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JML 1988 12 15 La messe expliquée par le Cardinal Lustiger

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ICATECHESE<br />

lA MISSI<br />

IKPllqUl1 PAR<br />

li CARDINAl<br />

lUSIIGIR<br />

1<br />

Le cardinal <strong>Lustiger</strong> pendant son interview <strong>par</strong> Michel Oenis et Philippe Oswald.<br />

A l'occasion de la sortie de son livre « <strong>La</strong> Messe»<br />

(Bayard Editions, 192 pages), <strong>le</strong> cardinal Jean-Marie <strong>Lustiger</strong><br />

a bien voulu accorder un entretien exclusif à<br />

« Famil<strong>le</strong> Chrétienne », A l'origine de ce livre, <strong>le</strong>s causeries du cardinal<br />

chaque mercredi sur <strong>le</strong>s ondes de Radio Notre-Dame.<br />

Thèmes: <strong>le</strong>s commandements de Dieu, la prière, <strong>le</strong>s sacrements ...<br />

« Si je vais au bout de mon programme, nous a dit l'archevêque<br />

de Paris, j'ai de quoi entretenir mes frères dans la Foi pendant<br />

trois dizaines d'années, sans arriver au terme. »<br />

Ce qui laisse augurer d'autres livres fondamentaux.<br />

F.C. Comment expliquer la <strong>messe</strong> ou la<br />

cc Divine Liturgie" de nos frères orientaux,<br />

ou <strong>le</strong> cc Saint Sacrifice" selon<br />

l'usage classique?<br />

<strong>Cardinal</strong> <strong>Lustiger</strong>: Quels que soient <strong>le</strong>s<br />

termes employés selon <strong>le</strong>s époques, <strong>le</strong>s<br />

sensibilités, la vie même de l'Eglise, la<br />

<strong>messe</strong> ou la célébration de l'Eucharistie<br />

est toujours <strong>le</strong> même acte sacramentel:<br />

indissociab<strong>le</strong>ment Il mémorial » de ce que<br />

Jésus a accompli en sa Passion, et acte<br />

d'une assemblée de croyants convoquée<br />

<strong>par</strong> <strong>le</strong> Christ, dans l'Esprit-Saint, pour<br />

rendre gloire à Dieu <strong>le</strong> Père. <strong>La</strong> <strong>messe</strong>,<br />

c'est <strong>le</strong> sacrifice du Fils unique, de<br />

l'Agneau de Dieu, du Messie souffrant,<br />

Serviteur de Dieu et Rédempteur de<br />

l'homme. Et c'est la présence, à tous <strong>le</strong>s<br />

moments de l'histoire et à tous <strong>le</strong>s<br />

hommes, de l'offrande que Jésus Christ a<br />

réalisée une fois pour toutes sur la Croix.<br />

L'Eucharistie que <strong>le</strong> Christ a célébrée la<br />

veil<strong>le</strong> de sa Passion, s'enracine dans <strong>le</strong><br />

rituel de la Pâque juive. Mais <strong>le</strong> Messie<br />

donne à cette célébration juive un sens<br />

nouveau, un prix éternel dans la mesure<br />

où Lui-même est « l'Agneau qui porte <strong>le</strong><br />

péché du monde», la victime pasca<strong>le</strong><br />

offerte pour <strong>le</strong> salut de tous <strong>le</strong>s hommes.<br />

Ainsi, l'Eucharistie célébrée <strong>par</strong> Jésus, est,<br />

<strong>par</strong> avance, <strong>le</strong> Sacrifice de la réconciliation<br />

avec Dieu et de la délivrance des péchés;<br />

<strong>par</strong> <strong>le</strong> Il Corps livré » et <strong>le</strong> Il Sang versé »<br />

du Fils de Dieu, el<strong>le</strong> donne accès au Père<br />

qui fait grâce; el<strong>le</strong> scel<strong>le</strong> l'Alliance nouvel<strong>le</strong><br />

et éternel<strong>le</strong>. Et Jésus nous a dit:<br />

Il Vous <strong>le</strong> ferez en mémoire de moi ». Dès<br />

lors, quand <strong>le</strong>s prêtres célèbrent la <strong>messe</strong>,<br />

en célébrant eux-mêmes <strong>le</strong> mémorial institué<br />

<strong>par</strong> Jésus, ils permettent aux fidè<strong>le</strong>s<br />

de devenir <strong>par</strong>ticipants de son offrande et<br />

de communier à sa vie. Ce qui est sien<br />

devient nôtre et ce qui est nôtre devient<br />

sien.<br />

Nous sommes là au cœur du mystère<br />

chrétien: <strong>par</strong> l'Eucharistie, <strong>le</strong> Salut et la<br />

sanctification sont communiqués aux discip<strong>le</strong>s<br />

du Christ qui, au même moment,<br />

sont rendus <strong>par</strong>ticipants de l'attitude filia<strong>le</strong><br />

de Jésus. Par Lui, avec Lui et en Lui,<br />

dans la force de l'Esprit, chacun peut dire<br />

en vérité Il Père». Chaque fois que <strong>le</strong>s<br />

chrétiens Il <strong>par</strong>tagent ce Pain et boivent à<br />

cette Coupe », est perpétué dans l'histoire<br />

de l'humanité <strong>le</strong> mystère du Christ Sauveur<br />

dont ils sont <strong>le</strong>s témoins. En même<br />

temps grandit l'Eglise, cette multitude<br />

d'hommes et de femmes unis dans <strong>le</strong><br />

Christ, devenus en Lui fils et fil<strong>le</strong>s de Dieu.<br />

Par <strong>le</strong>s apôtres du Christ et <strong>le</strong>urs sucees<br />

seurs, <strong>le</strong>s évêques - avec <strong>le</strong>s prêtres -, la<br />

<strong>messe</strong> nous donne <strong>par</strong>t à l'unique Sacrifice<br />

du Christ, Il sacrifice de toute l'Eglise,<br />

pour la gloire de Dieu et <strong>le</strong> salut du<br />

monde ».<br />

Actuel<strong>le</strong>ment, la sociologie définit <strong>le</strong> cc catholique<br />

pratiquant" comme celui qui va<br />

à la <strong>messe</strong> au moins une fois <strong>par</strong> mois.<br />

Qu'en est-il alors de cc l'obligation dominica<strong>le</strong>"<br />

?<br />

Un comportement, fût-il repéré statistiquement,<br />

ne permet pas de saisir en vérité<br />

une exigence de la Foi et de la vie chrétienne.<br />

Si <strong>le</strong> mot Il obligation dominica<strong>le</strong>» implique<br />

trop souvent une contrainte arbitraire,<br />

il signifie aussi et d'abord une nécessité<br />

vita<strong>le</strong> découlant de la condition chrétienne.<br />

Le dimanche n'est pas <strong>le</strong> jour où je ~<br />

141FAMILLE cHRttnENNE/N' 570


LA MESSE<br />

EXPLIQUEE PAR<br />

LE CARDINAL<br />

LUSTIGER<br />

décide d'al<strong>le</strong>r à la <strong>messe</strong> <strong>par</strong>ce que j'en ai<br />

envie ou en éprouve <strong>le</strong> besoin. En effet, la<br />

<strong>messe</strong> dominica<strong>le</strong> n'est pas plus un produit<br />

de supermarché qu'un menu à la<br />

carte. Le dimanche, c'est <strong>le</strong> jour où <strong>le</strong><br />

Christ est ressuscité des morts. C'est <strong>le</strong><br />

jour où toute l'Eglise fait mémoire, dans <strong>le</strong><br />

temps, du Christ mort et ressuscité. Si un<br />

chrétien ne va pas à la <strong>messe</strong> <strong>le</strong> dimanche,<br />

ce n'est pas un chrétien qui manque « sa »<br />

<strong>messe</strong>; c'est un chrétien qui fait défaut à<br />

l'Eglise, c'est un membre qui manque « au<br />

Corps du Christ». Vous voyez donc qu'il<br />

ne s'agit pas d'une obligation plus ou<br />

moins socia<strong>le</strong>, voire strictement personnel<strong>le</strong><br />

; mais il y va de notre ap<strong>par</strong>tenance<br />

au Christ et à l'Eglise, Peup<strong>le</strong> de Dieu,<br />

Corps du Christ, Temp<strong>le</strong> de l'Esprit. Nous<br />

<strong>par</strong>ticipons à la <strong>messe</strong> <strong>le</strong> dimanche, <strong>par</strong>ce<br />

que Dieu nous a « choisis pour servir en sa<br />

présence» et devenir son peup<strong>le</strong> en nous<br />

« incorporant» au Christ. De dimanche en<br />

dimanche, « jour du Seigneur» ressuscité,<br />

à jamais vivant, Dieu nous convoque<br />

et nous constitue de manière visib<strong>le</strong><br />

« Corps du Christ» <strong>par</strong> <strong>le</strong> sacrement de<br />

l'Eucharistie.<br />

Où al<strong>le</strong>r à la <strong>messe</strong> <strong>le</strong> dimanche? De<br />

préférence dans sa <strong>par</strong>oisse?<br />

<strong>La</strong> question ne se pose que pour <strong>le</strong>s<br />

chrétiens des grandes vil<strong>le</strong>s, privilégiés<br />

qui ont la possibilité de fréquenter d'autres<br />

églises que cel<strong>le</strong> de <strong>le</strong>ur <strong>par</strong>oisse. Et<br />

en tout état de cause, mieux vaut al<strong>le</strong>r à la<br />

<strong>messe</strong> ail<strong>le</strong>urs que pas du tout, évidemment.<br />

Cependant, l'ap<strong>par</strong>tenance concrète à une<br />

communauté ecclésia<strong>le</strong> déterminée fait<br />

aussi <strong>par</strong>tie de la condition chrétienne. Car<br />

la <strong>par</strong>oisse est <strong>le</strong> lieu où l'assemblée<br />

chrétienne, nourrie du pain de la Paro<strong>le</strong> et<br />

du Corps du Christ, devient son Corps qui<br />

est l'Eglise. Et cette communauté d'Eglise,<br />

si petite soit-el<strong>le</strong>, rend présente l'universalité<br />

de l'Eglise. Non <strong>par</strong>ce que l'Eucharistie<br />

célébrée en une <strong>par</strong>oisse rassemb<strong>le</strong> tous<br />

<strong>le</strong>s états de vie, l'enfant et <strong>le</strong> vieillard, <strong>le</strong><br />

travail<strong>le</strong>ur intel<strong>le</strong>ctuel et l'ouvrier, <strong>le</strong> malade<br />

et <strong>le</strong> bien portant, l'étranger, etc. Mais<br />

<strong>par</strong>ce qu'il n'y a pas de <strong>par</strong>oisse ni d'assemblée<br />

eucharistique sans <strong>le</strong> ministère<br />

du prêtre ordonné, envoyé <strong>par</strong> son évêque,<br />

lui-même garant de la communion<br />

catholique de cette petite communauté,<br />

avec <strong>le</strong> Pape, successeur de Pierre. Cela<br />

est clairement manifesté <strong>par</strong> la mention<br />

du Pape et de l'évêque du diocèse au<br />

canon de la <strong>messe</strong>.<br />

Ainsi, la <strong>messe</strong> <strong>par</strong>oissia<strong>le</strong> met en lumière<br />

<strong>le</strong> caractère spécifique - catholique - de ce<br />

rassemb<strong>le</strong>ment qui, de dimanche en dimanche,<br />

structure la vie de l'Eglise et fait<br />

advenir <strong>le</strong> Règne de Dieu.<br />

Avec <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s (ci-dessus et ci-contre), au Grand Pardon de Notre-Dame du Folgoët (septembre 7986).<br />

L'Eglise a introduit, il y a vingt ans, une<br />

réforme liturgique. Pourquoi?<br />

Avant de vous répondre, il faut bien nous<br />

entendre sur <strong>le</strong>s mots.<br />

Premièrement: Qu'est-ce que la liturgie?<br />

<strong>La</strong> liturgie chrétienne n'est pas d'abord<br />

l'accomplissement de rites; el<strong>le</strong> est acte<br />

historique: lieu de la communication du<br />

Salut et <strong>le</strong> la présence de Dieu. Lieu où la<br />

Paro<strong>le</strong> de Dieu est donnée comme une vie<br />

transmise, venant de Dieu et prononcée<br />

<strong>par</strong> <strong>le</strong> Christ [« Au nom du Christ »), sous<br />

la puissance de l'Esprit. Et el<strong>le</strong> est <strong>par</strong>ticipation<br />

des discip<strong>le</strong>s du Christ à l'unique<br />

histoire de Jésus actualisée <strong>par</strong> <strong>le</strong> ministère<br />

du prêtre. Bref, c'est une expression<br />

objectivée du don que Dieu fait à son<br />

Eglise.<br />

<strong>La</strong> liturgie est un acte concret, situé dans<br />

<strong>le</strong> temps et l'espace, qui fait appel au<br />

patrimoine symbolique et historique, et<br />

dont <strong>le</strong> sens ne saurait être réductib<strong>le</strong> à ce<br />

que pense celui qui la « pratique », Le rite<br />

porte un mystère et conduit au sacré qu'il<br />

recè<strong>le</strong>. Il a aussi une certaine universalité<br />

socia<strong>le</strong>.<br />

Deuxièmement: Qu'est-ce qu'une réforme<br />

liturgique? Qui dit réforme, dit<br />

purification, restauration, décantation. Il<br />

s'agit en l'occurrence de re-instaurer <strong>le</strong>s<br />

rites dans <strong>le</strong>ur pureté primitive car, avec<br />

<strong>le</strong>s alluvions du temps, ils peuvent se<br />

corrompre <strong>par</strong> addition, <strong>par</strong> interprétation,<br />

etc.<br />

<strong>La</strong> première attitude du célébrant comme<br />

des fidè<strong>le</strong>s est d'entrer <strong>par</strong> la Foi au cœur<br />

du mystère célébré. Cela exige une certaine<br />

désappropriation des habitudes<br />

pour retrouver <strong>le</strong> Christ en ce qu'il a Luimême<br />

institué et dont l'Eglise est la gardienne<br />

et <strong>le</strong> juge. L'Eucharistie ne se<br />

définit pas <strong>par</strong> ce à quoi j'ai été habitué<br />

dès l'enfance et qui me rappel<strong>le</strong> une ferveur<br />

première, nostalgie légitime peutêtre;<br />

pas plus qu'el<strong>le</strong> ne se réduit à ce que<br />

j'ai envie de faire aujourd'hui en me retrouvant<br />

avec des chrétiens qui <strong>par</strong>tagent<br />

ce que j'ai vécu. Caractéristiques de tempéraments<br />

ou de générations différentes,<br />

ces deux attitudes qui divisent <strong>le</strong>s chrétiens<br />

et <strong>par</strong>fois notre propre cœur, ne sont<br />

pas blâmab<strong>le</strong>s. Mais l'une et l'autre ne<br />

suffisent pas pour « <strong>par</strong>ticiper» en vérité<br />

au sacrifice liturgique. Cette <strong>par</strong>ticipation<br />

exige une perpétuel<strong>le</strong> conversion. Et<br />

d'abord, admettre ceci: lorsque l'évêque ~~<br />

<strong>15</strong>1l2/88/FAMILLE<br />

CHRÉTIENNEIl7


LA MESSE<br />

EXPLIQUEE PAR<br />

LE CARDINAL<br />

LUSTIGER<br />

ou <strong>le</strong> prêtre célèbre la liturgie eucharistique,<br />

il célèbre au nom du Christ-Tête (in<br />

persona Christi Capitis) de l'assemblée et<br />

c'est <strong>le</strong> Seigneur Lui-même qui, <strong>par</strong> son<br />

Eglise, s'exprime dans la culture et <strong>le</strong>s<br />

circonstances du temps.<br />

Ainsi, c'est <strong>le</strong> même sacrement depuis<br />

toujours: /'Eucharistie du Seigneur; mais<br />

ce n'est pas « la <strong>messe</strong> de toujours».<br />

Nous ne célébrons pas aujourd'hui<br />

comme au temps de saint Augustin; et<br />

saint Augustin ne célébrait pas comme <strong>le</strong><br />

Christ a célébré la Cène. <strong>La</strong> liturgie a pris<br />

des formes multip<strong>le</strong>s et el<strong>le</strong> en prendra<br />

encore d'autres. L'Eglise, assistée <strong>par</strong><br />

l'Esprit-Saint, est maîtresse des modalités<br />

et des modes d'expression dans la diversité<br />

des rites et des langues qu'el<strong>le</strong> a<br />

toujours connue et connaîtra toujours.<br />

Dans l'histoire de l'Eglise, se sont succédé<br />

des dizaines de réformes liturgiques pour<br />

rendre à la liturgie cette rigueur et cette<br />

simplicité, marques de la tradition latine.<br />

Et la réforme liée au conci<strong>le</strong> Vatican Il ?<br />

C'est la première réforme qui, chez nous,<br />

ait été aussi radica<strong>le</strong>, me semb<strong>le</strong>-t-il. Pour<br />

beaucoup de chrétiens, <strong>le</strong>s rites étaient<br />

devenus obscurs, sans signification, favorisant<br />

soit l'éloignement de l'Eglise, soit la<br />

substitution des dévotions privées à la<br />

liturgie officiel<strong>le</strong> de l'Eglise. Dire son chape<strong>le</strong>t<br />

pendant la <strong>messe</strong> n'est pas l'idéal.<br />

De même, en Italie, on distribuait la communion<br />

à n'importe quel moment de la<br />

<strong>messe</strong>; c'était un contre-sens liturgique.<br />

L'une des intuitions du conci<strong>le</strong> Vatican Il a<br />

été de rendre accessib<strong>le</strong> à l'ensemb<strong>le</strong> du<br />

peup<strong>le</strong> de Dieu la richesse de la liturgie<br />

dont <strong>le</strong>s communautés monastiques<br />

étaient porteuses et témoins.<br />

<strong>La</strong> réforme du <strong>le</strong>ctionnaire a mis à la<br />

portée de tous <strong>le</strong>s fidè<strong>le</strong>s, s'ils veu<strong>le</strong>nt<br />

bien en profiter, une connaissance beaucoup<br />

plus vaste de l'Ecriture. En ajoutant<br />

une seconde <strong>le</strong>cture tirée de l'Ancien Testament<br />

et <strong>le</strong> chant d'un psaume, et en<br />

déployant sur un cyc<strong>le</strong> de trois ans ces<br />

pages empruntées à toute la Bib<strong>le</strong>, et non<br />

plus seu<strong>le</strong>ment aux Evangi<strong>le</strong>s et Ecrits<br />

apostoliques, l'Eglise a mis entre <strong>le</strong>s<br />

mains de tous <strong>le</strong> trésor de la Paro<strong>le</strong> de<br />

Dieu. Sans oublier <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ctures des <strong>messe</strong>s<br />

de semaine ré<strong>par</strong>ties sur deux ans, au lieu<br />

de quelques textes, toujours <strong>le</strong>s mêmes,<br />

choisis pour <strong>le</strong>s diverses fêtes de saints.<br />

1BIFAMILLE CHRÉTIENNEIN- 570<br />

Chance inouïe de goûter ainsi au fil des<br />

jours la symphonie de la Paro<strong>le</strong> de Dieu.<br />

De même, en restructurant la liturgie de la<br />

Semaine sainte et en redonnant à la célébration<br />

du mystère pascal toute sa place<br />

et son sens, au centre de l'année liturgique,<br />

l'Eglise a permis aux chrétiens de<br />

mieux recevoir l'amour de Dieu communiqué<br />

dans toute la vie sacramentel<strong>le</strong>.<br />

Et l'offertoire?<br />

L'offertoire a été délibérément réduit et a<br />

repris la prière de bénédiction que Jésus a<br />

dite avant d'instituer l'Eucharistie. Dans <strong>le</strong><br />

sacrifice eucharistique, c'est <strong>le</strong> Christ qui<br />

s'offre et nous offre avec Lui en nous<br />

unissant à Lui. L'offertoire, présentation<br />

du pain et du vin, n'est que la pré<strong>par</strong>ation<br />

de cette offrande-là: « <strong>le</strong> Corps du Christ<br />

livré pour nous, <strong>le</strong> Sang du Christ versé<br />

pour nous ».<br />

Les fidè<strong>le</strong>s sont de plus en plus nombreux<br />

à communier. Pourtant il y a de moins en<br />

moins de confessions ...<br />

Rien ne remplace la confession des<br />

péchés ni l'absolution sacramentel<strong>le</strong> des<br />

fautes. Il est regrettab<strong>le</strong> que beaucoup ne<br />

mesurent pas l'immensité du don fait à<br />

l'Eglise: <strong>le</strong> pouvoir de <strong>par</strong>donner <strong>le</strong>s<br />

péchés, comme <strong>le</strong> Christ.<br />

Par delà la disproportion réel<strong>le</strong> que vous<br />

soulignez, je m'inquiète de ce que, chez<br />

<strong>le</strong>s chrétiens, s'émousse la sensibilité au<br />

péché, que se perde <strong>le</strong> sens du péché ;<br />

rien à voir avec un sentiment de culpabilité!<br />

Or, <strong>le</strong> propre du pécheur est précisément<br />

d'oublier son péché, de <strong>le</strong> méconnaître,<br />

de s'habituer à cet état et d'y demeurer;<br />

bref, de s'endurcir contre l'amour de<br />

Dieu comme celui qui, à force de marcher<br />

pieds nus, a une corne épaisse sous <strong>le</strong>s<br />

pieds et ne sent plus <strong>le</strong>s cailloux du<br />

chemin.<br />

Au contraire, <strong>le</strong> pécheur conscient de son<br />

péché, est déjà entré dans un processus<br />

de réconciliation et une démarche de <strong>par</strong>don.<br />

Voilà pourquoi, au début de toute<br />

<strong>messe</strong>, ensemb<strong>le</strong>, prêtre et fidè<strong>le</strong>s, nous<br />

demandons à Dieu « la grâce d'un cœur<br />

contrit de nos péchés». Bien plus, pour<br />

nous approcher du Corps du Christ, il ne<br />

suffit pas d'être réconcilié avec Dieu<br />

comme si c'était seu<strong>le</strong>ment un préalab<strong>le</strong>.<br />

Car, être <strong>par</strong>donnés de nos péchés <strong>par</strong> <strong>le</strong><br />

sacrement de pénitence, n'empêche pas,<br />

tant s'en faut, de découvrir, à la <strong>messe</strong>,<br />

combien nous avons besoin de cet Amour<br />

qui <strong>par</strong>donne. Ainsi, lorsque nous entendons<br />

<strong>le</strong>s <strong>par</strong>o<strong>le</strong>s mêmes du Christ: « Ceci<br />

est mon Corps livré pour vous; ceci est<br />

mon Sang versé pour vous et pour la<br />

multitude en rémission des péchés»,<br />

nous mesurons dans l'action de grâce <strong>le</strong><br />

prix de ce <strong>par</strong>don et nous reconnaissons<br />

dans <strong>le</strong> Sacrifice du Christ la source de<br />

notre rédemption. Et lorsque, juste avant<br />

de communier, nous redisons <strong>le</strong>s <strong>par</strong>o<strong>le</strong>s<br />

du centurion: « Ne regarde pas nos<br />

péchés mais la foi de ton Eglise », ce n'est<br />

pas une dernière précaution que nous<br />

prenons. Non! Nous nous mettons fondamenta<strong>le</strong>ment<br />

dans l'attitude de vérité,<br />

cel<strong>le</strong> de l'homme qui se sait pécheur<br />

<strong>par</strong>donné, grâcié <strong>par</strong> Dieu et qui « reconnaît»<br />

que seul Dieu <strong>le</strong> rend digne de<br />

communier à un tel Amour.<br />

Pour conclure, que diriez-vous aux famil<strong>le</strong>s?<br />

C'est une grâce pour une famil<strong>le</strong> de vivre<br />

sa foi ensemb<strong>le</strong>, <strong>par</strong>ents et enfants, et de<br />

faire de la <strong>par</strong>ticipation à la <strong>messe</strong> un acte<br />

familial joyeux. Oui, grâce inouïe que je<br />

souhaite à beaucoup. En vous disant cela,<br />

je pense notamment aux communautés<br />

portugaises nombreuses dans la capita<strong>le</strong>.<br />

Lorsqu'el<strong>le</strong>s se réunissent pour une célébration<br />

eucharistique, toute la famil<strong>le</strong> est<br />

là et <strong>le</strong>s diverses générations se portent<br />

mutuel<strong>le</strong>ment.<br />

Il est important que la <strong>messe</strong> dominica<strong>le</strong><br />

soit une fête pour toute la famil<strong>le</strong>. Les<br />

enfants garderont moins dans <strong>le</strong>ur mémoire<br />

<strong>le</strong>s <strong>par</strong>o<strong>le</strong>s dites à la <strong>messe</strong>, sans<br />

doute, que <strong>le</strong> fait d'avoir <strong>par</strong>ticipé, dans la<br />

joie familia<strong>le</strong>, à cet acte de l'Eglise dont ils<br />

devinent la grandeur à l'attitude même de<br />

<strong>le</strong>urs <strong>par</strong>ents en prière.<br />

L'unité de la famil<strong>le</strong> se consolide bien<br />

souvent <strong>par</strong> la <strong>messe</strong> vécue ensemb<strong>le</strong>. Et<br />

il me semb<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s jeunes enfants, sans<br />

comprendre, rejoignent Dieu <strong>par</strong> la liturgie<br />

et acquièrent <strong>le</strong> sens du sacré. Cela ne<br />

peut pas ne pas <strong>le</strong>s marquer. Il faut <strong>le</strong> dire<br />

aux <strong>par</strong>ents!<br />

Propos recueillis <strong>par</strong><br />

Michel Denis<br />

Directeur de la rédaction<br />

et Philippe Oswald<br />

Rédacteur en chef

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