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gestion des rejets miniers - École Polytechnique de Montréal

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Congrès annuel <strong>de</strong> la Société canadienne <strong>de</strong> génie civil<br />

Annual Conference of the Canadian Society for Civil Engineering<br />

Montréal, Québec, Canada<br />

5-8 juin 2002 / June 5-8, 2002<br />

Paper No.GE-045 /Article No. GE-045<br />

LA GESTION DES REJETS MINIERS<br />

DANS UN CONTEXTE DE DÉVELOPPEMENT DURABLE<br />

ET DE PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT<br />

Michel Aubertin 1,3* (FSCGC), Bruno Bussière 2,3 , Louis Bernier 1,3 , Robert Chapuis 1 , , Michel Julien 1 , Tikou<br />

Belem 2 , Richard Simon 1 ,Mamert Mbonimpa 1,3 , Mostafa Benzaazoua 2 , Li Li 1,3<br />

1 École <strong>Polytechnique</strong>, Montréal, Qc, H3C 3A7<br />

2 Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, Rouyn-Noranda, Qc, J9X 5E4<br />

3 Chaire CRSNG <strong>Polytechnique</strong>-UQAT en Environnement et <strong>gestion</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> <strong>miniers</strong><br />

RÉSUMÉ: L’industrie minière contribue <strong>de</strong> façon significative à l’activité économique canadienne,<br />

particulièrement au chapitre <strong><strong>de</strong>s</strong> exportations et <strong>de</strong> l’emploi, mais aussi grâce aux nombreux<br />

développements technologiques qui s’y produisent. L’exploitation <strong><strong>de</strong>s</strong> mines et le traitement <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

minéraux engendrent toutefois la production <strong>de</strong> divers types <strong>de</strong> <strong>rejets</strong>, qui doivent être gérés <strong>de</strong> façon<br />

rationnelle et sécuritaire afin <strong>de</strong> protéger l’environnement. A cet égard, on doit prêter une gran<strong>de</strong><br />

attention à la stabilité géotechnique <strong><strong>de</strong>s</strong> ouvrages <strong>de</strong> surface construits pour l’entreposage et le<br />

confinement <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> soli<strong><strong>de</strong>s</strong> et liqui<strong><strong>de</strong>s</strong>. D’autres préoccupations existent aussi face au phénomène du<br />

drainage minier aci<strong>de</strong> (DMA) associé à l’oxydation <strong><strong>de</strong>s</strong> minéraux sulfureux, tels la pyrite et la pyrrhotite.<br />

Lorsque exposés aux conditions climatiques, ces minéraux peuvent réagir avec l’eau et l’oxygène<br />

atmosphérique pour engendrer un lixiviat aci<strong>de</strong> favorisant la dissolution <strong><strong>de</strong>s</strong> métaux et autres<br />

contaminants susceptibles d’engendrer <strong><strong>de</strong>s</strong> impacts défavorables sur l’environnement. Afin <strong>de</strong> trouver<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> solutions pratiques et économiques à ces problèmes, une nouvelle Chaire <strong>de</strong> recherche a été mise<br />

sur pied. Les travaux <strong>de</strong> la Chaire industrielle CRSNG <strong>Polytechnique</strong>-UQAT, créée en collaboration avec<br />

six entreprises minières (Noranda, Barrick, Agnico-Eagle, Aur Ressources, McWatters et Inmet) et trois<br />

firmes <strong>de</strong> consultants spécialisés (Gol<strong>de</strong>r Associés, SNC-Lavalin et Dessau-Soprin), avec la participation<br />

du Ministère <strong><strong>de</strong>s</strong> Ressources Naturelles du Québec, portent principalement sur le développement d’outils<br />

et <strong>de</strong> techniques pour une <strong>gestion</strong> optimale <strong>de</strong> différents <strong>rejets</strong> soli<strong><strong>de</strong>s</strong> et liqui<strong><strong>de</strong>s</strong>. Les mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> <strong>gestion</strong><br />

envisagés doivent être compatibles avec les principes du développement économique durable.<br />

1. INTRODUCTION<br />

Le contexte géologique du Canada est favorable à une activité minière très variée. Cette activité se<br />

concentre principalement dans l’exploitation – souterraine ou à ciel ouvert – <strong>de</strong> mines <strong>de</strong> métaux <strong>de</strong> base<br />

(cuivre, zinc, nickel, plomb), <strong>de</strong> métaux précieux (or, argent), <strong>de</strong> fer, <strong>de</strong> diamants, d’uranium et <strong>de</strong> divers<br />

minéraux industriels (sel, potasse, amiante). À cela s’ajoutent d’importantes exploitations <strong>de</strong> charbon, <strong>de</strong><br />

gaz naturel et <strong>de</strong> pétrole. À cet égard, le Canada est un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus grands exportateurs <strong>de</strong> minéraux et <strong>de</strong><br />

* Auteur à contacter : michel.aubertin@polymtl.ca<br />

1


iens minéraux manufacturés au mon<strong>de</strong>. En 1998, l’industrie <strong><strong>de</strong>s</strong> mines et <strong>de</strong> la transformation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

métaux employait 367 000 canadiens et contribuaient pour 26,4 milliards <strong>de</strong> dollars à l’économie, soit<br />

l’équivalent <strong>de</strong> 3,7 % du produit intérieur brut et 15,2 % <strong><strong>de</strong>s</strong> exportations canadiennes. En plus <strong>de</strong> ces<br />

retombées financières positives, l'industrie minière recherche <strong><strong>de</strong>s</strong> façons d'améliorer sa performance<br />

environnementale afin d’assurer un développement économique durable. Ainsi, en 2000, les industries <strong>de</strong><br />

l'exploitation minière et <strong>de</strong> la transformation <strong><strong>de</strong>s</strong> minéraux ont consacré près <strong>de</strong> 323 millions <strong>de</strong> dollars à<br />

la R&D, dont une bonne partie au domaine <strong>de</strong> l’environnement et <strong>de</strong> la <strong>gestion</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> divers <strong>rejets</strong> produits.<br />

À titre d'exemple, on peut mentionner la mise sur pied du programme <strong>de</strong> recherche NEDEM/MEND (<strong>de</strong> 1989<br />

à 1997) <strong>de</strong> 18 millions <strong>de</strong> dollars financé par l'industrie minière canadienne, le gouvernement fédéral et les<br />

gouvernements provinciaux. L'objectif <strong>de</strong> ce programme était <strong>de</strong> trouver <strong><strong>de</strong>s</strong> solutions à la problématique du<br />

drainage minier aci<strong>de</strong> (DMA). Il faut dire que, malgré les nombreuses retombées positives découlant <strong>de</strong><br />

cette industrie, plusieurs problèmes environnementaux potentiels existent en raison <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong><br />

<strong>rejets</strong> qui sont générés par les exploitations minières. Et si les mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> <strong>gestion</strong> se sont beaucoup améliorés<br />

au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> quinze ou vingt <strong>de</strong>rnières années, l'industrie doit encore composer avec un lourd héritage<br />

(Figure 1). Ainsi, au Canada, il y aurait environ 7 milliards <strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> résidus <strong>miniers</strong> (<strong>rejets</strong> <strong>de</strong><br />

concentrateur) et 6 milliards <strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> roches stériles entreposés en surface et plusieurs sites orphelins<br />

générateurs <strong>de</strong> drainage minier aci<strong>de</strong> continuent <strong>de</strong> causer <strong><strong>de</strong>s</strong> torts à l'environnement. Au Québec<br />

seulement, c'est plus <strong>de</strong> 13 000 hectares qui sont recouverts par ces divers <strong>rejets</strong>.<br />

A<br />

D<br />

Horizon Induré<br />

B<br />

C<br />

Figure 1. Exemples <strong>de</strong> sites affectés par le DMA.. A) Zone affectée par la rupture d’une digue au site<br />

Manitou, Val D’or. B) Zone d’oxydation au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong><strong>de</strong>s</strong> résidus non-oxydés au site Lorraine, Témiscamingue.<br />

C) Exemple <strong>de</strong> DMA, site Lorraine, Témiscamingue. D) Monticule <strong>de</strong> résidus oxydés et E) Hal<strong>de</strong> <strong>de</strong> stérile<br />

générant du DMA au site Eustis, Cantons <strong>de</strong> l’Est.<br />

Dans tous les projets d'entreposage <strong>de</strong> <strong>rejets</strong> industriels (soli<strong><strong>de</strong>s</strong> ou liqui<strong><strong>de</strong>s</strong>), la géotechnique,<br />

l'hydrogéologie et la géochimie ont un rôle très important à jouer. Le domaine en plein essor <strong>de</strong> la<br />

géotechnique environnementale occupe d'ailleurs une part <strong>de</strong> plus en plus importante <strong><strong>de</strong>s</strong> activités <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ingénieurs (civil, géologiques et <strong><strong>de</strong>s</strong> mines) qui doivent alors œuvrer dans <strong><strong>de</strong>s</strong> équipes multidisciplinaires<br />

impliquant, entre autres, <strong><strong>de</strong>s</strong> géologues, <strong><strong>de</strong>s</strong> géochimistes et <strong><strong>de</strong>s</strong> biologistes. Dans <strong>de</strong> tels projets, l'ingénieur<br />

doit se préoccuper <strong>de</strong> la stabilité et <strong>de</strong> l'intégrité <strong><strong>de</strong>s</strong> ouvrages, tout en ayant à l'esprit la sécurité publique et le<br />

respect <strong><strong>de</strong>s</strong> écosystèmes en présence. Celui-ci doit en outre être attentif aux problèmes <strong>de</strong> migration <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

contaminants et aux contrôles hydrogéologiques appropriés aux lixiviats et aux matériaux entreposés. Ces<br />

grands principes s'appliquent naturellement au problème <strong>de</strong> la <strong>gestion</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> résidus <strong>miniers</strong>, et ils sont situés<br />

au cœur <strong><strong>de</strong>s</strong> activités <strong>de</strong> la Chaire industrielle CRSNG <strong>Polytechnique</strong>–UQAT en environnement et <strong>gestion</strong><br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> <strong>miniers</strong>. En raison <strong><strong>de</strong>s</strong> difficultés associées au contrôle <strong>de</strong> ces eaux aci<strong><strong>de</strong>s</strong>, qui contiennent<br />

souvent une forte concentration <strong>de</strong> métaux lourds potentiellement toxiques, ceci constitue aujourd’hui le<br />

E<br />

2


principal défi environnemental auquel doit faire face l’industrie minière (Aubertin et Bussière, 2001; MEND<br />

2001).<br />

Dans cet article, ces principaux problèmes sont revus succinctement, en insistant sur les aspects hydrogéotechniques<br />

et géochimiques. Ils sont présentés dans le contexte d’un développement durable (DD) où<br />

l’on fait appel à diverses approches originales issues <strong>de</strong> la philosophie <strong><strong>de</strong>s</strong> 3R-V. On énoncera notamment<br />

diverses solutions pratiques, présentement à l’étu<strong>de</strong> dans le cadre <strong>de</strong> la Chaire industrielle CRSNG en<br />

Environnement et <strong>gestion</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> <strong>miniers</strong>. Cette Chaire vise, en particulier, la formation d’étudiants<br />

gradués, spécialisés dans <strong><strong>de</strong>s</strong> domaines importants pour l’industrie et pour la société. Plusieurs techniques<br />

en développement sont d’ailleurs d’intérêt pour d’autres domaines du génie (p.ex. civil, géologique, chimique)<br />

puisqu’elles peuvent y être transposées pour <strong><strong>de</strong>s</strong> applications différentes.<br />

2. LES DÉFIS ENVIRONNEMENTAUX DE L’INDUSTRIE MINIÈRE<br />

Un site minier est défini comme étant l'endroit où l'on extrait les minéraux ayant une valeur commerciale.<br />

Les matières résiduelles sont déposées dans les aires d’entreposage sous forme broyée (i.e. les <strong>rejets</strong> <strong>de</strong><br />

concentrateur) ou simplement concassée (i.e. les stériles <strong>miniers</strong>). Chaque type <strong>de</strong> rejet est géré <strong>de</strong> façon<br />

spécifique, en fonction <strong>de</strong> ses propriétés, <strong><strong>de</strong>s</strong> caractéristiques <strong>de</strong> l'opération minière, et <strong><strong>de</strong>s</strong> particularités du<br />

site. Les dimensions <strong><strong>de</strong>s</strong> composantes d'une mine sont toujours différentes d'une exploitation à l'autre.<br />

Selon les composantes et les caractéristiques <strong><strong>de</strong>s</strong> matériaux traités, les effets sur l'environnement seront<br />

différents (Aubertin et al. 2002).<br />

Dans l'historique environnemental d'un site minier, on peut distinguer <strong>de</strong>ux principales phases inter<br />

reliées, soit la phase opérationnelle et la phase post-fermeture. Durant la phase opérationnelle, les<br />

principales préoccupations environnementales sont associées à la stabilité <strong><strong>de</strong>s</strong> ouvrages et au respect<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> normes environnementales. La responsabilité environnementale d’une exploitation minière ne s'arrête<br />

pas à la fin <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> d'exploitation. Elle <strong>de</strong>meure bien présente après la fermeture du site. À la fin <strong>de</strong><br />

la vie <strong>de</strong> la mine, il faut remettre le site en bon état en procédant au démantèlement <strong><strong>de</strong>s</strong> infrastructures et<br />

à la restauration <strong><strong>de</strong>s</strong> aires d'entreposage <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong>. C'est ce <strong>de</strong>rnier point qui est la principale source <strong>de</strong><br />

préoccupations, particulièrement dans le cas où les <strong>rejets</strong> (stériles <strong>miniers</strong> et/ou <strong>rejets</strong> <strong>de</strong> concentrateur)<br />

contiendraient <strong><strong>de</strong>s</strong> minéraux sulfureux qui peuvent s'oxy<strong>de</strong>r lorsqu'ils sont exposés à l'eau, à l'air et à<br />

l'action bactérienne. Dans ces cas particuliers, il faut mettre en place <strong><strong>de</strong>s</strong> métho<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> contrôle qui seront<br />

efficaces à long terme; les coûts <strong>de</strong> mise en place <strong>de</strong> ces métho<strong><strong>de</strong>s</strong> peuvent toutefois être très importants<br />

(typiquement <strong>de</strong> 100 000 à 300 000 $/hectare). Les principaux défis que rencontre actuellement l’industrie<br />

minière au niveau environnemental, pour la <strong>gestion</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> divers <strong>rejets</strong> générés sont présentés et discutés<br />

dans Ritcey (1989), Morin et Hutt (1997) et Aubertin et Bussière (2001). Nous ferons un survol <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

différents aspects environnementaux rencontrés sur un site minier lors <strong><strong>de</strong>s</strong> phases opérationnelle et postfermeture,<br />

nécessitant diverses interventions qui doivent s’intégrer à la <strong>gestion</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> <strong>miniers</strong>.<br />

2.1 La phase opérationnelle<br />

Durant l'opération d'une mine, on retrouve différentes sources <strong>de</strong> contaminants pouvant affecter<br />

l'environnement. Dans certaines situations, <strong><strong>de</strong>s</strong> contaminants atmosphériques peuvent être générés. Les<br />

<strong>rejets</strong> soli<strong><strong>de</strong>s</strong> produits directement du processus d’extraction <strong><strong>de</strong>s</strong> minéraux économiques ou du métal<br />

précieux peuvent être également une source <strong>de</strong> contamination importante pour l'eau et les sols. Les <strong>rejets</strong><br />

liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> sont une autre source <strong>de</strong> préoccupation lorsque l'on abor<strong>de</strong> la problématique environnementale<br />

liée à la phase <strong>de</strong> l'opération <strong>de</strong> la mine. Enfin, on retrouve divers types <strong>de</strong> déchets <strong>de</strong> toutes sortes<br />

(vieux équipements électriques et mécaniques, lubrifiants, produits chimiques, etc). Tous ces <strong>rejets</strong><br />

doivent être gérés adéquatement, en minimisant leur volume, leur <strong>de</strong>gré d’exposition et leur impact.<br />

2.2 Gestion <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> liqui<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Une mine constitue en quelque sorte un vaste système <strong>de</strong> <strong>gestion</strong> <strong>de</strong> l’eau, celle-ci étant vitale aux<br />

opérations. Plusieurs facteurs vont influencer la qualité <strong><strong>de</strong>s</strong> eaux <strong>de</strong> mines. Le type <strong>de</strong> minéralisation et<br />

3


d’exploitation sont les plus importants. On peut retrouver dans les eaux <strong>de</strong> mine différents types <strong>de</strong><br />

contaminants qui peuvent être classés comme solubles, non solubles et radioactifs. Les contaminants<br />

solubles produits par l'industrie minière comprennent à la fois les aci<strong><strong>de</strong>s</strong> générés par l'exposition <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

sulfures (contenus dans les <strong>rejets</strong> <strong>miniers</strong> ou dans la mine) à l'oxygène <strong>de</strong> l'atmosphère, les métaux<br />

lourds (Cu, Pb, Zn, Hg, etc.) et les contaminants résultant <strong><strong>de</strong>s</strong> procédés <strong>de</strong> traitement <strong><strong>de</strong>s</strong> minerais. Ce<br />

type <strong>de</strong> contamination est habituellement associée au phénomène appelé drainage minier aci<strong>de</strong> (DMA).<br />

La <strong><strong>de</strong>s</strong>cription du phénomène sera présentée plus loin (section 2.4) Les contaminants non solubles sont<br />

constitués <strong>de</strong> particules soli<strong><strong>de</strong>s</strong> en suspension dans l’eau causant une turbidité (coloration et manque <strong>de</strong><br />

transparence) accrue ou <strong><strong>de</strong>s</strong> effets d'ensablement suite à leur sédimentation. Dans les projets <strong>de</strong> la Chaire,<br />

l’emphase est mise sur les <strong>rejets</strong> liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> contaminés surtout par <strong><strong>de</strong>s</strong> ions solubles provenant du drainage à<br />

travers les <strong>rejets</strong> <strong>miniers</strong>. Pour cela, la problématique reliée à la présence <strong>de</strong> contaminants non solubles ne<br />

sera pas discutée dans ce qui suit.<br />

2.3 Gestion <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> soli<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Les principaux <strong>rejets</strong> <strong>miniers</strong> soli<strong><strong>de</strong>s</strong> générés par les exploitations minières comprennent le mort-terrain<br />

résultant du décapage <strong>de</strong> la surface, les roches stériles issues <strong><strong>de</strong>s</strong> opérations d’extraction, les <strong>rejets</strong> du<br />

concentrateur qui forment une pulpe (mélange <strong>de</strong> soli<strong><strong>de</strong>s</strong> et <strong>de</strong> liqui<strong><strong>de</strong>s</strong>) souvent entreposée en surface dans<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> parcs à résidus <strong>miniers</strong>, et les boues provenant du traitement chimique <strong><strong>de</strong>s</strong> eaux. Chacun <strong>de</strong> ces <strong>rejets</strong><br />

doit être géré <strong>de</strong> façon à minimiser les impacts environnementaux et à permettre l’obtention d’une stabilité<br />

physique et géochimique à long terme<br />

2.3.1 La <strong>gestion</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> stériles <strong>miniers</strong><br />

Les stériles <strong>miniers</strong> entreposés dans <strong><strong>de</strong>s</strong> hal<strong><strong>de</strong>s</strong> (Figure 1E) constituent <strong><strong>de</strong>s</strong> empilements <strong>de</strong> matériaux<br />

rocheux, <strong>de</strong> granulométrie souvent grossière et possédant un indice <strong><strong>de</strong>s</strong> vi<strong><strong>de</strong>s</strong> élevé. Les hal<strong><strong>de</strong>s</strong> sont<br />

fréquemment <strong><strong>de</strong>s</strong> ouvrages <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> envergure, pouvant s'élever à plusieurs dizaines <strong>de</strong> mètres au<strong><strong>de</strong>s</strong>sus<br />

du sol. Le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> déposition fait en sorte que les stériles montrent une ségrégation <strong><strong>de</strong>s</strong> matériaux<br />

grossiers et <strong><strong>de</strong>s</strong> matériaux fins. Cette hétérogénéité complique le comportement mécanique, hydraulique et<br />

géochimique globale <strong>de</strong> l’ouvrage. Les principales préoccupations reliées aux empilements <strong>de</strong> stériles sont<br />

leur stabilité physique et chimique.<br />

La stabilité physique <strong><strong>de</strong>s</strong> hal<strong><strong>de</strong>s</strong> est affectée par leur configuration géométrique, la topographie <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux, les<br />

propriétés <strong><strong>de</strong>s</strong> matériaux <strong>de</strong> fondation et <strong><strong>de</strong>s</strong> matériaux <strong>de</strong> la hal<strong>de</strong> (incluant leur durabilité), la métho<strong>de</strong> et la<br />

séquence <strong>de</strong> construction, les conditions climatiques et hydrologiques, les pressions d'eau ainsi que par<br />

l'ampleur et la nature <strong><strong>de</strong>s</strong> forces dynamiques. L'effet <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong> ces facteurs doit être considéré lors <strong>de</strong><br />

l'analyse <strong>de</strong> stabilité. Lorsqu'un empilement est i<strong>de</strong>ntifié par une métho<strong>de</strong> appropriée comme étant<br />

potentiellement instable, on doit établir systématiquement les risques associés à l'instabilité <strong>de</strong> la hal<strong>de</strong>, en<br />

considérant la probabilité <strong>de</strong> rupture, la nature et l'ampleur <strong><strong>de</strong>s</strong> dommages induits, la pério<strong>de</strong> d'exposition et<br />

les impacts potentiels sur la population, les équipements, les infrastructures et les écosystèmes en<br />

présence. De telles étu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> risques fournissent une information <strong>de</strong> nature qualitative qui peut être utilisée<br />

pour la sélection <strong><strong>de</strong>s</strong> critères <strong>de</strong> conception. Plusieurs mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> rupture doivent être envisagés lorsque l’on<br />

veut établir les conditions <strong>de</strong> stabilité. Certains mo<strong><strong>de</strong>s</strong> impliquent la hal<strong>de</strong> seulement, alors que d'autres<br />

impliquent également les matériaux <strong>de</strong> fondation directement sous la hal<strong>de</strong> ou à proximité <strong>de</strong> la face<br />

extérieure, à la base <strong>de</strong> celle-ci. Les possibilités <strong>de</strong> liquéfaction <strong><strong>de</strong>s</strong> matériaux dans les hal<strong><strong>de</strong>s</strong> (quoique<br />

rares) doivent aussi être envisagées; ce phénomène est relié à une augmentation <strong><strong>de</strong>s</strong> pressions<br />

interstitielles qui réduisent les contraintes effectives et, par conséquent, la résistance au cisaillement <strong>de</strong><br />

matériaux pulvérulents, poreux et à haut <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> saturation. La détermination <strong><strong>de</strong>s</strong> critères <strong>de</strong> sélection pour<br />

les événements récurrents (séismes, précipitations, etc) est également un domaine qui nécessite encore <strong>de</strong><br />

la recherche (Aubertin et al. 2002).<br />

En ce qui concerne la stabilité chimique <strong><strong>de</strong>s</strong> empilements <strong>de</strong> stériles <strong>miniers</strong>, celle-ci peut être<br />

particulièrement compromise lorsque les stériles contiennent <strong><strong>de</strong>s</strong> minéraux sulfureux générateurs <strong>de</strong><br />

drainage minier aci<strong>de</strong>. La gran<strong>de</strong> porosité effective <strong><strong>de</strong>s</strong> empilements entraîne, dans la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> cas,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> taux <strong>de</strong> réaction très élevés, supérieurs à ceux observés dans les parcs à <strong>rejets</strong> <strong>de</strong> concentrateur, en<br />

raison <strong><strong>de</strong>s</strong> phénomènes <strong>de</strong> transport <strong>de</strong> l'oxygène par advection qui s'ajoutent à ceux par diffusion.<br />

4


2.3.2 La <strong>gestion</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> <strong>de</strong> concentrateur<br />

Les <strong>rejets</strong> <strong>de</strong> concentrateur sont habituellement transportés sous forme <strong>de</strong> pulpe jusqu'au site<br />

d'entreposage qui est ceinturé par <strong><strong>de</strong>s</strong> digues (parc à résidus). Les principaux problèmes<br />

environnementaux liés aux <strong>rejets</strong> <strong>de</strong> concentrateur sont la stabilité physique <strong><strong>de</strong>s</strong> ouvrages <strong>de</strong> retenue et<br />

<strong>de</strong> confinement et la stabilité chimique <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong>. Les problèmes <strong>de</strong> stabilité physique rencontrés avec les<br />

<strong>rejets</strong> <strong>de</strong> concentrateur sont habituellement associés au matériau en place qui est dans un état lâche et<br />

fortement saturé et qui ne se consoli<strong>de</strong> que lentement en raison du mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> mise en place, <strong>de</strong> sa teneur<br />

en eau initiale et <strong>de</strong> sa faible conductivité hydraulique.<br />

La stabilité <strong><strong>de</strong>s</strong> digues <strong>de</strong> retenue peut être compromise par divers types <strong>de</strong> problèmes, comme la<br />

submersion <strong>de</strong> la crête par une crue <strong><strong>de</strong>s</strong> eaux excessives dans le bassin, l'érosion régressive du matériau<br />

dans la digue et dans la fondation causée par <strong><strong>de</strong>s</strong> pressions d'eau trop élevées, l'érosion <strong>de</strong> surface due<br />

à l'entraînement <strong><strong>de</strong>s</strong> particules par l'eau ou le vent, le glissement <strong>de</strong> zones instables le long <strong>de</strong> la pente<br />

attribuable aux sollicitations statiques et dynamiques, le potentiel <strong>de</strong> liquéfaction en raison <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

sollicitations dynamiques et <strong>de</strong> la capacité <strong><strong>de</strong>s</strong> matériaux <strong>de</strong> fondation face au tassement et à la rupture.<br />

La stabilité <strong><strong>de</strong>s</strong> digues dépend également du type <strong>de</strong> matériaux utilisés pour contenir les <strong>rejets</strong> <strong>de</strong><br />

concentrateur (i.e. les digues peuvent être constituées <strong>de</strong> <strong>rejets</strong> <strong>de</strong> concentrateur ou <strong>de</strong> matériaux<br />

meubles d'origine naturelle) et <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> construction utilisée (aval, amont, <strong>de</strong> l'axe central ou<br />

autre). Les digues <strong>de</strong> retenue doivent être conçues <strong>de</strong> façon à supporter les combinaisons <strong>de</strong> charge les<br />

plus défavorables anticipées. À cet égard, le facteur <strong>de</strong> sécurité acceptable peut varier selon la nature <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ouvrages, le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> rupture, le type <strong>de</strong> sollicitation et la probabilité d'apparition <strong>de</strong> l'événement (Aubertin<br />

et al. 2002). Comme dans le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> hal<strong><strong>de</strong>s</strong> à stériles, il faut ici aussi se questionner encore sur la<br />

définition appropriée du facteur <strong>de</strong> sécurité, qui <strong>de</strong>vrait inclure une composante probabiliste.<br />

Tout comme pour les stériles <strong>miniers</strong>, la stabilité chimique <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> <strong>de</strong> concentrateur stockés en surface<br />

durant la phase opérationnelle est une préoccupation. La stabilité chimique <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> <strong>de</strong> concentrateur<br />

utilisés comme matériau <strong>de</strong> base pour du remblai cimenté sous terre est également importante (Bernier et Li,<br />

1999; Belem et al., 2002). En effet, la résistance du remblai est affectée par la composition minéralogique et<br />

chimique du rejet <strong>de</strong> concentrateur. Dans certains cas, il peut y avoir une perte <strong>de</strong> résistance du remblai<br />

avec le temps, attribuable à une altération chimique.<br />

2.3.3 La <strong>gestion</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> boues <strong>de</strong> traitement<br />

Lorsque l'on utilise le traitement chimique pour décontaminer l'eau aci<strong>de</strong> chargée en métaux, on obtient<br />

<strong>de</strong> l’eau traitée et une boue <strong>de</strong> traitement contenant les contaminants. Au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>rnières années,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> progrès significatifs ont été réalisés quant aux métho<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> traitement du DMA et <strong>de</strong> disposition <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

boues. Il reste cependant <strong>de</strong> nombreuses questions, notamment en ce qui a trait au comportement hydromécanique<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> boues durant les étapes <strong>de</strong> suspension, sédimentation/clarification et consolidation.<br />

2.4 La phase <strong>de</strong> fermeture<br />

À la fin <strong>de</strong> la vie d’une mine, il est nécessaire <strong>de</strong> restaurer le site où s’est déroulé l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

opérations. Le problème <strong>de</strong> la génération d'aci<strong>de</strong> provenant <strong>de</strong> <strong>rejets</strong> <strong>miniers</strong> est considéré actuellement<br />

comme le principal problème environnemental relié à la fermeture et la restauration <strong>de</strong> sites au Canada<br />

(Ripley et al., 1996), aux États-Unis, en Australie, dans plusieurs pays d'Europe ainsi que dans <strong>de</strong><br />

nombreux autres pays et régions du globe. Le far<strong>de</strong>au financier pour la restauration <strong><strong>de</strong>s</strong> sites <strong>miniers</strong><br />

générateurs <strong>de</strong> DMA est énorme. Au Canada, pour sécuriser et restaurer ces sites, il pourrait en coûter<br />

entre 3 et 5 milliards <strong>de</strong> dollars, selon l'évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> technologies et <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions d'application (MEND<br />

2001). Au niveau mondial, ce far<strong>de</strong>au serait <strong>de</strong> l'ampleur <strong>de</strong> plusieurs dizaines <strong>de</strong> milliards <strong>de</strong> dollars. Ces<br />

chiffres montrent l'importance <strong>de</strong> continuer les efforts pour développer <strong>de</strong> nouveaux outils et <strong>de</strong> nouvelles<br />

métho<strong><strong>de</strong>s</strong> qui rendront possible, d’un point <strong>de</strong> vue technique et économique, la restauration <strong><strong>de</strong>s</strong> sites<br />

<strong>miniers</strong> générateurs d'aci<strong>de</strong>.<br />

5


2.4.1 Description du phénomène <strong>de</strong> la formation du DMA<br />

Nous pouvons définir le drainage minier (DMA) comme étant le résultat <strong>de</strong> la circulation <strong><strong>de</strong>s</strong> eaux à<br />

travers les composantes d’un site minier (ex. : <strong>rejets</strong> du concentrateur, hal<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> roches stériles, galerie<br />

<strong>de</strong> mine), ce qui inclut les eaux <strong>de</strong> surface et les eaux souterraines. Les effluents <strong>miniers</strong> sont donc<br />

alimentés par le drainage minier. Le DMA résulte <strong>de</strong> l’oxydation naturelle (chimique, électrochimique ou<br />

biologique) <strong>de</strong> minéraux sulfureux tels la pyrite et le pyrrhotite, la sphalérite, la covellite, l'arsénopyrite et<br />

la galène que l’on retrouve dans les matériaux rocheux exposés à l’air, à l’eau et à l’activité bactérienne.<br />

Les eaux <strong>de</strong> drainage aci<strong><strong>de</strong>s</strong> sont caractérisées par un faible pH, <strong><strong>de</strong>s</strong> concentrations en métaux lourds et<br />

en sulfates solubles élevées ainsi qu’une gran<strong>de</strong> concentration en soli<strong><strong>de</strong>s</strong> dissous. Les eaux contaminées<br />

(Figure 1C,E) par le DMA, aussi appelé drainage rocheux aci<strong>de</strong> (DRA), peuvent provenir <strong>de</strong> divers types<br />

d'exploitation (or, argent, cuivre, nickel, zinc, plomb et <strong>de</strong> charbon ou d'uranium). Le minéral sulfureux le<br />

plus abondant dans les <strong>rejets</strong> <strong>miniers</strong> est la pyrite (FeS 2 ). La réaction globale simplifiée <strong>de</strong> l’oxydation <strong>de</strong><br />

la pyrite, qui produit <strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> sulfurique et du fer plus ou moins soluble selon les conditions du pH, du Eh<br />

et <strong>de</strong> la teneur en fer, peut s’écrire <strong>de</strong> la façon suivante :<br />

FeS 2 + 15/4O 2 + 7/2H 2 O → Fe(OH) 3 + 2H 2 SO 4<br />

Cette acidité combinée à la présence <strong>de</strong> contaminants potentiellement toxiques (p.ex. Fe, Al, Mn, Zn, Cu,<br />

Cd, Pb, Co, Ni, As, etc.) peuvent affecter sérieusement les écosystèmes voisins. D'autres réactions telles<br />

les réactions <strong>de</strong> neutralisation influencent la quantité et la qualité du DMA (Morin et Hutt, 1999). Ainsi,<br />

certains minéraux (carbonates, hydroxy<strong><strong>de</strong>s</strong>, silicates, phosphates) possè<strong>de</strong>nt la capacité <strong>de</strong> neutraliser<br />

l’aci<strong>de</strong> sulfurique. La capacité qu’aura un minéral à neutraliser l’aci<strong>de</strong> produit lors <strong>de</strong> l’oxydation <strong>de</strong> la<br />

pyrite peut être influencée par la nature <strong><strong>de</strong>s</strong> minéraux secondaires formés. En outre, l’accumulation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

minéraux secondaires peut conduire à la formation d’un horizon induré (« hard pan », voir Figure 1B) qui<br />

forme localement une interface moins perméable entre la zone <strong>de</strong> résidus oxydés et les résidus frais;<br />

cette zone peut contribuer à limiter la disponibilité <strong>de</strong> l’eau et <strong>de</strong> l’oxygène en profon<strong>de</strong>ur.<br />

2.4.2 Métho<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> contrôle du DMA pour la restauration <strong><strong>de</strong>s</strong> sites<br />

Lorsque <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> sont i<strong>de</strong>ntifiés comme potentiellement générateurs <strong>de</strong> DMA par les métho<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong><br />

prédiction, il est essentiel <strong>de</strong> prendre <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures qui limiteront les impacts environnementaux <strong>de</strong> ceuxci.<br />

Une <strong><strong>de</strong>s</strong> façons qui permet d’atteindre cet objectif est le traitement chimique du DMA. Cependant, cette<br />

technique a certains désavantages, comme par exemple le maintien à long terme d’infrastructures servant<br />

au traitement chimique <strong>de</strong> l’eau, et la production <strong>de</strong> boues <strong>de</strong> traitement que l’on doit entreposer dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

aires prévues à cet effet. Une autre façon <strong>de</strong> limiter les impacts environnementaux du DMA produit par les<br />

<strong>rejets</strong> <strong>miniers</strong> consiste à contrôler la production du DMA par la prévention. On entend par prévention les<br />

mesures qui visent à inhiber la réaction d’oxydation <strong><strong>de</strong>s</strong> sulfures à la source.<br />

Les métho<strong><strong>de</strong>s</strong> visant à prévenir la production <strong>de</strong> DMA ont pour objectif d’éliminer ou <strong>de</strong> réduire à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

niveaux très faibles, la présence d’air (ou d’oxygène), d’eau ou <strong>de</strong> sulfures. Comme ces trois éléments<br />

sont les composantes principales <strong><strong>de</strong>s</strong> réactions d’oxydation qui causent le DMA, en éliminant un ou<br />

plusieurs <strong>de</strong> ceux-ci, on peut pratiquement éliminer la production d’aci<strong>de</strong>. Une technique efficace pour<br />

prévenir la production d’aci<strong>de</strong> consiste à limiter l’infiltration <strong>de</strong> l’oxygène en plaçant un recouvrement<br />

d’eau (Aubertin et al., 2002; MEND 2001) par-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus les résidus <strong>miniers</strong> (habituellement <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> <strong>de</strong><br />

concentrateurs). La technique est en partie basée sur le fait que le coefficient <strong>de</strong> diffusion effectif D e <strong>de</strong><br />

l’oxygène dans l’eau stagnante est environ 10 000 fois plus faible que celui dans l’air. On peut maintenir<br />

une couverture d’eau, plus ou moins profon<strong>de</strong>, grâce à la construction d’infrastructures étanches qui<br />

créent un réservoir artificiel. On considère habituellement que l’épaisseur <strong>de</strong> la couche d’eau requise, qui<br />

allie le mieux efficacité et coûts, se situe entre 0,3 et 1 m d’eau. On peut aussi déposer les <strong>rejets</strong> sous<br />

l’eau dans <strong><strong>de</strong>s</strong> cavités minières (souterraines ou à ciel ouvert).<br />

Une alternative intéressante aux recouvrements aqueux pour réduire l’infiltration d’oxygène a été<br />

proposée: les recouvrements <strong>de</strong> type couvertures avec effets <strong>de</strong> barrière capillaire (CEBC) (Bussière et<br />

Aubertin, 1999; Aubertin et al., 2001). Pour limiter le flux d’oxygène, on vise ici le maintien d’un haut <strong>de</strong>gré<br />

<strong>de</strong> saturation dans une <strong><strong>de</strong>s</strong> couches du recouvrement (Figure 2). La diffusion <strong>de</strong> l’oxygène à travers un<br />

sol saturé est très faible puisque celle-ci est nulle à travers les grains soli<strong>de</strong> et très lente à travers l’eau.<br />

6


Comme le flux d’oxygène disponible pour l’oxydation <strong><strong>de</strong>s</strong> sulfures est une fonction du coefficient <strong>de</strong><br />

diffusion effectif et du gradient <strong>de</strong> concentration, l’efficacité d’un recouvrement sera accrue lorsque le<br />

<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> saturation est élevé (<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> saturation supérieur à environ 85 à 90 %). L’efficacité d’une<br />

CEBC pour limiter l'infiltration <strong><strong>de</strong>s</strong> gaz est donc liée à la capacité que possè<strong>de</strong> celle-ci à retenir l'eau dans<br />

une <strong>de</strong> ces couches. Pour assurer le maintien d'un haut niveau <strong>de</strong> saturation, on utilise un phénomène<br />

particulier aux milieux partiellement saturés, soit l’effet <strong>de</strong> barrière capillaire. Cet effet est présent<br />

lorsqu’un matériau à granulométrie fine est placé sur un matériau à granulométrie grossière. En raison du<br />

contraste en terme <strong>de</strong> capacité <strong>de</strong> rétention d’eau entre les matériaux, l’eau contenue dans le matériau fin<br />

n’a pas tendance à s’écouler verticalement et <strong>de</strong>meure dans la couche (Bussière et al. 2001).<br />

L'équation qui représente la réaction globale d'oxydation <strong><strong>de</strong>s</strong> minéraux sulfureux montre qu'un <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

réactifs essentiels à la formation d'aci<strong>de</strong> sulfurique est l'eau. En excluant tout apport en eau aux résidus<br />

<strong>miniers</strong> sulfureux, on peut éliminer la production <strong>de</strong> DMA. Pour ce faire, on doit aménager une barrière<br />

peu perméable qui empêche l‘infiltration <strong><strong>de</strong>s</strong> eaux. Ces barrières peuvent être faites <strong>de</strong> sols à faibles<br />

conductivités hydrauliques ou <strong>de</strong> matériaux synthétiques peu perméables (géomembrane ou<br />

géocomposite bentonitique). On peut aussi utiliser les CEBC pour réduire les apports d’eau en<br />

provenance <strong>de</strong> la surface. Cette <strong>de</strong>rnière option est particulièrement attrayante pour les climats ari<strong>de</strong> et<br />

semi-ari<strong>de</strong>. Les recouvrements utilisés pour limiter l'infiltration d'eau (appelés tombeau étanche) sont<br />

habituellement constitués <strong>de</strong> plusieurs couches (Figure 2) où chacune a un objectif bien spécifique.<br />

B<br />

A<br />

C<br />

Figure 2. A) Configuration typique d'un recouvrement multicouche visant à limiter la diffusion <strong><strong>de</strong>s</strong> gaz<br />

et/ou l'infiltration d'eau. B) CEBC installé au site Lorraine, Témiscamingue. C) Cellules <strong>de</strong> terrains<br />

utilisées au site Manitou pour étudier diverses configurations <strong>de</strong> CEBC.<br />

3. LA CHAIRE INDUSTRIELLE EN ENVIRONNEMENT ET GESTION DES REJETS MINIERS<br />

Le mandat principal <strong>de</strong> la Chaire industrielle CRSNG <strong>Polytechnique</strong>-UQAT (http://www.envirogeremi.polymtl.ca)<br />

est <strong>de</strong> réaliser <strong><strong>de</strong>s</strong> travaux <strong>de</strong> recherche afin <strong>de</strong> développer <strong><strong>de</strong>s</strong> outils et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

techniques, qui permettront <strong>de</strong> bien caractériser la nature et le comportement <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> selon les<br />

diverses conditions d’exposition. La Chaire mise également à favoriser une approche axée sur<br />

l’intégration <strong><strong>de</strong>s</strong> métho<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> disposition aux conditions d’opération <strong>de</strong> la mine et du concentrateur, aux<br />

caractéristiques du milieu (et <strong><strong>de</strong>s</strong> matériaux), ainsi qu’aux impératifs économiques et environnementaux.<br />

Les principes du développement durable (DD), qui reposent sur <strong><strong>de</strong>s</strong> indicateurs <strong>de</strong> performance<br />

représentatifs (e.g. Callens et Tyteca, 1999), sont à la base <strong>de</strong> ces travaux qui visent notamment à<br />

réduire l’ampleur <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> émis, ainsi qu’à réutiliser et revaloriser une proportion <strong>de</strong> plus en plus gran<strong>de</strong>.<br />

La structure générale <strong><strong>de</strong>s</strong> Projets 1 et 2 est montrée sous forme d’organigramme à la Figure 3. Le Projet<br />

1, appelé Gestion intégrée <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> durant l’opération, porte principalement sur l’évaluation du<br />

comportement <strong><strong>de</strong>s</strong> matériaux et <strong>de</strong> la stabilité physique et chimique <strong><strong>de</strong>s</strong> divers types <strong>de</strong> <strong>rejets</strong> (soli<strong><strong>de</strong>s</strong> et<br />

liqui<strong><strong>de</strong>s</strong>) en fonction <strong><strong>de</strong>s</strong> mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> production, <strong>de</strong> disposition, et d’utilisation pendant la pério<strong>de</strong><br />

7


d’exploitation <strong>de</strong> la mine. Une attention particulière sera accordée aux conditions <strong>de</strong> formation du<br />

drainage minier aci<strong>de</strong> (DMA), qui <strong>de</strong>meure encore aujourd’hui un défi <strong>de</strong> taille .<br />

En ce qui concerne la <strong>gestion</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> effluents liqui<strong><strong>de</strong>s</strong> provenant <strong>de</strong> l'industrie minière, les principes du<br />

développement durable indiquent que l’on doit veiller à minimiser son utilisation et maximiser sa réutilisation<br />

dans les diverses composantes <strong>de</strong> l’opération. Au niveau du traitement chimique <strong>de</strong> l'eau, <strong><strong>de</strong>s</strong> avancements<br />

importants ont été réalisés au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>rnières années avec l'apparition <strong><strong>de</strong>s</strong> métho<strong><strong>de</strong>s</strong> produisant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

boues à haute <strong>de</strong>nsité Cependant, les boues générées par le traitement chimique nécessitent une <strong>gestion</strong><br />

particulière qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> la connaissance <strong><strong>de</strong>s</strong> propriétés hydro-mécaniques <strong>de</strong> celles-ci . À ce jour, on<br />

dispose <strong>de</strong> très peu d’information sur ces propriétés. Ce genre d’information pourra être obtenue grâce à<br />

la mise au point <strong>de</strong> nouveaux essais par l’équipe <strong>de</strong> la Chaire.<br />

Pour mieux gérer les roches stériles, on doit être en mesure <strong>de</strong> mieux caractériser les hal<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> façon à<br />

bien évaluer leur stabilité physique et chimique. Cette amélioration <strong><strong>de</strong>s</strong> approches <strong>de</strong> caractérisation est la<br />

clé qui permettra <strong>de</strong> mieux comprendre les mouvements <strong><strong>de</strong>s</strong> flui<strong><strong>de</strong>s</strong> (eaux et gaz) dans les empilements.<br />

Une meilleure compréhension <strong>de</strong> la distribution <strong><strong>de</strong>s</strong> matériaux permettra aussi <strong>de</strong> développer <strong><strong>de</strong>s</strong> mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong><br />

disposition plus appropriés. Les différents mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> rupture doivent également être étudiés afin d’établir <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

relations entre ceux-ci et les conditions du site d'entreposage (incluant le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> mise en place <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

stériles). L'étape subséquente consiste à mieux définir les facteurs <strong>de</strong> sécurité acceptable basés sur les<br />

caractéristiques réelles <strong><strong>de</strong>s</strong> empilements ainsi que sur les risques associés à une instabilité <strong>de</strong> la hal<strong>de</strong>.<br />

Enfin, pour éviter que les hal<strong><strong>de</strong>s</strong> à stériles ne produisent <strong>de</strong> fortes quantités d’aci<strong>de</strong>, tout en assurant leur<br />

stabilité géotechnique à long terme, il est souhaitable <strong>de</strong> revoir la façon <strong>de</strong> gérer ce type <strong>de</strong> <strong>rejets</strong> <strong>miniers</strong>.<br />

Différents choix s’offrent à l’exploitant tels le stockage combiné <strong>de</strong> stériles et <strong>de</strong> <strong>rejets</strong> <strong>de</strong> concentrateur<br />

humi<strong>de</strong>, le compactage sélectif <strong><strong>de</strong>s</strong> stériles afin <strong>de</strong> réduire la porosité <strong>de</strong> certaines zones, l’ajout <strong>de</strong><br />

matériaux alcalins aux stériles durant la mise en place, la passivation <strong><strong>de</strong>s</strong> surfaces et le stockage <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

stériles dans <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules <strong>de</strong> plus faibles dimensions.<br />

Figure 3. Organigrammes <strong><strong>de</strong>s</strong> projets <strong>de</strong> la Chaire CRSNG en environnement <strong>gestion</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> <strong>miniers</strong><br />

<strong>Polytechnique</strong>-UQAT.<br />

8


Au niveau <strong>de</strong> la stabilité physique <strong><strong>de</strong>s</strong> ouvrages <strong>de</strong> retenue <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> <strong>de</strong> concentrateur, l'effet <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

conditions saturées et non saturées sur la résistance <strong><strong>de</strong>s</strong> matériaux doit être étudié davantage. Les<br />

conditions non saturées sont une réalité dans les ouvrages <strong>miniers</strong>, même si elles sont souvent négligées<br />

dans les analyses <strong>de</strong> stabilité. Un <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> saturation variable est <strong>de</strong> nature à modifier le facteur <strong>de</strong><br />

sécurité réel. En outre, <strong><strong>de</strong>s</strong> efforts supplémentaires doivent être mis du côté <strong>de</strong> la définition <strong>de</strong> critères <strong>de</strong><br />

stabilité appropriés aux diverses conditions d’exposition rencontrées (précipitations, sécheresse, séismes)<br />

qui constituent souvent les éléments critiques <strong>de</strong> l’analyse. On doit aussi se pencher sur les conditions<br />

qui contrôlent les phénomènes d’érosion interne et <strong>de</strong> liquéfaction dans ces <strong>rejets</strong>. Bien que la déposition<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> <strong>de</strong> concentrateur ait traditionnellement été effectuée au moyen <strong>de</strong> décharges périphériques <strong>de</strong><br />

la pulpe au pourtour <strong><strong>de</strong>s</strong> digues, d'autres techniques <strong>de</strong> déposition <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong>, sont également<br />

envisageables, comme celle <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> épaissis ou du remblai en pâte. Certaines <strong>de</strong> ces techniques<br />

seraient d’ailleurs <strong>de</strong> nature à améliorer les propriétés mécaniques et hydrauliques <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> déposés<br />

dans les parcs à résidus. Ces techniques pourraient également permettre d'améliorer la stabilité<br />

chimique. Le retour sous terre <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> <strong>de</strong> concentrateur sous la forme <strong>de</strong> remblai en pâte est<br />

également une alternative intéressante. Si cette technique est combinée avec la désulfuration <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong><br />

<strong>de</strong> concentrateur, il est techniquement possible <strong>de</strong> réduire considérablement les volumes <strong>de</strong> <strong>rejets</strong> <strong>de</strong><br />

concentrateur générateurs <strong>de</strong> DMA entreposés en surface (Bussière et al., 1997). Il nous faudra<br />

également étudier davantage les effets <strong><strong>de</strong>s</strong> minéraux sulfureux sur la résistance mécanique, à court et à<br />

longs termes, <strong><strong>de</strong>s</strong> remblais en pâte afin d'optimiser les recettes et <strong>de</strong> minimiser les risques <strong>de</strong> rupture <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

chantiers lors <strong>de</strong> l'extraction <strong><strong>de</strong>s</strong> piliers secondaires. La désulfuration <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> constitue ainsi une voie<br />

prometteuse pour leur revalorisation (en terme <strong>de</strong> DD), soit comme remblai ou matériau <strong>de</strong> recouvrement.<br />

Le drainage aci<strong>de</strong> sera aussi au cœur du Projet 2 <strong>de</strong> la Chaire, intitulé Restauration <strong>de</strong> sites <strong>miniers</strong><br />

générateurs <strong>de</strong> DMA. Il s’agit ici <strong>de</strong> développer et/ou mettre en application <strong><strong>de</strong>s</strong> solutions novatrices<br />

découlant <strong><strong>de</strong>s</strong> efforts <strong>de</strong> recherche entrepris au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>rnières années dans ce domaine. Bien que<br />

touchant d’abord les sites inactifs, ce projet sera complémentaire au Projet 1 <strong>de</strong> sorte que les approches<br />

proposées ici pourront s’intégrer directement aux mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> <strong>gestion</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> durant l’opération, <strong>de</strong> façon<br />

à faciliter la fermeture <strong><strong>de</strong>s</strong> sites d’entreposage. En ce sens, la programmation <strong>de</strong> recherche est axée sur<br />

le concept « Designing for Closure », souvent envisagé dans le domaine minier (dans l’optique du DD).<br />

Avant <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à toute restauration <strong>de</strong> site, il est essentiel <strong>de</strong> déterminer le potentiel <strong>de</strong> génération<br />

d’aci<strong>de</strong> du rejet minier. C’est pourquoi il faut poursuivre les travaux <strong>de</strong> recherche afin <strong>de</strong> mieux définir les<br />

réactions (et leurs équations) associées à l’oxydation chimique, électrochimique et biochimique <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

minéraux sulfureux, et aux réactions <strong>de</strong> neutralisation, à la fois en laboratoire et in situ. En particulier, on<br />

peut préconiser une évaluation <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> ces réactions suite à l’application <strong><strong>de</strong>s</strong> divers mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong><br />

contrôle <strong>de</strong> production <strong>de</strong> DMA.<br />

Au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> essais statiques, on vise à réduire la marge d'erreur <strong>de</strong> l'essai en incorporant la<br />

minéralogie. De plus, il pourrait être intéressant <strong>de</strong> tenir compte <strong>de</strong> la surface spécifique <strong><strong>de</strong>s</strong> grains dans<br />

l'évaluation du PN et du PA. Quant aux essais cinétiques, <strong><strong>de</strong>s</strong> efforts accrus doivent être mis sur<br />

l'interprétation <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats. On doit être en mesure d'établir une durée d'essai qui soit basée sur les<br />

caractéristiques du matériau ainsi que sur les résultats <strong><strong>de</strong>s</strong> premières semaines. On doit également tenter<br />

<strong>de</strong> relier les résultats provenant d'essais cinétiques en laboratoire à ceux mesurés sur le terrain. Le<br />

développement d'essais plus rapi<strong><strong>de</strong>s</strong> permettant d'obtenir une réponse à l'intérieur d'un délai raisonnable<br />

sera étudié dans le futur. Enfin, en ce qui concerne les modèles géochimiques, il existe peu d'outils<br />

pratiques pouvant être utilisés par les ingénieurs qui permettent <strong>de</strong> prédire l'évolution <strong>de</strong> la qualité du<br />

DMA d'un site réel ainsi que l'effet <strong>de</strong> la mise en place d'une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> contrôle sur ce même site. Il est<br />

nécessaire d'étudier cet aspect afin d'améliorer les outils existants ou encore <strong>de</strong> développer <strong>de</strong> nouveaux<br />

modèles <strong>de</strong> prédiction.<br />

Au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> recouvrements aqueux, une piste <strong>de</strong> développement intéressante est l’entreposage <strong>de</strong><br />

stériles <strong>miniers</strong> ou <strong>de</strong> <strong>rejets</strong> <strong>de</strong> concentrateur oxydés dans <strong><strong>de</strong>s</strong> fosses exploitées. Une autre solution<br />

prometteuse serait <strong>de</strong> maintenir le niveau d'eau dans les <strong>rejets</strong> <strong>de</strong> concentrateur près <strong>de</strong> la surface (pas<br />

ou peu d'eau libre) réduisant ainsi les risques d'instabilité <strong><strong>de</strong>s</strong> infrastructures (technique appelée élévation<br />

<strong>de</strong> la nappe phréatique ou nappe perchée). Finalement, on doit continuer <strong>de</strong> travailler sur la<br />

9


compréhension <strong><strong>de</strong>s</strong> phénomènes liés aux mouvements <strong><strong>de</strong>s</strong> flui<strong><strong>de</strong>s</strong> dans les recouvrements du type<br />

CEBC afin d’en optimiser le <strong><strong>de</strong>s</strong>ign. La performance à long terme <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> recouvrement (e.g.<br />

Dagenais et al., 2001; Bernier et al., 2001) doit également être étudiée davantage (ex. effets <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

phénomènes climatiques tels le gel-dégel et le mouillage-séchage, effets <strong><strong>de</strong>s</strong> intrusions biologiques, effets<br />

<strong>de</strong> la géométrie du site). L'utilisation <strong>de</strong> matériau alternatif dans la CEBC (tel les géocomposites<br />

bentonitiques - GCB) est une autre approche intéressante.<br />

Le contenu du programme <strong>de</strong> recherche repose sur les développements les plus récents dans le domaine<br />

<strong>de</strong> l’ingénierie géoenvironnementale, incluant une combinaison <strong>de</strong> connaissances issues <strong>de</strong> la<br />

géotechnique et <strong>de</strong> la géomécanique, <strong>de</strong> l’hydrogéologie, <strong>de</strong> la minéralogie et <strong>de</strong> la géochimie, ainsi que<br />

<strong>de</strong> divers domaines connexes tel la géophysique, la géostatistique, la climatologie, l’hydraulique, la<br />

modélisation et le traitement numérique <strong><strong>de</strong>s</strong> données. Ce sont les domaines d’expertise que l’on<br />

retrouve dans l’équipe <strong>de</strong> recherche, incluant les collaborateurs internes et externes. L’équipe <strong>de</strong> la<br />

Chaire est constituée d’un titulaire et d’un titulaire adjoint, <strong>de</strong> plusieurs collaborateurs (professeurs,<br />

associés <strong>de</strong> recherches), et d’un personnel technique pour les travaux <strong>de</strong> laboratoire et <strong>de</strong> terrain. Plus<br />

<strong>de</strong> 20 étudiants gradués, dont les travaux <strong>de</strong> recherches s’intègrent dans les différents projets <strong>de</strong> la<br />

Figure 3, seront formés au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> 5 prochaines années.<br />

4. RÉFÉRENCES<br />

Aubertin, M et Bussière B. (2001) Meeting Environmental Challenges for Mine Waste Management.<br />

Geotechnical News, September 2001 : 21-26.<br />

Aubertin, M., Bussière, B. et Bernier, L. (2002) Environnement et <strong>gestion</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>rejets</strong> <strong>miniers</strong>. Cédérom<br />

publié par Les Presses Internationales <strong>de</strong> <strong>Polytechnique</strong> (à paraître automne 2002).<br />

Bussière, B., Aubertin, M. et Julien, M. (2001). Couvertures avec effets <strong>de</strong> barrière capillaire pour limiter<br />

le drainage minier aci<strong>de</strong> : aspects théoriques et pratiques. Vecteur Environnement, Vol. 34, no<br />

5 :37-50.<br />

Bussière, B., Bois, D. et Benzaazoua, M. (1997). Valorisation <strong><strong>de</strong>s</strong> résidus <strong>miniers</strong> générateurs <strong>de</strong><br />

drainage minier aci<strong>de</strong> par la désulfuration. Proceedings of the 20 th Syposium on Wastewater, 9 th<br />

Workshop on Drinking Water et 13 th Eastern Canadian Conference on Water Quality, Collection<br />

Environnement <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Montréal, Delisle, C.E. et Bouchard, M.A. (eds), no. 10, 275-289.<br />

Bussière, B. et Aubertin, M. (1999). Clean tailings as cover material for preventing acid mine drainage: an<br />

in situ experiment. Proceedings of Sudbury'99, Mining and the Environment, 1 : 19-28.<br />

Belem T., Benzaazoua, M., Bussière, B., et Dagenais, A.M. (2002) Effects of settlement and drainage on<br />

strength <strong>de</strong>velopment within mine paste backfill. Tailings and Mine Waste'02, 27-30 January 2002,<br />

Fort Collins, Colorado, Balkema : Rotterdam, pp. 139-148.<br />

Bernier, L., Li, M. et Morman, A. (1999). Effects of tailings and bin<strong>de</strong>r geochemistry on the physical<br />

strength of paste backfill. Proceedings of Sudbury'99, Mining and the Environment, 3 : 1113-1122.<br />

Bernier L., Aubertin, M., Dagenais, A.M., Bussière B., Bienvenu, L., et Cyr J. (2001) Limestone Drain<br />

Design criteria in AMD Passive Treatment : Theory, Practice and Hydrogeochemistry Monitoring at<br />

Lorraine Mine Site, Temiscamingue. Published on CIM Minespace 2001 Québec, Web site, 9p.<br />

Callens, I. et Tyteca, D. 1999. Towards indicators of sustainable <strong>de</strong>velopment for firms : A productive<br />

efficiency perspective. Ecological Economics, Vol. 28, pp. 41-53<br />

Dagenais, A.M., Aubertin, M., Bussière B., Bernier L., et Cyr, J. (2001) monitoring at the Lorraine Mine<br />

Site : A Follow-Up on the Remediation Plan. Proceedings of the 2001 National Association of<br />

Abandonned Mine Land programs Annual Conference, August 19-22, Athens, Ohio.<br />

MEND (2001). MEND Manual. Report 5.4.2. Vol 1 à 5.<br />

Morin, K. A. et Hutt, N.M. (1997) Environmental Geochemistry of Minesite Drainage. Practical Theory and<br />

Case Studies. MDAG Publishing, Vancouver, Canada.<br />

Ripley, E.A., Redmann, R.E. et Crow<strong>de</strong>r, A.A. (1996). Environmental Effects of Mining, St. Lucie Press,<br />

Delray Beach, Florida.<br />

Ritcey, G.M. (1989) Tailings Management, Problems and Solutions in the Mining Industries. Elsevier, New<br />

York, NY, USA.<br />

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