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Bourg-la-Reine magazine - octobre 2010 (pdf - 8,71 Mo)

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Elisabeth Michau...<br />

<strong>la</strong> vie en bleu<br />

Âgée de 23 ans, Elisabeth Michau, Réginaburgienne, a passé un an au sein<br />

de <strong>la</strong> Marine nationale, dont six mois à bord de <strong>la</strong> frégate anti-sousmarine<br />

Latouche-Tréville. Une expérience unique et magique qu’elle nous<br />

re<strong>la</strong>te. Voyage au coeur d’un monde en bleu...<br />

Qu’est-ce qui vous a amenée à vous engager dans <strong>la</strong><br />

Marine nationale ?<br />

Je suis actuellement étudiante à l’école de commerce de<br />

Nancy. L’année dernière, j’ai voulu interrompre mes<br />

études durant une année, comme nos enseignants nous<br />

encouragent à le faire, afin de découvrir une nouvelle<br />

façon de travailler et m’adapter à des conditions de vie<br />

différentes de celles que j’avais connues jusqu’alors. Je me<br />

suis donc engagée dans <strong>la</strong> Marine nationale, dans le cadre<br />

d’un contrat de volontariat, d’août 2009 à août dernier.<br />

Après une formation de quelques mois, j’ai embarqué à<br />

bord de <strong>la</strong> frégate anti-sous-marine Latouche-Tréville en<br />

novembre, jusqu’à août.<br />

Quel était le rôle de <strong>la</strong> frégate ?<br />

Le rôle de <strong>la</strong> frégate était d'assurer une présence française<br />

dans des eaux où <strong>la</strong> Marine française navigue peu. Il est, en<br />

effet, important de montrer que <strong>la</strong> France est capable d'être<br />

présente partout pour défendre ses intérêts. Nous avions<br />

également une mission diplomatique qui consistait à rencontrer<br />

les autorités des différents pays visités afin de<br />

renforcer les liens qui unissent <strong>la</strong> France à ceux-ci. Enfin, il<br />

était important d'assurer un entraînement opérationnel de<br />

l'équipage avec des marins avec lesquels on ne travaille pas<br />

souvent. Nous avons ainsi effectué des exercices d'entraînement<br />

avec <strong>la</strong> Marine norvégienne et <strong>la</strong> Marine russe, par<br />

exemple. La frégate a aussi participé à un grand exercice de<br />

l'OTAN qui a réuni, pendant 15 jours, plus de 30 navires,<br />

4 sous-marins et 30 avions d'une quinzaine de pays.<br />

Quelles étaient vos missions ?<br />

J'étais officier en communication et re<strong>la</strong>tions publiques.<br />

J'avais pour mission de contribuer au rayonnement de <strong>la</strong><br />

frégate, et plus généralement de <strong>la</strong> Marine française,<br />

notamment en écrivant des articles destinés à alimenter <strong>la</strong><br />

presse. J'avais également un important travail de préparation<br />

des escales. Il s'agissait de veiller à l'organisation de<br />

repas ou de visites d'autorités civiles ou militaires, mais<br />

aussi de l'embarquement de personnes invitées à<br />

découvrir notre frégate. Il s'agissait souvent de jeunes,<br />

particulièrement ceux susceptibles d'être intéressés par un<br />

engagement dans <strong>la</strong> Marine.<br />

Quelles sont les destinations que vous avez découvertes ?<br />

Nous avons accosté à Wilhelmshaven, en Allemagne,<br />

Severomorsk, en Russie, à Narvik en Norvège, à Reykjavik,<br />

en Is<strong>la</strong>nde, et à Londres. Ce fut une expérience très dépaysante.<br />

Notamment <strong>la</strong> traversée du grand Nord. Ces<br />

moments restent forcément ancrés à jamais dans <strong>la</strong><br />

mémoire d’un marin.<br />

Coment avez-vous vécu cette expérience, sur le p<strong>la</strong>n<br />

humain ?<br />

Ce fut une expérience extraordinairement riche. Nous étions<br />

130 sur un bâtiment de 150 m de long. L’espace de vie était<br />

d’autant plus réduit que les locaux techniques prennent<br />

beaucoup de p<strong>la</strong>ce. Ce<strong>la</strong> implique donc une réelle proximité<br />

entre les marins, à <strong>la</strong> fois dans le travail et dans <strong>la</strong> vie quotidienne.<br />

Mais le fait d’être militaire vous oblige à respecter<br />

une certaine discipline. Et cette discipline rend les conditions<br />

de vie plus faciles. J’estime que j’ai travaillé avec des<br />

personnes extrêmement intelligentes dans leurs rapports<br />

aux autres. J’ajoute que l’esprit de corporation qui existe<br />

chez les militaires, et plus précisément chez les marins,<br />

confère l’impression de vivre au sein d’une grande famille.<br />

En quoi <strong>la</strong> vie en mer change-t-elle <strong>la</strong> vision des choses ?<br />

Face à l’immensité de l’océan, on se rend vite compte qu’on<br />

est tout petit et vulnérable. C’est une belle leçon d’humilité.<br />

En outre, <strong>la</strong> notion de solidarité prend vite tout son sens car<br />

on prend conscience qu’on ne peut pas réussir sans les<br />

autres. Sur <strong>la</strong> frégate, nous sommes tous interdépendants,<br />

chacun a un rôle complémentaire de celui de l’autre.<br />

Quel regard portez-vous sur cette expérience en tant que<br />

femme ?<br />

S’il est vrai que j’avais quelques appréhensions au début,<br />

je dois dire que celles-ci ont vite été dissipées. Nous étions<br />

une quarantaine de femmes à bord et il n’y a pas de distinction<br />

particulière entre hommes et femmes. Nous<br />

sommes tous logés à <strong>la</strong> même enseigne et il y a un grand<br />

respect mutuel entre tous.<br />

Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui souhaiterait<br />

suivre le même parcours ?<br />

Tout d’abord, il doit se renseigner précisément auprès des<br />

personnes compétentes - notamment les Centres d’information<br />

et de recrutement des forces armées (CIRFA) -<br />

pour savoir exactement où il souhaite aller car même si sur<br />

<strong>la</strong> frégate on a les téléphone et internet qui nous permettent<br />

de rester en permanence en contact avec nos proches,<br />

un tel voyage demande un investissement humain et psychologique<br />

important. Une fois son projet défini, il pourra<br />

profiter pleinement de cette expérience qui mêle découvertes<br />

(des autres, mais aussi de soi) et apprentissages<br />

dans de multiples domaines.<br />

Propos recueillis par Stéphane Jean-Théodore.<br />

p.23 > O c t o b r e 2 0 1 0<br />

2 L’entretien

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