découvrez le monde de victoria, 10 ans et de justin, 13 ans

n°85 - oct. 2006
SUPPLÉMENT GRATUIT
DE LA LIBRE BELGIQUE
DES 16 & 17/09/2006
NE PEUT ÊTRE VENDU
SÉPARÉMENT
© KURT STALLAERT
DOSSIER
Génération
internet
PSYCHOLOGIE
La place de l’aîné
ESCAPADE
Florence secrète
et absolue
DÉCOUVREZ
LE MONDE
DE VICTORIA, 10 ANS
ET DE JUSTIN, 13 ANS

É D I T O
Victoria a 10 ans, Justin 13. Victoria adore les animaux
car on peut tout leur dire, les comprendre et se faire
comprendre d’eux. Elle fait de l’équitation, suit des
cours de dessin et d’art le mercredi après-midi (elle a
réalisé une girafe boîte aux lettres) et est lutin. Elle aime
aussi la natation. Justin joue au tennis, au football et pratique le
streethockey avec ses copains. A la télévision, Justin regarde
des émissions d’humour sur TPS et suit la série Lost. Victoria
regarde parfois Fort Boyard et des dessins animés avec ses
deux petits frères. Justin et Victoria sont tous deux les aînés.
Avec ses copines, Victoria chante dans un groupe qu’elles
appellent les VCVC (Victoria, Clémentine, Victoria, Clarisse). Elle
chante surtout pour le plaisir, mais certaines de ses amies aimeraient
devenir des stars. Avec ses copains, Justin fait surtout du
sport. Justin est en 2 e secondaire et trouve l’école utile bien qu’il
regrette de devoir travailler tout le temps. Victoria est en 5 e primaire,
apprécie l’école et aimerait devenir vétérinaire et vivre
dans une ferme avec beaucoup d’animaux. Victoria écoute les
Enfoirés, Axelle Red, Johnny Hallyday et Crazy Frog ; Justin,
Red Hot Chili Peppers, Bob Marley et les Gorillas. Victoria aime
les films sur les animaux et trouve qu’il n’y en a pas assez. Justin
aime les films d’action comme le Seigneur des Anneaux ou
Highlander, mais n’aime pas les films romantiques où il ne se passe rien. Victoria aime aussi Harry Potter,
les Pirates des Caraïbes, les films réalisés par Pixar. Justin trouve que les parents sont utiles, qu’ils aident
à avancer dans la vie. Ils sont sévères mais pas trop, opinion que partage Victoria. Justin utilise internet pour
télécharger de la musique ou pour chatter sur msn. Victoria chatte aussi et consulte régulièrement le site
Equideo. Tous deux sont conscients des dangers que peut représenter le surfing : Justin supprime spontanément
les gens qu’il ne connaît pas ou enlève toute page ambiguë. Justin est parti avec plaisir en vacances
en Indonésie, se réjouissant de changer souvent d’endroit. Victoria s’est envolée pour la Sicile,
impatiente de découvrir les temples de la région de Palerme. Justin et Victoria adorent tous deux aller skier
et aiment la montagne. En BD, Victoria lit Tintin, Kid Paddle, Yakari, Jojo, Cédric et l’Etalon noir, Justin lit la
BD d’aventures Soleil et des livres d’aventures. Victoria est amoureuse et Justin préfère voir venir, prudent.
« C’est ennuyeux de prendre un râteau ». La pollution les interpelle : Victoria jette ses papiers à la poubelle
et ramasse souvent des plastiques en rue pour les jeter. Justin prend le bus et est venu à la réunion en train.
Tous deux trouvent qu’ils ont beaucoup de chance d’être là où ils sont. Justin aimerait avoir 15 ans et trouve
chouette de grandir ! Victoria et Justin sont nos deux invités du mois. C’est leur personnalité et leurs centres
d’intérêt qui ont nourri ce numéro spécial enfants. Merci Justin et Victoria !
CHRISTIANE THIRY - PHOTOS
LE MONDE
SELON
JUSTIN & VICTORIA
MICHEL DE BACKER
SOMMAIRE ESSENTIELLE 85
10 Enseignement La réussite scolaire :
mission impossible ?
12 Société L’animal : relais affectif et social
14 Littérature Rentrée littéraire 2006
16 Théâtre
18 Société Dans la lumière
20 Dossier Génération internet
26 Mode Shopping tour
30 Ski Les loulous à la neige !
31 Psychologie L’aîné : dauphin, cobaye ou pélican ?
32 Littérature Françoise Lalande,
compagne d’écriture
34 Nature Un défi pour la Terre
36 Cinéma Les films de nos enfants
38 Télévision Quels dessins animés ?
40 Beauté Alchimiste illusionniste
42 Escapade Florence et le syndrome de Stendhal
44 Nos choix
46 Jeu-horoscope
CREDITS COUVERTURE :
Victoria porte une capeline et une chemise en dentelle
IKKS, une veste kaki et un pendentif cœur H&M.
Justin porte un jean, une chemise kaki à manche courtes
et un t-shirt H&M, un bonnet IKKS.
Production Pascale Renaux @ C’est chic
Photographe Kurt Stallaert (rosa@kurtstallaert.be)
Maquilleur Paul Hillewaere @ Model’s Office
Rendez-vous le 7 octobre dans La Libre Belgique.
Vous y découvrirez La Libre Essentielle Homme
et son invité, Laurent Minguet, ainsi qu’une
Libre Essentielle Voyage.
RETROUVEZ LA LIBRE ESSENTIELLE
SUR WWW.LALIBREESSENTIELLE.BE
De gauche à droite : Martine Dory et Isabelle Blandiaux, journalistes,
Justin Denis, notre invité du mois, Christiane Thiry, rédactrice en chef de
La Libre Essentielle, Victoria Lefèvre, notre invitée du mois,
Claude Muyls, journaliste et Julie Grégoire, photographe
LA LIBRE ESSENTIELLE Rédactrice en chef : Christiane Thiry / Secrétaire de
rédaction : Hélène Rivière / Rédaction : 127, Bd Emile Jacqmain - 1000 Bruxelles - tél
02 211 27 75 - téléfax : 02 211 29 71 - e-mail : llb.essentielle@saipm.com / Ont collaboré
à ce numéro : Sémir Badir, Isabelle Blandiaux, Colin Bouchat, Didier Chatelle, Anne
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Sépul, Sabrina Weldman, Michel Zumkir / Direction artistique et mise en page : Michel
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et du comité permanent : Patrice le Hodey/ Direction : Administrateur
délégué, éditeur responsable : François le Hodey
LA LIBRE
ESSENTIELLE
5

E N S E I G N E M E N T
Deux décennies auparavant… Didier Bronselaer, instituteur de formation, fait
son objection de conscience à Erasme. En observant le monde pédagogique, il
pointe du doigt le manque d’aide psychopédagogique indépendante aux enfants.
« N’existaient à cette époque que les leçons particulières, les écoles du devoir et
les PMF qui ne réglaient pas les problèmes de fond liés à l’échec scolaire. 80 %
des demandes en psychiatrie infantile concernaient pourtant cette problématique.
J’ai jugé opportun d’ouvrir un nouveau type de centre, basé sur la demande, en
collaboration avec des psychologues et des logopèdes. »
La chaîne de l’information
Le succès est immédiat. « En vingt ans, j’ai évolué fortement dans mes compétences
en me formant énormément. J’ai remarqué que 80 % des difficultés, décelées
au travers de ma consultation, étaient liées au développement cognitif chez
l’enfant : mémoire de travail, organisation spatiale, compréhension verbale… La
moitié d’entre elles se résume à des problèmes de lecture, dus à une lenteur dans
le déchiffrement des caractères. L’important est de cerner les réelles causalités de
ces états et d’en informer tous ceux qui peuvent agir sur elles; en formant les enseignants,
ces derniers sont plus à même d’aider les enfants. Je ne suis qu’au bout
d’une chaîne à multiples maillons; je dois respecter les systèmes familiaux et scolaires
encadrant l’enfant. Quand l’encadrement
familial n’est pas adapté à
celui de l’école et vice-versa, il est
souvent utile de réorienter l’élève vers
un autre établissement. » Après une
première rencontre avec les parents,
Didier propose, en cas de besoin, de
faire le bilan de l’étudiant, afin de détecter
les causes de ses échecs et
d’offrir une grille de solutions. « Certaines
familles narcissiques refusent cet
exercice, de peur des résultats; elles
préfèrent que nous nous attaquions
directement aux cours. Je respecte
cette démarche… mais elle ne soigne
que la blessure, pas ses causes. Le
jeune est manipulé depuis la maternelle
: on lui impose ce qu’il doit faire,
lui donne des matières à emmagasiner
sans réfléchir. Souvent, à force de
courage et de travail, il
réussit tout juste jusqu’à 14 ou 15 ans.
L’adolescence redistribue sa personnalité,
l’exigence scolaire devient souvent
plus abstraite et l’élève est en
rupture… Fondamentale dans ma méthode
: l’écoute. Je ne donne pas de
leçons particulières; je laisse l’étudiant
parler, expliquer sa démarche pour
repérer sa faiblesse. Le respect est
tout aussi important; remettre chaque
consultant dans sa réalité quotidienne,
sans jugement. » Didier a aidé
quelque 2400 enfants en deux décennies;
sa clientèle est composée à
70 % par des jeunes de 9 à 17 ans.
« J’ai de plus en plus de cas de précocité
en maternelle. En vingt ans, les
parents se sont rendus compte qu’ils
restaient le seul filet de sécurité de
l’enfant. L’institution scolaire n’est
pas outillée pour aider les enfants
individuellement ou en difficulté. »
« BEAUCOUP
D’ÉCHECS SCOLAIRES
SONT DUS AU
MORCELLEMENT
DE L’ÉDUCATION
EN COMMUNAUTÉ
FRANCOPHONE. »
Morcellement
Problème fondamental de l’éducation en communauté française :
son morcellement. « Il existe autant d’écoles que de pouvoirs organisationnels,
une des raisons de sa faillibilité. Pour moi, l’enseignement
n’a pas bougé depuis 1960, exception faite de l’expérience du rénové
qui, mal comprise, mal gérée et trop politisée, est morte étouffée dans
l’œuf. La Communauté française a développé historiquement la
tradition de l’échec. Sans se remettre en question… Donner plusieurs
examens par jour à Noël et en juin pour que des élèves restituent des
matières entières n’est, par exemple, pas réaliste. Certains enfants
exigent plus de temps pour prouver leurs compétences et d’une
école à l’autre, le système diffère. Cherchez la logique… » Tous les
enfants peuvent-ils, dans ces conditions réussir leurs études ? « Dans
l’enseignement général, certainement pas ! Il faut bien les orienter très
tôt en fonction de leurs forces et faiblesses… À ce moment, les
chances augmentent; leur trouver des solutions individuelles tenant
compte de leurs difficultés propres. Voyez Decroly, mais l’école
affiche complet ! Actuellement, les problèmes scolaires ne sont pas à
la mode… Parlez de sexualité ou d’autisme, là les débats s’animent.
Aujourd’hui, huit psychologues
sur dix sont formés pour résoudre
2 % des difficultés réelles
rencontrées par l’enfant. Les
solutions se bousculent, mais
se mettront en place difficilement
: former les enseignants
aux problématiques qu’ils risquent
de rencontrer, chapeauter
les écoles par un organisme
composé de gens responsables,
habitués à ces problématiques,
leur apprendre à
comprendre la demande de
l’enfant… Ni lui ni son professeur
n’est responsable de cette
situation… Je vis en dehors du
système de culpabilisation ! »
INFOS_Centre de Réussite Scolaire,
avenue de la Bergerie 95, 1410 Waterloo,
tél. 02 354 13 11
BIBLIOGRAPHIE_Comment réussir à
l’école pour les enfants de 10 à 17 ans
et ceux qui les aident ?, de Didier
Bronselaer, éditions Labor, 278 pages
LA RÉUSSITE SCOLAIRE
MISSION
IMPOSSIBLE ?
Depuis 20 ans, Didier Bronselaer dirige un centre indépendant original d’aide à la
réussite scolaire. Un défi difficile à relever dans un paysage scolaire belge francophone
Quand Axelle Red totalement rencontre morcelé. sa créatrice « Ni les de enseignants mode fétiche ni les Véronique élèves ne Leroy, sont à Paris, condamner. elles évoquent Révisons à
l’unisson leur besoin plutôt de revenir le système à l’essentiel et chapeautons-le dans leur art, par leur des singularité, professionnels leurs origines, ! » leur perfectionnisme…
CLAUDE MUYLS - PHOTO CASSANDRE STURBOIS/REPORTERS
LA LIBRE
ESSENTIELLE
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S O C I É T É
L’ANIMAL
RELAIS AFFECTIF ET SOCIAL
L’animal familier a la cote en Belgique parmi les familles nombreuses. Il constitue pour l’enfant un potentiel ludique,
affectif, éducatif, voire thérapeutique. A condition de prendre certaines précautions, comme le souligne Françoise Sion
d’Ethologia, Association Belge d’Etude et d’Information sur la relation homme animal.
© CASSANDRE STURBOIS/REPORTERS
Ethologia naît en 1989 avec pour premier but d’étudier, à partir de
l’homme, le bienfait de ses relations avec l’animal et d’analyser le rôle
affectif, social, émotionnel, voire curatif de celui-ci. « Notre deuxième
objectif est simple », explique Françoise, « nous prônons une propriété
responsable. Très jeune, l’enfant est attiré par la nature et les animaux ;
il constitue le devenir de notre planète. Nous l’éduquons dès son
plus jeune âge à ce concept qui débouchera sur sa citoyenneté
responsable, terme à la mode actuellement. Les enfants représentent
aussi d’excellents vecteurs d’éducation à l’égard de leurs parents ; regardez la manière
dont ils appliquent certains préceptes d’écologie et soulignent l’importance d’être suivis.
Nous ne nous substituons pas aux associations de défense des animaux ; notre base
est l’humain ! Nous sommes entrés dans les écoles pour assumer ce rôle formatif avec
des jeux développés par des spécialistes que nous louons aux classes. Ils se jouent
par équipe, générant une authentique interactivité et des échanges cognitifs autour de
la thématique animale. » Ethologia apporte une palette d’outils pédagogiques, participe
à des enquêtes, donne des séminaires, dispose d’une documentation unique
concernant le rapport homme animal, accessible aux professionnels, suscite l’intérêt
de la communauté scientifique par des publications et colloques, sert de relais à la
presse et aux pouvoirs publiques, notamment dans la gestion intelligente des nuisances
animales. « Posséder un animal relève d’un droit fondamental », insiste le secrétaire
général. Prochainement, dans le cadre de la Journée de l’Animal du 4 octobre, l’association
diffusera un DVD concernant le chat, doté de fiches d’information et de travail
pédagogique, que les écoles peuvent acquérir pour 10 euros... « Nous restons une
asbl », insiste Sion.
Une complicité silencieuse fondamentale
Pourquoi les enfants manifestent-ils tant le désir d’avoir un animal ? Les bienfaits
de ce dernier, bien éduqué et en parfaite santé, sont légion. « Il écoute, ne juge pas, ne
réplique pas, il constitue le confident idéal. Son regard reste bienveillant, toujours valorisant...
Le chien particulièrement est demandeur de communication. Vivant dans un
univers d’émotion plutôt que de raison, il sent les choses, se rapproche de l’enfant
« Les bienfaits
de l’animal sur
l’enfant sont
éminemment
positifs ! »
quand il ressent tristesse ou peur. Mieux, il l’incite à se mouvoir,
à observer... Il ne faut cependant pas oublier les notions de sécurité
essentielles à la cohabitation harmonieuse entre les animaux
et nos têtes blondes », explique avec passion et clairvoyance
Françoise. « L’animal constitue une source de joie et de
bien-être pour son jeune maître, quel que soit son âge ou son
état de santé... Entre huit et douze ans, par exemple, il trouve refuge
auprès de l’affection de son animal, car il se juge trop grand
pour accepter les câlins parentaux et pas assez mûr pour vivre
une histoire d’amour... Certaines recherches mettent en évidence
l’importance de l’animal dans le tissu relationnel ; les possesseurs
de compagnons à quatre pattes font d’avantage preuve
d’empathie, comprennent mieux les émotions des autres et
transmettent mieux les leurs. Pourquoi ? Parce que la relation
liant l’enfant à l’animal est basée sur le non verbal. Le petit apprend
à reconnaître les émotions ressenties par l’animal à travers
les postures et les mimiques qu’il adopte. Les enfants interprètent
ses comportements et le font en fonction de ce qu’ils ressentent
inconsciemment ; ils peuvent ainsi exprimer leurs propres blessures
à travers leur compagnon à poils. Attention lorsqu’un jeune
déclare : « Le chien Jimmy ne veut pas rester seul toute la journée
à la maison... » Traduction éventuelle d’un mal-être de l’enfant
plus que de l’animal. »
Danger : substitut
Certains enfants fusionnent trop avec leur animal préféré.
« Quand je remarque à l’arrière d’une voiture l’adage Plus je vois
les hommes, plus j’aime mon chien, je trouve cela amusant au premier
degré. Pris sérieusement, cette sentence contient un sens caché
hyper dangereux, laissant entrevoir la possibilité d’une rupture
sociale de celui qui l’applique. Des enfants peuvent carrément
substituer les animaux aux humains. Ils entrent dans une
spirale tragique de solitude, surtout s’ils n’ont aucun
frère et sœur. La fratrie reste un élément d’équilibre
pour le jeune en devenir. » L’acquisition
d’un animal familier peut, dans certains cas,
compenser ce manque, mais cette démarche
ne se conçoit que de manière
responsable. L’animal doit être
soigné et éduqué ; l’enfant ne
peut ignorer les interprétations
éventuellement
négatives d’un comportement
inattendu de sa
part, comme de le perturber
dans son sommeil par
des gestes brusques. « Tout
se résume à bien informer les
futurs jeunes maîtres », martèle Françoise.
« Après, les bienfaits apportés par une présence
animale restent éminemment positifs. »
Ethologia asbl, rue Konkel 87-89, 1150 Bruxelles,
tél. 02 772 73 36, mail ethologica@skynet.be
CLAUDE MUYLS
LA LIBRE
ESSENTIELLE
12

L I T T É R A T U R E
DÉCONSTRUCTION ÉTHIQUE
Anthropologie d’Eric Chauvier (éd. Allia) est une enquête sur une mendiante dont le regard a
saisi l’auteur. On pourrait dire aussi que c’est un essai moral, anthropologique, politique et poétique,
une tentative pour sortir le langage de son usage social et retrouver ses dimensions perdues.
Pourquoi avoir appelé votre livre Anthropologie ? « Pour moi, l’anthropologie est la rencontre
avec l’autre, l’autre dans sa proximité et son étrangeté. Mon livre étudie la communauté humaine dans
un endroit un peu particulier, déserté (un carrefour devant un centre commercial). L’anthropologie est
également une exigence au quotidien pour comprendre le monde, une hygiène de vie. »
Vous y développez une réflexion sur le langage. « Le matériau de ce livre est le langage humain
dont on peut dire qu’il est un reflet du réel. Si on arrive à faire la critique du langage au quotidien,
si on peut déconstruire son usage, on arrivera à mieux comprendre le monde. C’est ainsi que je
réfléchis sur l’utilisation du mot Rom et de l’expression être amoureux. Les propos ordinaires peuvent
parfois être lourds de sens. Je n’ai pas l’ambition de dire qui sont les Roms, ce qu’est être amoureux.
Je cherche à partager une expérience avec le lecteur. »
Votre livre tente de mettre des mots sur une impression de familiarité rompue. Comment
pourriez-vous définir cette impression ? « C’est la découverte d’une personne qui pourrait être
familière et que l’on découvre dans une situation d’extraordinaire violence : quelque chose de familier
a été rompu à ce moment-là. Comme de découvrir qu’un ami fait la manche par exemple. »
© D. DAILLEUX
AU NOM DES FEMMES ILLÉGITIMES
Ça ne se fait pas, le premier roman d’Isabelle Spaak racontait l’histoire terrible, meurtrière de
ses parents. Ce livre a été couronné, à juste titre, par un succès critique et public, par le Prix Rossel
aussi. Dans son deuxième livre, Pas du tout mon genre, (éd. des Equateurs), on retrouve son écriture
concise, son exigence de dire au plus près la complexité des sensations.
Est-ce que vous avez écrit ce livre pour rendre public un amour dont le secret vous pesait ?
« Non. Ce secret ne me pesait pas. Je n’écris pas pour révéler des événements intimes, ni des
secrets mais pour essayer de décrire au plus juste des sensations. Dans ce cas particulier, ce sont
celles de ces femmes illégitimes qui n’ont pas la parole, ne sont pas visibles. »
Cet art que vous avez de mettre les choses en relation vous est-il naturel ? Et celui d’écrire par fragments
? « J’aime la concision, les histoires qui ne sont pas linéaires, les récits à plusieurs voix, les propositions
ouvertes. Mon rêve, serait d’écrire une épopée... Y parviendrais-je un jour ? Ce n’est pas sûr. »
Est-ce par l’écriture que vous avez découvert l’importance de la place de votre nurse dans
votre vie, la manière de vivre certaines de vos relations ? « Bien sûr, en écrivant je découvre
certaines choses. Sinon, est-ce vraiment la peine ? »
On a l’impression avec ce deuxième livre que vous avez déplacé l’histoire de vos parents
pour voir d’autres choses ? « L’histoire de mes parents est un prisme, une histoire d’amour où
se cognent toutes les autres. »
Ces livres où vous êtes impitoyable avec vous-mêmes vous font-ils souffrir pendant leur écriture
? « Il me semble que les livres font souvent souffrir leurs auteurs. Ce sont d’exigeants voyages. »
A TRAVERS L’ÉPAISSEUR DU TEMPS
Nous avions rencontré Michèle Desbordes dans un café parisien du boulevard du
Montparnasse, à l’occasion de la sortie de Un été de glycine, une rêverie romanesque sur William
Faulkner (voir La Libre Essentielle 70). Ce n’était pas son livre le plus libre d’accès, mais l’écriture
était, comme à chacun de ses opus, belle et envoûtante. Enveloppante. Un roman à elle toute seule.
Nous ne savions pas alors que cette rencontre resterait unique. Unique parce que l’écrivaine
nous a entrouvert généreusement les voies mystérieuses de son écriture – ce que nous cherchons
à chaque entretien avec un(e) auteur(e). Parce qu’aussi, elle allait mourir quelques temps plus tard,
en janvier de cette année, dans sa maison du bord de Loire. En ce mois de septembre paraît un
premier livre posthume : L’emprise aux éditions Verdier, ces éditions où elle a pour compagnon deux
écrivains de la même famille d’écriture : Pierre Bergounioux et Pierre Michon. Dans ce livre, qui multiplie
les récits, les portraits, elle tente de retrouver, à travers l’épaisseur du temps des instants (souvent
des commencements), des gens de son enfance qu’elle a vécue pendant la deuxième guerre
mondiale. On n’est pas prêt d’oublier cette image de l’homme qui emmène la petite fille sur ses
épaules, une enfant si sûre de lui. Ni les figures de ces femmes hantées par la mort. Ni les descriptions
de leur maison. Des paysages, des cieux et des eaux de Sologne. Autant le dire, on n’est pas
prêt d’oublier ce livre qui va à l’essentiel, à la naissance et la mort des gens et des choses, un livre
qui flirte avec le mystère du temps.
Ecrire l’autre, les sensations et l’enfance.Trois
RENTRÉE
leçons de vies, de mots, épinglées pour vous.
LITTÉRAIRE 2006
LA LIBRE
ESSENTIELLE
14

T H É Â T R E
IMMUABLE, L’IDENTITÉ ?
Avec Anders, la jeune metteur en scène Flore Vanhulst
conduit le spectateur à s’interroger sur ce qu’est l’identité
: celle-ci est-elle définitivement façonnée ou se transforme-t-elle
au fil de notre vie ? Passionnante question !
Qu’est-ce qui a guidé votre création ? Le constat
que l’humain est capable d’éprouver de la haine
envers l’autre, d’exterminer ses voisins. Je suis
révoltée à cette idée. Mais j’observe également
que l’homme ressent une attirance, une fascination
pour ce qui est différent. Avec Xavier Campion, coauteur
de la pièce, nous avons eu envie d’explorer ces deux sentiments.
Vous avez donc imaginé de croiser trois personnages totalement
différents… Oui, une jeune fille d’origine africaine qui vit confinée dans
un petit appartement et qui a des rituels très particuliers : une façon à elle de
cuisiner, de ranger,... Ces règles – qui la submergent – constituent en même
temps des repères pour elle. Le propriétaire de son appartement est aussi
obsédé par le rangement. Mais ça se manifeste dans son rapport aux autres :
il classe les gens dans des cases. Cet individu rigide est cependant toujours
en transit. Il loue ses murs, il n’a pas de chez lui, pas de famille. Un troisième
personnage va apparaître et chambouler leur quotidien. Il est très libre, extravagant
et tout à fait hybride. On ne sait pas si c’est un homme ou une femme,
s’il est religieux ou athée,… Il passe d’une manière d’être à une autre.
Comment les spectateurs seront-ils emmenés à s’interroger sur l’altérité ?
Le spectateur associe le corps de chaque acteur à un comportement. Or les
acteurs vont changer de rôle : ces trois-là se rencontreront réellement puisqu’ils
se fondront dans la peau de l’autre et vivront sa vie. Quand ils reviendront
à leur personnage, cette expérience laissera des traces en eux. Mais
jusqu’à quel point ? Autrement dit, existe-t-il un socle identitaire définitif ou
l’identité se remodèle-t-elle au gré de nos rencontres ? Si nous estimons que
l’identité évolue, notre regard sur l’autre ne peut que se modifier !
Au Théâtre des Tanneurs du 20 au 23/9. Tél. 02 512 17 84.
SABRINA WELDMAN
L’ESCALADE DE LA VIOLENCE
A-t-on le droit à la vengeance ? interroge Sophocle dans Electre où une mère et sa
fille sont aspirées par le cycle infernal de la violence. En mettant en scène cette tragédie,
Isabelle Pousseur nous renvoie aux guerres fratricides d’aujourd’hui.
Pourquoi avoir choisi de monter Electre ?
Parce que cette pièce me fait penser aux guerres
civiles qui ont eu lieu récemment ou qui se déroulent
encore : on voit resurgir de vieilles luttes
entre des gens qui ont cohabité sans problème
pendant des années dans un même pays et qui,
tout d’un coup, deviennent des ennemis mortels.
C’est dans ce contexte contemporain que je
situe Electre. Electre fait partie de la famille des
Atrides, lignée sur laquelle pèse une malédiction
très ancienne : elle est prise dans un cycle
éternel de vengeance, dans une violence qu’on
n’arrive pas à arrêter.
Cette violence régit la relation entre une
mère et sa fille, Clytemnestre et Electre…
Oui, il y a entre elles un noyau incandescent de
haine là où, normalement, il devrait y avoir de
l’amour. Mais Sophocle ne donne raison ou tort
ni à l’une ni à l’autre. Clytemnestre avait-elle le
droit ou pas de tuer son époux Agamemnon
© LOU HÉRION
qui, auparavant, avait sacrifié sa fille Iphigénie
pour pouvoir faire la guerre de Troie ? La justice
est questionnée à travers l’affrontement des
deux femmes. Mais, simultanément, on assiste
à une scène familiale où se manifestent des
affects. Electre, qui demande à Clytemnestre
s’il faut vraiment qu’un homme soit tué pour un
autre, est prête à son tour à assassiner sa
mère ! C’est vertigineux.
Comment traitez-vous le chœur, composé de
jeunes filles ? J’en fais des orphelines errantes,
protégées par une femme qui a le rôle du coryphée.
Au fur et à mesure que l’action évolue, ces
jeunes filles perdues, rassemblées en groupe,
prennent nettement parti pour Electre, pour la violence.
Ce choix est extrêmement dangereux ! La
chef du chœur par contre, plus âgée, reste dans
le doute. Elle éprouve de la compassion pour les
deux camps. Elle ne juge pas. Moi non plus !
SABRINA WELDMAN
Au Théâtre National du 22/9 au 7/10. Tél. 02 203 53 03.
LA LIBRE
ESSENTIELLE
16

S O C I É T É
DANS LA
LUMIÈRE
Sur une scène, des photos de mode ou dans des
films, les petites frimousses jouent les chanteurs, acteurs,
mannequins, du rêve plein les yeux. Quand
l’enfant brille parmi les stars…
Un bébé Ministar pour
la collection de
vêtements Babeurre.
Pour Victoria, notre invitée du mois
âgée de 10 ans, le bonheur est
dans le pré, au milieu des animaux.
Mais les autres membres de son
groupe de chanteuses, les VCVC,
ne partagent guère sa vision bucolique de
l’avenir. Elles, c’est le haut de l’affiche
qu’elles visent. Comme beaucoup de préadolescents.
Même si le phénomène des
enfants stars relève plutôt du système américain,
avec Michael Jackson en figure de
proue. Shirley Temple (premier rôle à… 4
ans), Macaulay Culkin (10 ans dans le film
Maman, j’ai raté l’avion), Drew Barrymore (7
ans dans ET l’extraterrestre) et Britney Spears (dans la série Mickey Mouse
Club sur Disney Channel dès 11 ans) ont également survécu - parfois de
justesse… - à l’existence de vedette en culotte courte. Tandis que Brigitte
Fossey (6 ans dans Jeux interdits) et Vanessa Paradis (15 ans pour Joe le
taxi, après d’autres tentatives et un passage par L’école des fans) s’imposent
comme modèles de précocité en France.
Loin de Joëlle Morane l’idée de former des superstars dans son Ballet
Jeunesse depuis 1991, mais d’offrir aux meilleurs éléments de son
école l’occasion de mettre la technique en pratique sur une scène. « Ce
qui motive les élèves, ce sont les spectacles, les plateaux de télé, la rencontre
avec des chanteurs… Je donne des cours de danse classique,
moderne, de claquettes et Gabriel Madiata enseigne le chant. Il m’a écrit
une comédie musicale en français et en anglais, Live on stage. Nous
cherchons les fonds pour la monter. On devrait aussi sortir un extrait en
CD, interprété par Brenda, une fillette
avec laquelle il a obtenu des résultats fantastiques.
»
Une foule d’autres projets attendent
les artistes en herbe. Outre Émilie Jolie et
des défilés (Kids Fashion Show), les enfants
de Joëlle Morane accompagnent la
tournée de Chantal Goya (Il était une
fois… Marie-Rose) cet automne-hiver.
Les enfants de Joëlle Morane
Pas trop de soucis d’organisation
accompagnent Chantal Goya en
« car la plupart des concerts ont lieu le
tournée, après l’avoir séduite
week-end », quitte à assurer des allersretours
à Lyon ou Barcelone en deux
notamment dans Vivement
dimanche sur France 2.
jours. « Et en général, ceux qui réussissent
bien chez moi sont de bons élèves.
Donc, les parents ne sont pas opposés à ce hobby ! » Au contraire, certaines
mamans vivant le frisson de la représentation à travers leur progéniture.
« C’est gai parce que je suis fière comme les autres mères », dit
le professeur dont le petit Tom, 8 ans, assume le statut de seul garçon
dans une compagnie où le professionnalisme est le maître mot. « Il ne
faut pas considérer qu’ils ne savent rien faire parce qu’ils sont jeunes. Au
contraire, ils sont pleins d’énergie ! Ce sont surtout la personnalité et le
© B. MOUILLON / COLLECTION C. GOYA
charisme qui comptent. Un enfant stressé, on ne peut pas le prendre même s’il
danse bien. Amené à se surpasser, un timide va peut-être mordre sur sa chique
et cela peut l’aider à s’épanouir. Mon école s’adresse plutôt à des éléments
doués. Il faut réussir un examen pour entrer dans l’équipe du show. »
Ministar, maxi ouverture
Pareille projection parentale et pareille sélection drastique se retrouvent bien
sûr dans les agences de casting spécialisées dans les chères têtes brunes et
blondes. Comme en atteste Marie-France Gérin, directrice de Ministar, précurseur
en Belgique dès 1982. « Les parents viennent chez nous par le bouche
à oreille. Leur rêve, c’est de voir leur gosse dans un spot télé, sur une affiche,
dans un magazine, dans un film. La rémunération (50 euros la première heure
et 15 euros par heure supplémentaire, plus les royalties) que je verse depuis
toujours sur le carnet d’épargne de l’enfant, est clairement secondaire. Un de
mes petits-fils a posé pour un catalogue et depuis que j’ai vu sa photo remplir
tout un mur, j’ai compris les mamans ! C’est très émouvant. Mais on ne forcera
jamais un petit à sourire et être bien dans sa peau. Il faut que ça lui plaise. Certains
arrivent ici terrorisés, cachés derrière leur maman : on sait que cela ne
marchera pas. Quant aux castings, il faut bien expliquer aux garçons et aux
filles que ce n’est pas grave de ne pas être choisi, que cela dépend notamment
de la manière dont tombe le vêtement. L’école de la vie en somme.»
Les critères strictement physiques, eux, se sont élargis. « Depuis cinq à huit
ans, des looks très différents sont demandés. Ce qui compte, c’est le charisme
et un visage expressif. On représente 8000 gosses actifs une à douze fois par
an. Depuis 1993, le travail des enfants est réglementé. De 0 à 7 ans, seules 6
activités sont autorisées.»
Ici aussi, on stigmatise l’assurance et l’aisance en public apportées, côtés
positifs d’un éventuel narcissisme attisé. « J’ai remarqué que des très jeunes
modèles se dirigent plus facilement vers les métiers de la communication. Par
contre, ils ne deviennent pas mannequins. Certains travaillent à la télé, comme
Thomas Van Hamme ou Barbara Louys. Ma plus grande satisfaction, c’est
quand d’anciens Ministar viennent inscrire leur fils ou leur fille ! Cela signifie
qu’ils gardent un bon souvenir. »
Il était une fois… Marie-Rose à l’Aula Magna de Louvain-la-Neuve le 19/11, à Mons Expo le 29/11, au Forum
de Liège le 23/12, au Grand Théâtre de Verviers le 13/01 et au Cirque Royal de Bruxelles le 14/01.
Infos : www.chantalgoya.eu. - Infos Ministar : www.ministar.be.
ISABELLE BLANDIAUX
LA LIBRE
ESSENTIELLE
18

D O S S I E R
GÉNÉRATION
INTERNET
Nombre de parents sont préoccupés par la manière dont leur progéniture utilise internet,
d’autant que ces jeunes se familiarisent souvent très rapidement au multimédia. Internet est
une ouverture sur le monde et à ce titre une porte ouverte vers sur ce qu’il a de meilleur et
de pire. Le principal outil de prévention : la responsabilisation et l’information des adultes
face à l’usage que les mineurs font du Net.
LA LIBRE
ESSENTIELLE
20

D O S S I E R
JEAN-YVES HAYEZ : « IL EST ÉVIDENT QU’UN ADOLESCENT DÉCOURAGÉ
À L’ÉCOLE TROUVERA FACILEMENT REFUGE SUR SON ORDINATEUR.
MAIS LES PARENTS S’INQUIÈTENT DU TEMPS QU’IL PASSE
SUR INTERNET ET NON DU FAIT QUE LEUR ENFANT SOIT MALHEUREUX
À L’ÉCOLE ET REMPLISSE LE VIDE PAR SON ORDINATEUR. »
Jean-Yves Hayez, psychiatre
infanto-juvénile et directeur
de l’unité de pédo-psychiatrie
des Cliniques universitaires Saint-
Luc à Bruxelles.
Entre Alex et sa maman, des
consignes strictes ont été établies
pour l’utilisation d’internet.
Cassandra et sa maman utilisent
souvent l’ordinateur ensemble : un
bon moyen pour dialoguer autour
d’internet et de son utilisation.
L’ordinateur est installé sur le bureau dans « la salle TV ». Le dîner
terminé et les restes de dessert vite engloutis, Alexandre, 13 ans
– bientôt 14 – retourne chatter sur MSN alors que ses deux jeunes
frères, Guillaume et Nicolas, regardent un DVD de Bob, l’Eponge.
Dimanche en famille. « Les jours d’école, je chatte environ une heure
par jour : après mes devoirs et avant le souper. Si j’ai trop de devoirs,
alors je ne vais pas sur MSN. Le week-end, je chatte le samedi
entre 14 et 15h, et puis en fin de soirée. Et quand il n’y a rien d’autre
à faire et que les copains ne sont pas là », nous explique Alexandre.
Alexandre aime les chevaux, veut devenir militaire et rêve d’avoir
son permis de conduire à 16 ans. « Le week-end dernier, j’ai
acheté une webcam : mon parrain habite au Canada et je me réjouis
qu’on puisse se voir lui et moi, la prochaine fois que l’on se
croise sur MSN », poursuit l’adolescent.
L’idée de l’ordinateur familial dans la salon où l’on regarde la
télévision vient de ses parents, histoire qu’Alexandre ne soit pas
complètement livré à lui-même quand il surfe sur internet bien qu’il
lui arrive souvent de disposer de la pièce en solo. « Quand nous
avons eu l’ordinateur, nous voulions qu’il soit pour toute la famille »,
explique Ariane, sa maman. « Quand Alex a commencé à chatter, je
me suis un peu renseignée, on a installé un filtre sur l’ordinateur et
je lui ai donné quelques consignes : rester discret sur son adresse,
son numéro de téléphone, être prudent avec les gens qu’il ne
connaît pas du tout et qui voudraient discuter avec lui, ne pas s’inscrire
sur un site sans notre permission, ce genre de choses… D’un
point de vue technique, je ne pouvais rien lui conseiller vu qu’il s’y
connaît mieux que moi : c’est lui qui m’a montré comment créer une
adresse MSN ! » Le monde d’internet, aussi vaste soit-il, se compose
pour Alex comme pour nombre d’adolescents d’un univers
aux dimensions de son cercle d’amis et des ses envies : activité n°1,
chatter; n°2, rêver de son prochain cadeau d’anniversaire sur E-
Bay; n°3, jouer en ligne; et n°4, chercher des infos et des images
pour les présentations scolaires.
« J’adore chatter avec mes amis. C’est un moment particulier de
la journée où j’oublie tout. J’ouvre ma session et je vois tous mes
contacts qui s’affichent. C’est vraiment le bonheur de voir tous les
gens que je connais. C’est comme une grande réunion, on est tous
ensemble et c’est très sympa », explique Alexandre.
« Je pense qu’internet est une invention globalement positive »
commente Ariane, sa maman. « Mais il faut faire attention, c’est une
porte ouverte sur le monde, ce qui est fantastique mais évidemment
le mauvais peut également rentrer… Nous avons installé un filtre sur
l’ordinateur qui doit, normalement, refuser l’accès à l’ouverture de
sites pornographiques. En même temps, je ne me fais pas trop
d’illusions, et j’imagine qu’Alex a déjà dû voir certaines choses. Maintenant, on essaie
aussi de fonctionner sur la confiance, c’est une illusion de vouloir tout contrôler.
On essaie de discuter et de parler avec nos enfants en espérant que cela les
aide à distinguer ce qui est bien de ce qui ne l’est pas. Et puis, il y a un âge pour
tout : quand Alexandre me demande un ordinateur avec internet dans sa chambre,
ce qui n’est pas encore d’actualité, je me pose plus la question de ses devoirs
que de la pornographie : aura-t-il la maturité de bien gérer son temps entre le travail
scolaire et les amis, une fois internet installé dans sa chambre ? »
50 millions de jeunes européens en ligne
En juin dernier, le projet européen Mediappro (www.mediappro.org) publiait les
résultats d’une vaste enquête sur l’usage que font les jeunes des médias numériques
(internet, GSM, jeux vidéo). 900 jeunes – entre 12 et 18 ans – de pas moins
de 9 pays européens (dont la Belgique) et du Québec ont été questionnés sur leurs
pratiques des nouvelles technologies lors d’entretiens. Thierry De Smedt, professeur
responsable de l’Unité de Communication de l’UCL, a participé à cette recherche
et nous livre ses remarques.
« La relation des jeunes aux nouveaux médias est très différente de celle vécue
par les parents ou présentée à la télévision. Ces dernières insistent sur la pornographie,
la violence et la pédophilie quand les jeunes parlent de communication et de
plaisir », explique Thierry De Smedt. « Tout d’abord, les jeunes restent très attachés
à ces technologies. Elles tiennent une place énorme dans leur vie : 90% des jeunes
interrogés utilisent internet et leur GSM pour communiquer. Ils entretiennent et renforcent
leurs amitiés via le chat, conversent avec leur tribu dans leur propre langage,
créent des blogs où ils se présentent au regard des autres, échangent des informations
techniques par exemple sur les virus, et tiennent beaucoup à la Netiquette
– NDLR : ensemble des règles de conduite et de politesse à adopter dans les médias
de communication mis à disposition sur le net – », précise le chercheur.
Communiquer et vivre en réseau. Être ensemble. Discuter sans fin avec ses amis.
Voilà de quoi est fait d’abord l’internet des jeunes. Il serait injuste de réduire cette
communication à un bavardage superficiel et léger; elle peut, au contraire, s’avérer
profonde et porteuse de réflexions existentielles, si chères aux adolescents.
« Je pense que du côté des adultes, la vigilance n’est pas toujours portée au
LA LIBRE
ESSENTIELLE
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D O S S I E R
Thierry de Smedt, professeur
responsable de l’Unité de
Communication de l’UCL.
Chez Cassandra, l’ordinateur
est installé sur le palier, près
des chambres. Chez Alex,
il se trouve dans la « salle
TV ». Il reste donc, pour ces
deux familles, un outil
familial, toujours proche du
regard des parents.
THIERRY DE SMEDT : « LA VIGILANCE DES ADULTES N’EST PAS
TOUJOURS PORTÉE AU BON ENDROIT. LEUR RÔLE SERAIT PLUTÔT
D’ÉDUQUER À LA CURIOSITÉ, D’ENGAGER LES JEUNES
À ALLER AU-DELÀ DE CE QU’ILS CONNAISSENT DÉJÀ D’INTERNET. »
bon endroit. Leur rôle serait plutôt d’éduquer à la curiosité, d’engager les jeunes à
aller au-delà de ce qu’ils connaissent déjà d’internet. Car le risque, selon moi, c’est
de voir un jeune tourner en rond sur la toile, de rester confiné dans son petit monde
au lieu de partir à la découverte et à la rencontre des autres. Plus les parents sont
utilisateurs d’internet, plus leurs enfants dialoguent avec eux sur ce sujet. Les
jeunes restent très critiques sur le fait que leurs parents jugent internet souvent
sans rien y connaître. Il y a un manque de partenariat flagrant des adultes dans
cette matière, or les adolescents sont demandeurs. Que ce soit à la maison ou à
l’école, les adultes accusent un gros retard. Malheureusement, les parents ou les
éducateurs semblent trop peu nombreux à transmettre leurs savoirs et à éduquer
à une curiosité critique dans le domaine des nouvelles technologie », conclut le
professeur en communication.
Entre les devoirs et les chats
Cassandra a 14 ans. Elle aime s’occuper de son petit frère, jouer au foot et…
chatter sur internet ! La porte de sa chambre, tout en haut de la maison, donne sur
le petit palier où trône l’ordinateur de la famille. Pas dans sa chambre… Mais
presque ! « J’utilise internet depuis que je suis en 5 e primaire », nous explique-telle
en se déconnectant de MSN pour être disponible à notre petite interview. « Au
début, je jouais sur le site de l’émission pour enfants de TF1, www.tfou.fr et puis
on a installé MSN et j’ai commencé à chatter avec mes cousins qui y étaient
aussi », explique Cassandra. « Quand je suis en vacances, dès que j’ai mangé, je
vais sur MSN. S’il y a du monde, ça peut durer toute la soirée ! Même si on se voit
la journée à l’école, sur internet, on discute d’une autre manière. J’adore quand
plusieurs personnes me parlent en même temps parce que je me sens appréciée
et c’est cool », précise Cassandra, un grand sourire aux lèvres.
Depuis 2 ans, Cassandra tient un blog où elle présente des photos de ses
amis, de sa famille. « J’ai surtout mis des photos de personnes que j’aime », nous
explique l’adolescente. « Parfois, sur mon blog, je reçois des commentaires pas
sympas et s’il y a trois petits points à la fin, ça veut dire que c’est quelqu’un de
proche : évidemment ça ne fait pas plaisir mais heureusement, il y a tous les
autres commentaires. »
Sa maman, Florence, apprécie elle aussi de chatter, de temps à autres, mais
pas tous les soirs après le dîner… « Cassandra a commencé à utiliser internet à
l’école pour faire des recherches pour ses présentations. Nous nous
sommes dits que ce serait nécessaire d’avoir un ordinateur à la maison.
Une fois internet et surtout MSN installés, ma fille a commencé
à y passer beaucoup de temps. Il a fallu réglementer l’utilisation de
l’ordinateur : maintenant, elle peut surfer le mercredi et les weekends.
En semaine, c’est uniquement quand elle a terminé ses
devoirs. Parfois, je vais sur sa session pour vérifier ses contacts. Elle
sait que je passe de temps en temps », explique la maman. « Si je
trouve que Cassandra passe un peu trop de temps sur l’ordinateur
et surtout écrit de plus en plus phonétiquement, j’y vois aussi des
aspects positifs : depuis qu’elle a son blog et qu’elle chatte avec ses
amis, je la sens plus sûre d’elle, cela lui donne confiance. Et puis, on
utilise souvent l’ordinateur ensemble, je l’aide pour l’école et elle
m’aide pour envoyer des mails et faire des demandes d’informations
par exemple pour les vacances », nous explique Florence.
Rester attentif aux besoins de son enfant
Jean-Yves Hayez est psychiatre infanto-juvénile et directeur de
l’unité de pédo-psychiatrie des Cliniques universitaires Saint-Luc à
Bruxelles. Depuis plusieurs années, son service développe un
groupe de réflexion intitulé Cyberrecherche qui se penche sur la
question des rapports des jeunes et des multimédias. Il s’est particulièrement
intéressé aux conduites de dépendances d’adolescents
à l’égard des nouvelles technologies.
« Je pense qu’il faut nuancer et dédramatiser l’usage que font
les jeunes d’internet. Nombre de parents viennent me voir parce
qu’ils s’inquiètent de la consommation abondante de multimédia
que fait leur progéniture. Comme pour le cannabis, une petite minorité
seulement passera à une vraie dépendance. Mais les parents
ont raison de rester vigilants. Car une consommation abondante
peut être le signal que la vie réelle n’est plus très attractive, qu’il
manque de dialogue au sein de la famille ou encore le signe de
difficultés scolaires », explique le spécialiste. « Il est évident qu’un
adolescent découragé à l’école trouvera facilement refuge sur son
ordinateur. Les parents s’inquiètent du temps qu’il passe sur internet
et non du fait que leur enfant soit malheureux à l’école et remplisse
le vide par son ordinateur... Par ailleurs, dans la vie actuelle,
tout le monde est fatigué et bien souvent, savoir son grand garçon
au calme devant son ordi est plus rassurant que de le voir traîner
dehors, alors on ne voit pas le temps passer et on laisse faire sans
accompagner. Internet devient pour le jeune un moyen de rêver. Ce
n’est pas mauvais en soi si, par ailleurs, il y a d’autres choses à faire,
des projets, de la vie avec sa famille et ses amis… Internet c’est
comme les pâtisseries, c’est très agréable mais il ne faut pas en
abuser ! », conclut Jean-Yves Hayez.
FRANÇOISE RAES - PHOTOS JULIE GRÉGOIRE
LA LIBRE
ESSENTIELLE
22

D O S S I E R
TÉMOIGNAGE
MANON (10 ANS) S’EST VRAIMENT FAIT PIÉGER SUR INTERNET !
Sa maman raconte : « Je sentais chez Manon un peu de nervosité depuis quelques
semaines. Ses résultats scolaires étaient catastrophiques, elle était mal dans sa peau.
Je mettais ce mal-être sur le compte de la pré-adolescence.
Alors qu’une après-midi, elle était restée seule à la maison, son papa est tombé le soir sur
l’historique des sites consultés et là – stupeur ! – il s’agissait de sites pornographiques.
Nous lui en avons évidemment parlé, elle a nié… puis a éclaté en sanglots. La conversation
s’est arrêtée là, momentanément. Elle avait très peur de notre réaction d’autant
qu’elle avait désobéi aux règles que nous lui avions fixées : demander la permission
pour aller sur l’ordinateur et sur internet, ne pas donner son adresse e-mail, ne pas participer
à des chaînes…
Le désarroi de Manon était tel qu’elle a demandé à l’école de pouvoir voir un psy. Nous
avons été avertis de sa démarche et très rapidement, les choses se sont mises en place.
Tout le travail était de déculpabiliser Manon par rapport à ces images violentes qu’elle
tentait par ailleurs de minimiser et de nier. Et pourtant ses larmes en disaient long sur
l’aspect choquant et traumatisant des images violentes qu’elle avait vues.
Autre aspect du travail avec le psy : retrouver confiance dans le monde des adultes. »
Comment est-elle arrivée sur ces sites ? « Elle a préféré ne pas nous en parler tant elle
avait honte de ce qui s’était passé. On se doute qu’elle a été entraînée par des copines
ou des intervenants extérieurs qui s’immiscent sur les chats d’enfants. »
Les conséquences ? « Plus d’internet à la maison, en tout cas pour le moment. De
temps en temps, Manon va sur internet sur le portable de l’un ou l’autre membre de la
famille. Mais en réalité, on sent qu’elle n’est pas vraiment désireuse d’y aller.
Les quelques séances avec le psy lui ont permis de retrouver une certaine sérénité et sa
part d’enfance qu’elle était en train de perdre. Elle est à nouveau dans un état d’esprit
plus léger, plus insouciant. »
Le sentiment de la maman aujourd’hui ? « J’ai vu mon enfant s’abîmer ! Quand on parle
d’internet, on parle de la toile. J’ai vraiment eu cette affreuse impression que Manon s’engluait
et ne savait plus comment en sortir… Plus que jamais je pense que les enfants de
moins de 12 ans ont besoin de la vigilance concrète de leurs parents. Ils doivent se sentir
protégés. Il faut instaurer des règles strictes.
Cela ne doit pas remettre en cause la confiance mais l’enfant n’est pas toujours apte à
faire la part des choses. Les parents sont là pour ça.
Je m’entends dire régulièrement à Manon : « c’est notre décision, tu as le droit de ne
pas être d’accord mais nous pensons que c’est bon pour toi. »
On ne va pas impunément sur internet quand on est un enfant. La vue de certaines
images où les corps sont traités de façon dégradante est traumatisante pour l’enfant.
C’est même une violence inouïe ! Je pense aussi qu’il faudrait à l’école une vraie sensibilisation
au monde d’internet. Par des profs formés ou une association extérieure.
Avec le recul, je me dis que nous avons eu de la chance de découvrir le problème à
temps. Pour que Manon puisse retrouver le calme, la sérénité. Pour qu’elle puisse aussi
évoluer à son rythme. Et puis, pour nous aussi, ses parents, cela nous a permis de faire
le point. Et d’instaurer un dialogue. J’ai pu lui dire que l’amour, c’est autre chose… »
PROPOS RECUEILLIS PAR MARTINE DORY
CONSEILS AUX PARENTS
_Installez l’ordinateur dans la salle de séjour ou une pièce commune. L’internet sera un outil familial et vos enfants
vous sentiront présents.
_Laissez vos enfants vous montrer comment ils surfent sur l’internet : leurs sites préférés, ceux qui pourraient vous
intéresser.
_Profitez de l’internet en famille : organisez vos vacances, choisissez un film, préparez un exposé, envoyez un mail aux
grands-parents, créez une bibliothèque familiale des bons sites web.
_Rencontrez d’autres parents internautes, améliorez votre pratique, échangez vos expériences avec d’autres parents
dans les espaces publics numériques.
_Eduquez vos enfants à la prudence sur l’internet avec les consignes suivantes : ne jamais donner d’informations personnelles;
ne pas répondre à un message choquant; quitter rapidement un site s’il les met mal à l’aise; ne pas organiser
de rendez-vous avec une personne rencontrée dans un chat; ne pas acheter en ligne sans votre présence.
_Etablissez un dialogue bienveillant autour de l’internet avec vos enfants. Invitez-les à vous montrer ce qui les gêne,
discutez-en avec eux. En retour, manifestez votre confiance en respectant leur jardin secret.
_Rédigez une charte familiale qui définit ce qui est possible, souhaitable ou interdit lorsqu’on surfe sur le Net : lieu
d’installation, temps de connexion de chacun, usage en l’absence des parents, arbitrage avec les autres activités
(devoirs scolaires, sports, repas familiaux,…).
A LIRE
Lili se fait piéger sur Internet,
Dominique de St Mars, Serge Bloch, Calligram,
Ainsi va la vie, dès 7 ans.
Dans une collection désormais célèbre chez les
juniors – 76 titres à ce jour ! –, Dominique de St
Mars s’attaque cette fois au phénomène Internet.
C’est l’effervescence dans la famille de Lili : un
ordinateur vient d’y faire son apparition et tous, en
particulier Lili, sont fascinés par les possibilités
qu’offre la toile. Et comme souvent, le pire y côtoie
le meilleur, Lili sera confrontée à des situations à
risques telles de nombreuses agressions, arnaques
commerciales, rendez-vous douteux, concours
téléphoniques au prix exorbitant, animaux virtuels à
nourrir quatre fois par jour, photos affichées sur les
blogs des copains…
Supprimer Internet ? Les parents de Lili sont tentés
de le faire mais ce serait se priver du meilleur ! Ils
décideront alors, de concert avec leurs enfants, de
mettre d’abord un logiciel de contrôle parental et
de limiter les heures passées devant l’ordinateur.
Une demande que formulent aussi les enfants à l’égard
de leurs parents : « Nous aussi on a besoin
d’être regardés ! Sinon, on n’a plus qu’à s’envoyer
des e-mails… »
Un ouvrage sensible et futé qui permet d’ouvrir un
vrai dialogue en famille !
SAFER
INTERNET
La plateforme Safer Internet Belgium a pour objectif
de favoriser l’accès des mineurs d’âge aux nouvelles
technologies de l’information dans des conditions
sécurisées. Le projet souhaite aider les jeunes
dans la gestion quotidienne des risques qu’ils rencontrent
en ligne. Le CRIOC (Centre de Recherche et
d’Information des Consommateurs) assure la coordination
du projet, avec le soutien de la Commission
européenne et travaille en partenariat avec Child
Focus, le Centre pour l’égalité des chances et de lutte
contre le racisme, le centre d’information et d’avis
sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN) et
l’Internet Service Provider Association (ISPA).
Le site web regroupe une série d’outils à l’adresse
des éducateurs, des parents, des enfants et des
adolescents : 116 fiches techniques et 16 fiches
pédagogiques et un forum thématique pour les
éducateurs au sens large, le jeu Sourifou pour les
enfants de 6 à 9 ans destiné à être joué sous la
supervision d’un adulte pour leur faire acquérir les
bons réflexes sur internet, le jeu de création de
blog fictifs Matmonblog pour les enfants de 9 à 12
ans, muni d’annexes pédagogiques pour les enseignants
et dont le but est d’aider à être vigilant lors
de la création d’un blog réel sur internet, et un site
d’information pour les 14-17 ans, Web4me, à la
recherche d’une navigation responsable.
Infos www.saferinternet.be
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M O D E
SHOPPING TOUR
LA LIBRE
ESSENTIELLE
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M O D E
À gauche :
Bob Jean Diesel. T-shirt Mickey
Donaldson. Sweet IKKS. Bonnet
Levis. Baskets Converse.
Virze Veste en toile de coton
noir rayée Burberry. Jean
Chipie. Bottes Mod’8.
Justin Sweet noir et jean H&M.
T-shirt à motif « pirate » Zara.
Bottes cloutées « angel »
Patrick Cox (chez Cocodrillo).
Victoria Mini robe « chemisier »
noire, bonnet et jambières IKKS.
Blouson en cuir « Junloo »
Diesel. Baskets Converse.
Leah Tunique ethnique Bill
Tornade. Pantalon noir 3
Pommes. Casquette en léopard
Elvis Pompilio. Echarpe IKKS.
Bottes Mod’8.
Ballon Ballons & Events. Caddy
géant réalisé par Christian
Bogaert.
Ci dessus :
Bob Blouson en cuir marron
DKNY. T-shirt, chemise et pantalon
camouflage IKKS. Boots
Palladium.
Victoria Capeline, chemise
en dentelle et pantacourt IKKS.
Veste kaki et pendentif
cœur H&M.
Leah Bermuda check, top
bordeaux Burberry. Gilet
crocheté Donaldson. Echarpe
IKKS. Pendentif cœur H&M.
Virze Pantalon et jupette assortie
Confetti. Veste en mouton
retourné Burberry. Chemise en
dentelle et gilet à carreau IKKS.
Boots Palladium.
Justin Jean, chemise kaki à
manche courtes et t-shirt H&M.
Baskets Converse.
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M O D E
Ci dessus :
Virze Top et robe en mousseline
imprimée fleurs DKNY. Short en
velours parme 3 Pommes. Gilet
en fausse fourrure Confetti.
Casquette en tweed IKKS.
Bottes Mode 8.
Victoria Veste en tweed et gilet
en fausse fourrure IKKS.
Pantalon en velours mille raies
Chipie. Echarpe à fleurs DKNY.
Baskets Converse.
Leah Top, robe en mousseline
et pantalon en velours mauve
DKNY. Gilet en fausse fourrure
IKKS. Baskets Converse.
Justin Jean Zara. T-shirt
et bonnet Levis. Baskets
Converse.
Bob Jean Timberland.Polo
Donaldson. Blouson en mouton
retourné Confetti. Casquette
IKKS.
À droite :
Victoria Débardeur gris Mexx.
Polo blanc Levis. Jean Tommy
Hilfiger. Baskets Converse.
Bob Sweet sans manches,
chemise blanche et bandana
IKKS. Jean « Plyuk » en denim
gris, délavé Diesel. Baskets
Converse.
Virze Blazer noir Bill Tornade.
Chemisier blanc Burberry. Mini
en denim Confetti. Bottes en
cuir noir Mod’8.
Justin Chemise blanche et jean
Zara. Débardeur noir IKKS.
Baskets Converse.
Leah Veste smocking et chemise
blanche à plastron Bill
Tornade. Bermuda en denim
Mer du Nord. Bottes noires
Mod’8.
LA LIBRE
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M O D E
Maquilleur Paul Hillewaere @ Model’s Office - Mannequins Bob, Justin, Leah, Victoria et Virze. Merci à Pierre Marcolini Chocolatier pour les guimauves (02 216 82 15).
CARNET
Ballons & Events 02 534 50 20 - Bill Tornade 00 33 4 72 01 30 70 - Burberry 02 772 74 13
Chipie 02 347 28 85 - Coccodrillo 03 233 20 93 - Confetti 00 33 3 25 42 53 00
Converse 02 375 98 81 - Diesel 03 213 79 70 - DKNY 02 226 2308
Donaldson 02 513 76 00 - Elvis Pompilio 02 512 85 88 - H&M 0800 999 93
IKKS 050 79 22 31 - Levis 02 217 70 41 - Mer du Nord 02 743 01 43
Mexx 02 478 30 80 - Mod’8 02 513 59 10 - Palladium Kid’s 0475 79 35 91
3 Pommes 00 33 4 77 31 13 13 - Timberland 03 230 65 27
Tommy Hilfiger 02 513 67 87 - Zara 02 221 02 60
PRODUCTION PASCALE RENAUX @ C’EST CHIC - PHOTOGRAPHE KURT STALLAERT (ROSA@KURTSTALLAERT.BE)
LA LIBRE
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S K I
ES LOULOUS
AVORIAZ 1800
LA NEIGE !
Les mômes et la neige, ça peut virer à la catastrophe ou
être un mariage sympa pour peu que vous vous assuriez de
leur sécurité et de votre tranquillité ! En Suisse, en Autriche,
en Italie, en France et dans les pays de l’Est, fiez-vous à votre
bon sens et surfez sur le net avant de faire votre choix.
Voici une sélection de nos stations coups de cœur.
CHÂTEL
AVORIAZ
© VALÉRIE CANET PORET
Si Avoriaz 1800 souffre encore un peu de son image seventies, elle
met un point d’honneur à regagner ses lettres de noblesse en améliorant
la qualité de son hébergement qui n’hésite pas à moderniser et agrandir
l’espace de ses résidences. Station de charme et de caractère, sans voiture,
les rues s’animent uniquement au passage des skieurs, des piétons et des
traîneaux. Parents et enfants s’y sentent en sécurité dans un environnement
sain ! Située au cœur du fabuleux domaine skiable des Portes du Soleil, elle offre
quantité d’activités (ski, raquettes, snowpark, balade en traîneau, etc.) avec
un ski véritablement tous niveaux et surtout une école de ski à la réputation inégalée
: depuis 30 ans, l’ancienne championne de ski, Annie Famose y dirige le
célèbre Village des Enfants qui met en application une pédagogie innovante de
l’apprentissage du ski et du snowboard (on n’oublie personne !), basée sur la
mise en situation et le jeu. De 3 à 16 ans, les enfants y sont pris en charge. Le
Village dispose d’un restaurant intégré, de salles de projections et de jeux en cas
de mauvais temps (dessin, théâtre, déguisements, spectacles). Hormis cette
école, la classique ESF accueillera également vos enfants. www.avoriaz.com
CHÂTEL (1100-2200 m)
La station s’enorgueillit d’être recommandée par les enfants eux-mêmes et
ils ont raison : Châtel a rejoint le club très prisé des Famille Plus Montagne (1) . Située
à deux pas de la Suisse, au cœur des Portes du Soleil, la station a su préserver
une architecture de montagne et offre un savoureux mélange de douceur
de vivre, de convivialité et de fête. Châtel propose des activités à la portée de
tous dont un équipement pour les enfants jusqu’à 12 ans, les Minis-Montagnards,
un espace ludique pour leur faire découvrir la montagne. Les visites à la
ferme suivies d’un copieux goûter autour de la grande table familiale régalent toujours
les papilles des petits et des grands. Vous y apprendrez tout ce qu’il faut
savoir sur la vie en alpage et la fabrication du fromage d’Abondance. Châtel possède
également depuis 4 ans sa Piste Mauve Milka, un rendez-vous pédagogique
et gourmand. Deux nouvelles pistes de luges (accessibles sans remontée
mécanique) seront ouvertes cet hiver pour les 0-6 ans et les 6 ans et plus.
www.chatel.com
(1) En France, le tout nouveau label des Famille Plus Montagne (ex Petits Montagnards) est une garantie à
laquelle vous pouvez vous fier. L’obtention de celui-ci est régie par des critères bien précis construits autour
de 6 grands thèmes : accueil et information, animations de la station, activités, découverte de l’environnement
et des patrimoines, hébergements et restauration, équipement, transport et sécurité.
QUELQUES STATIONS
LABELLISÉES
FAMILLE PARTOUT EN
EUROPE
Autriche :
Saalbach, Ellmau.
France (40 stations ont
actuellement le label
Famille Plus montagne
(www.skifrance.org) :
Avoriaz, Les Gets, La
Plagne, La Clusaz, Le
Grand Bornand, Châtel,
Orcières-Merlette,
Combloux…
Italie : Cavalese,
Campitello di Fassa.
Suisse : Saas Fee.
© JF VUARAND
LES GETS
LA PLAGNE
© P.WITT
© OPGP/KOUMANOV
LES GETS (1000-2019 m)
Situés au cœur des Portes du Soleil (le domaine skiable franco-suisse comprenant
14 stations !), Les Gets sont un véritable petit coin de paradis que chacun
voudrait garder secret. Outre le respect des traditions, un accueil chaleureux
et une offre de services de qualité, l’encadrement des enfants est l’une de
leur préoccupation majeure. Station-village familiale et skis aux pieds, le label
Famille Plus Montagne garantit une qualité d’accueil irréprochable et la sécurité
des plus petits. Les Gets, c’est aussi des petits Indiens sur les pistes ! Le
territoire du Grand Cry (interdit aux adultes !) permet aux plus jeunes de glisser
sur un parcours tout en croisant, sur leur chemin, des trappeurs et des Indiens.
Un parcours ludique qui leur présente les premières notions de sécurité à
respecter lorsqu’on est sur les skis. Bosses et virages se succèdent sur cet
espace histoire de skier en s’amusant. La piste Mauve Milka leur propose un
parcours ludique et pédagogique d’initiation à l’environnement alpin (animaux
en fibre grandeur nature, etc.). Cet hiver verra l’ouverture d’une zone piétonne
au sein du village pour une meilleure sécurité et qualité de vie. La station s’est
aussi engagée dans l’écotourisme ! www.lesgets.com
LA PLAGNE (1250-3250 m)
La Plagne, c’est un immense domaine reliant 10 stations entre elles, au
cœur de la Savoie : 6 stations d’altitude et 4 villages traditionnels. Depuis deux
ans, le domaine de la Plagne est relié à celui des Arcs au sein de Paradiski. Il y
en a vraiment pour tous les goûts ! Labellisée Famille Plus Montagne, elle est
inégalable dans la diversité des infrastructures destinées aux petits : liste de
nourrices agréées, crèche pour les bébés dès 10 semaines, nombreuses
écoles de ski, belle offre d’activités, qualité de l’hébergement (notamment avec
l’ouverture d’un très agréable trois étoiles à Belle-Plagne, le Carlina, qui offre
aussi les joies du spa en famille !), et de ses restaurants. Même le Club Med
s’est offert un coup de lifting pour cet hiver : il passera en 4 tridents et promet
de joyeux moments. www.la-plagne.com
CLAUDE DE VOS
LA LIBRE
ESSENTIELLE
30

P S Y C H O L O G I E
L’AÎNÉ :
DAUPHIN,
COBAYE OU
PÉLICAN ?
Dès sa conception, la présence d’un enfant porte une signification
pour les adultes qui l’accueillent. Ce qu’il représente
suscite des sentiments dont les émotions s’expriment par des
comportements conscients et inconscients, par les paroles qui
lui sont adressées. Qu’en est-il de la place de l’aîné ?
Il est né le divin rejeton ! Cet aîné comblant le désir d’enfant d’un couple. Et
Dieu sait si ce désir est brûlant à notre époque ! Ce nouveau centre de l’univers,
huitième merveille du monde, point de jonction de tant d’attentes,
élu de cœur des parents, grands-parents et associés, quel avenir
l’attend ? Celui dont le bonheur admiratif de l’entourage scande à chaque
étape de son évolution des « Comme tu es grand ! Avez-vous vu ce qu’il sait
déjà faire ? On est fier de notre grand. Que ferions nous sans lui ? », etc.
Anatole le dauphin
Que de regards sur lui, que de paroles à son sujet, que d’attentes raisonnables
et démesurées à son égard, que d’idéalisation. Une véritable écurie
d’Augias l’attend : répondre et combler tous ces rêves d’adultes. Et malgré
tous les efforts qu’il fera pour répondre à cette lourde tâche, il y aura souvent
un peu de déception dans l’air. Car l’enfant du rêve n’est jamais l’enfant de la
réalité… Les parents d’Anatole avaient rêvé de voir leur aîné devenir un
champion de tennis. Hélas, dès les premiers cours, le prof leur annonça qu’il
n’avait aucune qualité en la matière… On rangea raquette, chaussures et belle
tenue au placard. Chacun ayant un deuil à faire, les parents de leur champion,
l’enfant de ne pas être celui qui comble le rêve parental. Ainsi va la vie.
De cette place de prince, l’aîné est aussi doté d’un pouvoir certain : initier
les parents à toutes les premières d’un enfant. L’aîné, au fil des ans, restera un
point de mire incontournable, lorsqu’il entre à l’école ou à l’université, c’est un
événement familial. Pour les suivants on fait déjà moins de cas ! Focalisant une
bonne dose d’attention, il sait faire plier l’entourage à ses demandes. Ainsi, à
peine âgé de deux ans, Anatole obtenait de sa mère le droit de mettre la carte
de banque dans sa poche et de la tendre à la caissière.
De la place unique qu’il occupe, il ne lui est guère difficile de manipuler
l’entourage au gré de ses petits caprices. Ne dit-on pas souvent de l’aîné :
« Il a l’art de se faire servir » ?
Anatole le cobaye
Mais tout n’est pas toujours si rose et si facile pour l’aîné ! Dans ces
yeux braqués sur lui, se lit aussi le rêve parental et sa série de mesures éducatives
idéales. Il devra être l’enfant gentil, poli, qui plaît à tout le monde car
il dit bonjour sans sourciller. Il videra son assiette et sera propre tôt pour
faire l’admiration de tous, pour prouver au monde qu’il a de bons parents.
A moins qu’il ne soit ce petit auquel on ne refusera rien, qui recevra avant
de demander, qui devra, parce que comblé de toutes parts, dorloté et protégé
de tout, prouver combien il a de la chance d’avoir des parents idéaux.
C’est sur l’aîné que les parents font leurs premières armes d’éducateurs.
Il est le cobaye sur lequel leur rêve de parent idéal-enfant idéal en
prend pour son grade ! Un enfant n’est pas aussi malléable qu’on se l’imagine
et selon son tempérament, il résistera tant bien que mal au moule prépensé.
A l’aîné donc d’amener les parents à adapter leurs visions éducatives
aux événements quotidiens, à son caractère et au contexte social.
Anatole le pélican
Personne n’aime les conflits. On les craint de plus en plus car ils obligent
à prendre position. Aussi que de fois n’entend-on pas dire à l’aîné :
« Laisse passer. Tu es le plus grand, tu dois être raisonnable, prête ton jouet
à ton petit frère. Fais semblant de rien. Je t’interdis de taper, il est plus petit
que toi ! », etc. On lui demande, tel un père pélican, de se sacrifier pour
le bien des plus jeunes… Or, c’est bien connu, les seconds sont souvent
hardis et mordants. Un objectif les taraude, dépasser l’aîné, faire aussi bien
si pas mieux que lui. Cela les stimule à être souvent plus autonomes, plus
combatifs et vindicatifs vis à vis de l’entourage. Et d’un second les parents
acceptent plus facilement ce comportement…
De l’aîné, il est donc souvent attendu qu’il soit un grand donc raisonnable.
Gérer par sa raison et non par ses émotions. S’il ose se défendre
contre l’envahisseur plus jeune, il se voit vite mis en place de bourreau dont
le cadet serait la victime ! D’où le danger de se mêler des disputes. Ne stigmatisons
pas les enfants dans des rôles et il faut, en cas de trop grands
conflits, punir chacun des partis de façon identique.
Etre le premier né d’une famille, pour l’enfant, cette place est inscrite à
tout jamais. Etre celui sur qui les parents concrétisent leur idéal éducatif,
c’est incontournable. Mais être celui qui doit abdiquer à son désir pour éviter
que le plus jeune fasse sa crise, ce n’est pas nécessaire. Pour cela il est
encore trop petit !
DIANE DRORY - ILLUSTRATION TERESA SDRALEVICH
LA LIBRE
ESSENTIELLE
31

L I T T É R A T U R E
Françoise Lalande a mis l’écriture au centre de sa vie. Pour comprendre la douleur. La sienne et celle des autres. Elle
écrit, entre autres, sur les artistes, les marginaux, les sans voix. Dans Sentiments inavouables, elle raconte la vie et les dernières
années d’une femme juive qui a traversé tout le vingtième siècle. Une femme qui pourrait être toutes les femmes.
Quand avez-vous commencé à écrire ? J’ai été une petite fille silencieuse qui aimait
sa solitude. Je la comblais par des histoires que j’inventais et dont, bien sûr, j’étais
le personnage central. Je me souviens que je reprenais sans cesse la même histoire et
que j’y ajoutais des détails, que j’en supprimais des péripéties. Tout cela dans ma tête.
N’était-ce pas déjà écrire ? Ensuite, je me vois toute jeune, sachant tenir une plume, en
train d’écrire des histoires dans un cahier quadrillé. J’ai le souvenir que ces histoires
deuxième période étaient moins audacieuses que les premières.
Vous avez mené une carrière professionnelle en même temps que celle d’écrivaine,
comment avez-vous allié les deux ? Je suis une privilégiée car j’ai été professeur
de passion. Enseigner à des jeunes la littérature de l’intérieur, puisque je la connais de
l’intérieur, ne m’éloignait pas de mes obsessions d’écrivain, au contraire. J’ai plongé mes
étudiants dans les tumultes romanesques du XX e siècle et j’ai adoré les voir s’ouvrir à des
littératures dont ils ignoraient tout. Ici, au Maroc, je rencontre parfois des étudiants et je
retrouve ce même rapport merveilleux entre un prof et des jeunes curieux de tout.
Plusieurs fois vous avez vécu dans des pays chauds mais il semble que votre territoire
d’écriture ce soit les Ardennes… Mon territoire d’écriture est celui de la mémoire.
Et, vous avez raison, cette mémoire est marquée par les Ardennes, là où je suis née, là où
je passais toutes mes vacances, mais mon territoire d’écriture est surtout ma famille ma-
COMPAGNE
D’ÉCRITURE
ternelle qui est ardennaise. Le goût astringent des myrtilles, rhubarbes, groseilles à maquereau, fruits ardennais,
est le goût que ma famille maternelle m’a laissé dans la bouche !
L’œuvre de Françoise
Lalande compte une
quinzaine de livres.
Plusieurs sont épuisés.
Parmi ceux qui sont
disponibles, nous vous
conseillons tout
particulièrement son
« classique », Madame
Rimbaud (Labor), Dans
les replis nocturnes de
mon cœur (Le Grand
Miroir), recueil de
nouvelles dont
certaines étaient déjà
parues dans La petite
littéraire des éditions
du Grand Miroir, et
bien évidemment son
très beau dernier
roman : Sentiments
inavouables (Labor).
Vous pratiquez plusieurs genres littéraires, la biographie, le récit, la nouvelle, le roman, lequel est le
plus cher à votre plume ? Quel est le point commun entre chacun ? Oserais-je vous l’avouer ? Je n’ai pas
l’impression de pratiquer plusieurs genres littéraires, car souvent je brouille les frontières entre les genres, et
surtout, chacun de mes livres porte en lui les mêmes thématiques. Je suis une obsessionnelle. C’est
Barthes qui disait qu’il fallait cesser de mettre des étiquettes sur les productions littéraires, mais, plus simplement,
parler de livres !
Dans Sentiments inavouables (comme dans d’autres de vos textes), vous écrivez avec des phrases
très longues. Pourquoi ? Comment faites-vous pour ne pas y perdre le lecteur ? Mes phrases sont des
énergies libérées. Elles me viennent comme ça, d’un seul mouvement. Comme un rythme, un souffle que
je libère, et que rien ne doit entraver. J’aime l’idée que mon lecteur soit emporté par ma phrase comme moi
je l’ai été en l’écrivant. J’aime l’idée d’une fusion entre mon lecteur et moi.
D’où vous est venue l’idée de ce roman autour de ce très beau personnage de vieille femme juive,
Liza Keil ? Je capte tout ce qui se passe autour de moi. Je capte aussi tout ce qui se passe en moi. J’ai
observé que cette période où les parents deviennent dépendants de leurs enfants est une épreuve cruelle
pour tout le monde. J’ai voulu parler de cela, de cette cruauté, mais j’ai voulu aussi que Liza Keil soit toutes
les femmes, non seulement une femme âgée, faible, mais aussi celle qui fut une amoureuse, une mère
aimante, une femme de la communauté juive dont le corps porte les stigmates du passé innommable. J’ai
voulu écrire à travers mon personnage un roman bourré de sentiments inavouables (mais si humains), dont
tous relevaient de l’amour.
Vous allez animer un atelier d’écriture avec des lectrices et des lecteurs de la Libre Essentielle.
Est-ce qu’un atelier est avant tout la transmission d’une pratique ou a-t-il d’autres buts ? A travers
les exercices d’écriture, je voudrais amener les participant(e)s à préciser, peut-être à découvrir, quel est leur
rapport au monde, à la société, à eux-mêmes ET quel est leur rapport a leur langue. Car c’est cela qui fait
un écrivain. C’est aussi cela que fait un écrivain.
PROPOS RECUEILLIS PAR MICHEL ZUMKIR
LA LIBRE
ESSENTIELLE
32

A T E L I E R
UNE PLONGÉE DANS L’ÉCRITURE
La Libre Essentielle vous propose un atelier d’écriture animé par
À MARRAKECH
Françoise Lalande dans la Médina de Marrakech. Du 3 au 10 décembre 2006. Prix : 1199 euros.
Ce prix comprend le vol aller et retour, les transferts à l’aéroport,
le logement en pension complète à Dar El Qadi et au riyad Berbère
(4 palmiers), les animations en atelier, une journée d’excursion à la
montagne, les taxes d’aéroport et la tva. Ce prix ne comprend pas
les assurances, les boissons et les pourboires.
LE THÈME > mémoire ludique, mémoire tragique, mémoire menteuse.
« J’aimerais amener les participants à plonger en eux-mêmes
pour en tirer un texte qui soit vrai. Dans cette démarche, je prendrai
des écrivains comme compagnons, notamment Gilles Deleuze :
« Ecrire, c’est peut-être amener au jour cet agencement de l’inconscient,
sélectionner les voix chuchotantes, convoquer les tribus et les
idiomes secrets, d’où j’extrais quelque chose que j’appelle MOI ».
Pour illustrer ces « vois chuchotantes », j’inviterai aussi des écrivains
marocains comme Mohammed Loakira, Jalal El Hakmaoui et
des écrivaines telles Fatima Mernissi, Fatna El Bouih ou Rajae Benchems.
Afin que l’atelier soit l’occasion d’un travail sur soi, mais
aussi le temps de découvertes chaleureuses puisqu’au Maroc, il ne
peut en être autrement ! »
LE PROGRAMME DÉTAILLÉ > Dimanche 3/12_Bruxelles / Marrakech_Arrivée
et installation dans les riyads Dar El Qadi et Berbère.
Repas du soir dans un riyad. / Lundi 4/12_Accueil et découverte de
Marrakech _Petit déjeuner. Découverte de la Médina : l’exubérance
des souks, la finesse de l’architecture, la palette infinie des couleurs,
les odeurs et atmosphères. Atelier d’écriture dans l’aprèsmidi.
/ Mardi 5, mercredi 6 et jeudi 7/12 _Atelier d’écriture
et rencontre d’écrivain(es) marocain(es) / Vendredi
8/12_Découverte d’un marché de campagne_
Visite d’un marché et balade dans des vallées et villages
de montagne. / Samedi 9/12_Atelier d’écriture et rencontre
d’écrivain(es) marocain(es)_Le soir : soirée d’adieu,
danse et musique traditionnelle. / Dimanche 10/12_
Vol Marrakech / Bruxelles_Matinée : temps libre dans la
Médina et les souks. Après-midi : envol vers Bruxelles.
LE LIEU > Au cœur de la Médina, vous logerez dans deux
splendides riyads sauvés de la ruine par l’architecte belge
Quentin Wilbaux : Dar El Qadi et le riyad Berbère, petits
palais rénovés dans le respect des matériaux et de l’architecture
traditionnelle. Vous pouvez découvrir les deux
riyads sur le site www.darelqadi.com.
RENSEIGNEMENTS ET RÉSERVATIONS
> Annie Henneffe à l’agence Eole : 02 227 57 84.
Gsm : 0479 46 57 72.
annie.henneffe@uniclam.com
LICENCE A 1740

N A T U R E
Plus nombreux nous sommes à être
conscients de notre lien à la nature, plus
vite on se mobilisera pour arrêter le carnage
! C’est le nouveau pari que lance l’antenne
belge de la Fondation Nicolas Hulot à
l’attention des jeunes… et des moins jeunes !
Lancement officiel de la campagne le 12 octobre.
Les centres régionaux
d’initiation à l’environnement
proposent de vivre la
nature en s’en imprégnant,
par tous les sens.
Nicolas Hulot au côté de Bernard
Carton, le représentant de la
Fondation Nicolas Hulot en Belgique.
UN DÉFI
POUR LA TERRE
S’engager, c’est vital ! C’est l’essencemême
de ce défi pour la Terre qui enregistre
sur le compteur de son site Internet le
(1)
nombre de ceux qui sont prêts à mettre
en pratique des gestes quotidiens qui, à
la planète, feront du bien. Et réduire du même coup
leur impact écologique. Vous n’avez pas Internet ?
Pas de problème. Il suffit de vous procurer le Petit
Livre Vert pour la Terre qui répertorie plus de 100
gestes qui font du bien à la planète avec dessins et
infos pratiques à l’appui (Info 0474 54 48 04).
Nombreux sont déjà ceux qui ont fait le pas, à
commencer par des personnalités comme Alain
Hubert, les frères Taloche, Marie-Pierre Mouligneau,
Les Gauff, Philippe Geluck,… et Bernard
Carton ! Un fameux engagé qui a fait de l’éducation
à l’environnement son credo. Instit à Verviers,
c’est lui qui, il y a dix ans a créé l’antenne belge de
la Fondation Nicolas Hulot en Belgique. Un enthousiasme
qui ne s’est jamais démenti !
Efficacité, le maître-mot !
Pour s’engager, rien de plus facile : il suffit de
choisir sur le site un ou plusieurs gestes : je prends
une douche rapide au lieu d’un bain, je vais à pied
ou à vélo pour les petits trajets, j’éteins les lumières
et les appareils quand je quitte une pièce, etc. Bien
sûr qu’on les connaît ces gestes et qu’on y est attentif
de temps à autre. Mais c’est sur le long terme
qu’il faut tenir. Et là, rien de tel que l’engagement !
Un monde meilleur pour nos enfants ?
Ça passe aussi par eux ! Une entrée Junior sur
le site les interpelle personnellement avec test, petites
saynètes animées, infos documentaires et
pratiques pour les rendre plus conscients des enjeux
avec aussi, bien sûr, les gestes à inscrire dans
sa vie de tous les jours, que ce soit à la maison ou
à l’extérieur. Mais ce n’est pas tout. Dès le 12 octobre,
ils seront sollicités via l’école à participer au
défi avec notamment un concours de création
d’un video-clip pour la chanson Défi pour la Terre.
Engagez-vous, qu’ils disaient… Oui mais pas
demain, aujourd’hui ! Il y a urgence…
(1)
www.defipourlaterre.be
MARTINE DORY
LA LIBRE
ESSENTIELLE
34

N A T U R E
Vivre dans une ferme avec plein d’animaux,
c’est le rêve, comme Victoria, notre invitée du
mois, de Pauline (8 ans) quand elle sera grande. A
la seule différence – et elle est de taille –, c’est
que son rêve, elle le vit déjà maintenant ! Sur les
hauteurs de Porcheresse en Condroz, dans une
belle ferme d’élevage ouverte à tous les vents.
PAULINE
À LA FERME
Pour Pauline,
la vie à la ferme,
c’est le rêve !
GAGNEZ
UN WEEK-END
À MARRAKECH
SURFEZ SUR WWW.SCHWEPPES.BE
Ce qui frappe d’emblée, c’est son beau sourire, son regard pétillant et sa belle vitalité !
Et de m’entraîner dans les étables : les anciennes qui servent en été pour les camps de
Baladins et Lutins et les nouvelles avec tout le confort moderne pour que les 160 têtes de
bétail puissent être servies en temps et en heure de paille et de céréales. Pauline ? C’est elle
qui grimpe à l’échelle pour faire basculer les ballots de paille dans les étables. A voir son
sourire quand elle me le raconte, visiblement, ce n’est pas une corvée !
C’est elle aussi qui aide son papa à changer les bêtes de prairie et surtout à veiller à ce
qu’elles ne s’écartent pas du troupeau. C’est elle encore qui tapisse les prairies de betteraves
quand l’herbe vient à manquer.
A-t-elle une préférence pour l’un ou l’autre taureau, vache ou veau ? Pas particulièrement…
si ce n’est un petit veau tout brun, le seul de cette couleur à la ferme ! Sinon, pas le
temps de vraiment s’attacher. L’élevage, par définition, c’est l’apprentissage de la séparation…
Y a-t-il d’autres animaux à la ferme ? Et Pauline de m’énumérer les 18 chats, les deux
tortues, le lapin et les deux chevaux. Babe, c’est son préféré sur lequel elle monte parfois à
cru dans le jardin.
Le jardin, c’est le repos de la fermière. Mary, la maman de Pauline et de ses petits frères
et sœur, Estelle, Baptiste et Simon, la trentaine souriante, ne rêvait pas du tout d’être fermière
quand elle était petite. Mais un coup de foudre sur les bancs de l’Unif en a décidé tout
autrement. Une belle aventure qu’elle partage avec Benoît son mari et toute la petite famille.
Même si – l’hiver surtout – la vie à la ferme n’est pas toujours facile.
Mais pour Pauline, même en hiver, la vie à la ferme… C’est le rêve !
MARTINE DORY
LA NATURE SUR LE TERRAIN
L’endroit est magnifique ! En plein cœur du Brabant Wallon, la Ferme de l’Abbaye de Villers-la-Ville est
entourée de bois, de champs, de villages, de rivière et ruisseaux, sans oublier évidemment la proximité des
ruines de la célèbre Abbaye de Villers qui jadis, abritait les moines cisterciens. Une communauté particulièrement
proche de la nature qui tirait parti des ressources naturelles sans les détruire.
C’est le même esprit qui anime l’équipe de ce C.R.I.E. (1) . Le thème de leur projet pédagogique : « Le
développement de la personne par et pour l’environnement ». Ce qui veut dire que chaque personne vit
dans un milieu où elle a sa place et où elle interagit avec lui. Drôlement importante, cette notion d’interaction
! Elle met en valeur le lien qui unit chacun à la nature qui l’entoure. Ici, point de discours, mais du
sens… et des sens ! Pour vivre la nature, on s’en imprègne. Avec ses yeux, son nez, ses oreilles, sa bouche,
sa peau… et là, la magie opère. On regarde, on renifle ou on hume (c’est plus joli !), on écoute, on goûte, on
touche et l’aventure commence ! C’est le vécu fort qui donne envie de protéger la nature. Parce que l’être
que nous sommes est de même nature…
Quelles activités ? Cette petite équipe a plus d’une idée dans sa besace ! Outre les animations à la
journée pour les écoles, la formation pour instit pédagogie d’éveil à l’environnement, les appels à projets, les
anniversaires nature, le C.R.I.E. propose des Décou-vertes en famille, pour ensemble s’émerveiller et emporter
de nouveaux secrets sur les richesses de la nature.
(1)
C.R.I.E. Centre Régional d’Initiation à l’Environnement. Les C.R.I.E. sont soutenus par la Direction Générale des Ressources Naturelles
et de l’Environnement de la Région Wallonne. Tout aussi créatifs, les 9 autres C.R.I.E. organisent le même genre d’activités
de sensibilisation à la nature. Info_www.crie.be
A découvrir cet automne_Dimanche 22 octobre 2006, Au pays des lutins et des champignons, découverte
des champignons dans la forêt par le jeu, les contes et la cuisine._Dimanche 26 novembre 2006,
Eco-déco, Eco-cadeau, créations pour des fêtes originales et 100% nature.
Info_C.R.I.E. de Villers-la-Ville, avenue Speeckaert 24, 1495 Villers-la-Ville, tél. 071 879 878, e-mail
crie.villers@skynet.be
LA LIBRE
ESSENTIELLE
35

C I N É M A
LES FILMS
DE NOS
ENFANTS
Que vont voir nos enfants de 10 à 13 ans ? Quels sont
les acteurs qui les font vibrer ? Se laissent-ils influencer par
le matraquage médiatique autour d’un film ? Film en V.O.
ou en version française ? Autant de questions auxquelles
ont répondu de bonne grâce quelques intervenants.
Jade Ortjens, 13 ans
« Je vois des bandes-annonces à la télé et on
parle des films à l’école et à la maison. Je choisis
souvent ce que je veux voir et je préfère les films
qui me détendent, un peu moins ceux qui me font
me poser des questions mais ceux-là, il faut les
voir aussi pour apprendre des choses. J’ai été
voir Le code Da Vinci avec ma maman et ma
grande sœur. J’ai bien aimé mais je n’ai pas tout
compris sur le moment et maman m’a donné quelques explications pendant
le film. J’aime bien rigoler et avoir peur au cinéma : Pirates des Caraïbes,
Spiderman, Le seigneur des anneaux, L’âge de glace, Madagascar, Superman.
J’ai vu tous les Harry Potter aussi. Le dernier film que j’ai vu c’était Poséidon.
L’action, le suspense et les effets spéciaux, ça me plaît beaucoup.
Johnny Depp j’adore ! Il fait des films très différents comme Charlie et la chocolaterie,
la série des Pirates, et on sent qu’il est
à fond à chaque fois ! J’ai vu un film belge, Le roi
danse : j’ai beaucoup aimé les costumes, c’était
très beau ! Parfois un film me donne envie de lire
le livre. J’ai commencé Le seigneur des anneaux
pendant les vacances. »
Milton Van Vliet, 10 ans
« Je vais plusieurs fois par an au cinéma avec
ma maman et ses amis. On décide tous ensemble
de ce qu’on va voir. En général, je suis d’accord avec mon petit frère même
si lui préfère les films d’action. J’ai beaucoup aimé le dernier Harry Potter,
Narnia, Cars, Madagascar, Charlie et la chocolaterie. On avait choisi d’aller
voir Pirates des Caraïbes mais comme c’était trop violent, on est sorti et on
est allé dans la salle d’à côté voir Nos voisins les hommes. Je n’aime pas la
violence au cinéma, ni le sang. Je préfère les films où l’on découvre des univers.
Je n’ai pas vraiment d’acteurs ou d’actrices préférés, c’est l’histoire qui
m’intéresse. Par contre, j’adore parler de ce que j’ai vu avec mes copains à
l’école. Mais je ne me sens pas obligé d’aller voir un film même si tout le
monde l’a vu. Si je n’aime pas, je n’y vais pas ! »
Bill Van Vliet, 9 ans
« Moi, je ne suis pas comme mon frère Milton. Je préfère les films d’action
avec des cascades, des voitures qui explosent ! Je n’ai pas peur au cinéma.
J’aime la science-fiction aussi comme La guerre des étoiles. Ça me
fait rêver ! J’aime bien les films qui me font rire comme Garfield 2. J’aime bien
aussi Harry Potter mais je n’aimerais pas vivre comme lui et me battre avec
un dragon ! L’âge de glace, ça m’a plu. J’adore aussi les films où il n’y a pas
de « vrais » acteurs comme dans les films d’animation. Quand maman et Milton
se décident pour un film et bien on va le voir et souvent, on est du même
avis. Et puis, on fait plaisir à l’autre aussi quand on n’est pas d’accord ! »
© JULIE GRÉGOIRE
Sophie Kirkpatrick, 12 ans
« Je vais environ trois fois par an au cinéma.
On choisit les films en famille, comme
on a les mêmes goûts, c’est plus facile.
Quand je vois la bande-annonce d’un film qui
a l’air vachement bien, je le propose. Je me
laisse un peu tenter par la pub, ou parce que
j’en ai entendu parler à l’école ou lu une critique
dans le journal. Je préfère voir un film
en français même si ça ne me dérange pas de lire les sous-titres. J’adore
les deux films de Johnny Depp, Pirates des Caraïbes. Je les ai trouvés
hyper drôles ! Je déteste les films d’horreur. J’adore Harry Potter, je les ai
tous vus. J’aime surtout les comédies et pas trop l’action. Je n’ai pas aimé
Le seigneur des anneaux, trop de guerre pour moi ! Quand je vois un film,
je suis toujours pressée de raconter mes commentaires à la fin ! »
Alba Leszczynska, 10 ans
« J’aime bien les films qui me font un peu
peur et où il y a beaucoup d’action. Pirates
des Caraïbes, j’ai adoré ! Le seigneur des anneaux
aussi j’ai bien aimé. Pareil pour Harry
Potter et Narnia. L’âge de glace, j’ai trouvé ça
marrant. Madagascar, je trouve que je suis
déjà un peu trop grande ! Je préfère les films
avec de vrais acteurs ! Je décide du choix
mais parfois mes parents ne sont pas d’accord. Je voulais voir Da Vinci
Code mais ils ont trouvé que ce n’était pas de mon âge. J’avais vu la
bande-annonce qui faisait un peu peur et ça me plaisait. On va au cinéma
en famille et avec des amis. Le cinéma, c’est surtout de la détente ! »
RÉFLEXION LUDIQUE
SUR LE CINÉMA
L’ASBL Loupiote, fondée en 2004, se déplace dans
les écoles pour rencontrer le public de demain et
lui proposer des clés de compréhension d’un film,
de son contenu et de sa construction. Christophe
Istace, 27 ans, son fondateur, explique : « On se
rend dans les écoles avec un programme appelé
Les enfants du ciné, destiné aux 9-13 ans. Lors de
cette rencontre, on leur projette un court métrage de 10 minutes, joué par des
enfants avec des thèmes qui les concernent (la différence, le racket, l’amitié, l’amour,
etc.). S’ensuit une discussion sur le contenu où les enfants sont écoutés et
où ils lancent aussi leurs propres discussions. On termine la session par la projection
du making-of, centré sur la vision du tournage à travers les yeux des
enfants. On leur fait également jouer une petite impro face caméra. On leur montre
que, parfois, leur vision du monde est tronquée suite au flux incessant
d’images prédigérées des films blockbusters américains qu’ils ingurgitent. Ils
prennent conscience qu’il y a aussi autre chose ! Cette réflexion ludique sur le
cinéma démarre dès l’âge de 8 ans et nous accompagnons les enfants pendant
tout leur cycle scolaire avec, par la suite, le module Les ados du ciné, qui
s’adresse aux 14-18 ans. On espère ainsi contribuer à ce que les enfants
perçoivent le cinéma d’un œil plus éclairé ! » Infos www.loupiote.be
CLAUDE DE VOS
LA LIBRE
ESSENTIELLE
36

T É L É V I S I O N
© MICHEL LEROY
Pokémon, Xcalibur, Razbitume, Scooby-Doo, Tom le dinosaure,
Superman… envahissent les écrans des chaînes françaises dès potron-minet,
tous les jours de la semaine. En Belgique, le week-end est
sacré pour Club RTL qui diffuse des dessins animés quasiment toute
la journée : Dragon Ball Z, Les chevaliers du Zodiaque, Animaniacs,
Beetlejuice, Aladin, Le livre de Winnie l’ourson, Hamtaro, Tom & Jerry Kids…
Sans oublier les aventures de la famille Simpson ! Si des titres semblent toujours
familiers aux parents comme Boule et Bill, Oui-Oui, Bob l’Eponge, Kid
Paddle, Pokémon, Titeuf et tant d’autres, on doit bien avouer qu’il est parfois
difficile de suivre le mouvement. Parmi les titres que les enfants affectionnent,
on retrouve l’imbattable Yu-Gi-Oh, Conan, Naruto, GTO ou Beck et ses rockeurs.
Une chose est sûre, il y en a donc pour tous les goûts !
Le contenu avant tout
Marianne Nihon, productrice de l’émission Ici Bla Bla (RTBF) est aussi chargée
des achats des dessins animés. Elle nous explique comment on choisit un
dessin animé aujourd’hui : « Un des problèmes de l’achat de dessins animés,
c’est que les majors qui détiennent les droits posent d’énormes conditions. Ils
font ce qu’on appelle des packages que nous n’avons pas à la RTBF. Le problème
des packages, c’est qu’on y trouve de très bonnes choses mais aussi
des médiocres et qu’on est obligé de diffuser le tout. La concurrence le fait
mais ce n’est pas notre politique. Le phénomène manga est très présent à la
télévision d’une manière générale mais la RTBF n’en diffuse pas. Je ne suis ni
anti-américaine ni anti-japonaise. Je suis pour ce qui est de qualité. Si nous ne
diffusons pas de Disney à la RTBF, c’est tout simplement parce que c’est RTLtvi
qui a le contrat. Il m’arrive néanmoins d’acheter américain ou japonais, si
c’est bon ! C’est le contenu qui m’importe. Et vu que les Européens sont excellents,
je me dirige vers eux. Parfois, il y a même des productions belges
mais ce sont toujours des co-productions.
Kid Paddle vient de Spirou qui est belge
mais c’est quand même produit en France
(coproduction RTBF). Et que dire de la
qualité et de la poésie de Kirikou coproduit
par la RTBF également ! »
La japanimation
Le terme manga eiga ou film de manga
était le terme original pour désigner les
dessins animés d’inspiration de manga (BD
japonaise). Mais le Japon produit également
d’autres films d’animation qui n’en
sont pas inspirés comme l’excellent voyage
Kid Paddle, un succès pour cette
production franco-belge.
de Chihiro. La japanimation englobe dès lors la totalité de l’animation japonaise.
Les années 70 ont vu naître la collaboration entre le Japon et l’Europe avec l’effet
Goldorak pour les garçons et Maya l’abeille
pour les filles. Dans la foulée, d’autres séries
japonaises cultes furent lancées en 1979
dans l’émission Récré A2, telles Candy et
Capitaine Albator. Dans les années 80,
les Français produisent avec des
équipes japonaises et ça donne
L’inspecteur Gadget. Le ton est
donné. On va compter avec
l’empire du soleil levant
même si les chaînes opèrent
une sélection drastique.
Pourtant avec la privatisation
de TF1 en 1987 et l’arrivée
des chaînes privées, la
jeunesse devient un enjeu commercial.
Les séries japonaises ne
sont pas chères (Les chevaliers du
Zodiaque, Dragon Ball). Elles seront
un succès même si ces séries
ont souvent été
montrées du doigt
pour leur violence
alors qu’elles ne
sont en fait pas
destinées au
QUELS
DESSINS
ANIMÉS ?
Face aux géants américains (les studios Disney et
Dreamworks) et japonais, les dessins animés européens
tentent tant bien que mal de faire de la
résistance ! Le duopole nippo-américain se reflète
dans l’offre télévisuelle. Comment dès lors garder son
identité culturelle ? Rencontre avec Marianne Nihon,
productrice de l’émission Ici Bla Bla (RTBF).
Coco Lapin dans, une production du
géant américain, les studios Disney.
© DISNEY
Code Lyoko a cartonné l’an dernier
auprès des jeunes téléspectateurs.
public auquel elles ont été présentées car au Japon, le manga est très
segmenté. La censure, surtout française, s’en est mêlée rendant parfois
certains épisodes incompréhensibles pour nos enfants. Mais la violence
des mangas n’est en rien comparable à celle des jeux vidéos.
Le look des jeux vidéos
« Le cœur de cible de Bla Bla, ce sont les enfants de 6 à 11 ans »,
poursuit Marianne Nihon. « On se rend compte que leurs goûts ont évolué
depuis 3 ou 4 ans : les jeux vidéos les influencent énormément et le
look des dessins animés se met au diapason. La violence est souvent
omniprésente, mais moi je ne diffuse rien de tel ! Il ne faut pas exagérer
non plus, il y a toujours un méchant dans un dessin animé. On ne fait
pas dans la diffusion à l’eau de rose avec des petites fleurs. On reste
aussi dans une certaine réalité, mais toute violence gratuite est bannie.
Cela dit, ce côté dessin virtuel importe beaucoup et la saison dernière,
nous avons diffusé Code Lyoko, un excellent dessin animé qui a cartonné.
Je n’ai jamais reçu autant de courrier. C’est d’autant plus étonnant
que le dessin animé n’est pas tiré d’une BD comme c’est le cas
pour Kid Paddle. Il n’y a pas non plus de merchandising au départ, ce
qui peut expliquer le succès d’un dessin animé à la télé. Ils en ont fait
après, vu le succès rencontré, mais au départ, Code Lyoko était complètement
inconnu. Ce dessin animé avait vraiment ce look jeu vidéo et
je pense que c’est cela qui a plu ! »
Le fait d’être dérivé d’une BD est souvent un passeport pour le succès
parce que c’est un rappel de quelque chose que les enfants ont
aimé. Et cela marche dans les deux sens : après avoir accroché au dessin
animé, ils peuvent acheter la BD. Kid Paddle, Spirou, Tintin, Bob l’Eponge,
Cédric, Titeuf sont de bons exemples de séries qui marchent.
CLAUDE DE VOS
LA LIBRE
ESSENTIELLE
38

B E A U T É
ALCHIMISTE
ILLUSIONNISTE
dans une volonté d’épure et de lisibilité,
Fils de parfumeur grassois, Jean-Claude
NdlR). J’écris la formule et je la donne au
Ellena cueillait la rose et le jasmin dans son
labo. Ensuite, le processus est plus ou
moins long pour préciser le propos. La difficulté,
c’est le choix. Qu’est-ce que je veux
enfance. En quelques formules magiques,
il jongle aujourd’hui avec les
dire ? Je prends des notes dans des petits
carnets : des associations de senteurs, des
essences et nos émotions olfactives
impressions mais aussi des paroles volées.
Tout cela me nourrit.»
pour la maison Hermès. Rencontre
avec un poète des odeurs.
De la terrasse bordée de lavandes, le regard plonge dans la vallée
arborée. Nous sommes à Grasse, dans l’atelier-salon de
Jean-Claude Ellena. Déco épurée, couleurs claires, bouquet
architecturé d’agapanthes (fleurs mauves sans parfum), toiles
locales à l’étrange onirisme et, surtout, une baie vitrée ouverte
sur la nature. Le silence n’existe pas en cet après-midi d’été. Les
grillons maintiennent sans cesse les oreilles en éveil. Comme le sens olfactif
de notre hôte : jamais il ne s’arrête de capter des empreintes volatiles
qui bien souvent nous échappent. Pour parfois connaître le répit,
Jean-Claude Ellena ne se parfume pas. Élégante décontraction et regard
rieur sur une solide exigence, cet enfant du pays a débuté dans le
métier comme ouvrier en parfumerie. Après bien des voyages et des
sillages renommés (First pour Van Cleef & Arpels en 76, l’Eau Parfumée
de Bulgari, Déclaration pour Cartier…), le nez expérimenté est rentré à
la maison, où il exerce son art en exclusivité pour Hermès (Un Jardin en
Méditerranée, Un Jardin sur le Nil, Terre d’Hermès, les six Hermessence).
« Je suis profondément méditerranéen et j’ai besoin de cette
Méditerranée, le berceau d’une culture forte », dit-il. « Par ailleurs, j’aime
être loin physiquement des lieux de pouvoir. Je peux ainsi créer librement.
Et Grasse m’intéresse pour son savoir-faire unique au monde que
je peux exploiter à ma manière, concernant la maîtrise technique des
essences naturelles et la transformation des matières. »
Ce métier mystérieux, qu’il est si malaisé d’enfermer dans des mots
tant ses matériaux sont insaisissables, l’homme du Sud l’évoque sans
équivoque. Tous ses parfums naissent dans sa tête, qui contient il est
vrai une immense bibliothèque d’effluves. « La création, au départ, c’est
une mémoire d’odeurs que je vais utiliser. Une construction intellectuelle
; je n’ai pas besoin de mes fioles (qu’il a réduites de 1000 à 200
Montrer l’invisible
En guise de nourriture spirituelle, Jean-
Claude Ellena a jeté son dévolu sur un morceau
plutôt dense de la pensée française du
XX e siècle. Son dernier jus en date, sixième
de la collection Hermessence chez Hermès
(« je les appelle mes poèmes olfactifs. Simples,
courts, curieux, différents, ils disent
beaucoup. S’ils ne séduisent qu’une seule
personne, cela me suffit ») s’appelle Paprika
Brasil et doit sa brûlure exquise à… Claude
Lévi-Strauss, l’anthropologue maître du
structuralisme ! « Je suis un autodidacte,
donc j’ai lu Tristes Tropiques de ma propre
initiative. On y trouve une critique virulente
de notre société : nous voyageons mais
nous ne voyons rien, n’écoutons rien, ne
sentons rien. Nous passons à côté de tout.
Cela me parle directement. Je suis parti d’un
passage où il est question du bois de braise,
utilisé pour fabriquer des couleurs rouges et
qui a donné son nom au Brésil. L’idée de
brûlure exquise m’a aussi inspiré. Quand
vous humez une boîte avec du piment, du
paprika, cela n’a quasiment pas d’odeur. Il
faut les mettre sur la langue. L’idée de ce
parfum était de recréer l’odeur qui n’existe
pas. Le rôle d’un artiste est de montrer ce
qu’on ne perçoit pas.» Avec, ici, une alchimie
ardente et tendre de piment, de bois de
braise, d’épices, de girofle, d’iris, de réséda.
Traducteur d’un goût puissant en senteur,
Jean-Claude Ellena est un peu prestidigitateur,
démonstration à l’appui. « Je vais
vous faire respirer un mensonge. Avec très
peu de moyens, soit deux molécules, on
peut créer l’illusion du chocolat, odeur composée
de 900 molécules. Cela fonctionne
car vous avez cet arôme en mémoire. Si
vous dessinez un arbre, vous tracez une ligne
pour le tronc, plus quelques traits pour
SILLAGES
SINGULIERS
Paprika Brasil
d’Hermès (135€ les
100 ml ou 350€
avec fourreau de cuir
dans une sélection
de boutiques
Hermès).
Soir de Lune de
Sisley (152€ les
100 ml), fleuri
chypré.
Eau parfumée
au Thé Rouge
de Bulgari (65€
les 100 ml).
Eau de Réglisse
de Caron (55€
les 100 ml).
Iris Nobile Eau de
parfum d’Acqua di
Parma (105€
les 100 ml).
le feuillage. Cela suffit à faire passer le message. Tout l’art fonctionne sur le
système des signes et des illusions. » Que nous recevons d’abord avec notre
inconscient. « Tout dépend de la collection d’émotions olfactives que l’on a en
tête. Les parfums gourmands ont connu un grand succès car ils évoquaient
pour beaucoup des souvenirs d’enfance. Idem pour le musc blanc, utilisé pour
parfumer les savons de lessive. Il reste sur le linge puis se mélange à la peau.
Si on en met dans un jus, les gens trouvent que cela sent bon car c’est leur
propre odeur qu’ils reconnaissent. On peut vous manipuler ! Je n’utilise évidemment
pas ces ficelles trop évidentes.»
LA LIBRE
ESSENTIELLE
40
ISABELLE BLANDIAUX

E S C A P A D E
FLORENCE
LE SYNDROME
DE STENDHAL
J’attends avec impatience le 8 octobre car, ce jour-là, Au pas de
l’oie, chronique de nos temps obscurs, prochain ouvrage
d’Antonio Tabucchi, sera en librairie. Belle invitation à découvrir
et apprécier la Toscane. Tout comme son texte Succede
a Firenze, qui conseillait au touriste soucieux de visiter Florence
de ne pas vouloir tout explorer en un seul jour. Les merveilles y
sont telles qu’elles pourraient vous donner une étrange maladie
dont Stendhal aurait souffert au début du 19 e siècle.
Depuis le Duomo,
cathédrale Santa Maria del
Fiore et vue du campanile
de Giotto. Commencé en
1334, il comptait
53 médaillons représentant
les métiers, aujourd’hui
au musée de l’œuvre
du Dôme.
Village médiéval de Monteriggioni, à 10 km au N-O de Sienne.
Le Monde a publié récemment un extrait du prochain ouvrage de
Tabucchi (Seuil), rappelant un incident récent vécu par l’écrivain dans
un train, entre Florence et Rome. Comme souvent en Italie, le voyage
avait été l’occasion de rencontres. L’écrivain s’entretenait ainsi avec
un inconnu des sujets du temps. A l’italienne, la discussion animée
tourna court lorsque l’homme confia à l’écrivain : « Vous savez, je
suis raciste, j’espère que cela ne vous dérange pas. » Pantois, Tabucchi
répondit : « Tant que vous ne faites pas de politique… », réponse
qui le laissa sur sa faim. Après réflexion, il conseille dans sa
chronique que si pareille mésaventure devait lui – ou nous – arriver
dans le futur de répondre : « Ah, tiens, et moi je suis pédophile,
j’espère que cela ne vous dérange pas » ou « Et moi, je suis anthropophage,
j’espère que vous n’y voyez pas de problème… »
Monsieur le touriste
J’avais apprécié l’humour empreint d’humanité de Tabucchi,
dans un texte sur Florence publié il y a quelques années (1) . L’Italien
y parlait du Syndrome de Stendhal (2) , mal mystérieux dont peut être
frappé le touriste, à Florence ou dans certaines villes de Toscane,
devant la beauté de ces villes et des œuvres qu’elles abritent.
Son héros, répondant au nom de Monsieur le Touriste, commence
son voyage en se rendant à la Galerie des Offices, un 10
août, alors que la ville se meurt sous la canicule. Cette date, déjà,
invite à la réflexion : les Offices sont certainement un des plus beaux
musées au monde, mais les émotions que l’on y vit face à L’annonciation
de Filippo Lippi ou La Bataille de San Romano d’Ucello, ou,
au-dehors, sous le gracieux Persée de Benvenuto Cellini, ne s’associent
pas aux chaleurs du diable de l’été toscan. Cette date invite
aussi à partir à la campagne car c’est ce soir-là que s’allument tout
autour de la ville les feux célébrant San Lorenzo.
Pris de nausées dans le musée devant l’éblouissement des œuvres,
notre héros se réfugie au Rivoire, élégant café de la Place de
la Seigneurie. Y retrouvant son calme sous la fraîcheur, il y fait les
choix d’un sandwich aux truffes et d’un Brunello de Montalcino,
spécialités toscanes, la seconde étant qualifiée comme un des vins
les plus fins d’Italie. Choix remarquables qui n’empêcheront pas notre
héros, ses esprits revenus, de vouloir rejoindre l’église de la
Santa Félicita afin d’y apprécier la célèbre Déposition de Pontorno.
Au lieu de rester tranquillement à sa table à amuser son ventre
et ses sens, sa folie de vouloir tout voir à Florence conduit le brave
homme à l’hôpital de Santa Maria Nuova. Pris par une sorte de mal
de mer dans l’église, il apprend à l’hôpital souffrir du syndrome de
Stendhal, étrange mal causé par une débauche d’œuvres d’art,
venu se loger quelques heures dans son corps.
Parcours toscan
Fable ou réalité, cette histoire confirme le jugement de Pascale,
hôtelier connu sur la place, me confiant il y a six ans déjà que les
touristes intelligents, les mois de forte chaleur ou de trop de monde,
découvraient aujourd’hui les villes italiennes tout en dormant à l’é-
LA LIBRE
ESSENTIELLE
42

E S C A P A D E
Vue de Florence, en longeant l’Arno.
Quartier de San Geminiano.
cart, dans un patelin oublié des campagnes avoisinantes. Notre
homme a depuis fait comme pas mal de gens du métier, investissant
à son tour dans une ruine oubliée de la campagne toscane.
Après avoir apprécié Le Printemps de Botticelli, traversé le Ponte
Vecchio et flâné dans les jardins de Boboli, on monte chez lui se régaler
d’une cuisine de terroir à moitié prix de la ville, bercé par les
vents et l’odeur des oliviers, dans une ambiance digne des frères
Taviani de la belle époque.
Ainsi, si après trois jours, repu d’art, Florence vous fatigue, choisissez
ces paysages toscans que l’on jurerait avoir été dessinés par
Michel-Ange tant leurs courbes sont douces. Je conseille de pousser
jusqu’au village de Borgo San Sepolcro, oublié des curieux alors
que l’on y entretient comme nulle part le souvenir de Piero dela
Francesca. Au sud, au long d’une route plus escarpée, les chemins
du Chianti vous descendent entre trattorie et domaines vinicoles de
rêves – Fonterutoli mérite plus qu’un arrêt, jusqu’à Sienne, ancienne
rivale de Florence qui mérite davantage qu’une simple citation. Cinquante
kilomètres plus loin, ce sont Montalcino et Montpulciano,
villes fortifiées où le Brunello pour la première et le vino nobile pour
la seconde ajoutent aux musées et autres bâtiments historiques une
belle réputation.
À l’Ouest, vers Pise, c’est San Gimignano au bout de deux heures,
charmante bourgade s’enroulant autour de la Piazza de la Cisterna
(13 e siècle). La ville aux treize tours souffre d’une restauration parfois
pesante, commencée dès les années trente. J’ai apprécié en
mai, à l’abri des foules, son duomo et l’église San Antonio, hébergeant
quelques fresques magnifiques de Benozzo Gozzoli et de Domenico
Ghirlandaio. Ce fut ensuite Volterra, la Cité du vent, où
davantage de vie et d’authenticité coulent dans les ruelles
tortueuses, même si celles-ci sont dominées par une forteresse
faisant office de prison. Ville d’origine étrusque
– le Museo Guarnacci est incontournable –, ses
plus beaux restes remontent à l’époque médiévale
comme souvent en Toscane. On les
apprécie dans de nombreux palais ainsi
qu’au dôme, son baptistère et sa pinacothèque,
célèbre pour sa Descente de croix,
une œuvre de Rosso Fiorentino bien trop
méconnue à mon goût...
RENÉ SÉPUL – PHOTOS CICI OLSSON
(1) Succede a Firenze, Ça arrive à Florence, Le Guide Autrement,
édition 1999-2000.
(2) Le Syndrome de Stendhal est un désordre psychique qui peut
frapper les touristes sensibles qui s’exposent à une overdose de
beauté dans les villes d’art italiennes (ibid). Le mal fut baptisé du
nom de l’écrivain français car celui-ci en aurait souffert en visitant la
basilique Santa Croce à Florence.
FLORENCE
SECRÈTE
ET ABSOLUE
Du 9 au 13 avril 2007, La Libre Essentielle vous invite à découvrir
Florence, là où sont nées la langue italienne avec Dante,
la poésie avec Pétrarque ou la science politique avec Machiavel…
Avant d’arpenter ses étroites ruelles à la découverte de ses
palais, de ses musées et de ses églises, il faut pouvoir la flairer
tout entière.
Rien de mieux pour cela que de traverser l’Arno par le pont Vecchio
et de grimper jusqu’à l’église de San Miniato del Monte ou aux
jardins de Boboli pour voir se détacher, au dessus des tuiles rouges
et des maisons ocres, les clochers des églises, la tour du palazzo
della Signoria, le baptistère, le campanille de Giotto et le Dôme.
Et puis de redescendre visiter le musée des Offices, l’un des
plus beaux du monde, le Palazzo Vecchio et ses merveilles signées
de Michel-Ange ou de Vasari, le Dôme et sa coupole en
marbres polychromes verts et blancs, le baptistère roman et les
chapelles des Médicis de l’église San Lorenzo, etc.
Pise, Sienne, San Gimignagno ou Voltera seront aussi au
programme, cités d’art au cœur de la Toscane et villes-musées
qui continuent à fasciner les amoureux de beauté !
Programme
Jour 1, lundi 9 avril : Bruxelles / Pise - Florence
Jour 2, mardi 10 avril : Florence
Jour 3, mercredi 11 avril : San Gimignano - Volterra
Jour 4, jeudi 12 avril : Sienne
Jour 5, vendredi 13 avril : Pise / Bruxelles
Réservez dès aujourd’ hui et soyez les
quelques privilégiés qui participeront à ce
voyage inédit.
Pour toute information YC art et culture
02/738 74 22 ou c.lapchin@ycare.be
LIC A5060

N O S
C H O I X
DVD
Voyage(s) en uchronie
Dans la collection des Films de ma vie, coquettement présentés
sur un support mousse, paraissent deux des films
personnels de John Huston, avec pour interprète principale
sa fille, Anjelica – 16 ans lors de son premier rôle –, en
compagnie du fils de Moshe Dayan ! Deux films qui
témoignent du caractère méditatif de son cinéma, au
sujet de l’amour, du temps qui passe et de la mort. Deux
films historiques, où frappe la justesse du parti pris
esthétique : rien qui encombre l’œil dans la reconstruction
de la guerre de Cent Ans ou du Dublin 1900, mais un
sens du détail qui touche directement le cœur.
Promenade avec l’amour et la mort (1969) & Gens de Dublin
(The Dead, 1987), de John Huston.
Les Films de ma vie / Boomerang Pictures.
BEAU LIVRE
CD
Nouvelle floraison
au fond de l’Inconnu
Cinq films de Pasolini en un seul coffret, c’est
presque trop beau pour être vrai ! Parmi les poètes
de l’écran, si Godard lance des coups de dés que le
hasard n’abolira pas, si Kenneth Anger embrasse des
crépuscules d’été, Pasolini, lui, remplit d’encre le ciel
et la mer et appareille un navire chargé de l’amour
des vierges, des démons, des monstres et des martyres.
Aux rivages incertains, il renouvelle comme
personne n’a su le faire depuis les temps anciens les
offrandes dues aux dieux.
Pasolini Collection (Médée, Théorème, Œdipe Roi, Des oiseaux
petits et grands, Accatone). Un coffret de 5 DVD chez Cinéart /
Twin Pics.
Vertus et vertiges de l’amitié
« Seul : en mauvaise compagnie
». Faisant d’évidence
sienne la formule du diabolique
Ambrose Bierce, Martha
Argerich cultive comme personne
ou presque les vertus
de l’amitié la plus belle qui
soit… Et depuis quelques
années, son fief de Lugano est le théâtre d’un festival pas
vraiment comme les autres. Après deux coffrets épatants, ce
sont déjà les échos de l’été 2005 qui nous parviennent. Autour
de la belle argentine, les frères Capuçon, Piotr Anderszewski,
Gabriela Montero, Polina Leschenko et autre Mauricio Vallina
font la fête à Mozart – la sonate facile revue pour ne pas dire
fanfreluchée par Grieg ! –, Brahms, Beethoven ou
Rachmaninov mais encore Manuel Infante et Carlos
Guastavino… Beaucoup de hauts, quelques bas mais le tout
le plus souvent irrésistible. De séduction et de sensualité.
Un coffret de 3 CD EMI 358472-2
LIVRES
L’écrivaine et le comédien
Quelque chose
s’est décalé dans
l’écriture de
Christine Angot.
Peut-être qu’il y a
moins de colère,
de douleur vive.
Et cela donne un
choc littéraire
aussi fort qu’a pu l’être L’inceste.Une
écrivaine rencontre un comédien, grand
admirateur de son œuvre (à ce qu’il fait
dire par ses proches). Une histoire d’amour
naît que la romancière restitue dans
ses moindres tensions. Le livre – écrit
dans l’immédiateté de l’histoire – en
devient ainsi l’un de ses protagonistes les
plus agissants.
Christine Angot, Rendez-vous, Flammarion
Irlandaises
L’œuvre de l’écrivaine
irlandaise
Nuala O’Faolain
compte à la fois
des œuvres autobiographiques
et
romanesques.
Dans chacun de
ses romans, une
femme enquête
sur une autre femme. Son enquête la
mène à se confronter au destin de son
héroïne (authentique) et s’interroger sur
elle-même et la condition des femmes.
Dans Chimères, une journaliste suit à la
trace la passion folle de l’aristocrate
Marianne Talbo pour son palefrenier
irlandais ; L’histoire de Chicago May est
celle d’une femme pauvre qui quitte
l’Irlande pour devenir braqueuse, prostituée,
arnaqueuse, voleuse et danseuse
de revue musicale. A New York,
Chicago, Le Caire, Londres et Paris.
Nuala O’Faolain, Chimères, 10/18 ; L’histoire de
Chicago May, Sabine Wespieser éditeur
Sous la mode, l’ethnologie
Trois frères photographes vivant en
famille dans un appartement parisien ;
leur technique est impeccable, leur
ardeur au travail, prodigieuse. Les
Séeberger se spécialisent dans le reportage
de mode, ils vont à Deauville,
Biarritz, sur les champs de course, là où
les riches élégantes montrent leurs dernières
acquisitions signées Vionnet,
Chanel ou Poiret. Derrière les fourreaux,
les cloches et les capelines, ces beaux
et simples clichés décrivent une classe
sociale, une époque, un monde révolu.
Une véritable leçon d’ethnologie.
Sylvie Aubenas, Xavier Demange, Virginie Chardin,
Les Séeberger, photographes de l’élégance,
Seuil/Bibliothèque Nationale de France.
L’autre Borodin
De grâce, amis lecteurs,
soyez curieux, (re)découvrez
sans tarder l’autre Borodin…
Loin des chevaux, chameaux
et autres bestioles qui peuplent
les steppes rabâchées
de l’Asie centrale, laissez
passer la caravane pour
découvrir un musicien de chambre aussi doué que profondément
attachant, passionné et passionnant. Deux preuves plutôt
qu’une : superbement défendu par les Kocian, son Premier
quatuor est d’autant mieux venu qu’il est couplé avec le beau
Quintette en fa mineur quasiment inconnu au bataillon. « Je
suis un compositeur du dimanche », s’excusait presque le
musicien. Parce que c’est le plus beau jour de la semaine ?
Un CD Praga 250222
Home sweet home
Rhésus est une
plongée littérairement
euphorique
dans un univers
qui ne l’est
guère : une maison
de retraite.
Qui va être perturbée
par l’introduction
d’un singe bonobo. Pour ce premier
roman, Héléna Marienské varie les
points de vue, les styles littéraires, ose
l’imagination débridée et parfois le
réalisme documentaire. Les tabous sur
la vieillesse volent en éclats, on est parfois
– heureusement – choqué.
Héléna Marienské, Rhésus, P.O.L.
SÉMIR BADIR, ANNE DE BARDZKI, DIDIER CHATELLE ET MICHEL ZUMKIR
LA LIBRE
ESSENTIELLE
44

N O S
C H O I X
LIVRES ENFANTS
BD ENFANTS
La recette du bonheur ?
Une belle synergie que ce livre-accordéon
qui mélange avec bonheur recettes
et mots, recettes et lettres, recettes et
images, recettes et enfants qui y ont mis
leur grain de sel. Avec en prime les
talents conjugués de Christian Merveille
qui dissémine ici et là de délicieuses
petites comptines et de Ana Popovici
pour ses illustrations pleines de saveur et
de poésie. Grain de sel est le nom d’une
association qui accueille des enfants de
4 à 7 ans momentanément mis hors du
circuit scolaire traditionnel. Et qui, jour
après jour, avec l’appui de leurs éducateurs,
prennent en charge leur repas
de midi. Pour apprendre à apprécier
des repas sains et bons, à manger et à
partager. Tout en savourant lettres, mots,
poèmes qui leur sont associés.
De la cuisine aux comptines, Grain de sel, Ana
Popovici, Christian Merveille, Editions du Pépin,
tout public
Hymne à la paix
Alors que le Moyen-Orient hurle une
fois encore, ce livre permet de mettre
en lumière ce qui s’y joue de part et
d’autre tout en y ajoutant une note
d’espoir. Sous forme de correspondance
électronique entre une jeune
Israélienne et un jeune Palestinien, ce
roman exprime avec beaucoup de
sensibilité les ressentis, les colères,
les peurs de chacun mais aussi leurs
enthousiasmes et leurs espoirs.
Subtilement, l’auteur glisse ici et là
des informations liées à l’histoire de
chaque peuple qui permet une lecture
éclairée du conflit israélo-palestinien.
Un beau roman – pour ados mais
aussi pour adultes ! – écrit par une
auteur juive qui, à sa façon, lance sa
bouteille à la mer pour que la paix
enfin triomphe !
Une bouteille dans la mer de Gaza, Valérie Zenatti,
L’Ecole des Loisirs, Médium, dès 14 ans
La meilleure
Sortait en juin dernier, le 5 e épisode
de la meilleure BD jeunesse du
monde : Les épatantes aventures de
Jules. Abordant des thèmes pas
toujours faciles, comme l’éthique du
clonage, la mort, l’homme, son évolution
et la nature et, dans un registre
plus scientifique, la théorie de la
relativité, Emile Bravo nous plonge
cette fois-ci dans la sphère de la
religion. Toujours aussi drôle et subtil,
se positionnant intelligemment
au niveau des enfants, l’auteur pose
une fois de plus les bonnes questions,
nous prouvant ses talents de
raconteur d’histoires. Notons que
pour l’occasion, les éditions
Dargaud, rééditent l’ensemble de la
collection sous une nouvelle
maquette et un nouveau format,
réservé uniquement pour la série.
La question du père, Emile Bravo chez Dargaud,
à partir de 9 ans
Une capsule à la mer
C’est avec tristesse que nous
apprenons la fin de l’aventure
Capsule cosmique, revue jeunesse
complètement délirante et innovatrice.
Cette aventure aura duré le
temps de la sortie de quelques
albums particulièrement intéressants,
dont : Le voyage d’Esteban,
un voyage initiatique d’un jeune
indien sur un baleinier ; Eddy
Milveux, qui après avoir sauvé une
blatte magique collée sur un chewing-gum,
lui propose un vœu par
jour ; Pipit Farlouse, ou les déboires
amoureux d’un jeune oiseau adolescent
à l’école. Les éditions Milan
nous promettent, malgré la disparition
de la revue, la continuation de
la collection. Espérons-le !
Le voyage d’Esteban : le baleinier,
Matthieu Bonhomme, à partir de 11 ans ;
Eddy Milveux, Lisa Mandel,
à partir de 8 ans ; Pipit Farlouse,
Riad Sattouf, à partir de 10 ans
COLIN BOUCHAT ET MARTINE DORY
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LA LIBRE
ESSENTIELLE
45

H O R O S C O P E
/ O C T O B R E
BALANCE
Bon anniversaire à toutes les Balances !
Le Soleil, mais aussi Vénus, Mercure et
Mars s’invitent chez vous… de quoi
vous faire galoper par 36 chemins. Vous
ne voudrez rien rater : tout connaître, tout
explorer, tout expliquer… De plus, l’élu
de votre cœur est compris dans le programme
! A lui de suivre…
CAPRICORNE
Allez-y, n’ayez pas peur ! Même si
quelque chose coince, ce n’est pas une
raison pour en tirer des conclusions universelles.
Divisez la somme de vos tourments
par 10, vous approcherez seulement
alors de la réalité…
BÉLIER
Du calme, rien n’ira plus si vous devenez
violente ! Quelques planètes vous poussent
hors de vos gonds. Le meilleur
moyen d’éviter l’explosion serait encore
de refuser les affrontements, quitte à
courber l’échine ou tourner les talons.
CANCER
Aie, Aie, branle-bas de combat, feu à volonté…
Est-ce bien vous ? La moindre
goutte d’eau fera déborder le vase et
vous vous y précipiterez pour vous y
noyer. Votre horizon est pourtant loin d’être
bouché, prenez un peu d’altitude.
SCORPION
Toujours tenace, toujours persévérante,
toujours acharnée. Mais n’est ce pas là
votre ordinaire ? Vous vous sentez tellement
bien que vous en perdez la tête ! Le
monde vous appartient, sauf Saturne qui
depuis le signe du Lion freine quelque
peu vos ardeurs.
VERSEAU
On vous offre du punch ce mois pour
vous dynamiser physiquement et moralement
et vous donner la force nécessaire
pour accomplir vos tâches même
les plus ingrates. Seul Mercure en octobre
vous boudera, gare aux décharges
du genre électrique…
TAUREAU
Qui m’aime me suive ! Ni les coups
de patte ni les mots qui blessent ne
vous écorcheront. Seuls les sermons ou
conseils de votre partenaire vous toucheront.
Il n’empêche que vous n’en ferez
qu’à votre tête. Comme toujours ? !
LION
A vous de construire votre échafaudage :
vous disposez de tous les matériaux nécessaires
et de tous les ingrédients pour
y mettre votre griffe… strictement personnelle.
Alors, pas d’excuse.
SAGITTAIRE
Regardez autour de vous toutes ces sources
d’inspiration intarissables ! Vous avez
les clefs en mains, alors tentez le décollage
: tôt ou tard vous serez couronnée.
POISSONS
A faire ce qui vous plaît quand ça vous
plaît, vous perdrez vite le contrôle de la
situation. Et vous savez combien les vagues
et tourbillons sont attrayants à vos
yeux ! Alors ? Gardez l’équilibre dans le
déséquilibre…
GÉMEAUX
Vous vivrez ce début d’automne comme
un rêve. Quelle aubaine : avec votre flair,
votre discernement, vous repèrerez tout
de suite le cheval à jouer. L’élu de votre
cœur aura tout lieu de s’en réjouir car il
profitera indirectement de ces répercussions
très chaleureuses.
VIERGE
« Quand vient la fin de l’été sur la
plage… » Vénus quitte votre signe, mettant
fin aux délices et flemmes des vacances.
Heureusement Jupiter darde
toujours ses rayons bienfaisants et généreux
sur vous, de quoi garder la forme et
reprendre le collier.
FRANÇOISE VAN DER HAEGE - ILLUSTRATIONS PASCAL LEMAÎTRE
MOTS CROISÉS À THÈMES
8 mots sont cachés dans ces mots croisés et font partie du vocabulaire du livre à
gagner : Les Années 50 avec une préface de Pierre Stéphany, paru aux éditions Racine. La
vie quotidienne des Belges dans les années 50, les inventions, les objets usuels, la culture.
Pour gagner 1 des 10 exemplaires mis en jeu, appelez le 0905 82 220 (1 €/par participation)
avant le 30/09/06, minuit. Code 20 665. Répondez à une question concernant
la grille. Les gagnants seront avertis par courrier.
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
HORIZONTALEMENT – 1. Le premier
d’entre eux s’ouvre à la place
Flagey. 2. C’est qu’elle nous a quittés. –
Il peut être de haut niveau. 3. Infinitif. –
Sport de cavalier. – Te rendras.
4. Parfois du guerrier. – Praline blanche
à la crème. 5. Risquas. – Minutages.
6. Note. – Troisième personne. 7. Intente.
– Il devient électrique dans les années
50. 8. Young Institute. – Plus jolie que la
mobylette, elle fait fureur dans les années
50. 9. Communiquer. 10. Dispatch
Note. – Possédé. – Possède. 11. Brillé. –
Oui au Moyen Age. – On le donne aux
bébés. 12. Ce modèle est l’un des plus
vendus dans les années 50 et fut même
la vedette d’un film !
VERTICALEMENT – 1. Journal qui
naît dans les années 50.–Elle est notre
nouvelle Princesse dans les années 50.
2. Demeure. 3. Poste Egyptienne. –
Pascal. – Il gère une faillite. 4. Evidemment
celle de 58. 5. On peut tomber sur
lui. – Article. – Langue occitane.
6. S’oppose au bien. – Utile en cas de
crevaison. 7. Symbole de Bruxelles.–
Mesure chinoise. 8. Rhésus. – Avant-
Midi. – Il ouvre en perdant un « u ».
9. Service hospitalier. – Détérioré.
10. Il a un cou en forme de S. – Hallucinogène.
– Article étranger. 11. Moins
profond qu’un lac. – Institut de Préparation.
– Condiment. 12. Possessif. – Petit
morceau de piano facile.
SOLUTION DU NUMÉRO PRÉCÉDENT
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
1 C H A T E A U A P R E
2 D O L D L A C I E R
3 M U S E E S E T I
4 H E U N S A T A G
5 I S T A V I C O L E
6 S O T L G R I R E
7 T E P E E B E U
8 O C R E E B A S S E S
9 R O I B E L G I Q U E
10 I U L E T A T U S
11 E P E R L A N E E N
12 N S S A U C I S S E S
JACQUES MERCIER
LA LIBRE
ESSENTIELLE
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