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(reine de Navarre ; 1492-1549). L'heptaméron des nouvelles. 1995.

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2S<br />

PREMIERE<br />

JOURNÉE.<br />

<strong>de</strong> Sainct Ftnrentin, où toutes les femmes <strong>de</strong> bien <strong>de</strong> la ville ne faillirent<br />

à faire leur <strong>de</strong>bvoir <strong>de</strong> l'hunorer autant qu'il estoit p"ssit)tc, se<br />

tenans bien heureuses d'estre <strong>de</strong> la ville où une femme si vertueuse<br />

avoyt esté trouvée. Les folleset tegit'res, vo~ans l'honneur que l'on<br />

faisoità ce corps, se délibérèrent <strong>de</strong> changer leur vye en mieulx.<br />

« Voy]a,mesdames, une histoire veritable qui doibt bien augmenter<br />

le cueur à gar<strong>de</strong>r ceste bette vertu <strong>de</strong> chasteté. Et, nous, qui sommes<br />

<strong>de</strong> bonnes maisons, <strong>de</strong>vrions morir <strong>de</strong> honte <strong>de</strong> sentir en nostre cueur<br />

la mondauité. pour laquelle eviter, une pauvre mulletiere n'a point<br />

crainct une si c;ruellemort. Et telle s'estime femme ds bien, qui n'a<br />

pas encores sceu comme ceste-cyresi~terjusques au sang. Parquoy se<br />

fauithurniUier, car les graces <strong>de</strong> Dieu ne se donnent point aux<br />

hommes pour leurs noblesses et richesses, mais selon qu'il p!aist à sa<br />

bonté qui n'est point accepteur <strong>de</strong> personne, lequel estit ce qu'il<br />

veult; car ce qu'il a esleu thonore <strong>de</strong> ses vertuz. Et'Fouvent cs)it les<br />

chosesbasses, pour confondre celles que le mon<strong>de</strong> estime hau)tHSet<br />

honnorables, comme luy mesmes dict « Ke nous resjouissons <strong>de</strong> noz<br />

vertuz, mais en ce que nous sommes escriptz au livre <strong>de</strong> Vie, duquel<br />

ne nous peult ff.'acer mort, enftr ne péché ))<br />

Il n'y eut dame en la compaignye, qui n'eut la larme à l'oeil pourta<br />

compassion <strong>de</strong> la piteuse et glorieuse mort <strong>de</strong> ccste muttetiere. Chacune<br />

pensa en ette-me~rne, que si la fortune leur advenoit pareille,<br />

niL'ctroitpeyne <strong>de</strong> l'ensuivre en son martire. Etvotant ma dame (Ji~iite<br />

que le temps se perdoit parmy les louanges <strong>de</strong> cette trespassée, dist à<br />

Saffre<strong>de</strong>nt « Si vous ne dictes quelque chose pour fjire rire la compaignye,<br />

je ne sçay nulle d'entre vous qui peust rabitter à la faulte<br />

qut'j'av Mctedo la faire pteurer. Parquoyjc vous donne ma voix pour<br />

dire la tierce Nouvelle. » Saffre<strong>de</strong>nt, qui eut bien désiré pouvoir dire<br />

quelque chose qui bien eut esté agréable a ta compaignye, et sur<br />

toutes une~.dist qu'on luy tenoit tort, veuqn'ityy en avoit <strong>de</strong> plus<br />

anciens expérimentez que luy, qut dévoient parler premier que luy;<br />

mais, puisque son sort estoit tel, ii en ayrnoyt mieulx s'en <strong>de</strong>spescher;<br />

car plus it y en avoyt <strong>de</strong> bien parlans, et plus son compte seroyt<br />

tro.uvémauvays.<br />

Citation<strong>de</strong> l'Evangile.<br />

C'c'st-t-direà Ennasuitte,qu'ilaimaitsecrètement.

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