Convention de Vienne et les contrats complexes ... - CISG Database
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582 MCGILL LAW JOURNAL / REVUE DE DROIT DE MCGILL [Vol. 50<br />
La troisième décision qui doit r<strong>et</strong>enir notre attention est celle rendue dans l’affaire<br />
Chateau <strong>de</strong>s Charmes Wines par la Cour fédérale d’appel américaine 66 . C<strong>et</strong>te affaire<br />
n’aurait pas eu d’intérêt au regard <strong>de</strong> notre étu<strong>de</strong> si un certain <strong>et</strong> assez notable obiter<br />
dictum n’y avait pas figuré, car l’affaire ne concerne que <strong>de</strong> simp<strong>les</strong> allégations<br />
d’inexécution contractuelle <strong>et</strong> diverses réclamations en responsabilité civile résultant<br />
<strong>de</strong> la vente <strong>de</strong> bouchons par <strong>de</strong>s parties américaine <strong>et</strong> française à une société<br />
canadienne. La juridiction d’appel américaine a rapi<strong>de</strong>ment conclu que l’affaire était<br />
assuj<strong>et</strong>tie aux règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> la <strong>Convention</strong> ; elle a pourtant jugé utile <strong>de</strong> justifier c<strong>et</strong>te<br />
décision afin <strong>de</strong> démontrer tout particulièrement qu’elle ne se m<strong>et</strong>tait pas en position<br />
<strong>de</strong> conflit au regard <strong>de</strong>s autres jugements américains où <strong>les</strong> tribunaux avaient écarté la<br />
<strong>Convention</strong> 67 . Pour se justifier, la Cour d’appel <strong>de</strong> la 9 e circonscription a cité la<br />
décision Evolution Online Systems 68 rendue par sa juridiction jumelle <strong>et</strong> l’a expliquée<br />
ainsi :<br />
Dans l’affaire [Evolution Online Systems], [...] la Cour d’appel <strong>de</strong> la 2 e<br />
circonscription a appliqué le droit new-yorkais à un différend entre sociétés<br />
néerlandaise <strong>et</strong> new-yorkaise relatif à la réalisation <strong>de</strong> logiciels <strong>et</strong> la fourniture<br />
<strong>de</strong> services d’ordre technique, vraisemblablement au motif que la <strong>Convention</strong><br />
ne s’applique pas «aux <strong>contrats</strong> dans <strong>les</strong>quels la part prépondérante <strong>de</strong><br />
l’obligation <strong>de</strong> la partie qui fournit <strong>les</strong> marchandises consiste en une fourniture<br />
<strong>de</strong> main-d’œuvre ou d’autres services» [notre traduction] 69 .<br />
Ainsi, pour la Cour d’appel <strong>de</strong> la 9 e circonscription, <strong>les</strong> obligations dont il s’agissait<br />
dans l’affaire Evolution Online Systems se situaient bien en <strong>de</strong>hors du champ<br />
d’application <strong>de</strong> la CVIM.<br />
aux cas <strong>de</strong> logiciels spécifiques en vertu <strong>de</strong> son article 3(2), car dans ces cas, <strong>les</strong> services réalisés par<br />
la partie qui fournit le logiciel représenteraient la part prépondérante <strong>de</strong> son obligation.<br />
66 Cour fédérale d’appel, 9 e circonscription, États-Unis, 5 mai 2003, Chateau <strong>de</strong>s Charmes Wines<br />
Ltd. v. Sabaté USA Inc., en ligne : Pace Law School : <strong>CISG</strong> <strong>Database</strong> [Chateau <strong>de</strong>s Charmes Wines].<br />
67 C<strong>et</strong>te démarche assez défensive provient peut-être du fait que la <strong>Convention</strong> a été très peu<br />
examinée par la jurispru<strong>de</strong>nce américaine. D’ailleurs, <strong>de</strong> nombreux <strong>contrats</strong> américains excluent<br />
expressément l’application <strong>de</strong> la CVIM, conformément à son article 6 : voir Jacob S. Ziegel <strong>et</strong><br />
Anthony J. Duggan, «Le rôle d’une loi révisée sur la vente d’obj<strong>et</strong>s dans la stratégie nationale sur le<br />
droit commercial», en ligne : Conférence pour l’harmonisation <strong>de</strong>s lois au Canada . Ziegel <strong>et</strong> Duggan rapportent qu’«[i]l semble<br />
que dans la pratique, <strong>les</strong> juristes <strong>de</strong> common law préfèrent avoir affaire à l’ordre juridique national<br />
qu’ils connaissent le mieux, même quand un contrat est manifestement régi par la <strong>Convention</strong>»<br />
(ibid.). Pourtant, au niveau international, la <strong>Convention</strong> reste «l’un <strong>de</strong>s grands succès <strong>de</strong>s efforts<br />
d’harmonisation du droit commercial international» <strong>et</strong> représente une «pierre d’assise dans <strong>les</strong><br />
relations commercia<strong>les</strong> internationa<strong>les</strong>» (Alain Prujiner, «Comment utiliser <strong>les</strong> principes<br />
d’UNIDROIT dans la pratique contractuelle» (2002) 36 R.J.T. 561 aux pp. 572-73). Prujiner opine au<br />
surplus que la <strong>Convention</strong> bénéficie <strong>de</strong> «familiarité», d’un statut «prestigieux» <strong>et</strong> enfin «d’un appui<br />
très large» (ibid. à la p. 573).<br />
68 Cour fédérale d’appel, 2 e circonscription, États-Unis, 27 mai 1998, Evolution Online Systems Inc.<br />
v. Koninklijke Ptt Ne<strong>de</strong>rland N.V., en ligne : Pace Law School : <strong>CISG</strong> <strong>Database</strong> : [Evolution Online Systems].<br />
69 Chateau <strong>de</strong>s Charmes Wines, supra note 66.