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econnaissent ce potentiel de pouvoir politique<br />
accru en formulant des manifestes féminins<br />
avant les élections et en demandant aux partis<br />
de les approuver (voir l’encadré 2B).<br />
Les organisations et les mouvements de<br />
femmes tirent en grande partie leur légitimité<br />
politique des efforts qu’ils déploient pour représenter<br />
les intérêts des femmes. Au niveau<br />
national, régional et international, les mouvements<br />
de femmes ont été très efficaces pour<br />
exposer les injustices fondées sur le genre et<br />
pour induire des réactions. On relève d’importants<br />
exemples du rôle de ces mouvements<br />
pour s’opposer aux régimes autoritaires en Argentine,<br />
au Brésil, au Chili, au Népal, au Pérou<br />
et aux Philippines, pour militer en faveur de la<br />
paix en Sierra Leone, au Libéria, en Ouganda,<br />
au Soudan, au Burundi, au Timor-Leste et dans<br />
les Balkans, pour manifester dans le monde<br />
entier contre la cherté des produits de base<br />
(voir le chapitre 4) et pour appuyer l’élimination<br />
de la violence envers les femmes (voir le chapitre<br />
5). Les femmes se sont rassemblées au<br />
Sénégal et au Burkina Faso pour faire amender<br />
les lois sur la mutilation génitale féminine, pour<br />
faire valoir leurs droits d’héritage au Rwanda et<br />
pour promouvoir leurs droits dans le mariage au<br />
Brésil et en Turquie. En Inde, dans l’État d’Andhra<br />
Pradesh, elles ont lutté contre l’impact de<br />
l’alcool sur le comportement et le revenu des<br />
hommes et ont fait de leur campagne contre<br />
l’alcool une question électorale majeure (voir<br />
l’encadré 2C).<br />
Accès au pouvoir : les défis<br />
de la représentation<br />
Représentation<br />
Mobilisation<br />
Législation<br />
et politiques<br />
Application<br />
ENCADRÉ<br />
2B<br />
Les manifestes de femmes<br />
Dans un nombre croissant de pays appartenant à toutes les régions géographiques,<br />
les électrices conviennent d’un ensemble fondamental de priorités<br />
politiques à présenter aux partis politiques avant les élections. Ces « manifestes<br />
de femmes » demandent aux partis de reconnaître et de refl éter les<br />
demandes des femmes dans leurs plates-formes électorales.<br />
Par exemple, le manifeste des femmes irlandaises de 2007, intitulé « Ce que<br />
les femmes veulent du prochain gouvernement irlandais » présentait cinq<br />
grandes demandes :<br />
• Un nombre accru de femmes dans les postes à pouvoir décisionnel;<br />
• Tolérance zéro pour la violence à l’égard des femmes;<br />
• Partage des soins des enfants et des travaux ménagers;<br />
• Égalité économique entre hommes et femmes;<br />
• Respect et autonomie égaux pour toutes les femmes, abstraction faite<br />
des diversités et des différences i .<br />
Le premier manifeste électoral de femmes de l’Afrique a été élaboré en<br />
1993 au Bostwana par une organisation féminine du nom d’Emang Basadi<br />
(« Debout les femmes ! » en setswana). Il a été lancé tandis que les partis<br />
politiques formulaient leurs manifestes électoraux respectifs pour les élections<br />
générales de 1994. Malgré l’opposition initiale des partis politiques,<br />
les femmes ont fait usage de leur manifeste dans les programmes d’éducation<br />
politique et l’ont largement diffusé. En conséquence, en 1999, tous les<br />
partis politiques avaient modifi é leurs procédures électorales primaires pour<br />
permettre une plus large participation des membres à la sélection des candidats<br />
et pour accepter en tant que candidates un nombre de femmes plus<br />
grand que jamais. Les branches féminines des parties politiques assurent<br />
à présent un suivi régulier de leur propre parti pour déterminer les progrès<br />
réalisés par rapport aux demandes présentées dans le manifeste des femmes<br />
et pour en faire rapport aux conférences annuelles d’Emang Basadi ii .<br />
Transformation de la politique<br />
La seconde étape du cycle de la redevabilité<br />
politique est celle des élections qui permettent<br />
aux citoyens de renouveler le mandat de partis<br />
ou de représentants ou de les démettre de<br />
leurs fonctions. Le mécanisme des élections a<br />
également pour effet d’autoriser les représentants<br />
politiques à agir dans l’intérêt du public<br />
en général et de certains groupes électoraux<br />
en particulier.<br />
La présence des femmes parmi les représentants<br />
du peuple a fait l’objet d’une attention<br />
accrue ces dix dernières années. Elle constitue<br />
un indicateur de l’objectif 3 des objectifs<br />
du Millénaire pour le développement (OMD)<br />
des Nations Unies, qui est de « promouvoir<br />
l’égalité des sexes et l’autonomisation des<br />
femmes ». La plate-forme d’action de Beijing,<br />
quant à elle, s’est fixé pour cible une participation<br />
minimum de 30 % des femmes au<br />
sein des assemblées représentatives. En fait,<br />
l’augmentation de la proportion de femmes<br />
siégeant dans les assemblées nationales s’est<br />
accélérée au cours de la dernière décennie et<br />
est passée de 11,6 % en 1995 à 18,4 % en mai<br />
2008 (voir la figure 2.2) 7 , contre une progression<br />
considérablement plus lente, de moins<br />
de 1 % de 1975 à 1995 8 .<br />
Même à la cadence actuelle, la « zone de<br />
parité » dans laquelle ni l’un ni l’autre sexe ne<br />
détient plus de 60 % des sièges ne sera atteinte<br />
par les pays en développement qu’en<br />
2047. Par ailleurs, il est peu probable que le<br />
taux d’augmentation actuel se maintienne si<br />
20 LE PROGRÈS DES FEMMES À TRAVERS LE MONDE 2008/2009