Adobe Acrobat PDF complet (14 MB) - La Scena Musicale

IN MEMORIAM
le professeur
YEGOR DYACHKOV :
Yuli a eu un impact immense sur mon cheminement de musicien.
Je me souviendrai toujours de sa très grande générosité, bien sûr
en tant que musicien, mais aussi en tant qu’être humain. Comme
plusieurs vous le diront, l’horloge n’existait pas quand on prenait
un cours avec lui. Lorsque mes parents et moi étions sur le chemin
de l’émigration en Italie, j’ai travaillé quelques fois avec
Mstislav Rostropovitch. J’avais à ce moment le choix de plusieurs
professeurs et par le fait même, nous avions plusieurs choix de
pays d’adoption. Rostropovitch m’a conseillé d’aller étudier avec
Yuli : « Il pourrait aller dans toutes les grandes écoles. On lui y apprendra
tout ce qu’il faut, mais il serait comme un chien : il comprendra
tout, mais ne saura pas parler. » Il est vrai que Yuli m’a
appris à parler à travers l’instrument et je lui en suis profondément
reconnaissant. Il a su insuffler aussi à plusieurs de ses élèves
l’audace d’aller au-delà du « raisonnable », de la convention. Cela
m’a poussé à certains excès au début, mais j’ai aussi appris à garder
le public en haleine grâce à l’audace de Yuli qui m’a servi
d’exemple.
STÉPHANE TÉTREAULT :
Un des plus grands moments de ma vie est celui où j’ai rencontré
Yuli Turovsky. J’avais 9 ans lors de ma première audition... et j’ai
étudié avec lui jusqu’au dernier jour.
C’était un professeur unique, toujours prêt à consacrer d’innombrables
heures à ses élèves, toujours à leur écoute, et ce, malgré
un horaire professionnel plus que chargé. Il n’y avait pas de
problème qu’il ne pouvait résoudre; il avait toutes les solutions,
même s’il nous laissait parfois les trouver nous-mêmes... Son
cœur d’enseignant, mais surtout de personne, était irréprochable.
Il m’a appris presque tout ce que je sais aujourd’hui et il y a tant
et tant de leçons précieuses... Mais peut-être la plus grande leçon
a été de jouer chaque note comme si c’était la dernière, de toujours
avoir quelque chose d’urgent à dire. Chaque concert était
important pour lui, mais chaque note aussi.
Il sera toujours ma plus grande inspiration.
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SOUVENIRS DE YULI TUROVSKY
Le violoncelliste russo-canadien Yuli Turovsky s'est
éteint le 15 janvier 2013.
AVRIL/MAI 2013 APRIL/MAY
LSM7-8 MAI 2002
the teacher
REMEMBERING YULI TUROVSKY
Russian-Canadian cellist Yuli Turovsky passed away
on January 15, 2013.
YEGOR DYACHKOV:
Yuli had an enormous impact on my development as a musician.
I will always remember his great generosity, as a musician
of course, but also as a human being. Many will tell you that
time simply didn’t exist when you were in his class. When my
parents and I were in the process of immigrating to Italy, I
worked with Mstislav Rostropovitch a few times. I had my
choice of professors at the time, and that very fact meant we
had many choices for immigration. Rostropovitch advised me
to go study with Yuli: “You could go to any of the great schools.
You will learn everything you need, but you will be like a dog:
you’ll understand everything, but you won’t be able to speak.”
It’s true that Yuli taught me to talk through my instrument, and
for that I am deeply grateful. He also knew how to infuse many
of his students with the boldness to go beyond the reasonable
and the conventional. It led me to certain excesses at the beginning,
but I also learned to keep the audience in suspense thanks
to the boldness of Yuli, who served as an example to me.
STÉPHANE TÉTRAULT:
One of the greatest moments of my life was when I met Yuli
Turovsky. I was nine years old when I had my first audition . . .
and I studied with him up to the last day.
He was an exceptional teacher, always ready to devote innumerable
hours to his students, always listening to them, despite
a professional schedule that was beyond packed. There was no
problem he couldn’t solve; he had all the solutions, even though
he sometimes let us find them ourselves . . . as a teacher, and
especially as a person, he was exemplary.
He taught me almost everything I know today, and he had so
many precious lessons . . . but perhaps the greatest lesson was
to play each note as if it was the last, to always have something
important to say. Every concert was important to him, but each
note was just as important.
He will always be my biggest inspiration.
TRANSLATION: REBECCA ANNE CLARK