"A cheval donné, on ne regarde pas les dents". Les ... - Belgium
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« A <str<strong>on</strong>g>cheval</str<strong>on</strong>g> <str<strong>on</strong>g>d<strong>on</strong>né</str<strong>on</strong>g>, <strong>on</strong> <strong>ne</strong> <strong>regarde</strong> <strong>pas</strong> <strong>les</strong> dents »<br />
besoin, et <strong>les</strong> populati<strong>on</strong>s v<strong>on</strong>t en pâtir. D<strong>on</strong>c, je m’y mets un week-end, je fais un draft. <strong>Les</strong><br />
cadres du ministère relisent, corrigent un peu, et <strong>on</strong> y va. (assistant technique expatrié).<br />
On la retrouve aussi à l’échelle locale.<br />
« On s’est dit u<strong>ne</strong> chose : quic<strong>on</strong>que peut apporter des ressources, il faut l’accepter, puisqu’<strong>on</strong> <strong>ne</strong><br />
peut <strong>pas</strong> rejeter un profit » (président local du PNDS, Kohan Lamordé, cité dans Issaley, 2009 :<br />
25).<br />
Par un cercle vicieux, la <strong>pas</strong>sivité même de l’Etat stimule l’offre des bailleurs, qui elle-même<br />
réduit la réflexi<strong>on</strong> propre de l’Etat.<br />
Dans <strong>les</strong> pays pauvres que nous sommes, nous n’av<strong>on</strong>s toujours <strong>pas</strong> pu exprimer réellement <strong>les</strong><br />
besoins qui s<strong>on</strong>t <strong>les</strong> nôtres. Si le besoin n’est <strong>pas</strong> exprimé par <strong>les</strong> pays, il est exprimé par celui qui<br />
fait l’aide. Certains organismes, quand ils veulent aider, ils vous disent : « mais est-ce que vous <strong>ne</strong><br />
voudriez <strong>pas</strong> être aidés dans tel ou tel domai<strong>ne</strong> ? ». Ces domai<strong>ne</strong>s là <strong>ne</strong> s<strong>on</strong>t <strong>pas</strong> forcement vos<br />
priorités. Mais quand <strong>on</strong> dit par exemple : « est-ce que vous voulez être aidés dans ceci ou dans<br />
cela », ça vous tente, c'est-à-dire que vous, ça vous empêche d’avoir vos propre réflexi<strong>on</strong>s par<br />
rapport à ce que devraient être vos propres besoins, parce que celui qui aide est venu déjà avec u<strong>ne</strong><br />
recette. (directeur d’instituti<strong>on</strong> publique).<br />
Ce mécanisme est d’autant plus fort que :<br />
• 1/ <strong>les</strong> bailleurs <strong>on</strong>t besoin de dépenser leur argent et <strong>les</strong> pays peuvent compter sur<br />
des m<strong>on</strong>tants pré-affectés,<br />
<strong>Les</strong> Etats africains <strong>on</strong>t un problème avec l’aide parce que d’abord souvent l’aide leur vient sans<br />
pour autant qu’ils en expriment le besoin. Parce que c’est u<strong>ne</strong> sorte d’aide statutaire. Chaque cinq<br />
ans, <strong>on</strong> sait qu’il y a de l’argent que tel bailleur d<strong>on</strong><strong>ne</strong> à chaque pays où il intervient. D<strong>on</strong>c, il y a<br />
des pays qui <strong>ne</strong> programment rien, l’aide vient, elle attend la programmati<strong>on</strong> et c’est le bailleur qui<br />
envoie des mémos pour rappeler au ministre des finances qu’elle attend sa programmati<strong>on</strong>, c’est<br />
très grave. (resp<strong>on</strong>sable d’OSC).<br />
• 2/ de nombreux choix s<strong>on</strong>t prédéterminés par <strong>les</strong> bailleurs,<br />
Dans beaucoup de cas, l’aide quand elle arrive, elle est bien formatée ; c'est-à-dire que le c<strong>on</strong>sultant<br />
qui vient pour aider le pays et élaborer un projet, eh bien le projet vient dans un carcan, dans un<br />
moule qui est le moule du partenaire technique et financier, qui n’est <strong>pas</strong> forcement le moule du<br />
pays. (directeur d’instituti<strong>on</strong> publique).<br />
• 3/ il y a surab<strong>on</strong>dance d’études, de missi<strong>on</strong>s, de dossiers à suivre et le pers<strong>on</strong><strong>ne</strong>l<br />
des services techniques n’y suffit <strong>pas</strong> ;<br />
• 4/ <strong>les</strong> bailleurs poussent à des objectifs irréalistes, pour des logiques de<br />
décaissement ou de standardisati<strong>on</strong> des approches,<br />
<strong>Les</strong> bailleurs poussent l’Etat, lequel parce qu’il a besoin d’argent dit oui tout en sachant qu’il <strong>ne</strong><br />
peut <strong>pas</strong> le faire. L’Etat se ment à lui-même pour prendre l’argent du bailleur. Et après il échoue<br />
forcement. (cadre d’agence bilatérale).<br />
<strong>Les</strong> pratiques des bailleurs (et plus largement du système d’aide) <strong>on</strong>t d<strong>on</strong>c là aussi u<strong>ne</strong><br />
resp<strong>on</strong>sabilité, d’autant qu’ils multiplient <strong>les</strong> instances ad hoc, c<strong>on</strong>tournant l’organisati<strong>on</strong><br />
administrative.<br />
Avec la multiplicati<strong>on</strong> des Comités et cellu<strong>les</strong> ad hoc, « l’autorité et la resp<strong>on</strong>sabilité des structures<br />
ordinaires s<strong>on</strong>t totalement diluées. <strong>Les</strong> moyens, <strong>les</strong> compétences, le dynamisme et d<strong>on</strong>c l’autorité s<strong>on</strong>t<br />
essentiellement situées dans <strong>les</strong> structures transversa<strong>les</strong> actives, et l’organigramme ordinaire du Ministère<br />
est u<strong>ne</strong> coquille largement vidée de s<strong>on</strong> c<strong>on</strong>tenu. (…) Le dédoublement des structures nati<strong>on</strong>a<strong>les</strong> est<br />
amplifié par la tendance croissante des d<strong>on</strong>ateurs à se situer dans des problématiques transversa<strong>les</strong> aux<br />
80 ETUDES ET TRAVAUX DU LASDEL N°83