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L'intégralité du colloque - CAUE

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âtiments qu’elle faisait à l’aube <strong>du</strong> Mouvement moderne.<br />

Donc à ce moment-là quand il y en a une qui se trouve intacte, évidemment je suis pour la<br />

conservation.<br />

L’autre jour, j’ai fait une conférence à Karlsruhe sur mon travail avec Virilio. C’était un grand truc pour<br />

Paul Virilio, et ils voulaient que je sois là pour parler de l’architecture-principe, etc. Nous étions dans<br />

une ancienne usine d’armement de la ville de Karlsruhe. Cette usine d’armement, elle n’a pas été<br />

détruite, 40 % de la ville de Karlsruhe a été détruite et cette usine d’armement qui était en plein<br />

cœur de la cité ne l’a pas été. Elle était en béton armé, les bonnes langues allemandes disent que les<br />

américains ont fait exprès de ne pas la détruire pour pouvoir la récupérer, c’est une anecdote, ce n’est<br />

pas moi qui vais trancher. Mais quand j’ai vu cette structure qui est devenue un centre d’art connu,<br />

ZKM - Zentrum Kunst Media - quand j’ai vu cette structure qui s’empile, qui va sur des centaines de<br />

mètres carrés, qui s’empile avec des arcades de béton comme on faisait avec des goussets aux angles,<br />

quand je vois cela je me dis : mais on nous interdirait de faire des trucs pareils. Notre société dirait<br />

non, non, on ne peut pas faire des trucs de telles dimensions, avec trois étages, tous les étages ont<br />

sept mètres sous plafond, on nous interdirait au nom de la logique économique, etc. Alors là je me<br />

dis plutôt que détruire ces trucs-là, « faisons notre nid dedans ».<br />

Il y a une exposition extraordinaire en ce moment au FRAC Centre à Orléans, concernant les parties<br />

de Tokyo qui sont encore très importantes et qui ne sont bâties que de maisons indivi<strong>du</strong>elles qui font<br />

R ou R+1, exactement comme Saint-Nazaire d’ailleurs, et où les architectes japonais disent « faire<br />

leur nid dedans ».<br />

Ils ont le droit, dès qu’il y a un petit espace libre de trois mètres sur trois, de cinq mètres sur cinq,<br />

entre deux maisons, ils ont le droit de construire une autre maison, une toute petite maison qui<br />

quelque fois a deux niveaux, trois niveaux, quelque fois n’a juste que l’ascenseur en bas pour monter<br />

au premier. Et tous les jeunes architectes de Tokyo font leurs premières armes là-dessus. Et alors là,<br />

pas de contingences historiques. Il y a des maisons en bois d’un côté, et à trois mètres de la façade<br />

de la maison en bois, vous faites une maison en béton ou une maison en acier et tout cela fait un<br />

truc qui est une espèce de territoire métissé architecturalement qui est d’une grande poésie et de<br />

grande qualité, puisque c’est là que les jeunes font leurs preuves.<br />

Vous voyez, c’est un truc que nous ne concevons même pas dans nos têtes en France. Ce n’est pas<br />

possible. Vous dites à un mec qu’il est là, qu’il a un petit territoire comme de là à là et qu’il le regarde,<br />

il n’est pas à lui ce terrain mais il le regarde, on va lui bâtir dedans avec un vrai droit légal et un permis<br />

de construire une baraque là, c’est la révolution ! On va pendre le maire haut et court au mât <strong>du</strong><br />

sémaphore.<br />

Il y a des trucs comme cela que les Français ne veulent pas suivre, des pistes comme cela, qu’ils<br />

n’explorent pas.<br />

Et moi j’en ai tellement eu marre qu’actuellement je fais un livre, mais il me faudra deux ans pour le<br />

faire, enfin j’ai déjà fait les dessins, sur la façon de faire les villes, qui en épatera plus d’un, croyez-moi.<br />

Ce sera l’horreur. D’abord je prive les architectes de faire les façades, parce que ces malheureux<br />

architectes on leur en veut, mais qu’est ce qu’on leur donne à faire ? Des façades.<br />

Tous les ingénieurs des ponts <strong>du</strong> monde, décident des routes, décident des avenues, on a vu encore<br />

des villes miraculeusement tracées par les architectes. L’histoire <strong>du</strong> Havre est passionnante parce<br />

que, quand même, un architecte a osé faire les mails urbains, mais maintenant ce n’est plus possible,<br />

les ingénieurs des ponts c’est leur territoire, c’est leur gagne-pain, c’est leur compétence, c’est leur<br />

pertinence, mot que je refuse, que je récuse et ils font les routes et après les rues, les boulevards, les<br />

places et puis disent aux architectes : remplissez-moi tout cela, mes chers amis, et puis faites-nous de<br />

jolies façades. Non. Pas possible. Il faut changer.<br />

Moi je vois ces villes, je trouve que ces maires sont très héroïques, qu’ils essayent de faire le maximum,<br />

de réconcilier leur population avec une ville qui a été plus où moins mal faite, parce que j’aime autant<br />

ARCHITECTURES ET PATRIMOINES DU XX e SIÈCLE<br />

de l’indifférence à la reconnaissance 97

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