Etude de cas du Sénégal
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Les donateurs peuvent contribuer à atténuer les impacts <strong>de</strong> la crise et à ré<strong>du</strong>ire la vulnérabilité<br />
<strong>du</strong> <strong>Sénégal</strong> à plusieurs niveaux, en s’inscrivant dans les stratégies nationales (le DSRP). Si<br />
l’Axe 1 (croissance) reçoit traditionnellement beaucoup l’attention <strong>du</strong> gouvernement et l’Axe<br />
2 (services sociaux) celle <strong>de</strong>s donateurs, une attention renforcée mériterait d’être portée à<br />
l’Axe 3 (protection sociale) et à l’Axe 4 (gouvernance). En effet, pour ce qui concerne l’Axe<br />
3, si <strong>de</strong>s progrès notoires ont été réalisés au cours <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière décennie en Afrique au<br />
niveau <strong>de</strong> la croissance économique, un enjeu majeur est <strong>de</strong> s’assurer que les pays<br />
maintiennent un certain équilibre social pour permettre <strong>de</strong> continuer sur la voie <strong>du</strong><br />
développement. Ceci <strong>de</strong>vrait passer au <strong>Sénégal</strong> par une croissance pro-pauvre, en mettant<br />
davantage l’accent sur le développement rural et la création d’emplois en milieu péri-urbain.<br />
Comme l’a souligné un <strong>de</strong> nos interlocuteurs, à l’heure actuelle, le <strong>Sénégal</strong> a surtout besoin<br />
d’un « programme social d’urgence » <strong>de</strong> large échelle pour lui laisser le temps <strong>de</strong> se<br />
développer sans que la soupape <strong>de</strong> sécurité sociale n’explose. C’est un peu dans cet esprit que<br />
la communauté internationale a réagi pour ai<strong>de</strong>r le pays à redresser la barre face à sa crise<br />
interne, mais cela mériterait d’être renforcé et pensé sur le moyen terme. Quant à l’Axe 4,<br />
l’amélioration <strong>de</strong> la gouvernance détermine non seulement l’efficacité <strong>du</strong> programme <strong>de</strong><br />
dépenses publiques, mais aussi l’octroi par les donateurs (<strong>du</strong> moins les membres <strong>du</strong><br />
CAD/OCDE) <strong>de</strong> financements accrus sous forme d’appui budgétaire. En particulier, il est<br />
important que le gouvernement évite les dérapages budgétaires qui se sont pro<strong>du</strong>its entre 2006<br />
et 2008 et <strong>de</strong> manière plus générale, clarifie les responsabilités institutionnelles dans<br />
l’administration pour, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s effets d’annonce <strong>de</strong> nouvelles stratégies, passer à la vitesse<br />
supérieure au niveau <strong>de</strong> la mise en œuvre.<br />
Pour ce qui concerne la coopération belge plus particulièrement, ses principales valeurs<br />
ajoutées face aux risques <strong>de</strong> la crise sont à trouver au niveau <strong>de</strong> l’extension <strong>de</strong> la protection<br />
sociale, en particulier dans le domaine <strong>de</strong> la santé (coopération bilatérale directe), et<br />
d’interventions à plusieurs niveaux dans le domaine <strong>du</strong> développement rural (bilatéral direct<br />
pour les aspects systémiques, Fonds Belge <strong>de</strong> Survie et ONG pour la ré<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> l’insécurité<br />
alimentaire).<br />
Enfin, outre ses possibles impacts négatifs, la crise s’accompagne également <strong>de</strong> plusieurs<br />
opportunités. Certaines sont réellement intéressantes, comme l’opportunité <strong>de</strong> saisir les fruits<br />
d’une nouvelle redistribution <strong>de</strong>s fonds en faveur <strong>de</strong> l’Afrique (moyennant la mise en œuvre<br />
<strong>de</strong>s réformes qui s’imposent) ; ou l’opportunité <strong>de</strong> voir le gouvernement prendre ses<br />
responsabilités en matière <strong>de</strong> protection sociale et mettre en œuvre les mesures en faveur<br />
<strong>de</strong>squelles il s’est engagé <strong>de</strong>puis longtemps, comme par exemple la loi agro-sylvo-pastorale.<br />
Par contre, d’autres se profilent qui sont plus opportunistes : on peut craindre que le<br />
gouvernement récupère la crise extérieure pour masquer les problèmes internes (mais cela ne<br />
se profile guère pour l’instant) ; que les bailleurs <strong>de</strong> fonds profitent <strong>de</strong> la crise pour immiscer<br />
<strong>de</strong>s projets et mesures qui ne correspon<strong>de</strong>nt pas aux attentes <strong>du</strong> pays ; ou que les partenaires<br />
commerciaux et investisseurs <strong>du</strong> <strong>Sénégal</strong> ne prétextent <strong>de</strong> la crise pour <strong>du</strong>rcir leurs conditions<br />
dans les négociations. Ces risques ne peuvent être mitigés que par une vigilance commune et<br />
un dialogue franc, permanent et transparent entre tous les partenaires.<br />
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