Journal Capital N°2

PSYCHOLOGIE 10
Se dire ‘‘ je t’aime ’’
parents-enfants
Dire « je t’aime », à priori, où est le mal ? Beaucoup de générations ont souffert de
manque d’affection et d’attention dans leur famille, où la gifle était plus courante
que le bisou et le mot d’amour !
Mme Fedwa BERRADA
Psychologue Psychotérapeute
Dans la génération de nos parents et de
nos grands parents, la place qu’occupaient
les parents dans le groupe familial
était plus symbolique qu’effective.
Ils étaient rarement « les parents
affectifs ». Leur rôle de figures d’autorité
leur permettait peu de se laisser
aller à des sentiments de nature affectueuse
dont la manifestation risquerait
de nuire à l’exercice de leur pouvoir.
Souvent, les enfants ressentaient
pour leurs parents beaucoup plus une
crainte respectueuse qu’une affection.
Dans une société avare de mots
d’amour, peuplée de générations de
parents ne les ayant jamais prononcés,
l’expression verbale de l’attachement
affectif fait parfois défaut. Les enfants,
premiers à en pâtir, sont pourtant très
Faites comme Capital
parrainez un enfant
privé de famille !
tôt en demande de mots qui les rassurent,
les forgent et conditionnent
leur vie d’adulte.
Dire je t’aime est élémentaire dans
la relation parent-enfant. C’est une
marque d’affection et d’amour inconditionnel
qu’on confirme à l’enfant.
Certes, ces seuls mots ne suffisent pas
à le rassurer, mais en les disant, les
parents répondent à un besoin réel de
sécurité affective tout en lui donnant
un modèle d’expression de ses émotions
sans blocage et sans complexe.
L’amour a besoin d’être porté par tous
nos sens. L’entendre, en somme, est tout
aussi important que le ressentir. Les
enfants qui grandissent dans un monde
où on communique verbalement son
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amour, où les parents sont en phase
avec leurs émotions et les expriment
librement, ont plus de chance de reproduire
le même comportement en
grandissant. C’est pour cela qu’ils ont
besoin de comprendre que l’amour est
naturel et que le dire l’est encore plus.
Un enfant en manque d’expressions
d’amour verbales vivrait avec un
besoin récurrent de reconnaissance
de la part de son entourage familial,
amical et professionnel. Il risquerait
également de manquer de confiance
et d’estime de soi, de vivre avec la peur
d’être rejeté. Tout ceci pourrait mettre
en péril son équilibre relationnel avec
les personnes qu’il aimera adulte.
Toutes les occasions sont bonnes
pour dire ces trois mots, et exprimer
son amour à son enfant ne doit pas
répondre à un calendrier ni être lié
à une récompense. Il ne faut pas s’en
priver quand on en ressent le besoin
ou quand il est en demande. De sa naissance
jusqu’à son adolescence, l’enfant
réclame de l’amour de mille manières.
Aussi, nul besoin de rappeler que l’une
des qualités d’un parent responsable et
aimant reste l’écoute intelligente de son
enfant. Mais comme pour tout le reste
(autorité, fermeté, discipline…), encore
faut-il que le bon dosage soit respecté !
Parler d’amour dés le premier jour :
Dés ses premiers moments de vie,
des liens forts s’établissent entre le
nourrisson et sa principale figure
d’attachement qui est le plus souvent
représentée par la mère. Ce lien d’attachement
permet protection, réconfort
et consolation. Si les réponses de l’entourage
sont adéquates au besoin de
l’attachement de l’enfant, celui-ci
développe une base de sécurité et une
image positive de lui –même.
A partir de cette base, de nouvelles
compétences apparaissent. Ainsi,
quand l’enfant a un sentiment de
sécurité interne suffisamment solide,
il arrive à se « séparer » pour explorer
l’environnement, à s’ouvrir sur son
milieu et sur les apprentissages.
Les interactions affectives précoces
sont caractérisées par l’influence réciproque
de la vie émotionnelle du bébé
et de celle de sa mère. Les mères parlent
à leur bébé de leurs émotions et de leurs
sentiments. Elles le regardent et grâce
à leurs capacités d’empathie, elle perçoivent
ce qu’il ressent et peuvent y
répondre de manière adéquate en lui
proposant une interprétation par des
mots, des gestes « Tu es content ? », « Tu
as faim ? », « mais oui maman t’aime et
elle est contente de te voir content… ».
Le bébé à son tour perçoit dans une certaine
mesure, l’état affectif de sa mère,
ce qui permet de baisser ses tensions.
Ainsi, dés la naissance de l’enfant,
la mère a besoin de mettre des mots
sur les affects et les ressentis qui
contribuent à construire une relation
signifiante à l’autre et à lui assurer un
environnement Secure et prévisible.
L’enfant a besoin d’accéder totalement
au corps vivifiant de sa mère.
Il a besoin de sentir la chaleur de sa
peau, de sa respiration, de sa voix et de
ses regards. La présence vivante de la
mère (ou de son substitut) et les soins
physiques fournissent un milieu psychoaffectif
essentiel pour la première
croissance affective du bébé.
Dans les orphelinats, il est fréquent de
voir les enfants pris pour les soins, les
bains, les repas…sans que les éducatrices
leur expliquent ce qui leur arrive,
sans leur parler, et parfois même sans
les regarder ni tenir compte de leurs
réactions.
Tout ceci ne permet pas à l’enfant de
sentir la continuité de son existence,
de sa personnalité et contribuerait à la
persistance d’une image morcelée du
monde autour de lui. De même, la non
réponse affective à ses actes et progrès
ne lui apporterait pas les ingrédients
nécessaires pour consolider son narcissisme,
ni à faire évoluer ses relations
affectives.
Cette carence des soins maternels et
en l’occurrence, l’absence des mots qui
posent du sens, serait à l’origine de
troubles dans le développement affectif
et cognitif de nombreux enfants dans
les orphelinats, et réduirait ainsi la
prise de conscience de soi même.
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www.capitalannonces.ma Du 02 au 08 Novembre 2014