Edition du jeudi 15 mars 2012 - AUFAIT Maroc
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économie<br />
fait 07<br />
<strong>jeudi</strong> <strong>15</strong> <strong>mars</strong> <strong>2012</strong><br />
• LOI DE FINANCE <strong>2012</strong><br />
Situation économique <strong>du</strong> <strong>Maroc</strong><br />
Pro<strong>du</strong>it Intérieur Brut<br />
Notre PIB en 2011 devrait avoisiner les 810 milliards de dirhams avec une progression de 4.5% par rapport à 2010.<br />
En 2010, le PIB était de 779 milliards de dirhams. En <strong>2012</strong>, la sécheresse va entraîner une baisse <strong>du</strong> PIB agricole de<br />
l’ordre de 12 milliards de dirhams dans le secteur des céréales soit déjà une baisse de la croissance de 1.5%. Si la<br />
sécheresse se poursuit, l’incidence sur les cultures de printemps amènera encore une chute de quelque 0.5 à 1% de<br />
la croissance.<br />
Stimulation de la consommation intérieure<br />
Depuis 2000 le gouvernement a basé son action sur le développement de la consommation interne et des grands travaux,<br />
en ayant recours à l’endettement public, principalement interne (bons <strong>du</strong> trésor). Cela s’est tra<strong>du</strong>it par plusieurs<br />
augmentations de salaires dans la fonction publique et dans le privé. Malheureusement, ces augmentations n’ont<br />
pas eu que des bénéfices sur l’économie nationale car elles ont aussi entraîné une augmentation très forte de nos<br />
importations de biens qui sont passées de 230 milliards de dirhams (MMDH)en 2006, à 355 MMDH en 2011. Une augmentation<br />
de 50% qui ne peut pas être justifiée que par l’inflation des prix:en effet, une frénésie de consommation de<br />
biens étrangers accompagne toute injection de capitaux pour soutenir la consommation intérieure. Le financement de<br />
la caisse de compensation permet aussi de stimuler la consommation intérieure. En 2011, cette caisse a atteint les 48<br />
MMDH soit une augmentation de 160% par rapport à 2010. Le pétrole avait été pris en compte dans la loi de finances<br />
<strong>2012</strong> pour une valeur de 95 dollars le baril. Or, depuis décembre, il plafonne autour de 107 dollars. Cela pourrait occasionner<br />
une augmentation de plus de 10 milliards de dirhams de la caisse de compensation.<br />
La facture pétrolière<br />
La part des pro<strong>du</strong>its énergétiques dans le total des importations <strong>du</strong> <strong>Maroc</strong> s’est établie à 24,7%. Le <strong>Maroc</strong> a importé<br />
pour 71,7 milliards de dirhams (MMDH) de pro<strong>du</strong>its énergétiques en 2010, au lieu de 54,14 MMDH en 2009, soit une<br />
hausse de 32,4%. En 2011, la facture énergétique a augmenté de 33% pour atteindre 91 MMDH. En <strong>2012</strong>, la facture<br />
énergétique sera de l’ordre de 101 MMDH soit encore plus de 12% d’augmentation. Elle comprend le pétrole pour 35<br />
MMDH, le gasoil et le fuel pour 35 MMDH, l’électricité pour environ 9 MMDH, le gaz pour 17 MMDH.<br />
Réserve en devises<br />
Nos avoirs en devises sont actuellement de 169 milliards de dirhams (MMDH), représentant seulement 5,5 mois<br />
d’importations alors qu’en 2005, on avait en réserve l’équivalent de 12 mois. Cela ne semble pas alarmer le président<br />
de la Banque centrale mais la rapidité de la chute de notre réserve risque bientôt de lui faire changer d’avis.<br />
Masse monétaire<br />
La masse monétaire (M3) est aujourd’hui de 9<strong>15</strong> milliards de dirhams (MMDH), soit 116% <strong>du</strong> PIB. Elle ne représentait<br />
que 64% <strong>du</strong> PIB en 2001 (soit 347 MMDH). Les billets et pièces de monnaie ne représentent que 166 MMDH dans la<br />
masse totale aujourd’hui, contre 69 MMDH en 2001. L’évolution massive de cette création de monnaie peut avoir en<br />
réalité in<strong>du</strong>it une inflation beaucoup plus importante que les 1,4% annuel admis par nos responsables. On admet en<br />
général qu’une augmentation de la masse monétaire plus rapide que la croissance économique peut engendrer des<br />
augmentations des prix et par conséquent une baisse <strong>du</strong> pouvoir d’achat.<br />
Les salaires dans la fonction publique<br />
Les salaires de l’administration ont atteint, en 2011, 88,5 milliards de dirhams, soit plus de 11% <strong>du</strong> PIB. L’effet des<br />
départs volontaires de 2006 est effacé depuis longtemps. En <strong>2012</strong>, la masse salariale prévue est de l’ordre de 94<br />
milliards de dirhams. Tous les partis politiques ont promis des augmentations de salaires. Déjà 10% <strong>du</strong> PIB pour les<br />
salaires étaient considérés par le FMI comme élevés.<br />
La dette publique<br />
La dette publique globale est de 533 milliards de dirhams dont 384 MMDH au niveau de la trésorerie générale et 149<br />
MMDH au niveau des établissements publics. L’ensemble de la dette représente plus de 60% <strong>du</strong> PIB. Ce seuil est<br />
considéré comme une limite en Europe.<br />
La bourse de Casablanca<br />
La place boursière de Casablanca accuse une contreperformance de -9,4% sur l’exercice 2011. Les secteurs les plus<br />
touchés sont l’immobilier avec -<strong>15</strong>,6%, le papier -17,3%, les boissons -14,9% et les biens d’équipements -11,1%. Les<br />
secteurs en progression sont les mines avec +48,7%, le pétrole et gaz +12,7% et les assurances +7,9%. La morosité<br />
des marchés a entrainé une forte chute des transactions qui, déjà au troisième trimestre 2011, avaient chuté de plus<br />
de 75% par rapport à 2010. A fin septembre 2011, la capitalisation boursière était de 531 milliards de dirhams.<br />
Les investissements publics<br />
Ils comprennent deux volets. Le premier volet concerne les investissements prévus au niveau <strong>du</strong> budget de l’État pour<br />
56 milliards de dirhams (MMDH) en 2011 et qui correspondent aux crédits de paiements ouverts aux diverses administrations<br />
pour leurs marchés. Fin décembre 2011, le total investi a été de 50 MMDH. Le deuxième volet concerne tous<br />
les achats de biens d’équipement, de travaux et de services des établissements publics. Ce poste présente toujours<br />
une grande différence entre ce qui est annoncé dans la loi de finances et la réalisation effective en fin d’exercice. Ainsi<br />
pour 2011, il ne sera réalisé que 80 MMDH au lieu des 110 MMDH prévus. L’ordre de grandeur des investissements<br />
publics doit donc être évalué autour de 130 MMDH en 2011. Pour <strong>2012</strong>, ce chiffre ne devrait pas beaucoup augmenter<br />
malgré l’annonce de 188 MMDH dans la loi de finances <strong>2012</strong>.<br />
Les comptes<br />
spéciaux <strong>du</strong> Trésor<br />
Ces dépenses concernent des<br />
programmes d’actions intéressant<br />
les domaines social, agricole, de<br />
l’infrastructure, <strong>du</strong> développement<br />
local et de la promotion économique<br />
et financière. Les comptes spéciaux<br />
<strong>du</strong> Trésor (CST) constituent à côté <strong>du</strong><br />
budget général, <strong>du</strong> budget annexe,<br />
et des services de l’Etat gérés de<br />
manière autonome, les composantes<br />
<strong>du</strong> budget de l’Etat. Sur un total de<br />
54 milliards de dépenses, 21 sont la<br />
part de la TVA donnée aux collectivités<br />
locales.<br />
Importations et<br />
exportations de biens<br />
Le total de nos importations de biens<br />
est de 355 milliards de dirhams en<br />
2011 (MMDH). Nos exportations de<br />
biens pour la même année sont de<br />
170 MMDH, soit un taux de couverture<br />
de 48% seulement. Le déficit de<br />
la balance commerciale des biens<br />
et marchandises est de 185 MMDH<br />
soit 24,7% de plus qu’en 2010.<br />
L’accroissement trés fort de ce déficit<br />
est un trés mauvais signe pour notre<br />
consommation interne sur laquelle<br />
se base notre modèle de développement.<br />
Une grande partie des<br />
augmentations de salaires est dédiée<br />
aux achats de pro<strong>du</strong>its étrangers au<br />
lieu de notre pro<strong>du</strong>ction locale.<br />
Le déficit budgétaire<br />
Le déficit budgétaire est la différence<br />
entre les ressources de l’État<br />
(hors emprunts), et les charges de<br />
l’État . En 2011, le déficit budgétaire<br />
prévu, qui était d’environ 37 MMDH,<br />
a finalement atteint 56 MMDH (Hors<br />
recettes de privatisation) soit 7% <strong>du</strong><br />
PIB. L’objectif <strong>du</strong> gouvernement de<br />
le ramener à 5% sera difficile avec le<br />
pétrole qui reste à des niveaux audelà<br />
des prévisions, et la sécheresse<br />
en perspective va certainement<br />
amener la caisse de compensation à<br />
plus de soutien des prix. De même,<br />
les accords <strong>du</strong> dialogue social ainsi<br />
que le recrutement de plus de fonctionnaires<br />
vont dans le sens d’une<br />
aggravation <strong>du</strong> déficit budgétaire.<br />
La Formation brute<br />
de capital fixe (FBCF)<br />
Cet agrégat regroupe tous les achats<br />
de biens <strong>du</strong>rables par le privé et<br />
l’administration. Les biens concernés<br />
sont aussi bien les machines que les<br />
bâtiments in<strong>du</strong>striels ou administratifs<br />
et les logements indivi<strong>du</strong>els. La<br />
FBCF de 2010 était de 234 milliards<br />
de dirhams. Sans être exactement<br />
un calcul de l’investissement réalisé<br />
sur le territoire <strong>du</strong> fait que les<br />
investissements immatériels ne sont<br />
pas pris en compte, la FBCF est un<br />
indicateur qui permet d’en donner<br />
une évaluation approximative.<br />
La consommation<br />
(571 milliards)<br />
La consommation des ménages<br />
était évaluée en 2010 à 437<br />
MMDH et celle des administrations<br />
à 134 MMDH soit au total<br />
571 MMDH. La consommation<br />
intérieure représente 73% <strong>du</strong> PIB.<br />
L’agrégat<br />
épargne (235<br />
milliards)<br />
Il correspond, chez les ménages, à<br />
la part de revenu net non consommée,<br />
et chez les entreprises, aux<br />
bénéfices non distribués aux<br />
actionnaires y compris les amortissements.<br />
L’agrégat épargne c’est<br />
la capacité d’autofinancement de<br />
l’ensemble ménages et entreprises.<br />
L’épargne est un élément<br />
essentiel de l’économie nationale.<br />
C’est sur elle que repose le financement<br />
de l’investissement. Mais<br />
les choses ne sont pas simples: il<br />
ne suffit pas d’avoir une épargne<br />
importante pour que l’économie se<br />
porte bien. L’envers de la médaille<br />
c’est que la consommation joue<br />
aussi un rôle important dans la<br />
croissance. Si on épargne trop, on<br />
consomme moins et on obtient un<br />
ralentissement. De même, si on<br />
consomme trop, on investira moins<br />
et on hypothèque ainsi l’avenir.<br />
■ Ahmed Zeriouh