(reine de Navarre ; 1492-1549). L'heptaméron des nouvelles. 1995.

QUARANTE DEUXIESME NOUVELLE. 395
Ouy, secrete, dist Simontault, aux oeilz de ceutx qui en pourroient
mal juger, mais claire et cnngneue au moins aux deux personnes à
qui elle touche.–Jet'entendzainsy,distD:)goucin;encores,vautdroit
elle mieulx d'estre ignorée d'un co~te que entendue d'un tiets,
et je croyque ceste femme-tà aymoitd'autant l'lus fort, qu'elle ne le
dcctaroit point. Quoyqu'il y ait, dist Longarine, il fault estimer
la vertu dont la plus grande est à vaincre snn cucur. Et, voïant tes
occasionsque ceste fille avoit d'oblier sa conscience et son honneur,
et la vertu qu'elle eut de vaincre son cueur et sa volunté et celluy
qu'elle avtnoit })tnsqu'eHe-tnesmes, avecq toutes les occasions et
moïensqu'elle en avoit, je di< qu'elle se poYuit nommerla forte femme.
Pui-. que vous estimez la grandeur de la vertu par la mortisncahon do
soy-thestnes. je dis que ce seigneur estoit plus touahte qu'elle, veu
t'amour qu'il luy portoit, la puis-ance, occa-.ionetmoïen qu'il en avoit;
et tontes!ois, ne voulut point offenser la reigle de vraie anntie,
qui esg.dte le prince et le pauvre, mais usa des moïens que t'honnestetë
pertnect. H y en a beaucoup, dist tiircan, qui n'eussent pas
faict ainsy. De tant plus ~'st-it à estimer, dist Longarine. qu'il a
vaittcu la commune malice des hommes, car qui peut faire mal et ne
le faict point, c~ stuy-tà -est bien heureux. A ce propos, dist Geburon,
vousme faietessouvenir d'une .qui avoit plus de craincte d'of'
fenscrtesoeitz des ho~nmes,qu't'tten:)voitDieu,on honneur ne
l'amour. Or, je vous prie, di~t l'artamente, que vous nous la
comptiez et je vous donne ma voix–Itya,dist Ceburon,des personnes
qui n'ont pomt de Dieu ou, s'ilz en eroyent qu