COUR D'APPEL. DE BORDEAUX. CHAMBRE D'ACCUSATION ...
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pouvaient être internés dans des camps spéciaux par décision du préfet du département de<br />
leur résidence.<br />
Les personnes internées de la région de BOR<strong>DE</strong>AUX étaient regroupées au camp de<br />
MERIGNAC-BEAU<strong>DE</strong>SERT, d'une capacité de plus de 500 personnes ou à son annexe de<br />
BACALAN ouverte courant 1942.<br />
Les circulaires du 31 janvier 1942, 20 octobre et 11 novembre 1943 prévoyaient que<br />
l'entière responsabilité du camp était attribuée au chef de camp sous l'autorité du Préfet<br />
délégué; le Préfet Régional devait veiller quant à lui au dispositif de protection du camp.<br />
Il apparaît néanmoins que ce n'est qu'à partir du 20 avril 1944 que le Préfet délégué a<br />
exercé 'dans leur plénitude les attributions qui lui incombent en ce qui concerne les camps<br />
d'internement' ainsi qu'il est indiqué par une note signée Maurice SABATIER. Cette même<br />
note précise que le Préfet délégué est invité à faire 'retirer au Cabinet les dossiers<br />
intéressant le camp de MERIGNAC'.<br />
En ce qui concerne les internements aucune délégation formelle n'avait été donnée au<br />
Préfet délégué bien que les notes du 30 juin et du 3 juillet 1942 prévoyaient que le Préfet<br />
délégué signait les arrêtés. Par contre le Préfet Régional, selon une note de service du 1er<br />
février 1943 s'était réservé la signature des 'arrêtés préfectoraux importants - nominations,<br />
ravitaillement, taxations, internements, etc.'.<br />
Maurice PAPON a soutenu qu'il n'avait aucun pouvoir hiérarchique sur le Directeur du camp<br />
de MERIGNAC, néanmoins il apparaît qu'il recevait directement du Commissariat aux<br />
Questions Juives les demandes d'internement. Il écrivait au Directeur du Camp le 16<br />
septembre 1942 pour lui confirmer que les Juifs précédemment internés à MERIGNAC<br />
avaient alors été arrêtés soit sur ordre des autorités allemandes soit pour tentative de<br />
franchissement de la ligne de démarcation soit par suite d'une mesure générale de police.<br />
Le 25 juin 1942, Maurice PAPON écrivait au Directeur du Camp pour lui signaler que les<br />
fonds laissés au départ par un Juif évadé doivent être déposés à la Caisse des Dépôts et<br />
Consignations et l'autorisant à disposer des autres objets appartenant à l'intéressé. Après<br />
avoir interrogé le Commissariat Général aux Questions Juives, Maurice PAPON signait un<br />
arrêté du 9 novembre 1943 selon lequel les sommes détenues par les Juifs déportés doivent<br />
être déposées à la Caisse des Dépôts et Consignations à un compte ouvert à leur nom.<br />
Le Service des Questions Juives qui était sous l'autorité de Maurice PAPON de même que le<br />
Service des carburants et de la circulation a fait attribuer du carburant au Directeur du<br />
Camp de MERIGNAC pour les opérations menées contre les Juifs notamment le 7 août 1942<br />
sous la signature de Pierre GARAT.<br />
Des documents figurant au dossier, il ressort qu'il avait aussi compétence pour ordonner la<br />
mise en liberté de personnes internées, comme ce fut le cas pour Alice SLITINSKY.<br />
L'ensemble de ces éléments démontre que Maurice PAPON exerçait en réalité les pouvoirs<br />
qui auraient du être dévolus au Préfet délégué.<br />
Maurice PAPON intervenait aussi dans les affaires pénitentiaires. Ainsi, un état des détenus<br />
transférés du quartier allemand au quartier français du Fort du Hâ en date du 25 septembre<br />
1943 mentionne qu'il a été établi après la visite du Secrétaire général du 23 septembre<br />
1943. Figure au dossier un document manuscrit établi sur des feuilles à en-tête du<br />
Secrétaire général de la Préfecture contenant des renseignements sur l'état et le<br />
fonctionnement des camps et des prisons, notamment du Fort du Hâ. Maurice PAPON a<br />
encore donné des directives à l'Intendant Régional de police pour la création d'un hôpital<br />
prison au groupe PELLEGRIN ainsi que pour la marche de ce service. Maurice PAPON<br />
exerçait les pouvoirs dévolus au Préfet en matière d'administration pénitentiaire telles<br />
qu'elles étaient définies par une note établie par la 1re Division de la Préfecture. D'ailleurs,<br />
dans son interrogatoire du 5 juillet 1995, Maurice PAPON a indiqué que 'le Fort du Hâ<br />
intéressait très étroitement la Préfecture car on se souvenait que les détenus avaient été le<br />
vivier des Allemands pour désigner les otages'. Il sera vu que les Allemands ont fait<br />
transférer à plusieurs reprises des détenus juifs du Fort du Hâ au camp de MERIGNAC afin<br />
qu'ils soient inclus dans les convois de déportés à destination de DRANCY.