Zibeline n°48 en PDF
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22CABARET/ARTS DE LA RUE ARLES | GYMNASE | MERLAN | SCÈNES ET CINÉS<br />
Noël et cætera<br />
Installation lumineuse interactive Phosph<strong>en</strong>e de la cie Eido a l'Espace Van Gogh © DE.M pour <strong>Zibeline</strong><br />
Il est rare que les spectateurs ai<strong>en</strong>t ainsi l’occasion de<br />
s<strong>en</strong>tir l’humanité de ceux qui sont sur scène. Du<br />
spectacle qu’on leur offre. Dans Gard<strong>en</strong>ia Alain<br />
Platel réussit une fois de plus ce tour de force, <strong>en</strong><br />
touchant à ce naturel désarmant que son œil seul<br />
semble savoir capter et faire reproduire à ceux qu’il<br />
met <strong>en</strong> scène. Vanessa Van Durme, une fois<br />
<strong>en</strong>core, mène le jeu, ayant regroupé autour d’elle<br />
d’anci<strong>en</strong>s compagnons, travestis ou transsexuels,<br />
<strong>en</strong>tre 58 et 69 ans. Ensemble ils s’offr<strong>en</strong>t au regard<br />
sans tapage, les yeux dans les yeux, dans leurs<br />
costumes gris masculins qui ne vont pas à leurs<br />
allures, puis dans des t<strong>en</strong>ues colorées et féminines<br />
qui ne leur vont plus… Que sont-ils, ces anci<strong>en</strong>nes<br />
fleurs sublimes, gardénias d’un jour disparus ? Un<br />
sublime solo sur la chanson d’Aznavour, décalée avec<br />
ses affirmations grossières, mais juste dans sa<br />
© Agnès Mellon<br />
Voir l’humain<br />
Depuis huit ans, à Arles, la période de<br />
Noël est le temps des retrouvailles<br />
familiales autour d’un festival de réjouissances<br />
gratuites digne d’un conte<br />
de fées. Huit jours de déambulations<br />
de rues <strong>en</strong> rues, de spectacles <strong>en</strong> acrobaties,<br />
de musique <strong>en</strong> poésie, avec <strong>en</strong><br />
point d’orgue deux spectacles d’ouverture<br />
et de fermeture <strong>en</strong> plein air : les<br />
Envolées Chromatiques de la cie Aérosculpture<br />
et la Distillerie d’images par<br />
le Kolektif Alambic et le Philharmonique<br />
de la Roquette. Parmi les<br />
nombreux r<strong>en</strong>dez-vous, la compagnie<br />
du Petit Monsieur aura plié de rire<br />
son auditoire avec une démonstration<br />
pas si farfelue de l’art de dompter une<br />
t<strong>en</strong>te injustem<strong>en</strong>t dénommée 2 secondes.<br />
Avant d’aller découvrir à l’Espace<br />
Van Gogh l’univers lumineux de Phosphène,<br />
où la matière lumière était <strong>en</strong><br />
libre service grâce à une installation<br />
interactive, ou de s’essayer aux jeux <strong>en</strong><br />
bois géants proposés par la Martingale<br />
à la Chapelle Sainte-Anne, petits<br />
et grands auront appris la fabrication<br />
d’un Chapeau Magique avec des ateliers<br />
spectaculaires de pliage, à même<br />
le sol. À la fin de la journée, chacun<br />
finissait de déambuler dans la ville, des<br />
marrons chauds plein les mains et son<br />
drôle de bonnet géant sur la tête. Un<br />
signe de ralliem<strong>en</strong>t à chaque coin de<br />
rue autour de ces Drôles de Noëls qui<br />
réchauff<strong>en</strong>t les petites mains et<br />
rassembl<strong>en</strong>t à leurs côtés les plus<br />
grands.<br />
DE.M.<br />
Les Drôles de Noëls se sont déroulés<br />
à Arles du 17 au 24 décembre<br />
Vive le cul (et les seins)<br />
Après le succès et le Prix (mise <strong>en</strong> scène, Cannes) du film<br />
joyeux de Mathieu Amalric qui les a fait découvrir <strong>en</strong><br />
Europe, les actrices et l’acteur de Tournée ne pouvai<strong>en</strong>t se<br />
résoudre à retrouver leurs cabarets américains et sont v<strong>en</strong>us<br />
faire leur show dans nos théâtres ! Forcém<strong>en</strong>t décalés dans<br />
les dorures sublimes du Gymnase, leur show tapageur, s’il<br />
n’est pas novateur dans son alternance de numéros de<br />
striptease individuels, fait découvrir des individualités<br />
fascinantes, et surtout un esprit caustique qu’on n’att<strong>en</strong>drait<br />
pas là : lorsque Dirty Martini, sublime obèse blonde, se<br />
débarrasse de ses vêtem<strong>en</strong>ts, sous-vêtem<strong>en</strong>ts et<br />
accessoires tous aux couleurs du drapeau américain, et<br />
laisse éclater sa chair blanche sur Proud to be an american,<br />
ou lorsque la m<strong>en</strong>euse de revue <strong>en</strong>tonne, une ceinture de<br />
douleur, vi<strong>en</strong>t compléter des embryons de numéros<br />
et des changem<strong>en</strong>ts constants d’habits, des regards<br />
échangés. La forme de Gardénia reste un peu molle,<br />
on se demande pourquoi une femme est là. Mais peu<br />
importe. On y a vu, au détour, un geste de séduction<br />
qui survit, un sourire nostalgique, une démarche qui<br />
fut sublime, et des regards complices échangés <strong>en</strong>tre<br />
ceux qui ont toujours vécus à côté. De leur corps,<br />
des att<strong>en</strong>tes, de la société, des vêtem<strong>en</strong>ts, des<br />
musiques qui ne peuv<strong>en</strong>t pas les faire simplem<strong>en</strong>t<br />
pleurer. Car ces vieux Gardénias gard<strong>en</strong>t une odeur<br />
sublime, et le commun n’est pas pour eux.<br />
AGNÈS FRESCHEL<br />
Gardénia a été joué au Merlan<br />
du 13 au 17 janvier<br />
Soviet !<br />
Au détour de Drôles de Noëls mais aussi<br />
à Marseille, Martigues, Nice et Brignoles<br />
on a croisé deux fous échappés<br />
d’une singulière machine à remonter le<br />
temps… soviétique ! Le duo PasVuPas-<br />
Pris a eu la très très bonne idée de<br />
repr<strong>en</strong>dre Les Moldaves, créés <strong>en</strong> 2007.<br />
Spoutnik, Vodka, armée russe et hymne<br />
soviétique r<strong>en</strong>aiss<strong>en</strong>t avec une ironie<br />
mordante, évoqués par ces deux<br />
acrobates de haut vol qui, mine de ri<strong>en</strong>,<br />
de main à main et <strong>en</strong>tre deux caricatures<br />
d’acc<strong>en</strong>t de l’Est, exécut<strong>en</strong>t<br />
quelques figures virtuoses. À l’aide de<br />
jeunes femmes du public qui doiv<strong>en</strong>t<br />
avoir le cœur bi<strong>en</strong> accroché ! Vraim<strong>en</strong>t<br />
hilarant…<br />
A.F.<br />
À v<strong>en</strong>ir<br />
Les Moldaves se produiront<br />
le 19 février à Istres et Grans<br />
dans le cadre des Elancées<br />
bananes à la taille «j’ai deux amours, ma main droite et mon<br />
godemichet», on est évidemm<strong>en</strong>t pas dans les att<strong>en</strong>dus du<br />
striptease. Personne n’est là pour se rincer l’œil triste, mais<br />
pour tapager, <strong>en</strong>semble. Salace, mais sympa !<br />
A.F.<br />
À noter<br />
Cabaret new burlesque se joue jusqu’au 21 jan<br />
Théâtre du Gymnase, Marseille<br />
0820 000 422<br />
www.lestheatres.net<br />
© Luk Monsaert