Grave acciDent à Delmas ! - Haiti Liberte
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Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012 <strong>Haiti</strong> 20 gdes/ USA $1.50/ France 2 euros/ Canada $2.00<br />
1583 Albany Ave, Brooklyn, NY 11210 Tel: 718-421-0162<br />
HAÏTI LIBERTÉ<br />
JUSTICE • VÉRITÉ • INDÉPENDANCE<br />
Email: editor@haitiliberte.com<br />
Web: www.haitiliberte.com<br />
Pouvwa Martelly<br />
a ak akolit<br />
li yo ap fè mannèv<br />
pou retounen<br />
ak yon<br />
lame restavèk<br />
nan peyi a.<br />
Page 6<br />
Deux ans après, <strong>à</strong> quand<br />
la reconstruction d’Haïti ?<br />
Voir page 4<br />
Brigade Dessalines<br />
: initiative<br />
de La<br />
Via Campesina<br />
et du Mouvement<br />
des<br />
Sans Terre du<br />
Brésil<br />
Page 8<br />
Le Président haïtien Martelly et son homologue dominicain Fernandez accompagnés de leurs épouses le 12<br />
janvier 2012 pour l’inauguration au nom de la reconstruction d’<strong>Haiti</strong> de l’Université Henri Christophe…C’est<br />
plutôt triste, voire une honte nationale ou encore mieux un affront pour les victimes<br />
Les Ivoiriens<br />
expérimentent<br />
des dérives<br />
totalitaires<br />
sans<br />
précédent !<br />
Page 10<br />
<strong>Grave</strong> accident <strong>à</strong> <strong>Delmas</strong> !<br />
Voir page 3<br />
Dans sa course folle, le camion a heurté également des motocyclistes, 2 véhicules dont un minibus et une<br />
camionnette, tous écrabouillés, pour finalement terminer sa course sur la cour de la TNH <strong>à</strong> <strong>Delmas</strong>. Selon le<br />
dernier bilan des autorités, le nombre de victimes s’élève <strong>à</strong> 30 morts et 56 blessés<br />
Pourquoi<br />
la tournée<br />
d’Ahmadinejad<br />
en Amérique<br />
Latine énerve<br />
tant Washington<br />
?<br />
Page 17
Editorial<br />
HAITI<br />
Liberté<br />
<strong>Haiti</strong> : d’une dérive <strong>à</strong> l’autre !<br />
Par Berthony Dupont<br />
Horreur après horreur, jusqu’<strong>à</strong> quand devra t-on nager dans<br />
cet océan d’horreurs, de honte, d’humiliation, d’impunité et<br />
de malheur? Quelle tragique situation ! Quel désastre total ! C’est<br />
une déception générale, traumatisante qui se manifeste dans le<br />
pays. Cette dégradation est liée, sans aucun doute, non seulement<br />
<strong>à</strong> l’effacement quasi-total d’une certaine bourgeoisie nationale,<br />
mais également <strong>à</strong> l’inexistence de l’Etat haïtien qui pratique une<br />
politique de bassesse et de l’échine courbée.<br />
En effet, les tragiques événements qui ont endeuillé le pays,<br />
qu’ils soient catastrophes naturelles, catastrophes politiques, sociales<br />
et économiques, ne sont, hélas pas surprenants. C’est le<br />
même scénario depuis le coup d’état de 1806 qui se poursuit, <strong>à</strong><br />
savoir écarter les masses populaires haïtiennes de la direction du<br />
pays.<br />
La réalité est que les forces obscures que symbolise Washington<br />
l’ont voulu ainsi et l’ont cyniquement provoqué et programmé<br />
afin de nous assujettir, de nous mettre <strong>à</strong> genoux pour quémander.<br />
En un sens, nous rendant domestiques, dépendants, colonisés ne<br />
pouvant rien faire pour nous-mêmes sans l’assistance du maître.<br />
La bourgeoisie haïtienne n’a jamais eu aucune volonté de changement<br />
et de développement pour le pays. La réalité de la politique<br />
quotidienne nous l’a déj<strong>à</strong> démontré <strong>à</strong> travers ces quelques mois<br />
du régime en place, quand aucun parti politique n’a osé élever la<br />
voix pour mettre <strong>à</strong> nu les gabegies de cette nouvelle administration<br />
où règnent les forces impériales qui nous acheminent vers la<br />
plus extrême et vile décadence.<br />
Dans ce climat de chaos, le rôle opportuniste de notre élite se<br />
réduit <strong>à</strong> soumettre la vie politique au service de l’idéologie bourgeoise<br />
dominante et au profit de la fraction hégémonique mondiale<br />
qui continue <strong>à</strong> accaparer et <strong>à</strong> se partager les richesses du pays<br />
afin de mieux nous dominer.<br />
A ce compte, <strong>Haiti</strong> est devenue, depuis 2004, un pays martyr<br />
gouverné par des marionnettes tels que Boniface Alexandre,<br />
René Garcia Préval et depuis la dernière mascarade électorale, par<br />
un groupe de malfaiteurs armés, de toutes obédiences, sans foi ni<br />
loi ; le pire est qu’ils nous ont été imposés au prix de fortes manipulations<br />
éhontées de Washington, vu que celui qui donne non<br />
seulement ordonne, mais coordonne !<br />
C’est dans cette optique qu’il faut comprendre la présence<br />
de Bill Clinton comme proconsul <strong>à</strong> la tête de l’Etat haïtien pour<br />
la reconstruction d’<strong>Haiti</strong> sur fond d’occupation, de dépendance<br />
économique que viennent de renchérir la bourgeoisie et le gouvernement<br />
de la République Dominicaine en conciliabules avec<br />
les forces obscures de l’empire pour nous gifler en plein visage, <strong>à</strong><br />
l’occasion du second anniversaire de la catastrophe de 2010.<br />
Véritable occasion en or pour eux d’utiliser nos malheurs,<br />
pour nous rabaisser jusqu’<strong>à</strong> nous faire taire sur leurs atrocités <strong>à</strong><br />
l’égard de nos compatriotes esclaves dans la Zafra. La bourgeoisie<br />
Haïtienne, parasite et sans gêne, préfère aller applaudir les autres<br />
qui dépensent, investissent dans le pays, une façon d’alimenter<br />
cette propagande des grandes puissances qui soutiennent que nous<br />
autres Haïtiens nous sommes plutôt obsédés par la passion de ne<br />
rien faire que d’essayer quoi que se soit capable de faire avancer<br />
le pays. Alors que nous avons les matières premières, nous avons<br />
la main-d’œuvre, seule nous manque la volonté politique. Cette<br />
bourgeoisie compradore irresponsable n’a jamais contribué un iota<br />
au développement du pays mais bien <strong>à</strong> sa déstabilisation. A titre<br />
d’exemple nous pouvons évoquer le financement des deux derniers<br />
coups d’Etat qui ont engendré l’occupation du pays.<br />
Dans la foulée de toutes ces oppressions et de ces dérives,<br />
voici qu’il nous est donné de nous accommoder avec un gouvernement<br />
dont on ignore encore la nationalité du président, celle<br />
du Premier ministre et même de certains députés et sénateurs, du<br />
seul fait qu’ils ont été tous, au départ, imposés dans des élections<br />
truquées ; pratiques politiques qui ont été encouragées par et sous<br />
la supervision de la Communauté internationale.<br />
Les 50 millions de dollars d’investissement en cadeau<br />
dominicain <strong>à</strong> <strong>Haiti</strong> ne représentent rien en comparaison de ce que<br />
le dictateur Jean-Claude Duvalier avait pillé au pays, soit plus de<br />
800 millions de dollars. Pour comble de honte et d’ironie, il a été<br />
en première loge au cours de la cérémonie officielle du 12 janvier<br />
2012 <strong>à</strong> St Christophe avec Prosper Avril et Bill Clinton, grâce <strong>à</strong> la<br />
complicité des autorités néo-duvaliéristes. Combien d’universités,<br />
d’hôpitaux, de routes, de centres sportifs et tant d’autres aurait<br />
t-on pu construire avec ces 800 millions, sans compter la fortune<br />
des autres pilleurs de la Nation ?<br />
Dans ces conditions de dérives et d’éternelles poussées de<br />
déstabilisations anarchisantes, le pouvoir en place n’a rien <strong>à</strong> envier<br />
<strong>à</strong> la gargote et au pillage duvaliériste. Et ce n’est pas sans<br />
raison que l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier revenu en <strong>Haiti</strong><br />
vit librement sans être inquiété par Martelly, en dépit des plaintes<br />
déposées contre lui et un rapport de l’Amnesty international demandant<br />
son jugement.<br />
En dépit de tous ces nuages qui assombrissent le ciel haïtien,<br />
le pire pourrait bien être évité, sauf qu’il reste que l’avenir est<br />
lourd d’incertitudes et que la question cruciale <strong>à</strong> se poser maintenant<br />
est: comment donc sortir le pays de cette descente aux<br />
enfers?<br />
Notre unique devoir est d’organiser et de mettre en œuvre<br />
la résistance. Il ne nous faut pas rester les bras croisés attendant<br />
qu’un certain messie vienne nous délivrer. Si le peuple haïtien se<br />
met au centre de son propre développement, il finira coûte que<br />
coûte avec la mainmise coloniale. Grâce <strong>à</strong> un Grand Mouvement<br />
d’Unité Populaire des forces progressistes et révolutionnaires<br />
nous pourrons arrêter le pourrissement de la situation, écarter<br />
le pays de ce cauchemar carnavalesque que nous apportent Martelly<br />
et ses alliés.<br />
Nous restons persuadés que la vigilance des forces populaires<br />
organisées saura déjouer les machinations non seulement des<br />
forces occupantes mais de ces valets au pouvoir pour libérer et<br />
construire une nouvelle société haïtienne dans la dignité et le respect<br />
des lois.<br />
Pour qui savent espérer, lutter et s’organiser, la libération<br />
d’<strong>Haiti</strong> est au bout de la persévérance et dans le combat pour le<br />
changement.<br />
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2<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times
A travers <strong>Haiti</strong><br />
<strong>Grave</strong> accident de la route <strong>à</strong> <strong>Delmas</strong> !<br />
Par Jackson Rateau<br />
Le soir du lundi 16 janvier dernier,<br />
aux environs de 9hres 30 pm un<br />
camion venant du haut de <strong>Delmas</strong>,<br />
dont les freins ont lâché, a causé un<br />
accident catastrophique qui a laissé la<br />
population de cette zone dans la consternation<br />
et le deuil.<br />
Le tomberau immatriculé<br />
ZA12655 qui dégringolait du monticule<br />
de <strong>Delmas</strong>, depuis <strong>Delmas</strong> 40, a échappé<br />
au contrôle du conducteur, puis a<br />
percuté les échoppes des marchandes<br />
de poulets grillés, de boissons gazeuses<br />
occupant les trottoirs.<br />
Un premier bilan partiel de ce<br />
tragique accident a fait état de 26 morts<br />
et de 50 blessés graves, mais selon<br />
le dernier bilan des autorités gouvernementales,<br />
le nombre s’élève <strong>à</strong> 30<br />
morts et 56 blessés. Ces derniers ont été<br />
hâtivement transportés vers 4 centres<br />
hospitaliers dans la capitale haïtienne<br />
dont l’Hôpital de l’Université d’Etat<br />
d’<strong>Haiti</strong> (HUEH), le Centre Médecins<br />
sans Frontières, l’Hôpital de La Paix et<br />
l’OFATMA.<br />
Dans sa course folle, l’engin a<br />
heurté également des motocyclistes, 2<br />
véhicules dont un minibus et une camionnette,<br />
tous écrabouillés, pour finalement<br />
terminer sa course sur la cour de<br />
la TNH <strong>à</strong> <strong>Delmas</strong>. Il semblerait que le<br />
chauffeur soit sorti du véhicule avant<br />
même qu'il ait fait tous ces dégâts. Il est<br />
maintenant recherché par la police, selon<br />
les déclarations du commissaire Will<br />
Dimanche, chef de la Direction Centrale<br />
de la Police Routière (DCPR).<br />
Une des victimes de l’accident de <strong>Delmas</strong><br />
« Dans tous les pays du monde, il<br />
y a des accidents ; cependant, il faut un<br />
minimum de contrôle, basé sur des inspections,<br />
surtout sur les engins lourds,<br />
en vérifiant le système mécanique<br />
leur permettant de circuler. Ça arrive<br />
toujours que les freins d’un véhicule<br />
lâchent. Mais cette foule innombrable<br />
de marchandes circulant <strong>à</strong> double sens<br />
de la rue aggrave systématiquement<br />
l’accident », a jugé un riverain, analysant<br />
la situation.<br />
Le porte-parole adjoint de la<br />
PNH Gary Desrosier, rappelant que la<br />
PNH enregistre au moins 15 accidents<br />
par mois, a préconisé la sensibilisation<br />
<strong>à</strong> la sécurité routière. Il indiquait<br />
: « La police n’est pas responsable de<br />
l’évacuation de la rue. Il incombe <strong>à</strong> la<br />
mairie cette tache de faire évacuer les<br />
artères. Cependant, elle peut toujours<br />
solliciter du renfort, <strong>à</strong> laquelle demande<br />
que la police réponde immédiatement.<br />
Ça ne veut pas dire pour autant que<br />
nous fuyons nos responsabilités...<br />
Analysant les données, nous avons<br />
constaté que dans les années 90, les<br />
mortalités issues des accidents de circulation<br />
étaient classées 2e après celles<br />
issues du SIDA. Ces derniers temps, les<br />
décédés des causes d’accident ont dépassé<br />
largement ceux du SIDA. Dans<br />
nos rapports hebdomadaires rendus<br />
publics, chaque mercredi, nous avons<br />
enregistré entre 10 <strong>à</strong> 15 cas de mortalité<br />
d’accident de circulation... »<br />
Des gens ont sur le coup perdu<br />
leurs membres comme dans les cas<br />
d’une jeune femme qui a perdu une<br />
jambe et d’un chauffeur de taxi-moto<br />
qui lui-même a perdu ses deux jambes.<br />
C’était une situation de panique<br />
avec des corps décapités presque semblable<br />
<strong>à</strong> celle du séisme du 12 janvier<br />
Haïti envisage de devenir<br />
membre <strong>à</strong> part entière de l´ALBA<br />
Le Président de Haïti, Michell Martelly,<br />
a annoncé ce mercredi <strong>à</strong> l´envoyée<br />
spéciale de TeleSUR <strong>à</strong> Port-au-Prince,<br />
Madeleín García, que son pays évalue<br />
la possibilité de devenir membre <strong>à</strong> part<br />
entière de l´Alliance Bolivarienne pour<br />
les Peuples de Notre Amérique (ALBA)<br />
dont Haïti est membre observateur<br />
depuis 2007. Le mandataire a réaffirmé<br />
l´importance de “travailler avec les peuples<br />
frères" pour parvenir <strong>à</strong> reconstruire<br />
la nation caraïbe.<br />
À la question de savoir si cette<br />
décision affecterait les relations de Haïti<br />
avec les États-Unis, Martelly a expliqué<br />
qu´il ne s´agit pas d´un problème<br />
d´idéologie mais de la possibilité de reconstruire<br />
son pays. “Ce sont des peuples<br />
frères et nous allons travailler avec<br />
eux” a déclaré le Président haïtien.<br />
Martelly a fait ces déclarations ce<br />
mercredi après une conférence de presse<br />
durant laquelle il a annoncé que grâce<br />
<strong>à</strong> l´aide du Canada 20 mille familles qui<br />
vivent dans des campements improvisés<br />
depuis le tremblement de terre de 2010<br />
pourront être relogées.<br />
Martelly a également profité de<br />
l´occasion pour informer que ce mardi<br />
qu’on venait de commémorer jeudi<br />
dernier le second anniversaire.<br />
Signalons que les autorités du<br />
pays ont accouru sur la scène entre autres<br />
le président Martelly et son épouse,<br />
le Premier ministre Garry Conille, le<br />
secrétaire d'Etat <strong>à</strong> la sécurité Reginald<br />
Delva, des parlementaires, le sénateur<br />
Youri Latortue, le député de Tabarre<br />
L´envoyée spéciale de TeleSUR <strong>à</strong><br />
Port-au-Prince, Madeleín García<br />
<strong>à</strong> Managua (Nicaragua) en marge de<br />
l´investiture présidentielle de Daniel<br />
Ortega, il a soutenu une conversation<br />
avec son homologue vénézuélien Hugo<br />
Chávez pour se mettre d´accord sur<br />
l´approfondissement de l´aide qu´apporte<br />
le programme Petrocaribe dans la reconstruction<br />
de la nation caraïbe.<br />
La revolucion vive 11 janvier 2012<br />
<strong>Delmas</strong> Arnel Belizaire, les maires<br />
Yvon Jérôme, Wilson Jeudi et d’autres<br />
autorités.<br />
Les blessés sont répartis comme<br />
suit dans les hôpitaux: 13 <strong>à</strong> l’Hôpital<br />
de Médecins Sans Frontières (MSF), 28<br />
<strong>à</strong> l’HUEH, 10 <strong>à</strong> l’Hôpital de la Paix, 4<br />
<strong>à</strong> l’OFATMA et 1 <strong>à</strong> l’Hôpital Bernard<br />
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Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 3
L’université Henry Christophe est un acte de réparation<br />
pour les victimes du massacre de 1937<br />
Par Joël Léon<br />
L<br />
’inauguration du campus universitaire<br />
Henry Christophe dans la<br />
localité de Limonade, dans le département<br />
du nord, suscite beaucoup de<br />
controverses. Pour certains, il s’agit<br />
d’un acte humanitaire désintéressé de<br />
l’Etat Dominicain <strong>à</strong> celui d’Haïti qui se<br />
trouve en grandes difficultés après le<br />
séisme meurtrier qui ravagea le pays<br />
en 2010, dont nous venons de commémorer<br />
les deux ans. Pour eux, cette action<br />
se situe dans la logique d’échange<br />
et de solidarité sud/sud qui, ces derniers<br />
temps est sur toutes les lèvres en<br />
Haïti. Pour d’autres, il s’agit tout simplement<br />
d’un acte d’humiliation de la<br />
part de la République Dominicaine. Ils<br />
le qualifient « d’université de la honte<br />
». En réalité, de quoi s’agit il ?<br />
L’animosité de la république<br />
Dominicaine <strong>à</strong> l’endroit d’Haïti est<br />
largement documentée. Des livres ont<br />
été publiés <strong>à</strong> ce propos, des documentaires<br />
ont été montés, des centaines<br />
d’articles publiés et des centaines de<br />
reportages qui décrivent les relations<br />
dégradantes entre les deux pays. Personnellement,<br />
c’est un sujet qui m’a<br />
toujours fasciné. J’ai déj<strong>à</strong> produit plus<br />
de 4 textes sur le sujet, sans compter<br />
les interventions publiques, radiophoniques<br />
et discussions sur le web.<br />
Donc, j’ai une certaine maîtrise en ce<br />
domaine.<br />
D’abord il y a les rancoeurs historiques<br />
qui aveuglent l’élite intellectuelle<br />
Dominicaine. En 1822, Jean Pierre<br />
Boyer, le nouveau président d’Haïti,<br />
envahit et occupa la partie Est de l’Ile,<br />
sur la demande expresse des habitants<br />
de la partie Est de l’île, jusqu’<strong>à</strong><br />
son départ en 1843. A noter que cette<br />
occupation a eu lieu sans le tir d’un<br />
coup de feu. Cela dit qu’un secteur<br />
dominant de la vie publique dominicaine<br />
voulait la présence haïtienne sur<br />
leur territoire. Pendant ces 21 ans, les<br />
universités en Dominicaine furent fermées<br />
et un climat de répression avait<br />
été entretenu dans le pays. Les intellectuels<br />
dominicains, toutes tendances<br />
confondues, ont unanimement qualifié<br />
ce règne d’obscurantiste et d’« années<br />
perdues ». Aujourd’hui encore, beaucoup<br />
pensent que si ce n’était <strong>à</strong> cause<br />
de ces années-l<strong>à</strong>, la Dominicaine aurait<br />
pu avoir un meilleur présent. Cette interprétation<br />
de l’histoire est répandue<br />
constamment dans les écoles dominicaines,<br />
<strong>à</strong> savoir que les Haïtiens sont<br />
des obscurantistes. Cette haine implacable<br />
est transmise de génération en<br />
génération.<br />
Rafael Léonidas Trujillo (1),<br />
l’ancien dictateur dominicain, se basa<br />
sur cette rancœur historique pour<br />
massacrer plus de 35.000 haïtiens<br />
en 1937. Beaucoup de compatriotes<br />
haïtiens pensent et, <strong>à</strong> juste titre, que la<br />
construction de ce centre universitaire<br />
est un acte de réparation et de justice <strong>à</strong><br />
l’endroit des frères et sœurs assassinés<br />
lors de ce carnage. Et, ils croient fermement<br />
que l’université devrait porter<br />
un nom approprié aux victimes du<br />
génocide, surtout lorsqu’on considère<br />
que l’accord de réparation conclu entre<br />
les gouvernements haïtien et dominicain,<br />
sous l’œil bienveillant du président<br />
américain Franklin D. Roosevelt,<br />
pour que Trujillo verse 750.000 dollars<br />
aux parents des victimes, n’a jamais<br />
été honoré. Donc, la construction de<br />
l’université Henry Christophe n’est pas<br />
un acte humanitaire, mais une dette<br />
historique <strong>à</strong> l’endroit du peuple haïtien.<br />
Il y a un autre aspect dans le<br />
geste du président Leonel Fernandez<br />
qui mérite d’être pris en compte. On se<br />
souvient du débarquement des soldats<br />
français dans le nord du pays, particulièrement<br />
au Cap-Haïtien. Cette ville<br />
martyre et de grande prouesse, qui<br />
poussa Rochambeau <strong>à</strong> répondre aux<br />
critiques de Napoléon, s’agissant de<br />
l’armée Indigène, qu’il était en train de<br />
faire la guerre au groupe le plus supérieur<br />
de l’Afrique noire. En traversant<br />
« Barrière bouteille » en 2004, l’armée<br />
française comptait altérer l’histoire. Effacer<br />
la cinglante défaite qu’elle avait<br />
subie 200 ans de cela. Les Américains<br />
font de même <strong>à</strong> propos de la guerre<br />
contre le Vietnam. A travers des films<br />
cinématographiques comme Rambo<br />
etc. Ils veulent endiguer le spectre<br />
de la défaite qui traumatise toujours<br />
l’armée américaine. C’est ce que Pierre<br />
Bourdieu a qualifié de « violence<br />
symbolique ». Une disposition <strong>à</strong> faire<br />
passer l’arbitraire comme légitime, la<br />
laideur pour de la beauté.<br />
Par l’octroi d’un centre universitaire,<br />
les Dominicains entendent prendre<br />
leur revanche sur l’histoire. Ils veulent<br />
exhiber <strong>à</strong> la face du monde leurs<br />
supériorités de peuple et de race. Parce<br />
qu’il y a tant d’autres domaines où les<br />
Dominicains peuvent aider, pourquoi<br />
un centre universitaire ?<br />
Je pense que Jacques Stephen<br />
Alexis, l’auteur de « Compère Général<br />
Soleil » serait d’accord avec moi dans<br />
ma tentative de déceler la signification<br />
du geste de l’Etat dominicain.<br />
Ceux qui pensent que le don de<br />
l’université Henry Christophe <strong>à</strong> Haïti<br />
est un geste innocent doivent se rappeler<br />
d’une chose. Depuis la dernière<br />
tentative de Faustin Soulouque en<br />
1858 de reprendre sous contrôle la<br />
partie Est de l’Ile, Haïti n’a jamais commis<br />
aucun acte d’hostilité vis-<strong>à</strong>-vis des<br />
Dominicains. De leur côté, ils ne cessent<br />
de comploter contre les Haïtiens.<br />
A commencer par le tracé frontalier<br />
de 1919, qui accorda les deux tiers<br />
de l’Ile aux Dominicains au détriment<br />
des Haïtiens. Les Américains furent les<br />
artisans de ce traité soi-disant inspiré<br />
de celui de Ryswick de 1697. A cette<br />
époque les deux états qui composent<br />
l’Ile subissaient l’occupation américaine.<br />
Donc, ce traité est invalide du<br />
fait de l’influence d’un corps étranger<br />
dans l’affaire, c’est-<strong>à</strong>-dire le président<br />
américain de l’époque. Aujourd’hui<br />
même, l’Ile doit être séparée en deux<br />
moitiés égales, point barre!<br />
En ce sens, si Leonel Fernandez<br />
veut inaugurer une nouvelle ère dans<br />
les relations entre les deux pays, il doit<br />
nécessairement poser des actions concrètes<br />
en ce sens :<br />
Entrer en négociation avec les<br />
autorités constituées de l’Etat haïtien<br />
pour un nouveau tracé frontalier, celui<br />
de 1919 ayant été défavorable <strong>à</strong> la<br />
partie haïtienne. Celui imposé par les<br />
L’université Henry Christophe don de la république Dominicaine <strong>à</strong> Haïti<br />
Américains est injuste et ne reflète pas<br />
les intérêts des deux peuples.<br />
Déclarer la boucherie de 1937<br />
un génocide et entreprendre le processus<br />
de réparation financière <strong>à</strong> raison de<br />
1 million de dollars par victime, sous<br />
contrôle d’organisations liées aux intérêts<br />
des masses populaires.<br />
Mettre fin <strong>à</strong> la campagne raciste<br />
contre Haïti que les intellectuels et médias<br />
dominicains agitent froidement en<br />
Dominicaine et du même coup dénoncer<br />
le livre de Joaquin Balaguer « L’île<br />
<strong>à</strong> l’envers » comme un instrument raciste<br />
d’incitation <strong>à</strong> la haine épidermique.<br />
Demander pardon au peuple<br />
haïtien. De la même façon que l’église<br />
Catholique a imploré le pardon des Africains<br />
pour sa participation dans la<br />
traite négrière et aux Juifs <strong>à</strong> cause de<br />
leur silence complice pendant le génocide<br />
nazi durant la deuxième guerre<br />
mondiale. Ce sera justice rendue !<br />
Octroyer la nationalité dominicaine<br />
aux Haïtiens qui sont nés sur le<br />
territoire dominicain et qui désirent<br />
l’acquérir. Entreprendre une campagne<br />
d’éducation civique contre la xénophobie<br />
sur tout le territoire national<br />
pendant 3 ans tout en admettant leur<br />
culpabilité.<br />
Mettre fin <strong>à</strong> la politique de déstabilisation<br />
politique, économique et<br />
culturelle d’Haïti. Depuis 1986, l’Etat<br />
dominicain participe <strong>à</strong> tout mouvement<br />
réactionnaire, anti-haïtien de<br />
déstabilisation mis en place par des<br />
« haitiens-étrangers » assoiffés de pouvoir.<br />
Comme illustration, on peut citer<br />
les deux coups d’état de 1991 et de<br />
2004.<br />
Aux nantis du pays qui préfèrent<br />
dépenser des millions de dollars pour<br />
envoyer leurs enfants étudier dans les<br />
grandes capitales occidentales, nous<br />
disons : honte <strong>à</strong> vous ! C’est aussi le<br />
moment pour que les bourgeois haïtiens<br />
prennent conscience de leur mission<br />
historique de classe. C›est-<strong>à</strong>-dire,<br />
doter le pays d’infrastructures adéquates,<br />
assurant la haute valeur éducative<br />
et la dignité du « premier épître<br />
nègre indépendant du monde ».<br />
En terme de conclusion, le don<br />
de l’université Henry Christophe est<br />
une honte nationale, mais un outil<br />
utile <strong>à</strong> la nation !<br />
Notes<br />
Joaquin Balaguer, ancien président<br />
dominicain eut a écrire « l’île <strong>à</strong><br />
l’envers », un livre très controversé<br />
mais illustrant clairement la haine nationale.<br />
Ce bouquin fut pendant longtemps<br />
la « Bible » d’une grande partie<br />
de l’intelligentsia dominicaine qui<br />
l’utilisa <strong>à</strong> des gains racistes et politiciens.<br />
Deux ans après le séisme, <strong>à</strong> quand la reconstruction d’Haïti ?<br />
Par Thomas Péralte<br />
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Deux années sont bel et bien passées<br />
depuis le passage du violent tremblement<br />
de terre qui a frappé le pays,<br />
faisant toute une quantité de morts que<br />
mêmes les autorités de l’Etat mieux<br />
placées que quiconque n’arrivent<br />
jusqu’ici pas <strong>à</strong> chiffrer de manière raisonnable.<br />
Mais on est tous plus ou<br />
moins d’accord que le nombre de disparus<br />
dépasse largement les 300.000.<br />
En dépit des promesses des pays<br />
amis, les séquelles de la tragédie pèsent<br />
encore lourdement sur les épaules des<br />
milliers de sans-abri qui se sont réfugiés<br />
dans des campements de fortune<br />
depuis le soir du 12 janvier 2010.<br />
L’apparition surprise de la catastrophe<br />
du 12 janvier 2010, sans précédent<br />
si on se réfère <strong>à</strong> ceux qui n’ont pas<br />
notre âge bien entendu, avait suscité,<br />
reconnaissons-le, un élan considérable<br />
de solidarité fraternelle des pays étrangers<br />
envers cette terre touchée par l’une<br />
des plus graves catastrophes naturelles.<br />
De toute notre histoire de peuple, on n’a<br />
jamais vu cette quantité innombrable<br />
de pays dits amis ou d’autres animés<br />
par le sentiment de compassion, manifester<br />
autant de volonté, d’engouement<br />
<strong>à</strong> fouler le sol national en vue de nous<br />
apporter leur soutien et leur sympathie.<br />
12 janvier 2010 aurait dû être la<br />
plus favorable des occasions pour un<br />
vrai redémarrage de la barque nationale<br />
trop longtemps amarrée dans ce<br />
marécage <strong>à</strong> la fois boueux et puant.<br />
Ç’aurait dû être l’année du renouveau<br />
haïtien, d’une nouvelle naissance de la<br />
mère patrie où tout allait être repensé<br />
si et seulement si, nous avions compris<br />
la nécessité de profiter de l’opportunité<br />
déposée au seuil de notre porte.<br />
Deux ans après le séisme, on est<br />
en droit de se demander où est passé<br />
l’argent collecté par les bailleurs de<br />
fonds pour la reconstruction d’Haïti et<br />
quand les victimes auront <strong>à</strong> sortir sous<br />
des tentes ? Des questions qui restent<br />
pourtant pendantes. Qu’est ce qui est <strong>à</strong><br />
la base de toute cette lenteur enregistrée<br />
dans le processus de reconstruction<br />
? Peu après le séisme, le gouvernement<br />
Préval-Bellerive, dépassé par les dégâts<br />
apocalyptiques avait décrété la période<br />
dite de l’urgence qui rimait avec les<br />
différentes sortes de distributions <strong>à</strong> la<br />
population victime déplacée, vers des<br />
camps d’hébergement. Tout au long<br />
de cette période la liste des ONG qui<br />
assuraient des distributions d’aide aux<br />
victimes passait de 4000 <strong>à</strong> 10.000 sur<br />
le terrain en 2010 selon l’ex-Premier<br />
ministre, Jean Max Bellerive, lors d’un<br />
point de presse.<br />
Passée la période d’urgence, le<br />
gouvernement avait procédé <strong>à</strong> la création<br />
d’une commission devant recueillir<br />
les fonds de la reconstruction. Telle a été<br />
la mission de la Commission Intérimaire<br />
pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH),<br />
coprésidée par Jean Max Bellerive et<br />
l’ancien président des Etats-Unis, Bill<br />
Clinton. Deux ans après le séisme,<br />
l’évidence s’impose ici en ce qui a trait<br />
<strong>à</strong> l’échec cuisant de cette mascarade de<br />
commission formée de toutes pièces par<br />
des étrangers qui n’ont absolument rien<br />
<strong>à</strong> voir avec la réalité haïtienne et qui<br />
ont, dans la foulée, transformé Haïti en<br />
une République d’ONG où pullulent des<br />
succursales par-ci et par-l<strong>à</strong> pour mieux<br />
blanchir les fonds alloués <strong>à</strong> l’origine <strong>à</strong><br />
ce qui devraient être de véritables projets<br />
de reconstruction en faveur des<br />
victimes<br />
Bénies par le laxisme des autorités<br />
haïtiennes, les organisations internationales<br />
donnent libre cours <strong>à</strong> ce que<br />
bon leur semble, galvaudant des fonds<br />
pour lesquels elles n’auront aucun<br />
compte <strong>à</strong> rendre, puisque l’Etat haïtien<br />
Campus Universitaire dont les clés ont été remises officiellement au<br />
gouvernement haïtien ce 12 janvier 2012, lors d’une cérémonie inaugurale<br />
n’a aucun pouvoir de contrôler sur les<br />
folles dépenses qui ne riment en fin de<br />
compte qu’<strong>à</strong> des constructions d’abris<br />
de misère qui ne font que rabaisser les<br />
victimes du tremblement de terre. Un<br />
affront sans précédent <strong>à</strong> la mère patrie,<br />
<strong>à</strong> toute la population haïtienne trop<br />
longtemps soucieuse de mener une vie<br />
décence. Il n’y a donc « aucune preuve<br />
de transparence dans ce que font les<br />
ONG sur le terrain. Elles mettent en<br />
œuvre des projets qui n’ont pas été élaborés<br />
avec la participation des victimes<br />
» selon le Réseau National de défense<br />
des Droits Humains (RNDDH) au cours<br />
d’une conférence de presse sur les deux<br />
ans du séisme.<br />
En 2012, le cri de la population<br />
victime est encore très douloureux<br />
compte tenu du peu de service obtenu<br />
dans le cadre de l’assistance post-sismique.<br />
Plus de quatre (4) milliards de<br />
dollars ont pourtant été décaissés en<br />
ce sens par la Communauté Internationale.<br />
Qu’est-ce qu’on a vraiment réalisé<br />
avec cet argent ?<br />
En 2010, le gouvernement Préval-Bellerive<br />
avait commandé des<br />
tentes et des bâches en plastique pour<br />
mieux disait-on aider les déplacés <strong>à</strong><br />
faire face <strong>à</strong> la saison pluvieuse, il n’y<br />
avait jamais eu une vraie politique de<br />
création de logements sociaux en vue<br />
de permettre <strong>à</strong> ces milliers de sans-abri<br />
de rentrer dignement dans leurs quartiers<br />
d’origine. Hormis le ramassage<br />
des débris dans des sites écrabouillés<br />
sous le poids du séisme, 50 millions<br />
de dollars avaient été déj<strong>à</strong> décaissés du<br />
Trésor public pour entamer les travaux<br />
de reconstruction dans la zone du Fort<br />
Suite <strong>à</strong> la page (14)<br />
4<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
Twa fèy, Twa rasin O!<br />
Comme je me suis senti fier!<br />
Par Fanfan La Tulipe<br />
Une chanson haïtienne affirme<br />
que . A la vérité, j’en connais,<br />
et ils sont des millions, qui se<br />
promènent, cherchent et cherchent,<br />
cherchent encore, cherchent toujours,<br />
et qui pourtant ne trouvent<br />
rien <strong>à</strong> se mettre sous la dent. Alors,<br />
chantez au rythme de Nemours<br />
Jean-Baptiste, mais ne prenez pas<br />
cette chanson <strong>à</strong> la lettre. Je suis<br />
bien chanceux, moi qui sans chercher,<br />
ai trouvé <strong>à</strong> souper, mais pas<br />
n’importe quelle nourriture. Je m’en<br />
vais vous le raconter bientôt.<br />
S’il en est beaucoup <strong>à</strong> se<br />
promener le ventre creux, il y en<br />
a aussi qui se promènent la panse<br />
pleine, la tête , l’air désinvolte, la<br />
gargane en de contrariété toujours<br />
prête <strong>à</strong> sortir une incongruité ou<br />
une absurdité quand ce n’est pas<br />
une obscénité ou une vulgarité. Ce<br />
sont des gens qui ne se promènent<br />
pas en cherchant de quoi souper. Ils<br />
cherchent autre chose. D’ailleurs,<br />
ils ne se promènent pas sur leurs<br />
deux . Ils se baladent en 4X4 aux<br />
vitres teintées ou en jets privés<br />
loués <strong>à</strong> raison de milliers de dollars<br />
par heure. C’est le cas du président<br />
Martelly arrivé au pouvoir dans les<br />
conditions scabreuses que l’on sait<br />
et qui se cherche le souper d’une légitimité<br />
qu’il n’a pas eue vraiment<br />
par les urnes.<br />
Depuis sa prestation de serment,<br />
Martelly n’a pas arrêté de<br />
voyager, <strong>à</strong> la recherche de cette<br />
légitimité, espérant projeter une<br />
stature d’homme d’Etat, espérant<br />
gommer un passé très peu reluisant<br />
d’homme de boîtes de nuit,<br />
espérant se faire admettre , non<br />
pas au sens politique du terme,<br />
mais plutôt au sens du concept<br />
psychologique développé par Jean-<br />
Paul Codol qui, dans ses travaux<br />
sur le double comportement, montre<br />
qu’un sujet peut donner une image<br />
positive de lui-même aux autres<br />
tout en voulant défendre son<br />
originalité individuelle. Ainsi, les<br />
voyages de Martelly en Europe, en<br />
Amérique latine ou dans les Antilles<br />
n’ont pour lui d’autre but que<br />
d’essayer de se «mesurer» (hélas !)<br />
<strong>à</strong> des leaders, des chefs d’Etat ou<br />
de gouvernement représentatifs ou<br />
prestigieux, de se faire passer pour<br />
un vrai président, un président ,<br />
tout en gardant son naturel, son<br />
«originalité» de musicien dépravé.<br />
Y en a d’autres qui se promènent<br />
<strong>à</strong> la recherche de passeports<br />
«étrangers». Ils en trouvent<br />
d’américains, de canadiens, de<br />
boliviens, d’italiens, peut-être de<br />
mongoliens, qui sait ? Les Haïtiens<br />
disent volontiers que le malheur<br />
n’est pas «mal». Dans le cas<br />
de ceux qui en se promenant ont<br />
trouvé des passeports étrangers <strong>à</strong><br />
souper, c’est un mal pour un bien.<br />
Ils mettent des sur la défensive,<br />
forçant tel ou tel autre ministre <strong>à</strong><br />
venir accoucher d’un gros mensonge<br />
de natif-natalité, tel autre<br />
ministre <strong>à</strong> s’empresser de venir se<br />
confesser alors que Jean-Charles<br />
ne l’a même pas accusé d’être un<br />
pécheur, bien qu’il soit un pêcheur<br />
en eau trouble depuis la Faculté de<br />
médecine. Il fait plaisir de voir cette<br />
question de double ou triple nationalité<br />
forcer un président d’ordinaire<br />
si démesurément verbeux, dévergondé<br />
et <strong>à</strong> rentrer dans sa coquille<br />
et <strong>à</strong> faire du marronnage en attendant<br />
un éventuel bras de fer politique<br />
qui pourrait mettre la nation<br />
<strong>à</strong> feu et <strong>à</strong> sang (au figuré, je veux<br />
dire).<br />
Moi qui n’ai besoin ni de légitimité,<br />
ni de passeport «étranger»,<br />
ni de confession encore moins<br />
d’absolution de la part de Jean-<br />
Charles, je m’en viens vous dire<br />
ce que sans chercher j’ai trouvé<br />
pour souper : une nourriture épicée<br />
jusqu’<strong>à</strong> stimuler les fibres patriotiques<br />
de tout Haïtien fier de cette<br />
terre nôtre, mère de liberté; <strong>à</strong> les<br />
faire vibrer <strong>à</strong> l’unisson des voix<br />
reconnaissantes envers le fondateur<br />
de la nation, celui dont le sang<br />
rebelle, indomptable et coule encore<br />
dans nos veines. J’ai trouvé <strong>à</strong><br />
souper sans chercher en revoyant<br />
les principaux textes parus dans ce<br />
numéro du journal.<br />
Quelle surprise ! Quelle joie !<br />
Quelle émotion ! Quelle jubilation<br />
intérieure ! Quel ravissement !<br />
Quelle fierté lorsque j’ai noté le titre<br />
d’un reportage signé Luciana<br />
Taddeo (p. …), l’envoyée spéciale<br />
<strong>à</strong> Port-au-Prince de l’agence Opera<br />
Mundi. Un titre inattendu : «Brigade<br />
Dessalines, initiative de La<br />
Via Campesina et du Mouvement<br />
des Sans Terre du Brésil» ! Quel témoignage<br />
émouvant tout en éclat<br />
de pierreries <strong>à</strong> l’immortel Père de<br />
notre patrie, un hommage en arcen-ciel<br />
caraïbéen <strong>à</strong> ce symbole de<br />
résistance et de courage herculéen<br />
que fut Jean-Jacques Dessalines.<br />
Comme je me suis senti fier que<br />
deux organisations paysannes<br />
aient voulu saluer la mémoire de ce<br />
titan dont l’un des titres de gloire<br />
fut justement que la terre revînt<br />
aux va-nu-pieds qui avaient combattu<br />
pour elle et l’avaient méritée<br />
de plein droit.<br />
On sait les forts préjugés de<br />
l’Occident <strong>à</strong> l’endroit de Dessalines<br />
dont la formule « » a laissé de profondes<br />
et durables cicatrices dans le<br />
tissu de sa vision de notre grande<br />
révolution anti-esclavagiste, la<br />
seule du reste. Tous ces intellectuels,<br />
historiens, critiques qui se<br />
sont sentis confortables dans le<br />
moule occidental, ont oeuvré, consciemment<br />
ou inconsciemment,<br />
pour gommer l’image authentiquement<br />
révolutionnaire de ce titan, le<br />
premier <strong>à</strong> avoir exprimé dans les<br />
actes que la liberté doit être une et<br />
pour tous. De la révolution <strong>à</strong> Saint<br />
Domingue, de la geste héroïque<br />
qui a conduit <strong>à</strong> 1804, ils n’ont<br />
voulu retenir, la France surtout,<br />
que l’ombre de leur jacobin noir.<br />
Or, comme l’a si bien écrit Prince<br />
Guetjens, la semaine dernière, dans<br />
les colonnes de ce journal : «». Et ce<br />
n’est qu’hommage mérité.<br />
J’avance que même dans le<br />
monde des progressistes ou des<br />
révolutionnaires, il est rare qu’on<br />
fasse référence <strong>à</strong> Dessalines qui<br />
reste un méconnu, sauf, <strong>à</strong> ma connaissance<br />
le général vietnamien<br />
Giap, cité dans une étude par Marc-<br />
Arthur Fils-Aimé*. On mentionne<br />
souvent Bolivar, Sucre, Sandino,<br />
Martí qui ont eu sans doute leur<br />
mérite. Pourtant, avant eux il y a<br />
eu Dessalines qui a fait éclore la<br />
liberté en Amérique, une vraie, une<br />
liberté pour tous qui d’ailleurs a été<br />
la boussole de Bolivar. A quelques<br />
reprises, j’ai fait part de cet oubli,<br />
si ce n’est cette involontaire négligence<br />
<strong>à</strong> des frères et camarades de<br />
lutte, notamment dans le journal.<br />
Pour étayer mon propos, je<br />
Quel témoignage émouvant tout en<br />
éclat de pierreries <strong>à</strong> l’immortel Père<br />
de notre patrie, un hommage en arcen-ciel<br />
caraïbéen <strong>à</strong> ce symbole de<br />
résistance et de courage herculéen<br />
que fut Jean-Jacques Dessalines<br />
veux rappeler que le militant révolutionnaire<br />
Hugo Chavez, en 2007,<br />
a parrainé l’idée d’un film sur la vie<br />
de Toussaint Louverture que devait<br />
tourner l’acteur Danny Glover. Du<br />
reste, Glover lui-même, certainement<br />
un progressiste, rêvait depuis<br />
longtemps d’un tel film. C’était une<br />
occasion en or pour Chavez de<br />
mettre en lumière Dessalines, dont<br />
la geste fulgurante a ouvert la voie<br />
aux indépendances latino-américaines,<br />
mais l’idée lui a échappé. Je<br />
ne lui en tiens pas rigueur, Un téléfilm<br />
inédit sur Toussaint Louverture<br />
réalisé par Philippe Niang, réalisateur<br />
et dialoguiste de télévision, sera<br />
proposé prochainement sur France<br />
2 avec Jimmy Jean Louis, acteur<br />
et ancien mannequin et danseur<br />
haïtien, et Aïssa Maïga, scénariste,<br />
réalisatrice, comédienne et<br />
animatrice française, originaire<br />
du Sénégal. On aura encore oublié<br />
Dessalines. A quand un<br />
film sur Dessalines parrainé par<br />
l’UNASUR, l’ALBA ou la CELAC ?<br />
Je rêve de gouvernements<br />
haïtiens progressistes, farouchement<br />
nationalistes, qui feraient<br />
campagne pour sortir Dessalines<br />
de l’ombre dans laquelle l’Occident<br />
l’a plongé. Je rêve de voir des intellectuels<br />
dignes du patriotisme<br />
et de l’écriture «dyacoutique» de<br />
Morisseau-Leroy qui viendraient<br />
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dépoussiérer l’image de Dessalines<br />
et donner <strong>à</strong> notre grand héros<br />
sa place de révolutionnaire conséquent<br />
que l’Occident et ses disciples<br />
lui ont ravie. Et ce ne sont<br />
assurément pas ces intellectuels<br />
de la honte, admirateurs béats de<br />
l’Hexagone, «culturellement raffinés<br />
<strong>à</strong> la parisienne», ces saboteurs<br />
de la célébration du bicentenaire de<br />
notre indépendance qui viendraient<br />
s’atteler <strong>à</strong> cette tâche collective de<br />
faire vivre la mémoire de notre demi-dieu<br />
et de le rendre tout entier,<br />
grand, superbe <strong>à</strong> l’Histoire. Assurément<br />
un devoir national qui leur<br />
serait totalement étranger.<br />
Merci <strong>à</strong> Via Campesina (VC),<br />
ce mouvement international qui<br />
coordonne des organisations de<br />
petits et moyens paysans, de travailleurs<br />
agricoles, de femmes rurales,<br />
de communautés indigènes<br />
d’Asie, des Amériques, d’Europe et<br />
d’Afrique et qui milite pour le droit<br />
<strong>à</strong> la souveraineté alimentaire et pour<br />
le respect des petits et moyens paysans.<br />
Merci au Mouvement des<br />
Travailleurs sans-terre (MST),<br />
l’organisation populaire brésilienne<br />
qui milite pour que les paysans<br />
brésiliens ne possédant pas de terre,<br />
disposent de terrains pour pouvoir<br />
cultiver. Merci <strong>à</strong> ces deux entités<br />
d’inspiration populaire qui ont eu<br />
la lumineuse idée d’associer le nom<br />
de Dessalines <strong>à</strong> cette Brigade venue<br />
en Haïti «réaliser un diagnostic des<br />
conditions du sol, de la production<br />
agricole et de la dynamique sociale»<br />
en vue d’un «programme de<br />
coopération pour le renforcement<br />
de l´agriculture locale».<br />
Assurément, quelqu’un des<br />
MST ou de Via Campesina a su<br />
passer <strong>à</strong> travers les mailles de la<br />
censure occidentale (non exprimée)<br />
pour découvrir qui était<br />
Jean-Jacques Dessalines, ses liens<br />
politiques et viscéraux avec cette<br />
population d’esclaves qui avaient<br />
irrigué la terre de Saint Domingue<br />
de leur sueur et de leur sang pour<br />
le plus grand profit des colons français.<br />
Quelqu’un a dû leur faire lire<br />
le magnifique ouvrage de Berthony<br />
Dupont, «Jean-Jacques Dessalines.<br />
Itinéraire d’un révolutionnaire», le<br />
livre par excellence sur le grand<br />
stratège et héros de Vertières, mon<br />
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livre de chevet. Il faut soupçonner<br />
fortement que des membres de VC<br />
ou de MST, peut-être même des<br />
deux organisations ont dû remarquer<br />
au hasard de leurs lectures<br />
cette exclamation historique de<br />
Dessalines : «Et les pauvres nègres<br />
dont les pères sont en Afrique, ils<br />
n’auront donc rien !»<br />
C’est vrai qu’ils n’ont rien<br />
eu, qu’ils ont été marginalisés,<br />
refoulés dans «le pays en dehors»<br />
pour que les nantis et les bonnes<br />
gens des villes ne remarquassent<br />
point leurs «gros orteils». C’est<br />
tout <strong>à</strong> l’honneur de VC et de MST<br />
d’avoir rendu ce bel hommage au<br />
libérateur et fondateur de la patrie<br />
en l’associant <strong>à</strong> leur démarche internationaliste,<br />
paysanne, avec<br />
les paysans haïtiens. C’est tout <strong>à</strong><br />
leur honneur, d’autant que depuis<br />
2009 ils sont <strong>à</strong> pied d’œuvre<br />
dans l’Artibonite. Et je n’ai pas<br />
l’impression que la grande presse<br />
haïtienne parlée ou écrite, celle qui<br />
a contribué au chambardement des<br />
années 2003-2004, ait porté grand<br />
intérêt <strong>à</strong> cette «Brigade Dessalines»<br />
car leur inconscient ne s’est<br />
sans doute pas encore libéré de<br />
l’emprise-lavage-de-cerveaux de<br />
l’Occident. ! Laissons-les <strong>à</strong> leurs<br />
analyses de la conjoncture.<br />
Comme je me suis senti fier<br />
et heureux quand j’ai lu ce reportage<br />
par Luciana Taddeo ! Comme<br />
je me suis senti pleinement haïtien<br />
de voir le nom de Dessalines associé<br />
au travail internationaliste<br />
de paysans concernés par la condition<br />
des travailleurs sans terre et<br />
engagés <strong>à</strong> leur apporter une aide<br />
technique, professionnelle, morale,<br />
véritablement fraternelle. Merci <strong>à</strong><br />
Via Campesina, merci au Mouvement<br />
des Travailleurs sans Terre<br />
de m’avoir apporté cette nourriture<br />
intellectuelle que je ne cherchais<br />
pas. Ce soir j’irai me coucher non<br />
sans avoir bien soupé. Et , même<br />
quand la chanson de Nemours Jean<br />
Baptiste affirme que , ce n’est pas<br />
toujours le cas.<br />
* «Le général Giap du Vietnam<br />
a écrit que la tactique de guerre de<br />
Dessalines l’a aidé <strong>à</strong> combattre les<br />
Américains». Marc-Arthur Fils-<br />
Aimé, in «<strong>Haiti</strong> : Les premières<br />
racines de notre mal- développement»<br />
, 16 mai 2008.<br />
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Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 5
Kwonik Kreyòl<br />
Pouvwa Martelly a ak akolit li yo ap<br />
fè mannèv pou retounen ak yon<br />
lame restavèk nan peyi a<br />
Sipòtè Martelly yo devan Palman an, lendi 8 janvye 2012 la pou apiye<br />
pwojè retou Lame kraze zo a<br />
Nan mwa janvye 1995, yon arete<br />
prezidansyèl mete fen nan sèvis<br />
lame FADH la nan peyi a. Desizyon sa<br />
a pase san bri, san kont paske tout popilasyon<br />
an te bouke ak krim, ekzaksyon<br />
epi vyolasyon dwa moun lame a t ap fè<br />
nan peyi a. Depi apre depa rejim Duvalier<br />
yo an 1986, se lame a ki te mete,<br />
wete prezidan, minis kou direktè jeneral.<br />
Li te gen kontwòl yon bon pati nan<br />
ekonomi peyi a sitou sila a ki chita sou<br />
trafik dwòg ak kontrebann lan.<br />
Jodi a, devan mannèv Martelly<br />
ak akolit li yo pou retounen ak lame<br />
bouyon rechofe a, tout moun serye<br />
ki te viv peryòd sa a ap poze tèt yo<br />
kesyon pou konnen, èske pouvwa a<br />
kwè li kapab retounen peyi a nan rèy<br />
baboukèt ak kraze zo a?<br />
I. Riz pouvwa a ak konpayèl li yo<br />
ap itilize pou yo tounen ak fòs lame<br />
kriminèl menmjan ak FADH la.<br />
Menmsi, swadizan, gen twa (3) pouvwa<br />
nan tèt Leta a, jounen jodi a, lè<br />
yon ekip monte sou pouvwa ekzekitif<br />
la epi li bezwen fè yon pwojè pase, se<br />
ak otorite titèl yo li diskite l dabò epi<br />
apre li chache jwe nan lòlòj popilasyon<br />
an pou l pa pwoteste kont pwojè sa a.<br />
Martelly ak patizan l yo vle fè<br />
konprann, se lame ki te kreye nasyon<br />
Ayisyèn lan, se lame ki pou retire l<br />
nan move pas li ye a. Non ! Se nasyon<br />
Ayisyèn lan ki te kreye lame endijèn li<br />
pou libere l anba esklavaj epi rive jete<br />
baz Leta d Ayiti. Yon ti tan apre, lelit<br />
yo ak negosyan etranje yo rekipere<br />
BOUKAN<br />
101.9 FM • SCA<br />
Radyo Pa Nou<br />
Emisyon KAKOLA<br />
Konbit Ayisyen pou Kore Lit la ann Ayiti<br />
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Pou yon Ayiti Libere<br />
(917) 251-6057<br />
www.RadyoPaNou.com<br />
Mèkredi 9-10 pm<br />
lame a pou mete l osèvis yo kont enterè<br />
nasyon an. Lè lame sa a te fin depafini,<br />
Meriken debake an 1915, li mete n<br />
anba okipasyon epi li kreye Gad d Ayiti<br />
ki vin tounen FADH, ki te la pou kraze<br />
zo popilasyon an pou pwoteje enterè<br />
Meriken ak oligachi a.<br />
Patizan lame pèpè a vle fè kwè<br />
se lame ki ka garanti envestisman<br />
etranje nan peyi a, pwoteje fwontyè yo<br />
epi ranplase MINUSTAH lè li ale. Soti<br />
1920 rive 1995, te genyen yon lame<br />
restavèk nan peyi a. Apati fen ane 1940<br />
yo, prèske tout envestisman etranje tèt<br />
chat ki te vini avèk okipasyon an ale<br />
epi yo pa janm tounen. Pandan tout<br />
peryòd ekzistans FADH la, pi espesyalman<br />
apati 1957, fwontyè nou yo<br />
tounen yon paswa pou trafik dwòg,<br />
zam, braseròs ak bòt pipòl, men lame<br />
a pat janm fè anyen pou frennen sa,<br />
okontrè se li ki t ap asire pwoteksyon<br />
trafikan yo.<br />
II. Ki objektif kache ki dèyè pwojè<br />
retou ak yon lòt fòs lame tyoul<br />
nan peyi a?<br />
Se te fòs rezistans pèp la ki te kreye<br />
kondisyon pou pèmèt negosiyasyon<br />
pou retou Aristide ak kraze lame a rive<br />
fèt. Ansyen prezidan Clinton ak lòt otorite<br />
titèl yo rive mare sosis yo ak ekip<br />
Martelly a epi, ansanm ak kèk sektè<br />
nan mafya lokal la, yo renmèt li pouvwa<br />
a an 2011 lan. Kidonk Prezidan<br />
Martelly ak konpayèl li yo se popetwèl;<br />
yo pa fouti retounen ak yon lame nan<br />
peyi a si yo pa gen aval Meriken.<br />
Dapre dokiman ekip Martelly<br />
a prepare sou kesyon fòs lame a, se<br />
yon veritab pouvwa paralèl li vle mete<br />
sou pye ak Konsèy Nasyonal Defans<br />
ak Sekirite a (CNDS). Nan misyon l, l<br />
ap gen pou okipe kesyon pwoteksyon<br />
sivil, anviwònman, ransèyman, fwontyè,<br />
dlo, enèji, espas ayeryen, defans,<br />
sekirite piblik ak devlopman. Se Chèf<br />
Leta a k ap nan tèt Konsèy sa a epi l ap<br />
gen ladann: Premye Minis lan, Minis<br />
Defans lan, Minis Jistis la, Minis Enteryè<br />
a, Minis Afè Etranjè a, Minis Ekonomi<br />
ak Finans lan epi tout lòt moun<br />
Prezidan an chwazi pou sa.<br />
Prezidan Martelly ak akolit li yo<br />
dèyè pou yo fè dekabès nan koze lame<br />
sa a. Yon bò y ap bay oligachi a ak<br />
konpayi miltinasyonal ki enterese vin<br />
souse peyi a yon lame restavèk kraze<br />
zo pou garanti enterè yo epi, yon lòt<br />
bò, y ap konsantre tout pouvwa Leta<br />
a nan men yo. Si yo rive mete CNDS<br />
lan kanpe, yo pap bezwen ni palman,<br />
ni pouvwa jidisyè, ni gouvènman ankò<br />
pou regle kèlkeswa gwo koze ki ta oblije<br />
yo pase devan enstans sa yo.<br />
III. Ki atitid fòs pwogresis yo<br />
dwe genyen fas ak volonte pou<br />
retounen ak yon lame gwo ponyèt?<br />
Pwogresis yo pa dwe pran pawòl lame<br />
sa a pou pawòl van; yo pa dwe kwè<br />
entènasyonal la pa dèyè kesyon an.<br />
Depi 1994, peyi a genyen yon anbago<br />
pou l pa achte zam lòt bò dlo. Jounen<br />
jodia, y ap anvizaje kijan pou leve anbago<br />
sa a. Nan premye manch titèl la,<br />
kote y ap kreye kondisyon pou konpayi<br />
miltinasyonal yo vin tabli nan 25 zòn<br />
franch k ap fèt yo, se MINUSTAH ki gen<br />
koze sekirite a nan men l. Nan dezyèm<br />
manch titèl la, se Depatman Leta Meriken,<br />
atravè yon pouvwa ak yon lame tyoul<br />
an Ayiti, ki pral fè l. Yo bay Martelly<br />
ak ekip li a wòl pou teste teren an, pou<br />
ka wè kijan pou regle koze a pi devan.<br />
Jodi a, pandan fòs pwogresis yo<br />
ap chache òganize tèt yo yon lòt fwa<br />
ankò epi makonnen yo piplis ak popilasyon<br />
an, yo dwe devlope yon veritab<br />
kanpay konsyantizasyon ak mobilizasyon<br />
nan peyi a kont titèl entènasyonal<br />
la, kont retou pouvwa gwo ponyèt nan<br />
tèt Leta ak tout fòm lame kraze zo sou<br />
teritwa a.<br />
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P.au.P, <strong>Haiti</strong><br />
Jijman Duvalier :<br />
KOSIJID mande Lajistis<br />
pran responsabilite l<br />
Kòdonatè KOSIJID la, Raymond Davius<br />
Lundi 16 janvye 2012 ki fè yon lame<br />
depi ansyen diktatè Jean Claude<br />
Duvalier te retounen nan peyi a ; Kolektif<br />
Sitwayen pou Jije Duvalier (KOSI-<br />
JID) mande Lajistis ayisyen pou l pran<br />
responsabilite l, nan mete tout sa ki<br />
nesesè an plas pou Jije Jean Claude Duvalier.<br />
Kòdonatè KOSIJID la, Raymond<br />
Davius denonse konplisite gouvènman<br />
Martelly/Conille lan k ap tolere<br />
enpinite nan peyi a, pandan y ap pale<br />
sou Etadedwa. Selon Raymond Davius,<br />
pa ka gen rekonsilyasyon si Lajistis<br />
pa fè travay li, pa ka gen Etadedwa<br />
nan enpinite. Prezans Jean Claude Duvalier<br />
nan peyi a san kòd Lajistis pa<br />
nan kou l, se tolerans enpinite pou 30<br />
mil moun rejim Duvalier yo te touye,<br />
nan tout kondisyon.<br />
Viktim yo sezi tande ak ki<br />
awogans, Jean Claude Duvalier ak<br />
konplisite prezidan Michel Martelly ap<br />
pase anba pye dwa viktim yo, fwase<br />
viktim yo, lè yo wè yon kriminèl notwa<br />
konsa ap mache nan tout peyi a.<br />
Lendi 16 janvye a, Jean Claude<br />
Duvalier te vizite vil Jakmèl ak kèk<br />
komin nan depatman an. Viktim yo<br />
denonse monte desann Jean Claude<br />
Duvalier ap fè nan peyi a, yo fè<br />
konnen aktivite sa yo, se yon move<br />
siy pou Lajistis, pou demokrasi ak<br />
Etadedwa nan peyi a. Viktim yo fè<br />
konnen wè pa wè fòk Jean Claude<br />
Duvalier jije e fòk yo jwenn jistis ak<br />
reparasyon. « Kolektif sitwayen pou<br />
Jije Duvalier « KOSIJID » ap pran yon<br />
minit rekèyman pou salye memwa<br />
plis pase trant mil 30.000 viktim<br />
rejim sanginè, sanmanman Duvalier<br />
yo te touye, sasinen, masakre, tòtire,<br />
disparèt pandan 29 lane yo pase sou<br />
pouvwa a.<br />
Kolektif pou jije Duvalier « KO-<br />
SIJID » santi l endiye devan konpòtman<br />
dwayen ak etidyan Fakilte Dwa<br />
Gonayiv la, pou reyabilite Jean Claude<br />
Duvalier, Pitit Tig la, masakre plizyè<br />
milye Kretyen Vivan nan sosyete Ayisyen<br />
an. Sa a se yon wont pou entelektyèl<br />
nan peyi a.<br />
Kolektif Sitwayen pou Jije Duvalier<br />
« KOSIJID » ap raple pèp Ayisyen<br />
an, Jean Claude Duvalier ansyen sanginè<br />
diktatè a ki akize pou krim kont<br />
limanite, nan konplisite Prezidan Joseph<br />
Michel Martelly , yon fwa ankò,<br />
t al Titanyen, Jedi 12 Janvye 2012 la .<br />
Aprè 25 lane li pase nan peyi<br />
Lafrans, jodi lendi 16 Janvye 2012 la<br />
fè yon lane depi ansyen diktatè Jean<br />
Claude Duvalier retounen nan peyi a.<br />
Plizyè dizèn viktim déj<strong>à</strong> depoze plent<br />
devan Lajistis pou krim li komèt pandan<br />
15 lane rejim li an. N ap raple pou<br />
tout moun lajistis déja enkilpe Jean<br />
Claude Duvalier pou detounman lajan<br />
Leta e kounye a Lajistis ap kontinye<br />
pousuiv Jean Claude Duvalier pou<br />
krim li komèt sou pèp Ayisyen an.<br />
Jean Claude Duvalier ensilte<br />
memwa viktim yo se te yon lòt afwon<br />
pou pèp ayisyen an tann jistis ak<br />
reparasyon pou disparisyon , masak,<br />
asasina, manman, papa, frè ak sè yo<br />
ki te koule sou rejim Kriminèl Duvalier<br />
a ak akolit li yo.<br />
Kolektif pou jije Duvalier KOSI-<br />
JID ap mande Jij Carvès Jean ki kote<br />
li ye ak dosye Jean Claude Duvalier a<br />
ki akize pou krim kont limanite k ap<br />
paweze lib e libè nan peyi a ? Fè tout<br />
sal deside san kè l pa sote. Duvalier<br />
ak akolit li yo ap bay Lajistis ayisyen<br />
defi, paske Lajistis mete sou rezidans<br />
siveye, men l ap mache nan tout peyi<br />
a, si Lajistis refize travay li.<br />
Kolektif Sitwayen pou jije Duvalier<br />
KOSIJID ap entansifye demach ak<br />
aksyon li yo nan.<br />
1) Ekri yon lèt ouvèt ak otorite<br />
Ayisyen yo pou yo pran responsabilite<br />
yo nan dosye Jean Claude Duvalier a<br />
pou lenpinite kaba, pou Lajistis ak la<br />
verite triyonfe.<br />
2) Fè manifestasyon, sitin ak lòt<br />
aksyon pou fòse chak aktè nan dosye<br />
Jean Claude Duvalier a yo deside aktive<br />
l pou fè jistis ak reparasyon pou viktim<br />
yo tounen yon reyalite.<br />
3) Kolektif pou jije Duvalier<br />
KOSIJID ap di pou Bawon k ap sipòte<br />
kòz Jean Claude Duvalier a, rejim sa<br />
a pa t janm kwè ni nan zanmitay ni<br />
nan patizan piske Baby Docratophobie<br />
se sèlman yon kontinwite papa Doc te<br />
aprann makout yo ki te di :<br />
1) Rekonesans se yon lachte<br />
2) Tout ayisyen ki pa renmen<br />
Duvalier se yon enmi danjere patri a<br />
3) Tout makout dwe bay tout<br />
apui li, dwe aplodi ak de men l e touye<br />
tout kamoken ak moun nan opozisyon<br />
k ap nwi tèt Duvalier.<br />
4) Pèsonn pa dwe pran chans<br />
rezève oubyen ki fè tètdi, ki fè vini sispèk<br />
: « yon senkyèm kolòn. »<br />
Kolektif Sitwayen pou jije Duvalier<br />
KOSIJID ap raple nou Jean Claude<br />
Duvalier te itilize tout moun kòm yon<br />
pyon nan jwèt echèk, li toujou prè pou<br />
l livre nenpòt nan pyon. Kesyon n ap<br />
poze ak resèlè k ap sipòte ak pwoteje<br />
Jean Claude Duvalier yo, eske yo prè<br />
pou yo aksepte viktim yon fason e yon<br />
lòt nan foli kriminèl li toujou devlope<br />
lakay li ak akolit li yo. Ekzanp : ansyen<br />
kòmandan Makout Palè Nasyonal byen<br />
zele yo te rele Justin Bertrand.<br />
KOSIJID ap fini pou l di wè pa wè<br />
Jean Claude Duvalier ap jije. Pèsonn<br />
paka anpeche jijman sa fèt. Fok viktim<br />
yo jwenn jistis ak reparasyon e fòk<br />
enpinite kaba nan peyi a. »<br />
Viv Jistis ak reparasyon pou tout<br />
viktim yo !Aba Babydocratopholbie !<br />
Viv yon Etadedwa san demagoji !Viv<br />
Ayiti ! Aba Enpinite !<br />
6<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
Perspectives<br />
Coopération Cubano-Haïtienne:<br />
Bilan des activités de<br />
la Brigade médicale de<br />
Cuba en Haïti<br />
De gauche <strong>à</strong> droite l’ambassadeur cubain Ricardo Garcia N<strong>à</strong>poles, le<br />
Docteur Lorenzo Somarriba Lopez, chef de la Brigade médicale cubaine<br />
en <strong>Haiti</strong> et Carmen Maury<br />
Par Yves Pierre-Louis<br />
Le mercredi 11 janvier 2012, le<br />
chef de la Mission médicale de la<br />
République révolutionnaire de Cuba<br />
en Haïti, Docteur Lorenzo Somarriba<br />
Lopez, accompagné de l’ambassadeur,<br />
Ricardo Garcia N<strong>à</strong>poles a exposé<br />
le bilan des réalisations de la Brigade<br />
médicale cubaine présente en Haïti<br />
depuis 13 ans. Ce nouveau bilan est<br />
centré sur les activités des médecins<br />
cubains durant les deux années qui<br />
ont suivi le tremblement de terre du<br />
12 janvier 2010 et le secours apporté<br />
aux victimes de l’épidémie de Choléra<br />
importée par les soldats des Nations<br />
Unies en Haïti.<br />
L’ambassadeur Ricardo a profité<br />
de l’occasion pour faire un bref historique<br />
de la coopération cubaine en<br />
Haïti. Selon lui la coopération cubaine<br />
a démarré ses activités le 4 décembre<br />
1998, suite <strong>à</strong> l’ouragan Georges qui<br />
avait dévasté le pays. Elle intervient<br />
dans le système de santé pour apporter<br />
des soins de santé aux plus pauvres<br />
du pays.<br />
Docteur Lorenzo Somarriba Lopez<br />
le principal intervenant de la rencontre<br />
avec la presse <strong>à</strong> <strong>Delmas</strong> 83, a<br />
fourni des informations précises au<br />
public concernant la réalisation de la<br />
Brigade médicale cubaine, deux ans<br />
après le séisme dévastateur qui a frappé<br />
Haïti. Cuba est intervenu 22 heures<br />
après le séisme avec la Brigade « Henry<br />
Reeve » comprenant des spécialistes en<br />
intervention médicale post catastrophe.<br />
Aux premières heures de tremblement<br />
de terre, 81 coopérants cubains étaient<br />
arrivés en Haïti, quelques jours plus<br />
tard 331 autres collaborateurs y étaient<br />
arrivés pour apporter leur assistance<br />
médicale aux victimes. Le 8 Mars<br />
2010, 1712 autres collaborateurs étudiants<br />
et les médecins haïtiens gradués<br />
<strong>à</strong> l’Ecole Latino-américaine de médecine<br />
(ELAM), sont venus renforcer la<br />
Brigade médicale de Cuba. Ces médecins<br />
se sont éparpillés dans des grands<br />
centres hospitaliers de la zone métropolitaine<br />
de la capitale : Hôpital de la Paix<br />
a <strong>Delmas</strong> 33, Hôpital de l’OFATMA,<br />
Hôpital de la Renaissance, Hôpital de<br />
Grand-Goâve et Hôpital de Petit-Goâve.<br />
Ils ont mis sur pied, en outre, cinq (5)<br />
autres hôpitaux de campagne <strong>à</strong> Léogane,<br />
Carrefour, Croix-des-Bourquets,<br />
Arcahaie et Jacmel. Cinq (5) autres<br />
unités communales ont été constituées<br />
dans le département de l’Ouest a : Ganthier,<br />
Thomazeau, Cabaret, Kenscoff et<br />
Anse-a-Galets (La Gonave). Deux petites<br />
Brigades ont été instituées, l’une<br />
composée de 56 membres de spécialité<br />
en maladies épidémiques et l’autre faite<br />
de spécialistes paramédicaux donnant<br />
des accompagnements psychologiques<br />
aux enfants et adolescents. 116 mille<br />
162 enfants et adolescents ont bénéficié<br />
d’un appui psychologique.<br />
Jusqu’au 30 Avril 2010, 347<br />
mille 601 patients ont été examinés,<br />
8.870 interventions Chirurgicales et<br />
1210 accouchements dont 421 cas<br />
d’opération césarienne. Dans le cadre<br />
du projet Alternative Bolivarienne des<br />
Amériques (ALBA), Cuba participe <strong>à</strong> la<br />
reconstruction et au renforcement du<br />
système de Santé haïtien, dans l’objectif<br />
de construire 30 hôpitaux, dont 10<br />
ont déj<strong>à</strong> été construits dans 10 départements<br />
géographiques du pays. Cette<br />
initiative entre directement dans la politique<br />
de décentralisation des services<br />
médicaux d’Haïti pour qu’ils arrivent <strong>à</strong><br />
atteindre les populations les plus éloignées<br />
du pays.<br />
Suite <strong>à</strong> l’introduction du choléra<br />
en Haïti, la Brigade médicale cubaine<br />
est rapidement intervenue dans 33<br />
centres de traitement de Choléra (CTC).<br />
A mesure que l’épidémie de Choléra<br />
continue de faire rage dans le pays, les<br />
médecins cubains sont présents dans<br />
plus de 67 CTC.<br />
De plus, sur demande des autorités<br />
haïtiennes, 10 avions Cargos de<br />
médicaments contre le Choléra avaient<br />
été expédiés en Haïti par le gouvernement<br />
cubain. Une base logistique de<br />
5 camions de médicaments de toutes<br />
sortes a été constituée <strong>à</strong> l’OFATMA.<br />
Enfin, durant les 13 ans de service<br />
de la Brigade médicale cubaine<br />
en Haïti, plus de 4 mille coopérants<br />
cubains ont apporté leur solidarité au<br />
peuple haïtien dans le domaine de la<br />
Santé. Ils ont examiné plus de 18 millions<br />
254.145 patients, 135 mille 605<br />
accouchements, 310.665 interventions<br />
Chirurgicales, 54.305 Haïtiens ont été<br />
soignés des yeux dans le cadre du programme<br />
baptisé « opération Milagro »<br />
et 311.493 vies humaines ont été sauvées<br />
par des spécialistes cubains.<br />
A l’occasion de la journée Cuba<br />
/ CARICOM, le 8 décembre 2011, lors<br />
d’une intervention devant la presse,<br />
l’ambassadeur de Cuba en Haïti, Ricardo<br />
Garcia N<strong>à</strong>poles eut <strong>à</strong> déclarer : « La<br />
présence de collaborateurs cubains en<br />
Haïti est l’une des meilleures preuves<br />
des avantages et la portée de la coopération<br />
cubaine dans les Caraïbes.<br />
Dans le secteur de la Santé, nous pouvons<br />
l’illustrer avec plus de 18 millions<br />
de consultations médicales offertes,<br />
133 593 accouchements pris en charge<br />
et 311.008 vies sauvées en 13 ans de<br />
coopération médicale. Les autres domaines<br />
où des progrès ont été tout aussi<br />
remarquables, sont l’éducation, lancée<br />
en octobre 1999, permettant par la méthode<br />
« Oui je peux » l’alphabétisation<br />
de 8633 personnes en 2009. La pêche<br />
a également permis la production de<br />
15,7 millions de larves de cyprinidés<br />
et 2,6 millions d’alevins pour la consommation<br />
humaine. Je vais également<br />
12 janvier, la honte !<br />
Par Catherine Charlemagne<br />
Il y a des dates qui marquent <strong>à</strong> jamais<br />
l’histoire de l’humanité ou d’un pays.<br />
L’humanité a connu des dates heureuses.<br />
Remplies d’allégresse. Comme elle en<br />
a connu de bien tristes. Catastrophiques.<br />
12 janvier 2010 en est une. Particulièrement<br />
pour un peuple. Une nation. Une<br />
République. Un Etat. Celui d’Haïti. Celuil<strong>à</strong><br />
même qui a marqué en lettres d’or,<br />
la date du 1 e janvier 1804 au tableau<br />
d’honneur de l’histoire de l’humanité.<br />
Cette date a aussi changé les cours des<br />
choses pour l’histoire des êtres humains<br />
tout entier.<br />
12 janvier 2010 demeurera pour<br />
le peuple d’Haïti, non seulement une<br />
date traumatisante, mais aussi celle de<br />
la honte. Cette date, si l’on pouvait la<br />
bannir du calendrier romain, les Haïtiens<br />
le feraient volontiers. Elle marque<br />
depuis ce maudit cataclysme le point<br />
culminant de la faillite des élites de cet<br />
Etat pourtant fondé par des femmes et<br />
des hommes ayant le sens de la grandeur<br />
et de la fierté. 12 janvier 2010 a<br />
été sans équivoque un rappel <strong>à</strong> l’ordre.<br />
Un rappel au réveil pour les gouvernants<br />
haïtiens. Un rappel <strong>à</strong> la valeur morale et<br />
<strong>à</strong> la conscience des dirigeants de ce pays<br />
Il existe un pays appelé Haïti…<br />
vous en souvenez-vous ?<br />
Par Oliver Zamora Oria<br />
Le 12 janvier, il y a tout juste deux<br />
ans et un jour, la terre tremblait <strong>à</strong><br />
Haïti : un terrible séisme a coûté la vie <strong>à</strong><br />
environ 300 000 personnes et a détruit<br />
plus de 80 000 immeubles, laissant presque<br />
deux millions de personnes sans<br />
abris. Que s’est-il passé ensuite ? Que<br />
disent les images et les statistiques au<br />
sujet d’Haïti ? Quelles sont les perspectives<br />
pour ce pays caribéen ?<br />
Le président Michel Martelly a déploré<br />
que son gouvernement n’ait reçu<br />
qu’ 1% des 4 milliards de dollars destinés<br />
<strong>à</strong> Haïti. Autrement dit, pour chaque<br />
dollar donné au titre de l’aide humanitaire,<br />
le gouvernement haïtien n’a reçu<br />
qu’un centime. Qui a donc bénéficié des<br />
dons ? La presse haïtienne montre du<br />
doigt les organisations non gouvernementales,<br />
les gouvernements étrangers<br />
qui se sont « engagés » <strong>à</strong> contribuer <strong>à</strong> la<br />
reconstruction d’Haïti et, évidemment,<br />
des entreprises privées, majoritairement<br />
étasuniennes. Dans un accès de transparence,<br />
le Congrès nord-américain<br />
a reconnu que le Département de la<br />
Défense des Etats-Unis a récupéré 655<br />
millions de dollars des fonds destinés <strong>à</strong><br />
Haïti, tandis que le Département de la<br />
Santé et des Services sociaux en a empoché<br />
quelques 220 millions.<br />
La question n’est pas « comment<br />
a-t-on pu en arriver l<strong>à</strong> ? » mais plutôt «<br />
faire référence <strong>à</strong> la coopération dans le<br />
domaine des sports, par lequel ses coopérants<br />
ont permis d’obtenir 19 médailles<br />
d’or, 14 médailles d’argent et 13<br />
médailles de bronze <strong>à</strong> des compétitions<br />
régionales ainsi que 3 records nationaux,<br />
tout cela uniquement dans la spécialité<br />
d’athlétisme, l’une des quatre<br />
dans lesquelles ils travaillent. »<br />
Somme toute, la solidarité du<br />
gouvernement cubain au peuple haïtien<br />
durant les 13 ans interrompus dans<br />
plusieurs domaines a été reconnue par<br />
les secteurs les plus réactionnaires du<br />
pays et le gouvernement d’extrême<br />
droite de Michel Martelly. N’était-ce<br />
le maintien du blocus économique,<br />
commercial et financier imposé par les<br />
Etats-Unis d’Amérique contre Cuba,<br />
12 janvier 2010 demeurera pour le peuple d’Haïti, non seulement une<br />
date traumatisante, mais aussi celle de la honte. Cette date, si l’on<br />
pouvait la bannir du calendrier romain, les Haïtiens le feraient volontiers<br />
comment aurait-il pu en être autrement<br />
? ». En effet, depuis des siècles, Haïti est<br />
saignée <strong>à</strong> blanc par les grandes puissances,<br />
qui ont instauré des dictatures<br />
et des mécanismes économiques pour<br />
piller ce petit pays. En 1825, Haïti avait<br />
été contrainte de verser une énorme<br />
somme d’argent <strong>à</strong> la France, pour que<br />
celle-ci reconnaisse son indépendance.<br />
Des années plus tard, Haïti a été l’un<br />
des exemples les plus dramatiques<br />
des effets néfastes des politiques néolibérales<br />
et de la dette extérieure. La<br />
première république indépendante<br />
d’Amérique Latine et des Caraïbes, qui<br />
finira par devenir le pays le plus pauvre<br />
de la région, a donc payé au prix fort<br />
son émancipation.<br />
Mais fallait-il attendre autre<br />
chose des centres du pouvoir ? Depuis<br />
quand les Etats-Unis, la France, la<br />
Grande Bretagne ou le reste des grandes<br />
ex-métropoles s’inquiètent-ils du destin<br />
de leurs ex-colonies et du Tiers Monde<br />
? Pourquoi ces pays changeraient-ils<br />
d’attitude ? Encore une fois, l’histoire<br />
nous éclaire, elle nous aide <strong>à</strong> comprendre<br />
le présent et augure souvent<br />
l’avenir.<br />
L’industrie médiatique et les<br />
agences de « tourisme humanitaire »<br />
ont sauté sur l’occasion. Les enfants<br />
presque nus dans les campements improvisés<br />
et les rues de Port au Prince,<br />
pleines de cadavres sous les décombres,<br />
ont été perçus comme quelque chose de<br />
depuis environ 50 ans, Haïti aurait bénéficié<br />
de beaucoup plus de solidarité<br />
franche et sincère de l’Ile sœur dans le<br />
cadre de la coopération Sud/Sud. Malgré<br />
cet embargo injuste et injustifié,<br />
désapprouvé par l’Assemblée générale<br />
des Nations-Unies, les dirigeants cubains<br />
ont toujours manifesté leur volonté<br />
de partager dignement leur pauvreté<br />
avec Haïti et non d’envoyer tout<br />
ce dont ils n’ont plus besoin. Il est clair,<br />
contrairement aux autres pays latinoaméricains<br />
tels : Le Brésil, l’Argentine,<br />
le Chili, l’Uruguay et autres que Cuba<br />
a envoyé des médecins pour soigner<br />
le peuple haïtien et non des soldats<br />
lourdement armés pour tuer, violer et<br />
terroriser le peuple le plus pauvre de<br />
l’Amérique.<br />
qui semblaient oublier leur mission vis<strong>à</strong>-vis<br />
de leurs compatriotes. Leur pays.<br />
Noyé dans des nuages de poussière et<br />
enfoui sous des tonnes de décombres<br />
après le passage des forces telluriques,<br />
ce qui restait de la population croyait<br />
que de ses malheurs, naîtra enfin son<br />
salut dans ce pays qui est le sien.<br />
Elle était prête <strong>à</strong> pardonner. Féliciter.<br />
Honorer. Elever même au rang<br />
de héros ceux-l<strong>à</strong> mêmes qui l’avaient<br />
oubliée. Méprisée. Ignorée pendant si<br />
longtemps. Depuis toujours. Cette espérance<br />
de pouvoir glorifier ses oppresseurs<br />
d’hier n’avait rien de masochisme.<br />
De coup de folie insensée. Encore moins<br />
d’une quelconque amnésie. Cette envie<br />
nourrie d’un sentiment de fierté retrouvée<br />
était légitime. Puisque dans la<br />
douleur et le traumatisme post séisme,<br />
sur les tombeaux mal refermés de nos<br />
morts, sur les pertes incommensurables<br />
d’un pays dévasté devrait accoucher<br />
la renaissance d’une Haïti dont nous<br />
rêvons tous. Les Ecritures Saintes nous<br />
ont appris <strong>à</strong> pardonner <strong>à</strong> ceux qui nous<br />
ont offensés.<br />
Suite <strong>à</strong> la page (15)<br />
nouveau et de profondément bouleversant<br />
par les millions de personnes qui<br />
ne savent rien des malheurs du monde<br />
: du véritable pain béni pour les grands<br />
médias. Washington et les gouvernements<br />
européens ont saisi l’occasion<br />
pour se montrer charitables et tâcher<br />
de faire oublier qu’ils ont toujours pillé<br />
ce pays, quant <strong>à</strong> certaines ONG, elles<br />
en ont profité pour résoudre leurs problèmes<br />
financiers.<br />
Depuis deux ans, l’aide réelle,<br />
durable et sincère est venue des pays de<br />
l’Alternative pour les Peuples de Notre<br />
Amérique (ALBA) et de l’Union des<br />
Nations Sud-américaines (UNASUR).<br />
Lorsque tout le monde pliait bagage, les<br />
médecins cubains et vénézuéliens, eux,<br />
sont restés. Hier douze janvier, les médias<br />
internationaux se sont souvenus<br />
d’Haïti, mais aujourd’hui, treize janvier,<br />
ce pays est redevenu un des nombreux<br />
endroits oubliés de la planète.<br />
Cuba si Lorraine 16 Janvier 2012<br />
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Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 7
Perspectives<br />
Brigade Dessalines : initiative de La Via Campesina et du<br />
Mouvement des Sans Terre du Brésil<br />
Les agriculteurs des zones rurales marchent sur des kilomètres pour<br />
vendre leur produit <strong>à</strong> la foire paysanne.<br />
Photo : Rafael Aquino Nogueira/ Courtoisie du MST<br />
« L´exploitation étrangère est la cause<br />
des difficultés de Haïti ».<br />
Par Luciana Taddeo*<br />
“Vous êtes vraiment blancs ?”, se<br />
demandaient les Haïtiens, rassemblés<br />
en petits groupes pour les voir travailler<br />
et se salir les mains de terre. Les voir<br />
se saisir de la houe, se pencher sur la<br />
terre et travailler dans les plantations de<br />
la zone rurale, transporter des bottes de<br />
paille ou tirer de l´eau d´un puits étonnaient<br />
les noirs qui s´arrêtaient pour<br />
contempler la scène, absorbés, immobiles<br />
durant 20, 30 minutes.<br />
Avec le temps, la vie en commun<br />
a fait place <strong>à</strong> la confiance, et a dépassé<br />
la tonalité de peau des membres<br />
du MST (Mouvement des Travailleurs<br />
Sans Terre) en Haïti, une couleur traditionnellement<br />
associée <strong>à</strong> l´exploitation<br />
inhumaine, pendant des siècles, de la<br />
population du pays. C´est comme membres<br />
de l´organisation internationale<br />
Via Campesina, que les premiers Sans<br />
Terre brésiliens sont arrivés dans ce<br />
pays caraïbe en 2009 pour opérer une<br />
reconnaissance du territoire haïtien, réaliser<br />
un diagnostic des conditions du<br />
sol, de la production agricole et de la<br />
dynamique sociale.<br />
C´est ainsi que la “Brigade Dessalines”<br />
a initié le programme de<br />
coopération pour le renforcement de<br />
l´agriculture locale qui fournit 40% de<br />
la consommation alimentaire du pays.<br />
Dans cette interview pour Opera Mundi,<br />
le coordinateur de la brigade José Luis<br />
“Patrola”, l´agronome Dayana Mezzonato,<br />
l´agriculteur brésilien André<br />
Luis Guimarães et l´ingénieur agronome<br />
Rafael Aquino racontent les expériences<br />
vécues en Haïti.<br />
Comment s´est passée la période de<br />
reconnaissance du territoire?<br />
Patrola – D´abord nous avons<br />
appris le créole, ensuite nous avons<br />
commencé <strong>à</strong> parcourir les départements<br />
du pays. Nous avons voyagé en moto,<br />
en omnibus, en voiture, en tap-tap<br />
(transport collectif) et <strong>à</strong> pied. Ce contact<br />
avec l´intérieur a été fondamental pour<br />
comprendre, par exemple, que hors de<br />
Port-au-Prince il n´y a pratiquement pas<br />
de téléviseurs ni de réfrigérateurs. Nous<br />
avons travaillé dans un lieu appelé Ti<br />
Riviè Latibonit qui possède près de 150<br />
mille habitants. André, combien de<br />
réfrigérateurs as-tu vu l<strong>à</strong>-bas ?<br />
André – Hors du poste ? Aucun.<br />
(Rires)<br />
Dayana – Dans ces villes ils<br />
n´ont l´électricité que deux fois par semaine,<br />
entre une heure et deux heures<br />
du matin.<br />
Rafael – Personne ne sait quel<br />
jour elle va arriver, ni á quelle heure elle<br />
s´en ira. Si elle arrive le mercredi, on<br />
peut en avoir une, deux ou trois heures<br />
Patrola – Nous avons découvert<br />
aussi que le principal moyen de<br />
communication est la radio et si tu ne<br />
comprends pas le créole, tu ne sauras<br />
rien de ce qui se passe au quotidien.<br />
Cette période de vie avec les habitants<br />
nous a permis de mieux connaître et<br />
d´interpréter la réalité haïtienne, ce qui<br />
est fondamental pour établir un programme<br />
d´appui et de coopération. Nous<br />
avons établi le siège central de la brigade<br />
<strong>à</strong> L’Artibonite, <strong>à</strong> deux heures et demie<br />
de Port-au-Prince et c´est de lá que nous<br />
nous sommes déplacés vers les régions<br />
où nous opérons.<br />
Comment avez-vous ressenti<br />
l´évolution de la relation avec les<br />
Les agriculteurs haïtiens ont été étonnés quand ils ont vu des « blancs » du<br />
MST travailler la terre. Photo : Rafael Aquino Nogueira/ Courtoisie du MST<br />
Formation offerte par des membres du Mouvement des Sans terre <strong>à</strong> la<br />
population haïtienne. Photo : Rafael Aquino Nogueira/ Courtoisie du MST<br />
haïtiens après deux ans ?<br />
André – Quand l’haïtien ne te<br />
connaît pas, tout étranger est réputé «<br />
blan » (blanc, en créole haïtien). Par la<br />
suite quand tu parles leur langue, ce qui<br />
n´est pas courant, la réceptivité est différente.<br />
Comme nous travaillons et vivons<br />
avec les paysans, ils nous traitent avec<br />
ce qu´ils ont de meilleur. Vous ne pouvez<br />
pas expliquer le dévouement avec lequel<br />
ils vous traitent quand ils savent que<br />
vous contribuez.<br />
Dayana – Il existe une question<br />
raciale très forte ici. Dans une population<br />
dont plus de 90% est noire, la<br />
vision première est que le blanc ou le<br />
colonisateur a de l´argent. Au début ils<br />
nous appelaient tellement “blan” que<br />
ça en devenait gênant. Mais quand les<br />
volontaires vivent longuement dans la<br />
communauté, l´ouverture est incroyable.<br />
Les Haïtiens aiment le Brésil, ce qui est<br />
un facteur positif, mais pour gagner leur<br />
confiance, nous avons dû vivre avec<br />
eux, démontrer qu’il existe des blancs<br />
pauvres dans le monde, que la solidarité<br />
se noue entre les peuples et que nous<br />
apprenons ensemble.<br />
Patrola – Notre brigade est<br />
constamment motivée <strong>à</strong> parler le créole,<br />
cela peut même vous sauver d’une<br />
situation délicate en nous permettant<br />
d’expliquer qui nous sommes. Souvent,<br />
nous sommes arrêtés par les policiers<br />
sur la route et ils sont surpris parce que<br />
nous parlons la langue. Une fois ils n´ont<br />
même pas regardé nos papiers, rien que<br />
parce que nous parlions le créole et venions<br />
du Brésil. Ils nous ont demandé<br />
notre nationalité, si nous vivons ici et si<br />
nous aimons, et on a gagné la journée.<br />
Quel est votre diagnostic de la<br />
situation en Haïti ?<br />
Patrola - L’eau est un besoin<br />
prioritaire et un luxe, même pour la<br />
classe moyenne qui vit dans la capitale<br />
haïtienne, qui paie et se fait approvisionner<br />
par un camion hebdomadaire,<br />
ne disposant d’eau publique qu´une<br />
fois par mois. Dans les zones rurales,<br />
l’accès est beaucoup plus difficile. Dans<br />
les montagnes, il est normal de voir des<br />
enfants de 8, 10 ans, marcher trois ou<br />
quatre heures avec un seau de 20 litres<br />
sur la tête. Et c´est une eau complètement<br />
pourrie, que même les animaux ne<br />
boivent pas dans mon campement agricole<br />
au Brésil.<br />
D’autre part, il y a de graves problèmes<br />
structurels qui sont la formule<br />
de base de problèmes mineurs. Par exemple,<br />
la crise économique. Un taux<br />
de chômage de 75% et une agriculture<br />
en déclin. Le travail en milieu rural est<br />
lourd et il ya un exode rural permanent<br />
des jeunes. Malgré ces difficultés, la<br />
campagne produit l´alimentation de 40%<br />
des Haïtiens et constitue un pilier majeur<br />
de l’économie.<br />
Dayana - Depuis le milieu des<br />
années 1980, de nombreux produits<br />
agricoles entrent dans le pays et la production<br />
nationale est de moins en moins<br />
prioritaire. Les producteurs de riz ont<br />
toutes les peines <strong>à</strong> rester concurrents<br />
sur ce marché parce les importations des<br />
États-Unis sont subventionnées.<br />
Rafael – Une forte caractéristique<br />
de l’agriculture haïtienne est la diversification<br />
des plantations, d´où le maintien<br />
de la fertilité des sols. Ceci réduit la<br />
présence de parasites et de maladies et<br />
permet d´éviter l’utilisation de pesticides.<br />
Dans les montagnes il y a tout ce qu´il<br />
faut : riz, canne <strong>à</strong> sucre, banane, manioc,<br />
haricots ... Mais les paysans utilisent<br />
peu de techniques de conservation des<br />
sols, et il ya des problèmes d’érosion et<br />
d’assèchement des rivières.<br />
Comment agit la brigade pour<br />
améliorer la situation dans ce<br />
secteur ?<br />
Patrola – En 2010, nous avons<br />
installé près de 1500 réservoirs dans les<br />
maisons des paysans. Ils ont été donnés<br />
par le gouvernement de Bahia et transportés<br />
par le Secrétariat des Actions Internationales<br />
du Combat contre la Faim<br />
du Ministère des Affaires étrangères.<br />
Ce n´est pas une grande quantité, mais<br />
les paysans vivent l´un près de l´autre<br />
et chaque réservoir est utilisé pour un<br />
maximum de cinq familles.<br />
Nous avons des centres de reproduction<br />
de semences de légumes, parce<br />
que la base de la souveraineté est la capacité<br />
de produire, alors qu´actuellement<br />
100% des graines de légumes utilisées ici<br />
sont importées. Nous sommes également<br />
en train de construire une école de formation<br />
technique pour les jeunes Haïtiens.<br />
Il y a une Faculté d’Agronomie en Haïti<br />
et près de la moitié des diplômés quittent<br />
le pays, qui a déj<strong>à</strong> un grand manque de<br />
connaissances techniques et d´outils de<br />
travail tels que des houes et des machettes,<br />
que le pays ne fabrique pas.<br />
Suite <strong>à</strong> la page (15)<br />
Le Fonds National d’Education sur la sellette<br />
Par Isabelle L. Papillon<br />
Le 15 Juin 2011, un mois après son<br />
entrée en fonction, le président<br />
Michel Joseph Martelly a autorisé des<br />
prélèvements illégaux de 1.5 dollar<br />
sur chaque transfert d’argent et de 0.5<br />
centime sur les appels téléphoniques<br />
internationaux au profit du Fonds National<br />
d’Education (FNE). Aucune loi<br />
n’a été jusqu’<strong>à</strong> présent élaborée en ce<br />
sens pour être soumise <strong>à</strong> la sanction<br />
du Parlement. Alors que la Constitution<br />
haïtienne en vigueur est claire l<strong>à</strong>dessus,<br />
en matière des finances publiques,<br />
en son article 218 qui stipule<br />
: « Aucun impôt au profit de l’Etat ne<br />
peut être établi que par une loi ». La<br />
question qu’on doit se poser maintenant<br />
est, est-ce que les prélèvements illégaux<br />
sur les appels entrant et sortant<br />
et les transferts d’argent sont au profit<br />
de l’Etat ou de la famille présidentielle<br />
au pouvoir ?<br />
Environ six (6) mois plus tard,<br />
des doutes commencent <strong>à</strong> planer sur<br />
l’utilisation des fonds déj<strong>à</strong> recueillis et<br />
évalués <strong>à</strong> des dizaines de millions de<br />
dollars. Dans une entrevue accordée<br />
au quotidien Etatsunien, New-York<br />
Times, le directeur de la Compagnie<br />
de téléphonie mobile Digicel, Denis<br />
O’Brien a demandé un audit sur le<br />
fonds, suite <strong>à</strong> des informations pertinentes<br />
insinuant que 26 millions de<br />
dollars ont été détournés de ce fonds.<br />
Dans une note rendue publique, la<br />
compagnie Digicel a fait savoir qu’elle<br />
a déj<strong>à</strong> versé 11.1 millions de dollars.<br />
Pour sa part, le directeur général<br />
du Conseil National des Télécommunications<br />
(CONATEL), Jean Marie<br />
Guillaume chargé de la collecte de ces<br />
fonds a indiqué dans une note que du<br />
16 Juin au 30 novembre 2011, il a déj<strong>à</strong><br />
collecté, de la Digicel et de Comcel/<br />
Voil<strong>à</strong>, un montant de 4,897,558.26)<br />
dollars américains et 336,159,069.13<br />
en monnaie locale [gourde]. Ce qui fait<br />
un montant total de 13,116,606.40<br />
dollars américains, calculé selon le<br />
taux de référence de 40.90 gourdes<br />
pour 1 dollar, par la Banque de la République<br />
d’Haïti (BRH).<br />
Le 30 Septembre 2011, le<br />
ministre de l’Education Nationale<br />
d’alors, Gaston Georges Mérisier avait<br />
fait savoir que le fonds avait déj<strong>à</strong><br />
recueilli 28 millions de dollars US et<br />
le président Michel Martelly l’avait<br />
confirmé dans l’une de ses déclarations,<br />
lorsqu’il a annoncé avant même<br />
la ratification de son Premier ministre,<br />
que Georges Mérisier est : « mon ministre<br />
de l’Education Nationale. »<br />
Le gouverneur de la Banque de<br />
la République d’Haïti, Charles Castel<br />
a réagi pour dire qu’il ne dispose que<br />
de quelques 2 millions de dollars US<br />
dans le compte du FNE. Alors qui dit la<br />
vérité ? Où est passé l’argent collecté<br />
pour la soi-disant éducation gratuite?<br />
Quand la lumière sera-t-elle faite sur<br />
les prélèvements illégaux, tirés des<br />
maigres ressources des rudes travailleurs<br />
de la diaspora haïtienne ? Quand<br />
cessera-t-on de faire sentir que : «<br />
Chodyè a monte sou non Timoun, pou<br />
l desann sou non granmanjè yo nan<br />
Leta aloufa sa a. »<br />
En attendant que toute la lumière<br />
soit faite sur le Fonds National<br />
d’Education, le président « Tèt Kale<br />
» a tenté d’apporter quelques explications<br />
non explicites sur la gestion<br />
de ce fonds. Il a affirmé que jusqu’<strong>à</strong><br />
date il n’est pas au courant du montant<br />
exact disponible de ce fonds. Et<br />
de plus il a fait savoir que cet argent<br />
est géré par le CONATEL, il a donc<br />
référé au CONATEL les journalistes<br />
qui lui demandaient des informations.<br />
Le Conatel lui, a fait savoir que ces<br />
recettes alimentées par seulement les<br />
deux grands opérateurs (Digicel et<br />
Voil<strong>à</strong>) sont disponibles sur son compte<br />
et seront transférés au Trésor public,<br />
une fois que les instances concernées<br />
en produiront la demande.<br />
Faute de cadre légal, le Parlement<br />
n’a aucun contrôle sur ce fonds.<br />
Près de 4 mois après l’ouverture des<br />
classes, aucun montant n’a encore été<br />
versé aux responsables des établissements<br />
scolaires impliqués dans le programme<br />
dit d’« éducation gratuite ».<br />
Au commencement, on leur promettait<br />
de verser l’argent au début du mois de<br />
novembre 2011. Jusqu’<strong>à</strong> maintenant,<br />
les responsables de ces écoles continuent<br />
de compter : « ze nan vant poul<br />
» pendant que des informations qui<br />
circulent font état de détournement de<br />
l’argent de FNE.<br />
8<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
This Week in <strong>Haiti</strong><br />
Two years after the earthquake:<br />
Where is <strong>Haiti</strong>’s reconstruction?<br />
Two years after the quake, despite the disbursement of some $2.4 billion<br />
in recovery aid, tens of thousands of <strong>Haiti</strong>ans still are homeless,<br />
living in tent camps<br />
By Thomas Péralte<br />
Two years have passed since the 7.0<br />
earthquake struck <strong>Haiti</strong>, killing tens<br />
of thousands <strong>Haiti</strong>ans.<br />
Despite the promises from many<br />
countries, many thousands of people<br />
remain homeless in makeshift camps<br />
since that fateful afternoon of Jan. 12,<br />
2010.<br />
This disaster, unprecedented in<br />
recent times, has admittedly stirred<br />
considerable solidarity from many nations<br />
to one of history’s worst natural<br />
disasters. In our history as a people,<br />
we have never seen so many nations,<br />
both true and possibly false friends,<br />
moved to come to our country, bringing<br />
us their support and sympathy.<br />
Jan. 12, 2010 could have been<br />
an opportunity to truly relaunch our<br />
national boat, which has been moored<br />
too long in a muddy, smelly swamp.<br />
It should have been a year of renewal<br />
for <strong>Haiti</strong>, a new birth for our country<br />
where everything would be redesigned.<br />
Instead, on this second anniversary,<br />
we are asking where is the money<br />
raised by donor nations for <strong>Haiti</strong>’s<br />
reconstruction? When are so many of<br />
the quake’s victims going to be able<br />
to move out of their tents? Why is<br />
the reconstruction process moving so<br />
slowly?<br />
Shortly after the earthquake, the<br />
government of President René Préval<br />
and Prime Minister Jean-Max Bellerive,<br />
overwhelmed by the apocalyptic damage,<br />
decreed an emergency period to<br />
allow all kinds of distributions to the<br />
people who had moved into makeshift<br />
camps. Throughout this period, the<br />
number of NGOs providing aid to victims<br />
increased from 4000 to 10,000 in<br />
2010, former Prime Minister Jean-Max<br />
Bellerive said during a press briefing.<br />
After the emergency period, the<br />
government proceeded with the creation<br />
of a commission to raise funds for<br />
reconstruction. This was the mission of<br />
the Interim <strong>Haiti</strong> Recovery Commission<br />
(IHRC), co-chaired by Bellerive and<br />
former President of the United States,<br />
Bill Clinton.<br />
The evidence is overwhelming<br />
that this commission was a dismal<br />
failure, having been concocted entirely<br />
by foreigners who have absolutely no<br />
clue about <strong>Haiti</strong>an realities and who, in<br />
the process, transformed <strong>Haiti</strong> into a<br />
Republic of NGOs, which are sprouting<br />
up everywhere in order to divert funds<br />
from what be should be true reconstruction<br />
projects for the quake victims.<br />
Abetted by the laxity of the<br />
<strong>Haiti</strong>an authorities, international organizations<br />
are given free rein to do<br />
whatever they like, wasting funds for<br />
which they bear no accountability,<br />
because the <strong>Haiti</strong>an government has<br />
no power to control the wild expenses<br />
that ultimately result in the building of<br />
miserable shelters that only demean<br />
the earthquake victims. It is an unprecedented<br />
affront to the motherland and<br />
to all the <strong>Haiti</strong>an people, who have for<br />
too long desired just to lead a decent<br />
life. There is “no evidence of transparency<br />
in what the NGOs do on the<br />
ground,” said the National Network for<br />
the Defense of Human Rights (RND-<br />
DH) during a press conference on the<br />
quake’s two years anniversary. “They<br />
implement projects that have not been<br />
developed with the participation of the<br />
victims.”<br />
In 2012, the quake victims’ cry<br />
is still very piercing given the lack of<br />
service provided by post-earthquake<br />
assistance. The international community<br />
has reportedly “disbursed” about<br />
half of $4.5 billion in aid promised at<br />
the March 2010 UN Donors Conference.<br />
what has really been done with<br />
this money?<br />
In 2010, the Préval/ Bellerive<br />
government ordered tents and plastic<br />
sheeting to help people deal with the<br />
rainy season. But there was never a<br />
real policy to create and rebuild housing<br />
for the thousands of homeless<br />
people to return with dignity in their<br />
neighborhoods of origin. Apart from<br />
the debris collected from large public<br />
buildings that fell in the earthquake,<br />
$50 million had already disbursed by<br />
the Treasury to begin reconstruction<br />
work in the area of Fort National. But<br />
it still remains in disrepair, and most<br />
families displaced from there by the<br />
earthquake are still crammed into<br />
tents on the Champ de Mars in very<br />
poor conditions.<br />
Throughout <strong>Haiti</strong>, there is a<br />
problem of employment. Sometimes<br />
authorities have given 20 or 21 thousand<br />
gourdes ($500 or $525) to a<br />
homeless person with no job, but a<br />
year later those people find themselves<br />
in the same situation after having paid<br />
a year’s rent. “There are never any<br />
concrete results where NGOs intervene,”<br />
says Rosemond Jean, the coordinator<br />
of the citizens’ group CONA-<br />
SOVIC. “For if they actually provided<br />
solutions to the <strong>Haiti</strong>an people’s problems,<br />
there would come a time when<br />
we would no longer needs these NGOs,<br />
yet their goal is to stay permanently<br />
and suck the breast” of development<br />
and relief aid. He proposes a national<br />
consciousness, a redefinition of the<br />
mode of cooperation with international<br />
groups to curb the waste of these<br />
NGOs that have long displaced the role<br />
of our own institutions, including the<br />
state in particular. It is clear that the<br />
lack of effort by NGOs with their missing<br />
millions has left us with camps<br />
lacking health facilities, electricity, or<br />
drinking water supplies to prevent the<br />
spread of the cholera epidemic imported<br />
by UN soldiers ten months after the<br />
earthquake.<br />
Two years later, despite the call<br />
by both <strong>Haiti</strong>an and international partners<br />
to “build back better” a new <strong>Haiti</strong>,<br />
it is clear that nothing really concrete<br />
has yet been done to get people<br />
out of the dirty tents they still live in. It<br />
seems that here in <strong>Haiti</strong>, every project<br />
that is provisional becomes long-term,<br />
if not final.<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté reporters conducted<br />
interviews with earthquake<br />
victims still living in camps and found<br />
them hungry for social justice, for the<br />
freedom that we find when we have<br />
a chance to work. They needed basic<br />
social services including education,<br />
healthcare, food security, employment,<br />
in short, well-being. “We’ve<br />
lived in this camp since just after the<br />
earthquake,” said Rose Carmelle, a<br />
33-year-old woman living in Pétion-<br />
Ville’s St. Thérèse camp. “We used to<br />
find a little something when we first<br />
came to this camp. But for some time<br />
now, we’ve received nothing. The<br />
authorities don’t even glance at us.<br />
We just struggle so that our children<br />
don’t die of hunger.”<br />
“We no longer have the strength<br />
to continue in this misery,” said her<br />
friend, Mariela, with an air of desperation.<br />
“We lack almost everything<br />
here. Not enough food, no treated<br />
water for young children, we are left<br />
on our own, and there are no jobs<br />
which would allow us to take care of<br />
ourselves. We do pray every day for<br />
a miracle.” Some speak with anger,<br />
while others stand back, afraid to approach<br />
the microphone.<br />
On Jan. 12, 2012, many events<br />
across the country commemorated the<br />
quake’s second anniversary. Some<br />
voices demanded that light be shed on<br />
how funds have been disbursed for reconstruction.<br />
This was the call in a Jan.<br />
11 demonstration organized by more<br />
than a dozen social organizations led<br />
by the platform “Je nan Je” (Eye to<br />
Eye), headed by the NGO ActionAid.<br />
They clearly raised the issue of housing<br />
with placards and consciousnessraising<br />
slogans. Thousands of people<br />
took part in this mobilization, which<br />
ended its march at the <strong>Haiti</strong>an Parliament<br />
where a document with people’s<br />
grievances was presented to representatives<br />
of the National Assembly.<br />
Meanwhile <strong>Haiti</strong>’s Muslim community<br />
also observed the second anniversary<br />
in its own way. In a warm<br />
atmosphere, the Muslim Brotherhood<br />
joined with representatives of the <strong>Haiti</strong>’s<br />
Islamic community to pray for and<br />
commemorate the quake’s victims.<br />
It is rather sad, if not a national<br />
disgrace, that <strong>Haiti</strong> has failed to erect<br />
a monument to the memory of the<br />
quake’s dead, while our neighbors, the<br />
Dominicans, despite the troubles that<br />
still exist along the border, have succeeded<br />
in such a short time in building<br />
the new and prestigious King Henri<br />
Christophe University campus in the<br />
north. The school’s keys were handed<br />
over to the <strong>Haiti</strong>an government officially<br />
on Jan. 12, 2012 in an inaugural<br />
ceremony.<br />
Two years later, the earthquake’s<br />
damage is still seen everywhere. Tens<br />
of thousands in tents wade through<br />
mud and filth, without food. Two years<br />
under the stars. There remains no privacy.<br />
Our girls must bathe in the street.<br />
They fight to stay alive, and are often<br />
sexually assaulted. Two years later, the<br />
displaced population is still exposed to<br />
wind, sun and rain.<br />
The overriding question remains:<br />
Where are the funds allocated for the<br />
reconstruction process in <strong>Haiti</strong> two<br />
years after the disaster?<br />
<strong>Haiti</strong> has not yet brought<br />
Jean-Claude Duvalier<br />
to justice<br />
Former <strong>Haiti</strong>an dictator Jean-Claude Duvalier returned to <strong>Haiti</strong> one year<br />
ago but has not yet been prosecuted for his government’s crimes against<br />
humanity or embezzling hundreds of millions of dollars from the<br />
<strong>Haiti</strong>an treasury<br />
By Amnesty International<br />
Former <strong>Haiti</strong>an president Jean-Claude<br />
“Baby Doc” Duvalier continues to<br />
evade justice, one year after authorities<br />
launched an investigation into crimes<br />
against humanity committed under his<br />
rule, Amnesty International said on Jan.<br />
16.<br />
Duvalier returned to <strong>Haiti</strong> on Jan.<br />
16, 2011, after 25 years in exile in France.<br />
Since then, he has been under investigation<br />
for serious human rights violations<br />
– including torture, disappearances<br />
and extrajudicial executions – that took<br />
place during his rule from 1971 to 1986.<br />
“Crimes against humanity committed<br />
while Jean-Claude Duvalier was<br />
in power remain shrouded in total impunity,”<br />
said Javier Zúñiga, Special Advisor<br />
at Amnesty International.<br />
“The authorities haven’t made a<br />
serious effort to look into past events that<br />
afflicted a generation of <strong>Haiti</strong>ans with<br />
torture, enforced disappearance, extrajudicial<br />
executions, arbitrary arrests and<br />
other serious human rights violations.”<br />
Regional and international human<br />
rights bodies including the Inter-American<br />
Commission on Human Rights and the<br />
UN Office of the High Commissioner on<br />
Human Rights have re-affirmed <strong>Haiti</strong>’s<br />
obligation to investigate these crimes and<br />
bring those responsible to justice.<br />
<strong>Haiti</strong>’s Justice Minister recently<br />
committed to tackling impunity for crimes<br />
committed since 2000, although this<br />
would not cover crimes committed under<br />
Duvalier’s rule.<br />
The investigation has also been undermined<br />
by repeated personnel changes<br />
in the post of Public Prosecutor – who<br />
makes critical decisions about how the<br />
investigation into Duvalier progresses –<br />
since current <strong>Haiti</strong>an President Michel<br />
Martelly took office in May 2011.<br />
At the end of September 2011,<br />
Public Prosecutor Félix Léger told Amnesty<br />
International that the file on Duvalier’s<br />
investigation for crimes against humanity<br />
had already been submitted to his office in<br />
July and that a task force would be created<br />
to examine the investigation’s findings<br />
and determine the next steps.<br />
Félix Léger was replaced as Public<br />
Prosecutor in October and since then his<br />
position has been filled by three different<br />
people. René Cénatus, the most recent appointee<br />
to the post, took office on Jan. 4,<br />
2012.<br />
“The investigation seems to have<br />
deliberately stalled by changing Public<br />
Prosecutors multiple times,” said Javier<br />
Zúñiga.<br />
“It has become evident that in<br />
<strong>Haiti</strong>, the independence of the judiciary<br />
is just a mirage.”<br />
<strong>Haiti</strong>an authorities at the highest<br />
level have until now shown great leniency<br />
towards Jean-Claude Duvalier, while<br />
showing contempt to the victims of human<br />
rights violations who continue to<br />
await justice and reparation.<br />
Despite being assigned to his<br />
residence during the investigation, Jean-<br />
Claude Duvalier continues to take part in<br />
public events accompanied by his lawyers<br />
and supporters.<br />
In October, President Martelly paid<br />
a highly publicized visit to Duvalier’s<br />
home, under the pretext of national reconciliation.<br />
Duvalier took also part in an<br />
official ceremony this month to commemorate<br />
the second anniversary of <strong>Haiti</strong>’s<br />
earthquake.<br />
“The <strong>Haiti</strong>an government must<br />
end this pretense of justice and take a<br />
clear, public stance on the case against<br />
Jean-Claude Duvalier,” said Javier Zúñiga.<br />
“<strong>Haiti</strong>an judicial authorities must<br />
be given all the resources and support -<br />
including from the UN – they need to conclude<br />
the investigation and bring those<br />
responsible to justice in trials that meet<br />
international standards.”<br />
In September 2011, Amnesty International<br />
published You cannot kill the<br />
truth: The case against Jean-Claude Duvalier,<br />
a report that revisits the organization’s<br />
previous research on widespread<br />
and systematic human rights abuses committed<br />
in <strong>Haiti</strong> in the 1970s and 1980s.<br />
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Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 9
Voil<strong>à</strong> sept mois qu’Alassane Ouattara,<br />
soutenu par la « communauté<br />
internationale », est devenu le président<br />
de la Côte d’Ivoire au détriment<br />
de Laurent Gbagbo et au terme d’une<br />
crise qui aura vu le pays se déchirer.<br />
Si l’inculpation de Gbagbo par la CPI<br />
a été largement médiatisée, la situation<br />
en Côte d’Ivoire est passée sous<br />
silence. L’ordre et la tranquillité sont<br />
pourtant loin d’être revenus comme<br />
le remarque le professeur Dedy Sery.<br />
Il pointe un bilan désastreux et condamne<br />
la recolonisation du pays par<br />
la France. (IGA). Interview réalisée<br />
par Camus Ali<br />
Par Ali Camus<br />
Ali Camus :<br />
Alassane Ouattara est président<br />
depuis sept mois. Comment se portent<br />
les Ivoiriens ?<br />
Dédi Séry :<br />
Aussi paradoxal que cela puisse paraître,<br />
les Ivoiriens dont la communauté<br />
internationale prétend qu’ils ont rejeté<br />
Laurent Gbagbo <strong>à</strong> l’issue du scrutin<br />
du 28 novembre 2010, regrettent ce<br />
dernier, au grand dam des soutiens<br />
extérieurs de Ouattara, le vainqueur.<br />
Ceci indique clairement que l’Occident<br />
a échoué. Et que le vrai vainqueur,<br />
c’est Laurent Gbagbo. Mais le drame<br />
de la Côte d’Ivoire est que les grands<br />
de ce monde ne peuvent pas et ne<br />
veulent nullement se déjuger, par arrogance.<br />
Sinon comment comprendre<br />
Laurent Gbagbo arrêté par la<br />
France et déporté <strong>à</strong> Korhogo puis <strong>à</strong><br />
La Haye<br />
totalisant 704 jours d’inactivité, de<br />
2003 <strong>à</strong> 2010, sous Laurent Gbagbo,<br />
préfèrent aujourd’hui ne rien dire, ne<br />
rien entendre et ne rien voir. Cela veut<br />
dire qu’ils ont peur mais nous sommes<br />
d’accord que cette peur n’est pas<br />
un hommage rendu <strong>à</strong> Ouattara. C’est<br />
plutôt <strong>à</strong> Laurent Gbagbo que l’on<br />
rend hommage, lui qui apparaît ainsi<br />
comme le chef permissif et démocrate<br />
par excellence. Ajoutons <strong>à</strong> cela un fait<br />
gravissime qui ne suscite, curieusement,<br />
aucune indignation de la part<br />
des soutiens extérieurs du nouveau<br />
régime : le pillage et la fermeture<br />
des Universités publiques de Cocody<br />
et d’Abobo-Adjamé, pour deux ans.<br />
Cela a pour conséquence un manque<br />
<strong>à</strong> gagner se chiffrant <strong>à</strong> 900 Doctorats,<br />
avec 77 000 étudiants jetés <strong>à</strong> la<br />
rue, sans compter 3 générations de<br />
bacheliers non inscrits et contraints <strong>à</strong><br />
Ivoiriens (octobre-décembre 2001),<br />
Laurent Gbagbo avait fait rentrer<br />
d’exil ses principaux adversaires<br />
politiques de l’époque : Ouattara,<br />
Bédié, Guéï. Mais <strong>à</strong> son tour, Ouattara<br />
entend réconcilier «ses compatriotes»<br />
sans Laurent Gbagbo et ses<br />
partisans qui représentent pourtant<br />
au moins 46% de la population si je<br />
m’en tiens au résultat de la communauté<br />
internationale. C’est dire qu’on<br />
est en présence d’une réconciliation<br />
non-inclusive de la part d’un leader<br />
qui a été soutenu par les puissances<br />
extérieures parce qu’il était victime de<br />
pratiques d’exclusion de type «ivoiritaire».<br />
Ouattara vient même de faire<br />
extrader son «frère Laurent Gbagbo»<br />
<strong>à</strong> La Haye, non pas <strong>à</strong> la demande de<br />
ses «compatriotes ivoiriens», mais<br />
sur injonction de Paris : peu avant<br />
cette déportation, le ministre français<br />
des Droits de l’Homme estimait que<br />
la réconciliation des Ivoiriens passaient<br />
par l’extradition de «son frère<br />
Laurent Gbagbo». Est-ce ainsi qu’on<br />
traite un frère ? Est-ce ainsi qu’on<br />
doit désormais traiter les frères ?<br />
Autant de questions qui incitent les<br />
compatriotes de Ouattara <strong>à</strong> dire qu’il<br />
veut toujours une chose et son contraire.<br />
Voil<strong>à</strong> pourquoi ils ont du mal<br />
<strong>à</strong> le suivre. J’en veux pour preuve les<br />
cris de désapprobation qui ont surgi<br />
et continuent de secouer cette coalition<br />
<strong>à</strong> propos de la déportation d’un<br />
frère : Djédjé Mady, président du Directoire<br />
dudit RHDP [4] a parlé d’une<br />
«déchirure profonde dans le tissu na-<br />
Depuis l’avènement de Ouattara, la vie des Ivoiriens sombre dans la<br />
précarité : il y a environ 2 000 000 de réfugiés/déplacés ; près de 200 000<br />
personnes ayant perdu leur emploi ; 400 hauts cadres FPI/CNRD meurent<br />
de faim depuis le gel de leurs avoirs bancaires<br />
Les Ivoiriens expérimenten<br />
sans pré<br />
que ces grands dirigeants de grande<br />
tradition démocratique, assistent sans<br />
broncher au recul de l’Etat de Droit<br />
dans un pays comme la Côte d’Ivoire<br />
qu’on prétend avoir remis sur les rails<br />
de la démocratie ? Comment ces dirigeants<br />
peuvent-ils tolérer que des<br />
«forces indisciplinées et incontrôlées»<br />
– c’est le terme de Ban-Ki Moon luimême<br />
– puissent contrôler une armée<br />
républicaine qui crée l’insécurité, au<br />
point que ces mêmes soutiens extérieurs<br />
délocalisent leur Ambassade<br />
<strong>à</strong> Dakar ou <strong>à</strong> Accra ou déconseillent<br />
carrément la destination Côte d’Ivoire<br />
<strong>à</strong> leurs ressortissants ? Est-il rationnel<br />
et politiquement correct que des<br />
démocraties comme la France et les<br />
Etats-Unis puissent soutenir, sur la<br />
place publique et en ce début de XX-<br />
Ième siècle, un système politique qui<br />
rappelle si étrangement la féodalité<br />
du Moyen Age avec ses seigneurs<br />
et vassaux unis davantage par des<br />
liens tribaux que par des règles impersonnelles<br />
? En effet, chaque village,<br />
chaque quartier, du Nord au Sud<br />
et d’Est en Ouest de la Côte d’Ivoire,<br />
est aujourd’hui militairement occupé<br />
par des Dozos/FRCI [1]venus de la<br />
CEDEAO 2], qui tuent et dévastent<br />
tout sur leur passage, depuis sept<br />
mois. Impunément ! Au vu et au su<br />
des forces Licorne/ONUCI et des ONG<br />
de défense des Droits de l’Homme.<br />
Tout simplement parce que les victimes<br />
sont des pro-Gbagbo. Outre ce<br />
problème sécuritaire, il faut noter que<br />
la cote de l’économiste Ouattara est<br />
aujourd’hui bien plus pauvre que celle<br />
de l’historien Laurent Gbagbo. Depuis<br />
l’avènement de Ouattara, la vie des<br />
Ivoiriens sombre dans la précarité : il<br />
y a environ 2 000 000 de réfugiés/<br />
déplacés ; près de 200 000 personnes<br />
ayant perdu leur emploi ; 400 hauts<br />
cadres FPI/CNRD meurent de faim<br />
depuis le gel de leurs avoirs bancaires<br />
; il y a des dizaines de prisonniers politiques<br />
qui croupissent dans les geôles<br />
du régime des vainqueurs, avec la<br />
caution des grandes puissances de ce<br />
monde ; les prix des denrées alimentaires<br />
flambent ; les syndicats qui ont<br />
organisé 116 mouvements de grève<br />
l’oisiveté. Depuis la disparition de Félix<br />
Houphouët-Boigny, c’est la toute<br />
première fois que les Ivoiriens expérimentent<br />
de telles dérives totalitaires.<br />
Sur le plan institutionnel,<br />
l’Assemblée Nationale a été dissoute<br />
de fait et les Députés jetés <strong>à</strong> la rue,<br />
sans émoluments depuis le 11 avril<br />
2011. Les organisations de défense<br />
des Droits de l’Homme ont fermé les<br />
yeux l<strong>à</strong>-dessus, tout comme elles ont<br />
cautionné un découpage électoral des<br />
plus iniques et des plus ethnocentriques,<br />
la configuration tout aussi<br />
tribale de la CEI [3], les nominations<br />
illégales au Conseil constitutionnel,<br />
etc. Sur cette base, je puis dire que<br />
depuis sept mois, les Ivoiriens se portent<br />
très mal alors qu’on leur avait<br />
promis le bonheur dans la paix et la<br />
quiétude devant l’avenir.<br />
Ali Camus :<br />
Beaucoup présentent Alassane Ouattara<br />
comme un monstre froid et cynique.<br />
Comment vous, vous le décrivez<br />
?<br />
Dédi Séry :<br />
Pour avoir suivi la campagne électorale<br />
de Ouattara, mais aussi pour avoir<br />
suivi ses discours depuis l’arrestation<br />
de Laurent Gbagbo par la France et<br />
sa déportation <strong>à</strong> Korhogo puis <strong>à</strong> La<br />
Haye, je sais que le Chef de l’Etat<br />
actuel affectionne les expressions<br />
de type «mon pays», «mes compatriotes»,<br />
«mon frère Laurent Gbagbo».<br />
Mais entre le dire et le faire, je note un<br />
gouffre consternant. D’après les ONG<br />
internationales qui sont généralement<br />
pro-Ouattara, les Dozos et FRCI ont<br />
tué et continuent de tuer des milliers<br />
de pro-Gbagbo, c’est-dire les compatriotes<br />
de Ouattara ; mieux, parmi les<br />
milices et FRCI qui ont déferlé sur la<br />
partie Sud de la Côte d’Ivoire <strong>à</strong> partir<br />
du 17 mars 2011, on dénombre<br />
des gens venus de presque tous les<br />
pays de la CEDEAO. Ce qui donne <strong>à</strong><br />
la Côte d’Ivoire, l’image d’un pays<br />
occupé et en voie de recolonisation<br />
par la sous-région. Voil<strong>à</strong> ma première<br />
observation. La deuxième concerne la<br />
problématique de la réconciliation. On<br />
se souvient que pour réconcilier les<br />
tional».<br />
Ali Camus :<br />
Que répondez-vous <strong>à</strong> ceux qui disent<br />
que la France dirige la Côte d’Ivoire<br />
avec Ouattara comme homme de<br />
mains ?<br />
Dédi Séry :<br />
Cela est une évidence. Ouattara a<br />
demandé <strong>à</strong> la France de maintenir<br />
la Force Licorne sur le sol ivoirien<br />
aussi longtemps qu’il restera au pouvoir,<br />
contrairement <strong>à</strong> la position de<br />
Laurent Gbagbo qui, lui, avait demandé<br />
le départ de la base militaire<br />
française de la Côte d’Ivoire. Or une<br />
présence militaire étrangère dans un<br />
pays indépendant n’est rien d’autre<br />
que l’expression d’un assujettissement<br />
politique. Si <strong>à</strong> cela vous ajoutez<br />
l’assujettissement économique en<br />
termes d’endettement, de contrats de<br />
gré <strong>à</strong> gré, de bradage des ressources<br />
stratégiques, vous obtenez non pas la<br />
domination mais l’esclavage. En effet,<br />
François Fillon a révélé, le 14 juillet<br />
2011, que c’est la France qui paye<br />
les fonctionnaires ivoiriens ! Du jamais<br />
vu sous Laurent Gbagbo dont le<br />
pays était pourtant coupé en deux et<br />
qui avait des raisons objectives de ne<br />
pas pouvoir payer les fonctionnaires<br />
ivoiriens. Une confidence : de 1960<br />
jusqu’en 1979, 80% des conseillers<br />
techniques au sommet de l’Etat ivoirien<br />
étaient des expatriés français.<br />
De juin 1980 jusqu’au 11 avril 2011,<br />
ce sont les Ivoiriens eux-mêmes qui<br />
ont géré leurs propres affaires dans<br />
les différents cabinets ministériels. Ce<br />
que nous constatons donc depuis la<br />
chute du régime de Laurent Gbagbo,<br />
c’est bien le retour massif de ces expatriés<br />
pour la recolonisation de la<br />
Côte d’Ivoire.<br />
Ali Camus :<br />
Il paraît que Ouattara a donné l’ordre<br />
aux chasseurs Dozos et <strong>à</strong> ses milices<br />
de dégager les rues. A-t-il les moyens<br />
de chasser ceux qui l’ont porté au<br />
pouvoir ?<br />
Dédi Séry :<br />
Je réponds <strong>à</strong> cette question par la négative<br />
et les preuves ne manquent<br />
Ouattara a demandé <strong>à</strong> la France de maintenir la Force Licorne sur le<br />
sol ivoirien aussi longtemps qu’il restera au pouvoir, contrairement <strong>à</strong> la<br />
position de Laurent Gbagbo qui, lui, avait demandé le départ de la base<br />
militaire française de la Côte d’Ivoire<br />
pas pour démontrer que Ouattara n’a pas<br />
les moyens de chasser les Dozos/FRCI qui<br />
l’ont porté au pouvoir. Ces derniers, une<br />
catégorie particulière de Forces Républicaines,<br />
défient tous les jours leurs chefs,<br />
indiquant qu’ils ne quitteront la rue ou<br />
qu’ils continueront le trouble dans les villages,<br />
hameaux et quartiers du pays aussi<br />
longtemps que Ouattara ne leur donnera<br />
pas leur part du butin de guerre : il leur<br />
aurait promis 5 000 000 de FCFA par<br />
combattant, des villas ou des véhicules,<br />
promesses qui tardent <strong>à</strong> se concrétiser<br />
dans leurs mains. D’où les slogans hostiles<br />
<strong>à</strong> l’endroit du pouvoir actuel. On<br />
peut donc dire qu’<strong>à</strong> chaque catégorie<br />
socioprofessionnelle et <strong>à</strong> chaque époque<br />
ses prisonniers. La population ivoirienne<br />
est otage des Dozos/FRCI ; le gouvernement<br />
actuel est prisonnier des Dozos/FRCI<br />
; ce même régime dépend de ses appuis<br />
extérieurs ; lesquels appuis extérieurs<br />
dépendent de leurs contribuables respectifs<br />
en cette période de crise économique<br />
et financière sévère (…). Tout est dans<br />
le tout. Et c’est cet enchevêtrement des<br />
choses qui passionne les observateurs<br />
nationaux et internationaux de la scène<br />
politique ivoirienne.<br />
Ali Camus :<br />
La peur de se retrouver aussi un jour <strong>à</strong> La<br />
Haye ne va-t-elle pas pousser Ouattara et<br />
ses seigneurs de guerre <strong>à</strong> s’éterniser au<br />
pouvoir ?<br />
Dédi Séry :<br />
S’éterniser au pouvoir pour échapper <strong>à</strong><br />
la rigueur de la CPI ?<br />
C’est possible. C’est<br />
aussi légitime, humainement<br />
parlant.<br />
Mais je me demande<br />
si la longévité politique<br />
d’un système<br />
dépend forcément et<br />
toujours de la volonté<br />
de ses dirigeants.<br />
Cependant, j’avoue<br />
que votre question<br />
est quelque part judicieuse<br />
dans la mesure<br />
où près de la moitié Le professeu<br />
des ministres du gouvernement<br />
Ouattara-<br />
Soro viennent de se donner une carapace<br />
d’immunité parlementaire en se faisant<br />
élire Députés lors de la dernière mascarade<br />
électorale du 11 décembre 2011. Mais ce<br />
parapluie me paraît d’une extrême fragilité<br />
au regard de l’humiliation que les Députés<br />
de la dernière législature ont vécue : avec<br />
(…) l’arrestation du Président Gbagbo le<br />
10<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
Les supporteurs de l’ex-président Laurent Gbagbo <strong>à</strong> La Haye<br />
des anti-Gbagbo. Or, tout effort de<br />
paix authentique de la part d’un médiateur<br />
s’inscrit obligatoirement dans<br />
l’impartialité et la neutralité… On<br />
observe cela chez les animaux non<br />
humains, notamment les gorilles, on<br />
l’observe tout naturellement chez les<br />
animaux humains, qui ont la prétention<br />
d’être plus éthique que les grands<br />
singes. L’exemple de Desmond Tutu<br />
en Afrique du Sud est l<strong>à</strong> pour le prouver.<br />
Ali Camus :<br />
On a encore en mémoire l’économiste<br />
en pleine campagne qui construira<br />
une université chaque année, des<br />
hôpitaux… Vous le croyez encore ?<br />
Dédi Séry :<br />
Eh oui ! La période de la campagne<br />
électorale est terminée, bien loin derrière<br />
nous ! Le camp Ouattara avait<br />
promis, dans le plus pur style démagogique,<br />
beaucoup plus de choses<br />
que possible. Il l’a fait tout simplement<br />
parce qu’il voulait se donner de<br />
la consistance aux yeux de l’opinion.<br />
C’est dans cette logique publicitaire<br />
qu’il a promis une Université et des<br />
hôpitaux chaque année. Mais on<br />
notera que l’économiste Ouattara<br />
n’a pas indiqué préalablement le lieu<br />
d’implantation de ces infrastructures<br />
culturelles et sociales alors qu’il envisageait<br />
une politique de décentralisation.<br />
Lui qui disait en 2000 que le<br />
système d’Assurance Maladie Universel<br />
proposé par Laurent Gbagbo<br />
était dangereux parce que coûteux, a<br />
Alassane Ouattara le président<br />
de la Côte d’Ivoire imposé par la<br />
Communauté Internationale<br />
preuve que sans l’affaiblissement forcené<br />
d’un parti redoutable comme le<br />
FPI [5], le RDR [6] n’aura jamais le<br />
sommeil tranquille parce qu’il redoute<br />
les joutes démocratiques. Il ne peut<br />
pas durer sans la violence. Ce qu’il<br />
faut au RDR, c’est moins un contexte<br />
de lutte institutionnelle, <strong>à</strong> armes<br />
égales, qu’une dictature ou système<br />
oligarchique, comme c’est le cas<br />
aujourd’hui. Le contexte que nous vivons<br />
est celui d’une dictature qui dépasse<br />
de très loin le système de parti<br />
unique sous Félix Houphouët-Boigny.<br />
Les historiens diront que Houphouët-<br />
Boigny avait besoin de moins de kalachnikov<br />
et de matraques pour imposer<br />
sa dictature <strong>à</strong> une population<br />
quasiment analphabète et en contexte<br />
de guerre froide. Aujourd’hui,<br />
les héritiers du père de la Nation, pour<br />
répondre aux tenants de la boulimie<br />
Ouattara parce qu’il n’est pas Gbagbo,<br />
leur ennemi juré. Voil<strong>à</strong> pourquoi<br />
les soutiens extérieurs de Ouattara<br />
se contentent de «soupirs diplomatiques»<br />
face aux dérives totalitaires<br />
de leur homme. Sans conséquence<br />
aucune pour le régime qu’ils ont mis<br />
en place. J’appelle «soupirs diplomatiques»,<br />
les mesures hypocrites qui<br />
consistent, par exemple, <strong>à</strong> délocaliser<br />
une Ambassade ou <strong>à</strong> déconseiller <strong>à</strong><br />
des ressortissants la destination Côte<br />
d’Ivoire. Ce sont l<strong>à</strong> des mesures en<br />
trompe l’œil, donc complaisantes<br />
qui montrent le degré d’hostilité de<br />
la Droite Occidentale vis-<strong>à</strong>-vis des<br />
dirigeants «d’Outre Mer» peu accommodants.<br />
Entre «ces mesures» et les<br />
différents embargos économiques,<br />
financiers et pharmaceutiques contre<br />
le peuple ivoirien et ses dirigeants,<br />
en décembre 2010 – janvier 2011, il<br />
n’y a aucune comparaison possible.<br />
C’est un racisme idéologique qui s’est<br />
surajouté au racisme biologique dont<br />
souffre le monde non occidental,<br />
depuis le XVIème siècle.<br />
Ali Camus :<br />
Ouattara veut 13.000 milliards pour<br />
reconstruire la Côte d’Ivoire l<strong>à</strong> où<br />
Gbagbo refusait l’aide. Qu’est-ce qui<br />
fait la singularité de Laurent Gbagbo ?<br />
Dédi Séry :<br />
Laurent Gbagbo est l’enfant du peuple<br />
ivoirien. Il aime son peuple et son<br />
peuple l’aime. Et c’est parce qu’il aime<br />
son peuple qu’il est foncièrement<br />
souverainiste, c’est-<strong>à</strong>-dire un dirige-<br />
t des dérives totalitaires<br />
cédent !<br />
Les Nations unies tuent et dévastent tout sur leur passage, depuis sept<br />
mois. Impunément ! Au vu et au su des forces Licorne/ONUCI et des ONG<br />
de défense des Droits de l’Homme. Tout simplement parce que les victimes<br />
sont des pro-Gbagbo<br />
11 avril 2011, l’Assemblée Nationale n’at-elle<br />
pas été dissoute de fait en violation<br />
de la Constitution ? Des Députés comme<br />
Simone Ehivet-Gbagbo n’ont-ils pas été<br />
jetés en prison alors qu’ils bénéficiaient<br />
d’une immunité ? L’histoire est une école<br />
de la prudence et de la<br />
circonspection. C’est<br />
pourquoi, <strong>à</strong> mon avis,<br />
l’on ne doit pas faire<br />
<strong>à</strong> autrui ce qu’on ne<br />
souhaite pas pour soimême.<br />
Ali Camus :<br />
Pour Guillaume Soro,<br />
le manque de repentance<br />
serait le point<br />
clé du transfèrement<br />
du président Laurent<br />
r Dédi Séry Gbagbo <strong>à</strong> La Haye.<br />
Que lui répondezvous<br />
?<br />
Dédi Séry :<br />
Cette déclaration de Guillaume Soro est<br />
la preuve même d’une collusion entre le<br />
régime actuel et sa justice, la justice des<br />
vainqueurs. Et quand bien même ce ne<br />
serait pas le cas, le Premier ministre Soro<br />
n’est pas bien placé pour parler de repentance.<br />
Et puis si repentance il doit y avoir,<br />
qui doit le faire et dans quelle circonstance<br />
? En effet, qui dit repentance dit procès.<br />
Mais peut-il y avoir procès sans toutes<br />
les parties au conflit ? Voyez-vous, par<br />
arrogance et par manque d’humilité, on<br />
avance des propos qui se liguent contre<br />
le bon sens.<br />
Ali Camus :<br />
Charles Konan Banny n’a toujours pas<br />
démissionné de la commission vérité réconciliation<br />
…<br />
Dédi Séry :<br />
Si Charles Konan Banny n’a pas démissionné,<br />
c’est tout simplement parce qu’il<br />
se sent bien dans sa peau l<strong>à</strong> où il est. Il<br />
pouvait bien démissionner s’il ne partageait<br />
pas la conception de la réconciliation<br />
version Ouattara. Celle-ci consiste<br />
<strong>à</strong> ouvrir des procès, <strong>à</strong> condamner et <strong>à</strong><br />
réconcilier de façon concomitante, dans<br />
une perspective de justice des vainqueurs<br />
<strong>à</strong> la Nuremberg. Je suis convaincu qu’il<br />
ne réussira jamais sa mission aussi longtemps<br />
que les vainqueurs continueront de<br />
tuer, d’emprisonner, disons d’animaliser<br />
les pro-Gbagbo. Et puis, une question<br />
d’ordre purement éthique me rend pessimiste<br />
quant <strong>à</strong> ses chances de réussite<br />
dans la mission qui est la sienne. Charles<br />
Konan Banny fait partie de la galaxie<br />
pu promettre des hôpitaux et des Universités<br />
chaque année. Contradiction.<br />
Beaucoup de gens, surtout les analphabètes<br />
ont un moment accordé du<br />
crédit <strong>à</strong> ces promesses démagogiques,<br />
par ignorance. Et voici que la réalité<br />
est beaucoup plus dramatique pour<br />
le camp Ouattara. Mais se rendant<br />
compte qu’il n’a même pas encore<br />
achevé la construction de la clôture<br />
de l’Université de Cocody, il envisage<br />
de saucissonner la pauvre Université,<br />
aujourd’hui entièrement saccagée. Du<br />
chapeau du prestidigitateur sortiront<br />
quatre Universités pour montrer<br />
qu’on aura réalisé ce qu’on a prévu.<br />
On tend ici vers une situation cocasse<br />
: sur ces ruines, on fera de chaque<br />
groupe d’UFR une Université : une<br />
Université de Sciences juridiques et<br />
Economiques ; une Université de Sciences<br />
et Techniques ; une Université<br />
de Lettres et Sciences Humaines ; une<br />
Université des Sciences de la Santé,<br />
etc. En un tour de passe-passe, il aura<br />
réalisé ce qu’il a promis. L<strong>à</strong> encore, il<br />
va marquer contre son propre camp.<br />
Parce que pour créer une Université,<br />
il faut tenir compte de tous les<br />
paramètres de l’environnement, des<br />
aspirations des populations. L<strong>à</strong> où<br />
Laurent Gbagbo voulait décongestionner<br />
Abidjan en faisant construire<br />
une Université dans chaque pôle de<br />
développement régional, l’éminent<br />
économiste veut créer plusieurs Universités<br />
sur les ruines de Cocody.<br />
Comme ça ! Cette perspective n’est<br />
ni plus ni moins qu’un bricolage collectif<br />
et du faux, finalement. Mais un<br />
faux dangereux en tant qu’il crée de<br />
faux espoirs et ne fait pas avancer la<br />
cause du développement équilibré et<br />
durable.<br />
Ali Camus :<br />
Beaucoup d’analystes disent qu’en<br />
bloquant les Avoirs des dignitaires du<br />
FPI et en lançant des mandats d’arrêt<br />
internationaux, l’idée était d’affaiblir<br />
ce parti et par ricochet de se retrouver<br />
seul <strong>à</strong> l’Assemblée. C’est ça aussi<br />
votre avis ?<br />
Dédi Séry :<br />
Je suis d’accord avec vous. C’est la<br />
néolibérale, ont besoin de plus de<br />
moyens anti-démocratiques et déshumanisants<br />
face <strong>à</strong> un peuple ivoirien de<br />
plus en plus intellectualisé, donc plus<br />
exigeant. Mais cette force barbare imposée<br />
<strong>à</strong> la Côte d’Ivoire de 2012 n’a<br />
pas beaucoup de chance de prospérer,<br />
en raison justement de ce capital<br />
intellectuel national. On comprend<br />
pourquoi ce régime s’acharne contre<br />
l’Université. La Côte d’Ivoire est un<br />
petit pays mais qui est sur le point de<br />
rallier <strong>à</strong> sa cause bien des consciences<br />
éprises de liberté et de justice de par le<br />
monde. Je pense plus particulièrement<br />
<strong>à</strong> nos Diasporas africaines (Cameroun,<br />
Togo, Angola, Afrique du Sud,<br />
Ghana, Gambie, etc.) ainsi qu’aux<br />
représentants de la Gauche occidentale<br />
(Jean Ziegler, Michel Galy, Guy<br />
Labertit, Albert Bourgi, etc.).<br />
Ali Camus :<br />
Finalement l’UE comme les Etats-<br />
Unis n’ont pas trouvé bizarre que<br />
Ouattara aille seul aux législatives<br />
avec son groupe politique. Comment<br />
vous l’expliquez ?<br />
Dédi Séry :<br />
Nous sommes dans une logique implacable,<br />
celle des connivences diplomatiques<br />
que l’on constate aussi bien<br />
en amont qu’en aval des crises que<br />
traverse la périphérie du monde capitaliste.<br />
Non seulement tout a été mis<br />
en œuvre par l’UE et les Etats-Unis<br />
pour noircir, diaboliser et renverser<br />
Laurent Gbagbo, tout simplement<br />
parce qu’il n’est pas leur homme,<br />
mais aussi ces soutiens observent<br />
un silence coupable face aux dérives<br />
oligarchiques de leur homme. Ils auraient<br />
parlé de bizarrerie, crié haro sur<br />
le baudet si c’est Laurent Gbagbo qui<br />
était allé seul aux législatives avec<br />
son parti, le FPI. Vous savez, chez<br />
les mondialisateurs, la démocratie<br />
est un système <strong>à</strong> géométrie variable.<br />
Bernard Kouchner ne demandait-il<br />
pas début mars 2011 <strong>à</strong> la Droite Occidentale<br />
de soutenir Hamid Karzaï<br />
quand bien même il serait corrompu,<br />
car «c’est notre homme». De la<br />
même manière, les Etats-Unis, l’UE,<br />
le Canada soutiennent aujourd’hui<br />
ant jaloux de l’indépendance et de la<br />
dignité de son pays. Voil<strong>à</strong> pourquoi<br />
il a horreur de faire endetter cruellement<br />
la Côte d’Ivoire. La dette n’est<br />
rien d’autre qu’un assujettissement<br />
économique qui se transforme, tôt<br />
ou tard, en dépendance politique et<br />
idéologique sur plusieurs générations.<br />
Laurent Gbagbo n’en voulait pas du<br />
tout. C’est pourquoi il ne pouvait pas<br />
être aimé et soutenu par ceux qui<br />
prospèrent <strong>à</strong> partir de l’endettement<br />
massif des pays du Tiers-monde : le<br />
FMI, la Banque Mondiale et tous les<br />
spéculateurs néolibéraux. Et je suis<br />
sûr que c’est son souverainisme qui a<br />
été perçu comme un péché capital et<br />
qui est <strong>à</strong> l’origine de cette haine anti-<br />
Gbagbo. Voyez-vous, la gbagbophilie<br />
a débouché sur les bombardements<br />
du 11 avril 2011. On voit donc que<br />
Ouattara est l’ami naturel du monde<br />
libéral qui ne prospère que sur<br />
l’endettement des pays faibles et sans<br />
défense. Entre Ouattara, le représentant<br />
de la boulimie néolibérale et Laurent<br />
Gbagbo, le porte-drapeau du<br />
socialisme démocratique, donc du<br />
souverainisme, il y a une différence<br />
de nature perceptible <strong>à</strong> travers le traitement<br />
infligé au Woody de Mama <strong>à</strong><br />
l’occasion d’une simple controverse<br />
électorale.<br />
Ali Camus :<br />
Je vous remercie.<br />
Lynx.info, le 6 janvier 2012<br />
NDLR.<br />
1. FRCI. Forces républicaines de<br />
Côte d’Ivoire<br />
2. CEDEAO : Communauté<br />
économique des États de l›Afrique de<br />
l›Ouest.<br />
3. CEI. Commission Electorale<br />
Indépendante<br />
4. RHDP. Rassemblement des<br />
Houphouëtistes pour la Démocratie et<br />
la Paix.<br />
5. FPI . Front populaire ivoirien<br />
6. RDR. Rassemblement des<br />
républicains de Côte d’Ivoire: parti<br />
libéral de Côte d’Ivoire, présidé par<br />
Alassane Ouattara depuis 1999.<br />
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 11
Perspectives<br />
Guadeloupe : les Communistes appellent<br />
<strong>à</strong> « un rassemblement des forces<br />
patriotiques, <strong>à</strong> l’unité du peuple et la<br />
constitution d’une Autorité Politique »<br />
L’ANC de l'Afrique du Sud<br />
a 100 ans : un bilan du<br />
nationalisme bourgeois<br />
Le PCG prédit qu’en 2012, les difficultés vont s’aggraver et souligne<br />
qu’aucun changement n’est possible sans un « véritable pouvoir politique<br />
Dans une déclaration remise <strong>à</strong> la<br />
presse <strong>à</strong> l’occasion de la nouvelle<br />
année, le Parti Communiste Guadeloupéen<br />
s’est exprimé sur la crise du »<br />
capitalisme mondialisé » en affirmant<br />
que le « projet des communistes d’un<br />
renversement du capitalisme restait<br />
d’actualité.<br />
Analysant la situation sociale<br />
de l<strong>à</strong> Guadeloupe, le PCG prédit qu’en<br />
2012, les difficultés vont s’aggraver<br />
et souligne qu’aucun changement<br />
n’est possible sans un « véritable<br />
pouvoir politique » La conclusion de<br />
ce document prend la forme d’un appel<br />
au rassemblement des organisations<br />
politiques qui luttent contre le<br />
colonialisme français. Il faut rappeler<br />
que depuis déj<strong>à</strong> une année, les communistes<br />
avaient pris l’initiative de<br />
préparer l’organisation des « Assises<br />
des organisations anticolonialistes et<br />
patriotiques, » Plusieurs de ces organisations<br />
patriotiques et nationalistes,<br />
telles que l’UPLG, le Copagua, FKNG<br />
! y travaillent. Le CIPPA qui se définit<br />
comme « anticapitaliste » participe<br />
aussi aux travaux. Selon nos informations,<br />
la phase publique et populaire<br />
de ces « Assisses » est imminente et<br />
devrait se dérouler au cours des semaines<br />
<strong>à</strong> venir. On peut déj<strong>à</strong> penser<br />
que ces « Assises » vont déboucher<br />
pour la première fois en Guadeloupe,<br />
sur la création d’une Autorité Politique<br />
en vue de la conquête du pouvoir !<br />
Nous pourrions faire dans le<br />
politiquement correct en formulant des<br />
vœux de bonheur et de prospérité <strong>à</strong><br />
nos concitoyens et en leur prédisant<br />
Dr. Kesler Dalmacy<br />
1671 New York Ave.<br />
Brooklyn, New York 11226<br />
Tel: 718-434-5345<br />
Le docteur de la<br />
Communauté Haïtienne<br />
<strong>à</strong> New York<br />
que 2012 sera meilleure que 2011,<br />
mais, nous savons que cela ne serait<br />
que des vœux pieux tant l’année<br />
qui s’annonce sera difficile pour les<br />
travailleurs et les peuples du monde<br />
confrontés <strong>à</strong> la férocité d’un système<br />
capitaliste en crise généralisée. Pour<br />
tenter de sauver leur système empêtré<br />
dans ses contradictions insurmontables,<br />
les institutions de la bourgeoisie<br />
capitaliste mondiale, FMI, Banque<br />
Mondiale, OCDE, G8, OMC, OTAN et<br />
autres instances de la mondialisation<br />
capitaliste font payer aux travailleurs,<br />
aux couches populaires, aux peuples<br />
du monde entier le prix de la crise du<br />
capitalisme mondialisé.<br />
Les gouvernements des Etats<br />
capitalistes notamment des Etats‐<br />
Unis et des pays européens mettent<br />
en œuvre <strong>à</strong> l’encontre de leurs peuples<br />
des plans drastiques d’austérité destinés<br />
<strong>à</strong> sauver la mise du capitalisme<br />
financier international de ses propres<br />
turpitudes (licenciement des travailleurs,<br />
compression des salaires, réduction<br />
des droits sociaux, privatisation<br />
et liquidation des services publics,<br />
hausse des impôts et prélèvements,<br />
hausse des prix des biens et services<br />
de première nécessité…).<br />
Dans plusieurs régions du<br />
monde notamment aux Etats‐Unis,<br />
en Europe, dans les pays arabes et<br />
dans les conditions et avec les réalités<br />
qui leurs sont propres, les peuples<br />
avec en première ligne les travailleurs,<br />
les femmes, les jeunes, les étudiants,<br />
s’engagent dans des mouvements de<br />
masse pour combattre les politiques<br />
d’austérité de leurs gouvernements<br />
et mettre un terme <strong>à</strong> l’oppression, <strong>à</strong><br />
l’exploitation aux injustices qui les<br />
frappent.<br />
Ces mouvements de contestation<br />
et de luttes qui se développent, sont la<br />
manifestation et l’expression de la lutte<br />
des classes qui se déroule <strong>à</strong> l’échelle<br />
de la planète entre les capitalistes, les<br />
Etats <strong>à</strong> leur solde et les couches laborieuses<br />
et populaires victimes de la<br />
domination du capitalisme financier<br />
international qui affament les peuples.<br />
En cette fin d’année 2011, vingt<br />
ans après la chute des régimes socialistes<br />
de l’Europe de l’Est, l’exigence<br />
de rupture et d’alternative au capitalisme<br />
est <strong>à</strong> l’ordre du jour pour mettre<br />
un terme <strong>à</strong> la misère, <strong>à</strong> la pauvreté,<br />
aux guerres, aux famines, aux catastrophes<br />
écologiques qui sont la<br />
conséquence du système capitaliste<br />
fondé sur l’exploitation des hommes,<br />
la domination des peuples et le pillage<br />
de leurs matières premières et qui met<br />
toute l’humanité en péril pour satisfaire<br />
les intérêts d’une minorité.<br />
Plus que jamais, le projet communiste<br />
de renversement du capitalisme<br />
est d’actualité pour répondre aux<br />
besoins humains, pour un monde de<br />
paix, de liberté, de progrès pour tous<br />
les hommes et tous les peuples.<br />
La Guadeloupe et les Guadeloupéens<br />
n’échappent pas <strong>à</strong> la tourmente<br />
capitaliste doublée de son supplément<br />
colonial, bien au contraire, la situation<br />
s’empire d’année en année sans<br />
qu’aucune réponse ne soit portée aux<br />
difficultés qui agitent le pays.<br />
Est-il besoin pour s’en convaincre<br />
de rappeler ici les statistiques qui<br />
illustrent la situation de catastrophe<br />
économique et sociale dans laquelle se<br />
débat le pays et qui traduisent la faillite<br />
du système économique et politique en<br />
place depuis plus de 60 ans ? Derrière<br />
ces statistiques, ces pourcentages, ces<br />
chiffres affolants et effarants du chômage<br />
(plus de 62000), de la pauvreté,<br />
du surendettement, de l’illettrisme,<br />
il y a des hommes, des femmes, des<br />
jeunes en chair et en os, il y a des<br />
Guadeloupéens (dont on ne nous dit<br />
pas les ascendances) qui se démènent<br />
au quotidien pour survivre. En 2012<br />
leurs difficultés vont s’aggraver avec<br />
la réduction des moyens budgétaires<br />
nécessaires aux politiques publiques<br />
dont la Guadeloupe a grand besoin<br />
dans de très nombreux domaines, tels<br />
la santé, l’éducation, l’environnement,<br />
les transports…<br />
En 2012, il n’y aura aucun<br />
changement porteur de développement<br />
économique, de progrès social, pour le<br />
peuple guadeloupéen, s’il n’y a pas<br />
de rupture avec le système actuel de<br />
domination politique et économique,<br />
de dépendance et d’assimilation que la<br />
France impose <strong>à</strong> la Guadeloupe.<br />
Il n’y aura aucun changement<br />
en Guadeloupe sans un véritable Pouvoir<br />
Politique guadeloupéen, établissant<br />
de nouveaux rapports politiques<br />
avec l’Etat français et l’Union Européenne<br />
Il n’y aura aucun changement<br />
en Guadeloupe sans un véritable Pouvoir<br />
Politique guadeloupéen pour décider<br />
de son organisation économique<br />
et sociale, de l’aménagement de son<br />
territoire, de ses relations de coopération<br />
et mettre en œuvre un plan<br />
de développement global qui répond<br />
aux besoins et aux intérêts du pays<br />
et <strong>à</strong> ceux des masses populaires et laborieuses.<br />
Il n’y aura aucun changement<br />
en Guadeloupe, si les organisations<br />
politiques qui luttent contre la domination<br />
coloniale et l’exploitation capitaliste,<br />
ne se rassemblent pas pour élaborer<br />
un projet politique d’émancipation<br />
qui mobilise et entraîne l’adhésion de<br />
la grande majorité de notre peuple.<br />
En ce début d’année 2012<br />
c’est <strong>à</strong> cette tâche que nous devons<br />
nous atteler, en réalisant les Assises<br />
des forces patriotiques, anticolonialistes<br />
et anticapitalistes de Guadeloupe<br />
pour constituer une autorité politique<br />
ayant en charge de conduire la lutte<br />
d’émancipation du peuple guadeloupéen.<br />
Carib Creol News, 31 décembre 2011<br />
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www.haitiliberte.com<br />
Le centième anniversaire de l’ANC a été utilisé pour tenter de tirer une<br />
nouvelle crédibilité de la longue histoire de lutte contre le système brutal<br />
d’apartheid en Afrique du Sud<br />
Par Bill Van Auken<br />
La célébration du centenaire du Congrès<br />
national africain (ANC) de<br />
l’Afrique du Sud est l’occasion idéale<br />
pour faire un bilan de la nature et du<br />
sort de l’ANC et des mouvements nationalistes<br />
bourgeois similaires.<br />
Fondé en 1912, l’ANC est parmi<br />
les premiers de ce type de mouvement,<br />
ayant tiré son inspiration du Congrès<br />
national indien, qui est encore plus ancien.<br />
Il a joué un rôle central dans la<br />
fin négociée du régime d’apartheid en<br />
Afrique du Sud et a été le parti dirigeant<br />
du pays lors des 18 dernières années.<br />
Le centième anniversaire a été<br />
utilisé par l’ANC pour tenter de tirer<br />
une nouvelle crédibilité de la longue<br />
histoire de lutte contre le système brutal<br />
d’apartheid en Afrique du Sud, dans<br />
laquelle de nombreuses personnes ont<br />
été tuées ou emprisonnées et où les<br />
travailleurs et les jeunes provenant des<br />
cantons noirs du pays se sont battus<br />
héroïquement contre les forces de sécurité<br />
lourdement armées.<br />
Mais, comme dans<br />
d’innombrables autres pays où les bourgeois<br />
nationalistes ou les mouvements<br />
de « libération nationale » ont pris le<br />
pouvoir, la direction de l’ANC, loin de<br />
réaliser les aspirations des masses qui<br />
sont entrées en lutte, a seulement exploité<br />
leurs sacrifices afin de renforcer<br />
sa propre intégration dans les rangs de<br />
l’impérialisme et des oppresseurs capitalistes<br />
nationaux. Dans ce processus,<br />
de nombreux vieux défenseurs de la<br />
libération sont devenus des hommes<br />
d’affaires multimillionnaires.<br />
Dans un discours décousu de<br />
90 minutes donné la semaine dernière<br />
devant une foule <strong>à</strong> Bloemfontein, la<br />
ville où l’ANC a été fondé il y a 100<br />
ans, le président de l’Afrique du Sud,<br />
Jacob Zuma, s’est attardé en long et<br />
en large sur l’histoire de l’ANC, tout<br />
en amenant très peu de propositions<br />
concrètes pour changer les conditions<br />
d’oppressions dans lesquelles la vaste<br />
majorité de la population du pays vit<br />
toujours.<br />
Ces conditions n’ont fait<br />
qu’empirer pendant les presque deux<br />
décennies de gouvernance de l’ANC.<br />
Même si l’apartheid racial a pris fin,<br />
le fossé entre l’élite riche et les masses<br />
de travailleurs et d’opprimés n’a fait<br />
qu’augmenter. Les inégalités sociales,<br />
mesurées par le coefficient de Gini*, sont<br />
pires en Afrique du Sud aujourd’hui que<br />
dans tous les autres pays de la planète,<br />
sauf la Namibie. Soixante-dix pour cent<br />
de la population vivent sous le seuil de<br />
la pauvreté. Même si le taux de chômage<br />
officiel tourne autour de 25 pour<br />
cent, la plupart des estimations les plus<br />
réalistes le placent <strong>à</strong> près de 40 pour<br />
cent.<br />
Les fameuses « réformes de libre<br />
marché » ont fait en sorte que ceux au<br />
haut de l’échelle, y compris la vieille<br />
élite dirigeante blanche et une nouvelle<br />
couche dans la direction de l’ANC et<br />
de la bureaucratie syndicale, puissent<br />
accumuler d’immenses richesses. Des<br />
gens comme Cyril Ramaphosa, ancien<br />
chef du Syndicat national des mineurs<br />
et secrétaire général de l’ANC qui vaut<br />
maintenant quelque 275 millions $,<br />
sont ceux qui ont principalement bénéficié<br />
de la politique de « Black Economic<br />
Empowerment » (Émancipation<br />
économique des Noirs) enclenchée par<br />
l’ANC après son arrivée au pouvoir.<br />
L’historien africain Achille<br />
Mbembe a décrit avec justesse l’ANC<br />
comme un parti « rongé par la corruption<br />
et la cupidité, par de violentes luttes<br />
fratricides pour le pouvoir et par un<br />
mélange fatal d’instincts prédateurs et<br />
de vacuité intellectuelle ».<br />
Bien que l’accent du centième<br />
anniversaire mis sur l’âge d’or de<br />
l’illégalité et de la « lutte armée » de<br />
l’ANC puisse servir de diversion opportune<br />
pour le parti dirigeant et la<br />
dure réalité <strong>à</strong> laquelle il est confronté<br />
aujourd’hui, les germes de cette dégénérescence<br />
étaient déj<strong>à</strong> présents et<br />
identifiables dès le tout début du mouvement.<br />
L’ANC a été fondé dans le contexte<br />
de la défaite des longues luttes<br />
tribales contre la conquête coloniale<br />
blanche et de l’unification de<br />
l’impérialisme britannique avec ses opposants<br />
boers sur la base d’une plateforme<br />
commune d’oppression de la majorité<br />
noire et d’expropriation de leurs<br />
terres. L’ANC ne cherchait pas la défaite<br />
de l’impérialisme, mais plutôt son parrainage,<br />
s’offrant comme interlocuteur<br />
entre la classe dirigeante blanche<br />
et les masses de travailleurs noirs et<br />
d’opprimés.<br />
En 1956, Nelson Mandela a résumé<br />
les objectifs de l’ANC, promettant<br />
que s’il était porté au pouvoir, il<br />
n’introduirait pas le socialisme, mais<br />
plutôt : « Pour la première fois dans<br />
l’histoire de ce pays, la bourgeoisie<br />
non européenne aura la chance de posséder<br />
en son nom et en son droit des<br />
usines, et les industries ainsi que les<br />
entreprises privées vont prospérer et se<br />
développer comme jamais auparavant.<br />
» Cette vision s’est maintenant réalisée<br />
aux dépens des masses de travailleurs<br />
noirs.<br />
Dans les années 1960, l’ANC,<br />
en alliance avec le Parti communiste<br />
sud-africain stalinien, a employé la<br />
rhétorique de la révolution et de la<br />
lutte des classes, mais la perspective<br />
d’émanciper et d’enrichir une bourgeoisie<br />
noire <strong>à</strong> en devenir est demeurée le<br />
programme fondamental de Mandela.<br />
Lorsque les soulèvements de Soweto<br />
et des autres villages noirs ont commencé<br />
<strong>à</strong> rendre le pays ingouvernable,<br />
l’élite dirigeante blanche, menée par la<br />
Anglo-American Corporation, a entamé<br />
Suite <strong>à</strong> la page (16)<br />
12<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
Perspectives<br />
Lettre d’une mère au<br />
directeur d’un hôpital<br />
pédiatrique de La Havane<br />
Sander de la Caridad Jaime Braña avant d’entrer <strong>à</strong> la salle d’opération<br />
Sander de la Caridad Jaime Braña et son équipe médícale<br />
Par Vivian Braña Fernández<br />
Dr. Rafael Antonio Broche<br />
Director del Hospital Pediátrico Juan<br />
Manuel Márquez, en La Habana<br />
Faire le récit de 11 années m’est difficile.<br />
Le 18 octobre 2000, quand<br />
mon fils, Sander de la Caridad Jaime<br />
Braña a vu le jour, j’étais une mère<br />
très heureuse, mais <strong>à</strong> partir de ce moment,<br />
ma vie s’est changée en angoisse<br />
absolue. Sander est né, sans lèvre ni<br />
dentition, avec une fissure palatine qui<br />
nécessitait un traitement chirurgical. Il<br />
a été opéré <strong>à</strong> l’Hôpital Pédiatrique de<br />
Centro Habana le 7 janvier 2002, mais<br />
cette opération n’était pas définitive.<br />
Les années ont passé en même<br />
temps qu’une terrible lutte, au cours de<br />
laquelle j’ai toujours refusé les solutions<br />
proposées <strong>à</strong> diverses occasions dans<br />
d’autres centres de pédiatrie. Sur un<br />
coup de tête, j’ai appelé par téléphone la<br />
Direction Provinciale de la Santé et j’ai<br />
été reçue par une doctoresse prénommée<br />
Ivonne, qui, aimablement, et sans<br />
nous connaître ni d’Eve ni d’Adam, a<br />
fait les démarches pour que mon fils<br />
soit reçu <strong>à</strong> l’Hôpital Juan Manuel Marquez,<br />
que vous dirigez.<br />
L<strong>à</strong>, il a été examiné d’abord<br />
par le Dr. Fausto, puis par la Doctoresse<br />
Carmen Diaz qui est aujourd’hui<br />
retraitée-, par Noémie, diplômée en<br />
Logopédie pour les Patients atteints de<br />
Fissures, puisque mon fils avait besoin<br />
d’une préparation avant la correction<br />
de son défaut.<br />
Je ne vais pas vous fatiguer avec<br />
les détails. En un an, il s’est passé<br />
beaucoup de choses, certaines agréables,<br />
d’autres non, mais le plus important<br />
a été que le 14 décembre de<br />
cette année, mon fils a été opéré dans<br />
votre centre hospitalier et que, déj<strong>à</strong>,<br />
aujourd’hui, après son premier examen<br />
post-opératoire, l’intervention a été<br />
déclarée satisfaisante et réussie.<br />
Je veux, et cela vient du plus profond<br />
de mon cœur maternel, remercier<br />
toute l’équipe du service Maxilio-facial<br />
qui travaille sous la direction du Dr. Ernesto<br />
Sanchez.<br />
Quand j’ai vu pour la première<br />
fois sa petite bouche, je ne pouvais pas<br />
croire qu’elle était si parfaite et si bien<br />
reconstruite.<br />
J’ignore si les mots existent pour<br />
rendre grâces <strong>à</strong> Dieu et <strong>à</strong> son personnel,<br />
du Dr. Ernesto <strong>à</strong> la Doctoresse Wilma,<br />
La paix mondiale tient <strong>à</strong> un fil !<br />
Fidel CASTRO<br />
J<br />
’ai eu le plaisir, hier, de converser<br />
calmement avec Mahmoud Ahmadineyad<br />
que je n’avais plus vu depuis<br />
septembre 2006, voil<strong>à</strong> plus de cinq<br />
ans, quand il était venu <strong>à</strong> La Havane<br />
participer <strong>à</strong> la Quatorzième Conférence<br />
au sommet du Mouvement des pays<br />
non alignés qui avait élu Cuba pour la<br />
seconde fois <strong>à</strong> la présidence de cette organisation<br />
pour la durée prévue de trois<br />
ans. J’étais tombé gravement malade le<br />
26 juillet 2006, un mois et demi avant,<br />
et je pouvais <strong>à</strong> peine me maintenir assis<br />
sur le lit. Plusieurs des dirigeants<br />
les plus distingués qui assistaient au<br />
Sommet eurent l’amabilité de me rendre<br />
visite. Chávez et Evo le firent plusieurs<br />
fois. Quatre dont je me souviens<br />
encore vinrent en début d’après-midi<br />
: Kofi Annan, le secrétaire général de<br />
l’ONU ; un vieil ami, Abdelaziz Bouteflika,<br />
le président algérien ; Mahmoud<br />
Ahmadineyad, le président iranien ;<br />
et Yang Jiechi, alors vice-ministre et<br />
aujourd’hui ministre des Relations extérieures<br />
de la République populaire de<br />
Chine, en représentation de Ju Jintao,<br />
chef du Parti communiste et président<br />
du pays. Ce fut vraiment un moment<br />
important pour moi qui rééduquais<br />
aux prix de gros efforts mon bras droit<br />
sérieusement blessé lors de ma chute <strong>à</strong><br />
Santa Clara.<br />
J’avais commenté avec ces quatre<br />
dirigeants des aspects des problèmes<br />
complexes que le monde connaissait<br />
alors et qui le sont devenus assurément<br />
de plus en plus.<br />
À notre rencontre d’hier, j’ai<br />
constaté que le président iranien était<br />
on ne peut plus tranquille, absolument<br />
indifférent aux menaces yankees,<br />
confiant en la capacité de son peuple de<br />
repousser n’importe quelle agression et<br />
dans l’efficacité des armes dont ils produisent<br />
une grande partie eux-mêmes<br />
pour faire payer aux agresseurs un prix<br />
insupportable.<br />
En fait, c’est <strong>à</strong> peine s’il a parlé<br />
de la guerre. Il est plutôt revenu sur les<br />
idées qu’il avait exposées <strong>à</strong> sa conférence<br />
dans le grand amphi de l’Université<br />
de La Havane, axées sur l’être<br />
humain : « S’acheminer vers la paix, le<br />
respect de la dignité humaine en tant<br />
que souhait de tous les êtres humains<br />
tout au long de l’Histoire. »<br />
Je suis convaincu qu’on ne doit<br />
pas s’attendre de la part de l’Iran <strong>à</strong> des<br />
actions irréfléchies qui contribueraient<br />
au déclanchement d’une guerre. Si<br />
celle-ci éclate, ce sera uniquement la<br />
faute de l’aventurisme et de l’irresponsabilité<br />
congénitale de l’Empire yankee.<br />
Je pense de mon côté que la situation<br />
politique créée autour de l’Iran<br />
et les risques d’une guerre atomique<br />
qui en émanerait et toucherait tous les<br />
pays, qu’ils possèdent des armes de ce<br />
genre ou non, sont extrêmement délicats<br />
parce qu’ils menacent l’existence<br />
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad (<strong>à</strong> gauche) rencontre <strong>à</strong> Cuba<br />
l'ancien dirigeant cubain Fidel Castro Ruz <strong>à</strong> La Havane<br />
même de notre espèce. Le Moyen-<br />
Orient, qui produit des ressources économiques<br />
vitales pour l’économie de<br />
la planète, est devenu aujourd’hui la<br />
région la plus conflictuelle au monde.<br />
La capacité de destruction de<br />
certaines armes employées durant<br />
la Deuxième Guerre mondiale et les<br />
souffrances massives qu’elles infligèrent<br />
incitèrent fortement <strong>à</strong> en prohiber<br />
quelques-unes, dont les gaz<br />
asphyxiants. Néanmoins, les conflits<br />
d’intérêts et les énormes profits des<br />
fabricants les conduisirent <strong>à</strong> élaborer<br />
des armes encore plus cruelles et plus<br />
destructrices, jusqu’au jour où la technologie<br />
moderne a fourni les matériaux<br />
et les moyens nécessaires <strong>à</strong> la mise au<br />
point d’armements dont l’emploi dans<br />
une guerre mondiale conduirait <strong>à</strong> notre<br />
extermination.<br />
Je suis d’avis – qui est sans aucun<br />
doute celui de toutes les personnes<br />
dotées d’un sens élémentaire de leurs<br />
responsabilités – qu’aucun pays, grand<br />
ou petit, n’a le droit de posséder des<br />
armes atomiques.<br />
On n’aurait jamais dû s’en servir<br />
pour attaquer deux villes sans intérêt<br />
militaire comme Hiroshima et Nagasaki,<br />
pour assassiner et irradier avec<br />
d’horribles effets durables des centaines<br />
de milliers d’hommes, de femmes et<br />
d’enfants d’un pays déj<strong>à</strong> vaincu sur le<br />
plan militaire.<br />
À supposer que le nazi-fascisme<br />
eût obligé les puissances liées contre<br />
lui <strong>à</strong> rivaliser avec cet ennemi de<br />
l’humanité dans la fabrication de<br />
cette arme, le premier devoir de<br />
l’Organisation des Nations Unies, créée<br />
<strong>à</strong> la fin de la guerre, aurait dû être de<br />
l’interdire sans la moindre exception.<br />
Mais les États-Unis, la nation la<br />
plus puissante et la plus riche, imposèrent<br />
au reste du monde la ligne <strong>à</strong><br />
suivre. Ils possèdent aujourd’hui des<br />
centaines de satellites qui épient et surveillent<br />
de l’espace tous les habitants<br />
de la planète ; ils ont équipé leurs forces<br />
navales, terrestres et aériennes de milliers<br />
d’armes atomiques ; ils manipulent<br />
<strong>à</strong> leur guise, par Fonds monétaire international<br />
interposé, les finances et les<br />
qui a aidé <strong>à</strong> l’opération, Ileana, la technicienne,<br />
Ileana, l’Infirmière en Chef<br />
du Bloc Opératoire et d’autres dont j’ai<br />
oublié le nom, mais que j’ai dans mon<br />
cœur de mère reconnaissante.<br />
Ils ont réalisé un chef-d’œuvre !<br />
Je tire mon chapeau <strong>à</strong> votre équipe de<br />
travailleurs, devant l’humanité, la fraternité,<br />
la bonté, la compréhension et<br />
l’amour…<br />
Je vous prie de rendre publics<br />
mes remerciements, parce que, certainement,<br />
pour exiger et blâmer, les<br />
gens se pressent, mais peu reconnaissent<br />
le travail que font nos médecins<br />
avec tant d’abnégation. Avec des difficultés,<br />
des carences, des obstacles….<br />
mais avec un cœur et un professionnalisme<br />
qu’on peut seulement comparer <strong>à</strong><br />
ceux de notre Titan de Bronze. [1]<br />
Je joins quelques photos qui m’ont<br />
marquées, parce que jamais je n’aurais<br />
cru pouvoir les prendre. Heureusement,<br />
j’étais <strong>à</strong> côté de mon fils quelques instants<br />
avant que l’anesthésie ne ferme<br />
ses petits yeux et au moment de son<br />
réveil.<br />
Recevez une fois encore les remerciements<br />
d’une personne devenue<br />
votre éternelle obligée <strong>à</strong> vous et <strong>à</strong> tous<br />
ceux qui travaillent sous votre direction.<br />
Aujourd’hui, je redeviens la mère<br />
heureuse que j’étais il y a onze ans. Si<br />
un de mes mots était hors de propos<br />
ou incohérent, je pense que ce n’est dû<br />
qu’<strong>à</strong> l’émotion.<br />
Notes<br />
[1] Antonio Maceo, un des héros<br />
de l’indépendance cubaine<br />
Source : Cubadebate,<br />
29 décembre 2011<br />
Traduit de l’espagnol et annoté par<br />
Marc Harpon<br />
Changement de Société<br />
13 janvier 2012<br />
investissements du monde.<br />
Quand on analyse l’histoire de<br />
l’Amérique latine, depuis le Mexique<br />
jusqu’<strong>à</strong> la Patagonie en passant par<br />
Saint-Domingue et Haïti, on constate<br />
que toutes les nations, sans exception,<br />
du début du XIXe siècle <strong>à</strong> nos jours,<br />
soit deux cents ans, ont été victimes<br />
et continuent de l’être toujours plus<br />
des pires crimes que le pouvoir et la<br />
force puissent commettre contre le droit<br />
des peuples. De brillants écrivains ne<br />
cessent de les dénoncer. L’un d’eux,<br />
Eduardo Galeano, auteur de Les Veines<br />
ouvertes de l’Amérique latine, vient<br />
d’être invité <strong>à</strong> inaugurer le prix prestigieux<br />
de la Casa de las Américas, en reconnaissance<br />
<strong>à</strong> son œuvre marquante.<br />
Les événements se succèdent <strong>à</strong><br />
une vitesse incroyable, mais la technologie<br />
permet d’en informer le public<br />
encore plus vite. Des nouvelles importants<br />
tombent, aujourd’hui comme hier.<br />
Une dépêche de presse du 11 nous<br />
apprend : « La présidence danoise de<br />
l’Union européenne a informé mercredi<br />
qu’un nouveau train de sanctions<br />
encore plus sévères serait décidé le 23<br />
contre l’Iran <strong>à</strong> cause de son programme<br />
nucléaire, visant non seulement son<br />
secteur pétrolier, mais aussi sa Banque<br />
centrale… Nous irons encore plus loin<br />
dans nos sanctions contre son pétrole<br />
et ses structures financières », a affirmé<br />
le chef de la diplomatie danoise, Villy<br />
Soevndal, <strong>à</strong> la presse étrangère.<br />
On peut constater clairement que<br />
sous prétexte d’éviter la prolifération<br />
nucléaire, Israël a le droit d’accumuler<br />
des centaines d’ogives atomiques, tandis<br />
que l’Iran, lui, n’a même pas celui<br />
de produire de l’uranium enrichi <strong>à</strong> 20<br />
p. 100.<br />
Une agence de presse britannique<br />
bien connue fournit une autre<br />
nouvelle sur ce thème : « La Chine n’a<br />
Suite <strong>à</strong> la page (16)<br />
Director: Florence Comeau<br />
Interlink Translation<br />
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Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 13
Dans la diaspora<br />
Mme Maryse Narcisse <strong>à</strong> New York<br />
Par Kim Ives<br />
Le 7 janvier 2011, Fanmi Lavalas<br />
avait organisé une grande réunion<br />
<strong>à</strong> Brooklyn, avec la présence du porteparole<br />
du parti, Mme. Maryse Narcisse.<br />
Le rassemblement a eu lieu <strong>à</strong> Our<br />
Lady of Miracles Church <strong>à</strong> Canarsie.<br />
Plus de 200 personnes avaient assisté <strong>à</strong><br />
la réunion, parmi elles des délégations<br />
de Boston, Philadelphie, Connecticut,<br />
New Jersey, et Spring Valley.<br />
Parmi les intervenants on pouvait<br />
remarquer l’ancien ministre des<br />
<strong>Haiti</strong>ens Vivant <strong>à</strong> l’étranger Fritz Casséus;<br />
l’ancien député de Cerca Carvajal<br />
et Los Palis Simon Cessoir, qui a représenté<br />
la délégation de New Jersey; Serge<br />
Blaise, qui a représenté la délégation de<br />
Philadelphie; Cadet Toussaint, qui a représenté<br />
la délégation de Spring Valley;<br />
Raoul Jean, qui a représenté la délégation<br />
de Spring Valley; et Jean-Claude St.<br />
Germain, qui a représenté la délégation<br />
de Boston. Il y avait aussi des interventions<br />
d’autres leaders et activistes<br />
comme Jean Luckner, Anakreyon, Paul<br />
Mathieu, l’ancien député de l’Anse<strong>à</strong>-Veau<br />
Walter Norzéus, Anilex Obas,<br />
et Maryse Jean-Pierre. Les maîtres de<br />
cérémonie étaient Jean Rameau et Fred<br />
Joseph.<br />
Finalement, l’ancien député de<br />
Cap Haïtien James Dérosin a introduit<br />
l’invitée d’honneur, Maryse Narcisse.<br />
“ Docteur Maryse Narcisse se yon patriyòt<br />
paske li se yon bon lavalasyen,”<br />
a dit Dérosin. Pendant le coup d’état de<br />
Plus de 200 personnes se sont rassemblées le 7 janvier <strong>à</strong> Canarsie<br />
2004 <strong>à</strong> 2006, “li te rete fidèl, li te rete lekòl,” une critique <strong>à</strong> peine voilée de<br />
konsekan, e si jodia Fanmi Lavalas l’absence d’“éducation gratis” claironnée<br />
par le gouvernement de Martelly.<br />
egziste, se gras a limenm e lit li tap<br />
mennen andan peyi a.”<br />
“Maladi kolera kontinye ap simen<br />
dèy nan peyi a,” a-t-elle continué.<br />
Madame Dr. Narcisse a fait une<br />
analyse de la situation actuelle dans le “Dènye chif ofisyèl yo... di nou gen plis<br />
pays et a tracé les grandes lignes de la pase 500,000 moun enfekte ak kolera,<br />
stratégie de Fanmi Lavalas.<br />
pandan genyen plis pase 7000 moun<br />
“Kote nou ye jodi a?” a-t-elle ki deja mouri ak maladi a... Chak jou<br />
démandé <strong>à</strong> l’assistance. “Jodi a dwa genyen omwen 200 nouvo ka nan peyi<br />
pou pèp ayisyen an viv tankou moun a.”<br />
toujou pa respekte nan peyi a. Se kriz Narcisse a dit que cette situation<br />
politik sou kriz politik k ap kache vrè pose “anpil defi pou Fanmi Lavalas,”<br />
problèm yo: ekslizyon, mizè, ak grangou<br />
pi rèd, anpil timoun, pa rive ale estriktire nou, pou n mennen<br />
et alors “n ap kontinye ranfòse nou,<br />
misyon<br />
nou ki se akonpaye pèp ayisyen an<br />
nan konba kont esklizyon, nan lit l ap<br />
mennen pou plis jistis sosyal.... Fanmi<br />
Lavalas ap travay pou ranfòse ak<br />
renouvle estrikti li nan tout nivo nan<br />
òganizasyon an.”<br />
Concrètement, elle a expliqué<br />
que “òganizasyon a mete anplas plizyè<br />
kowòdinasyon depatmantal provizwa<br />
sou tout peyi a ki gen manda pou fe<br />
òganizasyon an mache byen nan<br />
tout katye, seksyon kominal, komin<br />
ak depatman yo. Yo genyen pou<br />
manda tou pou yo miltipliye, ranfòse,<br />
epi mobilize ti fanmi yo pou nou ka<br />
reyalize kongrè depatmantal, ki pou<br />
mennen nou nan direksyon kongrè<br />
nasyonal òganizasyon an.”<br />
Ella a rassuré l’assistance que<br />
“batay pou nou rive nan ideyal demokratik<br />
la, jistis sosyal, transparans,<br />
patisipasyon, diyite ak souverènte<br />
nasyonal toujou rete objektif òganizasyon<br />
Fanmi Lavalas. Malgre kou<br />
nou pran sou wout sa a, koudeta,<br />
egzil, militan konsekan nou pèdi sou<br />
wout sa a ; dekourajman ak trayizon<br />
nan mitan nou, ideyal demokratik la<br />
ak angajman militan toujou rete fò<br />
nan mitan nou. E se fòs enèji sa a ki<br />
mennen Titid tounen e se limenm k<br />
ap bay òganizasyon an plas lejitim li<br />
sou sèn politik la nan peyi a... Fanmi<br />
Lavalas mande nou pou n angaje<br />
nou... Wè pa wè, depi genyen eleksyon<br />
lib, onèt, demokratik nan peyi a, nap<br />
ranpòte laviktwa lavalaseman.”<br />
Après son discours, Dr. Narcisse<br />
a répondu aux questions de l’assis-<br />
Le Dr. Maryse Narcisse: “batay pou<br />
nou rive nan ideyal demokratik<br />
la, jistis sosyal, transparans,<br />
patisipasyon, diyite ak souverènte<br />
nasyonal toujou rete objektif<br />
òganizasyon Fanmi Lavalas.”<br />
tance.<br />
A la manière du dernier rassemblement<br />
du parti le 18 décembre <strong>à</strong> St.<br />
Jerome <strong>à</strong> Brooklyn (voir Haïti Liberté,<br />
Vol. 5, No. 23, le 21 décembre 2011),<br />
la soirée s’est déroulée dans une atmosphère<br />
d’amitié, de bonheur, de<br />
militance, avec un peu de désordre.<br />
D’après un communiqué du 17<br />
janvier, le chapitre de New York de<br />
l’organisation Fanmi Lavalas “compte<br />
entreprendre cette année <strong>à</strong> partir du<br />
mois de Mars 2012 plusieurs autres<br />
activités politiques, culturelles, sociales<br />
et communautaires” en rappelant<br />
que “Fanmi Lavalas est une<br />
organisation qui préfère l’inclusion <strong>à</strong><br />
l’exclusion et l’unité <strong>à</strong> la désunion.”<br />
Suite de la page (4)<br />
National, qui aujourd’hui encore<br />
est en état de délabrement quand la<br />
majorité des familles chassées par<br />
le tremblement de terre s’entassent<br />
dans de très mauvaises conditions au<br />
Champ-de-Mars depuis le séisme.<br />
Partout dans ce pays il se pose<br />
un problème d’emploi tout simplement.<br />
Donc, le fait de donner vingt ou<br />
vingt et un mille gourdes <strong>à</strong> des sansabri<br />
qui n’ont pas d’emploi, eh bien,<br />
c’est les pousser <strong>à</strong> se retrouver en un<br />
an plus tard dans la même situation<br />
après avoir payé le loyer pendant<br />
une année. « Il n’y a jamais eu de<br />
résultats concrets l<strong>à</strong> où les ONG interviennent.<br />
Car s’il fallait réellement<br />
apporter des solutions aux problèmes<br />
du peuple haïtien, il arriverait un moment<br />
où nous n’aurions plus besoins<br />
de ces ONG ; or l’objectif c’est de rester<br />
définitivement pour sucer la mamelle<br />
», soulève le coordonnateur de<br />
la CONA SOVIC, Rosemond Jean qui<br />
suggère une conscience nationaliste,<br />
une redéfinition du mode de coopération<br />
avec l’international en vue de<br />
freiner le gaspillage de ces ONG qui<br />
ont longtemps volé la vedette <strong>à</strong> nos<br />
propres institutions dont l’Etat en<br />
particulier. Il est clair que le peu d’effort<br />
consenti par les ONG avec leurs<br />
millions n’avait pas suffi pour qu’il ne<br />
leur en manque aujourd’hui encore<br />
dans les camps des structures sanitaires<br />
et d’approvisionnement en eau<br />
potable et courante en vue de prévenir<br />
l’extension de l’épidémie de Choléra<br />
importée par les casques bleus de<br />
l’ONU 10 mois après le séisme.<br />
Deux ans plus tard, malgré les<br />
tollés soulevés autour de la question<br />
de refondation d’une nouvelle Haïti<br />
et du côté des autorités locales et du<br />
côté des partenaires internationaux<br />
peu après le séisme, il est évident que<br />
rien de vraiment concret n’a encore<br />
été réalisé pour sortir dignement les<br />
gens sous ces tentes sales qui leur<br />
servent d’abris. On a la mauvaise<br />
impression qu’ici en Haïti le concept<br />
provisoire est définitivement employé<br />
pour signifier le long terme, le définitif<br />
tout court.<br />
En tout cas, le tour d’horizon<br />
effectué par les reporters d’Haïti<br />
Liberté regorge de témoignages des<br />
sinistrés, de vraies victimes assoiffées<br />
de justice sociale, de cette liberté que<br />
l’on retrouve lorsqu’on a la chance<br />
de travailler, de la nécessité de pouvoir<br />
bénéficier des services sociaux<br />
de base dont l’éducation, la Santé, la<br />
sécurité alimentaire, l’emploi, bref, le<br />
mieux-être. « N ap viv nan Kan sa<br />
a depi lè tranblemanntè a fin pase<br />
a. Nou te konn jwenn yon ti bagay,<br />
lè nou fenk vini nan kan sa a. Men<br />
depi kèk tan nou pa nan anyen ki<br />
bon ditou. Yo pa voye je gade nou,<br />
nou debouye n jan n kapab pou timoun<br />
yo pa mouri nan men nou ak<br />
grangou. », raconte Rose Carmelle,<br />
jeune femme de 33 ans dans le camp<br />
de Ste-Thérèse <strong>à</strong> Pétion-Ville. « On<br />
n’a plus de courage pour continuer<br />
dans cette misère. Nous manquons<br />
de presque tout ici. Pas assez de<br />
nourriture, pas d’eau traitée pour les<br />
enfants en bas âge, nous sommes<br />
donc livrés <strong>à</strong> nous-mêmes puisqu’il<br />
n’y a pas d’emploi pour qu’on puisse<br />
se prendre en charge. On ne fait que<br />
prier chaque jour pour qu’éclate un<br />
miracle ». ajoute Mariela avec un<br />
air de désespoir. Certains déplacés<br />
s’expriment avec colère et d’autres se<br />
tiennent un peu loin du micro.<br />
Ce 12 janvier 2012 pour marquer<br />
cette date inoubliable, de nombreuses<br />
manifestations ont été organisées<br />
<strong>à</strong> travers le pays pour accueillir<br />
le douloureux 2e anniversaire du<br />
tremblement de terre. Des voix se sont<br />
élevées pour exiger que la lumière soit<br />
faite sur le chemin parcouru par les<br />
fonds décaissés pour la reconstruction<br />
c’est le cas de plus d’une dizaine<br />
d’organisations sociales conduites<br />
par la plateforme sociale « Je nan Je »<br />
sous le leadership d’ONG. Action AID<br />
qui a clairement posé le problème de<br />
logements via des pancartes bondées<br />
de slogans de sensibilisation. Des milliers<br />
de personnes ont pris part <strong>à</strong> cette<br />
mobilisation qui a terminé sa course<br />
au Parlement haïtien où un document<br />
contenant les doléances des couches<br />
vulnérables de la société a été remis<br />
aux représentants de l’Assemblée<br />
Nationale.<br />
Parallèlement la communauté<br />
musulmane d’Haïti a accueilli <strong>à</strong> sa<br />
façon le deuxième anniversaire du<br />
séisme. Dans une ambiance plutôt<br />
recueillie, des frères musulmans se<br />
sont joints aux représentants de la<br />
communauté de l’islam en Haïti pour<br />
rappeler aux Haïtiens la nécessité<br />
de continuer <strong>à</strong> œuvrer au service du<br />
Dieu créateur tout en respectant le<br />
principe devoir de mémoire envers les<br />
disparus.<br />
C’est plutôt triste, voire une<br />
honte nationale ou encore mieux un<br />
affront, une gifle appliquée <strong>à</strong> l’orgueil<br />
des victimes que durant deux longues<br />
années, on n’a pas réussi <strong>à</strong> ériger un<br />
monument historique <strong>à</strong> leur mémoire,<br />
alors que nos voisins Dominicains en<br />
dépit des grognes existants au niveau<br />
de la frontière, ont réussi en si peu de<br />
temps <strong>à</strong> nous doter d’un aussi prestigieux<br />
campus Universitaire dont les<br />
clés ont été remises officiellement au<br />
gouvernement haïtien ce 12 janvier<br />
2012, lors d’une cérémonie inaugurale.<br />
Deux ans après, l’énormité des<br />
dégâts se constate encore dans les<br />
endroits touchés par le séisme en<br />
particulier au centre commercial de<br />
Port-au-Prince. Plus d’un million de<br />
gens sous des tentes pataugeant dans<br />
la boue et la crasse, sans nourriture.<br />
Deux années <strong>à</strong> la belle étoile. On ne<br />
s’en gêne pas, on n’a plus aucun respect<br />
pour l’intimité. Nos jeunes filles<br />
prennent leur bain en pleine rue, sans<br />
aucun scrupule, l’on se bat pour rester<br />
en vie tout en se faisant agresser<br />
sexuellement par les mal intentionnés.<br />
Deux ans plus tard la population<br />
est encore exposée <strong>à</strong> toute sorte de<br />
danger que pourraient provoquer le<br />
vent, le soleil et la pluie.<br />
Considérant tous ses éléments,<br />
sujets de grands débats, on ne peut<br />
pas s’empêcher de se demander : Où<br />
sont passés les fonds alloués au processus<br />
de reconstruction d’Haïti deux<br />
ans après le cataclysme ?<br />
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14<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
12 janvier<br />
Suite de la page (7)<br />
Oui, tous les Haïtiens rêvaient<br />
d’un nouveau pays. Partout dans le<br />
pays, l’on disait que 12 janvier, au lieu<br />
d’être une simple date de commémoration<br />
d’un tremblement de terre dévastateur<br />
sera la date de la victoire de la vie<br />
sur la mort. Le triomphe de la bonté sur<br />
la méchanceté. La force de l’esthétisme<br />
sur la laideur. Bref, la résurrection après<br />
le grand voyage. Malheureusement, le<br />
peuple sera vite déchanté. Abasourdi.<br />
Trompé comme d’habitude par ses élites.<br />
Meurtri une énième fois dans sa chair et<br />
dans son âme par ces oligarques qui<br />
n’ont aucun scrupule <strong>à</strong> le livrer pieds<br />
et poings liés <strong>à</strong> la merci d’une cohorte<br />
d’ONG dont le comportement s’apparente<br />
davantage <strong>à</strong> des mercenaires qu’<strong>à</strong><br />
la Mère Teresa. Les dirigeants haïtiens<br />
d’avant et d’après 12 janvier 2010, par<br />
leur attitude irresponsable vis-<strong>à</strong>-vis du<br />
pays, vont au-del<strong>à</strong> de la déception.<br />
C’est une trahison. Leur comportement<br />
sans orgueil. Sans honte. Sans<br />
prestige. Sans dignité n’est rien d’autre<br />
qu’une catastrophe se transformant en<br />
une honte collective pour les Haïtiens<br />
vis-<strong>à</strong>-vis de la Communauté internationale<br />
et de nos voisins de la Caraïbe.<br />
Soupçonnant les gouvernants haïtiens<br />
d’être des gens sans mémoire, nous<br />
rappelons toujours <strong>à</strong> leur intention que<br />
la cathédrale du Cap-Haïtien fut reconstruite<br />
un siècle après avoir été détruite,<br />
elle aussi, par le terrible tremblement<br />
de terre de 1842. Et nous nous interrogeons<br />
!<br />
Devons nous attendre cent ans<br />
avant de voir relancer sérieusement la<br />
reconstruction proprement dite des édifices<br />
publics et religieux de la capitale<br />
haïtienne ? Or, <strong>à</strong> part les journalistes faisant<br />
leur travail d’historiens de l’histoire<br />
immédiate, curieusement, personne ne<br />
s’étonne que deux ans après le séisme,<br />
le pouvoir public haïtien continue <strong>à</strong> organiser<br />
des colloques et autres séminaires<br />
totalement inutiles en vue de savoir comment<br />
reconstruire Port-au-Prince. Pire,<br />
qui a déj<strong>à</strong> interpellé le gouvernement haïtien<br />
sur la question de la reconstruction<br />
des bâtiments publics devant accueillir<br />
les institutions et autres administrations<br />
de l’Etat, détruites le jour de ce fatal coup<br />
du destin pour le pays ?<br />
L<strong>à</strong> encore, n’étaient-ce les médias<br />
qui soulèvent de temps <strong>à</strong> autre ce sujet,<br />
on aurait pu croire que tout est déj<strong>à</strong><br />
terminé ou du moins, qu’il n’y a rien <strong>à</strong><br />
faire. Pourtant, si avant la catastrophe<br />
l’Etat était relativement mieux installé<br />
dans ses pierres et ses meubles, depuis<br />
deux ans le pouvoir public haïtien s’installe<br />
dans une promiscuité et un misérabilisme<br />
qui font honte au pays. Et ce,<br />
<strong>à</strong> l’image du secteur des affaires haïtien<br />
dont, franchement, le confort et la beauté<br />
des locaux qui les abritent demeurent<br />
le cadet de ses soucis, sans parler du<br />
plaisir qu’il prend <strong>à</strong> mener ses affaires<br />
dans un environnement qui ne fait honneur<br />
ni <strong>à</strong> ces « nantis » selon le journal<br />
Le Monde ni <strong>à</strong> leurs amis. Et pourtant,<br />
les deux secteurs (public et privé) ont les<br />
moyens de leurs puissances respectives.<br />
L’an dernier pour la première commémoration<br />
de la mémoire des disparus du<br />
12 janvier - en passant, victimes de la<br />
négligence de cette caste politique qui<br />
nous gouverne - on flairait déj<strong>à</strong> l’abandon<br />
et le désistement du gouvernement<br />
de l’époque.<br />
Le monument qui était prévu pour<br />
cette occasion n’était point au rendezvous.<br />
Cette année 2012 non plus d’ailleurs.<br />
Pas un seul bâtiment public n’avait<br />
été élevé en guise de message d’espoir et<br />
d’encouragement <strong>à</strong> une population persuadée<br />
que quelque chose doit changer<br />
après une si grande épreuve. Même une<br />
petite place publique au lieu symbolique<br />
où trônait fièrement le siège de la DGI<br />
(Direction Générale des Impôts) n’a pu<br />
être réalisée. Peut-être faute d’argent !<br />
Qui sait.<br />
Mais le pouvoir de l’époque<br />
englué dans ses magouilles électorales,<br />
réclamait des circonstances<br />
atténuantes. Sans vergogne, la<br />
présidence sortante s’enveloppait dans<br />
les linceuls encore mouillés du sang de<br />
nos morts pour cacher son incapacité.<br />
Sa faillite. Son incompétence devant ses<br />
responsabilités. Mais aussi sa mauvaise<br />
foi. Son ignorance devant l’histoire et<br />
son mépris face <strong>à</strong> l’histoire. Rien, absolument<br />
rien, n’avait été fait ni préparé<br />
pour ce premier insoutenable anniversaire.<br />
C’était le prélude de cette honte<br />
qui nous frappe aujourd’hui devant nos<br />
amis étrangers. Le déplacement sur les<br />
lieux des fosses communes <strong>à</strong> Titanyen<br />
ne peut couvrir cette absence de vision<br />
et d’inconscience des dirigeants d’hier.<br />
Ha oui ! Il y avait, ce jour-l<strong>à</strong>, le patron<br />
de la Digicel, Denis O’Brien pour sauver<br />
l’honneur. En un geste fort il a donné<br />
une superbe leçon d’initiative et de volontarisme<br />
au gouvernement haïtien et<br />
au secteur des affaires.<br />
Son entreprise a mis au goût du<br />
jour plus exactement a redonné vie <strong>à</strong><br />
l’historique marché du Président Florvil<br />
Hyppolite (Marché Vallière ou Marché<br />
en Fer). En moins d’une année ce<br />
marché totalement détruit par le séisme<br />
et des incendies successifs était remis<br />
aux autorités haïtiennes et municipales<br />
neuf comme au premier jour en guise de<br />
contribution <strong>à</strong> la reconstruction de Portau-Prince.<br />
Denis O’Brien et la Digicel<br />
avaient tracé l’exemple <strong>à</strong> suivre. Quand<br />
on veut l’on peut. S’éterniser en conférences,<br />
séminaires et de vagues colloques<br />
n’est en fait que de la poudre aux<br />
yeux. Subterfuges pour noyer plus facilement<br />
le poisson. Manœuvre dilatoire<br />
pour laisser passer le temps. Tactiques<br />
politiciennes pour contourner la reconstruction<br />
et dilapider les fonds ramassés.<br />
Enfin, faire du marronnage pour masquer<br />
son incapacité <strong>à</strong> gouverner.<br />
Quoi de plus facile que de trouver<br />
des complices qui se disent experts, tous<br />
payés rubis sur l’ongle, pour monter une<br />
retraite dans un cadre enchanteur afin<br />
de cogiter sur des choses qui ont été<br />
mille fois, dix mille fois répétées. Ecrites.<br />
Analysées. Signées. On nous dit qu’il<br />
faut des milliards sinon plus avant de<br />
commencer la reconstruction d’Haïti et<br />
de sa capitale Port-au-Prince. D’accord.<br />
Mais combien le gouvernement dominicain<br />
sous le leadership de son Président<br />
Leonel Fernández et le secteur des<br />
affaires de ce petit pays ont-ils déboursé<br />
pour livrer en moins de deux ans un<br />
Complexe universitaire digne de ce nom<br />
clé en main <strong>à</strong> Haïti ? Ce montant dans<br />
le cadre d’un Etat est plus que dérisoire.<br />
Cinquante millions de dollars. Mais<br />
s’agissant de la République Dominicaine<br />
c’est énorme. Et ce n’est pas tout. C’est<br />
la valeur symbolique de ce don qui nous<br />
frappe et nous surprend. Une université<br />
de standard international comme il n’y<br />
en a jamais eu dans notre chère Haïti.<br />
Sauf peut-être du temps de l’Académie<br />
Royale Henri Christophe.<br />
C’est dire combien le défi <strong>à</strong> relever<br />
va être difficile pour le pouvoir public<br />
et la société civile haïtienne. Ce « Don<br />
de la République Dominicaine » comme<br />
c’est écrit en lettre capitale <strong>à</strong> l’entrée<br />
du Campus universitaire situé dans la<br />
bourgade de Limonade, même s’il a été<br />
construit en solidarité avec le peuple<br />
haïtien face aux malheurs qui ont frappé<br />
le pays, doit être considéré aussi comme<br />
un « Sceau de la honte » porté <strong>à</strong> notre<br />
visage marqué <strong>à</strong> l’aide du fer chaud<br />
des forgerons au temps des grandes<br />
habitations et/ou de la colonie comme<br />
les maîtres marquèrent leurs esclaves.<br />
Inaugurée un 12 janvier, le jour même<br />
de la deuxième commémoration de la<br />
catastrophe qui a mis <strong>à</strong> nu la faillite de<br />
l’Etat haïtien et de ses élites dirigeants,<br />
cette université, qu’importe le sentiment<br />
de ses donateurs, a un goût amer dans<br />
notre bouche en tant qu’haïtiens descendants<br />
de l’orgueilleux fondateur de<br />
la patrie, Jean-Jacques Dessalines et du<br />
roi bâtisseur, Henri Christophe.<br />
Elle porte en elle toute la douleur<br />
et la souffrance de notre dépendance<br />
envers ce petit pays voisin et la honte<br />
que cette commémoration cumule. Malheureusement,<br />
nous ne pouvons que<br />
souhaiter longue vie <strong>à</strong> cette œuvre de<br />
grandeur et de fierté dominicaine dont<br />
nous connaissons la valeur symbolique<br />
et l’importance pour la jeunesse estudiantine.<br />
Qui sait si cette université n’est<br />
conçue et mise en branle par des gens<br />
pour qui, au fond d’eux-mêmes, notre<br />
chaos politique et la faillite de notre pays<br />
sont leur raison de vivre aujourd’hui.<br />
Cette inauguration en ce 12 janvier est<br />
d’autant plus humiliante pour la communauté<br />
nationale, qu’aucun autre<br />
bâtiment public ou privé entrant dans le<br />
cadre de la reconstruction n’a encore vu<br />
le jour. Pas un ministère. Une université.<br />
Un lycée. Rien.<br />
Le bâtiment devant abriter le<br />
Parlement continue toujours d’être un<br />
projet <strong>à</strong> l’étude. En deux ans cette institution<br />
a déménagé, deux fois mais<br />
reste dans le provisoire. Un vrai gaspillage<br />
de ressources financières, même<br />
si ces fonds en grande partie viennent<br />
de la Communauté internationale.<br />
Encore elle. Le Palais de justice qui<br />
s’est refugié dans un ancien hôtel<br />
au Bicentenaire, attend pour voir.<br />
Sans oublier le Palais présidentiel toujours<br />
<strong>à</strong> genoux dans un décor de film<br />
catastrophe. Le gouvernement haïtien,<br />
comme le reste des habitants de la capitale,<br />
vit dans le provisoire. Alors qu’on<br />
a vu comment, avec seulement 50 millions<br />
de dollars, la Dominicanie nous a<br />
infligé le coup de grâce et ce, en moins<br />
de 24 mois un très superbe cadeau empoisonné.<br />
Espérons seulement que le 12<br />
janvier prochain nous soyons capables<br />
de relever les défis que nous mêmes<br />
croyons impossibles.<br />
C.C<br />
Suite de la page (8)<br />
D’autre part, nous installons des<br />
pépinières pour le reboisement : Haïti<br />
ne dispose que de 2% de couverture forestière<br />
et la déforestation est continue,<br />
car le charbon de bois est une source<br />
alternative de revenus pour l’agriculteur.<br />
Avec un sol plus vulnérable, les<br />
cyclones et les ouragans sont plus dévastateurs<br />
que partout ailleurs dans les<br />
Caraïbes.<br />
Dayana – Une autre action concrète<br />
a été d’envoyer 76 jeunes Haïtiens<br />
au Brésil pour un an, pour vivre<br />
la réalité du paysan brésilien, pour voir<br />
comment nous travaillons et suivre un<br />
cycle de formation <strong>à</strong> l’Ecole Nationale<br />
Florestan Fernandes. La plupart sont<br />
revenus enthousiastes, avec la volonté<br />
d’appliquer ces expériences ici.<br />
Comment le programme de<br />
coopération est-il financé ?<br />
Patrola – Nous sommes une brigade<br />
de militants volontaires soutenus<br />
par des organisations non-gouvernementales.<br />
Des organismes brésiliens<br />
et étrangers apportent des ressources<br />
financières pour le transport, pour<br />
l’essence et la nourriture. Nous avons<br />
aussi une très bonne relation avec<br />
l’ambassade du Brésil, et avec la Force<br />
aérienne qui a transporté les graines<br />
<strong>à</strong> plusieurs reprises jusqu´ici et a appuyé<br />
la logistique pour l’échange avec<br />
la brigade de jeunes Brésiliens qui sont<br />
venus ici.<br />
Mais nous voulons travailler dans<br />
des programmes de production laitière,<br />
dans l’installation de moulins et la distribution<br />
de citernes pour desservir plus<br />
de 75 mille familles et pour cela nous<br />
avons besoin de l´appui du gouvernement<br />
fédéral. Si le Brésil veut coopérer<br />
massivement avec les agriculteurs<br />
haïtiens, il devrait compter avec nous.<br />
Nous avons fait la demande, maintenant<br />
cela dépend d’eux.<br />
Quelles sont les difficultés<br />
principales de la brigade ?<br />
Patrola – Nous avons du mal<br />
<strong>à</strong> nous maintenir <strong>à</strong> cause des frais<br />
d’essence, de nourriture, de santé. Sur<br />
les 40 personnes de différents mouvements<br />
de Via Campesina qui sont venus<br />
<strong>à</strong> Haïti, 36 ont souffert d´infections<br />
gastriques, de paludisme, ou de fièvre<br />
typhoïde parce que nous avons subi<br />
de nombreuses privations. Vous savez<br />
combien il y a de marchés dans la région<br />
où nous travaillons ? Zéro. Nous<br />
comptons sur les foires paysannes, qui<br />
sont un phénomène important ici. L<strong>à</strong><br />
on fait du troc, on achète et on vend<br />
des produits, c´est l<strong>à</strong> où l’économie<br />
bouge.<br />
André – Les agriculteurs de<br />
montagne parcourent 4, 5 heures de<br />
marche pour être dès 8 h. du matin <strong>à</strong><br />
la foire et négocier leurs produits. Ils<br />
transportent tout sur la tête et avec<br />
l´argent de la vente, achètent d´autres<br />
produits pour les ramener chez eux. La<br />
population vit en fonction de ça.<br />
Patrola – Si j’étais photographe<br />
je voudrais faire des images de ces<br />
foires.<br />
Dayana – C´est de vous qu´on<br />
devrait prendre des photos...<br />
(À ce moment, le photographe<br />
d’Opéra Mundi raconte qu’il est allé <strong>à</strong><br />
une foire <strong>à</strong> Port au Prince vêtu d’un gilet<br />
pare-balles et d´un casque. La pièce<br />
résonne de rires.)<br />
Comment évaluez-vous la présence<br />
des troupes de l´ONU et la sécurité<br />
dans le pays ?<br />
Patrola – Je fais miennes les<br />
paroles de l’ex-Ambassadeur Igor Kipman<br />
: Haïti a besoin de marcher sur<br />
ses propres pieds, a besoin d´être autonome.<br />
Cela n´a aucun sens de dépenser<br />
800 millions de dollars par an pour des<br />
activités militaires. Peut-être que cela<br />
était nécessaire de 2004 <strong>à</strong> 2006 quand<br />
le pays vivait une instabilité politique,<br />
mais aujourd’hui c´est de l´argent gaspillé.<br />
L’image de Haïti, pays violent, en<br />
guerre civile, oú on ne peut pas marcher<br />
seul dans la rues, est un mensonge. Il<br />
y a des gens qui sont convaincus que<br />
c´est vrai, y compris nos collègues brésiliens.<br />
C’est une construction négative,<br />
un préjugé. En trois ans de vie<br />
sur place, je ne me suis jamais senti en<br />
insécurité.<br />
Dayana – Il y a beaucoup d’intérêts<br />
économiques derrière la construction<br />
de l’image négative des Haïtiens<br />
comme des gens qui n’aiment pas travailler,<br />
qui sont désorganisés : il faut<br />
donc leur apporter la paix et la civilisation...<br />
C´est vrai qu´il y a un manque<br />
d´organisation et beaucoup de besoins,<br />
mais nous ne pouvons passer sous<br />
silence combien ce pays est exploité.<br />
Les haïtiens ne jouent pas aux dés<br />
dans l’attente qu’une aide humanitaire<br />
débarque. Les gens travaillent et<br />
travaillent très dur, mais ils sont surexploités,<br />
et c´est la cause des difficultés<br />
du pays.<br />
*Envoyée spéciale <strong>à</strong> Port-au-<br />
Prince de Opera Mundi<br />
MST 13 de janeiro de 2012<br />
Traduit du portugais par :<br />
Thierry Deronne<br />
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En direct avec Bénédict Gilot depuis Haïti.<br />
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Radyo Inite.<br />
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 15
Attaque ciblée contre un<br />
ancien militaire<br />
Suite de la page (13)<br />
Le cadavre de l’ex-militaire, Présent Rock<br />
pas donné le moindre signe, mercredi,<br />
qu’elle céderait aux pressions des<br />
États-Unis pour qu’elle réduise ses<br />
achats de pétrole iranien et elle a considéré<br />
comme excessives les sanctions de<br />
Washington contre Téhéran. »<br />
On reste abasourdi de voir avec<br />
quelle tranquillité les États-Unis et l’Europe<br />
censément civilisés orchestrent<br />
une campagne assortie de méthodes<br />
systématiquement terroristes. Pour<br />
s’en convaincre, il suffit de la nouvelle<br />
fournie par une autre agence de presse<br />
européenne : « L’assassinat, ce mercredi,<br />
d’un responsable de la centrale<br />
nucléaire de Natanz, au centre de l’Iran,<br />
a été précédé de trois autres depuis janvier<br />
2010. »<br />
Le 12 janvier de cette année-l<strong>à</strong>,<br />
« un physicien nucléaire de renommée<br />
internationale, Massoud Ali-Mohammad,<br />
professeur <strong>à</strong> l’Université de Téhéran,<br />
qui travaillait pour les Gardiens de<br />
la révolution, est mort dans l’explosion<br />
d’une moto piégée devant son domicile<br />
de la capitale. »<br />
« 29 novembre 2010 : Majid<br />
Shahriari, fondateur de la Société<br />
nucléaire iranienne, «chargé d’un<br />
des grands projets de l’Organisation<br />
iranienne de l’énergie atomique» […] a<br />
été tué <strong>à</strong> Téhéran par l’explosion d’une<br />
bombe magnétique fixée <strong>à</strong> sa voiture.<br />
« Ce même jour, un autre physicien<br />
nucléaire, Feyerdoun Abbasi<br />
Davani, a fait l’objet d’un attentat<br />
dans des conditions identiques quand<br />
il garait sa voiture devant l’Université<br />
Shahid Beheshti de Téhéran, où tous<br />
deux étaient professeurs. » Il n’a été<br />
que blessé.<br />
« 23 juillet 2011 : le scientifique<br />
Dariush Rezainejad, qui travaillait <strong>à</strong> des<br />
projets du ministère de la Défense, a été<br />
abattu <strong>à</strong> coups de feu par des inconnus<br />
qui roulaient en moto <strong>à</strong> Téhéran.<br />
« 11 janvier 2012 – soit le jour<br />
même où Ahmadineyad voyageait<br />
entre le Nicaragua et Cuba pour donner<br />
sa conférence <strong>à</strong> l’Université de La<br />
Havane – le scientifique Moustapha<br />
Ahmadi Roshan, qui travaillait <strong>à</strong> la<br />
centrale de Natanz où il était le vicedirecteur<br />
pour les affaires commerciales,<br />
est mort dans l’explosion d’une bombe<br />
magnétique posée sur sa voiture, près<br />
de l’Université Allameh Tabatabai, <strong>à</strong><br />
l’est de Téhéran… L’Iran en a accusé<br />
de nouveau les États-Unis et Israël »,<br />
comme pour les cas précédents.<br />
Il s’agit l<strong>à</strong> de l’assassinat sélectif,<br />
mais systématique, de brillants scientifiques<br />
iraniens. J’ai lu des articles<br />
de sympathisants notoires d’Israël qui<br />
considèrent ces crimes perpétrés par ses<br />
services secrets en collaboration avec<br />
ceux des États-Unis et de l’OTAN comme<br />
quelque chose de tout <strong>à</strong> fait normal.<br />
Des agences informent depuis<br />
Moscou :<br />
« La Russie a alerté aujourd’hui<br />
Présent Rock, un ancien militaire,<br />
membre de la Coordination Nationale<br />
des militaires démobilisés<br />
des ex-Forces armées d’Haïti (CON-<br />
AMIDH) a été tué <strong>à</strong> l’angle des rues<br />
des Miracles et Docteur Aubry, le<br />
vendredi 13 janvier 2012 au centre<br />
de la capitale d’Haïti. Il était environ<br />
midi ce jour-l<strong>à</strong>, lorsque 6 individus<br />
armés ont attaqué la victime.<br />
Présent Rock, qui était en possession<br />
d’un révolver de calibre 38 a<br />
essayé de se défendre, mais le temps<br />
de recharger son arme, il était criblé<br />
de balles et son arme emportée par<br />
les agresseurs, selon des témoins.<br />
Sa carte de membre des ex-Forces<br />
armées d’Haïti était dans sa bourse.<br />
Le porte-parole de la Police Nationale<br />
d’Haïti (PNH), Gary Desrosiers<br />
a confirmé l’assassinat de l’ex-militaire,<br />
Présent Rock.<br />
Suite de la page (17)<br />
signé par des milliers d’historiens chiliens<br />
et étrangers.<br />
Nous autres historiens savons<br />
que les concepts sont des outils essentiels<br />
pour la constitution de la réalité<br />
sociale. Car de tels concepts contribuent<br />
<strong>à</strong> produire les signifiés de cette réalité<br />
matérielle qu’on aspire <strong>à</strong> non seulement<br />
nommer, mais aussi <strong>à</strong> transformer.<br />
Dans cette optique, la conceptualisation<br />
est un processus éminemment<br />
politique, et le débat sur l’utilisation de<br />
tel ou tel concept revêt une importance<br />
capitale pour définir le passé et l’avenir.<br />
Dès lors, remplacer le concept<br />
de dictature par celui de régime militaire<br />
revient <strong>à</strong> changer le champ de<br />
l’expérience nominale, et, partant, les<br />
horizons d’attentes des acteurs sociaux.<br />
Le ministre [de l’Education] Beyer trahit<br />
ses intentions lorsqu’il affirme que<br />
régime/gouvernement militaire est un<br />
concept plus général que celui de dictature,<br />
et que donc son emploi est justifié,<br />
même s’il déclare ensuite qu’il croit<br />
que ce régime a été “effectivement dictatorial”.<br />
Ce n’est pas un problème de<br />
généralité ou d’objectivité, car l’histoire<br />
n’est pas objective, mais sujette <strong>à</strong> interprétation,<br />
ouverte au débat et par conséquent<br />
politiquement construite.<br />
Quand le Chili est revenu <strong>à</strong><br />
la démocratie, ce débat a eu tôt fait<br />
d’agiter le monde de l’enseignement.<br />
Il a fallu plusieurs années pour qu’on<br />
qu’un scénario similaire <strong>à</strong> celui de la<br />
Libye était en train de mûrir en Syrie,<br />
mais que l’attaque partirait cette fois-ci<br />
de la voisine Turquie.<br />
« Nikolaï Patrouchev, secrétaire<br />
du Conseil de sécurité russe, a affirmé<br />
que l’Occident voulait «punir Damas<br />
non pas tant <strong>à</strong> cause de la répression<br />
contre l’opposition, mais de son refus<br />
de rompre son alliance avec Téhéran».<br />
« …<strong>à</strong> son avis, un scénario libyen<br />
est en train de mûrir, mais les attaques<br />
ne viendront pas en l’occurrence de<br />
France, de Grande-Bretagne et d’Italie,<br />
mais de Turquie.<br />
« Il s’est même risqué <strong>à</strong> affirmer<br />
: «Il se peut que Washington et<br />
Ankara soient déj<strong>à</strong> en train de définir<br />
différentes options de zones d’exclusion<br />
aérienne, où des armées de rebelles<br />
syriens pourraient être entraînées et<br />
concentrées». »<br />
Les nouvelles proviennent non<br />
seulement d’Iran et du Moyen-Orient,<br />
mais aussi d’autres points d’Asie centrale<br />
proche de cette région. Ce qui<br />
nous permet d’apprécier la complexité<br />
des problèmes découlant de cette zone<br />
dangereuse.<br />
Les États-Unis ont été entraînés<br />
par leur politique impériale contradictoire<br />
et absurde dans de sérieux problèmes<br />
dans des pays comme le Pakistan,<br />
dont les frontières avec celles d’un<br />
autre État important, l’Afghanistan, ont<br />
été délimitées par les colonialistes sans<br />
tenir compte des cultures ni des ethnies.<br />
Dans ce dernier pays qui a défendu<br />
des siècles durant son indépendance<br />
face au colonialisme anglais, la<br />
production de drogues s’est multipliée<br />
depuis l’invasion yankee, tandis que<br />
les soldats européens appuyés par des<br />
drones et l’armement perfectionné des<br />
États-Unis commettent des massacres<br />
ignominieux qui augmentent la haine<br />
de la population et éloignent les possibilités<br />
de paix. C’est bien ça, et d’autres<br />
horreurs, que reflètent les dépêches des<br />
agences de presse occidentales :<br />
« WASHINGTON, 12 janvier<br />
2012. Le secrétaire d’État <strong>à</strong> la Défense,<br />
Leon Panetta, a taxé ce jeudi d’ «absolument<br />
déplorable» le comportement de<br />
quatre hommes présentés comme des<br />
marines étasuniens en train de pisser<br />
sur des cadavres, selon une vidéo circulant<br />
sur Internet.<br />
« «J’ai vu les images et je<br />
trouve ce comportement absolument<br />
déplorable».<br />
« «Ce comportement est<br />
absolument inapproprié de la part de<br />
membres de l’armée étasunienne et ne<br />
traduit en aucun cas les critères et les<br />
valeurs que nos forces armées jurent de<br />
respecter».<br />
En fait, le secrétaire <strong>à</strong> la Défense<br />
ne confirme ni n’infirme ces faits. Chacun<br />
donc peut en douter, et lui le premier<br />
peut-être.<br />
En tout cas, il est extrêmement<br />
inhumain que des hommes, des femmes<br />
et des enfants, ou un combattant afghan<br />
qui se bat contre l’occupation<br />
étrangère, soient assassinés sous les<br />
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puisse dire publiquement qu’entre<br />
1973 et 1990 le Chili avait connu une<br />
dictature militaire. Cette appellation a<br />
fait l’objet d’âpres discussions, et cette<br />
même droite qui gouverne aujourd’hui<br />
le pays a systématiquement refusé<br />
qu’on introduise le terme de dictature<br />
dans les programmes d’études et les<br />
manuels scolaires. Résultat, les propos<br />
du ministre non seulement ne convainquent<br />
pas nos concitoyens, mais encore<br />
dissimulent ce que tout processus<br />
de conceptualisation implique : imposer<br />
politiquement une nouvelle vision du<br />
passé, où les atrocités commises pendant<br />
17 ans contre des Chiliens seront<br />
occultées par un concept comme celui<br />
de régime/gouvernement militaire. La<br />
droite qui dirige aujourd’hui le pays<br />
veut qu’on interprète le passé dans ce<br />
sens, et même si une telle position est<br />
licite en démocratie, car elle s’inscrit<br />
dans le contexte plus large de la lutte<br />
pour le pouvoir, il serait important et<br />
éthiquement souhaitable que ce gouvernement<br />
le reconnaisse.<br />
El Mostrador 6 Janvier 2012<br />
Courrier International 12 Janvier<br />
2012<br />
NDLR. * Cristina Moyano. Docteure<br />
en , spécialiste de l’histoire du Chili.<br />
Professeure au Département d’Histoire<br />
de la Faculté des Sciences Humaines de<br />
l’Université de Santiago du Chili.<br />
bombes d’avions sans pilote. Pis encore<br />
: des dizaines de soldats et officiers<br />
pakistanais qui surveillent les frontières<br />
du pays ont été déchiquetées par ces<br />
bombes.<br />
Le président afghan lui-même,<br />
Karzai, a affirmé qu’outrager des cadavres<br />
était « «tout simplement inhumain»<br />
et il a demandé <strong>à</strong> l’administration<br />
étasunienne d’ «infliger la peine la plus<br />
sévère <strong>à</strong> quiconque serait condamné<br />
pour ce crime». »<br />
Des porte-parole des Talibans ont<br />
déclaré : « Des centaines d’actes semblables<br />
ont été commis ces dix dernières<br />
années sans qu’on les révèle. »<br />
On en arrive presque <strong>à</strong> prendre<br />
en pitié ces soldats, séparés de leurs<br />
familles et de leurs amis, envoyés <strong>à</strong><br />
des milliers de kilomètres de leur patrie<br />
pour lutter dans des pays dont ils<br />
n’ont peut-être jamais entendu parler <strong>à</strong><br />
l’école et où on leur confie la mission<br />
de tuer ou de mourir afin d’enrichir<br />
des sociétés transnationales, des fabricants<br />
d’armes et des politicards sans<br />
scrupules qui dilapident chaque année<br />
les fonds dont on aurait besoin pour<br />
alimenter et éduquer les innombrables<br />
millions d’affamés et d’analphabètes<br />
dans le monde.<br />
Nombre de ces soldats, victimes<br />
de leurs traumatismes, finissent par<br />
s’ôter la vie.<br />
Est-ce que j’exagère quand je dis<br />
que la paix mondiale tient <strong>à</strong> un fil ?<br />
Fidel Castro Ruz<br />
12 janvier 2012<br />
Traduction J-F Bonaldi, la Havane<br />
Suite de la page (12)<br />
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des négociations pour mettre fin pacifiquement<br />
<strong>à</strong> l’apartheid et pour un<br />
transfert formel du pouvoir, dans le<br />
but de réprimer l’opposition révolutionnaire<br />
et de préserver leur richesse<br />
et leur propriété. Mandela et l’ANC ont<br />
accepté.<br />
En 1935, dans une lettre <strong>à</strong><br />
ses partisans d’Afrique du Sud,<br />
Léon Trotsky a mis en garde de «<br />
l’incapacité du Congrès [ANC] de réaliser<br />
ses propres revendications <strong>à</strong><br />
cause de sa politique superficielle et<br />
conciliatoire ».<br />
Cet avertissement était prescient.<br />
La trajectoire de l’ANC, comme<br />
celle de tous les autres mouvements<br />
nationalistes bourgeois et de libération<br />
nationale en Asie, en Afrique,<br />
en Amérique latine et au Moyen-<br />
Orient – du Congrès national indien<br />
<strong>à</strong> l’Organisation de libération de la<br />
Palestine, en passant par les sandinistes<br />
– a justifié la perspective fondamentale<br />
avancée par Trotsky dans sa<br />
théorie de la révolution permanente.<br />
La perspective de Trotsky a<br />
établi que la bourgeoisie dans les<br />
pays opprimés, liée <strong>à</strong> l’impérialisme<br />
et craignant la classe ouvrière, est organiquement<br />
incapable de mener une<br />
lutte pour la démocratie et pour mettre<br />
un terme <strong>à</strong> la domination impérialiste.<br />
Ces tâches ne peuvent être réalisées<br />
que par la classe ouvrière, <strong>à</strong> la tête des<br />
masses opprimées, prenant le pouvoir<br />
entre ses mains et luttant pour la<br />
révolution socialiste dans le cadre de<br />
la lutte de la classe ouvrière internationale<br />
pour mettre fin au capitalisme<br />
<strong>à</strong> l’échelle mondiale.<br />
La célébration du centième anniversaire<br />
du CNA s’est tenue alors<br />
qu’il y a des indications croissantes<br />
d’une résurgence de la lutte de classe<br />
en Afrique du Sud, entraînée par la<br />
crise du capitalisme mondial. Les<br />
travailleurs sud-africains entreront<br />
inévitablement en conflit avec le gouvernement<br />
de l’ANC puis avec les<br />
capitalistes multimillionnaires et les<br />
banques et sociétés transnationales<br />
qu’il représente. Ce qui est nécessaire<br />
est une nouvelle direction dans<br />
la classe ouvrière fondée sur une perspective<br />
internationaliste et socialiste<br />
dans le but de mener la lutte pour une<br />
véritable démocratie, l’égalité et le socialisme.<br />
Cela signifie la construction<br />
d’une section sud-africaine du Comité<br />
international de la Quatrième Internationale.<br />
Wsws 11 janvier 2012<br />
NDLR. Le coefficient de Gini est une<br />
mesure du degré d’inégalité de la distribution<br />
des revenus dans une société<br />
donnée, développée par le statisticien<br />
italien Corrado Gini. Le coefficient de<br />
Gini est un nombre variant de 0 <strong>à</strong> 1,<br />
où 0 signifie l’égalité parfaite (tout le<br />
monde a le même revenu) et 1 signifie<br />
l’inégalité totale (une personne a tout<br />
le revenu, les autres n’ont rien, cas<br />
extrême du maître et de ses esclaves).<br />
1234567890<br />
mc m+ m- mr<br />
С + - / x<br />
7<br />
4 5<br />
1 2<br />
0<br />
8<br />
9<br />
6<br />
3<br />
-<br />
+<br />
=<br />
16<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
A Travers le monde<br />
Pourquoi la tournée d’Ahmadinejad en Amérique Latine<br />
énerve tant Washington ?<br />
Daniel Ortega, Chavez et Mahmoud Ahmadinejad<br />
L’alliance des pays latino-américains<br />
et de Téhéran ne menace pas<br />
la sécurité des Etats-Unis, assure<br />
le quotidien mexicain de gauche la<br />
Jornada. Si la tournée latino-américaine<br />
du président iranien Mahmoud<br />
Ahmadinejad (du 8 au 13<br />
janvier) dérange, c’est parce que<br />
ces Etats expriment leur indépendance<br />
vis-<strong>à</strong>-vis de l’impérialisme<br />
américain.<br />
En accueillant le président iranien<br />
Mahmoud Ahmadinejad,<br />
le Venezuela, le Nicaragua, Cuba et<br />
l’Equateur ignorent superbement la<br />
mise en garde des Etats-Unis qui<br />
Paul J. Jourdan<br />
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Correa et Ahmadinejad<br />
avaient déclaré le 6 janvier, via la<br />
porte-parole du Département d’Etat,<br />
Victoria Nuland, que les pays de<br />
la région devraient «s’abstenir de<br />
resserrer leurs liens» avec la République<br />
islamique. L’hostilité de la<br />
Maison Blanche et de ses alliés régionaux<br />
- en particulier la Colombie<br />
et le Mexique - envers Téhéran n’est<br />
cependant pas liée <strong>à</strong> la question des<br />
droits de l’homme, dont la situation<br />
est aussi critiquable en Iran qu’aux<br />
Etats-Unis, en Colombie ou au Mexique.<br />
Apparemment, elle ne se fonde<br />
pas non plus sur les affirmations<br />
selon lesquelles ce pays soutiendrait<br />
des actions terroristes.<br />
Hugo Chavez et le président iranien Mahmoud Ahmadinejad<br />
Non, la vraie raison n’est autre<br />
que la détermination de la République<br />
islamique <strong>à</strong> exercer son indépendance<br />
dans tous les domaines,<br />
notamment le développement de<br />
technologie nucléaire pouvant<br />
avoir des applications militaires.<br />
Même si l’Iran avait effectivement<br />
l’intention de se doter de l’arme atomique,<br />
comme on l’en accuse, une<br />
telle attitude, quoique lamentable<br />
et alarmante du point de vue de la<br />
prolifération nucléaire, serait la conséquence<br />
naturelle de l’ingérence<br />
militaire américaine au Moyen-Orient<br />
et de la complaisance vis-<strong>à</strong>-vis<br />
d’Israël, que les Occidentaux ont<br />
laissé se doter d’un arsenal nucléaire,<br />
sans que personne aux Etats-<br />
Mahmoud Ahmadinejad et Evo Morales<br />
Unis ni en Europe ne fasse rien pour<br />
l’en empêcher.<br />
Par ailleurs, le rapprochement<br />
entre l’Iran et plusieurs Etats latinoaméricains<br />
progressistes, s’avère<br />
logique et positif. C’est particulièrement<br />
vrai en ce qui concerne le Venezuela,<br />
compte tenu des similitudes<br />
évidentes entre les deux pays. L’un<br />
et l’autre sont exportateurs de pétrole,<br />
déterminés <strong>à</strong> promouvoir leurs<br />
propres technologies, et surtout harcelés<br />
par une puissance impériale<br />
qui ne se résigne pas <strong>à</strong> la perte historique<br />
de deux Etats sur lesquels,<br />
d’une manière ou d’une autre, elle<br />
exerçait sa mainmise politique.<br />
Jusqu’<strong>à</strong> présent, les Etats-Unis et<br />
leurs alliés continentaux ont agité<br />
en vain l’épouvantail d’un «axe<br />
du mal» entre Téhéran et Caracas,<br />
censé promouvoir le terrorisme dans<br />
la région et <strong>à</strong> terme déstabiliser les<br />
Etats-Unis.<br />
Pourtant, il est clair que les<br />
républiques islamique et bolivarienne<br />
ont pour seul objectif de passer<br />
des accords de coopération dans le<br />
domaine pétrolier, technologique et<br />
militaire. Ce qui est tout <strong>à</strong> fait légitime.<br />
On pourrait en dire autant des<br />
relations de l’Iran avec Cuba, le Nicaragua<br />
et l’Equateur. Il s’agit de<br />
liens de collaboration entre Etats<br />
souverains, qui ne nuisent en rien <strong>à</strong><br />
la sécurité de Washington. Le malaise<br />
de la superpuissance, face <strong>à</strong><br />
la visite d’Ahmadinejad sur le continent<br />
américain, s’explique donc<br />
par une double rupture régionale<br />
: celle survenue dans le Golfe persique<br />
après la révolution islamique<br />
de 1979, et celle qu’a connue<br />
l’Amérique latine avec l’Argentine<br />
des Kirchner [Néstor et Cristina], le<br />
Brésil de Lula et de Dilma Rousseff,<br />
la Bolivie d’Evo Morales, l’Equateur<br />
de Rafael Correa, le Venezuela<br />
d’Hugo Chávez. Ces gouvernements<br />
ont décidé de mettre résolument en<br />
pratique le principe de souveraineté<br />
et ont entrepris un réalignement<br />
régional sans précédent, qui vise <strong>à</strong><br />
l’intégration latino-américaine et au<br />
dépassement de la misère et des inégalités<br />
sociales.<br />
LA JORNADA 10 janvier 2012<br />
Courrier International 11 janvier 2012<br />
Effacer la dictature des livres d'histoire, c'est grave<br />
La décision du ministère de<br />
l’Education de remplacer le mot<br />
dictature par celui “régime militaire”<br />
dans les manuels scolaires a<br />
suscité une levée de boucliers. Un<br />
débat qui n’est pas innocent, affirme<br />
cette historienne : changer les<br />
mots, c’est transformer la réalité.<br />
Cristina Moyano *<br />
Le programme scolaire officiel approuvé<br />
par le Conseil national de<br />
l’Education, le 9 décembre dernier,<br />
marque une rupture conceptuelle<br />
importante concernant l’histoire récente<br />
de notre pays : <strong>à</strong> la page 31<br />
du programme d’histoire, le terme<br />
de “dictature militaire” a en effet été<br />
remplacé par “gouvernement militaire”.<br />
Pour certains, ce changement<br />
conceptuel est infime et ne modifie en<br />
rien la réalité de ce qui “s’est réellement<br />
passé” au Chili pendant 17 ans.<br />
La majorité des Chiliens savent que les<br />
militaires ont gouverné de manière autoritaire,<br />
qu’ils ont été portés au pouvoir<br />
par un coup d’Etat et renversés par<br />
Page d'un manuel scolaire chilien consacrée au coup d'Etat d'Augusto<br />
Pinochet du 11 septembre 1973<br />
un gouvernement démocratiquement<br />
élu, qu’ils n’avaient pas le moindre<br />
respect pour les droits de l’homme et<br />
qu’ils ont transformé radicalement les<br />
fondements matériels et subjectifs de<br />
notre nation. Pour d’autres, le concept<br />
n’a pas vraiment d’importance si<br />
nous sommes capables de débattre en<br />
public de notre histoire et si la télévision<br />
aborde ouvertement les atteintes<br />
aux droits de l’homme avec des séries<br />
comme “Les archives du Cardinal” ou<br />
la dernière saison de “Les années 80”.<br />
En tant qu’historienne, je<br />
m’insurge contre ces affirmations,<br />
parce que le débat sur notre passé reste<br />
ouvert et que les changements conceptuels<br />
ne sont ni innocents ni anodins.<br />
Ces changements cachent une intention<br />
politique et idéologique évidente<br />
et c’est pourquoi il est important de la<br />
rendre visible au plus grand nombre.<br />
N’oublions pas que c’est ce passé qu’on<br />
va enseigner aux enfants de notre pays.<br />
En janvier 1999, un groupe<br />
d’historiens dirigé par Gabriel Salazar,<br />
Julio Pinto, Mario Gracés, Sergio Grez<br />
et María Angélica Illanes ont endossé<br />
la lourde charge de débattre ouvertement<br />
de la dénomination et de la<br />
représentation de notre passé récent,<br />
s’opposant ainsi <strong>à</strong> l’historien de droite<br />
Gonzalo Vial et <strong>à</strong> son histoire du “régime<br />
militaire” expurgée des atrocités<br />
commises pendant ces 17 années, vue<br />
selon une perspective où le coup d’Etat<br />
est conçu comme la planche de salut<br />
d’institutions politiques démocratiques<br />
en phase terminale. De ce travail est<br />
né le célèbre “Manifeste des Historiens”<br />
Suite <strong>à</strong> la page (16)<br />
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 17
Racisme, guerre<br />
secrète, assassinat et<br />
torture au programme<br />
de la politique<br />
étrangère des<br />
candidats républicains<br />
Les sept candidats en lice pour l’investiture républicaine se livrent <strong>à</strong> une<br />
surenchère néoconservatrice en matière de politique internationale<br />
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l’approche de l’ouverture des<br />
À primaires, les sept candidats en<br />
lice pour l’investiture républicaine<br />
se livrent <strong>à</strong> une surenchère<br />
néoconservatrice en matière de<br />
politique internationale. État des<br />
lieux. Mitt Romney, numéro deux<br />
selon les sondages et considéré<br />
comme l’un des plus modérés des<br />
candidats, a appelé <strong>à</strong> « passer aux<br />
actions secrètes <strong>à</strong> l’intérieur de la<br />
Syrie pour obtenir un changement<br />
de régime ».<br />
Rick Santorum, ancien sénateur<br />
de Pensylvanie, a estimé que<br />
la récente explosion d’un dépôt de<br />
missiles iranien était l’œuvre de<br />
Washington et averti qu’il poursuivrait<br />
dans cette voie s’il s’installe<br />
<strong>à</strong> la Maison-Blanche, avant<br />
de plaider pour des assassinats<br />
ciblés : « Tout savant étranger<br />
travaillant en Iran pour le programme<br />
nucléaire sera considéré<br />
comme un combattant ennemi<br />
et sera promis, (...) tout comme<br />
Oussama ben Laden, <strong>à</strong> l’élimination.<br />
Des savants ont été retrouvés<br />
morts en Russie et en Iran. Il y a<br />
eu des virus informatiques. Il y a<br />
des problèmes dans ces installations.<br />
J’espère que les États-Unis<br />
sont impliqués », a-t-il dit.<br />
L’égérie du Tea Party, Michele<br />
Bachman, a quant <strong>à</strong> elle jugé<br />
que la pratique de la simulation de<br />
noyade devait être reprise. Le président<br />
Obama avait mis fin <strong>à</strong> cette<br />
forme de torture <strong>à</strong> son arrivée au<br />
pouvoir début 2009.<br />
Le gouverneur du Texas Rick<br />
Perry a déclaré devant la Republican<br />
Jewish Coalition que « toutes<br />
nos lois émanaient de la Torah<br />
» et a estimé que les États-Unis<br />
devraient aider Israël <strong>à</strong> attaquer<br />
l’Iran.<br />
La palme de la rhétorique<br />
néoconservatrice revient sans<br />
conteste <strong>à</strong> l’actuel favori des sondages,<br />
Newt Gingrich. Ce dernier<br />
a confirmé ses positions après ses<br />
commentaires controversés sur les<br />
Palestiniens, qualifiant ce peuple «<br />
inventé » de « terroriste » lors d’un<br />
débat <strong>à</strong> Des Moines.<br />
Il a promis de financer « tous<br />
les groupes dissidents en Iran » et<br />
de saboter la plus grande raffinerie<br />
du pays. Il a aussi reproché au<br />
département d’État actuel de « procéder<br />
au désarmement moral de la<br />
tradition judéo-chrétienne » tout<br />
en promettant la nomination du<br />
néo-conservateur John Bolton <strong>à</strong> sa<br />
tête, <strong>à</strong> la place de Hilary Clinton.<br />
L’ancien président de la<br />
Chambre des représentants déclare<br />
que s’il devenait président des<br />
États-Unis, il envisagerait d’être<br />
très proche, « de plusieurs façons<br />
», de Benyamin Nétanyahou, l’actuel<br />
Premier ministre israélien. «<br />
Bibi est un dur <strong>à</strong> cuire. Il place la<br />
sécurité d’Israël en premier », ditil.<br />
Enfin, M. Gingrich veut demander<br />
au Congrès de redonner<br />
leur « liberté » aux services de renseignement<br />
étasuniens, suggérant<br />
ainsi de revenir sur l’interdiction<br />
actuelle d’assassiner les dirigeants<br />
en exercice des États qui s’opposent<br />
<strong>à</strong> la politique impériale.<br />
Au-del<strong>à</strong> de l’habituelle rhétorique<br />
sioniste et anti-iranienne<br />
qui vise <strong>à</strong> s’attirer les faveurs du<br />
puissant lobby pro-israélien, ce<br />
qui ressort de ces déclarations c’est<br />
que désormais les candidats <strong>à</strong> la<br />
Maison-Blanche assument ouvertement<br />
la dimension criminelle de<br />
la politique étrangère des Étatsunis<br />
d’Amérique.<br />
Réseau Voltaire 10 janvier 2012<br />
Costa Concordia : naufrage<br />
du dumping social<br />
L’échouage du paquebot de luxe aux<br />
abords de l’île de Toscane du Giglio<br />
a fait, selon un bilan provisoire, 11<br />
morts et 24 disparus. Les témoins<br />
pointent les conditions chaotiques<br />
de l’évacuation et un équipage mal<br />
préparé.<br />
Par Laurent Mouloud<br />
Haro sur le capitaine ! Trois jours<br />
après le naufrage du Costa Concordia<br />
aux abords de l’île toscane du<br />
Giglio, qui a fait, selon un bilan provisoire,<br />
six morts et seize disparus, la<br />
polémique se focalise sur les responsabilités<br />
de Francesco Schettino, qui<br />
dirigeait ce gigantesque navire avec<br />
4 299 personnes <strong>à</strong> son bord. Accusé<br />
d’« homicides multiples » et « abandon<br />
du navire », le commandant de<br />
bord se trouve en détention depuis<br />
samedi.<br />
Le propriétaire déplore une<br />
« erreur humaine »<br />
Selon des témoins cités par le journal<br />
Corriere della Sera, son rôle serait central<br />
dans l’accident. Francesco Schettino<br />
aurait voulu « faire plaisir » au<br />
responsable des serveurs, originaire<br />
de l’île du Giglio, en passant près de<br />
ses côtes pour le récompenser d’avoir<br />
renoncé <strong>à</strong> une semaine de congés. Au<br />
cours de cette parade, le navire aurait<br />
percuté un rocher avant de se coucher<br />
sur le flan <strong>à</strong> 90 degrés. L’attitude du<br />
commandant durant le sauvetage est<br />
également pointée du doigt. Des témoins<br />
assurent l’avoir vu quitter le<br />
navire cinq heures avant l’évacuation<br />
des derniers rescapés.<br />
Le patron de Costa Crociere, société<br />
propriétaire du paquebot et leader<br />
européen des croisières, a déploré hier<br />
une « erreur humaine », assurant que<br />
la trajectoire prise par le navire était<br />
une initiative personnelle « contraire<br />
aux règles écrites, certifiées » par la<br />
compagnie. Il ne s’est pas épanché,<br />
en revanche, sur les nombreux témoignages<br />
qui dénoncent une évacuation<br />
chaotique, avec des chaloupes et<br />
des gilets de sauvetage en nombre insuffisant,<br />
et un équipage visiblement<br />
mal préparé <strong>à</strong> ce genre de situation.<br />
Le naufrage du Costa Concordia aux abords de l’île toscane du Giglio<br />
Contrairement aux règles en vigueur,<br />
aucune réunion d’information pour<br />
donner les consignes en cas d’accident<br />
n’aurait eu lieu en début de croisière.<br />
De fait, derrière le luxe affiché<br />
de ces mastodontes des mers, les<br />
compagnies maritimes se livrent <strong>à</strong> une<br />
course au dumping social qui n’est<br />
pas sans répercussion sur la sécurité.<br />
Les membres d’équipage du Costa<br />
Concordia étaient aussi d’une vingtaine<br />
de nationalités différentes dont<br />
environ 300 Philippins, 200 Indiens,<br />
170 Indonésiens… « À l’évidence, il<br />
s’agit l<strong>à</strong> d’un équipage low cost, mal<br />
payé et mal formé, dénonce Michel Le<br />
Cavorzin, secrétaire général du syndicat<br />
CGT des marins. Avec toutes ces<br />
nationalités, cela pose des problèmes<br />
de communication qui peuvent – on<br />
vient de le voir – se révéler dramatiques,<br />
lors d’un accident où il faut<br />
diriger et coordonner l’évacuation de<br />
milliers de personnes en panique, qui<br />
parlent elles-mêmes des langues différentes.<br />
» À bord du Costa Concordia,<br />
on dénombrait, parmi les 3 200 passagers,<br />
pas moins de 60 nationalités.<br />
Le syndicat CGT des marins du<br />
Grand Ouest a dénoncé hier « avec<br />
force la responsabilité des États européens,<br />
de l’Organisation maritime internationale,<br />
qui autorisent les armateurs<br />
<strong>à</strong> mettre <strong>à</strong> bord des navires des<br />
équipages <strong>à</strong> bas coût ». Le syndicat<br />
assure que sur les 1 850 000 marins<br />
recensés dans le monde, quatre sur<br />
cinq viennent de pays pauvres.<br />
Hier, le patron de Costa Crociere<br />
s’inquiétait de voir son entreprise<br />
Les vérités d'Hillary Clinton <strong>à</strong><br />
Alassane Ouattara<br />
Par Baudelaire Mieu<br />
Le tête <strong>à</strong> tête <strong>à</strong> Abidjan entre<br />
la secrétaire d’État américaine<br />
Hillary Clinton et le président ivoirien<br />
Alassane Ouattara, commence <strong>à</strong><br />
livrer quelques secrets. Révélations<br />
exclusives.<br />
Au cours de la conférence de<br />
presse suivant la rencontre Hillary<br />
Clinton - Alassane Ouattara, mardi<br />
17 janvier <strong>à</strong> Abidjan, la langue de<br />
bois diplomatique a été bien respectée,<br />
puisque l’envoyée de Barack<br />
Obama se disait satisfaite des derniers<br />
progrès enregistrés en Côte d›Ivoire,<br />
avec notamment l’organisation des<br />
élections législatives pacifiques du<br />
11 décembre dernier. Mais en privé,<br />
la chef de la diplomatie américaine<br />
n’a pas hésité <strong>à</strong> employer son francparler<br />
habituel avec son interlocuteur.<br />
De sources diplomatiques<br />
américaines, il a été fortement recommandé<br />
au chef de l’État ivoirien<br />
de former un gouvernement de réconciliation<br />
nationale avec, <strong>à</strong> la clé, le<br />
départ de l’actuel Premier ministre. «<br />
Les États-Unis souhaitent que Guillaume<br />
Soro et tous les proches du<br />
Le capitaine Francesco Schettino,<br />
a été incarcéré samedi 14 janvier<br />
pour homicide multiple et<br />
abandon du navire<br />
« lésée » par cette affaire. Il a chiffré<br />
<strong>à</strong> 93 millions de dollars « l’impact<br />
économique direct » de l’accident,<br />
soulignant, non sans cynisme, qu’il<br />
avait « 24 000 employés <strong>à</strong> protéger<br />
»…<br />
Risque de désastre écologique.<br />
Les sauveteurs ont repris hier aprèsmidi<br />
la recherche d’éventuels rescapés<br />
et des corps de disparus, grâce <strong>à</strong><br />
une amélioration soudaine des conditions<br />
météo sur l’île italienne du Giglio.<br />
Outre la tragédie humaine, les<br />
autorités s’activent pour éviter un «<br />
désastre » écologique avec la fuite<br />
possible des 2 380 tonnes de carburant<br />
qui se trouvent dans les entrailles<br />
du mastodonte, <strong>à</strong> moins de 50<br />
mètres de la côte où se situe notamment<br />
une réserve naturelle protégée.<br />
La société néerlandaise Smit Salvage<br />
a été chargée de pomper le carburant.<br />
Hillary Clinton et Alassane Ouattara, le 17 janvier 2012 <strong>à</strong> Abidjan<br />
pouvoir qui auraient pu commettre<br />
des crimes et exactions comparaissent<br />
devant la Cour pénale internationale<br />
(CPI), même en qualité de<br />
simples témoins. Ce message très<br />
clair a été passé au président ivoirien<br />
», confie une source américaine consultée<br />
par Jeune Afrique.<br />
Les États-Unis souhaitent que<br />
Guillaume Soro et tous les proches du<br />
pouvoir qui auraient pu commettre<br />
des crimes et exactions comparaissent<br />
devant la CPI, même en qualité<br />
de simples témoins.<br />
L’instauration d’un État de<br />
droit, avec moins d’immixtions<br />
d’hommes politiques et de militaires<br />
dans les affaires de la justice semble<br />
être une priorité pour les Américains<br />
; lesquels conditionnent l’octroi<br />
de leurs aides dans plusieurs domaines,<br />
notamment dans la santé,<br />
l’éducation, la sécurité, l’économie<br />
et l’agriculture, <strong>à</strong> des progrès dans<br />
la bonne gouvernance. Une position<br />
qui rejoint celle de la France, qui doit<br />
également envoyer des émissaires de<br />
haut rang cette semaine.<br />
Jeune Afrique 17 Janvier 2012<br />
18<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
Des<br />
Lignes,<br />
des Points<br />
et autres<br />
Envolées<br />
Guantánamo<br />
Suite de la page (20)<br />
Bien avant cette époque, l’artiste<br />
tapi en Jean-Yves, profitait des<br />
moindres incartades pour dire le besoin<br />
de s’exprimer. Souvent sur les serviettes,<br />
les bouts de carton, sur les sous-mains<br />
et sur d’autres supports périssables dans<br />
son espace de travail, il alignait des dessins<br />
qui éveillaient la curiosité.<br />
Au cours de ces derniers mois,<br />
il m’a été donné d’apprécier<br />
les récentes créations de ce talent, non<br />
encore assumé, doté, d’un crayon sur<br />
fond uni et d’une dextérité qui déclenche<br />
spontanément la sympathie et le respect<br />
de peintres confirmés. Je vais tenter,<br />
le temps de cette brève observation,<br />
une lecture succincte de la démarche de<br />
l’artiste. Ce clin d’œil qui se veut éclaireur<br />
permettra au grand public de découvrir<br />
les promesses que cache cette générosité<br />
dont les frontières sont <strong>à</strong> peine perceptibles.<br />
« Détresse » adresse un regard<br />
tout <strong>à</strong> fait particulier, chargé d’un<br />
désintéressement - dévouement voilé<br />
sur le quotidien immédiat. L’attrait de<br />
cette jeune personne représentée dans ce<br />
vitrail réalisé au crayon, n’augure pas la<br />
promesse de l’eau au-del<strong>à</strong> du désert.<br />
« Jouda » ne soumet pas mieux<br />
que ces deux yeux pris pour cible depuis<br />
l’angle de vue du spectateur, empêchant<br />
ainsi toute complicité avec ce regard<br />
depuis l’autre côté du mur. Comme s’il<br />
suffisait d’être des deux côtés du ravin<br />
dans un même territoire pour que nos<br />
revendications soient contradictoires.<br />
Ni blanc ni noir, ni Marx ni Jésus,<br />
le crayon se laisse aller <strong>à</strong> des crevasses<br />
pour cueillir des envoûtements dans<br />
l’antre infréquentable née des « Fissures<br />
» non encore colmatées de notre<br />
société. Ces blessures ouvertes, béantes,<br />
toujours pas cicatrisées qui entravent<br />
toutes nos tentatives d’être et que certains<br />
ne s’embarrassent guère d’utiliser pour<br />
paraître, semblent nous rappeler que<br />
nous sommes en retard d’une discussion.<br />
Toutefois les « Nuances » suggérées<br />
par l’audace de cette quête d’esthétique<br />
forcent <strong>à</strong> admettre la nécessité de voir les<br />
choses avec une certaine distance. Une<br />
distance qui permet <strong>à</strong> la fois de penser<br />
- panser les dérives en posant parallèlement<br />
les balises pour empêcher que<br />
demain ne soit la copie d’hier.<br />
« Zakamede » intervient dans<br />
ce débat avec beaucoup d’autorité. Cette<br />
divinité très respectée dans le panthéon<br />
du Vodou haïtien, est montrée par<br />
l’artiste dans un univers pour le moins<br />
tourmenté, bouleversé, paisible en surface,<br />
un profil trompeur, le calme avant<br />
la tempête. La pâleur que dégage l’aura<br />
de cette fée aux mensurations faites de<br />
coquillages, de fleurs, de racines et autres<br />
libertés bouscule dans un contraste<br />
débraillé toute étincelle d’équilibre et<br />
d’harmonie vue <strong>à</strong> la lentille de l’Occident.<br />
Il paraît que le personnage ainsi que<br />
l’environnement dans lequel ils évoluent,<br />
émanent de la spirale au premier plan de<br />
l’œuvre.<br />
D<br />
’un trait sûr, le crayon de<br />
Jean Yves Jason avance sur le<br />
support avec une confiance qui culbute<br />
aux calendres grecques le moindre défaitisme.<br />
Nées des envolées de ces points<br />
et de ces lignes libres de toute entrave<br />
académique, les formes, parfois opulentes,<br />
sans donner dans le factice, qui<br />
vont naître ne connaîtront de limite que<br />
l’immensité de vue du créateur. Les objets<br />
et les signes reconnaissables dans la<br />
vie courante figurant dans ces dessins,<br />
témoignent de la facilité de l’artiste <strong>à</strong> les<br />
exécuter, en dénonçant dans le même<br />
élan toute tendance <strong>à</strong> s’installer ou <strong>à</strong><br />
ne pas se démarquer de la servitude des<br />
figures naturalistes.<br />
Espérons que les roses soient <strong>à</strong> la<br />
dimension de la promesse des fleurs.<br />
Détresse<br />
Fissures<br />
Jouda<br />
Je n’aime pas penser <strong>à</strong> Guantánamo. Ces souvenirs sont pleins de<br />
douleur. Cependant, je partage mon histoire car 171 hommes restent l<strong>à</strong>bas.<br />
L’un d’entre eux est Belkacem Bensayah qui a été enlevé en Bosnie<br />
et envoyé <strong>à</strong> Guantánamo avec moi<br />
Suite de la page (20)<br />
j’ai fait de mon plein gré – mais ensuite,<br />
on m’a dit que je ne pouvais<br />
pas rentrer chez moi. Les USA avaient<br />
demandé aux autorités locales de<br />
m’arrêter avec cinq autres hommes.<br />
Selon les médias de l’époque, les USA<br />
croyaient que je complotais pour faire<br />
exploser leur ambassade <strong>à</strong> Sarajevo -<br />
ce que je n’avais pas envisagé une<br />
seule seconde.<br />
Il était clair dès le départ que les<br />
USA avaient fait une erreur. La Cour<br />
Suprême bosniaque, qui a enquêté sur<br />
les affirmations usaméricaines, a conclu<br />
qu’il n’y avait aucune preuve contre<br />
moi et a ordonné ma libération. Cependant,<br />
au moment où j’ai été libéré, les<br />
agents usaméricains m’ont enlevé ainsi<br />
que les cinq autres personnes. Nous<br />
avons été ligotés comme des animaux<br />
et transportés par avion <strong>à</strong> Guantánamo,<br />
la base navale US <strong>à</strong> Cuba. J’y suis<br />
arrivé le 20 janvier 2002.<br />
A l’époque, j’avais encore foi en<br />
la justice usaméricaine. Je croyais que<br />
mes ravisseurs allaient s’apercevoir de<br />
leur erreur et me libérer. Cependant,<br />
lorsque je ne donnais pas aux interrogateurs<br />
les réponses qu’ils voulaient<br />
– comment pouvais-je le faire alors que<br />
je n’avais rien fait de mal ? – ils devenaient<br />
de plus en plus violents. On m’a<br />
gardé éveillé pendant plusieurs jours<br />
de suite. J’ai été forcé <strong>à</strong> rester dans des<br />
positions douloureuses pendant plusieurs<br />
heures <strong>à</strong> la fois. Ce sont des choses<br />
sur lesquelles je ne veux pas écrire<br />
; je veux seulement oublier.<br />
J’ai fait une grève de la faim<br />
pendant deux ans car personne ne<br />
voulait me dire pourquoi j’étais emprisonné.<br />
Deux fois par jour, mes ravisseurs<br />
m’enfonçaient, par le nez, un<br />
tube qui arrivait jusqu’<strong>à</strong> mon estomac<br />
en passant par ma gorge, afin de faire<br />
couler de la nourriture dans mon corps.<br />
C’était insoutenable, mais j’étais innocent<br />
et j’ai donc continué <strong>à</strong> protester.<br />
En 2008, ma demande de<br />
procédure légale équitable est arrivée<br />
jusqu’<strong>à</strong> la Cour Suprême US. Dans une<br />
décision portant mon nom, la Cour<br />
Suprême a déclaré que « les lois et la<br />
Constitution sont faites pour survivre<br />
et rester en vigueur même en temps<br />
d’exception ». La Cour a donc jugé que<br />
les prisonniers comme moi, quelle que<br />
soit la gravité des accusations portées<br />
contre eux, ont le droit de comparaître<br />
devant un tribunal. La Cour Suprême<br />
a reconnu une vérité fondamentale :<br />
le gouvernement fait des erreurs. Et la<br />
Cour a dit cela car « une erreur peut<br />
conduire <strong>à</strong> maintenir des personnes en<br />
détention pendant des hostilités susceptibles<br />
de durer une génération ou<br />
plus, ce qui constitue un risque trop<br />
grand pour être ignoré ».<br />
Cinq mois plus tard, le Juge Richard<br />
J. Leon, du tribunal fédéral de district<br />
<strong>à</strong> Washington, a examiné toutes<br />
les raisons données pour justifier mon<br />
emprisonnement, y compris les informations<br />
secrètes que je n’ai jamais<br />
vues ou entendues. Le gouvernement<br />
a abandonné son accusation d’un<br />
complot d’attentat <strong>à</strong> la bombe contre<br />
l’ambassade juste avant d’être entendu<br />
par le juge. Après l’audition, le juge a<br />
ordonné au gouvernement de me libérer<br />
ainsi que les quatre autres hommes<br />
qui avaient été arrêtés en Bosnie.<br />
Je n’oublierai jamais le moment<br />
où j’étais assis avec les quatre autres<br />
hommes dans une pièce sordide <strong>à</strong><br />
Guantánamo, écoutant <strong>à</strong> travers un<br />
haut-parleur défectueux le juge Leon<br />
lire sa décision dans une salle de tribunal<br />
<strong>à</strong> Washington. Il a exhorté le<br />
gouvernement <strong>à</strong> ne pas faire appel de<br />
sa sentence, car «pour notre système<br />
juridique, sept ans d’attente pour donner<br />
une réponse <strong>à</strong> une question aussi<br />
importante sont, <strong>à</strong> mon sens, plus que<br />
trop ». J’ai été enfin libéré le 15 mai<br />
2009.<br />
Aujourd’hui, je vis en Provence<br />
avec ma femme et mes enfants. La<br />
France nous a offert un foyer et la<br />
possibilité d’une nouvelle vie. J’ai eu<br />
le plaisir de renouer avec mes filles et,<br />
en août 2010, j’ai eu la joie d’accueillir<br />
un nouveau fils, Youssef. J’apprends <strong>à</strong><br />
conduire, je suis en train de faire une<br />
formation professionnelle et je reconstruis<br />
ma vie. J’espère pouvoir faire,<br />
de nouveau, un travail dans lequel<br />
j’aiderais les autres, mais mes sept<br />
ans et demi de détention <strong>à</strong> Guantánamo<br />
font que peu d’organisations<br />
des droits humains envisagent sérieusement<br />
de m’engager. Je n’aime pas<br />
penser <strong>à</strong> Guantánamo. Ces souvenirs<br />
sont pleins de douleur. Cependant, je<br />
partage mon histoire car 171 hommes<br />
restent l<strong>à</strong>-bas. L’un d’entre eux est<br />
Belkacem Bensayah qui a été enlevé<br />
en Bosnie et envoyé <strong>à</strong> Guantánamo<br />
avec moi.<br />
Environ 90 prisonniers ont été<br />
déclarés libérables pour être transférés<br />
hors de Guantánamo. Certains d’entre<br />
eux sont originaires de pays comme la<br />
Syrie ou la Chine – où ils risquent la<br />
torture s’ils sont renvoyés chez eux –<br />
ou du Yémen, que les USA considèrent<br />
comme un pays instable. C’est pour<br />
cela qu’ils y restent comme des captifs<br />
sans aucune issue <strong>à</strong> l’horizon – non<br />
parce qu’ils sont dangereux, non parce<br />
qu’ils ont attaqué l’Amérique, mais<br />
parce que les stigmates de Guantánamo<br />
font qu’ils n’ont pas d’autre endroit<br />
où aller, et les USA n’hébergeront aucun<br />
d’entre eux.<br />
J’ai été informé que mon procès<br />
<strong>à</strong> la Cour Suprême est, aujourd’hui,<br />
étudié dans les écoles de droit. Peutêtre<br />
qu’un jour, cela me procurera une<br />
satisfaction, mais tant que Guantánamo<br />
restera ouvert et que des hommes<br />
innocents y resteront, mes pensées seront<br />
toujours avec ceux que j’ai laissés<br />
derrière moi dans ce lieu de souffrance<br />
et d’injustice.<br />
NY Times 8 Janvier 2012<br />
Traduit par Omar Mouffok<br />
Edité par Fausto Giudice<br />
Tlaxcala 10 Janvier 2012<br />
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Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times 19
Guantánamo, mon cauchemar!<br />
Regards Critiques<br />
Des Lignes, des Points<br />
et autres Envolées<br />
Les derniers dessins de Jean-Yves Jason<br />
Le camp de Guantánamo, portes de l'enfer. Derrière ces hauts barbelés,<br />
l'entrée du camp VI. Un monde carcéral sous haute sécurité où les<br />
moindres déplacements sont filmés<br />
Deux anciens détenus algériens de Guantanamo, au cours d’une<br />
conférence avec Amnesty International Saber Lahmar première personne<br />
<strong>à</strong> gauche et Lakhdar Boumediene, dernière personne <strong>à</strong> droite<br />
Le Président des Etats-Unis, Barak Obama, endosse aujourd'hui ce<br />
mépris consternant des droits humains. Il s'était engagé <strong>à</strong> fermer<br />
Guantanamo au plus tard un an après son élection<br />
Maggie Flambeau<br />
Restaurant<br />
Lakhdar Boumediene: j’ai été<br />
détenu dans ce camp pendant sept<br />
de ces dix années sans justification<br />
ni inculpation<br />
Par Lakhdar Boumediene<br />
Le mercredi 11 janvier dernier<br />
marque le 10ème anniversaire de<br />
l’ouverture du camp de détention de<br />
la Baie de Guantánamo. Pour ma part,<br />
j’ai été détenu dans ce camp pendant<br />
sept de ces dix années sans justification<br />
ni inculpation. Pendant ce temps, mes<br />
filles ont grandi sans ma présence. Elles<br />
étaient encore des bébés lorsque j’ai été<br />
emprisonné, et elles n’ont jamais été<br />
autorisées <strong>à</strong> me visiter ou <strong>à</strong> me parler<br />
au téléphone. La plupart de leurs lettres<br />
ont été retournées comme courrier «<br />
non distribuable », et les quelques-unes<br />
que j’ai reçues avaient été tellement<br />
censurées qu’elles étaient vidées de<br />
leurs messages d’amour et de soutien.<br />
Certains politiciens usaméricains<br />
disent que les gens détenus <strong>à</strong> Guantánamo<br />
sont des terroristes, mais je<br />
n’ai jamais été un terroriste. Si j’avais<br />
été jugé par un tribunal lorsque j’ai été<br />
enlevé, la vie de mes enfants n’aurait<br />
jamais été déchirée, et ma famille ne<br />
serait pas tombée dans la pauvreté. Ce<br />
n’est qu’après que la Cour Suprême des<br />
USA eut ordonné au gouvernement de<br />
défendre ses actions devant un juge fédéral<br />
que j’ai été, enfin, en mesure de<br />
réhabiliter mon nom et d’être, de nouveau,<br />
avec ma famille.<br />
J’ai quitté l’Algérie en 1990, pour<br />
aller travailler <strong>à</strong> l’étranger. En 1997,<br />
j’ai déménagé avec ma famille en<br />
Bosnie-Herzégovine, <strong>à</strong> la demande de<br />
mon employeur, la Société du Croissant<br />
Rouge des Émirats Arabes Unis. J’ai<br />
travaillé au bureau de Sarajevo comme<br />
directeur de l’aide humanitaire pour<br />
les enfants qui ont perdu des proches<br />
pendant les violences des conflits des<br />
Balkans. En 1998, je suis devenu citoyen<br />
bosniaque. Nous avons vécu une<br />
belle vie, mais tout a changé après le<br />
11 septembre.<br />
Lorsque je suis arrivé au travail,<br />
le matin du 19 octobre, 2011, un officier<br />
du renseignement m’attendait. Il<br />
m’a demandé de l’accompagner pour<br />
répondre <strong>à</strong> des questions. C’est ce que<br />
Suite <strong>à</strong> la page (19)<br />
Venus<br />
RESTAURANT<br />
Specializing in<br />
Caribbean &<br />
American Cuisine<br />
Prince Guetjens<br />
Immaculeé Bakery<br />
& Restaurant<br />
2 Locations en Brooklyn<br />
Zakamede<br />
J<br />
’ai vu grandir, j’ai participé<br />
depuis plus d’une quinzaine<br />
d’années <strong>à</strong> l’émergence d’une kyrielle<br />
d’artistes (sculpteurs, peintres, musiciens,<br />
danseurs et comédiens) en Haïti, en leur<br />
offrant le soutien de ma plume. À l’instar<br />
d’un Louis Leroy pour l’Impressionnisme<br />
(1874) et d’un Louis Vauxcelles pour le<br />
Fauvisme (1905), le Cubisme (1908) j’ai<br />
accompagné ces jeunes créateurs sur les<br />
fonts baptismaux.<br />
Contrairement <strong>à</strong> ces mouvements<br />
artistiques qui puisent<br />
leur nom d’un article les tournant en<br />
ridicule ou d’une plaisanterie de mauvais<br />
goût, le mouvement Atis Rezistans de<br />
bas grand-rue conduit par les sculpteurs<br />
Eugène et Céleur, adopte le titre du premier<br />
article de journal consacré <strong>à</strong> leurs<br />
travaux, que nous avions signé dans Le<br />
Nouvelliste en Eté 2001, intitulé : Les<br />
Fers de la Résistance.<br />
Nous avions pris ce raccourci<br />
pour présenter les dessins de<br />
l’artiste Jean Yves Jason, parce que justement<br />
il a été <strong>à</strong> la base de cette démarche,<br />
que l’on pourrait appeler une découverte.<br />
En effet, c’est lui, qui est venu me cueillir<br />
<strong>à</strong> l’Ecole Nationale des Arts, ce midi-l<strong>à</strong><br />
pour m’emmener voir ces sculpteurs de<br />
la récupération, å l’époque, encore dans<br />
l’ombre le plus opaque. Et dès le lendemain<br />
matin quand le journal est paru<br />
dans les bacs tous les « concernés » du<br />
monde de l’art de la capitale haïtienne<br />
(marchande de tapis, affairistes, historiens,<br />
critiques d’art et amateurs d’art)<br />
sont accourus sur les lieux.<br />
Suite <strong>à</strong> la page (19)<br />
OOH LA LA<br />
RESTAURANT<br />
1436 Flatbush Avenue<br />
(between Farragut & Glenwood)<br />
Brooklyn, NY 11210<br />
Loubing, General Manager<br />
Breakfast - Lunch - Dinner<br />
7 days a week, 9 am - 10 pm<br />
Samedi Bouyon<br />
Dimanche<br />
Soup Giromon, Pintad, diri djondjon<br />
Free Delivery<br />
Catering for all occasions<br />
347-462-9029<br />
We do Catering<br />
Available for all<br />
Occasions<br />
Fritaille etc..<br />
670 Rogers Avenue<br />
(Corner of Clarkson Ave)<br />
Brooklyn, NY 11226<br />
“Venus, l’entroit idéal”<br />
718-287-4949<br />
Spécialités<br />
• Pâtés • Pain • AK-100 • Gâteaux<br />
• Jus citron • Bonbon amidon<br />
• Bouchées • Cornets<br />
• Pain patate (sur commande)<br />
• Bouillon (chaque samedi)<br />
• Soupe (chaque dimanche)<br />
1227 Nostrand Avenue<br />
(entre Hawthorne & Winthrop)<br />
Tél: 718.778.7188<br />
1411 Nostrand Avenue<br />
(entre Linden & Martense)<br />
Tél: 718.941.2644<br />
Restaurant, Bakery<br />
& Juice Bar<br />
We do catering.<br />
ONE FREE MEAL after<br />
5 purchases.<br />
Bouyon Vi-a-gra<br />
(lundi & samedi).<br />
Fritay Souse Dwèt (toutan).<br />
2025 Nostrand Avenue<br />
(corner of Farragut Road)<br />
Brooklyn, NY 11210<br />
Proprietor: Elysée Pierre<br />
718-434-4287<br />
20<br />
<strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012