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E N S E I G N E M E N T
Deux décennies auparavant… Didier Bronselaer, instituteur de formation, fait
son objection de conscience à Erasme. En observant le monde pédagogique, il
pointe du doigt le manque d’aide psychopédagogique indépendante aux enfants.
« N’existaient à cette époque que les leçons particulières, les écoles du devoir et
les PMF qui ne réglaient pas les problèmes de fond liés à l’échec scolaire. 80 %
des demandes en psychiatrie infantile concernaient pourtant cette problématique.
J’ai jugé opportun d’ouvrir un nouveau type de centre, basé sur la demande, en
collaboration avec des psychologues et des logopèdes. »
La chaîne de l’information
Le succès est immédiat. « En vingt ans, j’ai évolué fortement dans mes compétences
en me formant énormément. J’ai remarqué que 80 % des difficultés, décelées
au travers de ma consultation, étaient liées au développement cognitif chez
l’enfant : mémoire de travail, organisation spatiale, compréhension verbale… La
moitié d’entre elles se résume à des problèmes de lecture, dus à une lenteur dans
le déchiffrement des caractères. L’important est de cerner les réelles causalités de
ces états et d’en informer tous ceux qui peuvent agir sur elles; en formant les enseignants,
ces derniers sont plus à même d’aider les enfants. Je ne suis qu’au bout
d’une chaîne à multiples maillons; je dois respecter les systèmes familiaux et scolaires
encadrant l’enfant. Quand l’encadrement
familial n’est pas adapté à
celui de l’école et vice-versa, il est
souvent utile de réorienter l’élève vers
un autre établissement. » Après une
première rencontre avec les parents,
Didier propose, en cas de besoin, de
faire le bilan de l’étudiant, afin de détecter
les causes de ses échecs et
d’offrir une grille de solutions. « Certaines
familles narcissiques refusent cet
exercice, de peur des résultats; elles
préfèrent que nous nous attaquions
directement aux cours. Je respecte
cette démarche… mais elle ne soigne
que la blessure, pas ses causes. Le
jeune est manipulé depuis la maternelle
: on lui impose ce qu’il doit faire,
lui donne des matières à emmagasiner
sans réfléchir. Souvent, à force de
courage et de travail, il
réussit tout juste jusqu’à 14 ou 15 ans.
L’adolescence redistribue sa personnalité,
l’exigence scolaire devient souvent
plus abstraite et l’élève est en
rupture… Fondamentale dans ma méthode
: l’écoute. Je ne donne pas de
leçons particulières; je laisse l’étudiant
parler, expliquer sa démarche pour
repérer sa faiblesse. Le respect est
tout aussi important; remettre chaque
consultant dans sa réalité quotidienne,
sans jugement. » Didier a aidé
quelque 2400 enfants en deux décennies;
sa clientèle est composée à
70 % par des jeunes de 9 à 17 ans.
« J’ai de plus en plus de cas de précocité
en maternelle. En vingt ans, les
parents se sont rendus compte qu’ils
restaient le seul filet de sécurité de
l’enfant. L’institution scolaire n’est
pas outillée pour aider les enfants
individuellement ou en difficulté. »
« BEAUCOUP
D’ÉCHECS SCOLAIRES
SONT DUS AU
MORCELLEMENT
DE L’ÉDUCATION
EN COMMUNAUTÉ
FRANCOPHONE. »
Morcellement
Problème fondamental de l’éducation en communauté française :
son morcellement. « Il existe autant d’écoles que de pouvoirs organisationnels,
une des raisons de sa faillibilité. Pour moi, l’enseignement
n’a pas bougé depuis 1960, exception faite de l’expérience du rénové
qui, mal comprise, mal gérée et trop politisée, est morte étouffée dans
l’œuf. La Communauté française a développé historiquement la
tradition de l’échec. Sans se remettre en question… Donner plusieurs
examens par jour à Noël et en juin pour que des élèves restituent des
matières entières n’est, par exemple, pas réaliste. Certains enfants
exigent plus de temps pour prouver leurs compétences et d’une
école à l’autre, le système diffère. Cherchez la logique… » Tous les
enfants peuvent-ils, dans ces conditions réussir leurs études ? « Dans
l’enseignement général, certainement pas ! Il faut bien les orienter très
tôt en fonction de leurs forces et faiblesses… À ce moment, les
chances augmentent; leur trouver des solutions individuelles tenant
compte de leurs difficultés propres. Voyez Decroly, mais l’école
affiche complet ! Actuellement, les problèmes scolaires ne sont pas à
la mode… Parlez de sexualité ou d’autisme, là les débats s’animent.
Aujourd’hui, huit psychologues
sur dix sont formés pour résoudre
2 % des difficultés réelles
rencontrées par l’enfant. Les
solutions se bousculent, mais
se mettront en place difficilement
: former les enseignants
aux problématiques qu’ils risquent
de rencontrer, chapeauter
les écoles par un organisme
composé de gens responsables,
habitués à ces problématiques,
leur apprendre à
comprendre la demande de
l’enfant… Ni lui ni son professeur
n’est responsable de cette
situation… Je vis en dehors du
système de culpabilisation ! »
INFOS_Centre de Réussite Scolaire,
avenue de la Bergerie 95, 1410 Waterloo,
tél. 02 354 13 11
BIBLIOGRAPHIE_Comment réussir à
l’école pour les enfants de 10 à 17 ans
et ceux qui les aident ?, de Didier
Bronselaer, éditions Labor, 278 pages
LA RÉUSSITE SCOLAIRE
MISSION
IMPOSSIBLE ?
Depuis 20 ans, Didier Bronselaer dirige un centre indépendant original d’aide à la
réussite scolaire. Un défi difficile à relever dans un paysage scolaire belge francophone
Quand Axelle Red totalement rencontre morcelé. sa créatrice « Ni les de enseignants mode fétiche ni les Véronique élèves ne Leroy, sont à Paris, condamner. elles évoquent Révisons à
l’unisson leur besoin plutôt de revenir le système à l’essentiel et chapeautons-le dans leur art, par leur des singularité, professionnels leurs origines, ! » leur perfectionnisme…
CLAUDE MUYLS - PHOTO CASSANDRE STURBOIS/REPORTERS
LA LIBRE
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