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découvrez le monde de victoria, 10 ans et de justin, 13 ans

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T H É Â T R E<br />

IMMUABLE, L’IDENTITÉ ?<br />

Avec An<strong>de</strong>rs, la jeune m<strong>et</strong>teur en scène Flore Vanhulst<br />

conduit <strong>le</strong> spectateur à s’interroger sur ce qu’est l’i<strong>de</strong>ntité<br />

: cel<strong>le</strong>-ci est-el<strong>le</strong> définitivement façonnée ou se tr<strong>ans</strong>forme-t-el<strong>le</strong><br />

au fil <strong>de</strong> notre vie ? Passionnante question !<br />

Qu’est-ce qui a guidé votre création ? Le constat<br />

que l’humain est capab<strong>le</strong> d’éprouver <strong>de</strong> la haine<br />

envers l’autre, d’exterminer ses voisins. Je suis<br />

révoltée à c<strong>et</strong>te idée. Mais j’observe éga<strong>le</strong>ment<br />

que l’homme ressent une attirance, une fascination<br />

pour ce qui est différent. Avec Xavier Campion, coauteur<br />

<strong>de</strong> la pièce, nous avons eu envie d’explorer ces <strong>de</strong>ux sentiments.<br />

Vous avez donc imaginé <strong>de</strong> croiser trois personnages tota<strong>le</strong>ment<br />

différents… Oui, une jeune fil<strong>le</strong> d’origine africaine qui vit confinée d<strong>ans</strong><br />

un p<strong>et</strong>it appartement <strong>et</strong> qui a <strong>de</strong>s rituels très particuliers : une façon à el<strong>le</strong> <strong>de</strong><br />

cuisiner, <strong>de</strong> ranger,... Ces règ<strong>le</strong>s – qui la submergent – constituent en même<br />

temps <strong>de</strong>s repères pour el<strong>le</strong>. Le propriétaire <strong>de</strong> son appartement est aussi<br />

obsédé par <strong>le</strong> rangement. Mais ça se manifeste d<strong>ans</strong> son rapport aux autres :<br />

il classe <strong>le</strong>s gens d<strong>ans</strong> <strong>de</strong>s cases. C<strong>et</strong> individu rigi<strong>de</strong> est cependant toujours<br />

en tr<strong>ans</strong>it. Il loue ses murs, il n’a pas <strong>de</strong> chez lui, pas <strong>de</strong> famil<strong>le</strong>. Un troisième<br />

personnage va apparaître <strong>et</strong> chambou<strong>le</strong>r <strong>le</strong>ur quotidien. Il est très libre, extravagant<br />

<strong>et</strong> tout à fait hybri<strong>de</strong>. On ne sait pas si c’est un homme ou une femme,<br />

s’il est religieux ou athée,… Il passe d’une manière d’être à une autre.<br />

Comment <strong>le</strong>s spectateurs seront-ils emmenés à s’interroger sur l’altérité ?<br />

Le spectateur associe <strong>le</strong> corps <strong>de</strong> chaque acteur à un comportement. Or <strong>le</strong>s<br />

acteurs vont changer <strong>de</strong> rô<strong>le</strong> : ces trois-là se rencontreront réel<strong>le</strong>ment puisqu’ils<br />

se fondront d<strong>ans</strong> la peau <strong>de</strong> l’autre <strong>et</strong> vivront sa vie. Quand ils reviendront<br />

à <strong>le</strong>ur personnage, c<strong>et</strong>te expérience laissera <strong>de</strong>s traces en eux. Mais<br />

jusqu’à quel point ? Autrement dit, existe-t-il un soc<strong>le</strong> i<strong>de</strong>ntitaire définitif ou<br />

l’i<strong>de</strong>ntité se remodè<strong>le</strong>-t-el<strong>le</strong> au gré <strong>de</strong> nos rencontres ? Si nous estimons que<br />

l’i<strong>de</strong>ntité évolue, notre regard sur l’autre ne peut que se modifier !<br />

Au Théâtre <strong>de</strong>s Tanneurs du 20 au 23/9. Tél. 02 512 17 84.<br />

SABRINA WELDMAN<br />

L’ESCALADE DE LA VIOLENCE<br />

A-t-on <strong>le</strong> droit à la vengeance ? interroge Sophoc<strong>le</strong> d<strong>ans</strong> E<strong>le</strong>ctre où une mère <strong>et</strong> sa<br />

fil<strong>le</strong> sont aspirées par <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> infernal <strong>de</strong> la vio<strong>le</strong>nce. En m<strong>et</strong>tant en scène c<strong>et</strong>te tragédie,<br />

Isabel<strong>le</strong> Pousseur nous renvoie aux guerres fratrici<strong>de</strong>s d’aujourd’hui.<br />

Pourquoi avoir choisi <strong>de</strong> monter E<strong>le</strong>ctre ?<br />

Parce que c<strong>et</strong>te pièce me fait penser aux guerres<br />

civi<strong>le</strong>s qui ont eu lieu récemment ou qui se dérou<strong>le</strong>nt<br />

encore : on voit resurgir <strong>de</strong> vieil<strong>le</strong>s luttes<br />

entre <strong>de</strong>s gens qui ont cohabité s<strong>ans</strong> problème<br />

pendant <strong>de</strong>s années d<strong>ans</strong> un même pays <strong>et</strong> qui,<br />

tout d’un coup, <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s ennemis mortels.<br />

C’est d<strong>ans</strong> ce contexte contemporain que je<br />

situe E<strong>le</strong>ctre. E<strong>le</strong>ctre fait partie <strong>de</strong> la famil<strong>le</strong> <strong>de</strong>s<br />

Atri<strong>de</strong>s, lignée sur laquel<strong>le</strong> pèse une malédiction<br />

très ancienne : el<strong>le</strong> est prise d<strong>ans</strong> un cyc<strong>le</strong><br />

éternel <strong>de</strong> vengeance, d<strong>ans</strong> une vio<strong>le</strong>nce qu’on<br />

n’arrive pas à arrêter.<br />

C<strong>et</strong>te vio<strong>le</strong>nce régit la relation entre une<br />

mère <strong>et</strong> sa fil<strong>le</strong>, Clytemnestre <strong>et</strong> E<strong>le</strong>ctre…<br />

Oui, il y a entre el<strong>le</strong>s un noyau incan<strong>de</strong>scent <strong>de</strong><br />

haine là où, norma<strong>le</strong>ment, il <strong>de</strong>vrait y avoir <strong>de</strong><br />

l’amour. Mais Sophoc<strong>le</strong> ne donne raison ou tort<br />

ni à l’une ni à l’autre. Clytemnestre avait-el<strong>le</strong> <strong>le</strong><br />

droit ou pas <strong>de</strong> tuer son époux Agamemnon<br />

© LOU HÉRION<br />

qui, auparavant, avait sacrifié sa fil<strong>le</strong> Iphigénie<br />

pour pouvoir faire la guerre <strong>de</strong> Troie ? La justice<br />

est questionnée à travers l’affrontement <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux femmes. Mais, simultanément, on assiste<br />

à une scène familia<strong>le</strong> où se manifestent <strong>de</strong>s<br />

affects. E<strong>le</strong>ctre, qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à Clytemnestre<br />

s’il faut vraiment qu’un homme soit tué pour un<br />

autre, est prête à son tour à assassiner sa<br />

mère ! C’est vertigineux.<br />

Comment traitez-vous <strong>le</strong> chœur, composé <strong>de</strong><br />

jeunes fil<strong>le</strong>s ? J’en fais <strong>de</strong>s orphelines errantes,<br />

protégées par une femme qui a <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> du coryphée.<br />

Au fur <strong>et</strong> à mesure que l’action évolue, ces<br />

jeunes fil<strong>le</strong>s perdues, rassemblées en groupe,<br />

prennent n<strong>et</strong>tement parti pour E<strong>le</strong>ctre, pour la vio<strong>le</strong>nce.<br />

Ce choix est extrêmement dangereux ! La<br />

chef du chœur par contre, plus âgée, reste d<strong>ans</strong><br />

<strong>le</strong> doute. El<strong>le</strong> éprouve <strong>de</strong> la compassion pour <strong>le</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux camps. El<strong>le</strong> ne juge pas. Moi non plus !<br />

SABRINA WELDMAN<br />

Au Théâtre National du 22/9 au 7/<strong>10</strong>. Tél. 02 203 53 03.<br />

LA LIBRE<br />

ESSENTIELLE<br />

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