(reine de Navarre ; 1492-1549). L'heptaméron des nouvelles. 1995.

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SIXIESME JOURNÉE.
y entroient. « De ces heures-là, dist le prince, je ne parle point, car
je y puis aussy bi'enaUer que luy, et chascun veoit ce que vous faictes,
mais on m'a dict qu'il y va, après que vous estes couchée, chose
que je trouve si estrange, que, si vouscontinuezceste vie et ne le declairez
pour mary, vous estes la plus déshonorée femme que oncques
fust. e Elle luy feit tous les sermens qu'elle peut, qu'elle ne le
tenoit pour mary ne pour amy, mais pour ung aussi importun gentil
homme qu'il en fust point « Puisque ainsy est. dist le prince, qu'il
vous fasche, je vous asseure que je vous en defferay. Comment
[Ikt'elle; le vouldriez-vous bien faire morir? f\on. non, dist le
prince, mais je luy donneray à congnoistre que ce n'est point en tel
tieu ny en telle maison que celle du Roy, où il faille faire honte aux
dames; et vousjure, foy de tel amy que je suis, que, si après avoir
parlé à luy, il ne se chastie, je le chastieray si bien, que les aultres y
prendront exemples, e Sur ces parolles, s'en alla et ne faillit pas, au
partir de la chambre, de trouver le seigneur des Cheriotz qui y venoit,
auquel il tint les propos que vous avez oyz, l'as,eurant que, la premiere
fois qu'il se trouveroit hors de l'heure que les gcntilz hommes
doyvent aller vebir les dames, il luy feroit une telle paour, que a jamais'
il luy en souvieudroit; et qu'elle estoit trop bien apparentée
pour se jouer ainsy à elle. Le gentil homme l'asseura qu'il n'y avoit
jamais esté, sinon comme les aultres, et que il luy donnoit congé, s'il
l'y trouvoit, de luy faire du pis qu'il pourroit. Quelquejour après que.
le gentil homme cuydoit les parollesdu prince estre mises en obly, s'en
alla vcoir au soir sa dame et demeura assez tard. Le prince dist à sa
femme, comme la dame de Ncufchastel avoit ung grand rhume; parquoy,
sa bonne femmele pria de t'aHervisiter pour tous deux, et de
luy faire ses excuses, dont elle n'y povoit aller, car elle avoit quelque
affaire nécessaire en sa chambre. Le prince attendit que io Royfut
couché, et, âpres, s'en alla pour donner le bon soir à sa dame. Mais,
en cuydant monter un degré, trouva ung varlet de chambre qui
descendoit,auquel il demanda que faisoit sa maistresse; qui luy jura
qu'elle estoit couchée et endormye. Le prince descendit le degré et
soupsonna qu'il mentoit parquoy il regarda derrière luy et veid )e
varlet qui retournoit en grande diligence. Il se promena en la court
devant ceste porte, pour veoir si le varlet retourneroit point. Mais,
ung quart d'heure après, le veidencores descendre et regarder de tous
ToujoHM.