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Royaume du Maroc<br />

Réalisé par le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche<br />

Maritime, cet ouvrage est une contribution à cette volonté,<br />

initiée par le Plan Maroc Vert, d’accéder à un rêve, de projeter<br />

une ambition, de témoigner d’une perspective de changement.<br />

Objectifs privilégiés du Plan Maroc Vert, les <strong>terroirs</strong> et leurs productions sont part<br />

entière du patrimoine Marocain, authentiques révélateurs de l’évolution de la<br />

société, de ses mo<strong>des</strong> de vie et de son rayonnement culturel et économique.<br />

Enracinés dans ce pays dont ils sont fiers, les producteurs <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong> donnent à<br />

voir une part de l’Histoire du Maroc.<br />

Ce livre communique sur la richesse, la qualité, l’excellence et la diversité <strong>des</strong><br />

produits de terroir Marocains. Il met à jour complexité, élaboration et génie<br />

inventif Marocains. Le lecteur découvre cette force d’adaptation <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong> et de<br />

ceux qui y vivent.<br />

Cet ouvrage, à l’image d’un pays d’exception, rend un hommage appuyé à une<br />

valeur précieuse: celle <strong>des</strong> hommes et <strong>des</strong> femmes <strong>des</strong> Terroirs, véritables<br />

symboles d’une symbiose collective pour un développement unique, celui du<br />

Maroc solidaire et d’excellence.<br />

Le regard d’Aya, personnage fictif qui part en quête de <strong>terroirs</strong> et de savoir-faire,<br />

nous entraîne au cœur du Royaume et de ses paysans, producteurs, éleveurs. Le<br />

récit de son périple met en exergue Hommes, paysages et produits de terroir du<br />

Maroc au fil <strong>des</strong> rencontres ponctuées par les couleurs, les odeurs, les saveurs et<br />

les traditions <strong>des</strong> quatre coins du Royaume.<br />

MAROC DES TERROIRS RÉCOLTES D’AVENIR<br />

MAROC DES TERROIRS<br />

RÉCOLTES D’AVENIR<br />

Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime<br />

Direction de Développement <strong>des</strong> Filières de Production


Sa Majesté le Roi Mohamed VI,<br />

que Dieu Le glorifie.


Avant - propos<br />

Le Maroc est un pays semblable à un prisme aux facettes multiples dont le rayonnement historique, culturel, humain, économique<br />

et artistique éclaire le passé, le présent et l’avenir. Il est une facette qui brille particulièrement: celle <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong> qui sont, à part entière,<br />

contenus dans le vocable Patrimoine. Les <strong>terroirs</strong> constituent une part non négligeable du patrimoine <strong>maroc</strong>ain tant ils révèlent l’évolution de<br />

la société, ses mo<strong>des</strong> de vie, ses richesses et son rayonnement. Les <strong>terroirs</strong> véhiculent l’image de l’excellence <strong>maroc</strong>aine.<br />

Le Maroc abrite <strong>des</strong> potentialités importantes tant sur le plan d’écosystèmes propices que de biodiversité variée et de savoir-faire. Ces facteurs<br />

géobiologiques, climatiques et humains font de notre pays une vitrine riche et variée en produits de terroir dont plusieurs sont endémiques.<br />

Conscient de ce potentiel, le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime a placé le développement <strong>des</strong> produits de terroir parmi les<br />

objectifs privilégiés du Plan Maroc Vert. Ces produits constituent une alternative très prometteuse pour le développement local, viable et<br />

durable particulièrement dans les zones marginales et difficiles.<br />

Dans ce cadre, le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche a mis en place une stratégie de développement et de promotion <strong>des</strong> produits de<br />

terroir. Ce développement conforte, pas à pas, une agriculture d’avenir qui n’oublie pas son histoire, une agriculture génératrice de revenus,<br />

solidaire et durable.<br />

Au cœur de cette stratégie, les mots deviennent réalité: identification <strong>des</strong> produits de terroir, renforcement de la qualité <strong>des</strong> productions,<br />

labellisation, diversification, commercialisation au Maroc et à l’international, implication <strong>des</strong> coopératives féminines, encadrement et<br />

assistance <strong>des</strong> producteurs…<br />

Le présent ouvrage, largement illustré, met en relief la richesse, la qualité, l’excellence et la diversité <strong>des</strong> produits de terroir <strong>maroc</strong>ains dans<br />

leur multiplicité liée à l’humain, à l’histoire, aux <strong>terroirs</strong> et aux territoires. Il met à jour une complexité, une élaboration, le génie inventif<br />

<strong>maroc</strong>ain et une force d’adaptation <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong> et de ceux qui y vivent.<br />

Cet ouvrage, à l’image d’un pays d’exception, rend hommage à une valeur précieuse qui est celle <strong>des</strong> hommes et <strong>des</strong> femmes <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>,<br />

véritables symboles d’une symbiose collective pour un développement unique.<br />

Cinq éléments lient les mots et les images : la terre, l’air, l’eau, l’Histoire et les Hommes du Maroc pour un seul cœur, celui <strong>des</strong> récoltes d’avenir.<br />

S<br />

O<br />

M<br />

M<br />

A<br />

I<br />

R<br />

E<br />

Chapitre I. Fès Boulemane 6<br />

Chapitre II. Meknès Tafilalet 26<br />

Chapitre III. Souss Massa Drâa 52<br />

Chapitre IV. Guelmim Es-Smara 84<br />

Chapitre V. Laâyoune Boujdour Sakia Al Hamra 98<br />

Chapitre VI. Oued Eddahab Lagouira 104<br />

Chapitre VII. Marrakech Tensift Al Haouz 112<br />

Chapitre VIII. Tadla Azilal 132<br />

Chapitre IX. Chaouia Ouardigha 144<br />

Chapitre X. Doukkala Abda 150<br />

Chapitre XI. Grand Casablanca 156<br />

Chapitre XII. Rabat-Salé-Zemmour-Zaër 162<br />

Chapitre XIII. Gharb Chrarda Béni Hssen 176<br />

Chapitre XIV. Tanger Tétouan 182<br />

Chapitre XV. Taza Al Hoceima Taounate 192<br />

Chapitre XVI. Oriental 200<br />

Rabat, Avril 2013<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

Page 3


Carte itinéraire<br />

Qui est Aya?<br />

Aya est une jeune femme qui voyage sur l’espace <strong>maroc</strong>ain et promène sa curiosité dans les <strong>terroirs</strong><br />

du Maroc. Aya est à la recherche de produits du terroir. Au fil de son périple, qui s’apparente à une quête plus qu’une<br />

enquête, Aya découvre hommes et femmes <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong> profondément attachés à leur territoire. Elle pose son regard<br />

neuf sur toutes les initiatives qui ouvrent l’avenir et incitent à <strong>des</strong> perspectives de développement. Dans le même temps,<br />

Aya doit reconstituer un bijou dont les pierres sont éparpillées. Les pierres naissent d’une couleur, d’une production du<br />

terroir. Et Aya de récolter ici l’or du miel de Er-Rich, là-bas le rubis rouge <strong>des</strong> cerises de Sefrou… Après son voyage Aya<br />

présentera « le collier <strong>des</strong> possibles », métaphore précise pour montrer les richesses humaines et de production <strong>des</strong><br />

<strong>terroirs</strong> du Maroc. Tout le précieux avenir en un collier…<br />

« Je m’appelle Aya. Un jour, je suis partie en quête de sens et de beauté. Ils ne m’ont pas découragée. Ils m’ont dit « à chaque<br />

aube tu trouveras une couleur, d’aube en aube tu enchâsseras la couleur. La richesse de la terre du Maroc ouvrira ton<br />

cœur. Tu goûteras au sel, au miel, à la pluie bénie et aux dattes, aux aman<strong>des</strong>, aux cerises à l’huile de l’olivier cet arbre de<br />

mémoire, et au pain partagé. Au sable du désert bavard et à l’étoile amie. Ta peau connaîtra l’huile somptueuse<br />

de l’arganier. Au soir venu, l’eau de roses bercera l’obscurité. Tes rêves seront captifs de jarres, le temps d’un sommeil.<br />

Tu les délivreras au long de ton parcours, pour les mêler à ces rêves <strong>des</strong> hommes et <strong>des</strong> femmes rencontrés. Tu poseras<br />

tes lassitu<strong>des</strong> sur le bord d’une route dont tu suivras les sinuosités qui <strong>des</strong>sineront les branches de l’étoile, bannière du<br />

Royaume. Pérégrine, tu découvriras et verras au-delà <strong>des</strong> apparences entre lumière fracassante d’un soleil de bronze et<br />

clair-obscur d’une lune complice. Cet art de vivre qui existe là, et nulle part ailleurs lavera tes doutes et lèvera le voile de<br />

tes incertitu<strong>des</strong>. Aya, tu iras de surprises en étonnements. D’émerveillements en sourires. Au bout de tes nuits tu sertiras<br />

les facettes précieuses à l’or <strong>des</strong> rencontres chuchotées dans les vallons <strong>des</strong> oueds, la verticalité <strong>des</strong> capricieuses gorges<br />

de l’Atlas, la richesse <strong>des</strong> oasis, les traversées fertiles <strong>des</strong> caravanes au Sahara, l’ocre <strong>des</strong> terres et l’obstination fleurie <strong>des</strong><br />

paysans … Tu l’auras ton bijou Aya, le Maroc tient toujours ses promesses. »<br />

Je suis allée dans cette quête telle une assoiffée et dès les premiers pas les murmures <strong>des</strong> femmes sur ma route<br />

entrèrent en résonnance avec mon cœur « Ô Dieu, fais que la pluie soit une pluie généreuse et fertile ».<br />

« Ainsi commença mon voyage…»<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

NB. Voir l’itinéraire d’Aya : page 217<br />

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I<br />

En quête de terroir Fès Boulemane<br />

« Fès, la grande, berce mes rêves de figues chaâri »<br />

Fès et ses taxis d’un rouge vrombissant marquent mon entrée dans cette ville à la splendeur étourdissante. La nuit m’enveloppe d’une<br />

écharpe soyeuse et je choisis de prendre un repos salutaire dans un hôtel, près d’un jardin. Au petit matin, l’appel à la prière ouvre tous mes sens.<br />

La cité, véritable trésor de l’histoire de l’humanité, tend ses portes. Naît, alors, un impérieux désir d’entrer au cœur de cette ville en éveil. Pas à<br />

pas, à l’ombre du palais de Sa Majesté, j’apprivoise cette vieille dame, ville unique.<br />

Un instant perdue, je trouve, dans cet enchevêtrement de ruelles et d’escaliers, l’une <strong>des</strong> 14 portes ! Vêtue <strong>des</strong> couleurs verte et bleue Bab<br />

Boujeloud est une invite à goûter la Médina ! Pastilla, le nom est un voyage vers la gastronomie <strong>maroc</strong>aine dont Fès est la capitale. Rien d’étonnant,<br />

miels, olives, cerises, truffes, pommes et viande succulente de Béni Guil et de Timahdite , produits d’un terroir riche approvisionnent les chefs<br />

étoilés comme les cuisinières fassies !<br />

Une mélodie s’immisce dans l’étroitesse <strong>des</strong> ruelles, celle qui est chère au cœur de « Léon l’Africain ». Me voilà place Seffarine où le cuivre, l’or<br />

et l’argent font les beaux jours <strong>des</strong> dinandiers photographiés par les touristes. C’est la chamade en mon cœur, j’entrevois Bab Touil, la grande<br />

cour et les 3 fontaines de la Mosquée Qaraouiyne. Juste le temps d’un regard et la porte se referme. Une médersa arbore zelliges, arabesques et<br />

calligraphies. Le marbre et le bois de cèdre taisent mes mots trop courts pour exprimer la beauté sublimée de Fès… Je m’essouffle, m’engouffre<br />

dans une porte, <strong>des</strong> escaliers à la volée. Interminable montée qui, pourtant, a une fin, sur une terrasse où tout est, forgé, sculpté et d’une<br />

élégance rare. Les nuages, le fer, le plateau d’argent sur lequel se prélassent, dans <strong>des</strong> coupelles, 4 miels différents. Buplèvre, thym, romarin et<br />

jujubier ont donné leurs fleurs et leurs parfums. Je croque dans une figue de barbarie : piquante en surface et moelleuse comme un coussin de<br />

sucre glace. Le soleil tire sa révérence, je m’enfonce dans le rêve d’une nuit au caravansérail à l’ombre <strong>des</strong> moucharabiehs, endormie là. Juste<br />

sous le toit coiffé de tuiles vertes vernissées. Fès la grande berce mes rêves de figues chaâri et d’abeilles noma<strong>des</strong>, de précieuses abeilles<br />

<strong>maroc</strong>aines et sahariennes…<br />

La pierre de mon collier est l’agate verte comme la porte Boujeloud.<br />

découvrir<br />

Page 6<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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Itinéraire terroir, My Yacoub<br />

« L’encre noire de la terre est surlignée<br />

d’un trait vert »<br />

Tournant le dos à Fès, je laisse l’histoire <strong>des</strong> pierres, borjs, palais et autres fondouks en suivant une camionnette chargée de<br />

peaux de moutons. Fès et ses tanneurs se rappellent à mon souvenir ! Aux prémices la route est ceinturée de joncs d’un vert tendre.<br />

Au fil <strong>des</strong> virages qui rendent l’itinéraire tortueux je prends de la hauteur et mon regard se nourri de points de vue époustouflants sur<br />

la plaine du Saïs bordée par d’ari<strong>des</strong> collines où seuls les câpriers et leurs couronnes flamboyantes défient la nudité rugueuse du Jbel<br />

Zerhoun. Soudain Moulay Yacoub se dévoile au creux d’un espace fertile où l’encre noire de la terre est surlignée d’un trait vert. L’eau<br />

de Moulay Yacoub nargue l’aridité alentours. Depuis <strong>des</strong> temps lointains, cette ville thermale est vouée à la guérison <strong>des</strong> rhumatismes<br />

et autres problèmes de santé. Eau précieuse qui guérit et apaise, attends-moi, j’arrive !<br />

nature<br />

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OLIVESL’MTA<br />

« Une vie qui circule, nourrie d’elle-même,<br />

entre la terre et le rêve »<br />

Entrer chez Kamal c’est ouvrir la porte d’un<br />

bonheur oublié. Kamal a décidé que sa maison, comme une<br />

promesse en devenir, ferait face à la coopérative L’Mta, cet<br />

outil de développement d’importance. « Avant tout, être<br />

vraiment à côté de la coopérative. Et pouvoir cultiver la terre.<br />

Être là où mon père a grandi, où je l’ai accompagné enfant<br />

pour l’aider aux travaux <strong>des</strong> champs, me rend heureux. Pour<br />

les travaux collectifs, je suis présent, nous triturons les olives.<br />

Certains apportent jusqu’à deux tonnes d’olives ! Nous<br />

améliorons sans cesse la qualité de l’huile extraite. Par exemple,<br />

nous avons totalement abandonné le stockage en sous-sol… »<br />

L’huile que je goûte, plus tard, lovée dans une coupelle fait<br />

monter en moi <strong>des</strong> saveurs d’une douceur inouïe. Un miel<br />

ambré à point « chardons et fleurs de câpriers » démontre que<br />

les épineux, à l’instar <strong>des</strong> chevaux ombrageux, peuvent offrir<br />

en caresses la robe fumante d’un galop sous l’orage ! Marié<br />

à Fatima, Kamal est père de famille. Dans l’encoignure d’une<br />

porte, une jolie fillette brune tend l’oreille et son visage grave<br />

rougi à l’écoute de mes questions, Mariem est la fille aînée<br />

de Kamal « mes enfants feront <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> puis ils choisiront<br />

leur vie, moi je suis parti étudier puis travailler ailleurs. J’étais<br />

technicien. Je me sentais m’affaiblir loin de ma terre. Ici c’est<br />

l’autosuffisance à la ferme pour manger et gagner un peu<br />

d’argent ! » L’homme a appris la collectivité, à écouter l’or<br />

de ses souvenirs quand son père lui a appris ce que son<br />

grand-père lui avait soufflé. Il a appris à construire un avenir<br />

collectif, à aller de l’avant, main dans la main, avec ses voisins<br />

et les ingénieurs. Dans un sourire à fendre les problèmes il<br />

dit : « Je suis heureux ici »<br />

Kamal et sa famille s’accrochent aux flancs d’une colline où les<br />

oliviers sont sertis de ces couronnes flamboyantes qu’offrent<br />

les câpriers avant de rejoindre en fumée les parfums du miel<br />

et les nuages du ciel. Qui a dit que les gens heureux n’avaient<br />

pas d’histoire ?<br />

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L’MTAOLIVESCÂPRES<br />

« A L’Mta, certains parlent d’une kasbah disparue…»<br />

La coopérative Al Alflya triture les olives de L’Mta. Ces olives, sous forme d’huile ou au sel sec sont<br />

réputées dans les familles fassies. Certains agriculteurs montrent <strong>des</strong> oliviers en évoquant une kasbah disparue et<br />

datent la première plantation d’oliviers de la dynastie Mérinide…<br />

L’oliveraie L’Mta est conduite en mode biologique sans aucun traitement phyto-sanitaire. Le goût de l’huile<br />

produite est fameux !<br />

Environ 10 000 tonnes d’olives sont récoltées sur une superficie de 6 500 ha. Huile ou olives de table, le goût <strong>des</strong> olives<br />

de L’Mta est typique de ce terroir bio !<br />

Les piments rouges sont récoltés aussi dans la région. Broyés puis malaxés, ils donnent cette pâte appelée harissa que<br />

l’on peut mélanger à de la purée de carottes pour l’adoucir !<br />

Les câpres occupent une place de choix dans la wilaya de Fès où 16 000 ha sont recouverts çà et là par <strong>des</strong> câpriers. En<br />

quelques chiffres : 13 000 tonnes exportées qui représentent 80% de la production de câpres du Maroc !<br />

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Gourmandise<br />

Itinéraire terroir, Azzaba<br />

Recette « Pastilla »<br />

Ingrédients<br />

1 kg de poulet beldi coupé en dés<br />

2 cuillerées à soupe d’huile d’olive de Skoura<br />

2 gros oignons de Guigou<br />

1 cuillerée à soupe de coriandre ciselée<br />

1 cuillerée à soupe de persil ciselé<br />

1 cuillerée à café de cannelle<br />

1 g de safran de Taliouine<br />

750 g d’aman<strong>des</strong> de Tafraout mondées<br />

3 cuillerées à soupe de miel d’Outat El Haj<br />

11 feuilles de brick<br />

100 g de sucre semoule<br />

100 g de sucre glace<br />

10 œufs<br />

200 g de beurre<br />

Sel et poivre du moulin<br />

PREPARATION :<br />

Faire revenir dans un fait-tout, les oignons coupés en lamelles, le poulet,<br />

le persil et la coriandre , et deux cuillerées à soupe d’huile d’olive, puis<br />

incorporer 20 cl d’eau. Laisser mijoter le tout , à feu doux durant 45<br />

minutes. Saler et poivrer, et ajouter les épices.<br />

En parallèle, faire brunir les aman<strong>des</strong> mondées dans de l’huile d’olive,<br />

jusqu’à ce qu’elles soient dorées. Mixer les aman<strong>des</strong> , en incorporant 200<br />

g de sucre semoule, la cannelle, le miel, et 100 g de beurre.<br />

Dans une troisième poêle, faire revenir les œufs battus dans 100 g de<br />

beurre, saler.<br />

Beurrer un moule à manque rond, déposer 6 feuilles de brick, en les<br />

faisant se chevaucher. Placer au centre une feuille de brick préalablement<br />

beurrée. Garnir avec la viande, badigeonner de jaune d’œuf le pourtour<br />

<strong>des</strong> cinq feuilles de brick. Poser le tout sur la viande, recouvrir celle-ci du<br />

mélange d’aman<strong>des</strong> mixées, renouveler l’opération pour le mélange <strong>des</strong><br />

œufs.Recouvrir le tout <strong>des</strong> feuilles de brick restantes en faisant rentrer le<br />

surplus à l’intérieur du moule. Badigeonner de beurre.<br />

Enfourner, pour une cuisson de 30 minutes. Démouler, décorer la pastilla<br />

de sucre glace et de cannelle, et déguster !<br />

Je m’aventure, <strong>des</strong>tination Azzaba,<br />

2500 habitants, dont environ 900 agriculteurs !<br />

Aucun doute, je trouverai celui ou celle qui<br />

saura me parler d’olives et de cette terre du Maroc<br />

qui donne quand on sait lui demander ! Noir est<br />

le paysage, tranché de rouge : la terre, telle une<br />

future épousée maquillée d’akkar fassi, semble<br />

prête pour le bonheur. Les maisons blanches<br />

et rouges posées sur <strong>des</strong> strates couleur café<br />

attendent les visiteurs du jour ! La route me<br />

donne une certaine idée du Colorado. Tout est<br />

fractures, failles, replis. Rocs-reptiles repus de<br />

gorges, de falaises, de corniches. Seul l’aigle<br />

affamé tournoie sur l’azur. Et vient comme une<br />

envie de croquer le moka <strong>des</strong> rochers, se rouler<br />

dans la terre rouge et s’enduire de peintures de<br />

paix. A propos de paix, sur l’autre versant c’est<br />

elle qui s’impose au regard. Beau sentiment de<br />

plénitude, les oliveraies font <strong>des</strong> demi-cercles<br />

et surpiquent le sol qui offre un matelassé<br />

cousu main par ces hommes et femmes du terroir !<br />

Je dors tout près de Fès en rêvant de<br />

mousseline rose et d’olives noires. C’est décidé :<br />

à mon collier, j’ajoute l’onyx. Noire et brillante<br />

pierre telle la nuit <strong>maroc</strong>aine et les gourman<strong>des</strong><br />

olives !<br />

« Et vient comme une envie de croquer<br />

le moka <strong>des</strong> rochers »<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir Page 15


OLIVESAZZABA<br />

« Où les brunes ne comptent pas<br />

pour <strong>des</strong> prunes ! »<br />

D’abord, il y a ses mains. Fortes, soli<strong>des</strong>. Des mains de<br />

paysanne et de femme. Des mains de mère qui console un chagrin<br />

d’enfant. Puis son teint buriné par le soleil et ces mèches brunes à<br />

peine dissimulées par la touche féminine de sa tenue : un foulard<br />

de mousseline rose. Ensuite on voit ses yeux. Ouverts sur le monde,<br />

curieux. Des yeux de femme qui doit travailler aux champs le jour<br />

et préparer les repas la nuit ! Les olives elle connaît « quand je me<br />

suis mariée j’ai suivi mon époux dans le Sahara. Lorsque j’attendais<br />

mon premier enfant, j’avais <strong>des</strong> envies d’olives, de ces olives de mon<br />

enfance, de mon village d’Azzaba. » Alkamela est revenue chez elle en<br />

1984, elle est aujourd’hui trésorière de la coopérative Al Salah. Les<br />

olives occupent presque toute sa vie. Sous la tonnelle de sa maison<br />

où elle nous reçoit, elle me fait goûter à son « trésor ». Je n’en crois<br />

pas ma gourmandise tant les olives sont délicieuses ! Elle balaie d’un<br />

revers de main mes interrogations à propos du goût unique <strong>des</strong> olives<br />

parfumées « les fruits de l’olivier sont naturels, bio et sans additifs.<br />

La terre ici est exceptionnelle rien d’étonnant que ses fruits le soient<br />

également ! » Lors de la récolte Alkamela ne dort pratiquement pas<br />

« je prépare, chaque nuit, les plats que nous mangerons dans les<br />

champsle lendemain, à l’ombre d’un arbre ». Au moment de la<br />

cueillette, point de repos, il convient de nourrir convenablement<br />

les 7 personnes de la famille qui participent aux travaux : lentilles,<br />

fèves, petits pois, soupes, couscous font le bonheur <strong>des</strong> ventres<br />

vi<strong>des</strong> ! Alkamela est prévoyante, ainsi son rôle de trésorière pour la<br />

coopérative est basé sur le bénévolat « je suis concernée par tous les<br />

aspects de transaction et comme tous les bénévoles de la coopérative<br />

je suis élue ».<br />

Le soleil bâille, la tonnelle ne nous protège plus que de la fraîcheur<br />

qui arrive. Au moment de partir, je pense que le savoir-faire ancestral<br />

a du bon !<br />

« Une discipline et une réussite collectives »<br />

Les oliveraies d’Azzaba couvrent une superficie de 2000 ha irrigués. Ce sont<br />

environ 8000 tonnes d’olives qui sont récoltées annuellement. Un système d’Agdal<br />

( règles coutumières) , est instauré et respecté par l’ensemble <strong>des</strong> producteurs avec un<br />

recrutement de gardiens. La décision de la date de récolte est prise en communauté<br />

par la tribu (Jmâa). Une discipline collective qui permet à Azzaba de diversifier la<br />

production. Ainsi, la filière d’olives de table préparées selon un savoir-faire ancestral<br />

témoigne de cette diversification. A Azzaba la coopérative Al Salah propose :<br />

Olives vertes au citron et au sel<br />

Olives noires au thym<br />

Olives vertes et noires à l’harissa<br />

Olives noires à la menthe<br />

Olives noires au romarin.<br />

OLIVESOLIVES<br />

AZZABA<br />

organisation<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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Gourmandise<br />

Itinéraire terroir, Tafajight<br />

Recette « olives bio » d’Azzaba<br />

Pour 6 personnes<br />

500 grammes d’olives fendues d’Azzaba<br />

1 litre d’eau<br />

Sel, cumin, coriandre, poivre, ail<br />

Un peu d’huile d’olive<br />

Faire bouillir les olives durant 30 minutes dans<br />

l’eau. Égoutter. Prendre une poêle, verser un<br />

peu d’huile d’olive. Ajouter l’assaisonnement et<br />

verser les olives égouttées. Laisser revenir quelques<br />

minutes et servir avec du pain et de l’huile d’olive.<br />

« L’espace m’ouvre ses chemins d’aventure »<br />

Au petit matin, je reprends mon périple avec une envie de me perdre pour mieux me trouver. Un nom chante à mes oreilles « Kandar » comme le massif<br />

que je dois traverser à la recherche du temps perdu ! Sous les oliviers, un homme et son cheval labourent dans la lenteur atemporelle de l’immortalité. Leurs sueurs<br />

se mêlent au musc de la terre en patchwork… Je m’arrête. Dans une cour d’école, <strong>des</strong> mômes entonnent en chœur l’hymne national. Le Maroc est un pays dont le<br />

peuple est jeune. Je fais silence afin de mieux saisir le chant <strong>des</strong> enfants et celui de la terre. En route vers l’avenir du jour qui devrait m’attendre plus loin. Une femme<br />

vêtue de bleu marche aux côtés d’un âne dont le chargement de couleur orange complète le tableau d’une réalité éclaboussée, car soudain l’eau est là. Source, lac<br />

tout devient azur et sûr. J’observe longuement les reflets qui font la vie. L’espace m’ouvre ses chemins d’aventure. Après une longue errance, j’aperçois, sur les toits<br />

<strong>des</strong> maisons du village, <strong>des</strong> grains d’un vif orange ! Plus tard, j’apprends que ce sont <strong>des</strong> épis de maïs qui sèchent. Provisions, prévisions pour un hiver en marche.<br />

Le brouillard doit sévir sur ces plateaux, <strong>des</strong> pierres empilées ressemblent étrangement aux repères <strong>des</strong> montagnards de tous les pays du monde. La neige vient se<br />

poser, trois mois durant, dans le village où une vieille femme me prouve que la beauté se moque <strong>des</strong> années. Un homme montre <strong>des</strong> aman<strong>des</strong> à pleines poignées. Ici<br />

les vergers sont soli<strong>des</strong> et les pommes sucrées conservées au frais. Partout, la montagne veille près de Tafajight .<br />

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POMMES<br />

POMMESTAFAJIGHT<br />

« Des chambres froi<strong>des</strong> naturelles<br />

pour les pommes de Tafajight »<br />

Depuis la fin <strong>des</strong> années 80 et avec l’appui du département de l’Agriculture, les agriculteurs de Tafajight concentrent<br />

leurs efforts sur la culture <strong>des</strong> pommiers. Les délicieuses pommes sont sucrées, fermes et juteuses. La superficie consacrée aux<br />

vergers est de 20 ha environ. L’offre en pommes est estimée à 280 tonnes par an, la surface exploitée pour la culture <strong>des</strong><br />

pommiers est égale à moins d’un hectare par agriculteur mais toute la production arrive sur le marché au même moment, celui<br />

de la récolte. Judicieusement les paysans ont dévéloppés <strong>des</strong> fruitières. Produites au sommet du Moyen Atlas, à 1600 mètres<br />

d’altitude, où les hivers froids laissent la part belle à la neige, les pommes sont stockées dans <strong>des</strong> réserves où elles attendent<br />

patiemment d’être vendues. Des chambres froi<strong>des</strong> naturelles et bio ! Ainsi à Tafajight les hommes tirent parti d’un environnement<br />

rude et proposent <strong>des</strong> pommes sur le marché dès le mois de février !<br />

Entre Sefrou et Outat El Haj<br />

« Une source, soudain m’indique les portes<br />

d’un possible »<br />

Après une nuit de repos bienfaiteur dans une maison d’hôtes je prends le départ depuis Sefrou, ville <strong>des</strong> cerises par<br />

excellence. Depuis 1920, chaque année en juin un festival, désormais inscrit par l’Unesco au Patrimoine Culturel Immatériel, met en<br />

lumière cette production d’excellence.<br />

Vers Outat El Haj, je traverse une épaisse forêt de chênes verts à laquelle succèdent les Hauts Plateaux dont l’immensité<br />

me laisse ébahie. En visuel, au loin, les oliviers d’El Orjane narguent la sécheresse à l’aplomb du soleil. Une source, soudain,<br />

ouvre les portes d’un possible. Des rires d’enfants jouant avec l’eau : mon cœur n’a plus soif ! Les oliveraies se désaltèrent,<br />

depuis <strong>des</strong> millénaires, grâce à une importante réserve abritée dans le ventre de la terre. Au flanc <strong>des</strong> montagnes bordeuses le<br />

chacal n’a d’autre ennemi que le sel <strong>des</strong> jours qui défilent. Je me demande quel goût aura l’or <strong>des</strong> olives dans ces paysages<br />

emplis de retenue. Comme une aridité timide qui recèle, parfois, un bonheur ? J’ai hâte de rencontrer ces apiculteurs <strong>des</strong> sommets !<br />

Puisque les cerises sont là, je choisis le rubis pour mon collier !<br />

terre<br />

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BOUYABLANEMIELS RUCHES<br />

« Des apiculteurs <strong>des</strong> sommets »<br />

Abdallah est un apiculteur amoureux <strong>des</strong> arbres et <strong>des</strong> plantes. D’un lieu<br />

précisément : le site d’intérêt biologique de Bouyablane. Une opération de<br />

protection autorise de grands espoirs pour le développement du secteur<br />

apicole de Ribat Al Khayr, Sefrou. Abdallah et ses collègues disposent de 250 ruches<br />

éparpillées. Durant les mois de mai à juin la récolte est concentrée sur le miel d’origan,<br />

chargé en sucre dont le goût reste en bouche longtemps. Timidement, mais sûrement,<br />

grâce à l’appui <strong>des</strong> institutions et <strong>des</strong> organisations non gouvernementale, l’émergence d’une<br />

profession jusque-là en manque de structuration se profile.<br />

…Et <strong>des</strong> apiculteurs <strong>des</strong> sommets !<br />

Haddou exerce un joli métier « je surveille les fleurs » dit-il. Il est apiculteur depuis 8 ans. Avec<br />

240 ruches les apiculteurs du secteur sont en développement.<br />

Objectif : 1 400 ruches d’ici deux ans ! Lui, a appris le métier avec <strong>des</strong> amis, il possède <strong>des</strong><br />

ruches traditionnelles et d’autres très modernes. Mois par mois il nous égraine son emploi du<br />

temps comme une abeille butinerait les fleurs :<br />

Mois 1 les abeilles dorment, le climat est rude…<br />

Mois 2 Le déplacement <strong>des</strong> ruches commence avec l’éclosion <strong>des</strong> fleurs d’amandiers<br />

Mois 3/4 A partir du 15 on cherche le romarin dans nos montagnes, s’il n’est pas là on se<br />

déroute de 140 kms pour les fleurs de clémentines<br />

Mois 5/7 On revient à Outat El Haj pour les fleurs de jujubier<br />

Mois 8/9 En route pour le buplèvre<br />

Mois 10 C’est de nouveau le romarin.<br />

« La décision de transhumer est prise collectivement et vous l’avez compris nous produisons<br />

différents miels ! »<br />

La région de Fès Boulemane produit, outre les miels de romarin, jujubier et thym, le rare miel<br />

de buplèvre (Zandaz) qui est un produit de terroir à fort potentiel de développement !<br />

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OLIVEOLIVIERS OUTAT EL HAJ<br />

Itinéraire terroir, Missour<br />

« Oléiculteurs <strong>des</strong> Hauts Plateaux… »<br />

« Missour, quand tu aimes il faut partir »<br />

Les oliviers sont vieux de plusieurs centaines d’années, tout comme l’unité de trituration présentée à El Orjane.<br />

Ici le vent rapporte que les noma<strong>des</strong> fixaient leurs tentes avec <strong>des</strong> branches d’olivier inventant ainsi les premières<br />

oliveraies. Légende…<br />

La majorité de la population de la commune de Fritissa travaille pour la coopérative. En 8 ans le nombre <strong>des</strong> adhérents a<br />

été multiplié par 9 ! La période de trituration s’étale sur 90 jours et <strong>des</strong> unités semi-modernes sont installées dans le cercle<br />

d’Outat El Haj afin d’encourager l’auto-emploi <strong>des</strong> jeunes diplômés sans revenus.<br />

Une même question pour les jeunes oléiculteurs rencontrés : quelles sont les qualités de l’huile produite ?<br />

« La mienne possède une traçabilité » dit Jamal. « Mon huile d’olive est naturelle sans additif » avance Mohamed, quant à Aziz<br />

il explique « je ne peux pas te convaincre oralement que mon huile est excellente, je veux te montrer comment je travaille et tu<br />

comprendras pourquoi un tel goût ». Et Hayeddin de conclure « pour le savoir il est essentiel de déguster ! ».<br />

Un périple est un périple. Le mien se veut arabesque sur les<br />

routes. J’avance, regarde et reviens un peu. Ces quelques vers de René<br />

Char m’encouragent à quitter Outat El Haj ses légen<strong>des</strong> et ses sourires<br />

« quand tu aimes il faut partir » dit le poète !<br />

Je suis loin d’être au bout de mes surprises avec cette terre si fertile à<br />

tous points de vue. Sur un parcours <strong>des</strong> chameaux déambulent, le sol<br />

saupoudré d’un vert anis tisse les dégradés jusqu’à la teinte du safran.<br />

Les navets de Missour ne racontent pas l’insuccès <strong>des</strong> films éponymes<br />

mais bel et bien le scénario <strong>des</strong> alicaments. Le navet de Missour est<br />

recherché pour ses bienfaits dans le traitement <strong>des</strong> problèmes<br />

cardiaques ! Les paysages prennent <strong>des</strong> allures lunaires qui s’accordent à<br />

mon humeur lunatique !<br />

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II<br />

En quête de terroir Meknès Tafilalet<br />

« La terre est brune, rousse aussi, frangée de vert »<br />

La terre est brune, rousse aussi, frangée de vert. Un épouvantail ne parvient pas à m’effrayer ! Les feuilles de figuiers tombent<br />

à l’instar de l’oreille <strong>des</strong> ânes las, d’ici ! Plus mon chemin s’étire plus la terre brunit, fonce et s’enfonce. Quelques maisons roses mangent la<br />

noirceur. Nichées entre le blé d’hier et l’abondance de demain. Un trait de lumière sur une ligne d’horizon : le Moyen Atlas semble<br />

désirer couper ma ligne de route ! La pluie, bénéfique et bénie, sculpte <strong>des</strong> reliefs aux cultures d’oliviers, sous le poids <strong>des</strong>quels les collines<br />

font le dos rond. Et ronronnent…Zerhoune, Agouraï, Er-Rich et Sidi Hamza me tentent. Avant, je vais passer vers Midelt en fête, roulent les<br />

pommes d’automne ! Drôle de nom qui tinte à mes oreilles, Midelt, le couvercle afin de rappeler que le village était protégé par <strong>des</strong> remparts avec<br />

une porte ! Plus au Sud je trouverai <strong>des</strong> créneaux. Beaux et rosés, pierres posées. Je décide de partir à la recherche <strong>des</strong> agneaux de Timahdite<br />

dont l’élevage est un acteur majeur de l’économie agricole du secteur. Je m’interroge sur l’étymologie du mot Timahdite : On y trouve la racine<br />

du verbe îhdâ : surveiller. Trouver du sens derrière le sens. Les bergers ne sont-ils point chargés de veiller sur leur troupeau ? Un panneau indique<br />

« Imilchil ». Je craque et croque la pomme sans autre forme de pensée que celle de l’étroitesse du chemin vers Imilchil, du parfum <strong>des</strong> cèdres et du<br />

merveilleux amphithéâtre que forme le cirque de Jaffar où arbres et noma<strong>des</strong> survivent, accrochés à leurs falaises ! Pour l’heure, pomme en bouche<br />

et souvenirs en tête, je pars vers les agneaux sans loup de Timahdite…<br />

croissance<br />

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CÂPRES<br />

CÂPRESZERHOUNE<br />

AGOURAIANIS<br />

ANIS<br />

« Ahmed qui fouille sa mémoire à propos <strong>des</strong><br />

câpres… »<br />

« L’histoire mystérieuse, chuchotée et soufflée,<br />

de l’anis d’Agouraï »<br />

« Quand j’avais 6 ou 7 ans, je ramassais les câpres ! Voilà déjà plus de soixante ans ! C’était un travail piquant, mais c’est<br />

avec cela que la famille gagnait sa vie. Nous ramassions dans un seau métallique puis nous étalions notre cueillette dans un lieu frais.<br />

Ensuite, nous devions trier les câpres et plus les câpres étaient petites, plus elles étaient vendues chères. Ce sont les juifs de notre<br />

quartier à Fès qui mettaient en conserve les câpres. Nous leur vendions notre cueillette et ils réservaient une part de câpres conservées<br />

pour nous. Nous assaisonnions nos sala<strong>des</strong> avec ou les mangions comme légumes pour les tajines ! Ma mère nous disait que c’était<br />

excellent contre les douleurs intestinales… Mais plus tard, j’ai entendu dire que les câpres étaient heu…comment vous dire…bien<br />

heu…aphrodisiaques ! »<br />

transmission<br />

Après Zerhoune, parenthèse fermée, rebrousser chemin vers Agouraï où le soleil reprend le<br />

<strong>des</strong>sus dans sa lutte avec les nuages ! Le blé fait corps perdu avec les gran<strong>des</strong> plaines d’Aït Bourzouine<br />

Ikadarne : son grain pense aux ventres creux et la paille rentrée sera bienvenue. Seuls quelques<br />

indices donnent à voir la moisson passée. Et cet homme qui laboure dans le silence bourdonnant d’un pays<br />

berceau. Ses pas dans ceux de la mule qui lui prépare le sillon nourricier. Et appellera la fin de la faim.<br />

Les anis d’Agouraï me tentent. Serait-ce une nouvelle pierre pour ce bijou dont je suis en quête : la secrète<br />

malachite ?<br />

Je franchis la porte de la coopérative, une douzaine de producteurs m’attendent. Ils veulent raconter<br />

l’avenir, mais leurs mots me plongent dans les siècles passés…<br />

C’est un parfum de secrets, de vérités sucrées salées qui entoure l’origine de l’anis vert du<br />

cercle d’Agouraï. Affirmée connue et historique pour certains, présentée comme une légende<br />

pour d’autres. Ah ! Commençons par croquer cette graine chantante « Pimpinella anisum, Habt<br />

Hlaoua » dont l’arôme reste longtemps en bouche. « Nous utilisons l’anis pour saupoudrer les gâteaux<br />

offerts à la femme qui vient de mettre au monde un enfant » dit un producteur « oui, mais l’anis n’est<br />

pas cultivé depuis longtemps » précise un autre adhérent de la coopérative « Non ! L’anis existait<br />

déjà dans les jardins de la kasbah d’Agouraï ! Ce sont les noma<strong>des</strong> qui l’avaient planté et les Juifs le<br />

cultivaient et le consommaient » tranche un homme âgé. De toute évidence, il n’y a pas …d’évidence<br />

historique, une transmission qui, aujourd’hui est bien réelle « quand ma fille qui est âgée de 3 ans vient<br />

m’aider dans les cultures d’anis elle sait reconnaître la bonne herbe de la mauvaise » m’explique un jeune<br />

producteur enthousiaste. La superficie cultivée d’anis est estimée à 900 hectares. Avec un rendement<br />

de 6-8 quintaux par hectare. Aujourd’hui, les producteurs possédent un savoir-faire dans la conduite<br />

technique, restent à venir un développement de la distribution et une organisation autour de<br />

cette filière.<br />

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AGNEAUXTIMAHDITE<br />

« Une parenthèse hors de tout : Mouna femme<br />

de berger nomade »<br />

AGNEAUX<br />

AGNEAUX TIMAHDITE<br />

«Venez, installez-vous je vais préparer du thé : je n’ai rien à<br />

cacher » raconte Mouna en guise de bienvenue. Derrière le rideau qui<br />

fait comme une porte à sa tente, il y a une longue histoire d’amour<br />

entre la terre où elle est née, voilà 40 ans, et cette grande femme<br />

droite aux yeux qui laissent deviner la fatigue <strong>des</strong> jours de labeur.<br />

Mouna est l’épouse d’Ismaïl, berger semi-nomade qui garde <strong>des</strong><br />

moutons Timahdite. Au début de sa vie il y a une petite-fille qui aime la<br />

nature, l’école. Sa <strong>des</strong>tinée est de travailler à la ferme. Sauf que Mouna<br />

ne l’entend pas de cette oreille. Elle travaille, certes, mais ailleurs dans<br />

les cercles où la main d’œuvre est plus rare. Saisonnière ? Oui, jusqu’au<br />

moment de sa rencontre avec Ismaïl. Mouna entre dans le monde sans<br />

frontières <strong>des</strong> bergers noma<strong>des</strong>. Deux enfants et dix années plus tard,<br />

c’est naturellement qu’elle déclare se sentir chez elle, ici dans la forêt.<br />

« Je me lève vers 5 heures du matin, prépare du thé, du pain et du beurre<br />

pour mon époux qui part avec les 60 moutons. Ensuite je fais déjeuner nos<br />

enfants. Puis il y a le four à chauffer, le pain à cuire ! Si je n’ai pas de lessive<br />

je pars ramasser du bois dans la forêt. Je cueille une plante qui est vendue<br />

au souk, elle aide à trouver le sommeil. Quand je trouve un peu de temps<br />

pour moi alors je tisse la laine. Nous avons droit à la moitié de la laine <strong>des</strong><br />

moutons du troupeau, à 3 moutons pour 10 gardés, c’est ainsi que nous<br />

sommes payés. »<br />

Le jour décline sur le campement. Lahcen, son fils, part à la source avec<br />

son âne, Mouna verse le thé que je n’ai pas terminé, dans sa théière. L’eau<br />

est précieuse : Lahcen mettra 1 heure à en rapporter 25 litres…<br />

Composante essentielle de l’économie<br />

agricole dans le Moyen Atlas, les ovins se<br />

portent bien ! Parmi eux une race se distingue par son<br />

adaptation au milieu et aux conditions climatiques<br />

ru<strong>des</strong>. Le froid dans certains secteurs est présent !<br />

L’appellation Timahdite correspond à la localité<br />

éponyme qui se trouve au cœur du Moyen Atlas, là où<br />

cette race de moutons a été peu à peu sélectionnée :<br />

Tadla, ovins de Zayanes et vraisemblablement le<br />

mouton Béni Guil de l’Oriental auraient contribué à la<br />

sélection pour l’obtention de la race Timahdite. Avec<br />

près de 2 millions de têtes, la Timahdite représente<br />

plus de 11% du cheptel ovin <strong>maroc</strong>ain. Ce mouton qui<br />

se nourrit <strong>des</strong> ressources fourragères du terrain fournit<br />

à l’abattage viande, peaux et laine… Le goût de la<br />

viande dépend <strong>des</strong> écosystèmes sur lesquels le<br />

mouton a mangé. Ils sont, selon l’ANOC qui encadre les<br />

éleveurs pour un produit d’excellence, au nombre de 3 :<br />

les parcours larges comme à Boumia, les forêts de<br />

cèdres et de chênes verts d’Ifrane et enfin les zones<br />

céréalières d’Aglmous et El Hajeb. Les<br />

consommateurs ne s’y trompent pas qui achètent<br />

depuis Agadir ou Marrakech ces moutons pour les<br />

fêtes ou gran<strong>des</strong> cérémonies.<br />

soutien<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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ER-RICH<br />

ROMARINPAM<br />

« Huile essentielle de romarin,<br />

de l’audace, encore de l’audace<br />

toujours de l’audace ! »<br />

Sur la piste qui me conduit à Sidi Hamza, quelques tentes, <strong>des</strong> moutons et <strong>des</strong> chameaux. La couleur noire domine !<br />

L’altitude frise 1 800 mètres et je pense à la toundra. Me voilà sur le Haut Atlas occidental, nappé de romarin. C’est bel et bien<br />

cette plante aromatique et médicinale qui m’entraîne jusque vers un petit village posé au fond d’une vallée. Je <strong>des</strong>cends droit sur<br />

le vert <strong>des</strong> cultures mêlé au jaune <strong>des</strong> toits où le chant du maïs égraine ses notes.<br />

Dans l’objectif de développer les zones rurales de montagne, tout en sauvegardant les ressources végétales, un projet<br />

d’exploitation <strong>des</strong> plantes aromatiques et médicinales est mis en œuvre dans le douar And de Zaouite. Ainsi une unité moderne<br />

d’exploitation et de transformation du romarin a été installée au village et sa gestion confiée à <strong>des</strong> femmes. Une convention lie<br />

cette coopérative de femmes avec l’Institut National <strong>des</strong> Plantes Aromatiques. Déjà, les premiers litres d’huile essentielle de<br />

romarin ont été produits !<br />

Connue pour ses vertus anti douleurs articulaires, l’huile de romarin extraite après cueillette est une huile prometteuse.<br />

Anticipation, audace et adaptation sont bel et bien les mots pour qualifier cette démarche du Plan Maroc Vert.<br />

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ROMARIN ER-RICH<br />

« Quand Aya rencontre Hourya »<br />

Hourya est présidente de la coopérative And,<br />

productrice d’huile essentielle de romarin « ici les femmes<br />

tentent d’être financièrement indépendantes. Pour cela elles<br />

acceptent de se former » et Hourya de montrer fièrement<br />

la chaudière de l’extracteur. L’ambiance est vaporeuse,<br />

communautaire. Les femmes chargent le foyer de bois sec.<br />

Tout est flambant neuf ici ! Dans un coin, <strong>des</strong> sacs emplis<br />

de romarin attendent de partir en fumée. « Avant, au village<br />

nous utilisions le romarin comme combustible pour le<br />

chauffage du four à pain, également pour nos infusions.<br />

C’était un savoir-faire. Aujourd’hui nous avons appris à<br />

extraire l’huile de romarin et nous transmettrons cette<br />

technique à nos filles ! » Sous nos yeux, une brassée de<br />

Rosmanirus officinalis est déposée en une couche<br />

épaisse dans la cuve. Le clic du palan électrique, le clac<br />

du treuil et voilà les plantes aromatiques et médicinales<br />

enfermées, prêtes à recevoir la vapeur d’eau produite<br />

par la chaudière. En osmose et dans un parfum de forêt,<br />

les femmes attendent la précieuse huile qui donnera un<br />

sens à leurs vies. Pour une économie solidaire, collective et<br />

demain peut-être mixte, car pour l’heure « nous sommes<br />

entre femmes » précise Hourya qui ajoute « mais si les<br />

hommes sont prêts alors nous travaillerons ensemble ».<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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ER-RICH<br />

MIELS<br />

MIELS<br />

« Ce sont les montagnes et<br />

la patience qui font<br />

les fleurs à butiner »<br />

Les abeilles le savent : ce sont les montagnes et la patience qui font<br />

les fleurs à butiner. Er-Rich et ses sommets environnants ajoutés aux espaces<br />

de la région Meknès Tafilalet cumulent un pic de savoir-faire qui atteint près de<br />

10 000 ruches !<br />

Romarin, thym, jujubier, origan, menthe, les miels produits sont à l’avenant !<br />

Le cheptel de Er-Rich compte, officiellement 3 990 ruches… La production<br />

de miel s’organise autour de deux types d’apiculteurs, certains débutants<br />

amateurs avec <strong>des</strong> ruches aux faibles rendements, d’autres chevronnés qui<br />

maîtrisent parfaitement le terrain et la conduite de la ruche. Une prise de<br />

conscience naissante oriente les apiculteurs vers une présentation soignée du<br />

produit de la récolte afin de vendre mieux et plus cher le miel. En terme de goût,<br />

le miel de romarin reste un tantinet acide avec <strong>des</strong> parfums de…romarin, le<br />

thym donne en bouche un goût « sauvage » à ce miel foncé ! L’or de mon collier<br />

est là !<br />

MIELS<br />

ER-RICH<br />

« Un remède très efficace<br />

pour l’humanisme ! »<br />

Ils nous accueillent dans leurs locaux, nuit tombée. Les<br />

membres de la coopérative Assafar sont là. L’enthousiasme se<br />

retrouve dans le goût <strong>des</strong> 14 miels différents qu’ils produisent.<br />

Nous sommes un corps, disent-ils en ajoutant qu’ils créent<br />

<strong>des</strong> essaims humains comme leurs abeilles ! Une classe a été ouverte,<br />

<strong>des</strong> diplômes récompensent l’assiduité <strong>des</strong> élèves âgés de 10 à 34 ans!<br />

Prometteuse pédagogie de l’humain dispensée par <strong>des</strong> passionnés.<br />

Oui, le miel de Er-Rich est une porte ouverte sur l’avenir…<br />

(Extrait du discours d’accueil)<br />

« Notre coopérative a été créé en mars 2009 pour répondre à un<br />

besoin de développement du travail apicole dans la Région…/…<br />

Une association existait depuis 1999, cette expérience de dix<br />

années a permis l’obtention de résultats encourageants…/… Nos<br />

objectifs sont les suivants : favoriser le développement de l’esprit<br />

de solidarité et d’entraide entre les habitants de la Région.<br />

Participer aux actions de développement humain en améliorant<br />

la situation économique <strong>des</strong> membres de la coopérative, en créant <strong>des</strong><br />

postes d’emplois saisonniers – gardiens de ruches – et permanents –<br />

vente <strong>des</strong> produits et préparation du matériel. Encourager l’auto-emploi<br />

chez les jeunes, lutter contre le chômage et la pauvreté en proposant<br />

aux familles <strong>des</strong> activités lucratives qui permettent un revenu stable et<br />

permanent. Diffuser les techniques modernes de l’apiculture, encourager<br />

la production de miel biologique, participer à la sauvegarde de l’abeille<br />

saharienne…/… Mais après tout, travailler avec les abeilles c’est<br />

aller dans la Nature, les montagnes, les paysages. Voyager et rencontrer<br />

d’autres gens avec d’autres mentalités. Gagner sa vie et ne pas la perdre<br />

en oisiveté…/… »<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir Page 37


BLÉ DURHAUT-ZIZ<br />

« Les couleurs de mon chapeau<br />

c’est pour le ciel, les nuages et les blés ! »<br />

Mouloud parle peu. Question d’habitude. Son<br />

chapeau <strong>des</strong>cend doucement vers ses yeux, autour de<br />

l’homme les femmes de la coopérative bavardent. Leurs<br />

échanges se font en arabe et en amazigh de l’Atlas,<br />

plus guttural et typé. L’harmonie règne, tandis que<br />

Mouloud raconte qu’il établit avec la coopérative une<br />

relation gagnant-gagnant, « je leur vends le blé qu’elles<br />

transforment en couscous. Je sème à la volée et je<br />

moissonne à la main ! Mon blé fait la meilleure farine qui<br />

soit ! »<br />

Mouloud qui confie connaître le métier de paysan par<br />

ce que son père lui a transmis, privilégie les engrais<br />

naturels fournis par ses vaches. Sa terre est labourée<br />

en novembre il récolte le blé en juin. « Je n’ai jamais<br />

pensé à faire autre chose qu’à être paysan… » Les mots<br />

sont comptés aussi pèsent-ils du poids de la graine qui<br />

devient nourriture. Et lorsque je demande à Mouloud<br />

pour quelles raisons il a acheté un joli chapeau avec<br />

trois couleurs il répond à la volée, comme le semeur de<br />

vie qu’il est « or pour le blé, blanc pour les nuages, bleu<br />

pour le ciel ! » Dehors la pluie s’est déposée en flaques<br />

qui font flocs, le ciel est lavé, les nuages roulés…<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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BLÉ<br />

COUSCOUS HAUT-ZIZ<br />

« Respirez le parfum de ma terre sous la pluie ! »<br />

Elles sont assises sur le sol. L’ambiance est bleutée, leurs mains roulent, tamisent, élaborent le fameux grain de<br />

couscous qui est « une affaire de femmes ». Les 37 adhérentes de la Coopérative du Haut-Ziz produisent plus d’une tonne de<br />

couscous et de M’hamsa. Ce blé dont les qualités sont attribuées au milieu – climat, altitude, type de sol et eau – ainsi qu’à la<br />

variété. La dextérité avec laquelle, sous leurs mains, la farine devient petits grains va de pair avec la gestion de cette coopérative qui<br />

permet aux adhérentes d’accéder progressivement à une autonomie financière. La tâche est longue : 50 kilogrammes de<br />

couscous obtenus après 8 heures de travail pour 6 femmes ! Mais la notoriété arrive, le couscous du Haut-Ziz roulé à la main,<br />

comme autrefois, est connu en Italie, en France ! Lorsque je demande ce qui fait la différence avec d’autres couscous d’une<br />

seule et même voix, les femmes affirment « c’est la qualité, elle est obtenue par le climat, la terre et notre savoir-faire ancestral ! »<br />

À en juger par le fumet du plat de couscous préparé dans la cuisine, ces femmes-là, qui n’hésitent pas à avoir recours à leurs<br />

propres moyens et à travailler chez les unes ou les autres en attendant d’avoir un local pour leur coopérative - sont dans le vrai !<br />

Le bronze et le blé pour mon collier.<br />

goût<br />

Recette « Couscous du Haut-Ziz »<br />

Ingrédients :<br />

Pour six personnes<br />

1 kg de semoule de blé du Haut Ziz<br />

8 carottes, 8 navets, 2 tomates, 2 aubergines<br />

½ chou , 8 courgettes, 4 pommes de terre<br />

3 oignons, ½ tête d’ail, 400 g de citrouille<br />

250 g de pois chiches, 125 g de raisins secs<br />

½ bouquet de persil plat<br />

½ bouquet de coriandre fraîche.<br />

2 piments verts, 1 pincée de safran de Taliouine<br />

1 cuillère à café de gingembre<br />

6 morceaux de poulet beldi ( cuisses , ailes)<br />

20 cl d’huile d’olive, 75 g de beurre<br />

sel, poivre<br />

Gourmandise<br />

Préparation de couscous du Haut-Ziz :<br />

La veille, mettez les pois chiches à tremper. Le jour même, versez<br />

l’huile dans le bas du couscoussier. Faites-y fondre les oignons pelés<br />

et hachés, les pois chiches, les tomates concassées, le chou et l’ail<br />

écrasé et les morceaux de poulet. 

Ajoutez 2 litres d’eau, du gros<br />

sel, du poivre et le safran. Couvrez et laissez frémir 30 min. 
Versez<br />

la semoule dans un plat (gasaa), recouvrez-la avec 50 cl d’eau froide<br />

salée, mélangez et laissez reposer 30 min en brassant de temps en<br />

temps. Ajoutez à la marmite les carottes et les navets en morceaux,<br />

puis le persil. Laissez cuire 20 min. Ajoutez les aubergines en cubes,<br />

faites cuire 10 min. 

Ajoutez les pommes de terre en cubes, les<br />

courgettes en tronçons et les raisins secs, et le gingembre pour 20<br />

min. Ajoutez enfin la coriandre, et le persil, laissez cuire 10 min.
<br />

Pendant la cuisson <strong>des</strong> légumes, après l’ajout <strong>des</strong> carottes et <strong>des</strong><br />

navets et de la citrouille.<br />

Mélanger la semoule avec 2 cuillères à soupe d’huile puis mouiller<br />

avec un peu d’eau bouillante. Laisser la semoule absorber l’eau puis la<br />

placer dans la partie haute du couscoussier jusqu’ à ce que la vapeur<br />

traverse les grains. Environ 15 min, reversez dans le plat.<br />

Aspergez d’un verre d’eau froide, travaillez à la main, pour faciliter la<br />

diffusion de l’huile, tout en arrosant avec un peu d’eau, laissez<br />

reposer 10 min. Refaites cuire 10 min sur la marmite, laissez reposer<br />

10 min, puis réchauffez. Retirez de la marmite, incorporez le beurre et<br />

brassez. Servez la semoule, le poulet et les légumes ensemble (pois<br />

chiches à part) et le bouillon filtré dans une soupière.<br />

Servir aussitôt avec du bouillon à part pour ceux qui aiment bien<br />

arrosé.<br />

Le couscous est une perle rare !<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir Page 41


Itinéraire terroir, Erfoud<br />

« Le désert ouvre ses mâchoires,<br />

la gazelle Erfoud s’en échappe »<br />

J’ai dormi sur un lit de rêves. Au-<strong>des</strong>sus de ma tête, rochers striés, cabossés,<br />

ravagés par la fureur de l’oued. Le Ziz, rivière aux eaux serpentines, impose sa force<br />

sinueuse et l’âpreté <strong>des</strong> paysages assiégée par ce ruban fertile donne un chant guttural<br />

à ma route. Du coude formé par le Ziz à Er-Rich au virage qui ouvre la vue sur le barrage<br />

Hassan Dakhil il y a plus d’un pas et d’une corniche ! Un légionnaire – soldat inconnu – aura<br />

laissé son nom au tunnel Zaaben qui avale mon itinéraire. L’aurore pointe, la brume se<br />

lézarde, trouées de fumées bleutées et de lueurs pourpres. Le passage jusqu’à Errachidia,<br />

conjugue les couleurs de la nature au plus que parfait ! Roches brunes, lac vert émeraude,<br />

parois d’un rouge resplendissant éclaboussent ce paysage ! A Errachidia le bruissement<br />

de l’Histoire me raconte la ville aux 3 noms : Imtaghren ,Ksar Souk devenu Er Rachydiya<br />

en l’honneur du fils cadet de Hassan II, le Prince Moulay Rachid. Après un thé je laisse le<br />

« Café Soleil » qui pose cette énigme : qu’a fait le soleil ? L’aridité répond. Rien n’est définitif.<br />

Toujours se profile l’aube, la source, l’aïn. Le désert ouvre ses mâchoires, la gazelle « Erfoud »<br />

s’en échappe et bondit vers les sables émouvants de l’erg Chebbi. A moins qu’Erfoud ne<br />

soit traduit par « campement provisoire ». Les dattes, qui ici sont fêtées chaque année en<br />

octobre, me donnent leur sucre d’or le temps pour moi de m’imaginer nomade ou filalia.<br />

Vers cette palmeraie qui a si grand renom je me suis mise en route sous les tamaris. Je suis<br />

comme qui s’embarque sur la mer. La route se laisse errer, à la recherche d’ombre salutaire,<br />

parmi les vallonnements secs, parmi les îlots fleuris de l’oued où les arbres sont hirsutes.<br />

L’approche paysagère m’évoque le fruit ô combien sacré du dattier. Mes yeux sont secs<br />

d’avoir embrassé le désert, j’attends le suc, le nectar, l’ovale. Je suis comme qui s’embarque<br />

sur la mer. Ma nef accostera bientôt sur les vagues <strong>des</strong> dunes blon<strong>des</strong> de Merzouga. Une<br />

mélopée d’un rose tendre rafraîchit le ciel : Sijilmassa, la cité perdue. Au cœur de son dédale<br />

de ruelles, à l’abri de murs épais, le voyageur récoltait poussière d’or, ébène, ivoire et un<br />

aller pour le Soudan, l’Egypte. Je rêve. C’était avant. Au temps <strong>des</strong> pistes et <strong>des</strong> caravanes.<br />

Les lions venaient-ils boire l’eau de Sijilmassa ?<br />

Palais cinglés d’azur, palmeraies qu’un vent insolent tourmente, sous un ciel d’un bleu<br />

turquoise comme la pierre que j’ajoute à mon collier.<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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« Portrait d’un petit garçon devenu grand ! »<br />

D’MAN AGNEAUXBREBIS<br />

Ma route croise celle d’une silhouette ronde, poupine et altière tout à la fois.<br />

Les cheveux courts et frisés confèrent au bonhomme dont la peau s’inspire de l’Afrique du<br />

nombre et <strong>des</strong> ombres, un exotisme qui m’interroge.<br />

D’où est-il ? Où va-t-il ? Que veut-il ? Appelons-le Maammri, il serait homme d’affaires et tend<br />

patte blanche. Il en a rentré les griffes si utiles en ville. Où ceux <strong>des</strong> ksars du Sud furent,<br />

longtemps montrés du doigt. Futile histoire d’huile d’olive au petit déjeuner !<br />

Maammri l’intellectuel, souvent réfléchi à haute voix, monté du Sud à Rabat comme tant<br />

d’autres, il n’a rien effacé de sa mémoire paysanne. D’aucuns rient de lui lorsqu’il avance ses<br />

hiers du ksar, soit ! Laissons-les faire ! Un jour il démontrera que la force d’une tribu ne peut<br />

être annihilée par simple décision. Certes, les murs tomberont, il en bâtira d’autres. Curieux<br />

de tout l’homme reste un personnage curieux ! Donnant à voir un bloc de certitu<strong>des</strong>.<br />

La faille porte un nom : Aït Maammar Jdid, lieu où je le croise. Une poussière complice<br />

enveloppe chaque être, chaque objet, chaque souvenir. Là une poutre déglinguée, ici<br />

un éclat de ciment grisâtre. L’homme qu’il est devenu avance. Chacun de ses pas le fait<br />

remonter en enfance, voyage à l’envers du temps. Maammri est intimidé. Franchir la<br />

première porte devient aisé les hiers lui reviennent pleine face. Odeurs de foins séchés « ce<br />

devait être de la luzerne ? » Il questionne, histoire de se rassurer, montre la bergerie. Affluent<br />

les images de jarres emplies <strong>des</strong> richesses qui faisaient, il y a si longtemps, la vie <strong>des</strong> oasiens.<br />

Dattes, beurre, céréales. Enterrées, les jarres berbères conservaient l’indispensable. Il en<br />

va de même pour le passé de Maammri et son devenir.<br />

Retour à la mère terre nourricière. « Il ne reste que <strong>des</strong> ruines ! » Bâtir à nouveau par les<br />

mots. Ruines. Témoins d’un temps où les tribus furent éclatées, éventrées. Éclater la bulle<br />

matricielle débordante de savoirs, de vouloirs issus <strong>des</strong> longues marches. Sagesse<br />

tolérante. En témoigne le ksar, offrande aux errants venus d’Afrique Noire ! Éviter les<br />

mélanges qui pourtant font de si beaux enfants ! Retour à Maammri. Le petit garçon émerge<br />

totalement. Toujours debout et même plus, au milieu du brouhaha tranquille <strong>des</strong> ruelles,<br />

il parle. Répare la césure puisque la serrure est cassée. Les portes volées ! Quelques pas<br />

encore, guidés par le froufrou soyeux de pigeons bleus. L’eau, à côté d’une volée de soleil<br />

vert, coule et file. Bientôt, elle sera de retour. Maammri le sait en son intime pays- berceau.<br />

Laissons faire les non-dits, laissons rire les ignorants. Maammri désaltère la soif de ses<br />

racines. Dernier regard « ce sont nos palmiers ici ». La fierté est douce et les mots restent<br />

ouverts. « Il y avait <strong>des</strong> trésors ici ». Maammri a compris que le plus grand est celui de la<br />

mémoire irriguée, chaque <strong>des</strong>cendant <strong>des</strong> oasis est riche de cette mémoire-là !<br />

« Nous… »<br />

Malika est veuve depuis 5 années, elle élève 7 enfants. Intimidée par les questions, Malika balbutie « je perçois une<br />

pension de veuvage, mais cela ne suffit pas. Avec les 2 brebis reçues grâce à la coopérative Namaà je m’en sors bien ! » Autour de la<br />

table, deux yeux noirs ne quittent pas la conversation. Le regard est profond, brut sans être brutal. La voix qui l’accompagne est<br />

directe « je suis née à Rissani, enfant j’allais à l’école puis vers l’âge de seize ans je me suis mariée. Sans ce projet de brebis, j’aurais<br />

beaucoup de difficultés à faire vivre mes enfants. Mes filles, ici, bénéficient de cours de broderie, de couture » confirme cette<br />

adhérente. « Le pays est bon, il est beau, mais vous savez nous sommes généreux et pudiques à la fois. Je ne veux jamais partir d’ici<br />

même s’il y a <strong>des</strong> difficultés il y a aussi de la tendresse ! » Je me tourne vers Saïda, présidente bénévole de la coopérative qui compte<br />

9 membres. Le principe est simple : les femmes reçoivent deux brebis suitées généralement de la race D’man et font grandir leur<br />

cheptel. Elles peuvent vendre les agneaux ou choisir de les garder. Saïda pense que l’alphabétisation est importante aussi. Cette<br />

jeune femme donne <strong>des</strong> cours aux éleveuses et aux enfants 3 jours par semaine. Je lui demande de résumer en une phrase l’esprit<br />

de la coopérative sa réponse me laisse sans voix : « je n’ai pas besoin d’une phrase pour ça. Cette coopérative permet aux femmes<br />

d’être ensemble et d’améliorer leurs conditions de vie. Je vais utiliser un seul mot: NOUS. Voilà ici c’est NOUS. »<br />

solidarité<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir Page 45


DATTESDATTES TAFILALET TAFILALET DATTESDATTES<br />

« Des dattes à oublier le temps »<br />

« À Aoufous, les dattes comme <strong>des</strong> futures mariées<br />

attendent que l’on demande leur main! »<br />

Les dattes Majhoul du Tafilalet sont labellisées « Indication Géographique Protégée. » Demi-molles, de couleur marron<br />

plus clair dans la partie supérieure, ses dimensions peuvent atteindre 6,5 centimètres de longueur, 4 centimètres de largeur et 30<br />

grammes de poids !<br />

L’aire géographique de ces dattes I.G.P. se situe sur 30 communes réparties entre les deux provinces d’Errachidia et Tinghir.<br />

Avec un patrimoine estimé à près de 2 millions de pieds, la production phoenicicole du Tafilalet apporte sur le marché <strong>maroc</strong>ain<br />

près de 26% de la production nationale ! Les variétés récoltées sont les suivantes Majhoul, Boufeggous, reconnue IGP depuis 2012,<br />

Bouslikhen, Khalt. La variété Majhoul représente seulement 1% de la production. En dehors <strong>des</strong> vergers de Majhoul, nouvellement<br />

installés, le palmier dattier n’exige pas d’entretien spécifique. Un effort portant sur le traitement postrécolte, la promotion et la<br />

transformation est en cours de développement.<br />

Posées sur <strong>des</strong> cadres de bois recouverts de<br />

tulle blanc, les dattes de la coopérative Alwaha sont<br />

désirées. Avant que de céder à l’incorrigible<br />

gourmandise <strong>des</strong> consommateurs, elles seront<br />

transformées, conditionnées. Fatima, secrétaire de<br />

la coopérative bien nommée « Alwaha », l’oasis, ne<br />

rencontre aucune difficulté à nous convaincre de<br />

l’efficacité <strong>des</strong> formations pour mieux apprendre à<br />

transformer les dattes. Il lui suffit de nous tendre un<br />

morceau de pain tartiné de confiture de dattes roses,<br />

ou de ce mélange d’aman<strong>des</strong>, dattes et graines de<br />

sésame pour ouvrir nos papilles. Je me gave de bonheur<br />

gustatif, entre ombre et soleil. Ici on a tout pour le<br />

gourmand aventurier… Les pots sur lesquels je lis<br />

« Wahati » renferment les mystères du désert. Et ils sont<br />

à la hauteur de l’attente !<br />

C’est l’ambre <strong>des</strong> dattes que je récolte pour mon collier !<br />

typicité<br />

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DATTESTAFILALET<br />

« Pour une belle récolte, il faut de la pluie »<br />

Taoufiq est un président heureux !<br />

Les pluies de ces dernières heures sont<br />

autant de promesses d’une récolte<br />

fructueuse. Taoufiq affectionne ce métier<br />

de producteur de dattes « ne me demandez<br />

pas de me séparer d’elles. Les dattiers et leurs<br />

fruits sont mes compagnons depuis que je<br />

suis enfant. J’ai grandi avec et n’envisage pas<br />

d’autre métier que celui qui est celui de mon<br />

père, ce métier qui est le mien. »<br />

Taoufiq a suivi <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> puis tenté<br />

de « divorcer » <strong>des</strong> dattes en devenant<br />

installateur de relais pour les<br />

télécommunications. L’appel du palmier<br />

a sonné plus fort ! Dans son unité de<br />

transformation, les dattes sont triées,<br />

calibrées et rangées sagement à l’intérieur<br />

de boîtes qui prendront le chemin de leur<br />

commercialisation à Erfoud ou Casablanca.<br />

« J’ai la possibilité de vendre en vrac, mais<br />

j’aurais, alors, le sentiment de ne pas<br />

travailler pour moi ! » dit-il. Belles et sucrées,<br />

les dattes de Taoufiq font référence chez les<br />

consommateurs. Et lorsque l’on voit la<br />

petite fille de Taoufiq promener ses 2 ans sur<br />

la palmeraie alors le doute est mort : c’est la<br />

vie qui l’emporte !<br />

« Comme un parfum d’Orient »<br />

Maintenant, la porte est ouverte, là-bas. Je traverse la rue<br />

entre les vélos zigzagants et les voitures tout terrain en piste pour l’aventure<br />

du désert. J’ai rendez-vous avec une mélodie en sous-sol ! Je laisse le jour et<br />

<strong>des</strong>cends vers l’obscurité. Du moins le crois-je ! Dans les escaliers, un<br />

incessant ballet de femmes et d’hommes qui portent paniers recouverts de<br />

linge. Que dissimulent-ils ? Le parfum qui monte <strong>des</strong> entrailles du lieu est<br />

celui du bois brulé et du pain doré ! Enfin, je croise le regard de l’homme du four :<br />

c’est à lui qu’il advient de cuire la précieuse pâte à pain. À lui aussi le privilège de<br />

conduire la Medfouna à son point délicieux. Du front de l’homme tombe la sueur,<br />

le four a faim de bois. Les Hommes de pain ! La Medfouna sera !<br />

Recette « Medfouna »<br />

Pour 4 personnes<br />

1 kilo de farine + 1 pincée de levure + 1 pincée de sel + eau<br />

Pétrir pour former une pâte à pain.<br />

Garniture<br />

500 grammes de filet de veau coupé en petits morceaux<br />

50 grammes de graisse de veau<br />

1 gros oignon<br />

Coriandre et persil, sel, poivre, gingembre<br />

2 cuillerées à soupe de cumin<br />

Quelques gouttes d’huile d’olive<br />

Malaxer le viande, la graisse, l’oignon coupé et l’assaisonnement.<br />

Gourmandise<br />

Diviser la pâte en deux boules, les étirer en deux disques plat<br />

Poser la garniture sur la pâte de <strong>des</strong>sous puis fermer avec le second disque de pâte.<br />

Aplatir et souder les bords avec un peu d’eau.<br />

Cuire 30 minutes dans le four à pain.<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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ERFOUD<br />

DATTESPALMIERS<br />

GOMBOGOMBO FILALIA<br />

« Avec la complicité du ciel »<br />

« Le gombo ouvre l’appétit me dit-on ! »<br />

Ils sont six, face au tapis roulant sur lequel les<br />

dattes passent. Rapidement, mais consciencieusement<br />

ils trient et calibrent. Ils sont travailleurs saisonniers et<br />

consacrent leurs journées au fruit si symbolique qui est<br />

omniprésent dans la vie <strong>des</strong> Croyants. Au moment du<br />

mariage, au retour du pèlerinage en association avec du<br />

lait, à cet instant précieux de la cérémonie <strong>des</strong> anneaux,<br />

l’incontournable datte tient sa place.<br />

À Erfoud, comme ailleurs au Maroc, les dattes sont<br />

importantes. Aux yeux d’Abdellah, saisonnier, les dattes<br />

qu’il trie représentent le fruit d’un travail de longue<br />

haleine sur de nombreux mois avec la complicité du<br />

ciel. Après la récolte, le tri et l’emballage, il entretient<br />

les palmiers pour son employeur. Je lui demande s’il<br />

aimerait avoir sa propre unité de production et son<br />

visage s’éclaire, illuminé par la lumière de l’espoir « oui !<br />

Bien sûr que oui ! Je possède déjà du terrain et un jour<br />

j’aurai mes palmiers et mes dattes ! »<br />

J’avais pris date pour les dattes, or le<br />

gombo s’installe au son <strong>des</strong> instruments de la<br />

fête du village traversé ! Cultivé essentiellement à<br />

Jorf, Alnif, Rissani et Erfoud, ce légume fort ancien<br />

consommé en Égypte à l’époque <strong>des</strong> pharaons<br />

serait arrivé jusqu’au Maroc dans les lour<strong>des</strong> charges<br />

<strong>des</strong> caravaniers venus d’Afrique noire. Je rencontre<br />

“Abelmoschus esculentus” dans le petit jardin d’une<br />

famille proche de Rissani. Chacun <strong>des</strong> membres<br />

de ce clan participe à cette culture familiale dont la<br />

cueillette se fait avant le lever du soleil. Le gombo<br />

ouvre l’appétit me dit-on ! Je crains, en voyant un<br />

gombo, qu’il ne soit un piment. Je suis rassurée en<br />

goûtant ce légume-fruit dont la saveur évoque celle<br />

<strong>des</strong> aubergines. Ma pierre sera l’améthyste.. Son nom<br />

de famille, à lui seul, ouvre l’horizon <strong>des</strong> parfums :<br />

mauves, hibiscus et coton sont cousins du gombo !<br />

Étourdie par la chaleur du jour et du four, l’âme en<br />

suspens, j’attends la fraîcheur du soir. Elle se profile<br />

et s’enhardit. Je crois bien que la Medfouna m’a<br />

ensorcelée, j’ai grappiné <strong>des</strong> sourires…Tout est<br />

allégresse ici, même le chant cristallin de l’eau dans<br />

la fontaine ancienne surmontée d’un magnifique et<br />

magique couronnement de bois habilement sculpté.<br />

La fontaine agite sa chanson au centre d’une cour<br />

carrée et rappelle que l’on ne doit jamais laisser<br />

quiconque dans la soif. Ce soir je dors, apaisée, dans<br />

un ksar quelque part entre le bonheur et le ciel.<br />

ancrage<br />

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III<br />

En quête de terroir Souss Massa Drâa<br />

« Amandiers, grenadiers entrelacent<br />

les arganiers centenaires »<br />

C’est un parfum fleuri qui me salue ! Avant, j’ai traversé le village où les<br />

soufflets respirent ! A Kelâat M’gouna, les roses s’affichent. Personne lorsque j’arrive<br />

dans la bourgade. Partout <strong>des</strong> mots « Produits à la rose », « Distillation de rose »,<br />

« Véritable eau de rose »… Avant que d’aller flirter avec les fragrances rares <strong>des</strong><br />

roses, je porte mon regard sur les kasbahs…Fortifiée, en pisé, celle de Kelâat<br />

M’gouna dresse ses souvenirs sur un éperon, un pic comme une péninsule<br />

face à la mer de rochers ! Au centre d’un important réseau d’échanges les<br />

meurtrières, fenêtres étroites où les grillages protégeaient la vue autant que la vie !<br />

Je m’imagine châtelaine distillant ordres et parfums… D’ambre, musc, safran,<br />

patchouli et vanille lointaine, ma préférence rêvée conduit mes pas jusqu’aux<br />

roseraies devant lesquelles je fais la révérence … Puis je reprends mon itinérance.<br />

J’entends résonner les légen<strong>des</strong> qui circulent dans les mille kasbahs. Comme <strong>des</strong><br />

pointillés tout le long <strong>des</strong> oueds Dadès et Hajaj, les fleurs de la nature enchantent<br />

pierres et pisé.<br />

Amandiers, grenadiers entrelacent les arganiers centenaires. Ici les hommes ne vivent<br />

pas uniquement dans le souvenir <strong>des</strong> tours carrées badigeonnées de blanc décorées de<br />

motifs géométriques. Ces symboles prennent tout leur sens pour les hommes et les<br />

femmes du Maroc qui, s’ils cultivent la mémoire, sont dans la vie et l’avenir…<br />

authenticité<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir Page 53


Curiosité : Gorges du Dadès<br />

« Ainsi parle la légende du Dadès »<br />

À si douce et désuète allure, en suivant le<br />

soleil, mes jambes me portent jusqu’aux légen<strong>des</strong>. La<br />

montagne, l’Atlas est là dans mon dos. Au-<strong>des</strong>sus de ma tête,<br />

vaste paysage debout, abrupt, ramassé ; depuis le vol <strong>des</strong><br />

oiseaux rasant les cimes jusqu’à cette touffe de romarin<br />

nourrie de vent accrochée, telle une conquérante, aux<br />

parois calcaires. Des humains, groupés en une foule,<br />

auraient été pétrifiés pour avoir commis un sacrilège…<br />

Ainsi parle la légende du Dadès…<br />

avenir<br />

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ROSESKELÂAT M’GOUNA<br />

ROSES<br />

« Mes plus beaux souvenirs sont dans les champs ! »<br />

« Mon amie la rose…<br />

de la vallée du M’Goun »<br />

ROSIERS<br />

KELÂAT M’GOUNA<br />

Rqia me reçoit autour d’un thé à la rose. Ambiance<br />

sucre-doux, à l’instar du tajine suave que nous partageons. Rqia est<br />

présidente de la coopérative Soffi. Ses vêtements chantent déjà l’ode<br />

à la rose : robe longue rose décorée de petites fleurs blanches, foulard<br />

à l’unisson. « J’aime la couleur rose, le parfum <strong>des</strong> roses dans les champs<br />

à l’aube et au coucher du soleil, j’aime la douceur d’une crème à la rose !<br />

Et j’aime tant la musique du Coran ! » Lorsqu’elle était enfant, Rqia<br />

cueillait <strong>des</strong> bouquets de roses qui étaient vendus à Marrakech.<br />

Depuis l’installation en coopérative les plantations de rosiers sont en<br />

augmentation et la transformation - extraction, produits dérivés<br />

cosmétiques - permet une vie matériellement meilleure. « Le travail de<br />

cueillette est confié aux femmes. Les hommes n’en veulent pas ! Nous<br />

cueillons de l’aube jusqu’à midi et c’est bien d’être environnée de parfum<br />

de roses, mais je vous assure que le travail est dur. » Pour faire face aux<br />

contrefaçons qui ne manquent jamais, dès lors qu’un produit connaît un<br />

succès mondial, la coopérative SOFFI a mis en place une traçabilité qui<br />

donne une identité forte aux produits. Ainsi, lorsqu’une jeune mariée,<br />

quelque part au Maroc, utilise la poudre de rose de Soffi pour magnifier<br />

son corps elle est assurée de la qualité du produit. Magie <strong>des</strong> senteurs<br />

et sensualité du toucher ; vive la rose ! Quant à moi, c’est décidé, je<br />

choisis la tourmaline rose pour mon collier !<br />

La rose de Kelâat M’gouna-Dadès a reçu<br />

l’Appellation d’Origine Protégée. La couleur <strong>des</strong><br />

fleurs est rose. L’aire géographique de cette A.O.P. est<br />

concentrée sur le territoire de 6 communes rurales<br />

du bassin hydrologique du Dadès-M’gouna : Kelâat,<br />

Aït Sedrate Shel Gharbia, Aït Sedrate Shel Charkia, Aït<br />

Ouassif, Souk Lekhmis et Ighil N’oumgoun.<br />

Elle vient de loin, probablement originaire de<br />

Damas, d’où son nom de rose damascena, la rose<br />

cultivée dans la vallée du M’Goun est une variété <strong>des</strong><br />

temps « d’autrefois ». Présente sur notre planète<br />

depuis 35 millions d’années, cette rose aurait été<br />

transportée depuis La Mecque jusque dans le sud du<br />

Maroc. Amoureux du climat et du sol ces rosiers dont<br />

la plantation est faite sous forme de haies séparant<br />

les parcelles agricoles irriguées par les traditionnelles<br />

séguias, exhalent le parfum poivré puissant et fleuri<br />

<strong>des</strong> roses de leurs branches ! Au mois de mai, après<br />

les dures collectes durant lesquelles les épines<br />

acérées accrochent bras et mains, comme un signe de<br />

protection, un festival est organisé à Kelâat M’Gouna.<br />

Pour le sens, l’essence et l’essentiel d’une fleur<br />

connue dans tout le Royaume et le reste du Monde !<br />

Pour 1 litre d’huile essentielle de rose, il faut 5<br />

tonnes de pétales de rose. L’eau de rose est moins<br />

gourmande : un kilo de pétales suffit à extraire un litre.<br />

« Ne te plains pas que la rose a <strong>des</strong> épines, mais<br />

réjouis- toi que les épines aient <strong>des</strong> roses. “<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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SKOURA OLIVES HUILE<br />

« Il faut donner un peu de soi<br />

pour obtenir beaucoup ! »<br />

Créée en 1971 à Skoura la coopérative Al’Hassania<br />

fait peau neuve. Mohamed nous accueille au milieu de cuves<br />

nouvelle formule enveloppées comme autant de cadeaux.<br />

« Le Plan Maroc Vert nous a conduit vers une amélioration de<br />

notre unité, sur le plan relationnel et matériel ! Nous sommes<br />

conscients de l’obligation de cohérence. » Mohamed est l’un <strong>des</strong><br />

216 producteurs adhérents à la coopérative. Barbe bleutée et<br />

yeux rieurs, il raconte avec plaisir le travail <strong>des</strong> olives « ici nous<br />

irriguons une fois toutes les deux semaines durant l’hiver, plus<br />

souvent l’été. Mon père a commencé et j’ai marché dans ses<br />

traces. Depuis ma naissance je vis dans les oliviers. Ceux d’ici<br />

grandissent et produisent sans engrais ni produits chimiques. Mes<br />

premiers souvenirs de paysan sont liés au travail : il faut donner un<br />

peu de soi pour obtenir beaucoup ! L’olivier est un arbre généreux. »<br />

Chaque membre de la coopérative apporte sa cueillette d’olives,<br />

après trituration, une quantité est réservée à la coopérative. L’huile<br />

est épaisse, lourde, dorée, elle fait comme un bracelet précieux<br />

autour de ma langue. « Trois mois après l’extraction l’huile est verte,<br />

après elle se transforme en or puisque l’on a un peu capturé le soleil »<br />

conclu Mohamed dans un grand sourire à décrocher les doutes !<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir Page 59


Itinéraire terroir, Taliouine<br />

« Je vais vers Taliouine la tête emplie<br />

de bijoux dignes <strong>des</strong> plus belles ! »<br />

SAFRAN SAFRAN<br />

TALIOUINE<br />

« Rêves safranés »<br />

Six heures du soir. J’ai fini par reprendre<br />

la route vers Ouarzazate clairsemée d’oasis comme<br />

autant d’heureuses surprises. Ouarzazate où le<br />

sommeil me prend ; un hôtel touristique dont le hall<br />

est décoré d’affiches de films rappelle combien<br />

l’industrie du cinéma apprécie le lieu et ses lumières<br />

arc-en-ciel. À l’aube, <strong>des</strong> bus où les gens s’entassent,<br />

cassent la nuit. J’ai encore en mon cœur, l’or de l’huile<br />

<strong>des</strong> olives de Skoura. Le souk est là avec ses marchands<br />

d’antiquités, parfois véritables trésors. Souvent belles<br />

imitations du passé ! Je marchande – c’est un jeu – une<br />

superbe pièce de tissu noir brodé <strong>des</strong> couleurs de la<br />

nature et du Maroc. Le vendeur m’assure que la teinte<br />

orange de mon écharpe est due au safran naturel !<br />

Je vais vers Taliouine la tête emplie de bijoux dignes<br />

<strong>des</strong> plus belles ! La route est fabuleuse, <strong>des</strong> pierres<br />

mauves décorent un gâteau minéral au praliné ! A<br />

Taliouine, le safran et la montagne font leurs cirques !<br />

Celui <strong>des</strong> saisons pour la fleur, celui de la géologie pour<br />

le calcaire… Au mauve du ciel, je me suis lavée. Je<br />

n’ai que faire de cette bise endiablée qui chahute les<br />

nuages. Aujourd’hui, l’or de mon collier sera rouge ou<br />

ne sera pas !<br />

Pour cueillir l’or rouge - les crocus safranés -<br />

il faut suivre le soleil et courir contre lui ! Les femmes commencent la récolte,<br />

tête baissée, dès 4 heures du matin. Les pétales encore endormis de la fleur<br />

emprisonnent ce que les spécialistes nomment stigmates purpurins. À quoi<br />

donc rêvent les crocus <strong>maroc</strong>ains ? Aux poisons dont ils seraient l’antidote<br />

? Aux médecines arabe, chinoise, mongole, égyptienne, grecque selon<br />

lesquelles le safran est une panacée ? Ou encore à l’écriture sanguine utilisant<br />

l’encre rouge ?<br />

Selon l’Office Régional de la Mise en Valeur Agricole d’Ouarzazate, la<br />

production de la région est estimée à 3 000 kg par an, dont 95% <strong>des</strong>tinés à<br />

l’export, un volume qui place le Maroc en quatrième position sur le plan<br />

international. Le Conseil Régional du Souss-Massa-Drâa a été l’initiateur de<br />

l’Appellation d’Origine Protégée (AOP) Safran de Taliouine pour organiser<br />

et valoriser la filière du safran. L’objectif vise à créer de nouveaux postes<br />

d’emploi pour les jeunes au niveau de toute la filière : production, séchage<br />

et commercialisation. Une Maison du safran est née en janvier 2011 pour<br />

renforcer l’identité du safran <strong>maroc</strong>ain.<br />

Le safran a fait l’objet d’un intérêt particulier de la part du ministère de tutelle<br />

dans le cadre du Plan Maroc Vert avec en projet l’extension <strong>des</strong> superficies<br />

plantées sur 500 hectares, l’intensification et la réhabilitation <strong>des</strong> safranières<br />

existantes sur 530 ha et l’installation du système d’irrigation au<br />

goutte-à-goutte. La production nationale de safran, est largement<br />

concentrée dans la région de Souss-Massa-Drâa mais <strong>des</strong> tentatives de<br />

plantation sont en cours, notamment dans le secteur d’Oulmès et d’Imilchil,<br />

les bulbes provenant de Taliouine.<br />

L’or rouge est 10 fois plus cher que la truffe ou le caviar ! Pour 1 gramme de<br />

safran 140 à 230 fleurs de crocus sont nécessaires. A Taliouine 600 hectares<br />

sont consacrés à la culture du safran répartis en 5 700 parcelles sur lesquelles<br />

travaillent 12 000 personnes !<br />

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Gourmandise<br />

Recette rare et précieuse<br />

Recette « Thé au Safran »<br />

La recette traditionnelle du thé au safran <strong>maroc</strong>ain<br />

Ingrédients<br />

(pour 6 personnes) :<br />

½ litre d’eau<br />

1 cuillerée à soupe de thé vert gunpowder<br />

sucre blanc à convenance (dix morceaux ou plus)<br />

quelques filaments de safran de Taliouine<br />

Le Gunpowder (“poudre à canon” en anglais) est un thé vert dont<br />

les feuilles sont roulées en billes.<br />

Le sucre en morceaux se prête parfaitement à la présente recette.<br />

Traditionnellement, au Maroc, les amateurs de thé utilisent <strong>des</strong><br />

pains de sucre coniques. A l’aide d’un maillet métallique, ils cassent<br />

la quantité souhaitée.<br />

Si l’eau de votre robinet est calcaire, le thé ne moussera pas<br />

correctement. Préférez une eau de source.<br />

Servir le thé au safran<br />

Savoir servir le thé au safran est important pour la beauté du geste,<br />

mais aussi pour magnifier l’arôme safrané. Versez-en dans un verre puis<br />

reversez le contenu dans la théière. Renouvelez l’opération. Cela permet<br />

de délayer le sucre et d’oxygéner la boisson pour développer son parfum.<br />

C’est l’occasion de verser de haut : commencez avec le bec verseur proche<br />

du verre puis montez progressivement la théière. Redressez-la d’un<br />

mouvement bref pour arrêter la sortie du liquide. Dans de petits verres<br />

disposés sur un plateau, versez le thé brûlant en long filet, de manière à<br />

le faire mousser. Remplissez aux deux tiers. L’enchantement sera total si<br />

vous proposez quelques pâtisseries orientales à déguster.<br />

Préparation du thé au safran<br />

Le temps de préparation est de 10 minutes environ.<br />

Portez un-demi litre d’eau à ébullition. Dans une théière allant sur le<br />

feu, versez une cuillerée à soupe de thé.<br />

Mouillez-le avec un fond d’eau bouillante en imprimant un<br />

mouvement de rotation à la théière. Videz cette première eau.<br />

L’opération sert à éliminer une partie du tanin, responsable de<br />

la saveur âpre du thé. Remplissez à présent la théière avec l’eau<br />

bouillante, en ajoutant quelques filaments afin que la précieuse<br />

épice ait le temps de délivrer sa couleur, son parfum et sa saveur si<br />

particulière. Laissez frémir à petit feu trois à quatre minutes.<br />

Sucrez bien, cela vient compenser l’amertume du thé.<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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SAFRANTALIOUINE<br />

« Rabia : entre <strong>des</strong>sins et <strong>des</strong>tin à l’ombre <strong>des</strong> crocus en fleurs »<br />

La « plus précieuse <strong>des</strong> épices »<br />

Son rire part en casca<strong>des</strong>, il est sensuel, coloré comme<br />

une invite à poser ses urgences et les oublier. Rabia dirige une<br />

société d’économie solidaire. C’est la suite logique du <strong>des</strong>tin de<br />

cette belle jeune femme qui <strong>des</strong>sinait, sur ses cahiers de lycéenne,<br />

<strong>des</strong> fleurs de crocus ! « Le safran tient une place centrale dans ma<br />

vie. Je ne peux m’en passer. » Jusque dans sa tenue mauve Rabia<br />

affirme son amour pour la « plus précieuse <strong>des</strong> épices ».<br />

Si c’est à Hjja, sa grand-mère, qu’elle doit d’avoir été initiée à<br />

la cueillette et au tri du crocus, ce ne sera finalement que plus<br />

tard qu’elle renouera le fil familial. Et nous passera le film de<br />

sa vie « j’ai appris les gestes, en vacances chez ma grand-mère.<br />

Le séchage du safran se faisait dans <strong>des</strong> assiettes blanches. Me<br />

lever très tôt était difficile, car je ne comprenais pas à quel point<br />

le safran serait utile à ma vie ! » Aujourd’hui Rabia emploie cinq<br />

permanents et cent vingt saisonniers. « Je rêve de voir grandir<br />

mes enfants, de leur offrir une vie douce. Mon souhait le plus cher<br />

serait de faire le pèlerinage à La Mecque… » Et lorsque je demande<br />

à cette jeune femme deux beaux souvenirs elle répond sans<br />

hésiter « l’odeur de la terre à l’aube après la pluie et ces vers d’un<br />

poète berbère : je suis passé par Taliouine, j’ai vu la kasbah, j’ai<br />

vu les fenêtres, j’ai vu le lac empli d’eau et la beauté <strong>des</strong> femmes<br />

près du lac. »<br />

Le poète a toujours raison…<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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MIELTHYM IMOUZZER IDA-OUTANANE<br />

La route qui conduit à la Vallée du Paradis est<br />

parsemée de villages aux maisons rouges. Les casca<strong>des</strong><br />

généreuses durant l’hiver annoncent la blancheur virginale <strong>des</strong><br />

bâtisses d’Imouzzer.<br />

Imouzzer Ida - Outanane, cette vallée est, en quelque sorte,<br />

un paradis pour les abeilles qui donnent un miel ô combien<br />

précieux et apprécié. De thym ou de lavande, entre autres, ce<br />

nectar excellent antibactérien est célébré chaque année dans<br />

le village d’Imouzzer.<br />

La fête du miel permet aux apiculteurs d’échanger et de<br />

faire évoluer leurs pratiques apicoles. Un zoom sur ce trésor<br />

sucré qui permet à de nombreuses familles de vivre sur<br />

leur territoire grâce aux revenus issus de la vente du miel.<br />

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Curiosité : Le plus grand rucher du Monde<br />

Versant Sud, à 100 km d’Agadir vers Marrakech se trouve le plus grand rucher du Monde !<br />

Habilement bâti – en 1880 – puis restauré en différentes pério<strong>des</strong>, ce rucher abrite 4 000 ruches !<br />

C’est sur la commune rurale d’Argana que se trouve à Inzerki, au Maroc et nulle part ailleurs, cette construction hardie !<br />

Ce rucher témoin de la vie collective est en cours de réhabilitation. Autrefois, quand le rucher était gorgé d’abeilles venues butiner les<br />

fleurs de cette région du Haut-Atlas, leurs bourdonnements s’entendaient à <strong>des</strong> kilomètres à la ronde ! Arganiers, lavan<strong>des</strong>, thyms,<br />

amandiers, palmiers dattiers en floraison attiraient 150 millions d’abeilles !!! Construit en pisé ce rucher extraordinaire a fait face tant<br />

bien que mal aux nombreuses intempéries (sécheresses puis inondations). Réhabilité, il est porteur d’une richesse culturelle reposant<br />

sur la capacité <strong>des</strong> paysans à travailler groupés autour d’association et de coopératives.<br />

patrimoine<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir Page 69


Itinéraire terroir, Agadir, Sidi Ifni<br />

« J’avance et tire le lourd verrou <strong>des</strong> terres<br />

de l’arbre qui rend les femmes plus belles.»<br />

Du rouge foncé de Taliouine, la terre, en écho, répond présente. La longue bande<br />

noire de la route m’attire comme un aimant ! Il est tôt, une crème de soleil persiste sur le haut <strong>des</strong><br />

remparts qui sentent le figuier et les citrons. Me voici rendue à Taroudant, perle du<br />

Sud ! Une pierre de plus pour mon collier. J’avance et tire le lourd verrou <strong>des</strong> terres de<br />

l’arbre qui rend les femmes plus belles. L’arganier, dru et solide, tutoie le ciel. Je laisse une<br />

charrette lourdement chargée de branches d’un oranger ! Partout, autour de moi, ce ne sont<br />

que tiè<strong>des</strong> collines, vergers et reflets d’argent. Le soir plus sombre commence à brouiller mon<br />

chemin. Au milieu de mon imaginaire, une porte en bois d’arganier sculpté, peint de mystérieux<br />

motifs berbères, protège un trésor de famille : jarres de grains, caftans, lourds bijoux d’argent,<br />

poteries… C’est mon « agadir ». Mon grenier…<br />

La mer m’appelle. Une tranche de vie, d’un immuable rose pâle, servie en chemin. Personne sur<br />

ma route où défilent les ombres <strong>des</strong> jacarandas. Les oasis narguent la platitude où paissent les<br />

moutons. Le ciel change d’humeur, s’inquiète un peu. J’aime ces temps gris et mollets à l’image <strong>des</strong> ailes<br />

de mon écharpe soulevées par le vent. Les remparts de Tiznit surveillent d’un œil ce lieu d’échanges<br />

<strong>des</strong> caravaniers. L’or est rose, précieux. Lauriers roses et arbres coiffés. Plus avant, je découvre de<br />

petites maisons blanches aux yeux bleus. Soudain, l’appel du large, de la vastitude écumante. L’océan<br />

fait signe et mon cœur saigne de n’avoir aucun esquif ! Je m’assieds sur une piste sablonneuse. Les<br />

camps d’apiculteurs transhumants étalent leurs tentes multicolores, çà et là remonte le goût du miel<br />

mêlé aux embruns. Le soleil donne, un soleil tout nu et jeune. Un soleil tout juste sorti de la mer. Chagrin<br />

envolé, me reste le miel <strong>des</strong> jours, ici au Maroc, et une perle argentée récoltée…<br />

ressources<br />

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AGADIR ARGANE ARGANIER<br />

« Arganier, l’arbre porteur de bonté »<br />

Qu’elles sont vertes ces collines et ces plaines ponctuées d’arganiers. L’arbre généreux par excellence. L’arbre <strong>maroc</strong>ain par<br />

nature.<br />

Généreux, car il ne demande pas ou peu d’entretien.<br />

Généreux parce qu’il n’a pas ou peu besoin d’eau.<br />

Généreux parce qu’il apporte ses fruits qui permettent à <strong>des</strong> familles de vivre : production d’huiles – alimentaires, cosmétiques -, d’aliment<br />

pour le bétail, de combustible pour le feu.<br />

Généreux parce qu’il donne son ombre.<br />

L’Argania spinosa arbre déjà présent à l’ère tertiaire, couvre 830 000 ha dans les provinces de Iznergane, Aït Melloul, Chtouka Aït Baha,<br />

Agadir Ida - Outanane, Tiznit, Taroudant, Essaouira, Safi, Chichaoua et Guelmim. L’aire de production nationale d’argane reconnue par l’UNESCO<br />

comprend 250 communes réparties sur 9 provinces. De nombreuses femmes travaillent seules dans les douars. C’est donc une possibilité<br />

d’amélioration du statut social de la femme en espace rural, qui est ainsi offerte. L’Argane est labellisé « Indication Géographique Protégée ».<br />

Jadis, son bois scié, était utilisé dans la fabrication de portes <strong>des</strong> traditionnels « agadirs » et de poutres pour les toits <strong>des</strong> maisons. Lorsque la<br />

pâte à papier manquait, les hommes utilisaient <strong>des</strong> tablettes d’arganier pour écrire grâce à un mélange de cendre et de laine pour remplacer<br />

l’encre.<br />

Pour le meilleur <strong>des</strong> arbres, la plus pure <strong>des</strong> pierres : c’est décidé, l’arganier sera le diamant de mon collier !<br />

endémique<br />

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ARGANIERSIDI IFNI<br />

« Zahra, une femme fleur »<br />

Assise sur <strong>des</strong> coussins or et bleu, dans la douce pénombre<br />

du salon, Zahra, présidente de la coopérative Tafyoucht murmure sa<br />

vie comme on déroulerait un écheveau de laine. Lentement, avec <strong>des</strong><br />

silences qui en disent long, tout comme ses bras croisés et ses<br />

sourires ouverts. « Ici est ma place, si je pars c’est pour mieux revenir !<br />

Je suis fière d’être <strong>maroc</strong>aine car cela inclut plusieurs dimensions à ma<br />

vie…/…Selon la tradition je suis restée à la maison pour apprendre ce<br />

qu’une fille doit savoir en vue du mariage, mais je me suis mariée à l’âge<br />

de 29 ans ! » Zahra aura eu le temps de tout savoir, ou presque, sur<br />

l’arganier « après un échec dans ma vie privée, comme je n’avais pas fait de<br />

longues étu<strong>des</strong>, mon père regrettait de ne pas m’avoir poussée à rester plus<br />

longtemps à l’école. Sauf que dans ma nouvelle vie j’ai appris vite. »<br />

Adhérente de la coopérative en 2004, présidente en 2006, Zahra<br />

possède patience, savoir et sens de la gestion afin d’assurer la pérennité<br />

de la coopérative. « L’objectif est d’améliorer sans cesse les conditions<br />

de vie de la femme en milieu rural. Mon chemin a été curieux, je suis<br />

curieuse et désormais Présidente du GIE de Tiznit, Vice Trésorière de<br />

l’Association Nationale <strong>des</strong> Coopératives d’Argane…/… Pour une fille qui n’a<br />

pas fait de longues étu<strong>des</strong>, ça va ! » Aucune forfanterie dans les confidences<br />

de Zahra, distillées entre thé sucré et miel d’euphorbe. Parfois en voyage<br />

en Europe, Zahra n’a de cesse de revenir chez elle. Elle aime le rouge<br />

grenade, l’odeur de sa terre après la pluie – eh oui ! – le souvenir <strong>des</strong><br />

bouquets de fleurs qu’elle composait tout en gardant les troupeaux,<br />

enfant. Authentique fille du terroir Zahra évoque la contrefaçon dont<br />

l’argane est victime « Nos clients ne sont pas là par hasard. Ils connaissent<br />

la qualité de nos productions. Quand je montre les femmes au travail et<br />

l’effort fourni, le client comprend et accepte le prix à payer. »<br />

Je quitte Zahra à regret. Sa paix est communicative…<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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SIDI IFNI<br />

ARGANE<br />

ARGANIER<br />

« Un arbre, <strong>des</strong> femmes,<br />

une production unique »<br />

Accueillie dans une odeur de benjoin, j’entends le cliquetis <strong>des</strong> femmes qui cassent les noyaux. Lorsque les hommes<br />

de la préhistoire préparaient le feu avec <strong>des</strong> silex pour installer le campement, j’imagine que le bruit était à l’identique ! Créée en<br />

1998, avant que l’argane ne devienne un produit aux vertus mondialement reconnues, entrant dans le sérail <strong>des</strong> productions les<br />

plus recherchées, la coopérative Tafyoucht nom qui signifie « arganier » en berbère repose sur le travail de plus de 60 femmes.<br />

Habiles et passionnées, elles concassent les noix de l’arganier, les torréfient et les broient pour extraire et filtrer une huile pure.<br />

Le travail <strong>des</strong> noix de l’arganier est multiple : ramassage, séchage, dépulpage, concassage, tri <strong>des</strong> amandons qui seront torréfiés<br />

pour l’huile alimentaire et non pour l’huile cosmétique. Récolté en juillet/août après la décision collective de date de récolte, le<br />

fruit, rapporté à dos d’âne peut être conservé, après séchage sur <strong>des</strong> palettes de bois, jusqu’à 3 ans !<br />

AÏT BAÂMRANE<br />

FIGUES<br />

« Les légen<strong>des</strong> ont la peau dure,<br />

tout comme les figues de Barbarie ! »<br />

SBOUYA<br />

La coopérative Aknari créée en 2001 valorise les figues de barbarie dont la présidente Ezzahra nous confie qu’elles<br />

seraient arrivées via un navigateur parti aux Iles Canaries. Les légen<strong>des</strong> ont la peau dure, tout comme les figues de<br />

Barbarie ! Chaque femme de la coopérative ramène 4 caisses de fruits soit 30 kilogrammes par jour. Avec 30 kg de fruits,<br />

on obtient 1 kg de graines. 33 kilogrammes de graines donnent 1 litre d’huile de pépins de figues de Barbarie ! Panacée<br />

cosmétique pour lutter contre les marques du temps ! Ici à Sbouya le cactus est également transformé en raquettes de<br />

cactus pour <strong>des</strong> sala<strong>des</strong> à croquer. Une délicieuse confiture de figues de Barbarie récompense les efforts <strong>des</strong> femmes de la<br />

coopérative. Il est même question de cactothérapie : 143 produits potentiellement dérivés du cactus contre le diabète,<br />

le cholestérol, l’obésité, l’ulcère, j’en passe et pas <strong>des</strong> moindres.<br />

Sur cette note pleine d’espoir, je referme délicatement la porte de la coopérative.<br />

saveurs<br />

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Itinéraire terroir, Tafraout<br />

« Danser pour un espace vert, fertile<br />

et d’avenirs.»<br />

Le crépuscule, cet uppercut de la lune au soleil me laisse rose de soif<br />

désaltérée… La nuit repart, après quelques heures et <strong>des</strong> millions d’étoiles par<br />

seconde. Je retrouve ma route. Des plaines désertiques font remonter en moi <strong>des</strong><br />

souvenirs de Masaï Mara. Les lions sont ailleurs, mais quelle force se dégage de cette<br />

terre têtue sur laquelle j’ébauche, guerrière pacifique, quelques pas d’une danse<br />

de la pluie présente et <strong>des</strong> lions disparus ! Danser pour un espace vert, fertile et d’avenirs.<br />

La route grimpe alors que la montagne se ride. Va-t-il réellement pleuvoir ? Le ciel est en<br />

souci, les amandiers, de temps à autre à Tafraout, perdent leur soleil, le retrouvent et,<br />

de nouveau pâlissent appelant la pluie de toutes leurs racines.<br />

Longtemps, j’ai cheminé à travers ces incertitu<strong>des</strong>, flânant, ou au contraire,<br />

pressant le pas de peur d’un orage trop violent. Épousant ainsi l’humeur du temps<br />

et <strong>des</strong> arbres, dont les fruits en coques, deviennent délices.<br />

Le village de montagne appuyé autour de sa mosquée est authentique. Dans une<br />

ruelle, une échoppe m’invite à troquer mes sandales banales contre une paire<br />

de babouches artisanales. De couleur rouge et verte, ornées de pompons mes<br />

chaussures filent doux !<br />

Une berceuse ronronne, tel un gros chat, sur le fil du granit où le soleil chante .<br />

« Petit enfant deviendra grand. Il franchira les océans. Il sauvera la fée <strong>des</strong> Djinns.<br />

Et tous deux seront heureux… Sabi saghir, yasir kabir, yaqta oul widyan fi naran.<br />

Wahouwa youkhalles houriyata ljan… »<br />

Le lion de pierre, ultime métaphore poétique d’une présence autrefois<br />

prégnante, salue ma comptine…De hautes corniches froncées dans le granit<br />

participent de cette beauté à couper le souffle. Partout, dans la région de<br />

Tafraout, les pains de sucre géologiques aiguisent mon appétit. Meringues<br />

comme s’il en pleuvait, saupoudrées d’aman<strong>des</strong> !<br />

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Curiosité : Les maisons de la mémoire<br />

Le chemin me paraît interminable à travers ces menaces de<br />

nuit formées par le rideau rocheux qui ferme l’extraordinaire cirque<br />

de Tafraout. Un secret attend de m’être révélé. Et voici le répit d’une<br />

vallée qui se fait de plus en plus vaste pour devenir immense oasis de<br />

montagne. Villages accrochés, torrents impétueux. La vallée d’Ammelne ! Les<br />

bâtisses gardent la vie passée en leurs murs, il me suffit de lire<br />

leurs messages. Elles <strong>des</strong>sinent un carré sur le sol. Les pierres du<br />

terroir ont été recouvertes d’un épais enduit ocre-rose. De rares fenêtres,<br />

maquillées de chaux blanche, fendent l’édifice haut de deux étages. Les<br />

plafonds de roseaux rappellent que l’eau est là, les moulins de pierre tirent<br />

leçon d’un quotidien où tout est affaire de mouture, extraction, broyage.<br />

Ainsi font les fruits de l’arganier, le henné, l’orge et le café ! Jarres<br />

mystérieuses et outres en peau de vache pour l’histoire <strong>des</strong> caravaniers, un jour<br />

posés là.<br />

En chemin pour Agadir d’autres maisons – récentes – aiguisent ma curiosité.<br />

Superbes et clinquantes ! J’imagine qu’elles ne sont pas là par hasard. Je<br />

questionne et comprends que bon nombre <strong>des</strong> jeunes de cette vallée<br />

sont partis faire commerce dans les gran<strong>des</strong> villes. Sans jamais oublier la<br />

terre de leur enfance. Aussi, fortune faite, ils érigent <strong>des</strong> maisons <strong>des</strong> racines.<br />

Histoire de dire « je n’ai pas oublié d’où je viens, à quelle terre j’appartiens ! »<br />

Ces maisons-là quelque part entre Tafraout et Agadir seront les maisons de la<br />

Mémoire !<br />

espoir<br />

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TAFRAOUT<br />

AMANDES<br />

AMANDIER<br />

Gourmandise<br />

« Un frein à l’exode rural »<br />

À Ammelne, Ikram préside la coopérative Al Baraka depuis 2011.<br />

Le couscous que produisent les 19 femmes membres de la coopérative est constitué de<br />

farine d’orge ajoutée à la farine de blé. Sa couleur est grège, tel un vieil ivoire…<br />

La région produit plus de 1 500 tonnes d’aman<strong>des</strong> annuellement qui sont vendues<br />

en vrac, ou broyées, incorporées au amlou. L’huile d’aman<strong>des</strong> douces est produite<br />

également. La culture de l’amandier en zone rurale est un frein à l’exode rural. C’est<br />

l’objectif de la coopérative Al Baraka : « Nous voulons développer tout ce qui est lié à<br />

l’amandier…/…travailler à la confection de crèmes cosmétiques, shampoings, etc. Notre<br />

cible commerciale reste la grande surface. Vous savez, les aman<strong>des</strong> c’est la première<br />

production pour les femmes du village. » Les projets ne manquent pas et nul doute qu’ils<br />

verront le jour !<br />

Mon collier se précise, l’ivoire <strong>des</strong> aman<strong>des</strong> me sied.<br />

Recette « Barkoukss»<br />

Couscous à l’amlou<br />

Pour 6 personnes<br />

1 kg de couscous.<br />

Le laver puis faire cuire au couscoussier.<br />

Dans un saladier ajouter sel et un verre d’argane.<br />

Cuire une seconde fois au couscoussier.<br />

Verser dans un saladier, arroser d’argane et accompagner<br />

d’amlou.<br />

Amlou<br />

300 grammes d’aman<strong>des</strong> broyées<br />

1 verre d’argane<br />

1 verre de miel<br />

Malaxer le tout et servir avec le couscous.<br />

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IV<br />

En quête de terroir Guelmim Es-Smara<br />

« A ma gauche, le vert est de bronze, à ma droite, le Sahara<br />

comme je l’aime : immense et immuable »<br />

Au petit matin, les nuages guimauves se chamaillent avec un soleil aveuglant. Au travers <strong>des</strong> travées du port d’Agadir<br />

j’aperçois <strong>des</strong> bateaux bleus. Ils arborent <strong>des</strong> prénoms tels Rachid, Mouloud autant de capitaines voguant sur l’azur… Je trace<br />

ma quête entre les serres blanches qui abritent moult fruits et les arganiers foncés coiffés de vert, bordés par les haies de cactus<br />

qui défilent. Ils ne sont plus embroussaillés, ils sont comme peignés. Domestiqués les cactus ! Les eucalyptus dégagent un parfum<br />

thérapeutique ! Encore <strong>des</strong> kilomètres par dizaines et la lumière complice donne à voir <strong>des</strong> jardins de pierre. Disons <strong>des</strong> pierres<br />

entourées d’herbe drue… C’est un peu de Japon et de zen qui m’accompagnent, ici au Maroc. Au kilomètre 14 avant Guelmim<br />

c’est l’Afrique, une montagne ouverte saigne du bleu-argenté. Blessure secrète ? Nostalgie <strong>des</strong> temps caravaniers durant lesquels<br />

Tombouctou était à quelques encablures ! Je croise un « homme bleu », je suis à l’orée du Sahara ! Vers Tan Tan la rocaille se mue<br />

en désert muet et ne se départ plus <strong>des</strong> touffes à chameaux, ultimes bavardages d’une herbe rare. Pourtant quelques carrés verts<br />

donnent l’espérance d’une belle eau dormante dans les couches <strong>des</strong> rochers. De minuscules torna<strong>des</strong> de sable écrivent le<br />

tourbillon <strong>des</strong> jours jusqu’à ce point où la montagne devient satin et velours brodé du rose de plantes courageuses et qui<br />

fleurissent. Soudain, un espace incompressible fait face, la route forme une crête. A ma gauche le vert est de bronze, à ma droite le<br />

Sahara comme je l’aime : immense et immuable.<br />

A l’entrée de Tan Tan , qui doit son nom au bruit de l’eau remontée du puits dans un seau , deux chameaux - plus exactement <strong>des</strong><br />

dromadaires, vestales de pierre veillent au flamboiement du soleil.<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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ÉLEVEURSNOMADES<br />

« Ma maison ? C’est ma tente… »<br />

Ali, fils de M’Barek et Hajiba attend depuis plus de deux<br />

heures. Je cherche mon chemin, je suis en retard lorsque je vois cet<br />

homme tout de noir vêtu qui agite ses bras pour m’indiquer la piste.<br />

« Désolée de vous avoir fait attendre » lui dis-je, il sourit et répond « le<br />

temps ne compte pas ». L’ambiance est posée, le décor d’un campement<br />

bien réel. Le récit peut commencer. Ali son épouse Salka leurs trois<br />

enfants, M’Barek et Hajiba les parents vivent çà et là. Noma<strong>des</strong>, nés<br />

de noma<strong>des</strong> qui marchent depuis la nuit <strong>des</strong> temps ils plient la tente<br />

au gré <strong>des</strong> pâtures de leurs troupeaux : 80 dromadaires, 400 moutons<br />

et 200 chèvres. Voilà qui constitue un beau capital ! Toutefois, le clan<br />

vit dans un dénuement qui semble répondre en écho à l’apparente<br />

pauvreté du désert. « Notre bien le plus important c’est notre mode de vie »<br />

explique Hajiba. « C’est ce que nous avons à transmettre et que je veux<br />

donner à mes enfants. Mon père M’Barek m’a appris à ne pas me perdre<br />

dans le désert, même la nuit et je veux cela pour mes trois enfants. Cela<br />

plus l’école ce serait bien » complète Ali le fils d’Hajiba. La famille marche<br />

parfois longtemps pour trouver un emplacement propice. Il y a peu,<br />

femmes, enfants, hommes et bêtes ont parcouru une distance de 130<br />

kilomètres sous un soleil de plomb « nous marchons pas à pas et lorsque<br />

nous trouvons de l’eau nous stoppons et nous installons nos tentes. »<br />

À écouter Hajiba conter sa vie, j’imagine la monotonie <strong>des</strong> jours « de<br />

l’ennui ? Oui il y en a parfois, je suis née ainsi et je ne peux rien changer à<br />

cela. Je n’ai jamais pensé à changer de vie, mais si un jour j’ai quelque chose<br />

à faire dans une ville alors j’irai vivre dans une ville…/… Je pense que je<br />

serais contente d’habiter dans une ville si j’ai un travail…/…Une de nos<br />

filles est partie vivre ailleurs. » Je lui demande : Italie ? Espagne ? France ?<br />

Sa réponse contient toutes les explications possibles sur ce qu’est une<br />

vie de noma<strong>des</strong>, Hajiba me dit « Non ! Elle est partie vivre à Guelmim ! »<br />

Voici donc que l’ailleurs est symbolisé par tout ce qui n’est pas lié à ce<br />

mode de vie d’une tente à l’autre !<br />

transmettre<br />

Entre houmman et lbard,<br />

ce chaud-froid du désert et de ses<br />

saisons, le clan prospère tant bien<br />

que mal. Les lourds bijoux d’argent<br />

d’Hajiba lui viennent de sa famille,<br />

mais les bracelets de perles bleues,<br />

marron, jaunes et vertes assortis aux<br />

étoffes multicolores et aux tapis de<br />

la tente où elle vit, arrivent tout droit<br />

d’un souk ! Essalka, yeux surlignés<br />

de khôl et timidité en tête, est la bru<br />

d’Hajiba. Épouse d’Ali elle semble<br />

éprouver une légère lassitude. Ses<br />

trois enfants Mariem, Mohamed,<br />

Belaïd sont nés sous la tente,<br />

noma<strong>des</strong> parmi les noma<strong>des</strong>. À ma<br />

question « avez-vous <strong>des</strong> rêves ? »<br />

Essalka répond « je ne pense même<br />

pas à avoir <strong>des</strong> rêves » j’insiste et<br />

elle lâche « je préfèrerai une petite<br />

maison… »<br />

Aussitôt Hajiba recadre en précisant<br />

« elle a épousé ce mode de vie en<br />

épousant un nomade ». Essalka<br />

approuve et toutes deux miment une<br />

danse avec leurs bras comme pour<br />

m’inciter à oublier cette remarque<br />

ou me prouver que l’harmonie est<br />

là. Règne dans cette tente, comme<br />

un instant d’éternité, de cette<br />

atemporalité qui n’appartient qu’à<br />

l’infini. Au soupir de l’univers. Hajiba se<br />

lève fouille derrière un pan de la tente<br />

et revient avec un flacon. Son voile<br />

noir laisse apparaître une minuscule<br />

tresse de cheveux foncés, et Hajiba<br />

nous asperge de parfum ! « Rêve d’or »<br />

confie-t-elle. Le rêve existe, je l’ai<br />

rencontré.<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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Itinéraire terroir, Assa<br />

Gourmandise<br />

« Un paysage de début de Monde<br />

cajole mes caracoles »<br />

Invitée par Hajiba, M’Barek, Ali et Essalka, je passe une nuit sous la tente ! La grillade de la chèvre égorgée pour<br />

la circonstance est succulente ! Consciente du privilège qui m’a été offert de franchir le seuil et d’entrer dans l’étrangeté<br />

du désert je prends congé de mes hôtes avec la promesse de revenir… Direction Assa. Rouges, grises et vertes sont les<br />

pierres. Un paysage de début de Monde cajole mes caracoles ! Les falaises ont un vertige que <strong>des</strong> acacias viennent<br />

contrarier. Un peu comme si la Nature farouche me mettait en garde « attention Aya, là où tu vas, rien n’est plus<br />

important que le cliquetis <strong>des</strong> margelles et <strong>des</strong> puits que l’on aborde, ta soif d’apprendre sera étanchée, mais n’oublie pas de<br />

perdre du temps ! »<br />

Recette « Le Dhen du Sud »<br />

1 kilo de beurre de lait de chèvre<br />

1 bol de farine d’orge<br />

1 peu de thym<br />

Faire chauffer le beurre dans une casserole jusqu’à obtention<br />

d’un liquide clair<br />

Verser la farine d’orge torréfiée et remuer durant quelques<br />

minutes<br />

Cuire à feu doux pendant 45 minutes<br />

Ajouter le thym et stopper la cuisson.<br />

Verser dans un bocal, laisser refroidir.<br />

À déguster sur du pain ou du poulet grillé<br />

J’ajoute la pierre « œil-de-tigre » à mon collier, belle couleur<br />

du Dhen et du terroir de Tan Tan et Assa…<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir Page 89


FROMAGEASSA<br />

« Partager le même souffle, le même vent,<br />

la même seconde qui ne compte pas ! »<br />

FROMAGE<br />

CHEVRES CHAMELLES<br />

Dans un silence bleuté Mahjouba, d’un clignement de cils,<br />

ouvre l’espace onirique sur lequel elle vit. Mains artistiquement<br />

ornées de fleurs patiemment <strong>des</strong>sinées, Mahjouba est soigneusement<br />

vêtue. D’une belle élégance, avec la grandeur qui caractérise celles et<br />

ceux dont la foi est de partager, cette jeune femme - présidente de la<br />

Coopérative Al Mountada - milite pour une société solidaire liée<br />

au développement de la situation socio-économique de la Femme.<br />

« Cette activité de transformation du lait de chamelles ou de chèvres<br />

en fromages a été introduite par le Programme <strong>des</strong> Oasis du Sud mis en<br />

oeuvre par l’Agence du Sud. Toutefois le Dhen, est totalement ancré<br />

dans nos traditions. Après deux ans d’existence, la coopérative regroupe<br />

25 adhérentes qui tirent un revenu en alternance qui leur permet de<br />

s’occuper de leur famille. »<br />

Consciente de vivre au Maroc, dans une oasis du Sahara « où il passe une<br />

voiture toutes les 15 minutes », Mahjouba n’envisage pas de quitter, Assa<br />

« Ici vit, ma famille, ma région a besoin <strong>des</strong> jeunes générations, si je pars<br />

j’abandonne un morceau de mon histoire. Dans le cadre de mon travail<br />

associatif, je peux aller ailleurs chercher du savoir-faire. Dès mon retour je<br />

le transmets à mes amies ici . » Elle raconte ce rêve productif qui balaie<br />

les doutes, souffle qui rattrape et restaure le rêve collectif le préserve du<br />

« pour moi » individualiste, dans la même seconde qui ne compte pas. Le<br />

désert à sa porte, Mahjouba aime la routine bienfaisante qu’il impose.<br />

Dans ces moments, Mahjouba s’installe sous un arbre et prépare du thé<br />

en écoutant quelques vers de Nizar Qabbani : « J’essaie par la poésie de<br />

saisir l’impossible et de planter <strong>des</strong> palmiers. » De ce désir de poursuivre<br />

l’aventure ancestrale sur l’espace intime de l’enfant d’hier dont l’avenir<br />

s’ouvre sur les notes blanches du commencement et du tout possible, de<br />

tout cela exhale un parfum de jasmin, de pureté. De temps arrêté et de<br />

devenir. De pérennité !<br />

La coopérative Al Mountada<br />

transforme le lait de chèvres et le lait de<br />

chamelles collectés par une autre<br />

coopérative - Oudisder - dans le cadre du<br />

cluster <strong>des</strong> oasis. Deux années d’existence<br />

et 25 adhérentes auxquelles n’échappe<br />

aucune règle d’hygiène et de<br />

pasteurisation ! Fromages de chamelles<br />

et de chèvres sont fabriqués sans additif<br />

ni conservateur, conditionnés et vendus<br />

à Guelmim, mais aussi à <strong>des</strong> propriétaires<br />

de maisons d’hôtes qui souhaitent faire<br />

partager une saveur du désert ! Cette<br />

organisation tente de répondre aux<br />

problématiques de la valorisation du<br />

lait de chamelle : approvisionnement<br />

sécurisé d’un lait de qualité et à un coût<br />

acceptable, transformation aux normes.<br />

La conquête du marché national très<br />

prometteur est l’objectif de cette filière.<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

Page 90 Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir Page 91


ÉLEVAGE<br />

« Sans lui point de dunes<br />

franchies »<br />

GUELMIM ES SMARA<br />

DROMADAIRES<br />

Si le désert est habité, nous le lui devons ! Sans<br />

lui point de dunes franchies, de caravanes chargées d’or de<br />

soyeuses étoffes et de précieuses épices. Les hommes et les<br />

femmes du Sahara <strong>maroc</strong>ain lui vouent une reconnaissance<br />

fondée. Le chameau – en réalité un dromadaire – est fêté lors<br />

de moussems tel celui de Tan Tan. À Guelmim c’est un souk<br />

hebdomadaire qui lui est consacré. Pour choisir un bon<br />

dromadaire, regarder sa bosse qui se doit d’être grosse et<br />

grasse ! L’effectif de la région de Guelmim Es Smara est estimé<br />

à 31 000 dromadaires. Trois « races » dominent : Guerzni race<br />

à viande adaptée aux conditions d’élevage difficiles, Marmouri<br />

avec de bonnes aptitu<strong>des</strong> laitières, jusqu’à 10 litres par jour et<br />

Khouari qui ne représente que 5% de l’effectif <strong>des</strong> dromadaires.<br />

La force de l’élevage camelin réside dans l’importance <strong>des</strong><br />

parcours et leur diversité floristique – 21 millions d’hectares -<br />

le savoir-faire en matière de conduite de troupeaux. La filière<br />

s’organise peu à peu (coopératives d’éleveurs et unités de<br />

production, association d’éleveurs au niveau <strong>des</strong> provinces et<br />

de la région). Les Marocains sont demandeurs de dérivés <strong>des</strong><br />

produits laitiers camelins, le marché est prometteur.<br />

mobiliser<br />

DATTES<br />

Tighmert<br />

Cette oasis est une halte douce qui étire sa langueur sur plus de dix kilomètres. Elle garde en son sein<br />

plusieurs sources qui promettent fraîcheur et légumes ! Car il s’agit bien de paysans qui vivent là. Le<br />

maraîchage est visible. La coopérative Wahat Tighmert créée en 2008, dans le cadre du Programme<br />

<strong>des</strong> Oasis du Sud, est présidée par Ahmed « nous travaillons sur le cactus, mais aussi les dattes. Le<br />

cactus est bio, nous transformons les pépins du fruit en une huile qui devrait être la plus chère du Monde ! »<br />

Et Ahmed de nous expliquer que ce secret du désert permettrait aux femmes de conserver une peau<br />

jeune. L’huile de pépins de figues de Barbarie est une huile très précieuse et très rare obtenue par<br />

pression <strong>des</strong> graines d’Opuntia Ficus Indica. Les rendements d’extraction sont très faibles puisqu’il<br />

n’y a que 5% d’huile dans la petite graine ! 33 kg de pépins pour obtenir 1 litre de cette huile rare ! La<br />

coopérative produit également <strong>des</strong> filets de raquettes . « Les cactus sont achetés sur le marché local et nous<br />

employons environ 15 ouvrières saisonnières qui séparent la chair et les graines ». Le rêve comme un<br />

moteur de développement, Ahmed et les huit membres de la coopérative envisagent un cactopôle !<br />

CACTUS<br />

MIEL<br />

Daraà<br />

L’houssine, comme ses collègues apiculteurs, est un passionné dont le savoir-faire vient d’un père<br />

tout aussi ému par les abeilles sahariennes. La coopérative Daraà d’Assa regroupe 7 membres<br />

et totalise 350 ruches. Organisée en association régionale – dont L’houssine est président – la<br />

filière qui regroupe plus de 9000 ruches bénéficie de l’intérêt <strong>des</strong> pouvoirs publics. Le miel<br />

produit est issu du butinage de variétés propres à la Région : acacia, euphorbe, chardon,<br />

zygophylle, mais également de la pratique de la transhumance. Ainsi trouve-t-on dans<br />

le point de vente d’Assa ou de Guelmim <strong>des</strong> miels de jujubier et d’euphorbe. Guelmim<br />

où l’on découvre une superbe boutique dédiée aux produits <strong>des</strong> oasis du Sahara. Ce<br />

sont <strong>des</strong> trésors qui s’offrent à vous dans cet espace agencé tel un coffre précieux. Les<br />

yeux ne savent plus où donner du cœur ! De différents couscous au nectar de figues de<br />

barbarie en passant par le henné bio et le pur miel du Maroc saharien, boîtes<br />

mystérieuses et fioles magiques incitent à emporter un peu <strong>des</strong> oasis et de leurs<br />

secrets avec soi.<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir Page 93


Itinéraire terroir, vers Tata<br />

« Le Maroc ne me lasse point. »<br />

Après Guelmim et ses dromadaires,<br />

j’avance vers Tata dans un univers dont le<br />

chromatisme projette <strong>des</strong> effluves de caramel brûlé.<br />

Pierre de fer et de feu. Les villages de Tata pétris de<br />

terre sont accrochés aux falaises. De petits espaces<br />

jardinés, irrigués, en contrebas offrent <strong>des</strong> pauses<br />

de verdures. Des femmes passent portant un enfant<br />

tandis que d’autres se courbent pour cueillir l’herbe<br />

qui nourrira les D’mans. Les montagnes sont<br />

bavar<strong>des</strong>. Un ksar , sur les flancs d’une colline, cache<br />

sa timidité derrière une palmeraie qui fait comme<br />

une berceuse d’autrefois et murmure les souvenirs<br />

passés.<br />

héritage<br />

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HENNÉHENNÉAÏT OUABELLI<br />

PALMIERDATTESTATA<br />

Omar est un président heureux. La production de henné dans son secteur est en légère progression. Une tendance<br />

qui ne demande qu’à se développer. Amélioration de la situation sociale <strong>des</strong> populations locales, accomplissement de l’équité<br />

sociale au profit <strong>des</strong> habitants de la commune sont les bases du travail de cette coopérative mixte qui regroupe 30 adhérents. Si<br />

le henné produit, sous forme de poudre ou de feuilles séchées, est vendu à <strong>des</strong> grossistes, la cueillette à la main, feuille par feuille,<br />

permet d’obtenir un produit de belle qualité. La production est étalée d’avril à novembre. « La poudre de henné est généralement<br />

réservée aux invités, aux personnes qui nous sont chères » précise Omar.<br />

Curiosité:<br />

« Je suis l’aîné <strong>des</strong> arbres d’Aït Ouabelli… »<br />

« J’ai plus de cent ans et je ne suis plus irrigué artificiellement, car mes racines plongent profondément dans la terre. Demande à Safia,<br />

elle est la 7ème génération <strong>des</strong> femmes qui cueillent mes feuilles ! Je suis l’aîné de tous les arbres à henné d’ici. Les hommes prennent<br />

mes graines et les sèment pour avoir d’autres arbres qui deviendront aussi forts que je le suis. Comme je suis une source de revenus<br />

pour les femmes, je suis très choyé et aimé ! Safia prétend que je suis immortel et Safia dit que Dieu seul sait pourquoi ! L’oranger peut<br />

mourir, dit-elle mais pas moi. »<br />

Si 20 communes constituent le bassin de production de dattes dans le terroir de<br />

Guelmim Es Smara, ce sont 3 coopératives qui conditionnent et transforment environ 50 tonnes de<br />

dattes chacune. À la coopérative Afra, hommes et femmes oeuvrent ensemble afin de poursuivre un<br />

développement économique de la filière dans un esprit solidaire. « La force de notre production est<br />

égale à notre capacité à trier, nettoyer et conditionner <strong>des</strong> dattes, principalement de la variété Bouittoub,<br />

qui sont un peu vertes et assez molles » explique L’houssine président de la coopérative créée en 2010.<br />

« La culture du palmier dattier, ici, est ancrée à notre culture locale depuis <strong>des</strong> siècles. Le palmier est notre<br />

arbre sacré, nous prenons soin de lui et de ses fruits. » Douze personnes travaillent à la confection de<br />

confitures et pâte de dattes, 50 000 pots par an qui sont vendus dans les souks de Guelmim, d’Agadir,<br />

et les gran<strong>des</strong> surfaces. Le soutien <strong>des</strong> pouvoirs publics a permis l’installation d’une chaîne de<br />

transformation ( pesage, triage, calibrage, chambre froide, lavage, séchage à 45° et traitement par la<br />

chaleur à 72°) qui ne laisse place à aucun hasard et répond aux normes d’hygiène les plus exigeantes. Si<br />

l’on ajoute à cette démarche la demande croissante du marché pour ces produits de très bonne qualité<br />

alors tous les espoirs sont permis !<br />

productivité<br />

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V<br />

En quête de terroir Laâyoune Boujdour, Sakia Al Hamra<br />

« Là je goûte au sobre et somptueux<br />

silence amplifié »<br />

Je ne crains ni les kilomètres ni les changements de paysages ! Au Maroc diversifié où je me trouve, entre les neiges<br />

puis au désert, l’accueil est si chaleureusement identique partout, que ce pays demeure unique et unicité grâce à ces gestes<br />

de bienvenue ! Mon collier aimera l’argent ciselé <strong>des</strong> bracelets portés par les femmes d’ici. Des dunes volent ma route vers<br />

Laâyoune. Je parviens à Tarfaya au moment où l’auteur du Petit Prince est fêté sous le Haut Patronage de Sa Majesté. Le<br />

désert, ici, m’enveloppe de récits mythiques, d’épopées épiques ! Une profonde humanité émane <strong>des</strong> paysages traversés. Ma<br />

quête se désaltère aux sources de l’Histoire du Maroc. « À la porte du désert, je ne vois rien, je n’entends rien, et cependant<br />

quelque chose rayonne en silence*. » La chaleur<br />

s’accroît, dévore le paysage où la quête d’absolu,<br />

de fraternité et d’humanité prend sens : au Sahara<br />

Marocain la solidarité est synonyme de survie. Le<br />

monument de Tah, en chemin, me plonge dans<br />

l’histoire du Maroc. Le sultan Hassan Ier en 1886 et<br />

Hassan II 100 ans plus tard sont venus là. Rappeler<br />

que le Maroc est un pays uni, unique dont les<br />

hommes et les femmes portent un soleil au cœur ?<br />

Nul besoin de fendre leurs écorces de peau pour<br />

rapprocher l’astre rayonnant. Je roule ma bosse à<br />

fleur d’écume sur les lèvres <strong>des</strong> dunes. Sakia Al Hamra,<br />

là où les sahraouis savent les traces et les sources,<br />

là je goûte au sobre et somptueux silence amplifié,<br />

répercuté au point d’entendre, de voir l’indivisible<br />

invisible.<br />

*D’après St Exupéry “Le Petit Prince”<br />

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LAITCHAMELLE LAIT<br />

Gourmandise<br />

Recette « L’frik »<br />

Dotée d’une unité de production, la coopérative Attadamoune se préoccupe<br />

essentiellement de la pasteurisation et de la commercialisation du lait de chamelle. La région de<br />

Laâyoune Boujdour, Sakia Al Hamra, totalise près de 100 000 têtes de dromadaires dispersées<br />

sur les parcours. Fidèle aux procédés modernes de transformation, la coopérative permet<br />

également aux éleveurs de créer un outil de développement et d’avoir un revenu assis sur un<br />

produit de terroir..<br />

Sahara<br />

Boisson favorite <strong>des</strong> populations Sahraouies, le lait de<br />

chamelle fermenté est obtenu simplement, selon deux<br />

procédés :<br />

Traditionnellement, se procurer du lait frais de chamelle.<br />

Le laisser reposer à température ambiante dans une outre en<br />

cuir de chèvre durant 24h.<br />

Déguster le breuvage ainsi obtenu.<br />

Aujourd’hui, un procédé plus sécurisé permet l’obtention<br />

de L’frik en suivant les processus de pasteurisation,<br />

ensemencement du lait avec <strong>des</strong> levains sélectionnés,<br />

incubation à 25/30° puis barattage …<br />

Je cueille une pierre de lune couleur désert pour mon collier.<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir Page 101


COUSCOUS<br />

COUSCOUSKHOUMASSI<br />

KHOUMASSICOUSCOUS<br />

COUSCOUS<br />

Ce couscous également dénommé « Moukhamis ». Le<br />

vocable « khoumassi » est dérivé du mot « khamssa » qui signifie 5 en<br />

langue arabe. Cet adjectif rappelle que le couscous « khoumassi » est<br />

préparé à partir de 5 éléments, 5 farines (blé dur, blé tendre, maïs,<br />

orge et orge torréfié.) Les femmes qui confectionnent ce couscous<br />

expliquent qu’elles ont hérité d’un savoir-faire de leurs mères.<br />

Pour une journée de 6 heures, une femme roule environ 30 kg de grains<br />

de couscous. Une grande quantité de leur production est écoulée dans<br />

les salons, voire commercialisée dans les moyennes surfaces. Elles<br />

confient qu’il existe deux manières de rouler le couscous : en grains<br />

ronds ou allongés, selon ces artisanes de terroir c’est le couscous rond le<br />

meilleur. Il est consommé les jours de fête et traditionnellement chaque<br />

vendredi. Tichtar, Loudek et Khliaâ : plus que <strong>des</strong> produits, une culture<br />

<strong>maroc</strong>aine du Sahara unique.<br />

Intimement lié à l’histoire Sahraouie, témoin et acteur d’un mode de<br />

vie, le dromadaire fournit viande et graisse préparées en symbiose<br />

avec le mode de vie nomade. Tichtar est issu de la viande de chameau<br />

découpée en fines lamelles séchées à l’air ambiant durant 2 à 4 jours,<br />

unique moyen de conservation d’un produit carné pour les noma<strong>des</strong><br />

du Sahara du Maroc. Quelques cubes de la graisse du dromadaire,<br />

fondus puis filtrés et vous obtenez « Loudek » culturellement lié au<br />

menu <strong>des</strong> fiancées sahraouies. De couleur blanche doté d’un goût très<br />

particulier, le Loudek est produit sur commande et concerne l’ensemble<br />

du terroir de Laâyoune Boujdour , Sakia Al Hamra. Afin de parfaire<br />

votre connaissance gustative du Sahara au Maroc, testez<br />

l’incontournable Khliaâ : Tichtar cuit à l’eau puis mélangé à Loudek !<br />

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VI<br />

En quête de terroir Oued Eddahab Lagouira<br />

« Ici <strong>des</strong> dromadaires se frottent aux<br />

panneaux routiers qui indiquent - Dakhla 200 km - »<br />

Check-list : tout est en mon cœur. Encore quelques centaines de kilomètres et j’entre dans l’espace d’Oued Eddahab-Lagouira. Les<br />

pilotes célèbres de l’aéropostale m’ont devancée. Leurs empreintes ailées marquent le sable d’une lagune alanguie qui coupe le souffle et l’océan.<br />

Dakhla, surprenante bourgade nonchalante entre mer et désert, frappe l’esprit du chaland qui passe. La nuit, l’océan clapote sous la fenêtre de<br />

ma chambre, hôtel posé là, telle une porte, invitation aux mirages du sable. Le grand jour levé, l’argenté <strong>des</strong> vagues laisse deviner l’abondance<br />

<strong>des</strong> poissons. Avant de prendre la piste, je prends le pouls de cette petite ville dont les ruelles sont au cordeau. L’agitation n’est pas de mise,<br />

heures, jours et regards glissent sur un fluide ourlé de flaques bleues. Promenade le long de la jetée : désert ouvert 24h/24h…<br />

Courbines, dora<strong>des</strong>, huîtres chau<strong>des</strong> je fais bombance <strong>des</strong> fruits de la mer et dérobe encore une nuit de repos, bienfaisante et parfumée à la gomme<br />

d’acacia, au camoun reg avec un zeste de jdari… L’aube me trouve longeant l’océan à la recherche de quelque berger nomade sur les 13 millions<br />

d’hectares que couvrent les parcours d’ici. L’hiver, rythmé par le cycle immuable <strong>des</strong> saisons et <strong>des</strong> pluies, les noma<strong>des</strong> quittent la proximité de la côte.<br />

Le désert est truffé d’agréables surprises : ici <strong>des</strong> dromadaires se frottent aux panneaux routiers qui indiquent « Dakhla 200 km », là un berger venu<br />

de Mauritanie cherche la brebis à qui restituer son agneau ! Les dromadaires se repaissent <strong>des</strong> plantes - plus de cent espèces - qui font le parcours. Les<br />

acacias sont aussi à leur menu. Ici tout mange tout ! De temps à autre un troupeau traverse, moutons et dromadaires paissent en paix. Le berger est<br />

introuvable, présence dans l’absence. Les Sarahouis font passer le thé pour passer le temps. Sur la ligne d’horizon un dromadaire solitaire se gorge<br />

d’embruns et de dunes. Le rose de l’aube levée sera la topaze de mon bijou…<br />

tourisme<br />

solidaire<br />

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ÉLEVEURDAKHLA<br />

« Une heure sur les parcours vaut toutes les<br />

journées passées en ville »<br />

LAITCHAMELONTIRSS<br />

Il a cette élégance si particulière aux gens du Sud.<br />

Du Sud, il a hérité d’un savoir ancestral pour la conduite <strong>des</strong> troupeaux<br />

sur les parcours, la connaissance <strong>des</strong> espèces végétales et cette<br />

annihilation du temps. Au désert exit l’agenda, foin de planning et<br />

autres gadgets d’un monde citadin. Nuance nécessaire. Si Ahmed<br />

Baba est né sous la tente à 200 km de Dakhla « un jour de l’année où<br />

l’étalon de l’oued était mort – Oued El Haouli- » il est un redoutable<br />

homme d’affaires, propriétaire d’un hôtel. Pour en arriver là,<br />

il a quitté sa famille de noma<strong>des</strong> après plusieurs années de<br />

sécheresse. Il venait d’avoir « à peu près 18 ans » et s’est converti au<br />

commerce. « J’ai pu aider ma famille, mais croyez-moi 1h sur les parcours<br />

vaut toutes les journées passées en ville. » Jambes croisées, à l’aise, Si<br />

Ahmed Baba arbore une lourde bague d’argent, de cet argent qui<br />

se transmet comme les secrets <strong>des</strong> puits. « J’ai accepté de présider<br />

l’association professionnelle <strong>des</strong> éleveurs de camelins de la région de<br />

l’Oued Eddahab Lagouira parce que les éleveurs me l’ont demandé, pour<br />

participer à la promotion de l’élevage et mettre en lumière cet animal<br />

qu’est le chameau (dromadaire NDLR). Dire aussi l’importance <strong>des</strong><br />

valeurs culturelles, sociales et économiques qu’il porte aussi sur son<br />

dos ! » Aucun signe d’impatience chez Si Ahmad Baba qui doit, on le<br />

devine, posséder un caractère bien trempé ce qui est le comble pour<br />

un homme du désert ! Il a un espace vital, un lieu où l’intime <strong>des</strong><br />

souvenirs entre en résonnance avec celui qu’il est. Il en ouvre la porte.<br />

Impassible. « Je me souviens de la première fille que j’ai aimée.<br />

En tout, il y a une 1ère fois. Comme de respirer pour la 1ère fois les<br />

plantes fraîches du parcours ! » Il ne se souvient pas du jour précis où<br />

ce parfum de plantes du désert est arrivé jusqu’à lui tant la mémoire<br />

est mêlée à son 1er souffle, sous la tente le jour de sa naissance. Ce<br />

sensuel aussi calme en apparence que peut l’être le sable du désert<br />

nous confie avant de partir « la meilleure chose qui soit est de toucher<br />

quelqu’un ou quelque chose que j’aime. »<br />

Le désert en fait partie.<br />

Le chamelon, dès sa naissance, a besoin<br />

du lait de sa mère. Mais il cultive ce particularisme<br />

de trouver sa nourriture sur les parcours de la<br />

région de l’Oued Eddahab Lagouira. Un espace sur<br />

lequel poussent plus d’une centaine de variétés<br />

de plantes que l’on ne peut trouver ailleurs. Cette<br />

diversité fait la spécificité du goût, de la tendreté<br />

et, par conséquent, de la qualité de la viande du<br />

chamelon de Tirss.<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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FROMAGE<br />

CHAMELLEDAKHLA<br />

Gourmandise<br />

Milouda et Malika, 2 <strong>des</strong> 7 adhérentes de la coopérative<br />

Ajban Dakhla située dans les faubourgs de Dakhla, m’accueillent en blouse<br />

blanche et verre de lait de chamelle offert. Ici les femmes transforment en<br />

fromage frais et dans le strict respect <strong>des</strong> normes d’une sécurité alimentaire<br />

exigeante, le lait de leur élevage.<br />

Objectif à court terme : un revenu fixe et durable pour les femmes.<br />

Conscientes de l’impact que pourrait avoir, sur leur quotidien, un projet<br />

lié au tourisme – imaginons une « maison de la chamelle « avec vente de<br />

produits camelins et démonstrations <strong>des</strong> savoir-faire ancestraux – elles<br />

affirment vouloir « aller de l’avant. Plus jamais en arrière. » Une avancée qui<br />

les conduira à tester dans un avenir proche l’affinage du fromage de lait de<br />

chamelle !<br />

Parallèlement, un ambitieux projet a vu le jour : collecter, pasteuriser puis<br />

commercialiser le lait de chamelle. Le potentiel de collecte rationnel, qui<br />

tient compte <strong>des</strong> contraintes liées à l’éloignement <strong>des</strong> zones de collecte, est<br />

actuellement de 2 tonnes/jour. Une usine de transformation a été mise en<br />

place dans la cadre du Plan Maroc Vert.<br />

Quelques chiffres parlent : 40 000 dromadaires sur la Région dont 60% sont<br />

<strong>des</strong> femelles qui donnent chaqune 5 litres de lait par jour.<br />

Recette « Tajine de chamelon du Tirss»<br />

Ingrédients:<br />

800 grammes de viande de chamelon du Tirss<br />

200 grammes d’oignons<br />

300 grammes d’abricots secs d’Amarsit<br />

Miel de thym<br />

Huile d’olive<br />

Sel, poivre, paprika, gingembre, cannelle<br />

Graines de sésame<br />

Dans un tajine en terre mettre l’huile, puis les oignons épluchés et coupés en<br />

rondelles.<br />

Ajouter la viande, saler, poivrer.<br />

Après 5 minutes de cuisson, ajouter un verre d’eau.<br />

Amener à ébullition ajouter gingembre, paprika puis le miel.<br />

Réduire la chaleur et laisser cuire 25 à 30 minutes.<br />

Ajouter les abricots, les graines de sésame et terminer la cuisson durant 5<br />

minutes.<br />

Accompagner d’un fromage frais de lait de chamelle de la coopérative Ajban<br />

Dakhla.<br />

ambition<br />

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Plantes du<br />

Tirss<br />

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VII<br />

En quête de terroir Marrakech Tensift Al Haouz<br />

« Ma vue se perd dans de vertes collines<br />

où les figues de Barbarie Akkouri<br />

donnent <strong>des</strong> couleurs à la vie »<br />

Fleurs, écume, palais et une côte pourléchée par les vagues <strong>des</strong> surfeurs. En laissant le Sud, je pensais garder comme un<br />

souvenir les images <strong>des</strong> dromadaires. Or une surprise de taille m’attend sur l’espace qui relie Agadir à Smimou : à flanc de<br />

colline un homme accompagne le pas lourd mais déterminé d’un curieux attelage. Deux dromadaires labourent le sol au rythme lent qui<br />

leur sied ! L’émotion me gagne. Autre découverte : les figues de Barbarie Akkouri donnent <strong>des</strong> couleurs à la vie. Leurs fruits purpurins et<br />

veloutés invitent gourmandise et curiosité à ma table.<br />

découvrir<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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BOUCHERSMIMOU<br />

« Le parfum de l’arbre qui revient en bouche »…<br />

ARGANIER SMIMOU<br />

CHEVREAUX<br />

Saïd est boucher à Smimou, pour lui les<br />

particularités de la viande du chevreau de l’arganier<br />

sont simples : « la viande est d’un rouge plus clair, elle<br />

diminue moins à la cuisson, goût plus marqué un peu sucré<br />

avec le parfum de l’arbre qui revient en bouche, sans gras<br />

apparent, tendre et juteux.» À cette judicieuse <strong>des</strong>cription,<br />

insistons sur la qualité diététique de cette viande qui<br />

réduit les risques d’accidents cardio-vasculaires. La<br />

viande du chevreau de l’arganier est maigre, savoureuse.<br />

A l’occasion d’Aïd el Adha, lors d’un Moussem, d’un<br />

mariage ou tout simplement pour fêter votre venue,<br />

votre hôte vous servira un tajine aux oignons et chevreau<br />

de l’arganier ou <strong>des</strong> côtelettes de chevreau d’arganier<br />

arômatisées au thym, vous serez alors convaincus !<br />

Historicité, adaptation au biotope, diététique<br />

et abattu dans les normes d’hygiène les plus strictes, le<br />

chevreau de l’arganier est un produit de terroir par excellence.<br />

Historiquement, Léon l’Africain (al-Hasan ibn Muhammad<br />

al-Zayyātī al-Fāsī al-Wazzān) nous révèle qu’à cette époque<br />

(aux XV° et XVI° siècles ) dans l’arrière-pays d’Essaouira:<br />

« Les habitants sont tous agriculteurs. Leurs terres sont bonnes<br />

pour l’orge… ils possèdent un très grand nombre de chèvres. »<br />

L’aire de production du « chevreau de l’arganier » peut être<br />

délimitée à partir de la frange littorale qui s’étend du nord<br />

d’Essaouira au sud de Tiznit. Les grands troupeaux restent<br />

localisés sur les franges littorales et la plaine du Souss. Avec<br />

<strong>des</strong> conditions climatiques caractérisées par une aridité assez<br />

marquée, l’arganier est la nourriture essentielle du chevreau.<br />

Le relief dans l’arganeraie est très accidenté. Le pâturage dans<br />

l’arganeraie, surtout en montagne, n’est accessible que par les<br />

caprins de populations locales. Ces conditions ont permis la<br />

mise en place d’un écosystème unique au monde : l’arganeraie<br />

présente un équilibre entre l’homme, l’arbre et les caprins.<br />

L’arganeraie alimente un cheptel majoritairement caprin qui<br />

compte 1.2 million de têtes lesquelles valorisent au mieux les<br />

parcours sous forêt. Rustiques, agiles, aptes à la marche en<br />

milieu difficile et habiles à grimper sur les arganiers les chèvres<br />

de l’arganeraie illustrent l’adaptation quasi parfaite d’un animal<br />

d’élevage avec son milieu. Des étu<strong>des</strong> confirment, en outre,<br />

que le pâturage en arganeraie se traduit par une réduction <strong>des</strong><br />

graisses et donne à la viande de chevreau de l’arganier <strong>des</strong><br />

qualités diététiques fort recherchées pour la prévention <strong>des</strong><br />

maladies cardio-vasculaires !<br />

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ÉLEVEUR CHEVREAUX<br />

« Le plus difficile c’est le début<br />

du commencement »<br />

Brahim est un Sage. Il a tout de l’homme qui a<br />

su faire fructifier un savoir transmis avec un savoir grappillé<br />

çà et là. Président de l’association Assarn et membre de<br />

l’Association Nationale <strong>des</strong> Éleveurs Ovins et Caprins (ANOC)<br />

pour l’amélioration de la race <strong>des</strong> chevreaux de l’arganier, il<br />

mène son combat avec douceur et fermeté. Ses mots sont<br />

pesés, ils sonnent justes et sont empreints d’humour, de<br />

gravité « le chevreau qui monte dans un arbre c’est comme<br />

une abeille qui pollinise…/… chevreau de l’arganier c’est celui<br />

qui est AUSSI nourri avec le tourteau et les feuilles d’arganier.<br />

Un chevreau dans l’arbre ce n’est pas dangereux pour la forêt.<br />

Autrefois chaque troupeau comptait 1 000 bêtes et l’arganeraie<br />

se portait à merveille…»<br />

Brahim, vêtu d’une djellaba aux couleurs de la terre, me reçoit<br />

un jour de vent glacial, le thé brûlant versé dans de jolis<br />

verres bleus relaie le message mêlé d’espoir et de mise en<br />

garde de Brahim « je vis de l’agriculture et de l’élevage, je me<br />

battrai jusqu’à mon dernier souffle pour faire reconnaître la race<br />

<strong>des</strong> chevreaux de l’arganier…/… Le plus difficile c’est le début<br />

du commencement. C’est comme un sport, mais que je pratique<br />

pour les autres, leur avenir et cela m’apaise. » La paix, Brahim<br />

la cherche dans un Maroc dont il voudrait que tous les jeunes<br />

soient fiers, il la trouve aussi dans les journées de travail avec<br />

son épouse « bien sûr qu’elle m’aide sinon cela voudrait dire que<br />

l’on n’est pas un seul et même être. Quand je n’ai pas de travail,<br />

je me prépare pour les prochains jours de travail ! La colonne<br />

vertébrale d’une vie c’est la valeur travail…/… » Une abeille<br />

tombe dans le miel posé sur la table, comme pour ponctuer<br />

les propos de Brahim. Il l’extrait de cette glu et conclut par ces<br />

mots venus du fond de lui « s’il n’y a plus d’abeilles il n’y a plus<br />

d’Homme ». Brahim n’a pas lu Einstein, « juste » les pages de<br />

la Nature qu’il côtoie depuis sa naissance. Et c’est un si beau<br />

livre…<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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HAHA<br />

MIELMIEL<br />

« Le miel de Haha : si tu ne connais pas beaucoup de monde, prends <strong>des</strong> abeilles ! »<br />

Une belle maison de pierres au décours d’un chemin fleuri : c’est la coopérative Kaouki<br />

qui produit et commercialise les produits <strong>des</strong> ruches et ceux de l’arganier. « Nous sommes<br />

apiculteurs, car nous aimons être piqués » plaisante Ahmed, président de l’Union <strong>des</strong><br />

coopératives de la région. « Je me suis engagé dans le mouvement coopératif, car se regrouper<br />

c’est mutualiser les moyens pour rationaliser les charges…/… Un jour j’ai pensé que nous devrions<br />

vendre notre miel tous ensemble et nous avons fait la coopérative. Dix coopératives, 1300 ruches.<br />

J’ai un rêve : que les Marocains dégustent les miels du Maroc ! » Ici les miels sont bio, de fenouil,<br />

d’arganier, de fleurs d’orangers, de thym, de chardon, de caroubiers, j’en passe tant la liste est<br />

longue. La vocation d’apiculteur s’est imposée à Ahmed alors qu’il rentrait de l’école en 1968.<br />

Il trouve un essaim, rate l’école pour revenir chez son père et demander la récolte de l’essaim.<br />

Demande refusée, mais un vieux voisin apiculteur prénommé Moulay prend soin de la<br />

trouvaille. Neuf mois plus tard, Moulay se présente à la porte de la maison d’Ahmed avec 2<br />

seaux de miel « c’est le fruit de ton essaim » dit-il à l’enfant subjugué. De fil en aiguille, de ruches<br />

en aiguillons, Ahmed devenu adulte a renoué avec l’apiculture. Il en va ainsi au Maroc, le miel<br />

et les produits de terroir racontent, à ceux qui veulent écouter, ces jolies histoires entre les<br />

Hommes et la Terre.<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir Page 119


Itinéraire terroir, vers Meskala<br />

« Seul le vent<br />

est autorisé à dépasser 30 km par heure »<br />

HUILEOLIVESTYOUT CHIADMA<br />

Après Essaouira où seul le vent est autorisé à dépasser la vitesse de 30 kilomètres à l’heure, c’est un<br />

paysage riche, vert et superbement entretenu qui défile. Moutons, vaches, chèvres paissent paisiblement. Seules<br />

de vieilles souches d’oliviers, posées à l’envers et sèches, me laissent imaginer une main qui quémande le ciel…<br />

À la coopérative Tyout, tout est vérifié, testé, contrôlé. Rien d’étonnant<br />

alors que l’huile d’olive extra-vierge soit si réussie. Maâti, président vigilant et<br />

attentionné, aime ce qu’il fait « travailler avec <strong>des</strong> arbres centenaires c’est toute<br />

une histoire. Chaque vieil arbre me plonge dans la vie de mes parents, celle de mes<br />

grands-parents et lorsque je me trouve à côté d’un vieil arbre j’ai du respect . »<br />

Maâti fait appel à ses souvenirs « la collecte <strong>des</strong> olives en famille, les chants <strong>des</strong><br />

femmes » qui ont été utiles pour mettre en place les pratiques de valorisation « la<br />

tradition oui, mais adaptée aux normes actuelles. » D’un passé collectif spontané<br />

est née une organisation exemplaire qui s’appuie sur un protocole, <strong>des</strong> registres,<br />

- 4 en tout - pour la traçabilité. Ce qui aurait pu être vécu comme une contrainte<br />

s’est transformée en fierté : l’obtention de l’A.O.P. en 2010, la première du Maroc,<br />

est pour les oléiculteurs de la coopérative une immense satisfaction. « Rigueur et<br />

discipline permettent une production aux normes européennes dans une maasra<br />

traditionnelle. » L’huile d’olive de Tyout a <strong>des</strong> saveurs de tomates et artichauts,<br />

mais plus encore, elle est précieuse comme le jade, les olives semblent avoir<br />

capturé un peu de la lumière du soleil que les producteurs extraient. Ils laissent<br />

dormir leur produit à l’ombre <strong>des</strong> volets fermés, là, l’huile se repose, car comme<br />

le dit le poète « nul ne peut atteindre l’aube sans passer par le chemin de la nuit. » À<br />

Meskala c’est un jour nouveau qui s’ouvre désormais pour les oléiculteurs.<br />

La topaze que je choisis capture aussi la Lumière !<br />

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CHEVRE<br />

FROMAGECHEVRE<br />

RAISINRAISIN<br />

CHIADMA<br />

« Une réussite à la <strong>maroc</strong>aine »<br />

Elles sont quinze femmes à connaître leur métier<br />

d’éleveurs !<br />

Mais à la coopérative Mogad’or, ce sont Naima et Hanane qui<br />

officient. Elles s’entendent bien et pour cause elles sont sœurs !<br />

La chèvrerie se trouve à 2 kilomètres du lieu de transformation<br />

du lait de chèvre en fromages. Une situation géographique<br />

qui ne décourage pas ces femmes. Chaque jour après la traite<br />

un chariot tiré par un âne achemine le lait à la laiterie. Les 45<br />

chèvres - race alpine - donnent 250 litres de lait au quotidien<br />

qui sera transformé - après passage en salles de traitement<br />

adaptées aux normes d’hygiène - en 80 jolies tommes de<br />

chèvres. Les clients que sont les hôtels, touristes et autres<br />

gourmands se régalent tandis que les revenus procurés aux<br />

femmes adhérentes améliorent la vie quotidienne. Une réussite<br />

à la <strong>maroc</strong>aine !<br />

Près d’Akarmoud les vignes s’étalent. Je suis dans<br />

la zone du raisin Chiadma dont la culture occupe une superficie<br />

égale à 2 200 ha. L’histoire de ce vignoble est ancienne. Plusieurs<br />

générations ont entretenu les vignes avec patience et passion. La<br />

transformation en raisins secs qui se laissent croquer avec délice<br />

se transmet de famille en famille. Le raisin sec se prépare lors <strong>des</strong><br />

vendanges, les années où la vigne est généreuse. Le trempage<br />

<strong>des</strong> raisins frais dans une solution composée d’eau, de cendres,<br />

de fèves, de chaux vive et d’huile d’olive, donne naissance à ce<br />

mets gourmand. Les raisins de Chiadma sont appréciés frais,<br />

sur la table ! La production totale <strong>des</strong> vignobles du terroir est<br />

d’environ 11 000 tonnes par an.<br />

Produit en mode naturel avec engrais vert, ce vignoble présente<br />

toutes les caractéristiques d’une agriculture respectueuse de<br />

l’environnement !<br />

« Un raisin nature ancien »<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir Page 123


FENOUIL<br />

FENOUIL TAFATACHT<br />

Ici les agriculteurs cultivent, en périmètres irrigués, le fenouil. A l’instar d’Hassan qui possède également quelques vaches<br />

laitières. Le fenouil est prisé dans la région, sa récolte échelonnée de mi-mai à mi-septembre précède les battages à la main.<br />

Habituellement les fellahs se munissent d’un sac de graines de fenouil pour aller au souk, à dos d’âne. L’argent de la vente sur place<br />

permet aux paysans de faire leurs courses, à dos d’âne, et d’acheter les produits dont la famille a besoin.<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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Itinéraire vers Loudaya<br />

Curiosité : Le mausolée d’Al-Mutamid ibn Abbad<br />

« C’est au raisin, toutefois,<br />

que revient la tâche d’égayer l’espace. »<br />

Sur ma route les paysages sont moins gourmands « as usual » je retiens qu’ils nourrissent les Hommes ! Surlignée par<br />

un horizon ennuagé, ourlé de cimes enneigées, la vue se perd un peu. Des saveurs sirupeuses s’échappent de quelques plaines<br />

semi-ari<strong>des</strong>. Un parfum d’eucalyptus laisse augurer de bien belles vertus thérapeutiques. C’est au raisin, toutefois, que revient la<br />

tâche d’égayer l’espace. Près de Loudaya, de hauts murs protègent les hautes vignes dont les treilles sont soutenues par <strong>des</strong> roseaux.<br />

Cette plante règne en maître : sacs pour la vente <strong>des</strong> grappes de raisin, portes <strong>des</strong> vignobles, tuteurs pour les vignes tout est roseau !<br />

Un air de Toscane accompagne ma route depuis Marrakech vers Ghmat.<br />

Le cœur de cette bourgade pulse, bat, grouille de tous ces <strong>des</strong>tins en marche.<br />

Chacun s’affaire, les échoppes ne bâillent plus, les pains empilés sont vendus. Image<br />

furtive : quelques enfants font leurs devoirs, contre le mur de l’école, près d’une centaine<br />

de bicyclettes témoigne, à la fois de la vitalité <strong>des</strong> écoles <strong>maroc</strong>aines et de l’éloignement<br />

<strong>des</strong> écoliers. Leur volonté d’apprendre résiste à la distance, ce terroir-là est celui d’une<br />

campagne près du tourisme de Marrakech ! Ce site est aujourd’hui connu sous le nom<br />

de Joumâa d’Ghmat, particulièrement célèbre par le mausolée d’Al-Mutamid ibn<br />

Abbad. Ce mausolée raconte la poésie et l’histoire de ce roi de Séville et roi <strong>des</strong> poètes qui<br />

recommandait de faire le bien avec nos cœurs…<br />

La ville a été construite par les Berbères bien avant la conquête islamique du Maghreb.<br />

Les Almoravi<strong>des</strong> se rendent maîtres de la ville en 1057. Cette cité était une base dans leur<br />

avancée vers les régions du nord, avant qu’ils ne fondent la médina de Marrakech en<br />

1062. Ghmat fut le lieu d’exil <strong>des</strong> rois déchus d’Espagne C’est en 1970 qu’a été restauré le<br />

mausolée d’Al-Mutamid ibn Abbad où il repose avec sa femme Iîtimad Rmiqia ainsi que son<br />

enfant. Une fille selon <strong>des</strong> sources, un fils selon le gardien du mausolée.<br />

culture<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir Page 127


CACTUS REHAMNA<br />

LIMONETTEMARRAKECH<br />

La limonette qui ressemble beaucoup, par<br />

sa forme, à une mandarine jaune est issue de vergers<br />

répandus à Ouled Hassoun, Alouidane et Nakhil. Juteuse,<br />

acide, dotée d’un arôme typique, la limonette est conservée<br />

via une méthode bien maitrisée par les femmes. Ce<br />

processus consiste en deux découpes qui permettent d’ouvrir<br />

le fruit et d’insérer du sel. Les limonettes ainsi salées sont<br />

disposées dans un bocal. La préparation obtenue est le<br />

« Lamsayyer » très présent dans la préparation <strong>des</strong> plats<br />

cuisinés du terroir. Indispensable pour les plats à base de<br />

poulet, cette culture – au double sens du terme – pourrait<br />

générer une activité de complément pour les femmes de la<br />

région.<br />

S’agissant du cactus, ses plantations, à l’origine dédiées à la<br />

restauration et la conservation <strong>des</strong> sols contre l’érosion,<br />

occupent le premier rang national en superficie plantée et<br />

en production. Respectivement 31% et 26%.... Une association<br />

Marocaine de développement du cactus ainsi que deux<br />

associations locales de producteurs rayonnent dans la zone<br />

de Rehamna. Il convient d’ajouter à cette liste la présence de<br />

coopératives, dont une qui produit raquettes, confitures et<br />

huile de pépins de cactus.<br />

Citron et citrine ! Une pierre de plus !<br />

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Gourmandise<br />

Recette « Tanjia »<br />

Traditionnellement préparé par les hommes ce<br />

plat nécessite une cuisson dans les cendres du<br />

four ! Quoi de plus <strong>maroc</strong>ain !<br />

Pour 8 à 10 personnes<br />

4 kgs de viande de veau<br />

1 verre d’huile d’olive<br />

1 cuillère à soupe de beurre rance<br />

1 gousse d’ail<br />

1 cuillère à café de cumin<br />

1 pincée de safran de Taliouine<br />

1 limonette confite<br />

1 jarre de terre cuite de Temgrout ou Salé<br />

Ôter les pépins de la limonette coupée en 4.<br />

Mettre dans la jarre tous les ingrédients. Fermer<br />

hermétiquement.<br />

Porter la jarre à l’homme qui chauffe le four.<br />

Il laissera cuire dans la cendre durant 4 à 5 heures.<br />

Ouvrir et verser la préparation dans un grand plat.<br />

Servir chaud.<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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VIII<br />

En quête de terroir Tadla Azilal<br />

Curiosité : Remonter le temps !<br />

« Les euphorbes qui tantôt s’accrochent<br />

tantôt s’étalent comme une mer verte »<br />

La route s’offre au regard et sur le bord de mes cils, j’aperçois <strong>des</strong> bergers vêtus de djellabas traditionnelles, ce ne sont pas encore les vêtements<br />

de fête, laine et soie blanche tissées par les femmes de Bzou. Ces bergers qui évoluent à l’aise dans ces paysages où alternent plaines, montagnes et vallées<br />

sont défiés par de jeunes et drôles d’oiseaux qui arborent <strong>des</strong> sweats d’un rouge provocant. C’est le choc <strong>des</strong> générations, rugueux telles les euphorbes<br />

qui, tantôt s’accrochent, tantôt s’étalent comme une mer verte, véritable garde-manger <strong>des</strong> abeilles. Euphorbes et caroubiers sont partout sur mon<br />

parcours. Le vert s’impose ainsi que le port altier <strong>des</strong> oliviers à perte de vue. Des champs moissonnés, une terre ouverte aux semeurs de l’automne<br />

laissent place à une route qui grimpe un peu. Les amandiers sages et en étages semblent frileux, je reviendrai au printemps fêter leurs fleurs retrouvées<br />

pour une saveur si particulière. Sur mon parcours, dans un fracas éblouissant, les chutes d’Ouzoud, hardiesse en tête, se jettent d’une hauteur de 100<br />

mètres. Le spectacle, au coucher du soleil, est étourdissant. Je ferme les yeux afin de mieux laisser battre mon cœur. Je me garde en tête les paysages<br />

de la « vallée heureuse » <strong>des</strong> Aït-Bougemmez : décor sauvage et habité par <strong>des</strong> Hommes fiers attachés à leur mémoire collective. Greniers fortifiés<br />

chantent, à qui veut entendre, les mots de la poétesse Amazighe, Mririda n’Aït Attik, née d’une autre vallée, la Tassaout « et si tu crains toujours l’oubli,<br />

écoute la Tassaout, la rivière tant aimée, rouler et chanter sa même chanson d’eau sur les galets de ton enfance ; c’est aussi ton nom qu’elle murmure<br />

inlassablement ». Le soleil de ses mots et celui du ciel s’infiltrent dans les vallées si nombreuses, si enchevêtrées que je me tromperai en les comptant.<br />

Dédale de creux de bosses, de surplombs, de découpures bizarres et de pont naturel jusqu’au cercle d’horizon où se froncent les à-pics du Haut Atlas.<br />

Il y eut ce temps où la région Tadla-Azilal était une vaste plaine avec <strong>des</strong><br />

lacs, <strong>des</strong> forêts. Les dinosaures dominaient, sur le sol qui deviendra Demnate,<br />

toutes les autres espèces. Homo Sapiens Sapiens n’était pas encore né. J’imagine<br />

le Haut Atlas central d’Azilal comme un golf marin ouvert et bordé au Sud Est par<br />

<strong>des</strong> plaines inondées.<br />

Par un spectaculaire « hasard géologique » la pierre garde la trace du passage<br />

de ces géants. Tout près de Demnate, une petite route me conduit sur les pas<br />

de dinosaures sauropo<strong>des</strong>. L’espèce la plus imposante de dinosaures herbivores<br />

ayant vécu sur terre, il y a près de 200 millions d’années et de théropo<strong>des</strong><br />

tridactyles carnivores qui se tenaient sur leurs pattes arrière il y a 185 millions<br />

d’années. Je pose mes pieds dans ceux de ces espèces, aujourd’hui disparues, et<br />

j’écoute d’une oreille distraite les explications <strong>des</strong> mômes qui sont venus piailler<br />

gentiment afin de me conter « l’histoire véridique et vérifiée <strong>des</strong> dinosaures ! »<br />

Éparpillées en pistes solitaires ou en troupeaux ces traces émouvantes invitent à<br />

penser au <strong>des</strong>tin de tout un chacun !<br />

Je sais que le Géo parc de M’Goun qui s’étend sur 12 000 km carrés dans la<br />

Région de Tadla Azilal se préoccupe de géologie, préhistoire et d’espèces<br />

disparues comme cette panthère mystérieuse…<br />

A Demnate, j’apprends que les<br />

dinosaures sont passés avant moi !<br />

Ont-ils ouvert les paysages en même<br />

temps que le passage ? L’altitude<br />

m’évoque le port altier <strong>des</strong> animaux<br />

disparus, de cette terre sertie,<br />

enserrée par la trace du soc, de la<br />

houe, me vient le rouge identique<br />

à celui <strong>des</strong> sorbiers. Les feuilles <strong>des</strong><br />

noyers font tinter le bronze et<br />

l’orangé ! Dans ce terroir, le goût est<br />

incroyablement et agréablement<br />

farouche !<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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NOIXAÏT BOUGUEMEZ<br />

« Malika, entre le noir <strong>des</strong> heures difficiles<br />

et le blanc du bonheur apprivoisé ! »<br />

AÏT BOUGUEMEZ<br />

NOIX NOIX<br />

Frêle d’apparence, Malika est une jeune femme<br />

de 27 ans comme le Maroc en compte beaucoup : dévouée<br />

à sa famille, ses voisins, sa terre. Orpheline de père<br />

alors qu’elle était une enfant Malika, qui nous accueille en<br />

vêtements traditionnels posant ainsi son appartenance, a<br />

quitté l’école afin de s’occuper de sa maman et sa petite<br />

sœur. Ce qui est un sacrifice, est apparu naturel à cette<br />

jeune femme. Toutefois, adulte devenue, elle est entrée<br />

dans une école de modélisme. Mais en 2005 Malika<br />

décide de revenir au bled. Cette période correspond avec<br />

le démarrage du projet de coopérative « chez nous, dans<br />

mon village, chaque famille possède entre 50 et 100 noyers.<br />

Il y a également <strong>des</strong> cognassiers et certains élèvent <strong>des</strong><br />

vaches laitières. J’ai appris grâce aux formations à<br />

transformer, valoriser les productions ». Elue présidente<br />

en 2007, Malika maîtrise les pratiques agricoles de sa<br />

Région du Tadla Azilal, en particulier de son petit village<br />

où la neige parfois règne en force ! Malika ne rate<br />

jamais une foire, un salon afin de promouvoir le travail<br />

<strong>des</strong> femmes de la coopérative. Satisfaction, efforts et<br />

soulagements sont les mots qui la bercent !<br />

Elle qui dit aimer l’odeur de la terre après la pluie, la<br />

douceur <strong>des</strong> mains de sa maman et le rêve collectif d’une<br />

réussite de la coopérative. Elle connaît le noir <strong>des</strong> heures<br />

difficiles et le blanc du bonheur apprivoisé ! Juste avant<br />

de la quitter, Malika donne un détail, souvenir d’une<br />

enfance à l’école : un professeur qui n’était pas satisfait<br />

<strong>des</strong> résultats de l’ensemble de la classe avait décidé de<br />

sanctionner les élèves , dont Malika, en les frappant sur<br />

les pieds. Une solidarité spontanée s’est mise en place<br />

et sous leurs bureaux les élèves se sont fait passer la<br />

seule paire de chaussettes de la classe ! Belle preuve de<br />

collectivité ! Malika en racontant ce souvenir nous a offert<br />

un fou rire dont les échos font vibrer Taroudant !<br />

Cette coopérative dont le nom signifie « jumelles »<br />

a été créée dans le cadre du projet financé par « Agronome et<br />

vétérinaire sans frontière et l’UE » qui visait le développement<br />

de l’économie de Aït Bouguemez fonctionne depuis 2007. Ce<br />

sont 13 femmes qui adhèrent à cette coopérative Tikniouine.<br />

Plusieurs formations ont été proposées aux femmes, notamment<br />

sur la production du fromage de vache, l’extraction de l’huile<br />

de noix, les confitures de coings, les tomates et le safran. Les<br />

produits sont commercialisés via <strong>des</strong> salons et <strong>des</strong> boutiques à<br />

Rabat, Marrakech…<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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MIEL<br />

TADLA AZILAL<br />

EUPHORBE<br />

« Le miel et l’euphorbe,<br />

une union heureuse ! »<br />

La région du Tadla Azilal constitue, grâce à son unique océan<br />

d’euphorbes un garde-manger pour toutes les abeilles du Royaume, rien<br />

d’étonnant alors que cette IGP soit attribuée au miel d’euphorbe de la<br />

Région. L’euphorbe s’étend le long du dir (pied de montagne) de<br />

Demnate à El Ksiba sur une superficie de plus de 8 000 ha rien que dans la<br />

Province de Béni- Mellal. Ancrée dans le patrimoine collectif, la production<br />

de miel d’euphorbes est une activité ancestrale.<br />

La production annuelle en miel est de l’ordre de 350T devrait atteindre<br />

en 2015 près de 600T. Ce miel très rare de couleur brune est réputé pour<br />

ses vertus nutritives et médicinales. Il reste le plus prisé par les<br />

consommateurs et bénéficie d’une renommée internationale… Utilisé<br />

dans la confection de gâteaux traditionnels il est énergétique et<br />

pauvre en protéines. Un centre de valorisation <strong>des</strong> produits apicoles a vu<br />

le jour à Afourer, financé dans le cadre du Plan Maroc Vert. Ce sont 4 700<br />

apiculteurs qui bénéficient de ce centre composé d’une salle d’exposition,<br />

d’un laboratoire d’analyse du miel. Après l’introduction de la ruche<br />

moderne en 1992, après l’organisation professionnelle - union <strong>des</strong><br />

coopératives apicoles - voilà donc en place le processus de valorisation<br />

d’un miel hors du commun dont la commercialisation contribue déjà à<br />

augmenter les revenus <strong>des</strong> petits agriculteurs.<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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PIMENTSOULED ALI<br />

« De temps en temps je mange <strong>des</strong> piments »<br />

Juste avant de croiser la route de Fatima, cueilleuse<br />

de piments et d’autres légumes, j’aurais aimé somnoler<br />

encore dans ce relais élégant de la région où quelques<br />

chasseurs de photographies ou de sangliers prennent du<br />

repos. Allons, il ne faut pas s’amollir quand on voyage !<br />

Debout, je risque un œil autour de moi en allant vers Ouled<br />

Ali. L’air est humide, le brouillard de l’aube habille les<br />

piments qui sèchent à perte de vue. Ponctuation visuelle, les<br />

tas d’un rouge piquant surlignent le vert irrigué <strong>des</strong> parcelles<br />

délimitées grâce aux pierres. Ce n’est que le début du paysage<br />

avec ses lignes, ses contours : je sens que les couleurs vont<br />

naître avec le soleil !<br />

Patience. Fatima est au milieu d’une plantation. Échine<br />

courbée, elle accepte de répondre brièvement à mes<br />

questions. Oui elle est cueilleuse, depuis une douzaine<br />

d’années. Niora, citrons, oignons, la Région regorge d’emplois<br />

« si tu as la capacité physique, ici tu travailles à l’année » dit-elle<br />

tout en soulignant qu’elle espère trouver un travail vraiment<br />

stable, pourquoi pas grâce aux noyers aux aman<strong>des</strong> ou au miel,<br />

filières de produits terroir qui s’organisent. Je quitte Fatima<br />

en songeant que je penserai à elle et à tous ceux qui cueillent<br />

lorsque je croquerai un piment désormais ! Devant la porte<br />

de la coopérative EL Hajla – la perdrix rouge – un excellent<br />

parfum titille mon nez : c’est le paprika qui s’invite tout<br />

comme la pluie, ici c’est 4 saisons par jour ! Séché à l’air libre le<br />

piment n’apprécie pas ces averses, peut-être que <strong>des</strong> fours<br />

arriveront à point ? A L’intérieur l’ambiance est piquante, la<br />

couleur orange domine…<br />

La région du Tadla Azilal est la 1ère région productrice de<br />

piments du Royaume, près de 90% de la production nationale<br />

est là. Sur les indications du président de la coopérative, je me<br />

procure aisément quelques sachets d’un excellent paprika<br />

dans la station- service voisine qui est un point de vente de la<br />

Niora et ses produits dérivés !<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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GRENADESOULED ABDELLAH<br />

« Ce que j’aime c’est quand je nourris la terre,<br />

elle me donnera ses fruits »<br />

GRENADES<br />

SEFRI<br />

OULED ABDELLAH<br />

Il le dit aisément, la couleur verte apaise ses yeux. Et sûrement<br />

son cœur, je le devine. Assis, mains croisées sagement, Mohamed se<br />

raconte. Une vie de paysan, fils de paysan devenu président de<br />

coopérative. « Quand j’étais enfant, mes parents m’obligeaient à travailler<br />

sur leurs terres. Aujourd’hui personne ne m’oblige, mon métier est un choix,<br />

j’aime quand je nourris la terre parce que je sais que, plus tard, elle me<br />

donnera ses fruits. » Mohamed est paisible, indifférent au brouhaha qui<br />

règne dans l’enceinte de la coopérative où les acheteurs défilent et<br />

négocient. Lorsque je lui demande de me donner un souvenir, son regard<br />

chavire un peu, l’eau n’est pas loin… « C’est comme un regret. Après le<br />

décès de mon père en 1980 j’ai décidé de quitter l’école. Je ne parviens pas<br />

à oublier les 10kms que Safia, ma mère, a parcourus à pied en me suivant et<br />

me suppliant de reprendre l’école. Je n’ai pas cédé. Mon regret c’est de ne<br />

pas avoir continué l’école cela me serait utile ! »<br />

A quoi ? Lui dis-je « A vous parler sans l’aide d’une traductrice ! J’encourage<br />

passionnément mes enfants à étudier. Hier l’un de mes fils qui avait quitté<br />

l’école a demandé à l’association locale s’il pouvait reprendre sa scolarité ! »<br />

Séquence émotion, Mohamed poursuit et confie qu’il n’aime rien de plus<br />

que l’odeur du bétail et celle <strong>des</strong> fleurs de grenadiers, les moments passés<br />

à Al Jadida une ville qu’il affectionne « mais même si vous m’offriez une vie<br />

entière là-bas entourée de plantations de grenadiers je refuserais. Ma terre<br />

et sa qualité, le climat de mon village tout me manquerait beaucoup trop ! »<br />

Tendres, sucrés, juteux de couleur rouge foncé et à la peau<br />

tendre, les fruits du grenadier sont pur plaisir ! Mais au-delà, l’enjeu<br />

économique reste présent : 45% de la production de grena<strong>des</strong> du<br />

Royaume sur une superficie qui représente 15% à l’échelle nationale! La<br />

production actuelle <strong>des</strong> grena<strong>des</strong> à Tadla est de 28.800 tonnes par an.<br />

La région prévoit une production de 33.000 T/ an en 2013 et 41.000 T<br />

en 2020. La surface cultivée, qui est de 1410 hectares actuellement,<br />

passerait à 1600 ha en 2013 et à 1800 ha en 2020, soit une augmentation<br />

de 31%. Le jour de ma visite à la coopérative Ouled Abdellah est un<br />

vendredi, chacun s’affaire avant la prière ! C’est un va-et-vient de<br />

véhicules chargés de caisses emplies de grena<strong>des</strong> extraordinairement<br />

grosses et colorées. Ici, 104 adhérents assurent cueillette et<br />

commercialisation de ce fruit qui a reçu l’IGP en avril 2011, récompense<br />

d’un travail collectif qui date <strong>des</strong> années 80. C’est en 2010, date de la<br />

création de la coopérative dans le cadre du Plan Maroc Vert, que les<br />

moyens se sont réellement mutualisés. A l’origine, une association<br />

- comme c’est souvent le cas au Maroc - « Abdeliya » s’est avérée un<br />

facteur actif pour la promotion de ces fruits dont la culture génère<br />

environ 9 000 emplois sur la Région ! À Ouled Abdellah 88 producteurs<br />

sont sur liste d’attente pour adhérer, preuve du succès de cette<br />

coopérative qui se donne pour objectif la construction d’une unité<br />

de conditionnement. Un Moussem avec fantasia et animations est<br />

organisé depuis 2003 à l’automne. L’occasion pour la région d’attirer<br />

l’attention sur une production qui est un patrimoine, pour les<br />

agriculteurs de montrer leur dynamisme, in fine de développer un<br />

tourisme <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong> ! Le mot de la fin est laissé à un producteur « venez<br />

voir notre fête où plus de 1 000 chevaux caracolent…/…Si à Sefrou il y a les<br />

cerises, à Kelâat les roses et bien sachez qu’ici il y a les grena<strong>des</strong> ! »<br />

Et le grenat pour mon collier.<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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Gourmandise<br />

Recette « Gâteau au miel, à l’orange et aux noix»<br />

Ingrédients:<br />

200 g de farine<br />

150 g de beurre frais<br />

120 g de sucre<br />

4 œufs<br />

1 orange du Maroc<br />

1 sachet de poudre levante<br />

100 g de cerneaux de noix<br />

2 cuillères à soupe de miel d’euphorbe<br />

Râper le zeste de l’orange et mettre de côté.<br />

Presser l’orange pour son jus<br />

Concasser les cerneaux de noix<br />

Avec un fouet mélanger le sucre et le beurre, ajouter farine, levure,<br />

jus et zeste d’orange, le miel et les 4 œufs battus préalablement.<br />

Incorporer les noix<br />

Préchauffer le four thermostat 7 à 180/200°<br />

Beurrer un moule à cake et verser la préparation qui doit être homogène.<br />

Cuire environ 40 mn.<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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IX<br />

En quête de terroir Chaouia Ouardigha<br />

« Ralentir pour se laisser dépasser »<br />

Un trait bleu, une barre d’immeubles et <strong>des</strong> lampadaires, réverbères qui n’attendent plus que le héros de<br />

Saint Exupéry ! Depuis l’hôtel où je me trouve, le soleil se décide à prendre la vitre, découpant le sol en d’élégantes<br />

arabesques. J’aurais voulu rester là, mais le dehors m’appelle. Je salue un taxi jaune et prends mes jambes à mon<br />

cou, grâce à ma voiture ! La pluie s’invite et je chemine vers Settat. Une haie d’oliviers taillés en gobelets recueille<br />

l’eau du ciel qui s’échappe. Dans les champs qui murmurent le terroir, <strong>des</strong> hommes installent un goutte-à-goutte.<br />

Ralentir et se laisser dépasser par une charrette que tire un cheval blanc. Ce taxi rural et collectif sûrement va vers le<br />

village qui s’ébroue sans se soucier de la pluie. Voici de retour les vertes prairies et les collines chauves, les parfums<br />

de menthe El Brouj, de verveine, le goût du cumin et le souffle du vent. La terre est en chamaille et ne demande qu’à<br />

être engrossée. Ici c’est un peu de l’Irlande qui m’accompagne. Jaune <strong>des</strong> colzas amoureux de l’absinthe. El Brouj est<br />

à l’approche, la faim me prend que je calme en croquant deux délicieuses figues séchées tout droit venues d’Aïn Kaïcher .<br />

Un ciel de traîne étale quelques nuages frileux, les grenadiers du Royaume se nomment ici Tmassine et aucun pour<br />

grogner ! L’espace s’ouvre sur de hauts et beaux plateaux que recouvre une terre grise et griffée par la charrue. Des<br />

nappes mauves d’une beauté sobre et somptueuse en bordure <strong>des</strong>quelles les pierres font la part belle aux propriétés <strong>des</strong><br />

fellahs. Sur la ligne d’horizon <strong>des</strong> bergers encapuchonnés veillent sur de drôles de moutons aux yeux cernés de noirs…<br />

terre<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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EL BROUJ<br />

MENTHE ABSINTHEABSINTHE<br />

VERVEINE<br />

ABSINTHE<br />

« Les pêcheurs d’absinthe »<br />

La rencontre avec Abdelhaq, président de la coopérative Drissia<br />

créée en 2012, a lieu sur un marché coloré et vivant. À 25 km de Settat, cette<br />

petite bourgade laisse la part belle à la menthe El Brouj plantée sur <strong>des</strong><br />

parcelles de 1 ha. « Notre association a mis en place, avec le Centre <strong>des</strong> Travaux<br />

Agricoles, une école aux champs » explique Abdelhaq. « Les formations<br />

sensibilisent grands et petits aux risques phytosanitaires. » Avec 47 « élèves »<br />

cette école veut répondre aux interrogations liées à l’utilisation <strong>des</strong> engrais<br />

pour une culture traditionnelle et de terroir « je ne sais pas depuis quand la<br />

menthe est cultivée ici et c’est pour cela que selon moi c’est depuis toujours »<br />

affirme Abdelhaq. Un rendement qui atteint 14 tonnes à l’hectare<br />

pour un total de 1 800 hectares consacrés, dans 7 communes de la<br />

Région, à la menthe. Un produit dont les connaisseurs disent « c’est une<br />

menthe plus parfumée, plus gustative et dont la tige est reconnaissable. »<br />

Le vert de l’alexandrite et de la menthe sont gémellaires…<br />

Ils vivent au bord d’un lac et cultivent cette plante qui réchauffe le corps et les<br />

cœurs. Cette absinthe liée à la terre rocailleuse sur laquelle ces hommes sont installés. « Notre<br />

coopérative Al Anouar a été créée en 2011 afin de favoriser production et commercialisation de<br />

l’absinthe. Nous comptons 50 membres » explique Abdallah le président d’Al Anouar. Un plant<br />

d’absinthe, dont la durée de vie est de 3 ans, exige d’être irrigué 2 fois par semaine. Un puits<br />

permet aux producteurs de faire face… Le désherbage et la cueillette se font manuellement<br />

« c’est le plus pénible » dit un paysan qui ajoute « avec la coopérative nous allons améliorer nos métho<strong>des</strong><br />

de commercialisation et donc nos revenus. »<br />

Les variantes du thé à la <strong>maroc</strong>aine<br />

C’est la menthe qui accompagne généralement le thé<br />

<strong>maroc</strong>ain. Elle désaltère et facilite la digestion. D’autre<br />

part, elle se fait rare ou moins parfumée en dehors de<br />

l’été. Le thé se consomme alors pur ou agrémenté de<br />

plantes.<br />

L’absinthe : cette plante est fréquemment utilisée<br />

dans le thé <strong>maroc</strong>ain en hiver. Son parfum est puissant :<br />

la sommité d’une tige suffit. Ebouillantez-la avant de<br />

l’introduire dans la théière (jetez la première eau) .<br />

L’absinthe permet de stimuler la circulation sanguine et<br />

d’aider la digestion.<br />

La gomme arabique (lâalk) : cette résine d’acacia<br />

est parfois utilisée par les gens du désert. Sans saveur,<br />

elle fond dans le thé, le rendant plus sirupeux et plus<br />

mousseux. Elle serait bienfaisante pour les articulations.<br />

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ÉLEVEURSARDI<br />

« Ici on ne trouvera jamais un mouton<br />

avec une tête rouge… »<br />

EL BROUJSARDI<br />

SARDI<br />

Ainsi parle Al Miloudi, fier éleveur de Sardi.<br />

Cet homme qui me reçoit dans sa ferme n’hésite pas un instant à<br />

sélectionner quelques-uns de ses béliers, histoire de me les faire<br />

approcher. Les moutons dont les yeux sont sertis d’un beau<br />

noir profond font <strong>des</strong> cabrioles. Un vrai défilé de stars !<br />

Al Miloudi, djellaba saumon et grège, a obtenu de l’Association<br />

Nationale <strong>des</strong> Éleveurs Ovins et Caprins le trophée du meilleur éleveur.<br />

« J’ai commencé à apprendre ce métier avec mon père. J’ai, à plusieurs<br />

reprises été puni par lui pour ce qui me semblait être <strong>des</strong> broutilles, mais<br />

qui est essentiel. Apprendre à reconnaître, parmi les agneaux, celui qui fera<br />

un Sardi. Un mouton dont les acheteurs diront « je veux celui-là ! »<br />

Père de 5 fils, il met beaucoup d’espoir dans les premiers pas de<br />

fellah d’ Abderrazaq, 11 ans « mon fils est doué, il sait choisir, je lui<br />

transmets les métho<strong>des</strong> ancestrales de mon père et celles que<br />

j’ai reçues <strong>des</strong> techniciens de l’ANOC. C’est un bon complément. »<br />

Luzerne, maïs, orge et son, constituent la nourriture de base du<br />

troupeau constitué de 35 béliers sélectionnés pour concourir et de 188<br />

brebis. Des moutons de luxe pour une viande sans pareille. « Dans ma<br />

vie, j’ai connu <strong>des</strong> moments où la sécheresse ne laissait que peu de chance<br />

à mon élevage. Dans ces instants je me disais : « Qu’est-ce que cela te<br />

rapporte ? Vends tout ! Très vite la passion me reprenait. Elle me tient<br />

toujours et me garde. Le soutien de notre Roi est précieux. » Homme<br />

charismatique, Al Miloudi est attendrissant lorsqu’il accepte de se<br />

confier. « J’aime mes enfants ! Vous me demandez quelle odeur je préfère ?<br />

C’est leur odeur ! Aussi celle de mon élevage » dit-il en riant et plissant<br />

ses yeux « puisque vous voulez tout savoir, il me plaît de toucher le pain,<br />

d’écouter la musique. Et j’ai un rêve : faire le pèlerinage à La Mecque. »<br />

Al Miloudi laisse place uniquement aux Sardis « qui dégagent force et<br />

puissance tout naturellement ». A le regarder avec ses béliers, je<br />

pense qu’il existe une analogie de l’attitude entre l’éleveur fier et ses<br />

animaux altiers !<br />

Entré dans la profession dès l’âge de 14 ans, Abdelfatah<br />

est spécialisé dans la vente de viande de Sardi « La plupart <strong>des</strong><br />

bouchers vendent <strong>des</strong> brebis de cette race. Les béliers sont réservés<br />

à la reproduction et au sacrifice d’Aïd El Kébir. Ces animaux sont<br />

entretenus comme <strong>des</strong> bébés ! La viande est rouge, et possède un<br />

goût spécial, recherché. »<br />

Caractéristiques principales du Sardi.<br />

Rustique, adapté à son milieu et aux parcours pauvres, le<br />

Sardi représente 13% de la consommation nationale d’ovins.<br />

Pas de corne chez la femelle a contrario les béliers portent<br />

<strong>des</strong> cornes très développées et ouvertes, un peu comme le<br />

mouflon sauvage. Les yeux sont cernés de noir qui forme<br />

comme une paire de lunettes. Le poids moyen varie de 70 à 100<br />

kg chez le mâle. Pour la femelle le poids est d’environ 50 à 60 kg.<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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X<br />

En quête de terroir Doukkala Abda<br />

« J’ai <strong>des</strong> envies de sanguine... »<br />

La terre ici a, parfois, <strong>des</strong> repos tranquilles. De couleur châtain tressée d’oliviers, peuplée de maisons qui<br />

offrent un certain mimétisme avec les collines voisines, elle accueille <strong>des</strong> oueds. Au sol, une mosaïque grise, rouge, rose<br />

cousue d’un large ourlet de<br />

cèdres. Chacun de mes pas me<br />

rapproche de Sidi Chikker.<br />

Petite route sinueuse dont<br />

les abords sont vêtus<br />

d’eucalyptus piqués sur un<br />

sable rouge pâle. J’ai <strong>des</strong><br />

envies de sanguine, poser sur<br />

la toile ces ombres portées<br />

par une verdeur aigüe qui<br />

traîne langueur et lenteur.<br />

Un tapis, véritable œuvre<br />

commune signée par la<br />

nature et les hommes, s’offre<br />

à mes yeux. Tissé de fleurs<br />

jaunes, d’herbes vertes et de<br />

cette laine brune qu’est la<br />

terre de Doukkala Abda.<br />

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CUMIN<br />

CUMIN<br />

SAFI<br />

SIDI CHIKER<br />

CÂPRES CÂPRES<br />

Les labours de décembre sont terminés quand j’arrive à Sidi Chiker. L’environnement semi- aride contraste avec la<br />

chaleur de l’accueil. Cette jeune coopérative est née en 2012, « Sabil Alkeir » compte 42 adhérents lesquels cultivent le cumin chacun<br />

sur une surface d’environ 1 hectare. Le rendement est, ici, de 400kg par ha… « Nous avons pour objectifs d’améliorer le rendement,<br />

augmenter notre capacité de production et améliorer le stockage. Nous mutualisons déjà les moyens ! » explique Hmer membre de la<br />

coopérative. J’apprends que trop d’eau abîme cette culture ancestrale du cumin « nous produisons depuis toujours, le cumin est dans<br />

nos mémoires » me dit Rhamna. Les adhérents insistent sur l’existence d’une association provinciale pour le cumin évoquant le projet<br />

de 5 coopératives pour 5 communes ! « Tu sais, notre terre est préparée plusieurs fois : nous labourons à 2 reprises en hiver. Au mois de<br />

janvier nous semons à la volée. Là il faut posséder un vrai savoir-faire, car le vent peut contrarier notre geste ! Après nous laissons faire le<br />

ciel jusqu’au moment où nous devons désherber… Ensuite nous moissonnons… »<br />

Quelles sont les caractéristiques de ce cumin ?<br />

« C’est un cumin beldi, bio, désherbé à la main, cueilli<br />

à la main. Cette production est locale, historique et<br />

si on suit le parfum du cumin à Sidi Chiker à coup<br />

sûr on trouve le lieu de stockage ! » Aujourd’hui<br />

commercialisé à Marrakech ainsi que dans les<br />

salons <strong>des</strong> produits de terroir, ce cumin devrait,<br />

sous peu, connaître une renommée méritée !<br />

La filière <strong>des</strong> câpres est très importante. Bien que généralement cultivées, les câpres<br />

représentent une production dont la renommée s’étend à l’International.<br />

La coopérative Alkhadra située à Sebt Gzoula appartient à la filière « câpres » qui se structure peu à peu.<br />

« Alkhadra » signifie « vert ». Quelques 60 membres adhèrent à la coopérative. Ils ont plus d’une histoire<br />

dans leurs sacs ! Selon Adil, trésorier de la coopérative, lors de leurs migrations les criquets auraient<br />

apportés <strong>des</strong> graines qui poussèrent à l’état sauvage le long de la côte atlantique. Toujours selon Adil<br />

les graines devinrent <strong>des</strong> câpriers qui firent <strong>des</strong> câpres sans que quiconque ne s’en préoccupe ! Les<br />

autochtones n’en voulaient pas. Jusqu’au moment où la communauté juive de Sebt Gzoula demanda la<br />

cueillette <strong>des</strong> câpres. Selon Adil c’était en 1980… D’autres versions évoquent la date de 1920…<br />

Aujourd’hui la culture et la diversification de la production prennent leur essor. Diversification, voilà bien le<br />

maître mot pour les membres d’Alkhadra. Les câpres sont proposées à toutes les sauces, tapenade et olives<br />

farcies en sont une belle illustration. La coopérative vend et transforme 20 tonnes de câpres. Objectif fixé<br />

après l’ouverture de la nouvelle unité de production - en cours de réalisation - 600 tonnes/semaine !<br />

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RAISIN<br />

RAISINDOUKKALI<br />

« Doukkali, un vignoble patrimonial »<br />

Couvrant une surface de 12 500 ha<br />

répartis sur 20 communes, les vignes de Doukkali<br />

ont, pour certaines, plus de 100 ans. Ce vignoble sait<br />

se contenter d’un sol pauvre, peu irrigué ainsi que<br />

d’un traitement phytosanitaire faible.<br />

Commercialisés localement et nationalement,<br />

ces raisins sont consommés frais ou séchés<br />

traditionnellement par les femmes de la région. Le<br />

raisin Doukkali entre alors dans la composition de la<br />

« Mrouzia » préparée à l’occasion de l’Aïd Al Adha.<br />

Ce vignoble utile à la lutte contre la désertification<br />

est considéré comme un patrimoine à préserver.<br />

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XI<br />

En quête de terroir Grand Casablanca<br />

« En songeant aux pétales rouges <strong>des</strong> cactus à croquer ! »<br />

PIMENTSPIMENTSOUED EL MALEH<br />

Me voici sur le terroir du Grand Casablanca. En avant pour une découverte d’un espace où la gourmandise a pour nom<br />

« confiture de coings et thé à la menthe ». J’ai hâte de dégourdir mes jambes et me hasarde sur un sentier bavard peu avare de couleurs, de<br />

senteurs mentholées et de bonheurs du jour. De<br />

là, je peux observer, dans ses détails, le site qui<br />

se présente : tout en vergers et palmiers. Petite<br />

vallée toute cultivée, toute Maroc ! Et un Maroc vert,<br />

cactus en fleurs douces, un Maroc où reflue la lumière<br />

de l’océan tout proche. Je me retourne et reviens<br />

lentement, mais en voiture vers la ville où je m’endors<br />

plus heureuse que jamais.<br />

Réconfortée en songeant aux pétales rouges <strong>des</strong><br />

cactus à croquer !<br />

Tout le long de l’Oued El Maleh qui roule et gronde parfois se trouvent les piments forts qui font<br />

la réputation du terroir. Sur une superficie de 100 ha et un rendement de 15 tonnes par hectare ce piment<br />

piquant très fort a été introduit dans cette région du Maroc au décours <strong>des</strong> années 1920. Particulièrement<br />

surprenant tant son goût est typé, son piquant est très prisé par les locaux, à l’état frais sur les étals <strong>des</strong><br />

souks. Un savoir-faire collectif permet de poursuivre cette culture ancrée chez les fellahs. Le piment fort de<br />

l’Oued El Maleh est aussi transformé : broyé, séché, fermenté ou en poudre, il rehausse bon nombre de plats !<br />

terroir<br />

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TAMARISMENTHE MENTHE<br />

« A Dar Bouazza même les pharmacies s’appellent « Tamaris ! »<br />

Mokhtar est âgé. Je déniche son lopin de terre qui est pris en<br />

tenaille entre de nouvelles constructions et la route « Je suis en activité ici depuis<br />

1954 et je ne vendrai pas cette terre ! » affirme-t-il. D’un geste large, il montre les<br />

parcelles de choux, cardons et autres légumes. Je remarque surtout la menthe<br />

« c’est la menthe Tamaris » et d’accompagner ses mots d’un bouquet fraîchement<br />

cueilli qui embaume l’espace. Mokhtar noue ses bouquets avec un lien végétal :<br />

le doum. Un roseau qui pousse juste à côté de la menthe. Tout est limpide, tout<br />

paraît simple « il y a une solution pour tout sauf pour la mort » me dit-il. Lui, dont<br />

l’activité principale repose sur la vente de la menthe Tamaris, cueille <strong>des</strong> feuilles<br />

toute l’année et en famille. Le thé qu’il m’offre après cette rencontre dégage <strong>des</strong><br />

saveurs de basilic. Définitivement, la menthe me rend amoureuse du Maroc et de<br />

ses <strong>terroirs</strong>.<br />

« Panier de petits légumes du Grand Casa ! »<br />

Itinéraire terroir, Casablanca<br />

Les maisons sont petites, entourées de prairies et de figuiers. Le cactus Mejdoubia délimite les parcelles <strong>des</strong> uns et<br />

<strong>des</strong> autres. Une nuit à Casablanca m’a rassérénée : le terroir n’est pas un concept et ses produits nourrissent les citadins. Je ne<br />

me souvenais plus que c’était dimanche ce matin. La ville est vide comme une coquille d’œuf gobé. Où sont les paysans ? Mon<br />

chemin conduit mes pas vers les gens de terre qui se sont retrouvés au souk de Sidi Moussa Ben Ali, quelques racines sur un<br />

talus pointu et, l’imaginaire en marche, j’arpente les étals chantants et chatoyants. Là, une tête de dromadaire dont la viande est<br />

proposée à la vente. Un vent paresseux agite les branches d’arbres qui bordent la route. Leurs minuscules fruits en grappes, ronds et rouges,<br />

dansent tandis que piments, navets, betteraves, cardons, petits oignons et oranges voisinent les marchands de sucreries et gâteaux en tous<br />

genres. Je flâne, hume et cherche les cognassiers. La journée s’effiloche avec son lot de surprises. Soleil tombant, je découvre « les petits<br />

légumes du Grand Casa. » Ambiance unique, soir de pique-niques ! Les familles venues de Casablanca montrent leur attachement à l’espace<br />

rural, authentique respiration après une semaine sans verdure, dans la standardisation de bureaux aseptisés ! Installés sur les bouts de<br />

prairies, tout au long de la route qui sillonne l’oued, parents et enfants partagent une grillade. A coup sûr ils regagneront leur ville<br />

emportant dans le secret de leurs cœurs les sourires campagnards et au creux de leurs paniers ces petits légumes savoureux dont la<br />

fraîcheur et imbattable : le matin même ils étaient aux champs !<br />

saveurs<br />

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COINGS<br />

COINGSOUED EL MALEH<br />

Gourmandise<br />

Tout à côté de l’Oued El Maleh, près de Sidi Moussa Ben<br />

Ali, les vergers de cognassiers sont alignés. Vigoureux et d’une bonne<br />

productivité, le cognassier de ce terroir est inscrit dans l’histoire du<br />

territoire depuis près de cent ans ! Utilisés comme légumes dans<br />

les tajines ou en confiture, les fruits de cet arbre sont tendres et<br />

parfumés. Ces coings possèdent une forme particulière, celle de la<br />

poire et un goût agréable qui évoque celui de la pomme ! C’est au<br />

mois d’août qu’intervient la récolte, à ce moment précis où la peau<br />

du fruit passe du vert au jaune : la pulpe est alors tendre à souhait,<br />

riche en pectine pour de bonnes confitures et gelées !<br />

La coopérative « Oued El Maleh » créée en 2012 est présidée par Si<br />

Khyati. Cette structure qui comprend 60 membres va développer, en<br />

appui sur le Pilier II du Plan Maroc Vert, la réhabiliation et l’extension<br />

de la culture du cognassier d’Oued El Maleh.<br />

Une pierre trouvée : La spinelle aux couleurs <strong>des</strong> coings !<br />

Recette « Gout-thé du Grand Casablanca»<br />

Pour un quatre-heures terroir<br />

Préparer un thé avec de la menthe Tamaris<br />

Servir accompagné de meloui<br />

nappées de confiture de coings<br />

Recette « Confiture de coings»<br />

Ingrédients:<br />

(pour 6 personnes)<br />

- 1,5 kg de coings<br />

- 1,200 kg de sucre cristallisé<br />

- eau<br />

Coupez les coings en quatre, pelez-les et supprimez les pépins, (vous<br />

devez obtenir environ 1,200 kg de fruits).<br />

Mettez les coings épluchés et coupés dans un faitout, recouverts<br />

d’eau. Faites cuire jusqu’au moment où les morceaux seront tendres<br />

( environ 1h).<br />

Egouttez, pesez, ajoutez la même quantité de sucre que de morceaux<br />

de fruits et continuez la cuisson à feu modéré pendant environ 1 heure.<br />

Lorsque le sirop devient très épais, la confiture est cuite, vous pouvez<br />

la répartir dans <strong>des</strong> pots.<br />

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XII<br />

En quête de terroir Rabat Salé Zemmour Zaër<br />

« Les remparts ocres de Rabat découpent ma vue »<br />

Le ciel cligne et incline ses larmes sur le terroir que je m’apprête à découvrir. Il n’y a pas de hasard.<br />

Les remparts ocres de Rabat découpent ma vue et le tramway tranche la ville que je quitte direction Salé . Je porte encore au front<br />

de mes souvenirs le bleu <strong>des</strong> ruelles qui mènent au Jardin <strong>des</strong> Oudayas. Rabat, ville de brume joyeuse et d’éclaboussures salées est<br />

désormais classée au patrimoine mondial. Juste regard.<br />

De noires et larges silhouettes de vaches obscurcissent la vue. Et ces frêles vestales vêtues de djellabas rouges qui ne les<br />

quittent pas pourraient trouver <strong>des</strong> truffes. La forêt de La Maâmora prête ses ombres à ce délicieux mets. À travers les branches<br />

le brouillard fait son nid et je crois apercevoir <strong>des</strong> fantômes qui se glissent et se gaussent. J’avance encore, le soleil s’encanaille.<br />

Des maisons éparpillées au lointain tiennent la ligne d’un horizon lustré par une buée de lumière. Carrés rosés, moutons blancs<br />

piqués dans un rectangle vert, nourris de vent et de cette géométrie posée par l’homme au gré de ses laborieux labours. Ces<br />

paysages bien verts, d’un vert que l’on hume à plein yeux et qui désaltère, m’inspirent bonne humeur et je crois respirer le<br />

lavandin encore lointain d’Oulmès.<br />

campagne<br />

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MAÂMORA<br />

TRUFFESTRUFFES<br />

« Sous les arbres, les truffes »<br />

« Je collecte depuis l’âge de 10 ans. J’en ai 38 aujourd’hui ! Mon ami Larbi est aussi mon professeur pour les<br />

champignons, c’est grâce à lui que je sais tout ce que je sais. » Bouazza est collecteur de truffes. Pour les repérer lui et<br />

ses confrères, il suffit de longer la route et d’être attentif aux empilements de boules de terre brune. Représentations<br />

symboliques <strong>des</strong> truffes de la forêt proche il s’agit, en quelque sorte de l’enseigne <strong>des</strong> collecteurs. « Les passants<br />

achètent notre cueillette. Ils sont touristes <strong>maroc</strong>ains. De février à mai, il y a beaucoup de monde ici. » Bouazza et Larbi<br />

cherchent le champignon <strong>des</strong> gourmets grâce à leur connaissance du biotope. Ici une petite fleur blanche incite à creuser,<br />

souvent elle est annonciatrice de truffes avec lesquelles elle cohabite « certains, en France par exemple, ont un chien ou un cochon<br />

ou surveille une mouche spéciale pour dénicher la truffe. Moi je fais les 3 à la fois » explique Bouazza dans un grand éclat de rire. De<br />

l’aube au coucher du soleil, son ami et lui se relaient sur le terrain. L’un cherche, l’autre vend, leur parcours est d’environ 12 km.<br />

Une vie simple et une réelle complicité avec la forêt tel est le quotidien de ces chercheurs de goût. Précieux comme la truffe je<br />

cueille du cristal de roche pour ma quête.<br />

« Ce n’est pas à la nostalgie que le village se fond<br />

mais à l’avenir. »<br />

Itinéraire terroir, vers Oulmès<br />

Une quête pour <strong>des</strong> effluves et quelques fleurs. J’amorce la route vers Oulmès. Un terroir rouille dans sa pureté<br />

farouche me fait écrire « harissa » sur le carnet de notes qui partout m’accompagne. Des arbres tortueux frangent le paysage.<br />

Humeur changeante de la terre devenue ombrageuse et noire. Café direct bien chaud ! Le lait m’attend à Oulmès et ses<br />

prairies de lavandières pleines de sonnailles, déploiement de mamelons herbus piquetés d’oliviers et de lavandins. Rien n’existe plus<br />

que ces gestes séculaires, sécateur à la main : tailler les vieux plants. Ce n’est pas à la nostalgie que le village se fond, mais à l’avenir.<br />

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OULMÈS<br />

LAVANDINLAVANDIN<br />

Un homme, blouse bleue et bonnet vert est agenouillé dans les<br />

champs de lavandin. Il entretient ses cultures et se prête volontiers au jeu <strong>des</strong><br />

questions/réponses. J’apprends ainsi qu’il vend son lavandin aux acheteurs<br />

venus de Casablanca et Marrakech, par sacs de 30 kg. Ali est minutieux, il<br />

sélectionne les plants trop vieux, les tranche d’un coup de sécateur et prend<br />

<strong>des</strong> boutures qu’il repique plus loin.<br />

Le lavandin - tanzanite mauve pour mon bijou - de ce terroir est cultivé sur une<br />

superficie de 1 600 ha avec un rendement de 5 Qx/ha en fleurs séchées. La<br />

production annuelle de fleurs sèchées est estimée à 800 tonnes. Bien adapté<br />

aux conditions climatiques de son terroir, le lavandin d’Oulmès bénéficie d’une<br />

renommée nationale. Totalement bio et cultivé en bours, il est transformé en<br />

partie en huile essentielle, laquelle est bénéfique pour soigner infections,<br />

contractures musculaires et inflammations.<br />

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BOVINS OULMÈS<br />

« Mon père, déjà élevait ces vaches »…<br />

OULMÈSBOVINS OULMÈS<br />

Haddou est facile à trouver. Il suffit de chercher <strong>des</strong><br />

pâturages, un troupeau de jeunes taureaux auxquels se joignent chèvres<br />

et moutons. C’est là, en contrebas de la route qui conduit au Dar El<br />

Hâroussi que l’on aperçoit sa silhouette d’homme sage, berger parmi<br />

les bergers ! « Je ne fais pas de transhumance, mes vaches me donnent<br />

un veau par an et mon père élevait déjà ces mêmes vaches. Elles donnent<br />

peu de lait 3 à 4 litres mais leur viande est recherchée. »<br />

De fait, la race Oulmès Zaër a une<br />

renommée internationale. Cette viande est largement<br />

utilisée par les connaisseurs en accompagnement<br />

de légumes du couscous voire en grilla<strong>des</strong>. Race<br />

allaitante très adaptée aux conditions de vie en<br />

zones de montagne, cette vache est rustique et solide.<br />

Le berceau de cette race se situe à Oulmès , sur le<br />

plateau Zaër-Roumani , et l’effectif présent est estimé à<br />

80 000 têtes pour une production de viande d’environ<br />

2 500 tonnes par an.<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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HARICOTS VERTS<br />

RAISINS MUSCAT<br />

« Raisins et haricots verts<br />

gourmands ! »<br />

Lorsqu’un gourmet français ou suisse déguste une<br />

succulente salade de haricots verts frais « du Maroc », il y a fort à<br />

parier que ces légumes proviennent de Sabbah ou Aïn Attiq. C’est là,<br />

en effet, que sont récoltées les quelque 7 000 tonnes de haricots verts<br />

dits de Skhirat. Extra-fin, de couleur vert foncé ce haricot pousse sur<br />

une plante naine.<br />

SKHIRAT<br />

Proche banlieue de Rabat, une forêt de chênes liège et <strong>des</strong><br />

ruches modernes dont les occupantes dorment…<br />

Abdelfattah président de la coopérative « Rahiq » qui compte<br />

7 membres est lucide « notre miel existe grâce à la transhumance <strong>des</strong><br />

abeilles ! » D’Agadir où le thym est butiné, à Béni Mellal qui regorge<br />

d’euphorbes, de février à octobre les ruches voyagent. Disposant d’un<br />

local de stockage du matériel qui leur <strong>des</strong>sine <strong>des</strong> allures de fumeux<br />

cosmonautes, les apiculteurs vendent leur production grâce aux salons.<br />

RUCHESMIEL<br />

BOUKNADEL<br />

Rivalisant avec les haricots verts, sur le plan du tonnage et de la<br />

qualité, dans un tout autre registre gustatif le raisin de Skhirat<br />

initialement introduit par les colons français pour la production de<br />

vins, est aujourd’hui consommé frais ou transformé par séchage en<br />

raisins secs qui accommoderont tagines et couscous. Le vignoble<br />

couvre 700 ha et la saveur du Muscat reste dominante…<br />

saveur<br />

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Itinéraire terroir, Aïn Sbit<br />

AÏN SBITLENTILLES<br />

LENTILLES<br />

Après les cigognes <strong>des</strong> champs,<br />

les cormorans <strong>des</strong> oueds occupent mon ciel.<br />

Ils sèchent leurs ailes sur une gravière. Romani<br />

s’annonce. Les forêts aussi. Survolant le trajet<br />

vers Aïn Sbit la terre craque et se fend sur la<br />

longueur. Montagne « cuisine équipée »,<br />

cultures à tous les étages ! Ici c’est une place pour<br />

chaque chose, une chose pour chaque place. Des<br />

saveurs sucrées viennent en bouche et le blé<br />

de toujours écrit <strong>des</strong> lendemains qui chantent.<br />

L’Atlas veille sur le terroir alanguit, élégant. Harmonieux.<br />

Laadis ? Laadis ? Terre de lentilles ?<br />

« Le blé de toujours écrit <strong>des</strong> lendemains<br />

qui chantent »<br />

Mohamed et Hicham cultivent <strong>des</strong> lentilles. Le premier possède la sagesse <strong>des</strong> années vécues mâtinée<br />

d’un brin de nostalgie. Le second a l’ambition du trentenaire. C’est Mohamed qui parle d’abord ! « J’ai commencé les<br />

lentilles dans les années 70 mais c’est une culture beaucoup plus ancienne. Nous alternons le blé et les lentilles. La terre se<br />

repose un peu. Le blé c’est important économiquement. Ici la paille <strong>des</strong> plants de lentilles est utilisée afin d’engraisser le<br />

bélier de l’Aïd… Bélier Beldi… Je cultivais environ 40 ha. Mes enfants sont partis, puis la main d’œuvre est devenue trop coûteuse<br />

alors j’arrête de produire pour les autres. Voilà. Mes lentilles je les garde pour moi et je les cuisine comme la majorité <strong>des</strong><br />

<strong>maroc</strong>ains : avec <strong>des</strong> oignons, tomates, poivrons, piments, sel et huile d’olive. Rien de bien compliqué ! » A son tour Hicham<br />

prend la parole et montre les lentilles de son entrepôt de stockage « ici tous les fellahs font <strong>des</strong> lentilles. Elles sont de<br />

qualité car la terre est bonne. Les 2 variétés cultivées à Aïn Sbit portent de curieux noms : Cinq et Nylon… Et cela depuis toujours. »<br />

Et une pierre ronde comme les lentilles, quartz fumé et collier en devenir !<br />

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Gourmandise<br />

Recette « Chevreau aux lentilles »<br />

pour 5 à 6 personnes<br />

Ingrédients:<br />

1 selle de chevreau d’environ 2 kg<br />

1 kg 500 de lentilles<br />

300 gr d’aman<strong>des</strong> de Tafraout<br />

300 gr de raisins secs de Chiadma<br />

1 bouquet de menthe<br />

romarin, thym<br />

1 citron<br />

sel, poivre<br />

huile d’olive<br />

Hacher le romarin, la menthe, le thym et ajouter le jus de citron.<br />

Frotter la selle d’agneau avec ce mélange<br />

Dans une cocotte faire revenir l’huile d’olive et faire rôtir la<br />

viande puis cuire à couvert environ 15 minutes pour 500g de<br />

viande. Ajouter un peu d’eau de temps en temps.<br />

Cuire à l’eau les lentilles, les égoutter et les ajouter à la viande<br />

dans la cocotte.<br />

Ajouter les raisins secs préalablement trempés et les aman<strong>des</strong>.<br />

Servez chaud !<br />

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XIII<br />

En quête de terroir Gharb Chrarda Béni Hssen<br />

« Une terre haute - couture »<br />

La lune au ciel course le soleil. Tantôt absente, hier pour veiller sur ma nuit elle était ronde ! Et la quête se<br />

poursuit sur une terre pulsatile comme une longue respiration dont je repousse l’expire. Inspirants sont les paysages<br />

d’un terroir où les labours étirent le sol, le rendent prompt à recevoir les graines <strong>des</strong> récoltes futures. La forêt se laisse<br />

désirer mais l’air m’enveloppe de douceur et de bien-être. L’Oued Sebou roule <strong>des</strong> eaux qui seront capturées et<br />

utilisées pour l’irrigation durant les pério<strong>des</strong> de sécheresse. Jamais je n’aurais songé rencontrer tant de multiples<br />

paysages en quelques kilomètres de route !<br />

Diversité, voilà bien un mot qui qualifie cette richesse <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong> et <strong>des</strong> produits qui en naissent.<br />

terroir<br />

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ORANGES<br />

ORANGESGHARB<br />

GHARBCAMOMILLEARTICHAUT<br />

Dans le Gharb il est un secret à ciel<br />

ouvert. Une surprise ronde et douce qui a pour nom<br />

“orange” et se conjugue au pluriel. Les oranges du<br />

Gharb, de taille moyenne, laissent la part belle à<br />

leur parfum, leur jus sucré et généreux.<br />

Ces oranges cueillies à la main font honneur à leur<br />

terroir d’origine.<br />

Les fleurs <strong>des</strong> orangers butinées par les abeilles du<br />

secteur donnent un miel doux.<br />

Au printemps les orangeraies du Gharb exhalent<br />

un délicat parfum que les gourmets retrouvent<br />

dans les pâtisseries et autres délicieux <strong>des</strong>serts.<br />

Une belle alliance naturelle entre la terre, les<br />

hommes, les fleurs et les abeilles permet à ces<br />

dernières de butiner les fleurs <strong>des</strong> orangers. Ainsi<br />

le miel de ce terroir est-il étonnamment doux !<br />

Un oued, du sable et quelques fleurs de camomille… Il en va<br />

ainsi dans la zone du Gharb où s’épanouissent ces « fleuralicaments. »<br />

Utilisées pour leurs bienfaits, notamment anti-inflammatoires, cicatrisants<br />

et antibactériens, ces petites fleurs jaunes et blanches sont transformées<br />

version huile essentielle et eau florale.<br />

La camomille n’est pas la seule à proposer ses vertus pour soigner les maux<br />

<strong>des</strong> hommes.<br />

Sur le même terroir l’artichaut cyanara scolymus stimule le foie. Ses fruits<br />

consommés en salade aident à lutter contre le vieillissement cellulaire.<br />

Quant à son coeur il est consommé frais ou conservé en saumure. En tout<br />

près de 3 000 hectares sont consacrés à cette culture sur le terroir de Gharb<br />

Chrarda Béni Hssen.<br />

Si les oranges du Gharb sont de petite taille, côté<br />

saveur, jus et parfum elles ont tout <strong>des</strong> gran<strong>des</strong> !<br />

Quel bonheur d’ajouter la cornaline d’un bel<br />

orangé à ce bijou qui prend forme.<br />

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GHARBMIELMIEL<br />

Avec un effectif qui dépasse allégrement 100 000 ruches, le terroir de Gharb Chrarda<br />

Béni Hssen peut s’enorgueillir de produire plus de 1 000 tonnes de miel. À la quantité s’ajoutent<br />

qualité et diversité. Cette région est renommée pour son biotope mellifère : toutes fleurs,<br />

eucalyptus, fleurs d’oranger. Ajoutez à cette liste deux mentions particulières. La première pour le<br />

miel de Bersin (Trifolium Alexandrinum). La seconde pour un miel de couleur rouge brun dont la<br />

saveur étonnamment amère en 1ère bouche se transforme agréablement et pose un goût de café<br />

grillé. Les connaisseurs auront reconnu le miel d’arbousier.<br />

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XIV<br />

En quête de terroir Tanger Tétouan<br />

« Et les oliviers, et les figues et tous ces bonheurs<br />

à déguster ! »<br />

Engourdie par la fraîcheur de l’aube, après une nuit à rêver de nature - la région où je chemine abrite le Parc National de<br />

Talasmtane me voici dehors, je m’en vais rêver. Il est une auberge, dans le Jbel Bouhachem d’où je salue la vallée et les montagnes pas<br />

ensoleillées encore, à l’état d’esquisse comme si tout cela se créait à l’image du futur Parc Naturel de Bouhachem. Tourbières, pistes, cours<br />

d’eau dans les pinè<strong>des</strong> et cédraies ! Un oiseau chante. Plutôt il cogne c’est un pic épeiche. Dans les profondeurs <strong>des</strong> forêts se cache la panthère<br />

dont certains paysans attestent la présence. J’ai laissé l’histoire <strong>des</strong> pierres et <strong>des</strong> bateaux à Tanger, les bavardages exquis <strong>des</strong> poètes où <strong>des</strong><br />

peintres lesquels accrochent, par lambeaux éblouissants les maisons blanches, la faïence <strong>des</strong> minarets et le chagrin <strong>des</strong> départs. Il est chaud<br />

ce thé que m’offre la paysanne de l’auberge. La voilà qui porte ce costume 3 pièces affichant ainsi son appartenance aux Jbala. Je regarde son<br />

profil, elle raconte son voyage à Tétouan<br />

et ce disant, elle transvase le thé aux plantes<br />

du terroir et m’offre un miel de Bouhachem,<br />

miel du Maroc terriblement séduisant.<br />

Jbala, certes, mais Marocaine ! Tétouan<br />

revient dans cette fumée du matin. Tétouan<br />

posée dans un décor de montagnes, lascive,<br />

mais vivante, en amour avec l’Oued Martil<br />

d’où lui vient sa fertilité. Et les oliviers, et les<br />

figues et tous ces bonheurs à déguster !<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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HUILE RIF<br />

« Je voulais travailler POUR les femmes d’ici. »<br />

RIF HUILE OLIVE<br />

La tendresse de Hanane affleure sous un abord de femme<br />

de tête. Sa voix, bel esquif, tremble légèrement quand elle accoste<br />

en terre d’enfance « Je dois à ma mère Habiba l’apprentissage de la<br />

patience et le sens <strong>des</strong> mots « avoir <strong>des</strong> enfants.» Elle m’a permis de<br />

faire <strong>des</strong> étu<strong>des</strong>, disons pour simplifier qu’elle s’est sacrifiée pour ses<br />

8 enfants. » Hanane explique, parle, argumente. Bénévole depuis<br />

la fin de ses étu<strong>des</strong> - difficile d’imaginer cette très jeune femme<br />

impliquée depuis déjà 12 ans dans la vie associative -Hanane a été élue<br />

présidente du GIE <strong>des</strong> Femmes du Rif en 2006. Un Groupement qui<br />

rassemble 9 coopératives féminines. Sa vie est un tourbillon,<br />

comme elle qui appuie ses convictions phrase après phrase. « Dans<br />

cette région du Nord, particulièrement, les femmes travaillent<br />

beaucoup : enfants, maison, oliviers. Ce constat pour moi qui suis fille<br />

de fellah a été un déclencheur. J’ai souhaité contribuer à l’amélioration<br />

<strong>des</strong> conditions de vie de la femme grâce au travail collectif. Pour moi<br />

si une femme travaille alors elle a les mêmes droits qu’un homme. »<br />

Hanane, un jour, a fait face aux femmes du GIE . D’une voix douce<br />

et ferme, elle a posé les conditions de sa conception d’une réussite :<br />

« Vous voulez améliorer votre vie ? Avoir de l’argent ? Alors produisez de<br />

la qualité ! » Hanane a misé, avec justesse, sur les femmes du RIF. L’huile<br />

produite s’est vue récompensée à deux reprises : 1er certificat d’huile<br />

d’olive bio au Maroc suivi du 1er certificat de commerce équitable ! La<br />

métaphore entre qualités <strong>des</strong> femmes et de ce qu’elles produisent<br />

est une réalité qui conduira Hanane à réaliser son rêve « trouver demain<br />

toutes les femmes de Ouazzane gagnant leur vie afin que tous leurs<br />

enfants puissent poursuivre de longues étu<strong>des</strong>, sans sacrifice d’aucune<br />

sorte. » Hanane est sur la bonne voie.<br />

Les oliviers de la région se trouvent essentiellement sur les zones d’Ouazzane,<br />

Chefchaouen, Tétouan et Larache. Cultivée en bour et en montagne, l’olive donne une huile<br />

savoureuse. Obtenue par trituration et extraction cette huile fait partie intégrante <strong>des</strong><br />

habitu<strong>des</strong> alimentaires <strong>des</strong> populations locales qui la consomment au petit déjeuner mais<br />

également au cours d’autres repas, accompagnée de pain et de fromage frais. L’huile d’olive<br />

extra-vierge Farida est un produit du GIE « femmes du RIF ». Certifiée biologique, commerce<br />

équitable et zéro carbone cette huile porte haut les couleurs du Maroc. Une diversification de<br />

la production d’olives a permis de créer une gamme bio intéressante : pâte d’olive, olives de<br />

tables en conserve, savon à l’huile et savon noir. Ce sont ainsi près de 300 femmes qui, grâce au<br />

fruit de leur travail, ont un emploi et un revenu stables.<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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FIGUESOUAZZANE<br />

« Une vie de fellah libre et coopératif »<br />

OUAZZANEFIGUES FIGUES<br />

Il ne se contente pas d’être né<br />

sur une terre. Il veut en parler, la cultiver,<br />

la magnifier, « je crois que, comme moi,<br />

chacun aime la terre où il a vu le jour. Ici, la<br />

terre autant tu lui donnes autant elle te rend.<br />

C’est une terre inoubliable et qui t’appelle. »<br />

Aziz, l’ex-étudiant, aujourd’hui président<br />

du GIE Jnane RIF, a le sourire délicat et la<br />

réflexion posée <strong>des</strong> hommes qui ne sont<br />

pas dans la précipitation mais dans le<br />

temps de construire « j’ai pris un chemin<br />

et je vais le continuer. Ce chemin est celui<br />

<strong>des</strong> figues. Cette belle coopérative m’a<br />

déjà permis de réaliser un rêve : être un<br />

fellah libre ! » Une forme de mélancolie<br />

transparaît quelques instants sur ce visage<br />

où tout se lit « je gagne ma vie…Enfin…<br />

Je veux dire que je travaille à l’année sans<br />

avoir de compte à rendre à un supérieur.<br />

J’aimerais toutefois gagner un tout<br />

petit peu plus. Pour avoir ma maison par<br />

exemple. » Un lieu de vie que l’on imagine<br />

planté de roses odorantes dont Aziz<br />

apprécie le parfum, et <strong>des</strong> soirées pour<br />

écouter la musique envoûtante de<br />

Mohamed Laaroussi. Proposer à Aziz un<br />

emploi très bien payé quelque part dans<br />

une grande ville serait une erreur « pas<br />

question de quitter ma terre. Être fellah c’est<br />

une activité familiale. Et c’est…une activité<br />

familiale, car j’aimerais que mes enfants,<br />

le jour où j’en aurai, poursuivent le même<br />

travail. » C’est tout ce que nous lui<br />

souhaitons !<br />

Dans la zone d’Ouazzane, plus de<br />

1 000 ha sont plantés de figuiers. La production<br />

annuelle estimée à 500 tonnes est consommée<br />

sous la forme de figues fraîches ou séchées. Le<br />

soleil, complice <strong>des</strong> paysans, donne aux variétés<br />

Rhouddane et Bayda le sucre qui fait les bons fruits.<br />

À la coopérative Jnane Rif, tout à côté d’Aïn Baïda - la<br />

source blanche – quelque 25 tonnes de figues sont<br />

ainsi transformées. Pâte de figue agrémentée de<br />

noix, aman<strong>des</strong> ou cacahuètes, figues séchées sous<br />

vide, figues aromatisées à l’origan participent du<br />

développement local et du soutien économique aux<br />

producteurs. Solidaire et durable ainsi va la vie <strong>des</strong><br />

paysans d’ici.<br />

Fraîches, les figues brillent parfois comme le jais noir<br />

que je récolte !<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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Itinéraire terroir Chefchaouen<br />

« Il fera bon se régaler demain, à l’aube,<br />

d’un fromage de chèvre<br />

et d’une infusion de romarin ! »<br />

Pour atteindre Chefchaouen la<br />

farouche montagnarde, je traverse <strong>des</strong><br />

montagnes tour à tour ron<strong>des</strong> et pointues.<br />

Parfois coiffées d’oliviers crâneurs alignés et<br />

audacieux. Ils ne craignent ni la hauteur ni<br />

son ami le froid. Par endroits quelques<br />

flaques miroitent un sel qui, récolté et<br />

transformé, agrémentera le bain <strong>des</strong> belles<br />

citadines alanguies. Chefchaouen est<br />

annoncée. La route sillonne, domine en le<br />

narguant l’Oued Zan Doula gros <strong>des</strong> dernières<br />

pluies qui le teintent de brun. Le terroir bruisse<br />

de tous ses feuillages, de toutes ses branches.<br />

Oiseaux, mammifères et reptiles se plaisent,<br />

se repaissent de silence. L’hiver aussi s’est<br />

annoncé. Le crieur a déposé quelques flocons<br />

d’ouate fraîche. Je longe les ravins enténébrés,<br />

l’air est plus froid, plus vif argent. Quelques<br />

virages, deux ou trois morceaux de lumière en<br />

suspens dans l’obscur de janvier et<br />

Chefchaouen dévoile ses maisons blanches.<br />

Il fera bon se régaler demain, à l’aube, d’un<br />

fromage de chèvre et d’une infusion de romarin !<br />

Les plantes aromatiques et médicinales du Rif<br />

Forte de ses emblématiques et inextricables forêts, la zone<br />

de Tanger Tétouan puise dans son histoire collective et ses<br />

ressources pour commercialiser bon nombre de plantes<br />

aromatiques et médicinales dont la renommée dépasse<br />

les frontières du Royaume. Utilisées sous la forme de<br />

plantes ou sommités fleuries fraiches, voire transformées<br />

(séchage, huile essentielle, eau florale) cette production<br />

est une source de revenus non négligeable. Le romarin se<br />

taille la part du lion dans cet enchevêtrement de plantes.<br />

SAMETPAM<br />

Le Samet<br />

RIF<br />

Qui n’a pas goûté au Samet lors d’une visite dans la région de<br />

Chefchaouen se doit de revenir afin de tester ce produit de terroir<br />

délicieux. Consommé avec du beurre et du pain, ce sirop de raisin<br />

tient une jolie place dans l’aâssida, cette soupe à base de semoule<br />

et de vermicelles. Durant l’Aïd El Kbir, les femmes l’utilisent pour<br />

confectionner L’Mouria, fameux tajine aux aman<strong>des</strong> et raisins secs.<br />

Le Samet est présent dans la région depuis 5 siècles au moins.<br />

Issu <strong>des</strong> variétés locales de raisins (Taferialte, Singu, Boukhanzi)<br />

sa couleur très foncée ne laisse en rien présager son goût sucré.<br />

3 litres de jus de raisin sont nécessaires à la confection<br />

d’1 litre de Samet ce rapport confère au Samet sa qualité de<br />

« produit à fort potentiel. »<br />

Un produit d’hier prometteur pour demain !<br />

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CHÈVRE CHEFCHAOUEN<br />

FROMAGE<br />

La fromagerie Ajbane Chefchaouen possède une belle réputation fondée sur la production de lait de<br />

chèvre et sa transformation en fromage frais ou « jben » , dès 1990, une fromagerie collective fut créée par la Direction<br />

Provinciale de l’Agriculture. La gestion de cette unité a été confiée à l’ANOC en 1999. Le lait est collecté auprès de<br />

40 adhérents, transformé et commercialisé par la fromagerie. Les éleveurs bénéficient d’un encadrement technique de<br />

la part de l’ANOC. Les fromages de chèvre produits sont les suivants : Fromage frais, Tomme de pâte pressée, Gouda. La<br />

diversification est au cœur du développement.<br />

Depuis 2011, les produits bénéficient d’une IGP.<br />

Les amateurs éclairés et gourmands qui achètent les fromages de Chefchaouen vivent à Tétouan, Tanger, Rabat,<br />

Casablanca et à…Chefchaouen où le fromage de chèvre est fortement ancré dans la culture gastronomique. Le prix d’achat<br />

du lait, relativement élevé et supérieur aux prix du marché, assure un revenu intéressant aux éleveurs. Le fromage de chèvre<br />

de Chefchaouen a un bel avenir devant lui !<br />

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XV<br />

En quête de terroir Taza - Al Hoceima - Taounate<br />

« Un peu de soleil vient couper le froid qui plombe ma route. »<br />

Le ciel bleuit. Quelques rochers se dressent et forment une encoche d’aurore.<br />

Sur les doux lointains, bien en deçà de la mer d’Al Hoceima, vaporeuses sont les<br />

montagnes. De mon balcon voyageur, je découvre tout un monde de pentes douces, de<br />

vallons, de terre griffée grise qui entre en colère et noirci en contrebas. C’est le pays <strong>des</strong> figues<br />

Dellahia, du miel et <strong>des</strong> oliviers. Sur la droite de ce tableau peint par la nature et les hommes<br />

au travail, un dôme bien poli ! Cultivé au point que mon imagination croit voir un igloo de<br />

prairies, d’arbres et de tout ce qui fait la paix d’un fellah ! Je bois un grand bol d’air et<br />

<strong>des</strong>sine les alignements d’oliviers qui ferment l’espace d’une parcelle. Un peu de soleil vient<br />

couper le froid qui plombe ma route. Je me sens mêlée aux rêves <strong>des</strong> paysans de ce pays !<br />

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BOUADEL FIGUESDELLAHIA<br />

Gourmandise<br />

La coopérative Albaraka a été créée en 2006 à l’initiative de de<br />

l’association de « 3ème millénaire pour le développement et la solidarité de<br />

Bouhouda » qui organise depuis 2004 le Festival <strong>des</strong> figues à Bouhouda (15 km<br />

de Taounate).<br />

La coopérative dispose d’un local bien aménagé et équipé.<br />

La commercialisation se fait au niveau local et dans les salons. Ces figues sont<br />

appréciées avec la soupe. La coopérative produit en respectant les conditions<br />

de qualité exigées. Les figues sont séchées partiellement grâce au soleil et<br />

de manière tout à fait naturelle. Un séchage au four suivi d’une fumigation<br />

permet d’obtenir <strong>des</strong> figues saines et délicieuses.<br />

Outre les figues séchées, les Rifains tirent, à juste titre, une grande fierté de<br />

la figue de Barbarie Dellahia. Et pour cause ! Ce figuier de Barbarie, grâce à<br />

son adaptation aux aléas climatiques, constitue une voie adéquate pour une<br />

agriculture durable basée sur <strong>des</strong> produits à haute valeur ajoutée comme<br />

l’huile de pépins de figues utilisée en cosmétique. Ce figuier stocke l’eau dans<br />

ses tiges et se joue de la sécheresse comme du froid qui peut sévir sur le<br />

terroir où il s’épanouit. A l’image <strong>des</strong> hommes qui vivent sur cet espace le<br />

« opuntia ficus-indica » est solide, robuste et tient ses promesses. La pulpe<br />

de ses fruits, les figues Dellahia, sucrée et juteuse, recèle une importante<br />

quantité de vitamine C. Une belle opportunité pour une vitalité nécessaire. Le<br />

slogan pour cette figue au goût si délicieusement typique pourrait être « Un<br />

fruit sain pour une vie saine ! »<br />

Recette « Harira »<br />

Ingrédients :<br />

500 g de viande d’agneau<br />

2 cuillères à soupe d’huile<br />

1 pomme de terre, 2 carottes<br />

1 courgette, 1 navet<br />

2 tomates<br />

1 oignon émincé, 2 gousses d’ail<br />

3 cuillères à soupe de coriandre ciselée<br />

3 cuillères à soupe de persil ciselé<br />

1 cuillère à soupe de céleri ciselé<br />

100 g de pois chiches trempés la veille<br />

100 g de lentilles trempées la veille<br />

2 cuillères à soupe de purée de tomate<br />

1 cuillère à soupe de sel,<br />

1 cuillère à café de gingembre<br />

1 g de safran en filaments de Taliouine<br />

½ verre de vermicelles (cheveux d’ange)<br />

1 feuille de menthe fraîche ou séchée<br />

2 l d’eau<br />

Pour la tadouira afin de lier la soupe :<br />

- 15 cl d’eau<br />

- 1 verre de farine<br />

Mélanger dans un bol 15 cl d’eau et la farine,<br />

fouetter jusqu’à parfaite homogénéisation.<br />

Veiller à ce que votre liaison « tadouira » ne soit<br />

pas trop épaisse.<br />

Préparation :<br />

Faire revenir la viande avec un peu d’huile, puis ajouter les légumes après les avoir<br />

pelés, découpés en quartiers.<br />

Ajouter aussi la coriandre, le céleri, la purée de tomate, les pois chiches, sel, safran,<br />

ainsi qu’une bonne quantité d’eau.<br />

Faire cuire le tout dans une cocotte pendant 45 min. Après, avec une moulinette<br />

traditionnelle ou bien un mixeur, faire réduire les légumes en soupe, sans la viande.<br />

Ensuite, ajouter le reste <strong>des</strong> épices (gingembre), la feuille de menthe. Quand la soupe<br />

se met à bouillonner de nouveau, y verser les vermicelles (10 min), puis la tadouira. Ce<br />

mélange est à incorporer, tout en mélangeant la harira. Recouvrir puis poursuivre la<br />

cuisson quelques minutes encore sur feu doux.<br />

Servir aussitôt dans <strong>des</strong> bols avec un peu de viande dans chaque bol. Et un quart de<br />

citron frais. Sans omettre d’accompagner la harira de délicieuses figues séchées de<br />

Bouadel.<br />

Ces figues présentent dans la région sont adaptées aux conditions climatiques<br />

montagneuses. Le climat, la terre confèrent un goût typique : sucré, chair ferme.<br />

La production annuelle est estimée à 4 000 tonnes !<br />

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RIF<br />

MIELAL HOCEIMA<br />

AMANDES AMANDES<br />

BÉNI OUARIGHEL<br />

Créée en 2004 cette coopérative qui comprend 8 adhérents<br />

est présidée par Raouf. Le miel produit ici est d’origan, jujubier, anthylis,<br />

thuya et toutes fleurs. Après <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> en biologie, Raouf s’est<br />

naturellement tourné vers l’apiculture. Selon lui « l’apiculture c’est la biologie.<br />

Il faut simplement connaître l’abeille et comment la traiter. L’abeille n’est pas un<br />

simple insecte c’est plus que cela.» Dans le Coran, Dieu dit:<br />

« Ce que ton Seigneur révéla aux abeilles : Prenez <strong>des</strong> demeures dans <strong>des</strong><br />

montagnes, les arbres et les treillages que (les hommes) font, Puis mangez de<br />

toutes espèces de fruits et suivez les sentiers de votre Seigneur, rendus faciles<br />

pour vous. De leur ventre sort une liqueur, aux couleurs variées, dans laquelle<br />

il y a une guérison pour les gens. Il y a vraiment là, une preuve pour les gens qui<br />

réfléchissent » (Sourate 16, versets 68- 69 ).<br />

Le miel de jujubier – produit par la coopérative Al Hoceima – ne contient pas<br />

d’acidité il est recommandé, par exemple, pour les gens stressés ! C’est le miel<br />

adapté au mode de vie <strong>des</strong> citadins du monde entier qui souffrent de maux<br />

d’estomac ! Al Hoceima qui est une région de montagnes peu humide recèle<br />

de l’origan. Les abeilles qui butinent cette fleur permettent l’élaboration d’un<br />

miel qui présente peu de risques de fermentation..<br />

Localement le miel est utilisé à <strong>des</strong> fins gastronomiques et thérapeutiques,<br />

c’est un excellent cicatrisant.<br />

Dans la Région d’Al Hoceima la production de miel est d’environ 100 tonnes<br />

produites par un cheptel de plus de 10 000 ruches dont 6 000 sont <strong>des</strong> ruches<br />

modernes. Une pierre de mellite !<br />

Au printemps la vue est superbe : 25 000 ha d’amandiers<br />

éployant leurs fleurs… Les fruits qui seront récoltés – 800 tonnes<br />

estimées - trouveront acheteurs sur les souks de la Région sous<br />

l’appellation « aman<strong>des</strong> de Béni Ouarighel .» Ces aman<strong>des</strong> sont<br />

conduites en mode biologique. Leur terroir et le mode de culture<br />

confère un goût très particulier, doucereux et sucré, à ces fruits<br />

consommés secs. Offertes aux visiteurs, accompagnées d’un thé à la<br />

menthe, en signe de bienvenue elles sont largement utilisées dans la<br />

confection de pâtisseries.<br />

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HUILE OLIVE GAFSHAI<br />

« Son odeur préférée est celle de…l’huile d’olive »<br />

Il ne porte pas de djellaba et sa tête reste couverte<br />

d’une inattendue casquette. Hassan, président de la coopérative<br />

Olea Gafshaï et de l’Union <strong>des</strong> coopératives <strong>des</strong> éleveurs de<br />

vaches, correspond en tous points à l’idée que je me fais d’un<br />

« homme du Rif. » Caractère, passion, fierté et ténacité, autant<br />

d’éléments retenus. Grand connaisseur de l’oléiculture, Hassan<br />

est passé par l’université et les étu<strong>des</strong> de chimie. Hassan prétend<br />

que l’huile produite dans sa région est unique en son genre, avec<br />

un goût qui a renoncé au sucre !<br />

La coopérative Olea Ghafsaï créée en 2010 compte 20 adhérents.<br />

Hassan, qui connaît les secrets de l’olivier sait aussi l’âge <strong>des</strong><br />

arbres : entre 70 et 200 ans. Passionné par l’huile d’olive au point<br />

d’affirmer que son odeur préférée est celle de…l’huile d’olive,<br />

Hassan évoque ses couleurs préférées. En deux mots il résume<br />

le fond de sa pensée « j’aime le bleu et le blanc. Le blanc car il<br />

symbolise la paix. Le bleu pour l’espace, le vide. Le ciel et la mer. »<br />

Déconnecté de la terre Hassan ? Bien sûr que non , il est en phase<br />

avec la Nature et la chimie n’est qu’un accessoire.<br />

La variété de l’olivier dominant dans la région<br />

est la picholine, Le verger est constitué d’arbres âgés<br />

de 70 ans à 200 ans. Les arbres d’olivier sont greffés sur<br />

l’espèce sauvage oléastre « Jebouj ». Ce verger se<br />

caractérise par la qualité <strong>des</strong> olives pour la conserverie et<br />

la production d’huile.<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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XVI<br />

En quête de terroir Oriental<br />

« Les rivages d’une mer de plateaux et de brumes<br />

attendent mes pas »<br />

Après une nuit passée sur l’épaule accueillante d’Al Hoceima, les rivages d’une mer de plateaux et de brumes<br />

attend mes pas. Près de 3 millions d’hectares bercés par le ressac du vent d’hiver et les sentiers <strong>des</strong> moutons. L’Oriental, calcaires<br />

déchiquetés tantôt plats à languir, tantôt plus versés à abriter grottes et falaises qui veillent sur les néfliers. Le Maroc montre<br />

une facette qui tourne aux mystères. Mystères de l’eau sur ces steppes désertiques, mystères de l’élevage et <strong>des</strong> orangeraies de<br />

Berkane. Seuls les hommes et les femmes d’ici sauront me répondre. Le chemin me paraît interminable, passant d’à pics en épingles à<br />

cheveux ! Parois rougeâtres d’où la vallée va naître, <strong>des</strong> monts <strong>des</strong> Béni- Snassen aux cultures en terrasses du Zegzel, je bois les<br />

parfums vivifiants de pins, de romarin. Le paysage est vaste, tel un œil bien éveillé. Patience ! après Oujda le goût <strong>des</strong> dattes<br />

frappera à la porte…<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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BERKANE<br />

CLÉMENTINES<br />

BERKANE<br />

NÉFLIERNÉFLES<br />

ZEGZEL<br />

Issues de variétés exclusives – clone de Berkane<br />

et Nulès – la clémentine de Berkane s’épanouit dans la plaine de Triffas dont les<br />

limites géographiques sont constituées par les oueds et les massifs<br />

montagneux. L’Oriental abrite donc ce fruit sans pépin dont l’écorce de couleur<br />

orange protège une chair juteuse, sucrée dotée d’une qualité gustative telle<br />

que la clémentine est aujourd’hui labellisée IGP. La récolte bat son plein,<br />

manuellement, d’octobre à janvier. Il n’est pas rare de voir les cueilleurs, caisse<br />

sur l’épaule, apportant les précieux fruits jusqu’au lieu de transport. Une caisse<br />

de pierres oranges ? Une caisse de sardoine. Mon collier sera !<br />

Si « manger <strong>des</strong> nèfles » reste une expression française courante, le sens<br />

péjoratif (= ne rien manger ) est transformé dès lors que l’on goûte aux nèfles de<br />

Zegzel ! Arbre fruitier ancestral aux fruits d’un bel orange doux, le néflier est localisé<br />

dans la vallée de Zegzel où l’histoire de cet arbre est inexorablement liée à un<br />

savoir-faire incontournable. Dans cette belle vallée, les néfliers s’étendent sur<br />

plus de 320 ha et produisent 5 300 tonnes de fruits cueillis à la main, performance<br />

remarquable de la population du Zegzel !<br />

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HAUTS PLATEAUX<br />

MIEL ROMARIN<br />

Sa couleur pâle invite à une certaine délicatesse. Issu <strong>des</strong> nappes fleuries sises sur<br />

les faciès à romarin <strong>des</strong> Hauts Plateaux, le miel de romarin de l’Oriental est caractéristique d’un<br />

terroir farouche et doux à la fois. Le romarin, plante spontanée butinée par les abeilles en balade<br />

sur les Hauts Plateaux, est une espèce ancestrale dont tous les secrets ne sont pas encore révélés.<br />

Transformé en huile essentielle à <strong>des</strong> fins thérapeutiques et cosmétiques, le romarin réserve de bien<br />

douces surprises : j’ai testé pour vous le bain aromatisé au romarin. Unique !<br />

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AGNEAUX BÉNI GUIL<br />

« Je me demande comment on peut<br />

vivre sans un troupeau »<br />

Miloud pense Béni Guil, rêve Béni Guil , dort<br />

et il se lève avec Béni Guil. Grâce à cette race ovine, lui,<br />

le paysan simple de Fritessa sur la route de Tandrara a pu<br />

rencontrer, saluer Sa Majesté le Roi à plusieurs reprises.<br />

Il a vu Monsieur le Ministre, il est sollicité par d’autres<br />

personnes pour ses conseils et sa connaissance <strong>des</strong> Béni<br />

Guil. Bref Miloud est un éleveur heureux. Et il s’étonne<br />

encore « quand j’ai intégré l’ANOC en 1989 j’avais tout<br />

d’abord refusé. Je n’aime pas être dépassé par un autre<br />

éleveur , j’avais fait <strong>des</strong> concours obtenu <strong>des</strong> trophées et<br />

là je devais accepter cette possibilité de ne plus être le<br />

premier. » Sa demande acceptée rapidement (il faut<br />

attendre 3 ans aujourd’hui pour entrer à l’ANOC) Miloud a<br />

poursuivi son ascension. Fier de son attestation d’expert<br />

et <strong>des</strong> trophées qu’il garde précieusement (1999, 2000,<br />

2001, etc.) Miloud a bénéficié d’un voyage dans le cadre<br />

d’un échange avec <strong>des</strong> éleveurs français. Il en garde une<br />

propension à truffer ses phrases de mots français « taille,<br />

poids, format, couleur ». Homme de l’Oriental, il ne pratique<br />

pas la transhumance, mais vit en plein désert « je ne gagne<br />

pas beaucoup d’argent, mais je fais ce que j’aime. Je suis<br />

un peu triste que mes enfants n’aient pas voulu suivre mon<br />

parcours. J’accorde, parfois <strong>des</strong> réductions sur <strong>des</strong> béliers<br />

géniteurs à <strong>des</strong> jeunes qui veulent vraiment faire du Béni<br />

Guil ! ». Miloud affirme que si cette viande Béni Guil<br />

labellisée est délicieuse c’est qu’elle puise sa saveur dans<br />

le terroir qui offre au moins 14 plantes remarquables pour<br />

la pâture <strong>des</strong> moutons : alfa, armoise et romarin. Miloud<br />

aimerait, à l’aube de ses 70 ans, faire le pèlerinage de La<br />

Mecque « je crois aussi qu’il faut faire le bien aux autres et<br />

avoir de quoi le faire. Et quand je devrai mourir alors ce<br />

sera entouré de mon troupeau et j’espère en prononçant la<br />

Chaâda ! »<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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Gourmandise<br />

Itinéraire terroir, Figuig<br />

Recette « Ecrasé de quicotte »<br />

Pour 6 personnes<br />

Ingrédients:<br />

500 grammes de bulbes de quicotte<br />

700 grammes de pommes de terre<br />

100 grammes de beurre frais<br />

Muscade, poivre et sel<br />

Faire cuire à la vapeur les pommes de terre et les bulbes de<br />

quicotte. Lorsque la cuisson est terminée - compter environ<br />

1 heure - déposer les légumes dans un plat creux.<br />

Saler, poivrer, saupoudrer de muscade ajouter le beurre et écraser<br />

à la fourchette.<br />

Servir chaud en accompagnement d’un gigot d’agneau de Béni<br />

Guil rôti au four.<br />

« Déjà au XVIème siècle les dattes font<br />

la renommée de Figuig ! »<br />

Une longue cicatrice qui sculpte la terre, rose praline, telle une longue dune de pierre et rappelle à mon souvenir le<br />

magma en ébullition. Comme une plainte atténuée par le sourire d’un enfant main tendue pleine de truffes entre ses doigts. Une<br />

grâce. Quelques truffes timi<strong>des</strong> se dissimulent à mon appétit : fort à propos, un homme de la terre, un homme qui sait m’offre de<br />

partager sa trouvaille.<br />

Arrivant à Figuig la nostalgie me prend, les palmiers m’évoquent une image sépia, émotion surannée chargée de l’émotion d’un<br />

au revoir, à Figuig, dernière halte de ma quête caravanière je veux consoler mon chagrin. Car enfin il me faudra tourner la page. La<br />

chaleur s’est accrue et mise à dévorer le paysage. Figuig m’apparaît tout embrasée par un midi bleu éblouissant et camaïeux. Je<br />

retrouve celui qui a ouvert la porte de cette quête, à Fès, Léon l’Africain s’impose « Figuig …/…Ces trois châteaux sont assis au milieu<br />

du désert qui produit <strong>des</strong> dattes en grande abondance, distants de Sijilmassa, environ cent cinquante miles, les femmes ourdissent<br />

<strong>des</strong> draps…/…délicats, qu’on dirait qu’ils sont faits de soie, au moyen de quoi ils se vendent fort cher partout… »*<br />

Déjà au XVI° siècle les dattes font la renommée de Figuig !<br />

*Léon l’Africain « Description de l’Afrique ».<br />

Quicotte ? Vous avez dit quicotte ?<br />

Sur les Hauts Plateaux de l’Oriental pousse, encore de nos jours, le<br />

Muscari à toupet. Son odeur rappelle le parfum du musc. À partir<br />

du mois de mars, les communautés pastorales récoltent les bulbes<br />

<strong>des</strong>tinés, en majorité, à l’exportation.<br />

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DATTESAZIZA BOUZID<br />

« Qui dit oasis, dit palmier dattier ! »<br />

DATTES<br />

FIGUIG<br />

AZIZA BOUZID<br />

La variété de dattes Aziza Bouzid est issue de<br />

la palmeraie de Figuig. Ces dattes uniques et historiques<br />

intéressent grand nombre de producteurs et investisseurs<br />

tant au Maroc qu’à l’International.<br />

La coopérative Al Massira créée en 1980 regroupe<br />

producteurs et conditionneurs. Cette coopérative a<br />

pour objectifs et missions de favoriser la production,<br />

conditionnement et commercialisation <strong>des</strong> dattes. La<br />

variété Aziza Bouzid, variété endémique de Figuig, produit<br />

<strong>des</strong> dattes de grande qualité, elle a été sélectionnée parmi<br />

les clônes (Khalt) et propagée par les producteurs de<br />

l’oasis de Figuig au début du 20ème siècle. Cette variété de<br />

datte bien nommée est emblématique d’une oasis<br />

considérée comme la plus ancienne <strong>des</strong> oasis de la frange<br />

septentrionale du Sahara. Qui dit oasis, dit palmier dattier !<br />

Dans cette ville palmeraie qu’est Figuig les 190 000 dattiers,<br />

dont la culture s’appuie sur un savoir-faire ancestral,<br />

s’égayent sur 1 500 hectares.<br />

Aziza, produit phare de la palmeraie est en développement<br />

puisque cette variété qui représentait moins de 1% de la<br />

palmeraie en 1968 a doublé le nombre de ses palmiers. La<br />

variété Aziza est appréciée pour son goût de muscade et une<br />

aptitude à la conservation. Le système ancestral d’irrigation<br />

basé sur <strong>des</strong> khéttaras particulières est reconnu !<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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La quête fut longue,<br />

précieuse et parfois imprécise. De cette<br />

imprécision qui fait un voyage, une<br />

itinérance… Dans le fond de ma<br />

jarre, je dépose ma collecte. L’orfèvre<br />

alchimiste qui enchâsse pierres, or et<br />

argent me rend ce bijou dont la<br />

provenance est unique : ce sont les<br />

hommes et les femmes <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong> du<br />

Maroc qui m’ont offert cette kyrielle de<br />

couleurs, d’azurs limpi<strong>des</strong>, de neiges et<br />

de dunes ensablées, d’arbres <strong>des</strong> délices<br />

et de jardins cultivés.<br />

Les produits <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong> du Maroc sont<br />

sublimes….<br />

26. Cornaline<br />

ORANGES<br />

25. Quartz fumé<br />

LENTILLES<br />

24. Tanzanite<br />

LAVANDIN<br />

23. Cristal de roche<br />

TRUFFES<br />

22. Spinelle<br />

COINGS<br />

27. Jaïs noir<br />

FIGUES<br />

21. Alexandrite<br />

MENTHE<br />

20. Grenat<br />

GRENADES<br />

28. Miellite<br />

MIEL<br />

19. Citrine<br />

LIMONETTE<br />

18. Topaze jaune<br />

HUILE D’OLIVE<br />

29. Sardoine<br />

ORANGES<br />

30. Perle de lune<br />

LAIT DE CHAMELLE<br />

17. Argent<br />

BIJOUX DU SUD<br />

16. Oeil de tigre<br />

DHEN<br />

31. Topaze rose<br />

AUBES DU DÉSERT<br />

15. Ivoire<br />

AMANDES<br />

1. Agate verte<br />

FÈS<br />

14. Diamant<br />

ARGANE<br />

OLIVES<br />

2. Onyx noir<br />

3. Rubis<br />

CERISE<br />

13. Perle grise<br />

ARGENT TIZNIT<br />

12. Or rouge<br />

SAFRAN<br />

4. Turquoise<br />

CIEL<br />

5. Malachite verte<br />

ANIS<br />

6. Or<br />

MIEL<br />

7. Bronze<br />

BLÉ<br />

8. Perle écru<br />

COUSCOUS<br />

9. Ambre<br />

DATTES<br />

10. Améthyste<br />

GOMBO<br />

11. Tourmaline<br />

ROSES<br />

« Au clair de la terre dans<br />

l’espérance immuable du cycle <strong>des</strong><br />

saisons, d’un bond prodigieux je suis<br />

partie. La faim d’herbes vertes, de fol<br />

élan vers l’écluse <strong>des</strong> rêves, immuables<br />

parfums d’espace captif <strong>des</strong> jarres de<br />

jadis m’ont ouvert les portes. Mosquées,<br />

ksour, douars joyeux, kasbahs<br />

nostalgiques, tentes volées au vent et<br />

souks soyeux, tous se sont liés pour<br />

une quête d’essentiel. Les essences<br />

orientales, huiles précieuses et autres<br />

étoffes brodées, tissées, forgées de fils et<br />

dignes <strong>des</strong> plus grands orfèvres lissèrent<br />

le parcours chaotique.<br />

Initiatique...<br />

Les <strong>terroirs</strong> d’un espoir nourris de<br />

moissons se sont habillés de jours :<br />

fruits, arbres, plantes, miels, laits, épices,<br />

troupeaux en atours… Ma récolte est là.<br />

Elle dit demain et parle <strong>des</strong> hiers.<br />

Plus que tout, au clair de la terre j’ai<br />

rencontré , dans la chaleur d’un thé<br />

toujours offert et partagé, les femmes et<br />

les hommes qui abolissent le nombre et<br />

rendent ma quête éblouissante. Grâce à<br />

eux les astres ne meurent jamais.<br />

Ils SONT le Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>.<br />

Ils font le Maroc. »<br />

Aya, avril 2013<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

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Repères de l’itinéraire<br />

Carte : Itinéraire d’Aya<br />

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T<br />

A<br />

BLE<br />

DES<br />

M<br />

ATIÈRES<br />

Avant - propos<br />

Carte de l’itinéraire avec repères<br />

Aya et sa quête<br />

I. Fès Boulemane 6<br />

Vers My Yacoub 8<br />

Produits de l’Oued Malek 10<br />

Olives L’Mta 12<br />

Gourmandise «Pastilla » 14<br />

Vers Azzaba 15<br />

Olives de table de Azzaba 16<br />

Gourmandise « Olives poêlées » 18<br />

Vers Tafajight 19<br />

Les pommes de Tafajight 20<br />

Entre Sefrou et Outat Al Haj 21<br />

Miels Bouyablane 22<br />

Huile d’olive Outat Al Haj 24<br />

Vers Missour 25<br />

II. Meknès Tafilalet 26<br />

Câpres de Zerhoune 28<br />

Anis d’Agouraï 29<br />

Bergers noma<strong>des</strong> 30<br />

Agneaux, Moutons Timahdite 31<br />

P.A.M. Er-Rich 32<br />

Romarin Er-Rich 34<br />

Miels Er-Rich 36<br />

Blé dur Haut Ziz 38<br />

Couscous du Haut Ziz<br />

Gourmandise « Couscous du Haut Ziz »<br />

40<br />

41<br />

Vers Erfoud 43<br />

Agneaux D’Man 45<br />

Dattes Tafilalet 46<br />

Gourmandise « Medfouna » 49<br />

Dattes Erfoud<br />

Gombo filalia<br />

50<br />

51<br />

III. Souss Massa Drâa 52<br />

Roses Kelaât M’gouna 56<br />

Huile d’olive Skoura 58<br />

Vers Taliouine 60<br />

Safran de Taliouine 61<br />

Gourmandise « Thé au safran » 62<br />

Miel de thym Imouzzer Ida Outanane 66<br />

Vers Agadir, Sidi Ifni 70<br />

Arganier Agadir 72<br />

Figues de Barbarie d’Aït Baâmrane<br />

Vers Tafraout<br />

77<br />

79<br />

Aman<strong>des</strong> de Tafraout 82<br />

Gourmandise « Barkoukss » 83<br />

IV. Guelmim Es-Smara 84<br />

Eleveurs noma<strong>des</strong> 86<br />

Vers Assa 88<br />

Gourmandise « Dhen du Sud » 89<br />

Fromage au lait de chamelle 90<br />

Dromadaires 92<br />

Dattes, cactus, miels <strong>des</strong> Oasis du Sud 93<br />

Vers Tata 94<br />

Henné Aït Ouabelli 96<br />

Dattes Tata 97<br />

V. Laâyoune Boujdour Sakia Al Hamra 98<br />

Lait de chamelle 100<br />

Gourmandise « L’Frik » 101<br />

Couscous Khoumassi 102<br />

VI. Oued Eddahab Lagouira 104<br />

Éleveur de dromadaires 106<br />

Le chamelon du Tirss 107<br />

Ajban Dakhla 108<br />

Gourmandise « Tajine de viande de chamelon » 109<br />

VII. Marrakech Tensift Al Haouz 112<br />

Chevreaux d’arganier 115<br />

Eleveur de chevreaux 116<br />

Miel de Haha 118<br />

Vers Meskala 120<br />

Huile d’olive Tyout Chiadma 121<br />

Fromage de chevres 122<br />

Raisin Chiadma 123<br />

Fenouil de Tafatacht 124<br />

Vers Loudaya 126<br />

Limonette de Marrakech 128<br />

Gourmandise « la Tanjia » 130<br />

VIII. Tadla Azilal 132<br />

Noix d’Aït Bouguemez 134<br />

Miel d’euphorbe 137<br />

Piments Ouled Ali 138<br />

Grena<strong>des</strong> d’Ouled Abdellah 140<br />

Gourmandise « Gâteau aux noix et au miel » 143<br />

IX. Chaouia Ouardigha 144<br />

Menthe El Brouj, verveine 146<br />

Absinthe 147<br />

Éleveur Sardi 148<br />

Agneaux Sardi 149<br />

X. Doukkala Abda 150<br />

Cumin de Sidi Chiker 152<br />

Câpres de Safi 153<br />

Raisin Doukkali 154<br />

XI. Grand Casablanca 156<br />

Piment fort de l’Oued El Maleh 157<br />

Menthe Tamaris 158<br />

Itinéraire Casablanca 159<br />

Coings de l’Oued El Maleh 160<br />

Gourmandise « Gout-thé » 161<br />

XII. Rabat-Salé-Zemmour-Zaër 162<br />

Truffes de la Maâmora 164<br />

Vers Oulmès 165<br />

Lavandin d’Oulmès 166<br />

Éleveur race Oulmès 168<br />

Haricots verts, muscats Skhirat 170<br />

Miel de Bouknadel 171<br />

Vers Aïn Sbit 172<br />

Lentilles d’Aïn Sbit 173<br />

Gourmandise « Chevreau aux lentilles » 174<br />

XIII. Gharb Chrarda Béni Hssen 176<br />

Oranges du Gharb 178<br />

Camomille du Gharb 179<br />

Miel du Gharb 181<br />

XIV. Tanger Tétouan 182<br />

Huile d’olive du Rif 184<br />

Figues séchées d’Ouazzane 186<br />

Vers Chefchaouen 188<br />

P.A.M. et Samet 189<br />

Fromages de chèvre de Chefchaouen 190<br />

XV. Taza - Al Hoceima - Taounate 192<br />

Figues de Barbarie Dellahia 194<br />

Gourmandise « Harira » 195<br />

Miel du Rif 196<br />

Aman<strong>des</strong> Béni Ouariguel 197<br />

Huile d’olive Ghafsaï 198<br />

XVI. Oriental 200<br />

Clémentines de Berkane 202<br />

Néfles de Zegzel 203<br />

Miel et romarin <strong>des</strong> Hauts plateaux 204<br />

Éleveur Béni Guil 206<br />

Gourmandise « la Quicotte » 208<br />

Itinéraire Figuig 209<br />

Dattes Aziza Bouzid 210<br />

Le Collier d’Aya 214<br />

Repères de l’itinéraire 216<br />

Carte itinéraire 217<br />

Crédits photographiques 220<br />

Bibliographie 220<br />

Remerciements 221<br />

EDITEUR<br />

Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime<br />

Direction de Développement <strong>des</strong> Filières de Production<br />

CONCEPTION ET MISE EN PAGE<br />

PCM COMMUNICATION<br />

(Sadiq Idrissi - Directeur Général, Lydia Chabert-Dalix - Auteur, Eric Pierrot - Photographe)<br />

IMPRIMEUR<br />

Imprimerie Toumi - 2013<br />

ISBN : 978-9954-9323-0-8<br />

Dépôt légal : 2013 MO 0647<br />

MAROC DES TERROIRS, Récoltes d’Avenir<br />

Cet ouvrage « Maroc <strong>des</strong> Terroirs, Récoltes d’Avenir » est financé par le Ministère de<br />

l’Agriculture et de la Pêche Maritime<br />

Toute reproduction ou utilisation même partielle du présent ouvrage est soumise<br />

obligatoirement à une autorisation spéciale nécessitant l’accord préalable du<br />

Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime.<br />

© : Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime<br />

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Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir Page 219


Bibliographie<br />

Remerciements<br />

« Léon l’Africain » Amin Maalouf Livre de Poche<br />

« Sur l’architecture du Tafilalt et de Sijilmassa » Meunié Académie <strong>des</strong> Inscriptions et Belles Lettre 1962<br />

« Le Petit Prince » Antoine de Saint Exupéry Gallimard 1940<br />

« Secrets de l’olivier » Raymond Loussert, Ahmed Ferrak, PCM Communication 2011<br />

Rapports et documents consultés<br />

« Catalogue national <strong>des</strong> produits du terroir du Maroc » PCM Communication pour le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime<br />

« Etude sur l’identification et l’accompagnement pour le développement <strong>des</strong> produits de terroir dans la Région d’Oued Eddahab-Lagouira » PCM Consulting 2010 pour<br />

le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime<br />

« Etude sur l’identification et l’accompagnement pour le développement <strong>des</strong> produits de terroir dans la Région de Laaâyoune Boujdour Sakia Al Hamra » PCM<br />

Consulting 2010 pour le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime<br />

« Identification et développement <strong>des</strong> produits de terroir dans la Région de Doukkala-Abda » Fellah Conseil 2010 pour le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche<br />

Maritime<br />

« Etude sur l’identification et le développement <strong>des</strong> produits de terroir dans la Région du Tadla-Azilal » CID 2011 pour le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche<br />

Maritime<br />

« Identification et caractérisation <strong>des</strong> produits de terroir et cartographie de leur production et détermination du niveau d’organisation <strong>des</strong> acteurs du secteur » ART<br />

Agrobusiness 2010 pour le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime<br />

« Etude sur l’identification et le développement <strong>des</strong> produits de terroir dans la Région du Grand Casablanca » ART Agrobusiness 2010 pour le Ministère de l’Agriculture<br />

et de la Pêche Maritime<br />

« Etude sur l’identification pour le développement <strong>des</strong> produits de terroir dans la Région de Meknès-Tafilalt » PCM Consulting 2011 pour le Ministère de l’Agriculture<br />

et de la Pêche Maritime<br />

« Etude sur l’identification pour le développement <strong>des</strong> produits de terroir dans la Région de Fès Boulemane » PCM Consulting 2011 pour le Ministère de l’Agriculture<br />

et de la Pêche Maritime<br />

« Etude et assistance technique pour l’identification, le développement, la labellisation et l’appui à la promotion <strong>des</strong> produits de terroir agricoles <strong>des</strong> provinces de<br />

Guelmim, Assa-Zag, Tata, Tan-Tan, Tarfaya » PCM Consulting 2011 pour l’Agence du Sud<br />

« Etude sur l’identification et le développement <strong>des</strong> produits de terroir dans la Région de Marrakech Tensift Al Haouz » PCM Consulting 2011 pour le Ministère de<br />

l’Agriculture et de la Pêche Maritime<br />

« Elaboration d’une stratégie de développement <strong>des</strong> produits <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong> <strong>des</strong> Provinces du Sud assortie d’un dossier d’actions » PCM Consulting 2012 pour l’Agence<br />

du Sud<br />

Nos remerciements les plus chaleureux, aux hommes et aux femmes <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong> du Maroc qui nous ont ouvert<br />

la porte de leurs maisons, fermes, douars, kasbahs. Paysans, producteurs, éleveurs, oléiculteurs, apiculteurs, présidents et<br />

membres de coopératives, d’associations, d’entreprises, de groupements se sont mobilisés afin de nous transmettre souvenirs,<br />

savoir-faire et projets d’avenir.<br />

Un immense merci aux responsables et cadres du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime à Rabat et dans toutes<br />

les Régions du Maroc. Leur confiance et sources d’information ont permis à l’équipe de PCM de travailler dans les meilleures<br />

conditions.<br />

Que serait ce livre sans la patience et les encouragements <strong>des</strong> membres du Comité de Pilotage . Merci à l’ensemble <strong>des</strong> membres<br />

pour leur pertinence qui permet à cet ouvrage d’être.<br />

Aux cuisiniers et cuisinières Marocains qui ont accepté spontanément de nous confier leurs recettes secrètes qu’ils soient ici<br />

remerciés ! Fatima, Mustapha , Oumaima, Oussama, nos gardiens du goût !<br />

Merci à VOUS sans qui rien ne serait.<br />

Webographie<br />

http://tawiza.x10.mx/Tawiza59/Kamel<br />

http://terriermichel.wordpress.com/<br />

http://www.aitbouguemez.com/<br />

http://www.patrimoine-de-figuig.com/<br />

Page 220 Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir<br />

Maroc <strong>des</strong> <strong>terroirs</strong>, récoltes d’avenir Page 221

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