrader son «frère Laurent Gbagbo»<br />

<strong>à</strong> La Haye, non pas <strong>à</strong> la demande de<br />

ses «compatriotes ivoiriens», mais<br />

sur injonction de Paris : peu avant<br />

cette déportation, le ministre français<br />

des Droits de l’Homme estimait que<br />

la réconciliation des Ivoiriens passaient<br />

par l’extradition de «son frère<br />

Laurent Gbagbo». Est-ce ainsi qu’on<br />

traite un frère ? Est-ce ainsi qu’on<br />

doit désormais traiter les frères ?<br />

Autant de questions qui incitent les<br />

compatriotes de Ouattara <strong>à</strong> dire qu’il<br />

veut toujours une chose et son contraire.<br />

Voil<strong>à</strong> pourquoi ils ont du mal<br />

<strong>à</strong> le suivre. J’en veux pour preuve les<br />

cris de désapprobation qui ont surgi<br />

et continuent de secouer cette coalition<br />

<strong>à</strong> propos de la déportation d’un<br />

frère : Djédjé Mady, président du Directoire<br />

dudit RHDP [4] a parlé d’une<br />

«déchirure profonde dans le tissu na-<br />

Depuis l’avènement de Ouattara, la vie des Ivoiriens sombre dans la<br />

précarité : il y a environ 2 000 000 de réfugiés/déplacés ; près de 200 000<br />

personnes ayant perdu leur emploi ; 400 hauts cadres FPI/CNRD meurent<br />

de faim depuis le gel de leurs avoirs bancaires<br />

Les Ivoiriens expérimenten<br />

sans pré<br />

que ces grands dirigeants de grande<br />

tradition démocratique, assistent sans<br />

broncher au recul de l’Etat de Droit<br />

dans un pays comme la Côte d’Ivoire<br />

qu’on prétend avoir remis sur les rails<br />

de la démocratie ? Comment ces dirigeants<br />

peuvent-ils tolérer que des<br />

«forces indisciplinées et incontrôlées»<br />

– c’est le terme de Ban-Ki Moon luimême<br />

– puissent contrôler une armée<br />

républicaine qui crée l’insécurité, au<br />

point que ces mêmes soutiens extérieurs<br />

délocalisent leur Ambassade<br />

<strong>à</strong> Dakar ou <strong>à</strong> Accra ou déconseillent<br />

carrément la destination Côte d’Ivoire<br />

<strong>à</strong> leurs ressortissants ? Est-il rationnel<br />

et politiquement correct que des<br />

démocraties comme la France et les<br />

Etats-Unis puissent soutenir, sur la<br />

place publique et en ce début de XX-<br />

Ième siècle, un système politique qui<br />

rappelle si étrangement la féodalité<br />

du Moyen Age avec ses seigneurs<br />

et vassaux unis davantage par des<br />

liens tribaux que par des règles impersonnelles<br />

? En effet, chaque village,<br />

chaque quartier, du Nord au Sud<br />

et d’Est en Ouest de la Côte d’Ivoire,<br />

est aujourd’hui militairement occupé<br />

par des Dozos/FRCI [1]venus de la<br />

CEDEAO 2], qui tuent et dévastent<br />

tout sur leur passage, depuis sept<br />

mois. Impunément ! Au vu et au su<br />

des forces Licorne/ONUCI et des ONG<br />

de défense des Droits de l’Homme.<br />

Tout simplement parce que les victimes<br />

sont des pro-Gbagbo. Outre ce<br />

problème sécuritaire, il faut noter que<br />

la cote de l’économiste Ouattara est<br />

aujourd’hui bien plus pauvre que celle<br />

de l’historien Laurent Gbagbo. Depuis<br />

l’avènement de Ouattara, la vie des<br />

Ivoiriens sombre dans la précarité : il<br />

y a environ 2 000 000 de réfugiés/<br />

déplacés ; près de 200 000 personnes<br />

ayant perdu leur emploi ; 400 hauts<br />

cadres FPI/CNRD meurent de faim<br />

depuis le gel de leurs avoirs bancaires<br />

; il y a des dizaines de prisonniers politiques<br />

qui croupissent dans les geôles<br />

du régime des vainqueurs, avec la<br />

caution des grandes puissances de ce<br />

monde ; les prix des denrées alimentaires<br />

flambent ; les syndicats qui ont<br />

organisé 116 mouvements de grève<br />

l’oisiveté. Depuis la disparition de Félix<br />

Houphouët-Boigny, c’est la toute<br />

première fois que les Ivoiriens expérimentent<br />

de telles dérives totalitaires.<br />

Sur le plan institutionnel,<br />

l’Assemblée Nationale a été dissoute<br />

de fait et les Députés jetés <strong>à</strong> la rue,<br />

sans émoluments depuis le 11 avril<br />

2011. Les organisations de défense<br />

des Droits de l’Homme ont fermé les<br />

yeux l<strong>à</strong>-dessus, tout comme elles ont<br />

cautionné un découpage électoral des<br />

plus iniques et des plus ethnocentriques,<br />

la configuration tout aussi<br />

tribale de la CEI [3], les nominations<br />

illégales au Conseil constitutionnel,<br />

etc. Sur cette base, je puis dire que<br />

depuis sept mois, les Ivoiriens se portent<br />

très mal alors qu’on leur avait<br />

promis le bonheur dans la paix et la<br />

quiétude devant l’avenir.<br />

Ali Camus :<br />

Beaucoup présentent Alassane Ouattara<br />

comme un monstre froid et cynique.<br />

Comment vous, vous le décrivez<br />

?<br />

Dédi Séry :<br />

Pour avoir suivi la campagne électorale<br />

de Ouattara, mais aussi pour avoir<br />

suivi ses discours depuis l’arrestation<br />

de Laurent Gbagbo par la France et<br />

sa déportation <strong>à</strong> Korhogo puis <strong>à</strong> La<br />

Haye, je sais que le Chef de l’Etat<br />

actuel affectionne les expressions<br />

de type «mon pays», «mes compatriotes»,<br />

«mon frère Laurent Gbagbo».<br />

Mais entre le dire et le faire, je note un<br />

gouffre consternant. D’après les ONG<br />

internationales qui sont généralement<br />

pro-Ouattara, les Dozos et FRCI ont<br />

tué et continuent de tuer des milliers<br />

de pro-Gbagbo, c’est-dire les compatriotes<br />

de Ouattara ; mieux, parmi les<br />

milices et FRCI qui ont déferlé sur la<br />

partie Sud de la Côte d’Ivoire <strong>à</strong> partir<br />

du 17 mars 2011, on dénombre<br />

des gens venus de presque tous les<br />

pays de la CEDEAO. Ce qui donne <strong>à</strong><br />

la Côte d’Ivoire, l’image d’un pays<br />

occupé et en voie de recolonisation<br />

par la sous-région. Voil<strong>à</strong> ma première<br />

observation. La deuxième concerne la<br />

problématique de la réconciliation. On<br />

se souvient que pour réconcilier les<br />

tional».<br />

Ali Camus :<br />

Que répondez-vous <strong>à</strong> ceux qui disent<br />

que la France dirige la Côte d’Ivoire<br />

avec Ouattara comme homme de<br />

mains ?<br />

Dédi Séry :<br />

Cela est une évidence. Ouattara a<br />

demandé <strong>à</strong> la France de maintenir<br />

la Force Licorne sur le sol ivoirien<br />

aussi longtemps qu’il restera au pouvoir,<br />

contrairement <strong>à</strong> la position de<br />

Laurent Gbagbo qui, lui, avait demandé<br />

le départ de la base militaire<br />

française de la Côte d’Ivoire. Or une<br />

présence militaire étrangère dans un<br />

pays indépendant n’est rien d’autre<br />

que l’expression d’un assujettissement<br />

politique. Si <strong>à</strong> cela vous ajoutez<br />

l’assujettissement économique en<br />

termes d’endettement, de contrats de<br />

gré <strong>à</strong> gré, de bradage des ressources<br />

stratégiques, vous obtenez non pas la<br />

domination mais l’esclavage. En effet,<br />

François Fillon a révélé, le 14 juillet<br />

2011, que c’est la France qui paye<br />

les fonctionnaires ivoiriens ! Du jamais<br />

vu sous Laurent Gbagbo dont le<br />

pays était pourtant coupé en deux et<br />

qui avait des raisons objectives de ne<br />

pas pouvoir payer les fonctionnaires<br />

ivoiriens. Une confidence : de 1960<br />

jusqu’en 1979, 80% des conseillers<br />

techniques au sommet de l’Etat ivoirien<br />

étaient des expatriés français.<br />

De juin 1980 jusqu’au 11 avril 2011,<br />

ce sont les Ivoiriens eux-mêmes qui<br />

ont géré leurs propres affaires dans<br />

les différents cabinets ministériels. Ce<br />

que nous constatons donc depuis la<br />

chute du régime de Laurent Gbagbo,<br />

c’est bien le retour massif de ces expatriés<br />

pour la recolonisation de la<br />

Côte d’Ivoire.<br />

Ali Camus :<br />

Il paraît que Ouattara a donné l’ordre<br />

aux chasseurs Dozos et <strong>à</strong> ses milices<br />

de dégager les rues. A-t-il les moyens<br />

de chasser ceux qui l’ont porté au<br />

pouvoir ?<br />

Dédi Séry :<br />

Je réponds <strong>à</strong> cette question par la négative<br />

et les preuves ne manquent<br />

Ouattara a demandé <strong>à</strong> la France de maintenir la Force Licorne sur le<br />

sol ivoirien aussi longtemps qu’il restera au pouvoir, contrairement <strong>à</strong> la<br />

position de Laurent Gbagbo qui, lui, avait demandé le départ de la base<br />

militaire française de la Côte d’Ivoire<br />

pas pour démontrer que Ouattara n’a pas<br />

les moyens de chasser les Dozos/FRCI qui<br />

l’ont porté au pouvoir. Ces derniers, une<br />

catégorie particulière de Forces Républicaines,<br />

défient tous les jours leurs chefs,<br />

indiquant qu’ils ne quitteront la rue ou<br />

qu’ils continueront le trouble dans les villages,<br />

hameaux et quartiers du pays aussi<br />

longtemps que Ouattara ne leur donnera<br />

pas leur part du butin de guerre : il leur<br />

aurait promis 5 000 000 de FCFA par<br />

combattant, des villas ou des véhicules,<br />

promesses qui tardent <strong>à</strong> se concrétiser<br />

dans leurs mains. D’où les slogans hostiles<br />

<strong>à</strong> l’endroit du pouvoir actuel. On<br />

peut donc dire qu’<strong>à</strong> chaque catégorie<br />

socioprofessionnelle et <strong>à</strong> chaque époque<br />

ses prisonniers. La population ivoirienne<br />

est otage des Dozos/FRCI ; le gouvernement<br />

actuel est prisonnier des Dozos/FRCI<br />

; ce même régime dépend de ses appuis<br />

extérieurs ; lesquels appuis extérieurs<br />

dépendent de leurs contribuables respectifs<br />

en cette période de crise économique<br />

et financière sévère (…). Tout est dans<br />

le tout. Et c’est cet enchevêtrement des<br />

choses qui passionne les observateurs<br />

nationaux et internationaux de la scène<br />

politique ivoirienne.<br />

Ali Camus :<br />

La peur de se retrouver aussi un jour <strong>à</strong> La<br />

Haye ne va-t-elle pas pousser Ouattara et<br />

ses seigneurs de guerre <strong>à</strong> s’éterniser au<br />

pouvoir ?<br />

Dédi Séry :<br />

S’éterniser au pouvoir pour échapper <strong>à</strong><br />

la rigueur de la CPI ?<br />

C’est possible. C’est<br />

aussi légitime, humainement<br />

parlant.<br />

Mais je me demande<br />

si la longévité politique<br />

d’un système<br />

dépend forcément et<br />

toujours de la volonté<br />

de ses dirigeants.<br />

Cependant, j’avoue<br />

que votre question<br />

est quelque part judicieuse<br />

dans la mesure<br />

où près de la moitié Le professeu<br />

des ministres du gouvernement<br />

Ouattara-<br />

Soro viennent de se donner une carapace<br />

d’immunité parlementaire en se faisant<br />

élire Députés lors de la dernière mascarade<br />

électorale du 11 décembre 2011. Mais ce<br />

parapluie me paraît d’une extrême fragilité<br />

au regard de l’humiliation que les Députés<br />

de la dernière législature ont vécue : avec<br />

(…) l’arrestation du Président Gbagbo le<br />

10<br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012


Les supporteurs de l’ex-président Laurent Gbagbo <strong>à</strong> La Haye<br />

des anti-Gbagbo. Or, tout effort de<br />

paix authentique de la part d’un médiateur<br />

s’inscrit obligatoirement dans<br />

l’impartialité et la neutralité… On<br />

observe cela chez les animaux non<br />

humains, notamment les gorilles, on<br />

l’observe tout naturellement chez les<br />

animaux humains, qui ont la prétention<br />

d’être plus éthique que les grands<br />

singes. L’exemple de Desmond Tutu<br />

en Afrique du Sud est l<strong>à</strong> pour le prouver.<br />

Ali Camus :<br />

On a encore en mémoire l’économiste<br />

en pleine campagne qui construira<br />

une université chaque année, des<br />

hôpitaux… Vous le croyez encore ?<br />

Dédi Séry :<br />

Eh oui ! La période de la campagne<br />

électorale est terminée, bien loin derrière<br />

nous ! Le camp Ouattara avait<br />

promis, dans le plus pur style démagogique,<br />

beaucoup plus de choses<br />

que possible. Il l’a fait tout simplement<br />

parce qu’il voulait se donner de<br />

la consistance aux yeux de l’opinion.<br />

C’est dans cette logique publicitaire<br />

qu’il a promis une Université et des<br />

hôpitaux chaque année. Mais on<br />

notera que l’économiste Ouattara<br />

n’a pas indiqué préalablement le lieu<br />

d’implantation de ces infrastructures<br />

culturelles et sociales alors qu’il envisageait<br />

une politique de décentralisation.<br />

Lui qui disait en 2000 que le<br />

système d’Assurance Maladie Universel<br />

proposé par Laurent Gbagbo<br />

était dangereux parce que coûteux, a<br />

Alassane Ouattara le président<br />

de la Côte d’Ivoire imposé par la<br />

Communauté Internationale<br />

preuve que sans l’affaiblissement forcené<br />

d’un parti redoutable comme le<br />

FPI [5], le RDR [6] n’aura jamais le<br />

sommeil tranquille parce qu’il redoute<br />

les joutes démocratiques. Il ne peut<br />

pas durer sans la violence. Ce qu’il<br />

faut au RDR, c’est moins un contexte<br />

de lutte institutionnelle, <strong>à</strong> armes<br />

égales, qu’une dictature ou système<br />

oligarchique, comme c’est le cas<br />

aujourd’hui. Le contexte que nous vivons<br />

est celui d’une dictature qui dépasse<br />

de très loin le système de parti<br />

unique sous Félix Houphouët-Boigny.<br />

Les historiens diront que Houphouët-<br />

Boigny avait besoin de moins de kalachnikov<br />

et de matraques pour imposer<br />

sa dictature <strong>à</strong> une population<br />

quasiment analphabète et en contexte<br />

de guerre froide. Aujourd’hui,<br />

les héritiers du père de la Nation, pour<br />

répondre aux tenants de la boulimie<br />

Ouattara parce qu’il n’est pas Gbagbo,<br />

leur ennemi juré. Voil<strong>à</strong> pourquoi<br />

les soutiens extérieurs de Ouattara<br />

se contentent de «soupirs diplomatiques»<br />

face aux dérives totalitaires<br />

de leur homme. Sans conséquence<br />

aucune pour le régime qu’ils ont mis<br />

en place. J’appelle «soupirs diplomatiques»,<br />

les mesures hypocrites qui<br />

consistent, par exemple, <strong>à</strong> délocaliser<br />

une Ambassade ou <strong>à</strong> déconseiller <strong>à</strong><br />

des ressortissants la destination Côte<br />

d’Ivoire. Ce sont l<strong>à</strong> des mesures en<br />

trompe l’œil, donc complaisantes<br />

qui montrent le degré d’hostilité de<br />

la Droite Occidentale vis-<strong>à</strong>-vis des<br />

dirigeants «d’Outre Mer» peu accommodants.<br />

Entre «ces mesures» et les<br />

différents embargos économiques,<br />

financiers et pharmaceutiques contre<br />

le peuple ivoirien et ses dirigeants,<br />

en décembre 2010 – janvier 2011, il<br />

n’y a aucune comparaison possible.<br />

C’est un racisme idéologique qui s’est<br />

surajouté au racisme biologique dont<br />

souffre le monde non occidental,<br />

depuis le XVIème siècle.<br />

Ali Camus :<br />

Ouattara veut 13.000 milliards pour<br />

reconstruire la Côte d’Ivoire l<strong>à</strong> où<br />

Gbagbo refusait l’aide. Qu’est-ce qui<br />

fait la singularité de Laurent Gbagbo ?<br />

Dédi Séry :<br />

Laurent Gbagbo est l’enfant du peuple<br />

ivoirien. Il aime son peuple et son<br />

peuple l’aime. Et c’est parce qu’il aime<br />

son peuple qu’il est foncièrement<br />

souverainiste, c’est-<strong>à</strong>-dire un dirige-<br />

t des dérives totalitaires<br />

cédent !<br />

Les Nations unies tuent et dévastent tout sur leur passage, depuis sept<br />

mois. Impunément ! Au vu et au su des forces Licorne/ONUCI et des ONG<br />

de défense des Droits de l’Homme. Tout simplement parce que les victimes<br />

sont des pro-Gbagbo<br />

11 avril 2011, l’Assemblée Nationale n’at-elle<br />

pas été dissoute de fait en violation<br />

de la Constitution ? Des Députés comme<br />

Simone Ehivet-Gbagbo n’ont-ils pas été<br />

jetés en prison alors qu’ils bénéficiaient<br />

d’une immunité ? L’histoire est une école<br />

de la prudence et de la<br />

circonspection. C’est<br />

pourquoi, <strong>à</strong> mon avis,<br />

l’on ne doit pas faire<br />

<strong>à</strong> autrui ce qu’on ne<br />

souhaite pas pour soimême.<br />

Ali Camus :<br />

Pour Guillaume Soro,<br />

le manque de repentance<br />

serait le point<br />

clé du transfèrement<br />

du président Laurent<br />

r Dédi Séry Gbagbo <strong>à</strong> La Haye.<br />

Que lui répondezvous<br />

?<br />

Dédi Séry :<br />

Cette déclaration de Guillaume Soro est<br />

la preuve même d’une collusion entre le<br />

régime actuel et sa justice, la justice des<br />

vainqueurs. Et quand bien même ce ne<br />

serait pas le cas, le Premier ministre Soro<br />

n’est pas bien placé pour parler de repentance.<br />

Et puis si repentance il doit y avoir,<br />

qui doit le faire et dans quelle circonstance<br />

? En effet, qui dit repentance dit procès.<br />

Mais peut-il y avoir procès sans toutes<br />

les parties au conflit ? Voyez-vous, par<br />

arrogance et par manque d’humilité, on<br />

avance des propos qui se liguent contre<br />

le bon sens.<br />

Ali Camus :<br />

Charles Konan Banny n’a toujours pas<br />

démissionné de la commission vérité réconciliation<br />

…<br />

Dédi Séry :<br />

Si Charles Konan Banny n’a pas démissionné,<br />

c’est tout simplement parce qu’il<br />

se sent bien dans sa peau l<strong>à</strong> où il est. Il<br />

pouvait bien démissionner s’il ne partageait<br />

pas la conception de la réconciliation<br />

version Ouattara. Celle-ci consiste<br />

<strong>à</strong> ouvrir des procès, <strong>à</strong> condamner et <strong>à</strong><br />

réconcilier de façon concomitante, dans<br />

une perspective de justice des vainqueurs<br />

<strong>à</strong> la Nuremberg. Je suis convaincu qu’il<br />

ne réussira jamais sa mission aussi longtemps<br />

que les vainqueurs continueront de<br />

tuer, d’emprisonner, disons d’animaliser<br />

les pro-Gbagbo. Et puis, une question<br />

d’ordre purement éthique me rend pessimiste<br />

quant <strong>à</strong> ses chances de réussite<br />

dans la mission qui est la sienne. Charles<br />

Konan Banny fait partie de la galaxie<br />

pu promettre des hôpitaux et des Universités<br />

chaque année. Contradiction.<br />

Beaucoup de gens, surtout les analphabètes<br />

ont un moment accordé du<br />

crédit <strong>à</strong> ces promesses démagogiques,<br />

par ignorance. Et voici que la réalité<br />

est beaucoup plus dramatique pour<br />

le camp Ouattara. Mais se rendant<br />

compte qu’il n’a même pas encore<br />

achevé la construction de la clôture<br />

de l’Université de Cocody, il envisage<br />

de saucissonner la pauvre Université,<br />

aujourd’hui entièrement saccagée. Du<br />

chapeau du prestidigitateur sortiront<br />

quatre Universités pour montrer<br />

qu’on aura réalisé ce qu’on a prévu.<br />

On tend ici vers une situation cocasse<br />

: sur ces ruines, on fera de chaque<br />

groupe d’UFR une Université : une<br />

Université de Sciences juridiques et<br />

Economiques ; une Université de Sciences<br />

et Techniques ; une Université<br />

de Lettres et Sciences Humaines ; une<br />

Université des Sciences de la Santé,<br />

etc. En un tour de passe-passe, il aura<br />

réalisé ce qu’il a promis. L<strong>à</strong> encore, il<br />

va marquer contre son propre camp.<br />

Parce que pour créer une Université,<br />

il faut tenir compte de tous les<br />

paramètres de l’environnement, des<br />

aspirations des populations. L<strong>à</strong> où<br />

Laurent Gbagbo voulait décongestionner<br />

Abidjan en faisant construire<br />

une Université dans chaque pôle de<br />

développement régional, l’éminent<br />

économiste veut créer plusieurs Universités<br />

sur les ruines de Cocody.<br />

Comme ça ! Cette perspective n’est<br />

ni plus ni moins qu’un bricolage collectif<br />

et du faux, finalement. Mais un<br />

faux dangereux en tant qu’il crée de<br />

faux espoirs et ne fait pas avancer la<br />

cause du développement équilibré et<br />

durable.<br />

Ali Camus :<br />

Beaucoup d’analystes disent qu’en<br />

bloquant les Avoirs des dignitaires du<br />

FPI et en lançant des mandats d’arrêt<br />

internationaux, l’idée était d’affaiblir<br />

ce parti et par ricochet de se retrouver<br />

seul <strong>à</strong> l’Assemblée. C’est ça aussi<br />

votre avis ?<br />

Dédi Séry :<br />

Je suis d’accord avec vous. C’est la<br />

néolibérale, ont besoin de plus de<br />

moyens anti-démocratiques et déshumanisants<br />

face <strong>à</strong> un peuple ivoirien de<br />

plus en plus intellectualisé, donc plus<br />

exigeant. Mais cette force barbare imposée<br />

<strong>à</strong> la Côte d’Ivoire de 2012 n’a<br />

pas beaucoup de chance de prospérer,<br />

en raison justement de ce capital<br />

intellectuel national. On comprend<br />

pourquoi ce régime s’acharne contre<br />

l’Université. La Côte d’Ivoire est un<br />

petit pays mais qui est sur le point de<br />

rallier <strong>à</strong> sa cause bien des consciences<br />

éprises de liberté et de justice de par le<br />

monde. Je pense plus particulièrement<br />

<strong>à</strong> nos Diasporas africaines (Cameroun,<br />

Togo, Angola, Afrique du Sud,<br />

Ghana, Gambie, etc.) ainsi qu’aux<br />

représentants de la Gauche occidentale<br />

(Jean Ziegler, Michel Galy, Guy<br />

Labertit, Albert Bourgi, etc.).<br />

Ali Camus :<br />

Finalement l’UE comme les Etats-<br />

Unis n’ont pas trouvé bizarre que<br />

Ouattara aille seul aux législatives<br />

avec son groupe politique. Comment<br />

vous l’expliquez ?<br />

Dédi Séry :<br />

Nous sommes dans une logique implacable,<br />

celle des connivences diplomatiques<br />

que l’on constate aussi bien<br />

en amont qu’en aval des crises que<br />

traverse la périphérie du monde capitaliste.<br />

Non seulement tout a été mis<br />

en œuvre par l’UE et les Etats-Unis<br />

pour noircir, diaboliser et renverser<br />

Laurent Gbagbo, tout simplement<br />

parce qu’il n’est pas leur homme,<br />

mais aussi ces soutiens observent<br />

un silence coupable face aux dérives<br />

oligarchiques de leur homme. Ils auraient<br />

parlé de bizarrerie, crié haro sur<br />

le baudet si c’est Laurent Gbagbo qui<br />

était allé seul aux législatives avec<br />

son parti, le FPI. Vous savez, chez<br />

les mondialisateurs, la démocratie<br />

est un système <strong>à</strong> géométrie variable.<br />

Bernard Kouchner ne demandait-il<br />

pas début mars 2011 <strong>à</strong> la Droite Occidentale<br />

de soutenir Hamid Karzaï<br />

quand bien même il serait corrompu,<br />

car «c’est notre homme». De la<br />

même manière, les Etats-Unis, l’UE,<br />

le Canada soutiennent aujourd’hui<br />

ant jaloux de l’indépendance et de la<br />

dignité de son pays. Voil<strong>à</strong> pourquoi<br />

il a horreur de faire endetter cruellement<br />

la Côte d’Ivoire. La dette n’est<br />

rien d’autre qu’un assujettissement<br />

économique qui se transforme, tôt<br />

ou tard, en dépendance politique et<br />

idéologique sur plusieurs générations.<br />

Laurent Gbagbo n’en voulait pas du<br />

tout. C’est pourquoi il ne pouvait pas<br />

être aimé et soutenu par ceux qui<br />

prospèrent <strong>à</strong> partir de l’endettement<br />

massif des pays du Tiers-monde : le<br />

FMI, la Banque Mondiale et tous les<br />

spéculateurs néolibéraux. Et je suis<br />

sûr que c’est son souverainisme qui a<br />

été perçu comme un péché capital et<br />

qui est <strong>à</strong> l’origine de cette haine anti-<br />

Gbagbo. Voyez-vous, la gbagbophilie<br />

a débouché sur les bombardements<br />

du 11 avril 2011. On voit donc que<br />

Ouattara est l’ami naturel du monde<br />

libéral qui ne prospère que sur<br />

l’endettement des pays faibles et sans<br />

défense. Entre Ouattara, le représentant<br />

de la boulimie néolibérale et Laurent<br />

Gbagbo, le porte-drapeau du<br />

socialisme démocratique, donc du<br />

souverainisme, il y a une différence<br />

de nature perceptible <strong>à</strong> travers le traitement<br />

infligé au Woody de Mama <strong>à</strong><br />

l’occasion d’une simple controverse<br />

électorale.<br />

Ali Camus :<br />

Je vous remercie.<br />

Lynx.info, le 6 janvier 2012<br />

NDLR.<br />

1. FRCI. Forces républicaines de<br />

Côte d’Ivoire<br />

2. CEDEAO : Communauté<br />

économique des États de l›Afrique de<br />

l›Ouest.<br />

3. CEI. Commission Electorale<br />

Indépendante<br />

4. RHDP. Rassemblement des<br />

Houphouëtistes pour la Démocratie et<br />

la Paix.<br />

5. FPI . Front populaire ivoirien<br />

6. RDR. Rassemblement des<br />

républicains de Côte d’Ivoire: parti<br />

libéral de Côte d’Ivoire, présidé par<br />

Alassane Ouattara depuis 1999.<br />

Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 11


Perspectives<br />

Guadeloupe : les Communistes appellent<br />

<strong>à</strong> « un rassemblement des forces<br />

patriotiques, <strong>à</strong> l’unité du peuple et la<br />

constitution d’une Autorité Politique »<br />

L’ANC de l'Afrique du Sud<br />

a 100 ans : un bilan du<br />

nationalisme bourgeois<br />

Le PCG prédit qu’en 2012, les difficultés vont s’aggraver et souligne<br />

qu’aucun changement n’est possible sans un « véritable pouvoir politique<br />

Dans une déclaration remise <strong>à</strong> la<br />

presse <strong>à</strong> l’occasion de la nouvelle<br />

année, le Parti Communiste Guadeloupéen<br />

s’est exprimé sur la crise du »<br />

capitalisme mondialisé » en affirmant<br />

que le « projet des communistes d’un<br />

renversement du capitalisme restait<br />

d’actualité.<br />

Analysant la situation sociale<br />

de l<strong>à</strong> Guadeloupe, le PCG prédit qu’en<br />

2012, les difficultés vont s’aggraver<br />

et souligne qu’aucun changement<br />

n’est possible sans un « véritable<br />

pouvoir politique » La conclusion de<br />

ce document prend la forme d’un appel<br />

au rassemblement des organisations<br />

politiques qui luttent contre le<br />

colonialisme français. Il faut rappeler<br />

que depuis déj<strong>à</strong> une année, les communistes<br />

avaient pris l’initiative de<br />

préparer l’organisation des « Assises<br />

des organisations anticolonialistes et<br />

patriotiques, » Plusieurs de ces organisations<br />

patriotiques et nationalistes,<br />

telles que l’UPLG, le Copagua, FKNG<br />

! y travaillent. Le CIPPA qui se définit<br />

comme « anticapitaliste » participe<br />

aussi aux travaux. Selon nos informations,<br />

la phase publique et populaire<br />

de ces « Assisses » est imminente et<br />

devrait se dérouler au cours des semaines<br />

<strong>à</strong> venir. On peut déj<strong>à</strong> penser<br />

que ces « Assises » vont déboucher<br />

pour la première fois en Guadeloupe,<br />

sur la création d’une Autorité Politique<br />

en vue de la conquête du pouvoir !<br />

Nous pourrions faire dans le<br />

politiquement correct en formulant des<br />

vœux de bonheur et de prospérité <strong>à</strong><br />

nos concitoyens et en leur prédisant<br />

Dr. Kesler Dalmacy<br />

1671 New York Ave.<br />

Brooklyn, New York 11226<br />

Tel: 718-434-5345<br />

Le docteur de la<br />

Communauté Haïtienne<br />

<strong>à</strong> New York<br />

que 2012 sera meilleure que 2011,<br />

mais, nous savons que cela ne serait<br />

que des vœux pieux tant l’année<br />

qui s’annonce sera difficile pour les<br />

travailleurs et les peuples du monde<br />

confrontés <strong>à</strong> la férocité d’un système<br />

capitaliste en crise généralisée. Pour<br />

tenter de sauver leur système empêtré<br />

dans ses contradictions insurmontables,<br />

les institutions de la bourgeoisie<br />

capitaliste mondiale, FMI, Banque<br />

Mondiale, OCDE, G8, OMC, OTAN et<br />

autres instances de la mondialisation<br />

capitaliste font payer aux travailleurs,<br />

aux couches populaires, aux peuples<br />

du monde entier le prix de la crise du<br />

capitalisme mondialisé.<br />

Les gouvernements des Etats<br />

capitalistes notamment des Etats‐<br />

Unis et des pays européens mettent<br />

en œuvre <strong>à</strong> l’encontre de leurs peuples<br />

des plans drastiques d’austérité destinés<br />

<strong>à</strong> sauver la mise du capitalisme<br />

financier international de ses propres<br />

turpitudes (licenciement des travailleurs,<br />

compression des salaires, réduction<br />

des droits sociaux, privatisation<br />

et liquidation des services publics,<br />

hausse des impôts et prélèvements,<br />

hausse des prix des biens et services<br />

de première nécessité…).<br />

Dans plusieurs régions du<br />

monde notamment aux Etats‐Unis,<br />

en Europe, dans les pays arabes et<br />

dans les conditions et avec les réalités<br />

qui leurs sont propres, les peuples<br />

avec en première ligne les travailleurs,<br />

les femmes, les jeunes, les étudiants,<br />

s’engagent dans des mouvements de<br />

masse pour combattre les politiques<br />

d’austérité de leurs gouvernements<br />

et mettre un terme <strong>à</strong> l’oppression, <strong>à</strong><br />

l’exploitation aux injustices qui les<br />

frappent.<br />

Ces mouvements de contestation<br />

et de luttes qui se développent, sont la<br />

manifestation et l’expression de la lutte<br />

des classes qui se déroule <strong>à</strong> l’échelle<br />

de la planète entre les capitalistes, les<br />

Etats <strong>à</strong> leur solde et les couches laborieuses<br />

et populaires victimes de la<br />

domination du capitalisme financier<br />

international qui affament les peuples.<br />

En cette fin d’année 2011, vingt<br />

ans après la chute des régimes socialistes<br />

de l’Europe de l’Est, l’exigence<br />

de rupture et d’alternative au capitalisme<br />

est <strong>à</strong> l’ordre du jour pour mettre<br />

un terme <strong>à</strong> la misère, <strong>à</strong> la pauvreté,<br />

aux guerres, aux famines, aux catastrophes<br />

écologiques qui sont la<br />

conséquence du système capitaliste<br />

fondé sur l’exploitation des hommes,<br />

la domination des peuples et le pillage<br />

de leurs matières premières et qui met<br />

toute l’humanité en péril pour satisfaire<br />

les intérêts d’une minorité.<br />

Plus que jamais, le projet communiste<br />

de renversement du capitalisme<br />

est d’actualité pour répondre aux<br />

besoins humains, pour un monde de<br />

paix, de liberté, de progrès pour tous<br />

les hommes et tous les peuples.<br />

La Guadeloupe et les Guadeloupéens<br />

n’échappent pas <strong>à</strong> la tourmente<br />

capitaliste doublée de son supplément<br />

colonial, bien au contraire, la situation<br />

s’empire d’année en année sans<br />

qu’aucune réponse ne soit portée aux<br />

difficultés qui agitent le pays.<br />

Est-il besoin pour s’en convaincre<br />

de rappeler ici les statistiques qui<br />

illustrent la situation de catastrophe<br />

économique et sociale dans laquelle se<br />

débat le pays et qui traduisent la faillite<br />

du système économique et politique en<br />

place depuis plus de 60 ans ? Derrière<br />

ces statistiques, ces pourcentages, ces<br />

chiffres affolants et effarants du chômage<br />

(plus de 62000), de la pauvreté,<br />

du surendettement, de l’illettrisme,<br />

il y a des hommes, des femmes, des<br />

jeunes en chair et en os, il y a des<br />

Guadeloupéens (dont on ne nous dit<br />

pas les ascendances) qui se démènent<br />

au quotidien pour survivre. En 2012<br />

leurs difficultés vont s’aggraver avec<br />

la réduction des moyens budgétaires<br />

nécessaires aux politiques publiques<br />

dont la Guadeloupe a grand besoin<br />

dans de très nombreux domaines, tels<br />

la santé, l’éducation, l’environnement,<br />

les transports…<br />

En 2012, il n’y aura aucun<br />

changement porteur de développement<br />

économique, de progrès social, pour le<br />

peuple guadeloupéen, s’il n’y a pas<br />

de rupture avec le système actuel de<br />

domination politique et économique,<br />

de dépendance et d’assimilation que la<br />

France impose <strong>à</strong> la Guadeloupe.<br />

Il n’y aura aucun changement<br />

en Guadeloupe sans un véritable Pouvoir<br />

Politique guadeloupéen, établissant<br />

de nouveaux rapports politiques<br />

avec l’Etat français et l’Union Européenne<br />

Il n’y aura aucun changement<br />

en Guadeloupe sans un véritable Pouvoir<br />

Politique guadeloupéen pour décider<br />

de son organisation économique<br />

et sociale, de l’aménagement de son<br />

territoire, de ses relations de coopération<br />

et mettre en œuvre un plan<br />

de développement global qui répond<br />

aux besoins et aux intérêts du pays<br />

et <strong>à</strong> ceux des masses populaires et laborieuses.<br />

Il n’y aura aucun changement<br />

en Guadeloupe, si les organisations<br />

politiques qui luttent contre la domination<br />

coloniale et l’exploitation capitaliste,<br />

ne se rassemblent pas pour élaborer<br />

un projet politique d’émancipation<br />

qui mobilise et entraîne l’adhésion de<br />

la grande majorité de notre peuple.<br />

En ce début d’année 2012<br />

c’est <strong>à</strong> cette tâche que nous devons<br />

nous atteler, en réalisant les Assises<br />

des forces patriotiques, anticolonialistes<br />

et anticapitalistes de Guadeloupe<br />

pour constituer une autorité politique<br />

ayant en charge de conduire la lutte<br />

d’émancipation du peuple guadeloupéen.<br />

Carib Creol News, 31 décembre 2011<br />

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Le centième anniversaire de l’ANC a été utilisé pour tenter de tirer une<br />

nouvelle crédibilité de la longue histoire de lutte contre le système brutal<br />

d’apartheid en Afrique du Sud<br />

Par Bill Van Auken<br />

La célébration du centenaire du Congrès<br />

national africain (ANC) de<br />

l’Afrique du Sud est l’occasion idéale<br />

pour faire un bilan de la nature et du<br />

sort de l’ANC et des mouvements nationalistes<br />

bourgeois similaires.<br />

Fondé en 1912, l’ANC est parmi<br />

les premiers de ce type de mouvement,<br />

ayant tiré son inspiration du Congrès<br />

national indien, qui est encore plus ancien.<br />

Il a joué un rôle central dans la<br />

fin négociée du régime d’apartheid en<br />

Afrique du Sud et a été le parti dirigeant<br />

du pays lors des 18 dernières années.<br />

Le centième anniversaire a été<br />

utilisé par l’ANC pour tenter de tirer<br />

une nouvelle crédibilité de la longue<br />

histoire de lutte contre le système brutal<br />

d’apartheid en Afrique du Sud, dans<br />

laquelle de nombreuses personnes ont<br />

été tuées ou emprisonnées et où les<br />

travailleurs et les jeunes provenant des<br />

cantons noirs du pays se sont battus<br />

héroïquement contre les forces de sécurité<br />

lourdement armées.<br />

Mais, comme dans<br />

d’innombrables autres pays où les bourgeois<br />

nationalistes ou les mouvements<br />

de « libération nationale » ont pris le<br />

pouvoir, la direction de l’ANC, loin de<br />

réaliser les aspirations des masses qui<br />

sont entrées en lutte, a seulement exploité<br />

leurs sacrifices afin de renforcer<br />

sa propre intégration dans les rangs de<br />

l’impérialisme et des oppresseurs capitalistes<br />

nationaux. Dans ce processus,<br />

de nombreux vieux défenseurs de la<br />

libération sont devenus des hommes<br />

d’affaires multimillionnaires.<br />

Dans un discours décousu de<br />

90 minutes donné la semaine dernière<br />

devant une foule <strong>à</strong> Bloemfontein, la<br />

ville où l’ANC a été fondé il y a 100<br />

ans, le président de l’Afrique du Sud,<br />

Jacob Zuma, s’est attardé en long et<br />

en large sur l’histoire de l’ANC, tout<br />

en amenant très peu de propositions<br />

concrètes pour changer les conditions<br />

d’oppressions dans lesquelles la vaste<br />

majorité de la population du pays vit<br />

toujours.<br />

Ces conditions n’ont fait<br />

qu’empirer pendant les presque deux<br />

décennies de gouvernance de l’ANC.<br />

Même si l’apartheid racial a pris fin,<br />

le fossé entre l’élite riche et les masses<br />

de travailleurs et d’opprimés n’a fait<br />

qu’augmenter. Les inégalités sociales,<br />

mesurées par le coefficient de Gini*, sont<br />

pires en Afrique du Sud aujourd’hui que<br />

dans tous les autres pays de la planète,<br />

sauf la Namibie. Soixante-dix pour cent<br />

de la population vivent sous le seuil de<br />

la pauvreté. Même si le taux de chômage<br />

officiel tourne autour de 25 pour<br />

cent, la plupart des estimations les plus<br />

réalistes le placent <strong>à</strong> près de 40 pour<br />

cent.<br />

Les fameuses « réformes de libre<br />

marché » ont fait en sorte que ceux au<br />

haut de l’échelle, y compris la vieille<br />

élite dirigeante blanche et une nouvelle<br />

couche dans la direction de l’ANC et<br />

de la bureaucratie syndicale, puissent<br />

accumuler d’immenses richesses. Des<br />

gens comme Cyril Ramaphosa, ancien<br />

chef du Syndicat national des mineurs<br />

et secrétaire général de l’ANC qui vaut<br />

maintenant quelque 275 millions $,<br />

sont ceux qui ont principalement bénéficié<br />

de la politique de « Black Economic<br />

Empowerment » (Émancipation<br />

économique des Noirs) enclenchée par<br />

l’ANC après son arrivée au pouvoir.<br />

L’historien africain Achille<br />

Mbembe a décrit avec justesse l’ANC<br />

comme un parti « rongé par la corruption<br />

et la cupidité, par de violentes luttes<br />

fratricides pour le pouvoir et par un<br />

mélange fatal d’instincts prédateurs et<br />

de vacuité intellectuelle ».<br />

Bien que l’accent du centième<br />

anniversaire mis sur l’âge d’or de<br />

l’illégalité et de la « lutte armée » de<br />

l’ANC puisse servir de diversion opportune<br />

pour le parti dirigeant et la<br />

dure réalité <strong>à</strong> laquelle il est confronté<br />

aujourd’hui, les germes de cette dégénérescence<br />

étaient déj<strong>à</strong> présents et<br />

identifiables dès le tout début du mouvement.<br />

L’ANC a été fondé dans le contexte<br />

de la défaite des longues luttes<br />

tribales contre la conquête coloniale<br />

blanche et de l’unification de<br />

l’impérialisme britannique avec ses opposants<br />

boers sur la base d’une plateforme<br />

commune d’oppression de la majorité<br />

noire et d’expropriation de leurs<br />

terres. L’ANC ne cherchait pas la défaite<br />

de l’impérialisme, mais plutôt son parrainage,<br />

s’offrant comme interlocuteur<br />

entre la classe dirigeante blanche<br />

et les masses de travailleurs noirs et<br />

d’opprimés.<br />

En 1956, Nelson Mandela a résumé<br />

les objectifs de l’ANC, promettant<br />

que s’il était porté au pouvoir, il<br />

n’introduirait pas le socialisme, mais<br />

plutôt : « Pour la première fois dans<br />

l’histoire de ce pays, la bourgeoisie<br />

non européenne aura la chance de posséder<br />

en son nom et en son droit des<br />

usines, et les industries ainsi que les<br />

entreprises privées vont prospérer et se<br />

développer comme jamais auparavant.<br />

» Cette vision s’est maintenant réalisée<br />

aux dépens des masses de travailleurs<br />

noirs.<br />

Dans les années 1960, l’ANC,<br />

en alliance avec le Parti communiste<br />

sud-africain stalinien, a employé la<br />

rhétorique de la révolution et de la<br />

lutte des classes, mais la perspective<br />

d’émanciper et d’enrichir une bourgeoisie<br />

noire <strong>à</strong> en devenir est demeurée le<br />

programme fondamental de Mandela.<br />

Lorsque les soulèvements de Soweto<br />

et des autres villages noirs ont commencé<br />

<strong>à</strong> rendre le pays ingouvernable,<br />

l’élite dirigeante blanche, menée par la<br />

Anglo-American Corporation, a entamé<br />

Suite <strong>à</strong> la page (16)<br />

12<br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012


Perspectives<br />

Lettre d’une mère au<br />

directeur d’un hôpital<br />

pédiatrique de La Havane<br />

Sander de la Caridad Jaime Braña avant d’entrer <strong>à</strong> la salle d’opération<br />

Sander de la Caridad Jaime Braña et son équipe médícale<br />

Par Vivian Braña Fernández<br />

Dr. Rafael Antonio Broche<br />

Director del Hospital Pediátrico Juan<br />

Manuel Márquez, en La Habana<br />

Faire le récit de 11 années m’est difficile.<br />

Le 18 octobre 2000, quand<br />

mon fils, Sander de la Caridad Jaime<br />

Braña a vu le jour, j’étais une mère<br />

très heureuse, mais <strong>à</strong> partir de ce moment,<br />

ma vie s’est changée en angoisse<br />

absolue. Sander est né, sans lèvre ni<br />

dentition, avec une fissure palatine qui<br />

nécessitait un traitement chirurgical. Il<br />

a été opéré <strong>à</strong> l’Hôpital Pédiatrique de<br />

Centro Habana le 7 janvier 2002, mais<br />

cette opération n’était pas définitive.<br />

Les années ont passé en même<br />

temps qu’une terrible lutte, au cours de<br />

laquelle j’ai toujours refusé les solutions<br />

proposées <strong>à</strong> diverses occasions dans<br />

d’autres centres de pédiatrie. Sur un<br />

coup de tête, j’ai appelé par téléphone la<br />

Direction Provinciale de la Santé et j’ai<br />

été reçue par une doctoresse prénommée<br />

Ivonne, qui, aimablement, et sans<br />

nous connaître ni d’Eve ni d’Adam, a<br />

fait les démarches pour que mon fils<br />

soit reçu <strong>à</strong> l’Hôpital Juan Manuel Marquez,<br />

que vous dirigez.<br />

L<strong>à</strong>, il a été examiné d’abord<br />

par le Dr. Fausto, puis par la Doctoresse<br />

Carmen Diaz qui est aujourd’hui<br />

retraitée-, par Noémie, diplômée en<br />

Logopédie pour les Patients atteints de<br />

Fissures, puisque mon fils avait besoin<br />

d’une préparation avant la correction<br />

de son défaut.<br />

Je ne vais pas vous fatiguer avec<br />

les détails. En un an, il s’est passé<br />

beaucoup de choses, certaines agréables,<br />

d’autres non, mais le plus important<br />

a été que le 14 décembre de<br />

cette année, mon fils a été opéré dans<br />

votre centre hospitalier et que, déj<strong>à</strong>,<br />

aujourd’hui, après son premier examen<br />

post-opératoire, l’intervention a été<br />

déclarée satisfaisante et réussie.<br />

Je veux, et cela vient du plus profond<br />

de mon cœur maternel, remercier<br />

toute l’équipe du service Maxilio-facial<br />

qui travaille sous la direction du Dr. Ernesto<br />

Sanchez.<br />

Quand j’ai vu pour la première<br />

fois sa petite bouche, je ne pouvais pas<br />

croire qu’elle était si parfaite et si bien<br />

reconstruite.<br />

J’ignore si les mots existent pour<br />

rendre grâces <strong>à</strong> Dieu et <strong>à</strong> son personnel,<br />

du Dr. Ernesto <strong>à</strong> la Doctoresse Wilma,<br />

La paix mondiale tient <strong>à</strong> un fil !<br />

Fidel CASTRO<br />

J<br />

’ai eu le plaisir, hier, de converser<br />

calmement avec Mahmoud Ahmadineyad<br />

que je n’avais plus vu depuis<br />

septembre 2006, voil<strong>à</strong> plus de cinq<br />

ans, quand il était venu <strong>à</strong> La Havane<br />

participer <strong>à</strong> la Quatorzième Conférence<br />

au sommet du Mouvement des pays<br />

non alignés qui avait élu Cuba pour la<br />

seconde fois <strong>à</strong> la présidence de cette organisation<br />

pour la durée prévue de trois<br />

ans. J’étais tombé gravement malade le<br />

26 juillet 2006, un mois et demi avant,<br />

et je pouvais <strong>à</strong> peine me maintenir assis<br />

sur le lit. Plusieurs des dirigeants<br />

les plus distingués qui assistaient au<br />

Sommet eurent l’amabilité de me rendre<br />

visite. Chávez et Evo le firent plusieurs<br />

fois. Quatre dont je me souviens<br />

encore vinrent en début d’après-midi<br />

: Kofi Annan, le secrétaire général de<br />

l’ONU ; un vieil ami, Abdelaziz Bouteflika,<br />

le président algérien ; Mahmoud<br />

Ahmadineyad, le président iranien ;<br />

et Yang Jiechi, alors vice-ministre et<br />

aujourd’hui ministre des Relations extérieures<br />

de la République populaire de<br />

Chine, en représentation de Ju Jintao,<br />

chef du Parti communiste et président<br />

du pays. Ce fut vraiment un moment<br />

important pour moi qui rééduquais<br />

aux prix de gros efforts mon bras droit<br />

sérieusement blessé lors de ma chute <strong>à</strong><br />

Santa Clara.<br />

J’avais commenté avec ces quatre<br />

dirigeants des aspects des problèmes<br />

complexes que le monde connaissait<br />

alors et qui le sont devenus assurément<br />

de plus en plus.<br />

À notre rencontre d’hier, j’ai<br />

constaté que le président iranien était<br />

on ne peut plus tranquille, absolument<br />

indifférent aux menaces yankees,<br />

confiant en la capacité de son peuple de<br />

repousser n’importe quelle agression et<br />

dans l’efficacité des armes dont ils produisent<br />

une grande partie eux-mêmes<br />

pour faire payer aux agresseurs un prix<br />

insupportable.<br />

En fait, c’est <strong>à</strong> peine s’il a parlé<br />

de la guerre. Il est plutôt revenu sur les<br />

idées qu’il avait exposées <strong>à</strong> sa conférence<br />

dans le grand amphi de l’Université<br />

de La Havane, axées sur l’être<br />

humain : « S’acheminer vers la paix, le<br />

respect de la dignité humaine en tant<br />

que souhait de tous les êtres humains<br />

tout au long de l’Histoire. »<br />

Je suis convaincu qu’on ne doit<br />

pas s’attendre de la part de l’Iran <strong>à</strong> des<br />

actions irréfléchies qui contribueraient<br />

au déclanchement d’une guerre. Si<br />

celle-ci éclate, ce sera uniquement la<br />

faute de l’aventurisme et de l’irresponsabilité<br />

congénitale de l’Empire yankee.<br />

Je pense de mon côté que la situation<br />

politique créée autour de l’Iran<br />

et les risques d’une guerre atomique<br />

qui en émanerait et toucherait tous les<br />

pays, qu’ils possèdent des armes de ce<br />

genre ou non, sont extrêmement délicats<br />

parce qu’ils menacent l’existence<br />

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad (<strong>à</strong> gauche) rencontre <strong>à</strong> Cuba<br />

l'ancien dirigeant cubain Fidel Castro Ruz <strong>à</strong> La Havane<br />

même de notre espèce. Le Moyen-<br />

Orient, qui produit des ressources économiques<br />

vitales pour l’économie de<br />

la planète, est devenu aujourd’hui la<br />

région la plus conflictuelle au monde.<br />

La capacité de destruction de<br />

certaines armes employées durant<br />

la Deuxième Guerre mondiale et les<br />

souffrances massives qu’elles infligèrent<br />

incitèrent fortement <strong>à</strong> en prohiber<br />

quelques-unes, dont les gaz<br />

asphyxiants. Néanmoins, les conflits<br />

d’intérêts et les énormes profits des<br />

fabricants les conduisirent <strong>à</strong> élaborer<br />

des armes encore plus cruelles et plus<br />

destructrices, jusqu’au jour où la technologie<br />

moderne a fourni les matériaux<br />

et les moyens nécessaires <strong>à</strong> la mise au<br />

point d’armements dont l’emploi dans<br />

une guerre mondiale conduirait <strong>à</strong> notre<br />

extermination.<br />

Je suis d’avis – qui est sans aucun<br />

doute celui de toutes les personnes<br />

dotées d’un sens élémentaire de leurs<br />

responsabilités – qu’aucun pays, grand<br />

ou petit, n’a le droit de posséder des<br />

armes atomiques.<br />

On n’aurait jamais dû s’en servir<br />

pour attaquer deux villes sans intérêt<br />

militaire comme Hiroshima et Nagasaki,<br />

pour assassiner et irradier avec<br />

d’horribles effets durables des centaines<br />

de milliers d’hommes, de femmes et<br />

d’enfants d’un pays déj<strong>à</strong> vaincu sur le<br />

plan militaire.<br />

À supposer que le nazi-fascisme<br />

eût obligé les puissances liées contre<br />

lui <strong>à</strong> rivaliser avec cet ennemi de<br />

l’humanité dans la fabrication de<br />

cette arme, le premier devoir de<br />

l’Organisation des Nations Unies, créée<br />

<strong>à</strong> la fin de la guerre, aurait dû être de<br />

l’interdire sans la moindre exception.<br />

Mais les États-Unis, la nation la<br />

plus puissante et la plus riche, imposèrent<br />

au reste du monde la ligne <strong>à</strong><br />

suivre. Ils possèdent aujourd’hui des<br />

centaines de satellites qui épient et surveillent<br />

de l’espace tous les habitants<br />

de la planète ; ils ont équipé leurs forces<br />

navales, terrestres et aériennes de milliers<br />

d’armes atomiques ; ils manipulent<br />

<strong>à</strong> leur guise, par Fonds monétaire international<br />

interposé, les finances et les<br />

qui a aidé <strong>à</strong> l’opération, Ileana, la technicienne,<br />

Ileana, l’Infirmière en Chef<br />

du Bloc Opératoire et d’autres dont j’ai<br />

oublié le nom, mais que j’ai dans mon<br />

cœur de mère reconnaissante.<br />

Ils ont réalisé un chef-d’œuvre !<br />

Je tire mon chapeau <strong>à</strong> votre équipe de<br />

travailleurs, devant l’humanité, la fraternité,<br />

la bonté, la compréhension et<br />

l’amour…<br />

Je vous prie de rendre publics<br />

mes remerciements, parce que, certainement,<br />

pour exiger et blâmer, les<br />

gens se pressent, mais peu reconnaissent<br />

le travail que font nos médecins<br />

avec tant d’abnégation. Avec des difficultés,<br />

des carences, des obstacles….<br />

mais avec un cœur et un professionnalisme<br />

qu’on peut seulement comparer <strong>à</strong><br />

ceux de notre Titan de Bronze. [1]<br />

Je joins quelques photos qui m’ont<br />

marquées, parce que jamais je n’aurais<br />

cru pouvoir les prendre. Heureusement,<br />

j’étais <strong>à</strong> côté de mon fils quelques instants<br />

avant que l’anesthésie ne ferme<br />

ses petits yeux et au moment de son<br />

réveil.<br />

Recevez une fois encore les remerciements<br />

d’une personne devenue<br />

votre éternelle obligée <strong>à</strong> vous et <strong>à</strong> tous<br />

ceux qui travaillent sous votre direction.<br />

Aujourd’hui, je redeviens la mère<br />

heureuse que j’étais il y a onze ans. Si<br />

un de mes mots était hors de propos<br />

ou incohérent, je pense que ce n’est dû<br />

qu’<strong>à</strong> l’émotion.<br />

Notes<br />

[1] Antonio Maceo, un des héros<br />

de l’indépendance cubaine<br />

Source : Cubadebate,<br />

29 décembre 2011<br />

Traduit de l’espagnol et annoté par<br />

Marc Harpon<br />

Changement de Société<br />

13 janvier 2012<br />

investissements du monde.<br />

Quand on analyse l’histoire de<br />

l’Amérique latine, depuis le Mexique<br />

jusqu’<strong>à</strong> la Patagonie en passant par<br />

Saint-Domingue et Haïti, on constate<br />

que toutes les nations, sans exception,<br />

du début du XIXe siècle <strong>à</strong> nos jours,<br />

soit deux cents ans, ont été victimes<br />

et continuent de l’être toujours plus<br />

des pires crimes que le pouvoir et la<br />

force puissent commettre contre le droit<br />

des peuples. De brillants écrivains ne<br />

cessent de les dénoncer. L’un d’eux,<br />

Eduardo Galeano, auteur de Les Veines<br />

ouvertes de l’Amérique latine, vient<br />

d’être invité <strong>à</strong> inaugurer le prix prestigieux<br />

de la Casa de las Américas, en reconnaissance<br />

<strong>à</strong> son œuvre marquante.<br />

Les événements se succèdent <strong>à</strong><br />

une vitesse incroyable, mais la technologie<br />

permet d’en informer le public<br />

encore plus vite. Des nouvelles importants<br />

tombent, aujourd’hui comme hier.<br />

Une dépêche de presse du 11 nous<br />

apprend : « La présidence danoise de<br />

l’Union européenne a informé mercredi<br />

qu’un nouveau train de sanctions<br />

encore plus sévères serait décidé le 23<br />

contre l’Iran <strong>à</strong> cause de son programme<br />

nucléaire, visant non seulement son<br />

secteur pétrolier, mais aussi sa Banque<br />

centrale… Nous irons encore plus loin<br />

dans nos sanctions contre son pétrole<br />

et ses structures financières », a affirmé<br />

le chef de la diplomatie danoise, Villy<br />

Soevndal, <strong>à</strong> la presse étrangère.<br />

On peut constater clairement que<br />

sous prétexte d’éviter la prolifération<br />

nucléaire, Israël a le droit d’accumuler<br />

des centaines d’ogives atomiques, tandis<br />

que l’Iran, lui, n’a même pas celui<br />

de produire de l’uranium enrichi <strong>à</strong> 20<br />

p. 100.<br />

Une agence de presse britannique<br />

bien connue fournit une autre<br />

nouvelle sur ce thème : « La Chine n’a<br />

Suite <strong>à</strong> la page (16)<br />

Director: Florence Comeau<br />

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Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 13


Dans la diaspora<br />

Mme Maryse Narcisse <strong>à</strong> New York<br />

Par Kim Ives<br />

Le 7 janvier 2011, Fanmi Lavalas<br />

avait organisé une grande réunion<br />

<strong>à</strong> Brooklyn, avec la présence du porteparole<br />

du parti, Mme. Maryse Narcisse.<br />

Le rassemblement a eu lieu <strong>à</strong> Our<br />

Lady of Miracles Church <strong>à</strong> Canarsie.<br />

Plus de 200 personnes avaient assisté <strong>à</strong><br />

la réunion, parmi elles des délégations<br />

de Boston, Philadelphie, Connecticut,<br />

New Jersey, et Spring Valley.<br />

Parmi les intervenants on pouvait<br />

remarquer l’ancien ministre des<br />

<strong>Haiti</strong>ens Vivant <strong>à</strong> l’étranger Fritz Casséus;<br />

l’ancien député de Cerca Carvajal<br />

et Los Palis Simon Cessoir, qui a représenté<br />

la délégation de New Jersey; Serge<br />

Blaise, qui a représenté la délégation de<br />

Philadelphie; Cadet Toussaint, qui a représenté<br />

la délégation de Spring Valley;<br />

Raoul Jean, qui a représenté la délégation<br />

de Spring Valley; et Jean-Claude St.<br />

Germain, qui a représenté la délégation<br />

de Boston. Il y avait aussi des interventions<br />

d’autres leaders et activistes<br />

comme Jean Luckner, Anakreyon, Paul<br />

Mathieu, l’ancien député de l’Anse<strong>à</strong>-Veau<br />

Walter Norzéus, Anilex Obas,<br />

et Maryse Jean-Pierre. Les maîtres de<br />

cérémonie étaient Jean Rameau et Fred<br />

Joseph.<br />

Finalement, l’ancien député de<br />

Cap Haïtien James Dérosin a introduit<br />

l’invitée d’honneur, Maryse Narcisse.<br />

“ Docteur Maryse Narcisse se yon patriyòt<br />

paske li se yon bon lavalasyen,”<br />

a dit Dérosin. Pendant le coup d’état de<br />

Plus de 200 personnes se sont rassemblées le 7 janvier <strong>à</strong> Canarsie<br />

2004 <strong>à</strong> 2006, “li te rete fidèl, li te rete lekòl,” une critique <strong>à</strong> peine voilée de<br />

konsekan, e si jodia Fanmi Lavalas l’absence d’“éducation gratis” claironnée<br />

par le gouvernement de Martelly.<br />

egziste, se gras a limenm e lit li tap<br />

mennen andan peyi a.”<br />

“Maladi kolera kontinye ap simen<br />

dèy nan peyi a,” a-t-elle continué.<br />

Madame Dr. Narcisse a fait une<br />

analyse de la situation actuelle dans le “Dènye chif ofisyèl yo... di nou gen plis<br />

pays et a tracé les grandes lignes de la pase 500,000 moun enfekte ak kolera,<br />

stratégie de Fanmi Lavalas.<br />

pandan genyen plis pase 7000 moun<br />

“Kote nou ye jodi a?” a-t-elle ki deja mouri ak maladi a... Chak jou<br />

démandé <strong>à</strong> l’assistance. “Jodi a dwa genyen omwen 200 nouvo ka nan peyi<br />

pou pèp ayisyen an viv tankou moun a.”<br />

toujou pa respekte nan peyi a. Se kriz Narcisse a dit que cette situation<br />

politik sou kriz politik k ap kache vrè pose “anpil defi pou Fanmi Lavalas,”<br />

problèm yo: ekslizyon, mizè, ak grangou<br />

pi rèd, anpil timoun, pa rive ale estriktire nou, pou n mennen<br />

et alors “n ap kontinye ranfòse nou,<br />

misyon<br />

nou ki se akonpaye pèp ayisyen an<br />

nan konba kont esklizyon, nan lit l ap<br />

mennen pou plis jistis sosyal.... Fanmi<br />

Lavalas ap travay pou ranfòse ak<br />

renouvle estrikti li nan tout nivo nan<br />

òganizasyon an.”<br />

Concrètement, elle a expliqué<br />

que “òganizasyon a mete anplas plizyè<br />

kowòdinasyon depatmantal provizwa<br />

sou tout peyi a ki gen manda pou fe<br />

òganizasyon an mache byen nan<br />

tout katye, seksyon kominal, komin<br />

ak depatman yo. Yo genyen pou<br />

manda tou pou yo miltipliye, ranfòse,<br />

epi mobilize ti fanmi yo pou nou ka<br />

reyalize kongrè depatmantal, ki pou<br />

mennen nou nan direksyon kongrè<br />

nasyonal òganizasyon an.”<br />

Ella a rassuré l’assistance que<br />

“batay pou nou rive nan ideyal demokratik<br />

la, jistis sosyal, transparans,<br />

patisipasyon, diyite ak souverènte<br />

nasyonal toujou rete objektif òganizasyon<br />

Fanmi Lavalas. Malgre kou<br />

nou pran sou wout sa a, koudeta,<br />

egzil, militan konsekan nou pèdi sou<br />

wout sa a ; dekourajman ak trayizon<br />

nan mitan nou, ideyal demokratik la<br />

ak angajman militan toujou rete fò<br />

nan mitan nou. E se fòs enèji sa a ki<br />

mennen Titid tounen e se limenm k<br />

ap bay òganizasyon an plas lejitim li<br />

sou sèn politik la nan peyi a... Fanmi<br />

Lavalas mande nou pou n angaje<br />

nou... Wè pa wè, depi genyen eleksyon<br />

lib, onèt, demokratik nan peyi a, nap<br />

ranpòte laviktwa lavalaseman.”<br />

Après son discours, Dr. Narcisse<br />

a répondu aux questions de l’assis-<br />

Le Dr. Maryse Narcisse: “batay pou<br />

nou rive nan ideyal demokratik<br />

la, jistis sosyal, transparans,<br />

patisipasyon, diyite ak souverènte<br />

nasyonal toujou rete objektif<br />

òganizasyon Fanmi Lavalas.”<br />

tance.<br />

A la manière du dernier rassemblement<br />

du parti le 18 décembre <strong>à</strong> St.<br />

Jerome <strong>à</strong> Brooklyn (voir Haïti Liberté,<br />

Vol. 5, No. 23, le 21 décembre 2011),<br />

la soirée s’est déroulée dans une atmosphère<br />

d’amitié, de bonheur, de<br />

militance, avec un peu de désordre.<br />

D’après un communiqué du 17<br />

janvier, le chapitre de New York de<br />

l’organisation Fanmi Lavalas “compte<br />

entreprendre cette année <strong>à</strong> partir du<br />

mois de Mars 2012 plusieurs autres<br />

activités politiques, culturelles, sociales<br />

et communautaires” en rappelant<br />

que “Fanmi Lavalas est une<br />

organisation qui préfère l’inclusion <strong>à</strong><br />

l’exclusion et l’unité <strong>à</strong> la désunion.”<br />

Suite de la page (4)<br />

National, qui aujourd’hui encore<br />

est en état de délabrement quand la<br />

majorité des familles chassées par<br />

le tremblement de terre s’entassent<br />

dans de très mauvaises conditions au<br />

Champ-de-Mars depuis le séisme.<br />

Partout dans ce pays il se pose<br />

un problème d’emploi tout simplement.<br />

Donc, le fait de donner vingt ou<br />

vingt et un mille gourdes <strong>à</strong> des sansabri<br />

qui n’ont pas d’emploi, eh bien,<br />

c’est les pousser <strong>à</strong> se retrouver en un<br />

an plus tard dans la même situation<br />

après avoir payé le loyer pendant<br />

une année. « Il n’y a jamais eu de<br />

résultats concrets l<strong>à</strong> où les ONG interviennent.<br />

Car s’il fallait réellement<br />

apporter des solutions aux problèmes<br />

du peuple haïtien, il arriverait un moment<br />

où nous n’aurions plus besoins<br />

de ces ONG ; or l’objectif c’est de rester<br />

définitivement pour sucer la mamelle<br />

», soulève le coordonnateur de<br />

la CONA SOVIC, Rosemond Jean qui<br />

suggère une conscience nationaliste,<br />

une redéfinition du mode de coopération<br />

avec l’international en vue de<br />

freiner le gaspillage de ces ONG qui<br />

ont longtemps volé la vedette <strong>à</strong> nos<br />

propres institutions dont l’Etat en<br />

particulier. Il est clair que le peu d’effort<br />

consenti par les ONG avec leurs<br />

millions n’avait pas suffi pour qu’il ne<br />

leur en manque aujourd’hui encore<br />

dans les camps des structures sanitaires<br />

et d’approvisionnement en eau<br />

potable et courante en vue de prévenir<br />

l’extension de l’épidémie de Choléra<br />

importée par les casques bleus de<br />

l’ONU 10 mois après le séisme.<br />

Deux ans plus tard, malgré les<br />

tollés soulevés autour de la question<br />

de refondation d’une nouvelle Haïti<br />

et du côté des autorités locales et du<br />

côté des partenaires internationaux<br />

peu après le séisme, il est évident que<br />

rien de vraiment concret n’a encore<br />

été réalisé pour sortir dignement les<br />

gens sous ces tentes sales qui leur<br />

servent d’abris. On a la mauvaise<br />

impression qu’ici en Haïti le concept<br />

provisoire est définitivement employé<br />

pour signifier le long terme, le définitif<br />

tout court.<br />

En tout cas, le tour d’horizon<br />

effectué par les reporters d’Haïti<br />

Liberté regorge de témoignages des<br />

sinistrés, de vraies victimes assoiffées<br />

de justice sociale, de cette liberté que<br />

l’on retrouve lorsqu’on a la chance<br />

de travailler, de la nécessité de pouvoir<br />

bénéficier des services sociaux<br />

de base dont l’éducation, la Santé, la<br />

sécurité alimentaire, l’emploi, bref, le<br />

mieux-être. « N ap viv nan Kan sa<br />

a depi lè tranblemanntè a fin pase<br />

a. Nou te konn jwenn yon ti bagay,<br />

lè nou fenk vini nan kan sa a. Men<br />

depi kèk tan nou pa nan anyen ki<br />

bon ditou. Yo pa voye je gade nou,<br />

nou debouye n jan n kapab pou timoun<br />

yo pa mouri nan men nou ak<br />

grangou. », raconte Rose Carmelle,<br />

jeune femme de 33 ans dans le camp<br />

de Ste-Thérèse <strong>à</strong> Pétion-Ville. « On<br />

n’a plus de courage pour continuer<br />

dans cette misère. Nous manquons<br />

de presque tout ici. Pas assez de<br />

nourriture, pas d’eau traitée pour les<br />

enfants en bas âge, nous sommes<br />

donc livrés <strong>à</strong> nous-mêmes puisqu’il<br />

n’y a pas d’emploi pour qu’on puisse<br />

se prendre en charge. On ne fait que<br />

prier chaque jour pour qu’éclate un<br />

miracle ». ajoute Mariela avec un<br />

air de désespoir. Certains déplacés<br />

s’expriment avec colère et d’autres se<br />

tiennent un peu loin du micro.<br />

Ce 12 janvier 2012 pour marquer<br />

cette date inoubliable, de nombreuses<br />

manifestations ont été organisées<br />

<strong>à</strong> travers le pays pour accueillir<br />

le douloureux 2e anniversaire du<br />

tremblement de terre. Des voix se sont<br />

élevées pour exiger que la lumière soit<br />

faite sur le chemin parcouru par les<br />

fonds décaissés pour la reconstruction<br />

c’est le cas de plus d’une dizaine<br />

d’organisations sociales conduites<br />

par la plateforme sociale « Je nan Je »<br />

sous le leadership d’ONG. Action AID<br />

qui a clairement posé le problème de<br />

logements via des pancartes bondées<br />

de slogans de sensibilisation. Des milliers<br />

de personnes ont pris part <strong>à</strong> cette<br />

mobilisation qui a terminé sa course<br />

au Parlement haïtien où un document<br />

contenant les doléances des couches<br />

vulnérables de la société a été remis<br />

aux représentants de l’Assemblée<br />

Nationale.<br />

Parallèlement la communauté<br />

musulmane d’Haïti a accueilli <strong>à</strong> sa<br />

façon le deuxième anniversaire du<br />

séisme. Dans une ambiance plutôt<br />

recueillie, des frères musulmans se<br />

sont joints aux représentants de la<br />

communauté de l’islam en Haïti pour<br />

rappeler aux Haïtiens la nécessité<br />

de continuer <strong>à</strong> œuvrer au service du<br />

Dieu créateur tout en respectant le<br />

principe devoir de mémoire envers les<br />

disparus.<br />

C’est plutôt triste, voire une<br />

honte nationale ou encore mieux un<br />

affront, une gifle appliquée <strong>à</strong> l’orgueil<br />

des victimes que durant deux longues<br />

années, on n’a pas réussi <strong>à</strong> ériger un<br />

monument historique <strong>à</strong> leur mémoire,<br />

alors que nos voisins Dominicains en<br />

dépit des grognes existants au niveau<br />

de la frontière, ont réussi en si peu de<br />

temps <strong>à</strong> nous doter d’un aussi prestigieux<br />

campus Universitaire dont les<br />

clés ont été remises officiellement au<br />

gouvernement haïtien ce 12 janvier<br />

2012, lors d’une cérémonie inaugurale.<br />

Deux ans après, l’énormité des<br />

dégâts se constate encore dans les<br />

endroits touchés par le séisme en<br />

particulier au centre commercial de<br />

Port-au-Prince. Plus d’un million de<br />

gens sous des tentes pataugeant dans<br />

la boue et la crasse, sans nourriture.<br />

Deux années <strong>à</strong> la belle étoile. On ne<br />

s’en gêne pas, on n’a plus aucun respect<br />

pour l’intimité. Nos jeunes filles<br />

prennent leur bain en pleine rue, sans<br />

aucun scrupule, l’on se bat pour rester<br />

en vie tout en se faisant agresser<br />

sexuellement par les mal intentionnés.<br />

Deux ans plus tard la population<br />

est encore exposée <strong>à</strong> toute sorte de<br />

danger que pourraient provoquer le<br />

vent, le soleil et la pluie.<br />

Considérant tous ses éléments,<br />

sujets de grands débats, on ne peut<br />

pas s’empêcher de se demander : Où<br />

sont passés les fonds alloués au processus<br />

de reconstruction d’Haïti deux<br />

ans après le cataclysme ?<br />

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14<br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012


12 janvier<br />

Suite de la page (7)<br />

Oui, tous les Haïtiens rêvaient<br />

d’un nouveau pays. Partout dans le<br />

pays, l’on disait que 12 janvier, au lieu<br />

d’être une simple date de commémoration<br />

d’un tremblement de terre dévastateur<br />

sera la date de la victoire de la vie<br />

sur la mort. Le triomphe de la bonté sur<br />

la méchanceté. La force de l’esthétisme<br />

sur la laideur. Bref, la résurrection après<br />

le grand voyage. Malheureusement, le<br />

peuple sera vite déchanté. Abasourdi.<br />

Trompé comme d’habitude par ses élites.<br />

Meurtri une énième fois dans sa chair et<br />

dans son âme par ces oligarques qui<br />

n’ont aucun scrupule <strong>à</strong> le livrer pieds<br />

et poings liés <strong>à</strong> la merci d’une cohorte<br />

d’ONG dont le comportement s’apparente<br />

davantage <strong>à</strong> des mercenaires qu’<strong>à</strong><br />

la Mère Teresa. Les dirigeants haïtiens<br />

d’avant et d’après 12 janvier 2010, par<br />

leur attitude irresponsable vis-<strong>à</strong>-vis du<br />

pays, vont au-del<strong>à</strong> de la déception.<br />

C’est une trahison. Leur comportement<br />

sans orgueil. Sans honte. Sans<br />

prestige. Sans dignité n’est rien d’autre<br />

qu’une catastrophe se transformant en<br />

une honte collective pour les Haïtiens<br />

vis-<strong>à</strong>-vis de la Communauté internationale<br />

et de nos voisins de la Caraïbe.<br />

Soupçonnant les gouvernants haïtiens<br />

d’être des gens sans mémoire, nous<br />

rappelons toujours <strong>à</strong> leur intention que<br />

la cathédrale du Cap-Haïtien fut reconstruite<br />

un siècle après avoir été détruite,<br />

elle aussi, par le terrible tremblement<br />

de terre de 1842. Et nous nous interrogeons<br />

!<br />

Devons nous attendre cent ans<br />

avant de voir relancer sérieusement la<br />

reconstruction proprement dite des édifices<br />

publics et religieux de la capitale<br />

haïtienne ? Or, <strong>à</strong> part les journalistes faisant<br />

leur travail d’historiens de l’histoire<br />

immédiate, curieusement, personne ne<br />

s’étonne que deux ans après le séisme,<br />

le pouvoir public haïtien continue <strong>à</strong> organiser<br />

des colloques et autres séminaires<br />

totalement inutiles en vue de savoir comment<br />

reconstruire Port-au-Prince. Pire,<br />

qui a déj<strong>à</strong> interpellé le gouvernement haïtien<br />

sur la question de la reconstruction<br />

des bâtiments publics devant accueillir<br />

les institutions et autres administrations<br />

de l’Etat, détruites le jour de ce fatal coup<br />

du destin pour le pays ?<br />

L<strong>à</strong> encore, n’étaient-ce les médias<br />

qui soulèvent de temps <strong>à</strong> autre ce sujet,<br />

on aurait pu croire que tout est déj<strong>à</strong><br />

terminé ou du moins, qu’il n’y a rien <strong>à</strong><br />

faire. Pourtant, si avant la catastrophe<br />

l’Etat était relativement mieux installé<br />

dans ses pierres et ses meubles, depuis<br />

deux ans le pouvoir public haïtien s’installe<br />

dans une promiscuité et un misérabilisme<br />

qui font honte au pays. Et ce,<br />

<strong>à</strong> l’image du secteur des affaires haïtien<br />

dont, franchement, le confort et la beauté<br />

des locaux qui les abritent demeurent<br />

le cadet de ses soucis, sans parler du<br />

plaisir qu’il prend <strong>à</strong> mener ses affaires<br />

dans un environnement qui ne fait honneur<br />

ni <strong>à</strong> ces « nantis » selon le journal<br />

Le Monde ni <strong>à</strong> leurs amis. Et pourtant,<br />

les deux secteurs (public et privé) ont les<br />

moyens de leurs puissances respectives.<br />

L’an dernier pour la première commémoration<br />

de la mémoire des disparus du<br />

12 janvier - en passant, victimes de la<br />

négligence de cette caste politique qui<br />

nous gouverne - on flairait déj<strong>à</strong> l’abandon<br />

et le désistement du gouvernement<br />

de l’époque.<br />

Le monument qui était prévu pour<br />

cette occasion n’était point au rendezvous.<br />

Cette année 2012 non plus d’ailleurs.<br />

Pas un seul bâtiment public n’avait<br />

été élevé en guise de message d’espoir et<br />

d’encouragement <strong>à</strong> une population persuadée<br />

que quelque chose doit changer<br />

après une si grande épreuve. Même une<br />

petite place publique au lieu symbolique<br />

où trônait fièrement le siège de la DGI<br />

(Direction Générale des Impôts) n’a pu<br />

être réalisée. Peut-être faute d’argent !<br />

Qui sait.<br />

Mais le pouvoir de l’époque<br />

englué dans ses magouilles électorales,<br />

réclamait des circonstances<br />

atténuantes. Sans vergogne, la<br />

présidence sortante s’enveloppait dans<br />

les linceuls encore mouillés du sang de<br />

nos morts pour cacher son incapacité.<br />

Sa faillite. Son incompétence devant ses<br />

responsabilités. Mais aussi sa mauvaise<br />

foi. Son ignorance devant l’histoire et<br />

son mépris face <strong>à</strong> l’histoire. Rien, absolument<br />

rien, n’avait été fait ni préparé<br />

pour ce premier insoutenable anniversaire.<br />

C’était le prélude de cette honte<br />

qui nous frappe aujourd’hui devant nos<br />

amis étrangers. Le déplacement sur les<br />

lieux des fosses communes <strong>à</strong> Titanyen<br />

ne peut couvrir cette absence de vision<br />

et d’inconscience des dirigeants d’hier.<br />

Ha oui ! Il y avait, ce jour-l<strong>à</strong>, le patron<br />

de la Digicel, Denis O’Brien pour sauver<br />

l’honneur. En un geste fort il a donné<br />

une superbe leçon d’initiative et de volontarisme<br />

au gouvernement haïtien et<br />

au secteur des affaires.<br />

Son entreprise a mis au goût du<br />

jour plus exactement a redonné vie <strong>à</strong><br />

l’historique marché du Président Florvil<br />

Hyppolite (Marché Vallière ou Marché<br />

en Fer). En moins d’une année ce<br />

marché totalement détruit par le séisme<br />

et des incendies successifs était remis<br />

aux autorités haïtiennes et municipales<br />

neuf comme au premier jour en guise de<br />

contribution <strong>à</strong> la reconstruction de Portau-Prince.<br />

Denis O’Brien et la Digicel<br />

avaient tracé l’exemple <strong>à</strong> suivre. Quand<br />

on veut l’on peut. S’éterniser en conférences,<br />

séminaires et de vagues colloques<br />

n’est en fait que de la poudre aux<br />

yeux. Subterfuges pour noyer plus facilement<br />

le poisson. Manœuvre dilatoire<br />

pour laisser passer le temps. Tactiques<br />

politiciennes pour contourner la reconstruction<br />

et dilapider les fonds ramassés.<br />

Enfin, faire du marronnage pour masquer<br />

son incapacité <strong>à</strong> gouverner.<br />

Quoi de plus facile que de trouver<br />

des complices qui se disent experts, tous<br />

payés rubis sur l’ongle, pour monter une<br />

retraite dans un cadre enchanteur afin<br />

de cogiter sur des choses qui ont été<br />

mille fois, dix mille fois répétées. Ecrites.<br />

Analysées. Signées. On nous dit qu’il<br />

faut des milliards sinon plus avant de<br />

commencer la reconstruction d’Haïti et<br />

de sa capitale Port-au-Prince. D’accord.<br />

Mais combien le gouvernement dominicain<br />

sous le leadership de son Président<br />

Leonel Fernández et le secteur des<br />

affaires de ce petit pays ont-ils déboursé<br />

pour livrer en moins de deux ans un<br />

Complexe universitaire digne de ce nom<br />

clé en main <strong>à</strong> Haïti ? Ce montant dans<br />

le cadre d’un Etat est plus que dérisoire.<br />

Cinquante millions de dollars. Mais<br />

s’agissant de la République Dominicaine<br />

c’est énorme. Et ce n’est pas tout. C’est<br />

la valeur symbolique de ce don qui nous<br />

frappe et nous surprend. Une université<br />

de standard international comme il n’y<br />

en a jamais eu dans notre chère Haïti.<br />

Sauf peut-être du temps de l’Académie<br />

Royale Henri Christophe.<br />

C’est dire combien le défi <strong>à</strong> relever<br />

va être difficile pour le pouvoir public<br />

et la société civile haïtienne. Ce « Don<br />

de la République Dominicaine » comme<br />

c’est écrit en lettre capitale <strong>à</strong> l’entrée<br />

du Campus universitaire situé dans la<br />

bourgade de Limonade, même s’il a été<br />

construit en solidarité avec le peuple<br />

haïtien face aux malheurs qui ont frappé<br />

le pays, doit être considéré aussi comme<br />

un « Sceau de la honte » porté <strong>à</strong> notre<br />

visage marqué <strong>à</strong> l’aide du fer chaud<br />

des forgerons au temps des grandes<br />

habitations et/ou de la colonie comme<br />

les maîtres marquèrent leurs esclaves.<br />

Inaugurée un 12 janvier, le jour même<br />

de la deuxième commémoration de la<br />

catastrophe qui a mis <strong>à</strong> nu la faillite de<br />

l’Etat haïtien et de ses élites dirigeants,<br />

cette université, qu’importe le sentiment<br />

de ses donateurs, a un goût amer dans<br />

notre bouche en tant qu’haïtiens descendants<br />

de l’orgueilleux fondateur de<br />

la patrie, Jean-Jacques Dessalines et du<br />

roi bâtisseur, Henri Christophe.<br />

Elle porte en elle toute la douleur<br />

et la souffrance de notre dépendance<br />

envers ce petit pays voisin et la honte<br />

que cette commémoration cumule. Malheureusement,<br />

nous ne pouvons que<br />

souhaiter longue vie <strong>à</strong> cette œuvre de<br />

grandeur et de fierté dominicaine dont<br />

nous connaissons la valeur symbolique<br />

et l’importance pour la jeunesse estudiantine.<br />

Qui sait si cette université n’est<br />

conçue et mise en branle par des gens<br />

pour qui, au fond d’eux-mêmes, notre<br />

chaos politique et la faillite de notre pays<br />

sont leur raison de vivre aujourd’hui.<br />

Cette inauguration en ce 12 janvier est<br />

d’autant plus humiliante pour la communauté<br />

nationale, qu’aucun autre<br />

bâtiment public ou privé entrant dans le<br />

cadre de la reconstruction n’a encore vu<br />

le jour. Pas un ministère. Une université.<br />

Un lycée. Rien.<br />

Le bâtiment devant abriter le<br />

Parlement continue toujours d’être un<br />

projet <strong>à</strong> l’étude. En deux ans cette institution<br />

a déménagé, deux fois mais<br />

reste dans le provisoire. Un vrai gaspillage<br />

de ressources financières, même<br />

si ces fonds en grande partie viennent<br />

de la Communauté internationale.<br />

Encore elle. Le Palais de justice qui<br />

s’est refugié dans un ancien hôtel<br />

au Bicentenaire, attend pour voir.<br />

Sans oublier le Palais présidentiel toujours<br />

<strong>à</strong> genoux dans un décor de film<br />

catastrophe. Le gouvernement haïtien,<br />

comme le reste des habitants de la capitale,<br />

vit dans le provisoire. Alors qu’on<br />

a vu comment, avec seulement 50 millions<br />

de dollars, la Dominicanie nous a<br />

infligé le coup de grâce et ce, en moins<br />

de 24 mois un très superbe cadeau empoisonné.<br />

Espérons seulement que le 12<br />

janvier prochain nous soyons capables<br />

de relever les défis que nous mêmes<br />

croyons impossibles.<br />

C.C<br />

Suite de la page (8)<br />

D’autre part, nous installons des<br />

pépinières pour le reboisement : Haïti<br />

ne dispose que de 2% de couverture forestière<br />

et la déforestation est continue,<br />

car le charbon de bois est une source<br />

alternative de revenus pour l’agriculteur.<br />

Avec un sol plus vulnérable, les<br />

cyclones et les ouragans sont plus dévastateurs<br />

que partout ailleurs dans les<br />

Caraïbes.<br />

Dayana – Une autre action concrète<br />

a été d’envoyer 76 jeunes Haïtiens<br />

au Brésil pour un an, pour vivre<br />

la réalité du paysan brésilien, pour voir<br />

comment nous travaillons et suivre un<br />

cycle de formation <strong>à</strong> l’Ecole Nationale<br />

Florestan Fernandes. La plupart sont<br />

revenus enthousiastes, avec la volonté<br />

d’appliquer ces expériences ici.<br />

Comment le programme de<br />

coopération est-il financé ?<br />

Patrola – Nous sommes une brigade<br />

de militants volontaires soutenus<br />

par des organisations non-gouvernementales.<br />

Des organismes brésiliens<br />

et étrangers apportent des ressources<br />

financières pour le transport, pour<br />

l’essence et la nourriture. Nous avons<br />

aussi une très bonne relation avec<br />

l’ambassade du Brésil, et avec la Force<br />

aérienne qui a transporté les graines<br />

<strong>à</strong> plusieurs reprises jusqu´ici et a appuyé<br />

la logistique pour l’échange avec<br />

la brigade de jeunes Brésiliens qui sont<br />

venus ici.<br />

Mais nous voulons travailler dans<br />

des programmes de production laitière,<br />

dans l’installation de moulins et la distribution<br />

de citernes pour desservir plus<br />

de 75 mille familles et pour cela nous<br />

avons besoin de l´appui du gouvernement<br />

fédéral. Si le Brésil veut coopérer<br />

massivement avec les agriculteurs<br />

haïtiens, il devrait compter avec nous.<br />

Nous avons fait la demande, maintenant<br />

cela dépend d’eux.<br />

Quelles sont les difficultés<br />

principales de la brigade ?<br />

Patrola – Nous avons du mal<br />

<strong>à</strong> nous maintenir <strong>à</strong> cause des frais<br />

d’essence, de nourriture, de santé. Sur<br />

les 40 personnes de différents mouvements<br />

de Via Campesina qui sont venus<br />

<strong>à</strong> Haïti, 36 ont souffert d´infections<br />

gastriques, de paludisme, ou de fièvre<br />

typhoïde parce que nous avons subi<br />

de nombreuses privations. Vous savez<br />

combien il y a de marchés dans la région<br />

où nous travaillons ? Zéro. Nous<br />

comptons sur les foires paysannes, qui<br />

sont un phénomène important ici. L<strong>à</strong><br />

on fait du troc, on achète et on vend<br />

des produits, c´est l<strong>à</strong> où l’économie<br />

bouge.<br />

André – Les agriculteurs de<br />

montagne parcourent 4, 5 heures de<br />

marche pour être dès 8 h. du matin <strong>à</strong><br />

la foire et négocier leurs produits. Ils<br />

transportent tout sur la tête et avec<br />

l´argent de la vente, achètent d´autres<br />

produits pour les ramener chez eux. La<br />

population vit en fonction de ça.<br />

Patrola – Si j’étais photographe<br />

je voudrais faire des images de ces<br />

foires.<br />

Dayana – C´est de vous qu´on<br />

devrait prendre des photos...<br />

(À ce moment, le photographe<br />

d’Opéra Mundi raconte qu’il est allé <strong>à</strong><br />

une foire <strong>à</strong> Port au Prince vêtu d’un gilet<br />

pare-balles et d´un casque. La pièce<br />

résonne de rires.)<br />

Comment évaluez-vous la présence<br />

des troupes de l´ONU et la sécurité<br />

dans le pays ?<br />

Patrola – Je fais miennes les<br />

paroles de l’ex-Ambassadeur Igor Kipman<br />

: Haïti a besoin de marcher sur<br />

ses propres pieds, a besoin d´être autonome.<br />

Cela n´a aucun sens de dépenser<br />

800 millions de dollars par an pour des<br />

activités militaires. Peut-être que cela<br />

était nécessaire de 2004 <strong>à</strong> 2006 quand<br />

le pays vivait une instabilité politique,<br />

mais aujourd’hui c´est de l´argent gaspillé.<br />

L’image de Haïti, pays violent, en<br />

guerre civile, oú on ne peut pas marcher<br />

seul dans la rues, est un mensonge. Il<br />

y a des gens qui sont convaincus que<br />

c´est vrai, y compris nos collègues brésiliens.<br />

C’est une construction négative,<br />

un préjugé. En trois ans de vie<br />

sur place, je ne me suis jamais senti en<br />

insécurité.<br />

Dayana – Il y a beaucoup d’intérêts<br />

économiques derrière la construction<br />

de l’image négative des Haïtiens<br />

comme des gens qui n’aiment pas travailler,<br />

qui sont désorganisés : il faut<br />

donc leur apporter la paix et la civilisation...<br />

C´est vrai qu´il y a un manque<br />

d´organisation et beaucoup de besoins,<br />

mais nous ne pouvons passer sous<br />

silence combien ce pays est exploité.<br />

Les haïtiens ne jouent pas aux dés<br />

dans l’attente qu’une aide humanitaire<br />

débarque. Les gens travaillent et<br />

travaillent très dur, mais ils sont surexploités,<br />

et c´est la cause des difficultés<br />

du pays.<br />

*Envoyée spéciale <strong>à</strong> Port-au-<br />

Prince de Opera Mundi<br />

MST 13 de janeiro de 2012<br />

Traduit du portugais par :<br />

Thierry Deronne<br />

La Revolución Vive<br />

13 janvier 2012<br />

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l’actualité tels:<br />

Jean Elie Th. Pierre-Louis, Guy Dorvil,<br />

Dorsainvil Bewit, Claudy Jean-Jacques,<br />

Jean Laurent Nelson, et pour Haïti<br />

Liberté, Kim Ives.<br />

En direct avec Bénédict Gilot depuis Haïti.<br />

Soyez <strong>à</strong> l’écoute sur Radyo Panou &<br />

Radyo Inite.<br />

Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 15


Attaque ciblée contre un<br />

ancien militaire<br />

Suite de la page (13)<br />

Le cadavre de l’ex-militaire, Présent Rock<br />

pas donné le moindre signe, mercredi,<br />

qu’elle céderait aux pressions des<br />

États-Unis pour qu’elle réduise ses<br />

achats de pétrole iranien et elle a considéré<br />

comme excessives les sanctions de<br />

Washington contre Téhéran. »<br />

On reste abasourdi de voir avec<br />

quelle tranquillité les États-Unis et l’Europe<br />

censément civilisés orchestrent<br />

une campagne assortie de méthodes<br />

systématiquement terroristes. Pour<br />

s’en convaincre, il suffit de la nouvelle<br />

fournie par une autre agence de presse<br />

européenne : « L’assassinat, ce mercredi,<br />

d’un responsable de la centrale<br />

nucléaire de Natanz, au centre de l’Iran,<br />

a été précédé de trois autres depuis janvier<br />

2010. »<br />

Le 12 janvier de cette année-l<strong>à</strong>,<br />

« un physicien nucléaire de renommée<br />

internationale, Massoud Ali-Mohammad,<br />

professeur <strong>à</strong> l’Université de Téhéran,<br />

qui travaillait pour les Gardiens de<br />

la révolution, est mort dans l’explosion<br />

d’une moto piégée devant son domicile<br />

de la capitale. »<br />

« 29 novembre 2010 : Majid<br />

Shahriari, fondateur de la Société<br />

nucléaire iranienne, «chargé d’un<br />

des grands projets de l’Organisation<br />

iranienne de l’énergie atomique» […] a<br />

été tué <strong>à</strong> Téhéran par l’explosion d’une<br />

bombe magnétique fixée <strong>à</strong> sa voiture.<br />

« Ce même jour, un autre physicien<br />

nucléaire, Feyerdoun Abbasi<br />

Davani, a fait l’objet d’un attentat<br />

dans des conditions identiques quand<br />

il garait sa voiture devant l’Université<br />

Shahid Beheshti de Téhéran, où tous<br />

deux étaient professeurs. » Il n’a été<br />

que blessé.<br />

« 23 juillet 2011 : le scientifique<br />

Dariush Rezainejad, qui travaillait <strong>à</strong> des<br />

projets du ministère de la Défense, a été<br />

abattu <strong>à</strong> coups de feu par des inconnus<br />

qui roulaient en moto <strong>à</strong> Téhéran.<br />

« 11 janvier 2012 – soit le jour<br />

même où Ahmadineyad voyageait<br />

entre le Nicaragua et Cuba pour donner<br />

sa conférence <strong>à</strong> l’Université de La<br />

Havane – le scientifique Moustapha<br />

Ahmadi Roshan, qui travaillait <strong>à</strong> la<br />

centrale de Natanz où il était le vicedirecteur<br />

pour les affaires commerciales,<br />

est mort dans l’explosion d’une bombe<br />

magnétique posée sur sa voiture, près<br />

de l’Université Allameh Tabatabai, <strong>à</strong><br />

l’est de Téhéran… L’Iran en a accusé<br />

de nouveau les États-Unis et Israël »,<br />

comme pour les cas précédents.<br />

Il s’agit l<strong>à</strong> de l’assassinat sélectif,<br />

mais systématique, de brillants scientifiques<br />

iraniens. J’ai lu des articles<br />

de sympathisants notoires d’Israël qui<br />

considèrent ces crimes perpétrés par ses<br />

services secrets en collaboration avec<br />

ceux des États-Unis et de l’OTAN comme<br />

quelque chose de tout <strong>à</strong> fait normal.<br />

Des agences informent depuis<br />

Moscou :<br />

« La Russie a alerté aujourd’hui<br />

Présent Rock, un ancien militaire,<br />

membre de la Coordination Nationale<br />

des militaires démobilisés<br />

des ex-Forces armées d’Haïti (CON-<br />

AMIDH) a été tué <strong>à</strong> l’angle des rues<br />

des Miracles et Docteur Aubry, le<br />

vendredi 13 janvier 2012 au centre<br />

de la capitale d’Haïti. Il était environ<br />

midi ce jour-l<strong>à</strong>, lorsque 6 individus<br />

armés ont attaqué la victime.<br />

Présent Rock, qui était en possession<br />

d’un révolver de calibre 38 a<br />

essayé de se défendre, mais le temps<br />

de recharger son arme, il était criblé<br />

de balles et son arme emportée par<br />

les agresseurs, selon des témoins.<br />

Sa carte de membre des ex-Forces<br />

armées d’Haïti était dans sa bourse.<br />

Le porte-parole de la Police Nationale<br />

d’Haïti (PNH), Gary Desrosiers<br />

a confirmé l’assassinat de l’ex-militaire,<br />

Présent Rock.<br />

Suite de la page (17)<br />

signé par des milliers d’historiens chiliens<br />

et étrangers.<br />

Nous autres historiens savons<br />

que les concepts sont des outils essentiels<br />

pour la constitution de la réalité<br />

sociale. Car de tels concepts contribuent<br />

<strong>à</strong> produire les signifiés de cette réalité<br />

matérielle qu’on aspire <strong>à</strong> non seulement<br />

nommer, mais aussi <strong>à</strong> transformer.<br />

Dans cette optique, la conceptualisation<br />

est un processus éminemment<br />

politique, et le débat sur l’utilisation de<br />

tel ou tel concept revêt une importance<br />

capitale pour définir le passé et l’avenir.<br />

Dès lors, remplacer le concept<br />

de dictature par celui de régime militaire<br />

revient <strong>à</strong> changer le champ de<br />

l’expérience nominale, et, partant, les<br />

horizons d’attentes des acteurs sociaux.<br />

Le ministre [de l’Education] Beyer trahit<br />

ses intentions lorsqu’il affirme que<br />

régime/gouvernement militaire est un<br />

concept plus général que celui de dictature,<br />

et que donc son emploi est justifié,<br />

même s’il déclare ensuite qu’il croit<br />

que ce régime a été “effectivement dictatorial”.<br />

Ce n’est pas un problème de<br />

généralité ou d’objectivité, car l’histoire<br />

n’est pas objective, mais sujette <strong>à</strong> interprétation,<br />

ouverte au débat et par conséquent<br />

politiquement construite.<br />

Quand le Chili est revenu <strong>à</strong><br />

la démocratie, ce débat a eu tôt fait<br />

d’agiter le monde de l’enseignement.<br />

Il a fallu plusieurs années pour qu’on<br />

qu’un scénario similaire <strong>à</strong> celui de la<br />

Libye était en train de mûrir en Syrie,<br />

mais que l’attaque partirait cette fois-ci<br />

de la voisine Turquie.<br />

« Nikolaï Patrouchev, secrétaire<br />

du Conseil de sécurité russe, a affirmé<br />

que l’Occident voulait «punir Damas<br />

non pas tant <strong>à</strong> cause de la répression<br />

contre l’opposition, mais de son refus<br />

de rompre son alliance avec Téhéran».<br />

« …<strong>à</strong> son avis, un scénario libyen<br />

est en train de mûrir, mais les attaques<br />

ne viendront pas en l’occurrence de<br />

France, de Grande-Bretagne et d’Italie,<br />

mais de Turquie.<br />

« Il s’est même risqué <strong>à</strong> affirmer<br />

: «Il se peut que Washington et<br />

Ankara soient déj<strong>à</strong> en train de définir<br />

différentes options de zones d’exclusion<br />

aérienne, où des armées de rebelles<br />

syriens pourraient être entraînées et<br />

concentrées». »<br />

Les nouvelles proviennent non<br />

seulement d’Iran et du Moyen-Orient,<br />

mais aussi d’autres points d’Asie centrale<br />

proche de cette région. Ce qui<br />

nous permet d’apprécier la complexité<br />

des problèmes découlant de cette zone<br />

dangereuse.<br />

Les États-Unis ont été entraînés<br />

par leur politique impériale contradictoire<br />

et absurde dans de sérieux problèmes<br />

dans des pays comme le Pakistan,<br />

dont les frontières avec celles d’un<br />

autre État important, l’Afghanistan, ont<br />

été délimitées par les colonialistes sans<br />

tenir compte des cultures ni des ethnies.<br />

Dans ce dernier pays qui a défendu<br />

des siècles durant son indépendance<br />

face au colonialisme anglais, la<br />

production de drogues s’est multipliée<br />

depuis l’invasion yankee, tandis que<br />

les soldats européens appuyés par des<br />

drones et l’armement perfectionné des<br />

États-Unis commettent des massacres<br />

ignominieux qui augmentent la haine<br />

de la population et éloignent les possibilités<br />

de paix. C’est bien ça, et d’autres<br />

horreurs, que reflètent les dépêches des<br />

agences de presse occidentales :<br />

« WASHINGTON, 12 janvier<br />

2012. Le secrétaire d’État <strong>à</strong> la Défense,<br />

Leon Panetta, a taxé ce jeudi d’ «absolument<br />

déplorable» le comportement de<br />

quatre hommes présentés comme des<br />

marines étasuniens en train de pisser<br />

sur des cadavres, selon une vidéo circulant<br />

sur Internet.<br />

« «J’ai vu les images et je<br />

trouve ce comportement absolument<br />

déplorable».<br />

« «Ce comportement est<br />

absolument inapproprié de la part de<br />

membres de l’armée étasunienne et ne<br />

traduit en aucun cas les critères et les<br />

valeurs que nos forces armées jurent de<br />

respecter».<br />

En fait, le secrétaire <strong>à</strong> la Défense<br />

ne confirme ni n’infirme ces faits. Chacun<br />

donc peut en douter, et lui le premier<br />

peut-être.<br />

En tout cas, il est extrêmement<br />

inhumain que des hommes, des femmes<br />

et des enfants, ou un combattant afghan<br />

qui se bat contre l’occupation<br />

étrangère, soient assassinés sous les<br />

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puisse dire publiquement qu’entre<br />

1973 et 1990 le Chili avait connu une<br />

dictature militaire. Cette appellation a<br />

fait l’objet d’âpres discussions, et cette<br />

même droite qui gouverne aujourd’hui<br />

le pays a systématiquement refusé<br />

qu’on introduise le terme de dictature<br />

dans les programmes d’études et les<br />

manuels scolaires. Résultat, les propos<br />

du ministre non seulement ne convainquent<br />

pas nos concitoyens, mais encore<br />

dissimulent ce que tout processus<br />

de conceptualisation implique : imposer<br />

politiquement une nouvelle vision du<br />

passé, où les atrocités commises pendant<br />

17 ans contre des Chiliens seront<br />

occultées par un concept comme celui<br />

de régime/gouvernement militaire. La<br />

droite qui dirige aujourd’hui le pays<br />

veut qu’on interprète le passé dans ce<br />

sens, et même si une telle position est<br />

licite en démocratie, car elle s’inscrit<br />

dans le contexte plus large de la lutte<br />

pour le pouvoir, il serait important et<br />

éthiquement souhaitable que ce gouvernement<br />

le reconnaisse.<br />

El Mostrador 6 Janvier 2012<br />

Courrier International 12 Janvier<br />

2012<br />

NDLR. * Cristina Moyano. Docteure<br />

en , spécialiste de l’histoire du Chili.<br />

Professeure au Département d’Histoire<br />

de la Faculté des Sciences Humaines de<br />

l’Université de Santiago du Chili.<br />

bombes d’avions sans pilote. Pis encore<br />

: des dizaines de soldats et officiers<br />

pakistanais qui surveillent les frontières<br />

du pays ont été déchiquetées par ces<br />

bombes.<br />

Le président afghan lui-même,<br />

Karzai, a affirmé qu’outrager des cadavres<br />

était « «tout simplement inhumain»<br />

et il a demandé <strong>à</strong> l’administration<br />

étasunienne d’ «infliger la peine la plus<br />

sévère <strong>à</strong> quiconque serait condamné<br />

pour ce crime». »<br />

Des porte-parole des Talibans ont<br />

déclaré : « Des centaines d’actes semblables<br />

ont été commis ces dix dernières<br />

années sans qu’on les révèle. »<br />

On en arrive presque <strong>à</strong> prendre<br />

en pitié ces soldats, séparés de leurs<br />

familles et de leurs amis, envoyés <strong>à</strong><br />

des milliers de kilomètres de leur patrie<br />

pour lutter dans des pays dont ils<br />

n’ont peut-être jamais entendu parler <strong>à</strong><br />

l’école et où on leur confie la mission<br />

de tuer ou de mourir afin d’enrichir<br />

des sociétés transnationales, des fabricants<br />

d’armes et des politicards sans<br />

scrupules qui dilapident chaque année<br />

les fonds dont on aurait besoin pour<br />

alimenter et éduquer les innombrables<br />

millions d’affamés et d’analphabètes<br />

dans le monde.<br />

Nombre de ces soldats, victimes<br />

de leurs traumatismes, finissent par<br />

s’ôter la vie.<br />

Est-ce que j’exagère quand je dis<br />

que la paix mondiale tient <strong>à</strong> un fil ?<br />

Fidel Castro Ruz<br />

12 janvier 2012<br />

Traduction J-F Bonaldi, la Havane<br />

Suite de la page (12)<br />

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des négociations pour mettre fin pacifiquement<br />

<strong>à</strong> l’apartheid et pour un<br />

transfert formel du pouvoir, dans le<br />

but de réprimer l’opposition révolutionnaire<br />

et de préserver leur richesse<br />

et leur propriété. Mandela et l’ANC ont<br />

accepté.<br />

En 1935, dans une lettre <strong>à</strong><br />

ses partisans d’Afrique du Sud,<br />

Léon Trotsky a mis en garde de «<br />

l’incapacité du Congrès [ANC] de réaliser<br />

ses propres revendications <strong>à</strong><br />

cause de sa politique superficielle et<br />

conciliatoire ».<br />

Cet avertissement était prescient.<br />

La trajectoire de l’ANC, comme<br />

celle de tous les autres mouvements<br />

nationalistes bourgeois et de libération<br />

nationale en Asie, en Afrique,<br />

en Amérique latine et au Moyen-<br />

Orient – du Congrès national indien<br />

<strong>à</strong> l’Organisation de libération de la<br />

Palestine, en passant par les sandinistes<br />

– a justifié la perspective fondamentale<br />

avancée par Trotsky dans sa<br />

théorie de la révolution permanente.<br />

La perspective de Trotsky a<br />

établi que la bourgeoisie dans les<br />

pays opprimés, liée <strong>à</strong> l’impérialisme<br />

et craignant la classe ouvrière, est organiquement<br />

incapable de mener une<br />

lutte pour la démocratie et pour mettre<br />

un terme <strong>à</strong> la domination impérialiste.<br />

Ces tâches ne peuvent être réalisées<br />

que par la classe ouvrière, <strong>à</strong> la tête des<br />

masses opprimées, prenant le pouvoir<br />

entre ses mains et luttant pour la<br />

révolution socialiste dans le cadre de<br />

la lutte de la classe ouvrière internationale<br />

pour mettre fin au capitalisme<br />

<strong>à</strong> l’échelle mondiale.<br />

La célébration du centième anniversaire<br />

du CNA s’est tenue alors<br />

qu’il y a des indications croissantes<br />

d’une résurgence de la lutte de classe<br />

en Afrique du Sud, entraînée par la<br />

crise du capitalisme mondial. Les<br />

travailleurs sud-africains entreront<br />

inévitablement en conflit avec le gouvernement<br />

de l’ANC puis avec les<br />

capitalistes multimillionnaires et les<br />

banques et sociétés transnationales<br />

qu’il représente. Ce qui est nécessaire<br />

est une nouvelle direction dans<br />

la classe ouvrière fondée sur une perspective<br />

internationaliste et socialiste<br />

dans le but de mener la lutte pour une<br />

véritable démocratie, l’égalité et le socialisme.<br />

Cela signifie la construction<br />

d’une section sud-africaine du Comité<br />

international de la Quatrième Internationale.<br />

Wsws 11 janvier 2012<br />

NDLR. Le coefficient de Gini est une<br />

mesure du degré d’inégalité de la distribution<br />

des revenus dans une société<br />

donnée, développée par le statisticien<br />

italien Corrado Gini. Le coefficient de<br />

Gini est un nombre variant de 0 <strong>à</strong> 1,<br />

où 0 signifie l’égalité parfaite (tout le<br />

monde a le même revenu) et 1 signifie<br />

l’inégalité totale (une personne a tout<br />

le revenu, les autres n’ont rien, cas<br />

extrême du maître et de ses esclaves).<br />

1234567890<br />

mc m+ m- mr<br />

С + - / x<br />

7<br />

4 5<br />

1 2<br />

0<br />

8<br />

9<br />

6<br />

3<br />

-<br />

+<br />

=<br />

16<br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012


A Travers le monde<br />

Pourquoi la tournée d’Ahmadinejad en Amérique Latine<br />

énerve tant Washington ?<br />

Daniel Ortega, Chavez et Mahmoud Ahmadinejad<br />

L’alliance des pays latino-américains<br />

et de Téhéran ne menace pas<br />

la sécurité des Etats-Unis, assure<br />

le quotidien mexicain de gauche la<br />

Jornada. Si la tournée latino-américaine<br />

du président iranien Mahmoud<br />

Ahmadinejad (du 8 au 13<br />

janvier) dérange, c’est parce que<br />

ces Etats expriment leur indépendance<br />

vis-<strong>à</strong>-vis de l’impérialisme<br />

américain.<br />

En accueillant le président iranien<br />

Mahmoud Ahmadinejad,<br />

le Venezuela, le Nicaragua, Cuba et<br />

l’Equateur ignorent superbement la<br />

mise en garde des Etats-Unis qui<br />

Paul J. Jourdan<br />

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Correa et Ahmadinejad<br />

avaient déclaré le 6 janvier, via la<br />

porte-parole du Département d’Etat,<br />

Victoria Nuland, que les pays de<br />

la région devraient «s’abstenir de<br />

resserrer leurs liens» avec la République<br />

islamique. L’hostilité de la<br />

Maison Blanche et de ses alliés régionaux<br />

- en particulier la Colombie<br />

et le Mexique - envers Téhéran n’est<br />

cependant pas liée <strong>à</strong> la question des<br />

droits de l’homme, dont la situation<br />

est aussi critiquable en Iran qu’aux<br />

Etats-Unis, en Colombie ou au Mexique.<br />

Apparemment, elle ne se fonde<br />

pas non plus sur les affirmations<br />

selon lesquelles ce pays soutiendrait<br />

des actions terroristes.<br />

Hugo Chavez et le président iranien Mahmoud Ahmadinejad<br />

Non, la vraie raison n’est autre<br />

que la détermination de la République<br />

islamique <strong>à</strong> exercer son indépendance<br />

dans tous les domaines,<br />

notamment le développement de<br />

technologie nucléaire pouvant<br />

avoir des applications militaires.<br />

Même si l’Iran avait effectivement<br />

l’intention de se doter de l’arme atomique,<br />

comme on l’en accuse, une<br />

telle attitude, quoique lamentable<br />

et alarmante du point de vue de la<br />

prolifération nucléaire, serait la conséquence<br />

naturelle de l’ingérence<br />

militaire américaine au Moyen-Orient<br />

et de la complaisance vis-<strong>à</strong>-vis<br />

d’Israël, que les Occidentaux ont<br />

laissé se doter d’un arsenal nucléaire,<br />

sans que personne aux Etats-<br />

Mahmoud Ahmadinejad et Evo Morales<br />

Unis ni en Europe ne fasse rien pour<br />

l’en empêcher.<br />

Par ailleurs, le rapprochement<br />

entre l’Iran et plusieurs Etats latinoaméricains<br />

progressistes, s’avère<br />

logique et positif. C’est particulièrement<br />

vrai en ce qui concerne le Venezuela,<br />

compte tenu des similitudes<br />

évidentes entre les deux pays. L’un<br />

et l’autre sont exportateurs de pétrole,<br />

déterminés <strong>à</strong> promouvoir leurs<br />

propres technologies, et surtout harcelés<br />

par une puissance impériale<br />

qui ne se résigne pas <strong>à</strong> la perte historique<br />

de deux Etats sur lesquels,<br />

d’une manière ou d’une autre, elle<br />

exerçait sa mainmise politique.<br />

Jusqu’<strong>à</strong> présent, les Etats-Unis et<br />

leurs alliés continentaux ont agité<br />

en vain l’épouvantail d’un «axe<br />

du mal» entre Téhéran et Caracas,<br />

censé promouvoir le terrorisme dans<br />

la région et <strong>à</strong> terme déstabiliser les<br />

Etats-Unis.<br />

Pourtant, il est clair que les<br />

républiques islamique et bolivarienne<br />

ont pour seul objectif de passer<br />

des accords de coopération dans le<br />

domaine pétrolier, technologique et<br />

militaire. Ce qui est tout <strong>à</strong> fait légitime.<br />

On pourrait en dire autant des<br />

relations de l’Iran avec Cuba, le Nicaragua<br />

et l’Equateur. Il s’agit de<br />

liens de collaboration entre Etats<br />

souverains, qui ne nuisent en rien <strong>à</strong><br />

la sécurité de Washington. Le malaise<br />

de la superpuissance, face <strong>à</strong><br />

la visite d’Ahmadinejad sur le continent<br />

américain, s’explique donc<br />

par une double rupture régionale<br />

: celle survenue dans le Golfe persique<br />

après la révolution islamique<br />

de 1979, et celle qu’a connue<br />

l’Amérique latine avec l’Argentine<br />

des Kirchner [Néstor et Cristina], le<br />

Brésil de Lula et de Dilma Rousseff,<br />

la Bolivie d’Evo Morales, l’Equateur<br />

de Rafael Correa, le Venezuela<br />

d’Hugo Chávez. Ces gouvernements<br />

ont décidé de mettre résolument en<br />

pratique le principe de souveraineté<br />

et ont entrepris un réalignement<br />

régional sans précédent, qui vise <strong>à</strong><br />

l’intégration latino-américaine et au<br />

dépassement de la misère et des inégalités<br />

sociales.<br />

LA JORNADA 10 janvier 2012<br />

Courrier International 11 janvier 2012<br />

Effacer la dictature des livres d'histoire, c'est grave<br />

La décision du ministère de<br />

l’Education de remplacer le mot<br />

dictature par celui “régime militaire”<br />

dans les manuels scolaires a<br />

suscité une levée de boucliers. Un<br />

débat qui n’est pas innocent, affirme<br />

cette historienne : changer les<br />

mots, c’est transformer la réalité.<br />

Cristina Moyano *<br />

Le programme scolaire officiel approuvé<br />

par le Conseil national de<br />

l’Education, le 9 décembre dernier,<br />

marque une rupture conceptuelle<br />

importante concernant l’histoire récente<br />

de notre pays : <strong>à</strong> la page 31<br />

du programme d’histoire, le terme<br />

de “dictature militaire” a en effet été<br />

remplacé par “gouvernement militaire”.<br />

Pour certains, ce changement<br />

conceptuel est infime et ne modifie en<br />

rien la réalité de ce qui “s’est réellement<br />

passé” au Chili pendant 17 ans.<br />

La majorité des Chiliens savent que les<br />

militaires ont gouverné de manière autoritaire,<br />

qu’ils ont été portés au pouvoir<br />

par un coup d’Etat et renversés par<br />

Page d'un manuel scolaire chilien consacrée au coup d'Etat d'Augusto<br />

Pinochet du 11 septembre 1973<br />

un gouvernement démocratiquement<br />

élu, qu’ils n’avaient pas le moindre<br />

respect pour les droits de l’homme et<br />

qu’ils ont transformé radicalement les<br />

fondements matériels et subjectifs de<br />

notre nation. Pour d’autres, le concept<br />

n’a pas vraiment d’importance si<br />

nous sommes capables de débattre en<br />

public de notre histoire et si la télévision<br />

aborde ouvertement les atteintes<br />

aux droits de l’homme avec des séries<br />

comme “Les archives du Cardinal” ou<br />

la dernière saison de “Les années 80”.<br />

En tant qu’historienne, je<br />

m’insurge contre ces affirmations,<br />

parce que le débat sur notre passé reste<br />

ouvert et que les changements conceptuels<br />

ne sont ni innocents ni anodins.<br />

Ces changements cachent une intention<br />

politique et idéologique évidente<br />

et c’est pourquoi il est important de la<br />

rendre visible au plus grand nombre.<br />

N’oublions pas que c’est ce passé qu’on<br />

va enseigner aux enfants de notre pays.<br />

En janvier 1999, un groupe<br />

d’historiens dirigé par Gabriel Salazar,<br />

Julio Pinto, Mario Gracés, Sergio Grez<br />

et María Angélica Illanes ont endossé<br />

la lourde charge de débattre ouvertement<br />

de la dénomination et de la<br />

représentation de notre passé récent,<br />

s’opposant ainsi <strong>à</strong> l’historien de droite<br />

Gonzalo Vial et <strong>à</strong> son histoire du “régime<br />

militaire” expurgée des atrocités<br />

commises pendant ces 17 années, vue<br />

selon une perspective où le coup d’Etat<br />

est conçu comme la planche de salut<br />

d’institutions politiques démocratiques<br />

en phase terminale. De ce travail est<br />

né le célèbre “Manifeste des Historiens”<br />

Suite <strong>à</strong> la page (16)<br />

Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 17


Racisme, guerre<br />

secrète, assassinat et<br />

torture au programme<br />

de la politique<br />

étrangère des<br />

candidats républicains<br />

Les sept candidats en lice pour l’investiture républicaine se livrent <strong>à</strong> une<br />

surenchère néoconservatrice en matière de politique internationale<br />

Menez Jean-Jerome<br />

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l’approche de l’ouverture des<br />

À primaires, les sept candidats en<br />

lice pour l’investiture républicaine<br />

se livrent <strong>à</strong> une surenchère<br />

néoconservatrice en matière de<br />

politique internationale. État des<br />

lieux. Mitt Romney, numéro deux<br />

selon les sondages et considéré<br />

comme l’un des plus modérés des<br />

candidats, a appelé <strong>à</strong> « passer aux<br />

actions secrètes <strong>à</strong> l’intérieur de la<br />

Syrie pour obtenir un changement<br />

de régime ».<br />

Rick Santorum, ancien sénateur<br />

de Pensylvanie, a estimé que<br />

la récente explosion d’un dépôt de<br />

missiles iranien était l’œuvre de<br />

Washington et averti qu’il poursuivrait<br />

dans cette voie s’il s’installe<br />

<strong>à</strong> la Maison-Blanche, avant<br />

de plaider pour des assassinats<br />

ciblés : « Tout savant étranger<br />

travaillant en Iran pour le programme<br />

nucléaire sera considéré<br />

comme un combattant ennemi<br />

et sera promis, (...) tout comme<br />

Oussama ben Laden, <strong>à</strong> l’élimination.<br />

Des savants ont été retrouvés<br />

morts en Russie et en Iran. Il y a<br />

eu des virus informatiques. Il y a<br />

des problèmes dans ces installations.<br />

J’espère que les États-Unis<br />

sont impliqués », a-t-il dit.<br />

L’égérie du Tea Party, Michele<br />

Bachman, a quant <strong>à</strong> elle jugé<br />

que la pratique de la simulation de<br />

noyade devait être reprise. Le président<br />

Obama avait mis fin <strong>à</strong> cette<br />

forme de torture <strong>à</strong> son arrivée au<br />

pouvoir début 2009.<br />

Le gouverneur du Texas Rick<br />

Perry a déclaré devant la Republican<br />

Jewish Coalition que « toutes<br />

nos lois émanaient de la Torah<br />

» et a estimé que les États-Unis<br />

devraient aider Israël <strong>à</strong> attaquer<br />

l’Iran.<br />

La palme de la rhétorique<br />

néoconservatrice revient sans<br />

conteste <strong>à</strong> l’actuel favori des sondages,<br />

Newt Gingrich. Ce dernier<br />

a confirmé ses positions après ses<br />

commentaires controversés sur les<br />

Palestiniens, qualifiant ce peuple «<br />

inventé » de « terroriste » lors d’un<br />

débat <strong>à</strong> Des Moines.<br />

Il a promis de financer « tous<br />

les groupes dissidents en Iran » et<br />

de saboter la plus grande raffinerie<br />

du pays. Il a aussi reproché au<br />

département d’État actuel de « procéder<br />

au désarmement moral de la<br />

tradition judéo-chrétienne » tout<br />

en promettant la nomination du<br />

néo-conservateur John Bolton <strong>à</strong> sa<br />

tête, <strong>à</strong> la place de Hilary Clinton.<br />

L’ancien président de la<br />

Chambre des représentants déclare<br />

que s’il devenait président des<br />

États-Unis, il envisagerait d’être<br />

très proche, « de plusieurs façons<br />

», de Benyamin Nétanyahou, l’actuel<br />

Premier ministre israélien. «<br />

Bibi est un dur <strong>à</strong> cuire. Il place la<br />

sécurité d’Israël en premier », ditil.<br />

Enfin, M. Gingrich veut demander<br />

au Congrès de redonner<br />

leur « liberté » aux services de renseignement<br />

étasuniens, suggérant<br />

ainsi de revenir sur l’interdiction<br />

actuelle d’assassiner les dirigeants<br />

en exercice des États qui s’opposent<br />

<strong>à</strong> la politique impériale.<br />

Au-del<strong>à</strong> de l’habituelle rhétorique<br />

sioniste et anti-iranienne<br />

qui vise <strong>à</strong> s’attirer les faveurs du<br />

puissant lobby pro-israélien, ce<br />

qui ressort de ces déclarations c’est<br />

que désormais les candidats <strong>à</strong> la<br />

Maison-Blanche assument ouvertement<br />

la dimension criminelle de<br />

la politique étrangère des Étatsunis<br />

d’Amérique.<br />

Réseau Voltaire 10 janvier 2012<br />

Costa Concordia : naufrage<br />

du dumping social<br />

L’échouage du paquebot de luxe aux<br />

abords de l’île de Toscane du Giglio<br />

a fait, selon un bilan provisoire, 11<br />

morts et 24 disparus. Les témoins<br />

pointent
les conditions chaotiques<br />

de l’évacuation et un équipage mal<br />

préparé.<br />

Par Laurent Mouloud<br />

Haro sur le capitaine ! Trois jours<br />

après le naufrage du Costa Concordia<br />

aux abords de l’île toscane du<br />

Giglio, qui a fait, selon un bilan provisoire,<br />

six morts et seize disparus, la<br />

polémique se focalise sur les responsabilités<br />

de Francesco Schettino, qui<br />

dirigeait ce gigantesque navire avec<br />

4 299 personnes <strong>à</strong> son bord. Accusé<br />

d’« homicides multiples » et « abandon<br />

du navire », le commandant de<br />

bord se trouve en détention depuis<br />

samedi.<br />

Le propriétaire déplore une<br />

« erreur humaine »<br />

Selon des témoins cités par le journal<br />

Corriere della Sera, son rôle serait central<br />

dans l’accident. Francesco Schettino<br />

aurait voulu « faire plaisir » au<br />

responsable des serveurs, originaire<br />

de l’île du Giglio, en passant près de<br />

ses côtes pour le récompenser d’avoir<br />

renoncé <strong>à</strong> une semaine de congés. Au<br />

cours de cette parade, le navire aurait<br />

percuté un rocher avant de se coucher<br />

sur le flan <strong>à</strong> 90 degrés. L’attitude du<br />

commandant durant le sauvetage est<br />

également pointée du doigt. Des témoins<br />

assurent l’avoir vu quitter le<br />

navire cinq heures avant l’évacuation<br />

des derniers rescapés.<br />

Le patron de Costa Crociere, société<br />

propriétaire du paquebot et leader<br />

européen des croisières, a déploré hier<br />

une « erreur humaine », assurant que<br />

la trajectoire prise par le navire était<br />

une initiative personnelle « contraire<br />

aux règles écrites, certifiées » par la<br />

compagnie. Il ne s’est pas épanché,<br />

en revanche, sur les nombreux témoignages<br />

qui dénoncent une évacuation<br />

chaotique, avec des chaloupes et<br />

des gilets de sauvetage en nombre insuffisant,<br />

et un équipage visiblement<br />

mal préparé <strong>à</strong> ce genre de situation.<br />

Le naufrage du Costa Concordia aux abords de l’île toscane du Giglio<br />

Contrairement aux règles en vigueur,<br />

aucune réunion d’information pour<br />

donner les consignes en cas d’accident<br />

n’aurait eu lieu en début de croisière.<br />

De fait, derrière le luxe affiché<br />

de ces mastodontes des mers, les<br />

compagnies maritimes se livrent <strong>à</strong> une<br />

course au dumping social qui n’est<br />

pas sans répercussion sur la sécurité.<br />

Les membres d’équipage du Costa<br />

Concordia étaient aussi d’une vingtaine<br />

de nationalités différentes dont<br />

environ 300 Philippins, 200 Indiens,<br />

170 Indonésiens… « À l’évidence, il<br />

s’agit l<strong>à</strong> d’un équipage low cost, mal<br />

payé et mal formé, dénonce Michel Le<br />

Cavorzin, secrétaire général du syndicat<br />

CGT des marins. Avec toutes ces<br />

nationalités, cela pose des problèmes<br />

de communication qui peuvent – on<br />

vient de le voir – se révéler dramatiques,<br />

lors d’un accident où il faut<br />

diriger et coordonner l’évacuation de<br />

milliers de personnes en panique, qui<br />

parlent elles-mêmes des langues différentes.<br />

» À bord du Costa Concordia,<br />

on dénombrait, parmi les 3 200 passagers,<br />

pas moins de 60 nationalités.<br />

Le syndicat CGT des marins du<br />

Grand Ouest a dénoncé hier « avec<br />

force la responsabilité des États européens,<br />

de l’Organisation maritime internationale,<br />

qui autorisent les armateurs<br />

<strong>à</strong> mettre <strong>à</strong> bord des navires des<br />

équipages <strong>à</strong> bas coût ». Le syndicat<br />

assure que sur les 1 850 000 marins<br />

recensés dans le monde, quatre sur<br />

cinq viennent de pays pauvres.<br />

Hier, le patron de Costa Crociere<br />

s’inquiétait de voir son entreprise<br />

Les vérités d'Hillary Clinton <strong>à</strong><br />

Alassane Ouattara<br />

Par Baudelaire Mieu<br />

Le tête <strong>à</strong> tête <strong>à</strong> Abidjan entre<br />

la secrétaire d’État américaine<br />

Hillary Clinton et le président ivoirien<br />

Alassane Ouattara, commence <strong>à</strong><br />

livrer quelques secrets. Révélations<br />

exclusives.<br />

Au cours de la conférence de<br />

presse suivant la rencontre Hillary<br />

Clinton - Alassane Ouattara, mardi<br />

17 janvier <strong>à</strong> Abidjan, la langue de<br />

bois diplomatique a été bien respectée,<br />

puisque l’envoyée de Barack<br />

Obama se disait satisfaite des derniers<br />

progrès enregistrés en Côte d›Ivoire,<br />

avec notamment l’organisation des<br />

élections législatives pacifiques du<br />

11 décembre dernier. Mais en privé,<br />

la chef de la diplomatie américaine<br />

n’a pas hésité <strong>à</strong> employer son francparler<br />

habituel avec son interlocuteur.<br />

De sources diplomatiques<br />

américaines, il a été fortement recommandé<br />

au chef de l’État ivoirien<br />

de former un gouvernement de réconciliation<br />

nationale avec, <strong>à</strong> la clé, le<br />

départ de l’actuel Premier ministre. «<br />

Les États-Unis souhaitent que Guillaume<br />

Soro et tous les proches du<br />

Le capitaine Francesco Schettino,<br />

a été incarcéré samedi 14 janvier<br />

pour homicide multiple et<br />

abandon du navire<br />

« lésée » par cette affaire. Il a chiffré<br />

<strong>à</strong> 93 millions de dollars « l’impact<br />

économique direct » de l’accident,<br />

soulignant, non sans cynisme, qu’il<br />

avait « 24 000 employés <strong>à</strong> protéger<br />

»…<br />

Risque de désastre écologique.<br />

Les sauveteurs ont repris hier aprèsmidi<br />

la recherche d’éventuels rescapés<br />

et des corps de disparus, grâce <strong>à</strong><br />

une amélioration soudaine des conditions<br />

météo sur l’île italienne du Giglio.<br />

Outre la tragédie humaine, les<br />

autorités s’activent pour éviter un «<br />

désastre » écologique avec la fuite<br />

possible des 2 380 tonnes de carburant<br />

qui se trouvent dans les entrailles<br />

du mastodonte, <strong>à</strong> moins de 50<br />

mètres de la côte où se situe notamment<br />

une réserve naturelle protégée.<br />

La société néerlandaise Smit Salvage<br />

a été chargée de pomper le carburant.<br />

Hillary Clinton et Alassane Ouattara, le 17 janvier 2012 <strong>à</strong> Abidjan<br />

pouvoir qui auraient pu commettre<br />

des crimes et exactions comparaissent<br />

devant la Cour pénale internationale<br />

(CPI), même en qualité de<br />

simples témoins. Ce message très<br />

clair a été passé au président ivoirien<br />

», confie une source américaine consultée<br />

par Jeune Afrique.<br />

Les États-Unis souhaitent que<br />

Guillaume Soro et tous les proches du<br />

pouvoir qui auraient pu commettre<br />

des crimes et exactions comparaissent<br />

devant la CPI, même en qualité<br />

de simples témoins.<br />

L’instauration d’un État de<br />

droit, avec moins d’immixtions<br />

d’hommes politiques et de militaires<br />

dans les affaires de la justice semble<br />

être une priorité pour les Américains<br />

; lesquels conditionnent l’octroi<br />

de leurs aides dans plusieurs domaines,<br />

notamment dans la santé,<br />

l’éducation, la sécurité, l’économie<br />

et l’agriculture, <strong>à</strong> des progrès dans<br />

la bonne gouvernance. Une position<br />

qui rejoint celle de la France, qui doit<br />

également envoyer des émissaires de<br />

haut rang cette semaine.<br />

Jeune Afrique 17 Janvier 2012<br />

18<br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012


Des<br />

Lignes,<br />

des Points<br />

et autres<br />

Envolées<br />

Guantánamo<br />

Suite de la page (20)<br />

Bien avant cette époque, l’artiste<br />

tapi en Jean-Yves, profitait des<br />

moindres incartades pour dire le besoin<br />

de s’exprimer. Souvent sur les serviettes,<br />

les bouts de carton, sur les sous-mains<br />

et sur d’autres supports périssables dans<br />

son espace de travail, il alignait des dessins<br />

qui éveillaient la curiosité.<br />

Au cours de ces derniers mois,<br />

il m’a été donné d’apprécier<br />

les récentes créations de ce talent, non<br />

encore assumé, doté, d’un crayon sur<br />

fond uni et d’une dextérité qui déclenche<br />

spontanément la sympathie et le respect<br />

de peintres confirmés. Je vais tenter,<br />

le temps de cette brève observation,<br />

une lecture succincte de la démarche de<br />

l’artiste. Ce clin d’œil qui se veut éclaireur<br />

permettra au grand public de découvrir<br />

les promesses que cache cette générosité<br />

dont les frontières sont <strong>à</strong> peine perceptibles.<br />

« Détresse » adresse un regard<br />

tout <strong>à</strong> fait particulier, chargé d’un<br />

désintéressement - dévouement voilé<br />

sur le quotidien immédiat. L’attrait de<br />

cette jeune personne représentée dans ce<br />

vitrail réalisé au crayon, n’augure pas la<br />

promesse de l’eau au-del<strong>à</strong> du désert.<br />

« Jouda » ne soumet pas mieux<br />

que ces deux yeux pris pour cible depuis<br />

l’angle de vue du spectateur, empêchant<br />

ainsi toute complicité avec ce regard<br />

depuis l’autre côté du mur. Comme s’il<br />

suffisait d’être des deux côtés du ravin<br />

dans un même territoire pour que nos<br />

revendications soient contradictoires.<br />

Ni blanc ni noir, ni Marx ni Jésus,<br />

le crayon se laisse aller <strong>à</strong> des crevasses<br />

pour cueillir des envoûtements dans<br />

l’antre infréquentable née des « Fissures<br />

» non encore colmatées de notre<br />

société. Ces blessures ouvertes, béantes,<br />

toujours pas cicatrisées qui entravent<br />

toutes nos tentatives d’être et que certains<br />

ne s’embarrassent guère d’utiliser pour<br />

paraître, semblent nous rappeler que<br />

nous sommes en retard d’une discussion.<br />

Toutefois les « Nuances » suggérées<br />

par l’audace de cette quête d’esthétique<br />

forcent <strong>à</strong> admettre la nécessité de voir les<br />

choses avec une certaine distance. Une<br />

distance qui permet <strong>à</strong> la fois de penser<br />

- panser les dérives en posant parallèlement<br />

les balises pour empêcher que<br />

demain ne soit la copie d’hier.<br />

« Zakamede » intervient dans<br />

ce débat avec beaucoup d’autorité. Cette<br />

divinité très respectée dans le panthéon<br />

du Vodou haïtien, est montrée par<br />

l’artiste dans un univers pour le moins<br />

tourmenté, bouleversé, paisible en surface,<br />

un profil trompeur, le calme avant<br />

la tempête. La pâleur que dégage l’aura<br />

de cette fée aux mensurations faites de<br />

coquillages, de fleurs, de racines et autres<br />

libertés bouscule dans un contraste<br />

débraillé toute étincelle d’équilibre et<br />

d’harmonie vue <strong>à</strong> la lentille de l’Occident.<br />

Il paraît que le personnage ainsi que<br />

l’environnement dans lequel ils évoluent,<br />

émanent de la spirale au premier plan de<br />

l’œuvre.<br />

D<br />

’un trait sûr, le crayon de<br />

Jean Yves Jason avance sur le<br />

support avec une confiance qui culbute<br />

aux calendres grecques le moindre défaitisme.<br />

Nées des envolées de ces points<br />

et de ces lignes libres de toute entrave<br />

académique, les formes, parfois opulentes,<br />

sans donner dans le factice, qui<br />

vont naître ne connaîtront de limite que<br />

l’immensité de vue du créateur. Les objets<br />

et les signes reconnaissables dans la<br />

vie courante figurant dans ces dessins,<br />

témoignent de la facilité de l’artiste <strong>à</strong> les<br />

exécuter, en dénonçant dans le même<br />

élan toute tendance <strong>à</strong> s’installer ou <strong>à</strong><br />

ne pas se démarquer de la servitude des<br />

figures naturalistes.<br />

Espérons que les roses soient <strong>à</strong> la<br />

dimension de la promesse des fleurs.<br />

Détresse<br />

Fissures<br />

Jouda<br />

Je n’aime pas penser <strong>à</strong> Guantánamo. Ces souvenirs sont pleins de<br />

douleur. Cependant, je partage mon histoire car 171 hommes restent l<strong>à</strong>bas.<br />

L’un d’entre eux est Belkacem Bensayah qui a été enlevé en Bosnie<br />

et envoyé <strong>à</strong> Guantánamo avec moi<br />

Suite de la page (20)<br />

j’ai fait de mon plein gré – mais ensuite,<br />

on m’a dit que je ne pouvais<br />

pas rentrer chez moi. Les USA avaient<br />

demandé aux autorités locales de<br />

m’arrêter avec cinq autres hommes.<br />

Selon les médias de l’époque, les USA<br />

croyaient que je complotais pour faire<br />

exploser leur ambassade <strong>à</strong> Sarajevo -<br />

ce que je n’avais pas envisagé une<br />

seule seconde.<br />

Il était clair dès le départ que les<br />

USA avaient fait une erreur. La Cour<br />

Suprême bosniaque, qui a enquêté sur<br />

les affirmations usaméricaines, a conclu<br />

qu’il n’y avait aucune preuve contre<br />

moi et a ordonné ma libération. Cependant,<br />

au moment où j’ai été libéré, les<br />

agents usaméricains m’ont enlevé ainsi<br />

que les cinq autres personnes. Nous<br />

avons été ligotés comme des animaux<br />

et transportés par avion <strong>à</strong> Guantánamo,<br />

la base navale US <strong>à</strong> Cuba. J’y suis<br />

arrivé le 20 janvier 2002.<br />

A l’époque, j’avais encore foi en<br />

la justice usaméricaine. Je croyais que<br />

mes ravisseurs allaient s’apercevoir de<br />

leur erreur et me libérer. Cependant,<br />

lorsque je ne donnais pas aux interrogateurs<br />

les réponses qu’ils voulaient<br />

– comment pouvais-je le faire alors que<br />

je n’avais rien fait de mal ? – ils devenaient<br />

de plus en plus violents. On m’a<br />

gardé éveillé pendant plusieurs jours<br />

de suite. J’ai été forcé <strong>à</strong> rester dans des<br />

positions douloureuses pendant plusieurs<br />

heures <strong>à</strong> la fois. Ce sont des choses<br />

sur lesquelles je ne veux pas écrire<br />

; je veux seulement oublier.<br />

J’ai fait une grève de la faim<br />

pendant deux ans car personne ne<br />

voulait me dire pourquoi j’étais emprisonné.<br />

Deux fois par jour, mes ravisseurs<br />

m’enfonçaient, par le nez, un<br />

tube qui arrivait jusqu’<strong>à</strong> mon estomac<br />

en passant par ma gorge, afin de faire<br />

couler de la nourriture dans mon corps.<br />

C’était insoutenable, mais j’étais innocent<br />

et j’ai donc continué <strong>à</strong> protester.<br />

En 2008, ma demande de<br />

procédure légale équitable est arrivée<br />

jusqu’<strong>à</strong> la Cour Suprême US. Dans une<br />

décision portant mon nom, la Cour<br />

Suprême a déclaré que « les lois et la<br />

Constitution sont faites pour survivre<br />

et rester en vigueur même en temps<br />

d’exception ». La Cour a donc jugé que<br />

les prisonniers comme moi, quelle que<br />

soit la gravité des accusations portées<br />

contre eux, ont le droit de comparaître<br />

devant un tribunal. La Cour Suprême<br />

a reconnu une vérité fondamentale :<br />

le gouvernement fait des erreurs. Et la<br />

Cour a dit cela car « une erreur peut<br />

conduire <strong>à</strong> maintenir des personnes en<br />

détention pendant des hostilités susceptibles<br />

de durer une génération ou<br />

plus, ce qui constitue un risque trop<br />

grand pour être ignoré ».<br />

Cinq mois plus tard, le Juge Richard<br />

J. Leon, du tribunal fédéral de district<br />

<strong>à</strong> Washington, a examiné toutes<br />

les raisons données pour justifier mon<br />

emprisonnement, y compris les informations<br />

secrètes que je n’ai jamais<br />

vues ou entendues. Le gouvernement<br />

a abandonné son accusation d’un<br />

complot d’attentat <strong>à</strong> la bombe contre<br />

l’ambassade juste avant d’être entendu<br />

par le juge. Après l’audition, le juge a<br />

ordonné au gouvernement de me libérer<br />

ainsi que les quatre autres hommes<br />

qui avaient été arrêtés en Bosnie.<br />

Je n’oublierai jamais le moment<br />

où j’étais assis avec les quatre autres<br />

hommes dans une pièce sordide <strong>à</strong><br />

Guantánamo, écoutant <strong>à</strong> travers un<br />

haut-parleur défectueux le juge Leon<br />

lire sa décision dans une salle de tribunal<br />

<strong>à</strong> Washington. Il a exhorté le<br />

gouvernement <strong>à</strong> ne pas faire appel de<br />

sa sentence, car «pour notre système<br />

juridique, sept ans d’attente pour donner<br />

une réponse <strong>à</strong> une question aussi<br />

importante sont, <strong>à</strong> mon sens, plus que<br />

trop ». J’ai été enfin libéré le 15 mai<br />

2009.<br />

Aujourd’hui, je vis en Provence<br />

avec ma femme et mes enfants. La<br />

France nous a offert un foyer et la<br />

possibilité d’une nouvelle vie. J’ai eu<br />

le plaisir de renouer avec mes filles et,<br />

en août 2010, j’ai eu la joie d’accueillir<br />

un nouveau fils, Youssef. J’apprends <strong>à</strong><br />

conduire, je suis en train de faire une<br />

formation professionnelle et je reconstruis<br />

ma vie. J’espère pouvoir faire,<br />

de nouveau, un travail dans lequel<br />

j’aiderais les autres, mais mes sept<br />

ans et demi de détention <strong>à</strong> Guantánamo<br />

font que peu d’organisations<br />

des droits humains envisagent sérieusement<br />

de m’engager. Je n’aime pas<br />

penser <strong>à</strong> Guantánamo. Ces souvenirs<br />

sont pleins de douleur. Cependant, je<br />

partage mon histoire car 171 hommes<br />

restent l<strong>à</strong>-bas. L’un d’entre eux est<br />

Belkacem Bensayah qui a été enlevé<br />

en Bosnie et envoyé <strong>à</strong> Guantánamo<br />

avec moi.<br />

Environ 90 prisonniers ont été<br />

déclarés libérables pour être transférés<br />

hors de Guantánamo. Certains d’entre<br />

eux sont originaires de pays comme la<br />

Syrie ou la Chine – où ils risquent la<br />

torture s’ils sont renvoyés chez eux –<br />

ou du Yémen, que les USA considèrent<br />

comme un pays instable. C’est pour<br />

cela qu’ils y restent comme des captifs<br />

sans aucune issue <strong>à</strong> l’horizon – non<br />

parce qu’ils sont dangereux, non parce<br />

qu’ils ont attaqué l’Amérique, mais<br />

parce que les stigmates de Guantánamo<br />

font qu’ils n’ont pas d’autre endroit<br />

où aller, et les USA n’hébergeront aucun<br />

d’entre eux.<br />

J’ai été informé que mon procès<br />

<strong>à</strong> la Cour Suprême est, aujourd’hui,<br />

étudié dans les écoles de droit. Peutêtre<br />

qu’un jour, cela me procurera une<br />

satisfaction, mais tant que Guantánamo<br />

restera ouvert et que des hommes<br />

innocents y resteront, mes pensées seront<br />

toujours avec ceux que j’ai laissés<br />

derrière moi dans ce lieu de souffrance<br />

et d’injustice.<br />

NY Times 8 Janvier 2012<br />

Traduit par Omar Mouffok<br />

Edité par Fausto Giudice<br />

Tlaxcala 10 Janvier 2012<br />

Only $20<br />

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Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 19


Guantánamo, mon cauchemar!<br />

Regards Critiques<br />

Des Lignes, des Points<br />

et autres Envolées<br />

Les derniers dessins de Jean-Yves Jason<br />

Le camp de Guantánamo, portes de l'enfer. Derrière ces hauts barbelés,<br />

l'entrée du camp VI. Un monde carcéral sous haute sécurité où les<br />

moindres déplacements sont filmés<br />

Deux anciens détenus algériens de Guantanamo, au cours d’une<br />

conférence avec Amnesty International Saber Lahmar première personne<br />

<strong>à</strong> gauche et Lakhdar Boumediene, dernière personne <strong>à</strong> droite<br />

Le Président des Etats-Unis, Barak Obama, endosse aujourd'hui ce<br />

mépris consternant des droits humains. Il s'était engagé <strong>à</strong> fermer<br />

Guantanamo au plus tard un an après son élection<br />

Maggie Flambeau<br />

Restaurant<br />

Lakhdar Boumediene: j’ai été<br />

détenu dans ce camp pendant sept<br />

de ces dix années sans justification<br />

ni inculpation<br />

Par Lakhdar Boumediene<br />

Le mercredi 11 janvier dernier<br />

marque le 10ème anniversaire de<br />

l’ouverture du camp de détention de<br />

la Baie de Guantánamo. Pour ma part,<br />

j’ai été détenu dans ce camp pendant<br />

sept de ces dix années sans justification<br />

ni inculpation. Pendant ce temps, mes<br />

filles ont grandi sans ma présence. Elles<br />

étaient encore des bébés lorsque j’ai été<br />

emprisonné, et elles n’ont jamais été<br />

autorisées <strong>à</strong> me visiter ou <strong>à</strong> me parler<br />

au téléphone. La plupart de leurs lettres<br />

ont été retournées comme courrier «<br />

non distribuable », et les quelques-unes<br />

que j’ai reçues avaient été tellement<br />

censurées qu’elles étaient vidées de<br />

leurs messages d’amour et de soutien.<br />

Certains politiciens usaméricains<br />

disent que les gens détenus <strong>à</strong> Guantánamo<br />

sont des terroristes, mais je<br />

n’ai jamais été un terroriste. Si j’avais<br />

été jugé par un tribunal lorsque j’ai été<br />

enlevé, la vie de mes enfants n’aurait<br />

jamais été déchirée, et ma famille ne<br />

serait pas tombée dans la pauvreté. Ce<br />

n’est qu’après que la Cour Suprême des<br />

USA eut ordonné au gouvernement de<br />

défendre ses actions devant un juge fédéral<br />

que j’ai été, enfin, en mesure de<br />

réhabiliter mon nom et d’être, de nouveau,<br />

avec ma famille.<br />

J’ai quitté l’Algérie en 1990, pour<br />

aller travailler <strong>à</strong> l’étranger. En 1997,<br />

j’ai déménagé avec ma famille en<br />

Bosnie-Herzégovine, <strong>à</strong> la demande de<br />

mon employeur, la Société du Croissant<br />

Rouge des Émirats Arabes Unis. J’ai<br />

travaillé au bureau de Sarajevo comme<br />

directeur de l’aide humanitaire pour<br />

les enfants qui ont perdu des proches<br />

pendant les violences des conflits des<br />

Balkans. En 1998, je suis devenu citoyen<br />

bosniaque. Nous avons vécu une<br />

belle vie, mais tout a changé après le<br />

11 septembre.<br />

Lorsque je suis arrivé au travail,<br />

le matin du 19 octobre, 2011, un officier<br />

du renseignement m’attendait. Il<br />

m’a demandé de l’accompagner pour<br />

répondre <strong>à</strong> des questions. C’est ce que<br />

Suite <strong>à</strong> la page (19)<br />

Venus<br />

RESTAURANT<br />

Specializing in<br />

Caribbean &<br />

American Cuisine<br />

Prince Guetjens<br />

Immaculeé Bakery<br />

& Restaurant<br />

2 Locations en Brooklyn<br />

Zakamede<br />

J<br />

’ai vu grandir, j’ai participé<br />

depuis plus d’une quinzaine<br />

d’années <strong>à</strong> l’émergence d’une kyrielle<br />

d’artistes (sculpteurs, peintres, musiciens,<br />

danseurs et comédiens) en Haïti, en leur<br />

offrant le soutien de ma plume. À l’instar<br />

d’un Louis Leroy pour l’Impressionnisme<br />

(1874) et d’un Louis Vauxcelles pour le<br />

Fauvisme (1905), le Cubisme (1908) j’ai<br />

accompagné ces jeunes créateurs sur les<br />

fonts baptismaux.<br />

Contrairement <strong>à</strong> ces mouvements<br />

artistiques qui puisent<br />

leur nom d’un article les tournant en<br />

ridicule ou d’une plaisanterie de mauvais<br />

goût, le mouvement Atis Rezistans de<br />

bas grand-rue conduit par les sculpteurs<br />

Eugène et Céleur, adopte le titre du premier<br />

article de journal consacré <strong>à</strong> leurs<br />

travaux, que nous avions signé dans Le<br />

Nouvelliste en Eté 2001, intitulé : Les<br />

Fers de la Résistance.<br />

Nous avions pris ce raccourci<br />

pour présenter les dessins de<br />

l’artiste Jean Yves Jason, parce que justement<br />

il a été <strong>à</strong> la base de cette démarche,<br />

que l’on pourrait appeler une découverte.<br />

En effet, c’est lui, qui est venu me cueillir<br />

<strong>à</strong> l’Ecole Nationale des Arts, ce midi-l<strong>à</strong><br />

pour m’emmener voir ces sculpteurs de<br />

la récupération, å l’époque, encore dans<br />

l’ombre le plus opaque. Et dès le lendemain<br />

matin quand le journal est paru<br />

dans les bacs tous les « concernés » du<br />

monde de l’art de la capitale haïtienne<br />

(marchande de tapis, affairistes, historiens,<br />

critiques d’art et amateurs d’art)<br />

sont accourus sur les lieux.<br />

Suite <strong>à</strong> la page (19)<br />

OOH LA LA<br />

RESTAURANT<br />

1436 Flatbush Avenue<br />

(between Farragut & Glenwood)<br />

Brooklyn, NY 11210<br />

Loubing, General Manager<br />

Breakfast - Lunch - Dinner<br />

7 days a week, 9 am - 10 pm<br />

Samedi Bouyon<br />

Dimanche<br />

Soup Giromon, Pintad, diri djondjon<br />

Free Delivery<br />

Catering for all occasions<br />

347-462-9029<br />

We do Catering<br />

Available for all<br />

Occasions<br />

Fritaille etc..<br />

670 Rogers Avenue<br />

(Corner of Clarkson Ave)<br />

Brooklyn, NY 11226<br />

“Venus, l’entroit idéal”<br />

718-287-4949<br />

Spécialités<br />

• Pâtés • Pain • AK-100 • Gâteaux<br />

• Jus citron • Bonbon amidon<br />

• Bouchées • Cornets<br />

• Pain patate (sur commande)<br />

• Bouillon (chaque samedi)<br />

• Soupe (chaque dimanche)<br />

1227 Nostrand Avenue<br />

(entre Hawthorne & Winthrop)<br />

Tél: 718.778.7188<br />

1411 Nostrand Avenue<br />

(entre Linden & Martense)<br />

Tél: 718.941.2644<br />

Restaurant, Bakery<br />

& Juice Bar<br />

We do catering.<br />

ONE FREE MEAL after<br />

5 purchases.<br />

Bouyon Vi-a-gra<br />

(lundi & samedi).<br />

Fritay Souse Dwèt (toutan).<br />

2025 Nostrand Avenue<br />

(corner of Farragut Road)<br />

Brooklyn, NY 11210<br />

Proprietor: Elysée Pierre<br />

718-434-4287<br />

20<br />

<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012

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