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Portrait CABROL, Dessine-moi un scarabée… Christophe Rayssac, directeur général de Cabrol construction métallique Un scarabée, un grand stade, une virgule cosmétique, un terminal d’aéroport, un diamant, une médiathèque, un hôtel du département, des gares autoroutières… un inventaire à la Prévert façon charpente métallique ? Oui, peu ou prou ! Cet inventaire, non exhaustif, c’est celui des projets très variés mais toujours de haute technicité menés par l’entreprise mazamétaine Cabrol CM. Crée en 1930 la petite entreprise artisanale de serrurerie a désormais tout d’une grande de la charpente métallique ! Christophe Rayssac, directeur général de Cabrol Construction métallique, conte son entreprise et nous fait partager sa vision du métier. Propos recueillis par Isabelle Pharisier CMI - Comment est née l’entreprise Cabrol ? CMI – À quel moment la famille Rayssac « entre dans la danse » ? CABROL CONSTRUCTION MÉTALLIQUE EN QUELQUES CHIFFRES - CA 2010: 21.5 M€ - Effectif à fi n 2010 : 120 personnes (1/3 cadres- 1/3 Etam- 1/3 ouvriers) - Implantations: Mazamet, Lyon, Marseille, Paris - Capacité de production: 5.000 tonnes Christophe Rayssac : la société a été créée par le grand-père Cabrol, Jean Cabrol. C’était une entreprise artisanale de serrurerie dont les principaux clients étaient les industriels du délainage et de la mégisserie. Il faut savoir que pendant 150 ans, Mazamet a été un haut lieu de la laine et du cuir car l’eau de l’Arnette, une des rivières qui coule ici, a la particularité de ne pas être calcaire et donc de permettre de réaliser le délainage dans des conditions optimales. Mazamet a été un centre industriel et commercial de 1 er plan. La société Cabrol ne fabriquait pas les usines de délainage, la construction de ceux-ci se faisant traditionnellement en béton. En revanche, cette activité nécessitait énormément d’équipements industriels spécifi ques faisant appel à la serrurerie, la métallerie mais également à la mécanique. Quand l’activité de serrurerie a décliné, il a été nécessaire pour l’entreprise de trouver une alternative. Vers 1960, quand les deux fi ls Cabrol ont repris la société, ils se sont orientés vers la construction de bâtiments traditionnels (industriels ou agricoles). Mais la région n’étant ni très industrialisée ni particulièrement agricole, le périmètre d’intervention de l’entreprise s’est rapidement déployé vers l’Hérault et l’Aude. Christophe Rayssac : au milieu des années 70 il y a eu un rapprochement entre Cabrol et Castel et Fromaget avec un échange d’actions. À l’époque, mon père, Francis Rayssac, était directeur général de Castel et Fromaget, il y était arrivé en 1962 comme ingénieur. En 1975, peu après le premier choc pétrolier qui avait mis l’entreprise Cabrol en difficulté, mon père a repris les actions de Cabrol détenues par Castel et a, en parallèle, racheter les actions d’un des frères Cabrol (le dirigeant) pour pouvoir obtenir la majorité. À cette époque l’entreprise comptait une centaine de personnes et le chiffre d’affaires avoisinait les 80 millions de francs (environ 12 M€). L’activité était déjà très importante. CMI – L’entreprise Cabrol est donc détenue par deux familles, comment se passe cette double « gouvernance » ? Christophe Rayssac : très bien, et ce pour une bonne raison. En 1992, chacune des familles a créé une société civile de portefeuille comprenant 42 % des parts pour celle gérée par la famille Cabrol et 52 % pour celle de la famille Rayssac, les 6 % restant étant 28 CMI N°4 – 2011 Construction Métallique Informations
partagés entre divers collaborateurs. L’intérêt du système mis en place est d’éviter la dilution des parts lors des successions à venir l’entreprise. De plus, ces sociétés civiles ont un gérant qui peut décider de certains arbitrages sans être obligé d’en référer forcément à tous les porteurs de part des SCP. CMI – Homme du renouveau, comment votre père a-t-il redessiné l’entreprise ? Christophe Rayssac : Dès sa prise de fonction de Pdg de Cabrol, mon père a mis en place une organisation telle qu’il avait pu l’éprouver dans ses précédentes fonctions avec une approche très cartésienne, D’une complète logique d’enchaînement des taches et d’un outil de gestion évolué. Autre changement, les marchés qui étaient régionaux, deviennent nationaux avec des projets de type industriel pouvant aller jusqu’au haut de gamme, notamment comme pour l’Oréal avec qui nous avons beaucoup travaillé. Pour le reste, c’était de l’industriel pour Lafarge, Pechiney, CNIM, et des bâtiments de toute nature, comme par exemple du garage automobile, des centres commerciaux. Nous faisions des choses plus traditionnelles que ce que nous faisons aujourd’hui. Nous avons eu aussi quelques expériences à l’export avec le groupe Profroid pour lequel nous avons fait des chambres froides en Algérie et au Maroc. À l’export comme dans les DOM-TOM nous avons toujours travaillé derrière un partenaire, nous faisions juste la production sans la volonté d’aller chercher systématiquement des marchés à l’étranger, car trop aléatoire et dangereux pour une PME. CMI – Depuis Cabrol est devenue une entreprise orientée « projets techniques », quel a été le cheminement ? Christophe Rayssac : beaucoup considéraient que la profession devait se développer autour de l’outil. Nous, nous préférions nous développer autour de l’humain. Nous ne voulions pas vendre du tonnage à tout prix. D’ailleurs, pour Cabrol CM, le tonnage ne me paraît pas être un indicateur raisonnable d’activité. Ce qui fait le prix d’une charpente quand il y a peu de quantité ce n’est pas le tonnage, c’est la matière grise, les études préalables et la main-d’œuvre d’exécution. Partant de ce principe, nous avons structuré le bureau d’études, nous l’avons renforcé et encadré. Au début des années 1990, nos collaborateurs étaient arrivés à maturité pour aborder des opérations de première importance. Nous nous sommes donc positionnés sur le projet de l’hôtel du département des Bouches-du-Rhône à Marseille. Cette opération marque le basculement de l’entreprise vers les projets très techniques. Sur ce projet nous avons eu à faire à l’ingénierie anglo-saxonne et cela nous a plongé rapidement dans un environnement beaucoup plus technique. C’est à ce moment-là que l’entreprise a commencé à travailler sur des sujets proches de ceux que nous traitons aujourd’hui. À cette époque nous n’avons pas abandonné complètement l’activité très traditionnelle mais celle-ci nous a échappé compte tenu de la structure que nous avons été obligés de mettre en place. À partir de 1992 nous commençons donc à aborder des opérations de première importance et à la fin de la décennie nous réalisons l’autre opération phare pour Cabrol : le terminal 2 de l’aéroport de Nice, une opération de 21 millions d’euros. Nous avons géré l’ensemble du projet mais nous avons fait appel à des partenaires d’une part parce que nous n’aurions pas pu assurer toute la production et d’autre part il y avait la couverture multicouche, et une façade vitrée très technique. Ce terminal est la deuxième grosse opération qui oriente définitivement l’activité de l’entreprise. Pour ce projet, deux aspects sont importants : l’intégration des métiers connexes à la charpente (nous avons balayé tous les sujets qui sont susceptibles d’être abordés par une société comme la nôtre) et la maîtrise du dossier de chantier de gros volumes (un montant très significatif au regard du chiffre d’affaires de la maison). Dans la même période il y a eu d’autres opérations significatives comme l’îlot judiciaire de Bordeaux conçu par Rogers et l’architecte W Alsop, la vigie de l’aéroport de Bordeaux avec Philippe Starck, au design et l’architecte Luc Arsène Henri. Ces deux projets sont de beaux ouvrages. Il faut rendre hommage aux architectes qui élaborent sans que l’on sache où ils les trouvent, de tels concepts. Pour l’îlot judiciaire les anglo-saxons nous ont donné une leçon car les exigences étaient entièrement prescrites dans le dossier et même parfois par des croquis à main levée. Par exemple, pour une pièce moulée, soudée sur un tube, la gorge était définie et dessinée, le détail était vu ainsi que l’usinage et le procédé de soudage correspondant. Tout était exprimé, ce n’est pas une simple ingénierie de conception c’est aussi une ingénierie de construction. Quand ils conçoivent ils le font pour réaliser, C’est très différent de ce que nous connaissons aujourd’hui où toute la difficulté réside en la détermination du désir futur du concepteur. Cela étant, ça ne m’intéresserait pas de me retrouver systématiquement dans cette situation : nous aimons Hotel du département à Marseille Vigie de l’aéroport de Bordeaux Ilôt judiciare à Bordeaux CMI N°4 – 2011 Construction Métallique Informations 29
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