L'art, Une école De Vie - Centre culturel de Dison

LE THÈME
dossier du mois I L’art
L’art, une école
de la vie
Marie-Paule Deblanc-Magnée, historienne de l’art et conservateur
du Musée des Beaux Arts de Verviers, insiste sur l’importance de
confronter les enfants, dès leur plus jeune âge, à l’art et à la culture
en général. Interview
Pourquoi confronter de jeunes enfants, parfois encore en maternelle, au domaine artistique?
C’est à la fois important pour eux et pour nous. Pour eux premièrement car c’est comme pour tout, plus on est
jeune et plus on est perméable, ouvert, à de nouveaux savoirs. Il est donc plus facile de nouer un contact avec les
enfants. Si on ne le fait pas si tôt, il faudra attendre plusieurs années, car avec l’adolescence, c’est plus difficile
d’intéresser les jeunes. Ensuite, cela revêt une importance pour nous, public des musées. On se doit de sensibiliser
les plus jeunes à l’art, notamment pour battre en brèche l’idée qu’il n’y a plus que des vieux dans les musées. Ceuxci
montrent peut-être des choses anciennes, mais pas uniquement. Tout cela peut en tout cas aider à se former
dans le futur. Puis le public des musées se doit de refléter le public de la société en général.
Comment parvenir à attirer l’attention des petits?
Ce qui leur plaît, c’est de pouvoir compléter la visite par des activités plus ludiques. Celles-ci étant une sorte d’exploitation
de ce qu’ils ont vu. Cela peut par exemple se faire à l’école. Mais globalement, il faut surtout essayer de
se mettre à leur niveau, même devant une collection ancienne, et arriver à les accrocher. Notamment en évoquant
les formes et les couleurs. Ils sont souvent très ouverts et pour eux, tout est vite intéressant.
Que peut retirer l’enfant d’une sensibilisation à l’art, si jeune?
Entrer dans un musée et parler avec les enfants ne se limite pas à une
sensibilisation à l’art, c’est plus large. Il s’agit aussi d’une éducation à
l’observation, à l’esprit critique et, finalement, à la vie civique. C’est le
cas lorsqu’ils s’aperçoivent qu’ils aiment des choses différentes et que l’on
essaye de comprendre et d’expliquer pourquoi. L’attitude de rejet pour une
oeuvre, physique et intellectuel, relève d’une démarche applicable à bon
nombre d’autres choses. Apprendre cette ouverture, cet esprit critique,
revient à façonner son esprit pour le futur, dans la vie. Si on fait ça devant
un tableau, c’est à supposer qu’on puisse aussi le faire devant une émission
de télévision, en lisant son journal, etc. Mais évidemment, une visite à
deux ans et demi ne suffit pas, et il est important de s’y prendre tôt.
«C’est important que les enfants
quittent le musée
en s’étant bien amusés!»
Est-ce également important de pousser les enfants à prendre les crayons et à s’y mettre de manière active?
Avec les tout petits, cela vient presque naturellement. Pour la grande majorité, les enfants adorent dessiner. Il y a
donc un processus créatif chez eux qui se retrouve de manière naturelle. Maintenant, par la suite, certains auront
le besoin d’exprimer leurs sentiments par l’art, alors que d’autres moins. Cela doit dépendre de chaque individu.
Et là, l’explication est sans doute à aller chercher du côté de la psychologie. •
PRÉSENCE - CENTRE CULTUREL DE DISON
Mai 2008
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