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"A cheval donné, on ne regarde pas les dents". Les ... - Belgium

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« A <str<strong>on</strong>g>cheval</str<strong>on</strong>g> <str<strong>on</strong>g>d<strong>on</strong>né</str<strong>on</strong>g>, <strong>on</strong> <strong>ne</strong> <strong>regarde</strong> <strong>pas</strong> <strong>les</strong> dents »<br />

C’est vrai qu’<strong>on</strong> avait trop de ressources et l’Etat n’a <strong>pas</strong> été très prudent. On a pris tout ce qu’<strong>on</strong><br />

nous d<strong>on</strong>nait sans mettre l’accent sur la gesti<strong>on</strong> parcim<strong>on</strong>ieuse de ces ressources là. On pensait que<br />

l’uranium allait être comme maintenant là. En 82 et 83, tous <strong>les</strong> grands projets-programmes <strong>on</strong>t<br />

commencé, il y a eu des problèmes. (directeur de société publique).<br />

Fin des années 80, alors que la crise de la dette avait commencé, <strong>les</strong> rapports entre bailleurs de<br />

f<strong>on</strong>ds et administrati<strong>on</strong> étaient encore marqués par des négociati<strong>on</strong>s et des rapports de force,<br />

l’administrati<strong>on</strong> ayant un point de vue affirmé. L’endettement de l’Etat l’a obligé à rentrer<br />

dans la négociati<strong>on</strong> de plans d’ajustement structurel au début des années 80, avec le cortège de<br />

mesures habituel<strong>les</strong> : privatisati<strong>on</strong>s des entreprises publiques, dégraissage de la f<strong>on</strong>cti<strong>on</strong><br />

publique, coupe dans <strong>les</strong> budgets sociaux (éducati<strong>on</strong>, santé, etc.).<br />

En 82-83, <strong>on</strong> était obligé de faire un plan de c<strong>on</strong>solidati<strong>on</strong> puisqu’<strong>on</strong> n’avait plus de ressources. Et<br />

à partir de ce moment là, <strong>les</strong> missi<strong>on</strong>s [du FMI] <strong>on</strong>t commencé. Avec la période de l’ajustement,<br />

<strong>les</strong> gens étaient beaucoup plus centrés sur le court terme. Il n’y avait <strong>pas</strong> de visi<strong>on</strong>s, encore moins<br />

de ressources, <strong>on</strong> était derrière le FMI et la Banque qui dirigeaient.<br />

Q. : Et là, c’est le FMI qui définit <strong>les</strong> c<strong>on</strong>diti<strong>on</strong>s ?<br />

C’est clair. Par exemple, quand vous partez c<strong>on</strong>tracter un prêt et que vous n’arrivez <strong>pas</strong> à payer, le<br />

banquier vous impose car il lui faut rentrer dans ses droits. C’est ce qui nous est arrivé. On <strong>ne</strong><br />

pouvait <strong>pas</strong> ép<strong>on</strong>ger nos dettes, il fallait d<strong>on</strong>c négocier pour alléger ou pour des remises de dette.<br />

Et puis, nos ressources étaient des produits de base comme l’uranium [d<strong>on</strong>t le prix avait chuté].<br />

On avait beaucoup plus de charges, l’aide bilatérale comme multilatérale a diminué. On avait<br />

beaucoup de problèmes qu’il fallait régler afin de régler ou d’équilibrer nos charges et nos<br />

ressources. Et il faut aussi avoir un accord avec la banque sans quoi <strong>les</strong> bilatéraux ou <strong>les</strong><br />

multilatéraux <strong>ne</strong> vous apportent <strong>pas</strong> l’aide publique au développement. Et c’est là que tous <strong>les</strong><br />

problèmes <strong>on</strong>t commencé. La dégradati<strong>on</strong> de l’aspect social. (ancien cadre du Ministère du Plan).<br />

Pour l’Etat, l’accès aux ressources financières dépend d’accords avec <strong>les</strong> instituti<strong>on</strong>s de Brett<strong>on</strong><br />

Wood, et d<strong>on</strong>c de la soumissi<strong>on</strong> à des c<strong>on</strong>diti<strong>on</strong>nalités macro-éc<strong>on</strong>omiques.<br />

<strong>Les</strong> privatisati<strong>on</strong>s visaient à améliorer <strong>les</strong> performances de gesti<strong>on</strong>, et à protéger <strong>les</strong> entreprises<br />

des pressi<strong>on</strong>s politiques. En fait, le résultat a été plus que mitigé. D’u<strong>ne</strong> part, <strong>les</strong> déficits des<br />

sociétés publiques étaient autant liés aux prélèvements de f<strong>on</strong>ds de la part d’un Etat aux abois<br />

que de problèmes intrinsèques de rentabilité. D’autre part, <strong>les</strong> privatisati<strong>on</strong>s imposées, au<br />

Niger comme ailleurs 34 , s<strong>on</strong>t u<strong>ne</strong> opportunité de bradage de sociétés au profit d’acteurs<br />

internati<strong>on</strong>aux et d’entrepre<strong>ne</strong>urs ou hommes politiques nati<strong>on</strong>aux, un transfert de capital de<br />

l’Etat vers le privé, sans que <strong>les</strong> critères d’efficacité soient toujours prioritaires. Plusieurs cas<br />

nous <strong>on</strong>t été cités, le plus récent étant la S<strong>on</strong>itel d<strong>on</strong>t le cas a récemment défrayé la chr<strong>on</strong>ique.<br />

Ces sociétés faisaient de très gros bénéfices au moment où il y avait le boom de l’uranium. Ils <strong>on</strong>t<br />

déposé des comptes au niveau de la BDRN, de la Caisse d’Eparg<strong>ne</strong>. Un moment <str<strong>on</strong>g>d<strong>on</strong>né</str<strong>on</strong>g>, l’Etat<br />

étant dans <strong>les</strong> problèmes, a commencé à prendre ces éparg<strong>ne</strong>s. (ancien cadre du Ministère du<br />

Plan).<br />

Pratiquement toutes <strong>les</strong> entreprises publiques <strong>on</strong>t été privatisées et au jour d’aujourd’hui, il en reste<br />

à pei<strong>ne</strong> trois ou quatre. On pensait qu’en privatisant, ça pouvait permettre, premièrement<br />

d’améliorer l’offre, deuxièmement de créer des emplois, et troisièmement de permettre à l’Etat<br />

d’engranger des ressources par le biais des impôts, des redevances et autres. Mais <strong>on</strong> s’est rendu<br />

compte que certai<strong>ne</strong>s entreprises <strong>on</strong>t carrément mis la clef sous le paillass<strong>on</strong> pour n’avoir <strong>pas</strong> été à<br />

la hauteur. Et là l’Etat n’était plus en mesure de mobiliser suffisamment de ressources à l’inter<strong>ne</strong>.<br />

34 Cf. l’analyse de J.Stiglitz (2002) sur la faç<strong>on</strong> d<strong>on</strong>t la transiti<strong>on</strong> à l’éc<strong>on</strong>omie de marché a été gérée dans l’ex<br />

URSS.<br />

ETUDES ET TRAVAUX DU LASDEL N°83 57

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