Le modèle du leadership (20.20-28) - Un poisson dans le net

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Le modèle du leadership (20.20-28)
Introduction
L’ambition
En 1953, Sir Edmund Hillary et Tenzing Norgay sont devenus les premiers hommes à gravir les 4807
m de l’Everest. Ce ne furent pas les derniers. Dans les années 90, le Népal assouplit sa
réglementation sur l’ascension de cette montagne, afin de faire rentrer des devises étrangères. En
2006, 2700 personnes avaient franchi les sommets, beaucoup ayant payé jusqu’à €50 000 pour cette
expérience.
Avec cette expansion, on a remarqué un net déclin du code moral des alpinistes. Des amateurs
fortunés, dévorés par l’ambition étaient prêts à tout pour réussir dans leur entreprise.
En Mars 2006, David Sharp a été victime de ce déclin. Cet ingénieur de 34 ans a réussi l’ascension,
mais l’oxygène vint à lui manquer lors de sa descente, à 300 m du sommet. Alors qu’il était allongé et
mourant, plus de 40 montagnards sont passés devant lui, impatients de tenter leur chance pour
parvenir au sommet, et lui ont refusé l’oxygène dont ils avaient besoin. C’est ainsi que David Sharp
mourut de froid…
Selon Viestrus, qui a escaladé chacun des 14 sommets supérieurs à 8000m, la mort de Sharp n’a rien
d’unique. « Dépasser des hommes mourant n’est pas rare. Malheureusement, il y a ceux qui disent
“ce n’est pas mon problème ; j’ai dépensé tout cet argent, et j’irai jusqu’au sommet”. Une attitude qui a
dégoûté bien des alpinistes, notamment Sir Edmund Hillary : « lors de mon ascension, jamais nous
n’aurions laissé un homme mourir sur un rocher ».
"The Crowd on Mount Everest," The Week (6-30-06), p. 13; submitted by Ted De Haas, Bedford, Iowa
L’ambition est une force extraordinaire de motivation.
Lecture : Matthieu 20.20-28
Notre ambition doit surtout se concentrer sur le service d’autrui plutôt que sur la gloire.
Une ambition déplacée : la gloire personnelle (20.20-24)
La demande de gloire (20.20-21)
« 20 Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de Jésus avec ses fils, et se prosterna, pour lui faire
une demande. 21 Il lui dit : Que veux–tu ? Ordonne, lui dit–elle, que mes deux fils que voici soient
assis, dans ton royaume, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche. »
Les fils de Zébédée portent le nom de Jacques et de Jean :
Ils sont présentés ensemble en Matt 10 : « Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ».
A tout deux Jésus donne le nom de « Boanergès, qui signifie fils du tonnerre » (Marc 3.17) ce qui
en dit long sur leur personnalité ! Ces fils du tonnerre ont voulu parfois que l’éclair frappe leurs
adversaires. Lorsque Jésus et les disciples passaient par la Samarie et que les Samaritains leur
refusèrent l’hospitalité, ils proposèrent à Jésus de faire descendre du feu du ciel pour les
consumer (Luc 9.54.)
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Leur personnalité au début était caractérisée par la colère, la haine, la dureté. Ils étaient moins
instables que Pierre, mais un peu bourrins !
Zébédée leur père était assez riche puisqu’il avait des serviteurs (Marc 1.19-20). Il a dû être un
défenseur des intérêts de Jésus, car non seulement il ne s’oppose pas au ministère de ses fils,
mais en plus, sa femme accompagne Jésus dans son ministère.
Salomé (la mère) était peut-être la sœur de Marie, mère de Jésus (elle pourrait être citée en Jean
19.25).
Dans l’Evangile de Marc, ce sont eux-mêmes, Jacques et Jean, qui viennent voir Jésus. En sorte
qu’on imagine bien un « complot familial ! »
Jacques était un leader impétueux. Il devait être assez visible au moment du début de l’Eglise, car
lorsque le roi Hérode voulut attaquer l’Eglise de Jérusalem, il fit maltraiter Jacques pour l’exécuter
ensuite (Actes 12.2). Jacques était le premier visé. Peut-être un signe de son importance et de son
rôle à Jérusalem.
Jean commence comme fils du tonnerre (lui aussi voulait faire venir le feu du ciel sur les Samaritains)
mais termine sa vie en homme rempli d’amour.
C’est l’apôtre le plus présent de tout le Nouveau Testament. On lui doit un Evangile, 3 lettres, et
l’Apocalypse.
Il était « le disciple que Jésus aimait » (répété 4 fois en Jean.) On ne sait pourquoi Jésus aimait
Jean davantage. Peut-être parce qu’il est celui qui a le mieux compris le sens et la nécessité de
l’amour (utilisé 80 fois dans ses écrits) et le sens et la nécessité de témoigner, en prolongement
de la mission de Jésus (1 Evangile, le mot témoin cité 70 fois.) Peut-être aussi à cause de la
puissance de son intuition spirituelle. Son Evangile est radicalement différent, et d’une profondeur
qu’on a pas pleinement mesurée.
Ce qui est remarquable c’est l’équilibre qui l’habite. Ceux qui se préoccupent d’aimer sont parfois
très souple en matière de vérité, de doctrine, de moralité — et l’inverse est parfois vrai. Ceux qui
se préoccupent de vérité n’ont pas toujours beaucoup d’amour. Mais en Jean, au travers de ses
écrits, on voit un pont parfait, à l’image de ce que relève le Psalmiste : « La bienveillance et la
vérité se rencontrent, La justice et la paix s’embrassent; » (Ps 85.11.)
Voilà donc ces deux hommes ambitieux et encore bien colériques, qui se présentent avec leur
maman, une maman très orientale ! Et ils veulent un poste dans le royaume de Dieu. Quel royaume ?
Le royaume promis ! Celui que Dieu a promis à Abraham, David et spécifié par la nouvelle alliance
annoncée par les prophètes : le Messie régnera !
Il y aura une période transitoire de 1000 ans, où Jésus régnera de Jérusalem, établissant la paix
et organisant une véritable théocratie. C’est ce qu’annoncent les prophètes :
- Osée 3.4 « Car les Israélites resteront longtemps sans roi, sans chef, sans sacrifice, sans
stèle, sans éphod, et sans téraphim. 5 Après cela, les Israélites reviendront ; ils chercheront
l’Éternel, leur Dieu, et David, leur roi ; et ils trembleront en s’approchant de l’Éternel et de sa
bonté, dans la suite des temps ».
- Esaïe 65:19-25 : « 19 Je ferai de Jérusalem mon allégresse Et de mon peuple ma joie ; On
n’y entendra plus Le bruit des pleurs et le bruit des cris. 20 Il n’y aura plus là De nourrisson
vivant quelques jours seulement, Ni de vieillard qui n’accomplisse pas ses jours ; Car le plus
jeune mourra à cent ans, Et le pécheur âgé de cent ans sera (considéré comme) maudit. 21
Ils bâtiront des maisons Et les habiteront ; Ils planteront des vergers Et en mangeront le fruit.
22 Ils ne bâtiront pas des maisons Pour qu’un autre (les) habite, Ils ne planteront pas Pour la
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nourriture d’un autre ; Car les jours de mon peuple seront comme les jours des arbres, Et mes
élus jouiront de l’œuvre de leurs mains. 23 Ils ne peineront pas en vain Et n’auront pas des
enfants pour l’épouvante. Car ils formeront la descendance des bénis de l’Éternel, Et leur
progéniture sera avec eux. 24 Et alors, avant qu’ils m’invoquent, Moi je répondrai ; Ils
parleront encore, Que moi j’exaucerai. 25 Le loup et l’agneau auront un même pâturage, Le
lion, comme le bœuf, mangera de la paille, Et le serpent aura la poussière pour nourriture. Il
ne se fera ni tort ni dommage Sur toute ma montagne sainte, Dit l’Éternel. »
Et puis il y aura une période éternelle où Jésus régnera de la Nouvelle Jérusalem posée sur une
nouvelle terre (Apoc. 21 & 22)
A chacune de ces phases, Jésus régnera sur une civilisation d’hommes et de femmes. Et son règne
nécessitera des ministres d’état, des gouverneurs, des maires de villes, de villages, des conseillers
municipaux, etc. (cf. la gradation de responsabilité évoquée par la parabole de mines, Luc 19.11ss).
Dans cette perspective, le souci de cette maman et de ses deux bambins c’est qu’ils aient une bonne
place dans le royaume à venir. Et même les deux places qui comptent le plus : à la droite et à la
gauche du roi ! Elle veut — en fait, ils veulent tout trois les plus hautes places dans le royaume à
venir. Elle ne manque pas d’aplomb cette dame ! On pourrait théoriser que c’est là l’absolue
représentation des mamans juives. Je me permets de citer Woody Allen :
3 mères juives sur une plage de Miami parlent de leurs rejetons.
La première : Mon fils est venu chez moi la semaine dernière, il m'a dit : Maman, tu as vu dans quoi tu vis, tu mérites
mieux que ça. Et il a renouvelé le mobilier de tout l'appartement.
La seconde : Moi, c'est pareil, il m'a dit : Maman, tu as vu comment tu es habillée..? Et il a renouvelé toute ma garderobe.
La troisième ne dit rien et sourit. Alors les deux autres : Et vous ? La troisième dit enfin : Moi, c'est encore mieux. Le
mien, il va trois fois par semaine chez un monsieur qu'il paye très cher et il ne lui parle que de moi.
Qu’est-ce qui la motive ?
L’amour légitime de ses enfants : elle souhaite le meilleur pour ses enfants.
Le sentiment du service rendu : elle et son mari ont lâché deux de leurs enfants, Salomé arpente
les contrées de Galilée pour soutenir Jésus… une petite rémunération faciliterait le sacrifice.
L’honneur familial. Il est fort probable que cette dame soit la tante de Jésus, la sœur de Marie. Il
lui apparaît normal qu’on s’entraide dans la famille !
L’ambition est une belle motivation, et qui n’est pas toujours mauvaise. Mais elle dangereuse,
lorsqu’elle est centrée sur soi.
C’est l’ambition qui a conduit un ange magnifique à se rebeller contre Dieu :
“12 Quoi donc ! tu es tombé du ciel, (Astre) brillant, fils de l’aurore ! Tu es abattu à terre, Toi, le dompteur des nations !
13 Tu disais en ton cœur : Je monterai au ciel, J’élèverai mon trône au–dessus des étoiles de Dieu, Je siégerai sur la
montagne de la Rencontre (des dieux) Au plus profond du nord ; 14 Je monterai sur le sommet des nues, Je serai
semblable au Très–Haut. 15 Mais tu as été précipité dans le séjour des morts Au plus profond d’une fosse.” (Esaïe
14:12-15)
Il y a de nombreux personnages bibliques qui ont voulu pour eux-mêmes des postes élevés,
Myriam et Aaron, les fils de Qoré, Absalom, Adonija, etc.
C’est à cause de son ambition que Diotrèphe se voit corrigé par l’apôtre Jean : « J’ai écrit
quelques mots à l’Église ; mais Diotrèphe, qui aime à être le premier parmi eux, ne nous reçoit
pas » (3 Jean 1:9)
Et l’exemple extrême que nous aurons un jour, c’est l’exemple d’un homme qui se proclamera luimême
Dieu, et qui sera adoré par la terre entière (2 Thess 2.2ss) !
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Ceci dit, Jésus est aimable dans sa réponse.
Les deux conditions du Christ (20.20-21)
22 Jésus répondit : Vous ne savez ce que vous me demandez. Pouvez–vous boire la coupe que je vais
boire ? Nous le pouvons, dirent–ils. 23 Et il leur répondit : Il est vrai que vous boirez ma coupe, mais
pour ce qui est d’être assis à ma droite et à ma gauche, cela n’est pas à moi de le donner, sinon à
ceux pour qui cela est préparé par mon Père.
Il évoque deux conditions : L’association à ses souffrances & le choix du Père.
La « coupe » dont il est question correspond, dans le contexte, aux souffrances que Jésus va
connaître. Il leur dit donc, pouvez vous boire la persécution ? Pouvez vivre le martyr ? Pensez-vous
que la couronne ne passe pas d’abord par la croix ? Dans un élan qui ressemble à leur fougue, ils
disent « nous le pouvons ! » Jésus confirme que ce sera le cas. Et l’histoire de l’église rapporte que
ces deux hommes sont morts de mort violente.
Jacques. Selon la tradition, le soldat romain qui le gardait était si impressionné par le courage et
la constance de son esprit qu’il se mit à genoux aux pieds de l’apôtre, le suppliant de le pardonner
pour ces coups et pour la mort qu’il devait lui donner. On dit que Jacques releva cet homme,
l’embrassa et lui dit : ‘Paix mon fils, paix sur toi et pardon sur tes fautes.’ Le soldat fut si touché
qu’il confessa publiquement Christ et fut décapité avec Jacques.
Jean. La tradition dit qu’il fut exilé sur l’Ile de Patmos, rocher désertique de 16 km par 9, où Rome
envoyait ceux qu’elle bannissait. Il y serait mort autour de 98 ap. J.-C. De nos jours encore, on
montre au voyageur la grotte où l’on dit qu’il reçut la vision de l’Apocalypse. Lors de ses dernières
années, il parait que des jeunes gens le transportait de lieux en lieux, et qu’ils entendaient
constamment sur ses lèvres : « petits enfants, aimez-vous les uns les autres. »
La persécution des hommes et des femmes qui aiment Dieu est une constante de l’histoire.
Dès Caïn et Abel (Gen 4.5-8)
Avec Joseph (Gen 37ss)
Avec le peuple Juif en Egypte (Ex 1ss)
Avec les prophètes, en commençant par Elie (1 Rois 18ss)
Bien sûr le Christ, qui meurt alors qu’il est innocent…
Mais la saga continue avec le Nouveau Testament. Jésus prévient d’ailleurs « […] l’heure vient où
quiconque vous fera mourir pensera offrir un culte à Dieu » (Jean 16.2)
Etienne est exécuté (Actes 7.59) signalant le début d’une puissante persécution (Actes 8.1ss), et
d’une fuite des chrétiens dans tout le bassin méditerranéen (Actes 11.19), puis Jacques est
exécuté (Actes 12.2).
Paul, qui au départ persécutait les chrétiens, se convertit, et lui, plus que tous les autres,
connaîtra des sévices qu’on ne peut souhaiter à personne (cf. liste en 2 Cor 11.23ss ; Gal 5.11 ; 2
Tim 3.11)
La coupe n’est pas remplie pareillement pour tous, mais Paul écrit : « Tous ceux d’ailleurs qui veulent
vivre pieusement en Christ–Jésus seront persécutés » (2 Timothée 3:12). Mais justement, la coupe
n’est pas identique pour tous :
J’ai de la peine à parler de ma coupe — je ne vis pas la pression de la persécution. Je vis des
tensions qui visent à m’éloigner de la joie et de la consécration à Christ, mais certainement pas de
persécution.
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Je lis régulièrement des histoires tragiques d’enfants, de femmes, de vieillards, d’hommes, de
pasteurs qui sont agressés pour leur foi. C’est inimaginable ce que certains vivent. Dans un pays
musulman, un enfant a été crucifié par les genoux pour s’être rendu à une réunion chrétienne.
Des pasteurs sont frappés et emprisonnés en Asie pour leur prédication.
C’est cela la coupe dont Jésus parle. Et il associe cette coupe aux responsabilités dans son
royaume. Celui qui persévérera, confiant en Christ, au travers de ces coupes difficiles à avaler, en
gardera la récompense.
« Heureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, car le royaume des cieux est à eux !
Heureux serez-vous, lorsqu’on vous insultera, qu’on persécutera et qu’on répandra sur vous toute
sorte de mal, à cause de moi » (Mt 5:10-11).
Et nous avons cette assurance :
« 31 Que dirons–nous donc à ce sujet ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? 32 Lui qui n’a pas épargné
son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera–t–il pas aussi tout avec lui, par grâce ?
33 Qui accusera les élus de Dieu ? Dieu est celui qui justifie ! 34 Qui les condamnera ? Le Christ–Jésus est celui qui
est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous ! 35 Qui nous séparera de
l’amour de Christ ? La tribulation, ou l’angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou le dénuement, ou le péril, ou
l’épée ? 36 Selon qu’il est écrit : A cause de toi, l’on nous met à mort tout le jour. On nous considère comme des
brebis qu’on égorge. 37 Mais dans toutes ces choses, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés.
38 Car je suis persuadé que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni le présent, ni l’avenir, 39 ni les
puissances, ni les êtres d’en–haut, ni ceux d’en–bas, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de
Dieu en Christ–Jésus notre Seigneur. » (Romains 8:31-39)
2 Timothée 2:11 Cette parole est certaine : Si nous sommes morts avec lui, Nous vivrons aussi
avec lui ; 12 Si nous persévérons, Nous régnerons aussi avec lui ; Si nous le renions, Lui aussi
nous reniera ;
Apocalypse 1:9 Moi Jean, qui suis votre frère et qui prends part à la tribulation, à la royauté et à
la persévérance en Jésus, j'étais dans l'île appelée Patmos, à cause de la parole de Dieu et du
témoignage de Jésus.
La seconde considération est le règne du Père. Jésus est ici en mission, avec une autorité déléguée.
C’est une opération de sauvetage que Jésus mène, et il revient au Père d’assigner l’ordre des
préséances. Jésus ne nie pas qu’il y ait un jour un homme à sa droite et un autre à sa gauche. Mais
les postes du règne sont accordées par le Christ. Ils ont déjà eu l’encouragement de savoir qu’ils
auraient des trônes :
Matthieu 19:28 Jésus leur répondit : En vérité je vous le dis, quand le Fils de l'homme, au
renouvellement de toutes choses, sera assis sur son trône de gloire, vous de même qui m'avez
suivi, vous serez assis sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d'Israël.
Mais les plus grands ne sont pas mentionnés.
L’évaluation des dix (20.24)
« 24 Les dix qui avaient entendu cela furent indignés contre les deux frères. »
Vous remarquerez combien les 10 sont en colère non contre la maman, mais contre les deux
disciples. Peut-être par crainte de la maman ! Mais vraisemblablement parce que tout s’est passé à
l’instigation de ces hommes. Ce n’est d’ailleurs pas la 1 ère fois qu’ils se battent pour savoir qui est le
plus grand.
Matthieu 18:1 « A ce moment, les disciples s'approchèrent de Jésus et dirent : Qui donc est le
plus grand dans le royaume des cieux ? »
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Luc 22:24 « Il s'éleva aussi parmi eux une contestation : lequel d'entre eux devait être estimé le
plus grand ? »
On aimerait croire qu’ils sont indignés par le péché de leurs copains. Hélas ! Je crains qu’il aient
surtout été jaloux de ne pas avoir eu l’idée les premiers. Leur contestation sur la grandeur des uns et
des autres a été d’une constance affligeante au cours du temps.
Cela me fait penser à cette femme qui rapporte son entretien avec l’un des patrons les plus puissants
de la planète :
Je parle avec le patron d’une corporation puissante des Etats-Unis. Nous sommes dans son
bureau, entouré de fenêtres, très haut au dessus de New York. La vue qui s’offre a nous — avec
ces gratte-ciels alignés les uns les autres, brillants sous la lumière du soleil — est si parfaite, si
théâtrale que c’est comme un paysage artificiel, à l’image des faux arrières plans de vieux films
présentant des hommes en redingote. […]
Le patron me dit que c’est sa période préférée de l’année, le moment où toutes les corporations
éditent leur rapport annuel — et il a hâte de les lire.
Pourquoi ? Je me demande ce qu’il cherche à obtenir comme information spécifique lorsqu’il lit les
rapports des concurrents. Il me répond qu’il regarde tout de suite la dernière page de couverture,
pour découvrir ce que les autres patrons ont obtenu dans le cadre de ce poste — jets ou
hélicoptères privés, et autres choses comme ça. « Nous faisons tous ça » me dit-il « nous voulons
tous savoir qui possède quoi ». C’était un homme talentueux et exceptionnel, et après coup, je me
suis dit qu'il me disait peut-être cela pour que, d’une certaine manière, je ne sois pas trop
impressionnée par ce qu’il était. Mais ce que j’ai pensé à ce moment là, c’était ceci : ce doit être
difficile pour lui de penser à des choses simples chaque jour au travail. Des choses du type : un
boulot crée de la vie, de la vie engendre une famille, ce qui crée une civilisation. En fin d’analyse,
cet homme était dans le business du maintien d’une civilisation. Est-ce qu’il le savait ? Est-ce que
cela lui donnait de la joie ? Comprenait-il pourquoi il était là et où il en était ?
Je me suis dit : cet homme crée les jobs qui créent le monde dans lequel nous vivons. Et pourtant
il ne peut s’empêcher de fixer son attention sur son jet.
[Peggy Noonan, John Paul the Great (Viking, 2005), p. 110; submitted by Kevin Miller, Wheaton,
Illinois]
Cela me conduit à ce que Jésus souligne dans la suite de ce texte. L’ambition est positive lorsqu’elle
s’accompagne d’un véritable souci des autres. Quand l’ambition n’est pas la recherche d’une gloire ou
d’un poste, mais le service des autres.
Une ambition appropriée : le service d’autrui (20.25-28)
25 Jésus les appela et dit : Vous savez que les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands
abusent de leur pouvoir sur elles. 26 Il n’en sera pas de même parmi nous. Mais quiconque veut être
grand parmi vous sera votre serviteur 27 et quiconque veut être le premier parmi vous sera votre
esclave. 28 C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner
sa vie en rançon pour beaucoup.” (Matthieu 20:17-28)
Le contre exemple : les leaders des nations
Jésus établit un contraste entre les grands de ce monde et les grands dans le royaume.
Les grands de ce monde usent de leur autorité et de leurs privilèges, au mépris de l’intérêt des
gens qu’ils sont sensés servir.
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Évangile selon Matthieu Matthieu 20:20-28 Page 7
Le régime politique que Dieu a instauré avec Israël, au tout début de son existence, était un
régime théocratique où chacun était redevable directement à la personne de Dieu. Il n’y avait pas
de roi, et la vie s’organisait autour de la loi de Dieu. Et puis les Israélites voulurent un roi. Ils
demandèrent à ressembler aux autres nations. Et le prophète Samuel les prévient :
“11 Il dit : Voici les droits du roi qui régnera sur vous : Il prendra vos fils et il en disposera pour ses chars et parmi ses
cavaliers ; ils courront devant son char ; 12 il en disposera comme chefs de mille et il en disposera comme chefs de
cinquante, aussi bien que pour labourer ses terres, récolter sa moisson et fabriquer ses armes de guerre et l’attirail de
ses chars. 13 Il prendra vos filles comme parfumeuses, cuisinières et boulangères. 14 Il prendra les meilleurs de vos
champs, de vos vignes et de vos oliviers et les donnera à ses serviteurs. 15 Il prendra la dîme de vos semences et
de vos vignes, et la donnera à ses chambellans et à ses serviteurs. 16 Il prendra les meilleurs de vos serviteurs, de
vos servantes et de vos jeunes gens, et vos ânes, et il s’en servira pour ses travaux. 17 Il prendra la dîme de votre
petit bétail, et vous–mêmes deviendrez ses esclaves. 18 Ce jour–là vous crierez contre votre roi que vous vous
serez choisi, mais ce jour–là l’Éternel ne vous répondra pas ! 19 Le peuple refusa d’écouter la voix de Samuel. Non !
dirent–ils ; il y aura un roi sur nous, 20 et nous aussi nous serons comme toutes les nations ; notre roi nous jugera, il
sortira devant nous et conduira nos guerres.” (1 Samuel 8:11-20 SER)
Malgré cela, le peuple choisit un roi. Mais un roi, c’est bien s’il est bien. Sinon, c’est la déchéance. ET
l’histoire de la royauté en Israël est une succession de désastres, entrecoupés de bons exemples,
finalement rares.
Mon beau frère me raconta que le dictateur d’un pays d’Asie était superstitieux et craintifs des astres.
Ses astrologues lui ont un jour dit : « tu dois prendre une décision qui affectera tout le pays, sinon
tu mourras ». Il prit la décision qu’il fallait conduire à gauche à partir d’aujourd’hui. Des milliers
d’hommes et de femmes sont morts sur les routes ce jour là. Par la décision stupide de cet
homme.
Ses astrologues lui ont un jour dit : « tu dois mettre en avant les chiffres 6, 9 & 12. » Du jour au
lendemain, il a fait imprimer des billets de banque, multiples de 6, et annuler les billets et les
pièces en circulation.
Claire Sheridan est une journaliste qui a pu interviewer Mussolini. A la question de savoir ce qu’il fallait
faire pour réussir, le dictateur lui aurait dit : « avant tout, il faut que votre cœur reste un désert ».
[James R. Mellow, Hemingway: A Life Without Consequences (Perseus, 1994), p. 202]
Jésus au contraire s’insurge contre de telles conceptions. La personne la plus grande fait deux
choses :
Elle devient serviteur.
Elle prend exemple sur Christ.
1 er repère : le service d’autrui
« 26 Il n’en sera pas de même parmi nous. Mais quiconque veut être grand parmi vous sera votre
serviteur 27 et quiconque veut être le premier parmi vous sera votre esclave. »
Ainsi le chemin qui monte, c’est un chemin qui descend. On descend dans le service pour prendre du
grade dans le royaume de Dieu ! Bien sûr, c’est drôlement exigeant ! Ca veut dire quoi être l’esclave
des autres ? De répondre à toutes les demandes qu’ils expriment ? Faire les travaux d’une maison, ou
bien s’occuper de leurs enfants quand ils sont au travail ? Ou bien prendre fait et cause pour toutes
leurs décisions ? Et, dans l’église, s’agit-il de refuser toute position visible ?
Je me suis demandé comment est-ce jésus et les apôtres avaient accompli ceci :
Jésus s’est abaissé en laissant sa gloire et en prenant forme humaine (Phil 2.23).
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Jésus a assuré des fonctions humbles. Comme lorsqu’il a lavé les pieds de ses disciples (Jean
13:12-17) en leur commandant de faire de même.
Jésus s’est associé aux gens en fonction de leur intérêt spirituel, pas en fonction de leur
fonction en Israël. On voit Jésus manger avec les païens, les rejetés, les veuves et les orphelins,
sans trop s’intéresser nécessairement aux personnalités élevés.
Jésus a beaucoup enseigné pour construire une juste compréhension de la vie et de Dieu.
« Remarquons que sur 3700 et quelques versets que comportent nos quatre Evangiles, plus de la
moitié (près de 1900) sont des paroles de Jésus, la plupart prononcées dans des proclamations
publiques. » [Nicole, p. 12.]
Quant à l’apôtre Paul :
Paul a même pris le parti de ressembler aux gens qu’il voulait atteindre avec l’Evangile. 1
Cor. 9.19-23.
Paul a travaillé de ses mains pour servir les communautés qu’il a implantées. 1 Cor. 14.12
Paul a consacré son temps à ce qui était essentiel, le salut et l’affermissement des âmes. 2
Cor 5 ; 1 Cor. 3.
2 e repère : l’exemple de Jésus (20.28)
Et bien sûr l’exemple suprême c’est le sacrifice du Christ : « 28 C’est ainsi que le Fils de l’homme est
venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup. » (Matthieu 20:
28)
Le terme rançon est fascinant car il évoque le rachat d’un esclave.
Dieu regarde les hommes, prisonniers d’eux-mêmes, esclaves du péché
Et il décide de payer le prix de leur libération.
C’est une rançon que le Fils de l’homme paye. Pour qu’on soit pardonné.
Il paye la dette envers lui-même. Lorsque l’homme a péché, Dieu, par sa sainteté, était obligé
d’éloigner l’homme de lui-même. Il fallait que le péché soit payé. Il fallait qu’il soit satisfait.
Certains hommes font tout pour l’immortalité : au moins 12 multimillionnaires américains ont cherché à
poursuivre leur vie au delà de la mort. Confiants dans les progrès continus de la médecine, ils se sont
arrangés pour faire congeler leur corps après leur mort, prévoyant aussi de pouvoir jouir de leur
capital lors de leur « réveil » quelques 100 ou 200 ans dans le futur. Ainsi, David Pizer, mort à 64 ans,
s'imagina que les 10 millions de $ qu'il se laissa à lui-même feraient de lui l'homme le plus riche de la
terre à son réveil, grâce à tous les intérêts acquis par cette somme.
"Only in America," The Week (2-3-06), p. 6; submitted by Ted De Haas, Bedford, Iowa
La bonne nouvelle, c’est que Dieu offre une vie éternelle, bien plus garantie !
Conclusion / applications
L’ambition parentale
En méditant sur cette mère des fils de Zébédée, j’ai pensé à un exemple diamétralement opposé,
présenté par l’Ecriture : Anne, mère de Samuel. L’histoire se trouve en 1 Sam 1ss :
Anne est amère car elle ne peut enfanter. La 2 nde femme de son mari, elle, ne cesse d’avoir des
enfants, et elle est l’objet de nombreuses moqueries.
Elle priait à Silo, et Eli la voit épanchant son cœur. Croyant qu’elle est ivre, il lui demande
instamment de sortir… mais quand il apprend qu’elle prie pour un enfant, il la bénit.
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Évangile selon Matthieu Matthieu 20:20-28 Page 9
Voilà qu’elle tombe enceinte de son mari. Que fait-elle de cet enfant ? Elle donne cet enfant à
l’Eternel et le confie à Eli (1 Sam 1.28)
Voyez-vous, l’ambition de cette femme n’était pas la gloire de son enfant, mais le service de son
enfant. Psaumes 127:4 dit « Comme les flèches dans la main d’un héros, ainsi sont les fils de la
jeunesse ». Les enfants sont comme des flèches, qui doivent sortir du cocon familial et atteindre leur
cible. Et la cible que nous recherchons, c’est le développement de cette capacité à servir. Cette
compréhension que la gloire n’est pas un objectif mais un résultat.
L’ambition personnelle
L’ambition professionnelle ou personnelle est une excellente motivation. Mais là encore, elle doit se
garder de l’ambition de la gloire.
David, ce grand roi, militaire et poète, conquérant et politique, écrit : « 1 Cantique des montées. De
David. Éternel ! je n’ai ni un cœur arrogant, ni des regards hautains ; Je ne m’engage pas dans
des questions Trop grandes et trop merveilleuses pour moi. 2 Loin de là, j’ai imposé le calme et le
silence à mon âme, Comme un enfant sevré auprès de sa mère ; Mon âme est en moi comme un
enfant sevré. 3 Israël, attends–toi à l’Éternel, Dès maintenant et à toujours ! » (Psaumes 131:1-3)
L’Ecclésiaste – le fils de David – remarque combien toute activité n’ a finalement qu’une portée
relative…
L’ambition spirituelle
J’espère que vous avez de l’ambition pour Christ. Une ambition de service. Une ambition d’être utile à
Christ et à son peuple. Certes, la Bible parle de récompense. Il est question de régner avec Jésus, il
est question de couronnes, il est question d’une gloire particulière, d’une joie et d’une assurance
particulière. Mais cela ne saurait en être l’objectif. Car l’ambition se transforme vite en arrogance, en
jalousie, en orgueil…
Il y a des gens qui veulent servir une église pour la reconnaissance qu’ils obtiendront. Et dès que
l’église ne le honore pas, ils sont amers…
L’objectif est de servir. Selon les dons que l’on a, selon les capacités que l’on a. Servir. Je conclue
avec Romains 12:10 : « Par amour fraternel, ayez de l'affection les uns pour les autres ; par honneur,
usez de prévenances réciproques. »
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