262 - (CCI) de Strasbourg et du Bas-Rhin

50 INFOS EUROPE
>> Lobbies et Europe
Vers plus de transparence
Intensément pratiqué à Bruxelles depuis les
années 70 - l’adhésion de la Grande-Bretagne
en 73 ayant marqué l’entrée en force de cette
pratique usuelle dans les pays anglo-saxons -
le lobbysme a pris aujourd’hui une telle ampleur
que des voix s’élèvent pour le réglementer de
manière plus stricte.
Cœur de cible, l’Europe pour
les lobbyistes. Une étude
menée par l’University
College de Londres et présentée
à Bruxelles, en octobre
dernier montre en effet
qu’en 2004-2005, les 60 plus importantes
entreprises européennes ont
consacré trois fois plus de moyens
financiers à tenter d’influencer la
Commission européenne (23 %)
et les eurodéputés (19 %) que les
gouvernements (9,5 %) et parlements
nationaux (2,5 %). Logique
quand on sait qu’aujourd’hui 85 %
de nos lois sont directement liées
aux règlements et directives communautaires.
Bruxelles est ainsi
devenue la capitale mondiale du
lobbysme avec 3 000 organisations
employant de 15 000 à 20 000 personnes.
1 600 représentants des
intérêts privés, 400 des intérêts
publics et 500 des institutions publiques
(missions, ambassades, régions,
etc. également considérés comme
« lobbies »). Si les lobbyistes interviennent
auprès des groupes politiques
et des différentes commissions
du Parlement, leur champ d’action
principal reste la Commission européenne
laquelle a, rappelons-le, le
monopole de l’initiative dans presque
tous les domaines (agriculture,
santé, recherche, environnement,
transports, industrie, commerce
etc.) Le lobbysme le plus intense
se pratique à la source du processus
législatif, au sein des quelque
450 comités d’experts qui préparent
le travail de la Commission et
émettent chaque année environ
4 700 décisions, avis et propositions.
Un travail essentiel si ce n’est qu’il
est apparu que plusieurs dizaines
de ces « experts » siégeant officiellement
dans ces comités à l’origine
de la législation communautaire
étaient par ailleurs rétribués par des
entreprises privées… Une situation
qui pose problème même si
les voix sont nombreuses tant au
niveau de la Commission que du
Parlement pour affirmer que le
Le saviez-vous ?
L’origine du mot anglais lobby signifie
couloir. Les premières utilisations
politiques de ce terme datent du
XIX e siècle. Dès 1830, lobby désignait
les couloirs de la Chambre des
Communes britannique où les membres
des groupes de pression venaient
discuter avec les parlementaires.
lobbying fait partie du processus
d’élaboration législatif en tant que
contribution au débat. Le 8 octobre
dernier, ALTER-EU, une coalition
d’ONG, de syndicats, universitaires
et entreprises de relations publiques
a organisé au Parlement européen
un « Atelier lobbying » dont le but
était de réclamer plus de transparence.
Une initiative qui rejoint la
proposition faite par le commissaire
Siim Kallas d’instaurer dès 2008
un registre des lobbyistes œuvrant
auprès des institutions. Reste à en
définir les contraintes : inscription
volontaire ou contraignante ? Faut-il
que soient précisés les clients et les
financements ? Si oui, avec quelles
garanties de confidentialité ? Affaire
à suivre…
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Le Point éco • décembre 2007 • n° 262
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